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lundi 22 juillet 2024

Le diable est bien optimiste s’il pense pouvoir rendre les humains pires qu’ils ne sont (Karl Kraus)

La voix d'un juste qui clame dans le désert ...

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Encore un week-end bien peu productif. J'aurais dû acheter un nouveau pc pour moi et un portable pour R., écrire des lettres, tailler la haie sud, classer des papiers, finir quatre lectures urgentes, etc.


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De qui dépend le ministère public ? Donc, voilà … Seconde comparution devant le juge de la Présidente-consort. Coups de filet judiciaires contre le frère du Président à Vie, champion de l’absentéisme et insoumis fiscal malgré son patrimoine. Le frère, pas le président. Le Président à Vie prend quelques mesures à la fois symboliques et démagogiques pour marquer les esprits, suivies, pendant une interminable campagne publicitaire, d’une victimisation outrancière, après son réitéré ridicule épistolaire. Tout cela bien facile : tous les ressorts et toutes les ressources de l’État sont entre ses mains, ce qui le place dans une position encore plus confortable que si jamais il avait gagné une élection. Les invectives et les insultes qui lui font office de programme sont extrêmement utiles : hurler au fascisme, au nazisme, au retour de la bête immonde, fait trembler les masses électorales sans mémoire et contribue à falsifier de funestes expériences historiques bien réelles. En comparant S. Abascal à Hitler, on met le second au niveau du premier au prix d’une terrible trahison de l’histoire. Ils savent que Vox n’est pas un parti nazi, qu’il n’est pas un parti fasciste… ce n’est même plus un parti d’extrême droite : c’est un parti « attrape-tout » qui offre à ses différentes clientèles électorales autant de discours différents, adaptés à leurs besoins et à leurs caprices, sans souci de cohérence. Il occupe, grosso modo, la place des droites non wokisées des années 1980 et, au pouvoir, il appliquerait une politique économique et sociale somme toute très proche de celles de Rajoy, Zapatero ou le pitre actuel en plus dure encore, car décomplexée, pour les services publics et les classes populaires et moyennes, mâtinée de mesures symboliques fortes. Du côté de la « gauche » de pacotille, les tentatives de s’arroger une influence au sein du gouvernement sont aussi tonitruantes que mensongères.
Sumar et Izquierda Unida sont à tel point morcelés entre leurs différentes composantes que l’échafaudage baroque, déjà branlant pendant les dernières campagnes, menace de s’effondrer à chaque instant. Un jour ou l’autre, les grosses coutures qui maintiennent tant bien que mal ensemble ce second patchwork frankenstein craqueront complètement. Les suprémacistes catalans racistes, violents, factieux, identitaires, sont plus néfastes encore que les clones sanchistes qui ont saccagé le pays ou que les zélateurs de la droite extrême. On a beaucoup glosé – à très juste titre, à commencer par Monsieur N. Feijoo à propos de sa propre formation politique – sur le niveau lamentable des candidats aux élections. Des exemples mis en avant par chacun dans ses conversations privées montrent qu’on a raclé les fonds de cuve pour présenter aux élections, non pas de futurs représentants du pays choisis pour leurs compétences, leur puissance intellectuelle et leur volonté de servir l’intérêt général, mais des militants bourrins, des fidèles fanatiques et de bons petits soldats aussi dangereux que serviles. Et cela, dans tous les partis sans qu’à ce petit jeu il y ait vraiment un gagnant. Leur incompétence, leur mépris des institutions, leur inculture crasse, leur déconnexion de la réalité, leur manière de participer aux débats, leur morgue envers tout ce qui n’est politiquement correct en font sans doute la génération de députés la plus minable de notre démocratie depuis la « transition ». Leur obstination à détruire tout ce qui restait encore vaguement debout – services publics, école, hôpital, communications … – a achevé la tiers-mondisation de notre pays et précipité des millions d’électeurs dans les bras du PP ou d’autres lustucrus plus ou moins grotesques (Alvise et compagnie). Et puis nous avons poursuivi la descente dans les abîmes de la honte. On a amnistié ces derniers jours les pillards féroces des fonds ERE par une bande de voyous qui confondait le cadre sacré de l’administration avec un blanc-seing pour piller impunément l’argent public. L'autorité de la chose jugée, cette impossibilité de revenir judiciairement sur un fait précédemment jugé, ils s’en torchent, les magistrats sanchistes. Les séances de ces derniers jours ont permis de contempler en direct comment la discussion parlementaire se transforme en pugilat permanent, violent et vulgaire. Que le théâtre parlementaire ait toujours connu les invectives et les effets de manche, que cela fasse même partie de son folklore, voire de son identité, il n’est pas question de le nier.
Mais le spectacle répugnant qui nous est servi depuis l’accès au pouvoir des frankensteins n’appartient pas à ce registre. L’art oratoire a cédé la place à l’expression pure de la bêtise et de la démagogie. La tension du débat d’idées a disparu au profit de la virulence de la mise en scène du néant. Mais ce n’est pas encore suffisant. Les dernières élections de l’année dernière, en juillet 23, marquent une étape de plus dans l’avilissement parlementaire. Les sinistres pantins qui ont œuvré ces dernières années ont été rejoints par des individus pires encore. À tel point que nous avons dorénavant pour représentants, sur les bancs qui ont accueilli Azaña, Indalecio Prieto, Calvo Sotelo ou Clara Campoamor, un
président diffamateur sans complexe, des ministres du genre de celui des transports, grand professionnel de l’insulte, des identitaires racistes, etc. Et que croyez-vous qu'il advienne de tout cela ? Rien. Que dalle. Tout ce qui pour les uns produit le bruit caractéristique du cauchemar éveillé, celui qui fait grincer des dents, laisse d’autres dans la plus parfaite indifférence. Des voix de gauche critiques ? Un silence de mort a toujours été la réponse de la gauche, au pouvoir ou dans l'espoir d'y être, à tout ce qui met en question son honnêteté intellectuelle, son intégrité morale, la justice ou la justesse de ses positions, à tout ce qui signale ses errements, à toute manifestation de scepticisme ou d'irrespect à l'égard de ses idéaux et des pontifes qui les formulent. En d'autres termes, la gauche ne se reconnaît pas d'adversaires loyaux avec qui l'on pourrait engager un débat. Elle n'a que des ennemis méprisables qu'il faut abattre, une fois ramassée l’identité infamante de « réactionnaires » dont ils ont été affublés par ses larbins médiatiques. Et, comme on ne peut pas les abattre, comme à l’époque de l’ETA quand on bénéficiait d'un service d'élimination physique des opposants, elle s’est dotée, cette gauche de pouvoir soumise à l’empire, d'une redoutable et grassement subventionnée inquisition politico-médiatique qui déclare des apostats, des hérétiques et des impies. Cette pseudo gauche constitue une espèce d’Église, pure, sainte, au-dessus de tout soupçon. Elle avance la tête haute, sûre de ses dogmes, de son infaillibilité, de ses fins dernières et des moyens qu'elle emploie pour les accomplir. Elle se veut toujours intelligente, même quand elle raisonne comme le pire des imbéciles et elle se veut toujours morale, même quand elle soutient les pires forbans ou qu’elle commet les pires abus, surtout des biens sociaux.

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