J'aime

mercredi 10 juillet 2024

Après-midi morose de juillet.

Dîner à Alicante avec les cousins argentins. Restaurant sympa à quelques pas de chez nous. Comme personne ne picole vraiment, je me satisfais de deux ou trois verres de vin. Pourtant, le lendemain, on a une gueule de bois, le matin, à couper le souffle. Pas de mal de crâne mais le sentiment de planer sur un nuage… 

***

Politiquement la confusion paraît à son comble et je ne regarde pas de trop près: j’ai trop peur et je suis fataliste. Les sanchistes s’imaginent encore à la fois « socialistes » et le centre de gravité de la gauche planétaire. Deux illusions. Sans même avoir la cruauté de rappeler les origines de ce curieux socialisme – qui, au sein de ce parti et de ses électeurs est encore pour l’abolition de la propriété privée ? Ce mot ridicule aurait dû depuis longtemps être retirée pour respecter la réalité quand on parle d’un parti vaguement social-démocrate et opportuniste, à la ligne idéologique tiraillée entre néolibéralisme et pur clientélisme. « Les socialistes sont nés pour trahir » affirmait Charles Péguy. Quant à son rôle sur la scène politique nationale, sa trop longue agonie l’empêche de voir qu’il ne représente plus rien. Rien qu’un ramassis de médiocres apparatchiks qui s’accrochent à leurs places comme des moules à leur rocher. Les quelques figures encore dignes qui y demeurent par nostalgie ou habitude feraient mieux de quitter rapidement le radeau pour mieux le laisser couler définitivement. Les accusations en « extrême droite » ne servent qu’à lui faire perdre des voix, tant elles, discriminées, tombent à côté de la plaque. L’accusation d’être un nazi, un fasciste, etc. contre toute personne qui tente de lui adresser une critique est tout simplement ridicule et ne témoigne que de l’inculture historique et politique de ceux qui profèrent de telles idioties pour flatter la bonne conscience d’un électorat crétin. Historiquement, son idéologie, son discours et ses programmes proviennent opportunément tantôt du camp de la droite tantôt de celui de la gauche. Quant à son action au pouvoir, quand il y parvient, elle ressemblerait beaucoup à du libéralisme décomplexé. Combattre l’extrême droite en tant qu’adversaire politique est tout à fait louable – mais il faut le faire correctement, c’est-à-dire en le prenant comme il est et non comme il serait commode pour lui qu’il soit.

***

À droite, en Espagne, aujourd’hui, on fait semblant de ne pas comprendre. Les gens de gauche sont plus sincères. Ils savent bien, eux, qu’il est tout à fait normal de désirer éliminer une bonne moitié de la population, si l’on est fidèle à ses propres convictions. Les monstres ne sont pas ceux qui s’en donnent l’allure, mais ceux qui font semblant de ne pas en être. La situation actuelle nous permet au moins de constater que le régime normal de la politique implique nécessairement la monstruosité. Ce sont les autres temps, qui sont exceptionnels. La radicalité peut être mise sous le boisseau durant un demi-siècle, dans un pays comme l’Espagne, guère plus. Bien sûr, on objectera que la situation est exceptionnelle, que Sanchez, que l’immigration incontrôlable, que les convulsions de l’empire américain, que l’Europe, que le massacre des Gazaouis, que les griffes de la technologie, que ceci, que cela… Oui, la situation est bien exceptionnelle, à l’échelle d’une existence, mais cette exceptionnalité ne fait pas exception, dans notre histoire. Avec un peu de mémoire, et je me rappelle ma jeunesse. Nous n’avions pas peur de penser ainsi. Nous aurions même eu honte de ne pas nous trouver de ce côté-ci de la radicalité. Tout plutôt que d’être des larves. C’est drôle, tout de même, comme notre époque est à la fois ultra-violente et timorée. On a peur de penser ce qu’on pense, on tremble de mettre des mots sur les choses, mais en revanche, on en vient très vite au mains : époque de bonisme et de sauvagerie, malmenant souvent les mêmes têtes. Je suis tombé hier sur une phrase de Cioran, dans Histoire et utopie, qui me semble à la fois prémonitoire et intemporelle : « Si par le caprice d’une puissance maléfique nous perdions l’usage de la parole, plus personne ne serait en sécurité. » Nous avons bel et bien perdu l’usage de la parole et sommes en train de vérifier que le corollaire de cette situation est tragique, c’est-à-dire historique. Dans l’Histoire, personne n’est en sécurité.  Une démocratie molle, vide et sans saveur dirigée par des gangsters corrompus doit fatalement provoquer une résurgence de la radicalité dans ce qu’elle a de plus bruyant et désinhibé. 

***

La France a voté. « Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. » L. F. Céline, Les beaux draps 

Génial ! Ensemble, on fait école ! L’Espagne, cet asile d’aliénés, voudrait exister encore un peu. Il paraît qu’il est très important de continuer à faire semblant. La France nous « imite» ! Soit. Nous irons bientôt, nous aussi, jeter un papier dans une fente, pour élire de nouveaux voyous, bien bronzés et souriants, des apparatchiks experts ès-magouilles politiques sans vraie vie professionnelle nulle part. L’Europe, la France, le monde, comptent sur nous. Ne les décevons pas : du sanchisme pour mille ans !

***




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire