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mercredi 30 avril 2014

Genre court avant le 1er Mai

Tôt ou tard, nous devrons répondre à cet appel des ténèbres, aller voir ce qu'il y a derrière cette impérieuse mélancolie qui sort des saxophones.
Paul MORAND

jeudi 24 avril 2014

La Saintonge

Je pense, du balcon de Brouage, à García Márquez : "... desde la casa se veía la ciudad y el lugar en el que había estado el mar..."

                                                           * * *
"... la lumière de cette toute petite région est unique. La Hollande en détient une qui approche. Fromentin me l'avait dit. On ne retrouve plus cette lumière-là, en allant (joli trajet) en voiture vers Marseille par Pau et par Lourdes. Je le savais, mais je n'aurais pu dire pourquoi. À présent, j'ai trouvé pourquoi. Les nuages blancs énormes, sur fond d'azur, très frais, sont brillants comme des amas de neige au soleil ; et la lumière se dépose, sur les objets, en traces un peu liquoreuses, comme du miel. Ce n'est pas encore le pourquoi. La vraie raison, c'est que la lumière existe en soi, comme l'eau et le verre ; indépendante des choses, entre les choses, presque perceptible, onctueuse ; elle est un objet en soi, et elle n'est pas, échappant à toutes les prescriptions distinctes ; toute définition. En quoi, elle ressemble au bonheur, s'il existe."

Jacques Chardonne, mai 1958.

                                                                                 * * *


Je ne suis pas un homme d'églises, mais Talmont peut toucher un profane. Il me semble que la petite église romane de Vaux (...) est plus parfaite. Je doute que l'on trouve mieux (dans le genre) que cette merveille.
Juin 1958

mercredi 23 avril 2014

Correspondance intelligente...



Il y a près de 50 ans que je me cherche sans me trouver.
Je me demande comment on fait pour savoir qui on est ?
Je ne sais rien de moi.
Je serais également surpris de savoir que je suis bon et de m'entendre dire que je suis mauvais (moins) ; je ne sais pas si je crois à l'après-vie ou non (ça dépend des jours).
Je ne sais pas si j'ai réussi ma vie ou si je l'ai ratée.
Je ne sais pas si j'ai été ou non un bon fils.
Ceci, en toute sincérité.
Je sais que je suis bête, paresseux, égoïste, ignorant, mais ça, ce sont des évidences extérieures, comme de savoir que, quand on sort, on met des souliers.
Ne croyez pas que je suis fier de tout ça, certes, mais je vis avec des dents depuis tant et tant d'années que j'ai fini, non de m'y habituer, mais d'y moins penser.
Paul MORAND à J. Chardonne, 30 juillet 1957

"Je ne sais rien de moi" Normal ! Les autres se chargent normalement de vous renseigner : en votre présence, tout se passe bien... Dès que vous avez le dos tourné, on se régale pour étaler votre bêtise, paresse, égoïsme, ignorance... comme autant d'"évidences extérieures".
À ce moment-là, plutôt que la tarte à la crème (bien étudiée dans ce blog http://goo.gl/BekgRs) "je me désole... je me console", deux petites réflexions me viennent à l'esprit :
- "Jamais, évidemment, l’homme ne renoncera à battre son prochain et à lui rompre les os, s’il sait qu’il ne court aucun risque à ce jeu." Ivan Bounine, La forêt (in La nuit. Nouvelles, Éditions des Syrtes 2000) 
et, plus directement adressée à la tendre communauté de mes détracteurs (et, bien entendu, de mes détractrices) ce court mot de quelqu'un qui s'y connaissait en éreinteurs :
- "Merda tibi res est, carmina merda tibi" (Luther in Wa, IV, p. 160, nº 4032)

jeudi 10 avril 2014

Entretien avec Jean-Claude Michéa...


Il n'est jamais trop tard pour combattre les clichés, les idées toutes faites à propos de "droite" et de "gauche". Là-dessus, il faut reconnaître qu'elles sont particulièrement tenaces, fausses, construites autour de rien... Quand il est question de tout cela en milieu universitaire, l'incohérence devient du grandiose pour déboucher sur un interminable catalogue de conduites tangibles, côté cour, en contradiction flagrante avec les vœux pieux infatigablement affichés côté jardin...

mardi 8 avril 2014

Dialogues désaccordés...

... entre gratte-papier médiatiques / précis pour toréer des cochons

... je crains décidément que la littérature française ne sorte pas avant longtemps du tout-à-l'égoût et du tout-à-l'égo (Naulleau)
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... quand les moins pires se taisent, cessent d'écrire, les pires sombrent dans l'hystérie et l'hypernarcissisme
(Soral)
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Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que le milieu de l'édition a tellement conscience de cet effondrement qu'il en vient à rééditer les maudits ! La correspondance Morand/Chardonne pour Gallimard, Les Décombres de Lucien Rebatet chez Flammarion... pour redonner un peu d'âme et de virilité à cette littérature qui faisait la fierté de la classe cultivée française et qui, sous Sollers puis Savigneau, est devenue une pure affaire de snobs et de bonnes femmes. Un truc qui a remplacé le tricot, le fricot!
(toujours Môsieur Les-mouvements-de-mode-expliqués-aux-parents, comprenne qui pourra)
 

Dans sa leçon inaugurale au Collège de France (30 novembre 2006), Antoine Compagnon se posait la question "La littérature pour quoi faire ?" Quelle utilité (question à ne pas poser à ceux et celles qui en ont fait leur gagne-pain, évidemment...) ?  Quel rôle ? La culture... La "bibliothèque" ! 
Un personnage de La Route des Flandres à qui son père apprenait le bombardement, par les Anglais, ces humanistes, de "la plus belle bibliothèque du monde" (Leipzig ! ne pas confondre avec Dresde SVP) en ces termes « … l'Histoire dira plus tard ce que l'huma­nité a perdu l'au­tre jour en quel­ques minutes, l'héritage de plu­sieurs siècles, dans le bombardement de ce qui était la plus pré­cieuse bibliothèque du monde, tout cela est d'u­ne in­fi­nie tris­tes­se, ton vieux père », lui répondait sans mettre des gants : « ... à quoi j'ai répondu par retour que si le contenu des milliers de bou­quins de cette irrempla­çable bibliothèque avait été préci­sé­ment im­puissant à e­mpê­cher que se produisent des choses comme le bom­bar­de­ment qui l'a dé­truite, je ne voyais pas très bien quelle per­te représentait pour l'hu­manité la dis­pari­tion sous les bombes au phosphore de ces milli­ers de bouquins et de pa­pe­lar­ds manifes­te­ment dé­pourvus de la moindre uti­lité. Suivait la lis­te dé­tai­llée des valeurs sûres, des objets de première nécessité dont nous avons beau­coup plus besoin ici que de tout le contenu de la célè­bre bibliothèque de Lei­p­zig, à savoir : chaussu­res, caleçons, lai­nages, savon, ciga­rettes, sau­cisson, cho­co­lat, sucre, conserves, gal... »