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dimanche 30 juin 2024

En été, mieux vaut suer que trembler.

 

« Ceux-là sont faibles d’esprit, qui se font une obligation sublime d’avoir une opinion sur tout le contemporain, de prendre parti à propos de tout, et dont cet amoncellement de jugements et d’opinions, s’il laissait trace, formerait un fumier d’inanité et de ridicule. » 

Montherlant

Immonde roulement de tambours, qui m’a cassé les … oreilles tout ce mois de juin, pour évaluer les résultats des élections européennes. Pour estimer les chances du RN d’arriver au pouvoir après le deuxième tour des législatives en France. Pour cogiter à propos d’un éventuel gouvernement socialiste en Catalogne sodomisée. Dégoût total. Or donc, en l’absence du gouffre électoral en faveur de la droite qui aurait pu imposer des élections anticipées, comme en France macronienne, et d’un problématique changement de majorité, le gouvernement espagnol a basculé d’un seul coup du fatigant discours tautologico-progressiste de bon aloi, vide et creux, autour du président et de son espiègle de femme (« free Bego ! »), à la gauche idéologico-bobo la plus blette. Le sanchisme visqueux au pouvoir s’est laissé prendre les doigts dans un labyrinthe de corruption sans doute aussi condamnable que l’ont été dans le passé certaines habitudes systémiques de la droite du parti populaire. Mais, hélas, autre parti et surtout autre temps et autres mœurs… Bref, Mariano Rajoy – qui s’était fait traiter d’indécent par l’Indécent par antonomase, plagiaire de sa « thèse », tout bouffi d'arrogance, gonflé à bloc - s’est fait jeter comme une vieille serpillère par une motion de censure où les poires s’étaient mélangées aux cochons, tant il était vrai que c’était en rejoignant les indignés pabloïglésistes qu’on prétendait laver plus blanc… Aussi sec, Pedro Sanchez, devenu homme fort du PSOE après mille magouilles, prit les manettes avec un gouvernement d’estrade qu’il avait lui-même présenté comme « le reflet du meilleur de la société espagnole » … À mourir de rire. Bon. Pour quoi en parler ? Parce que c’est l’occasion, une fois encore, d’illustrer la manière dont les médias, et particulièrement le quotidien « de référence », El Pais, abordent les sujets d’actualité. Peut leur chaud d’informer leurs derniers lecteurs sur les vrais enjeux d’un évènement, quel qu’il soit, sur l’analyse et la mise en perspective de leur impact, etc., tant tout cela est étranger à leur servile ligne éditoriale sanchiste à couper le souffle, et trop demander au niveau de compétence de leurs rédactions de larbins. Ils prouvent, une fois encore, qu’ils ne sont pas capables d’interpréter les évènements qu’au travers du prisme de leurs fantasmes masturbatoires de gauchos-bobos woke … Arrivé au pouvoir par effraction, ce type sans morale ni idéologie aucune, qui n’a gagné jamais une élection, relevons-le quand-même au passage, dispose aux Cortes du soutien assuré de huit forces politiques, sans disposer d’une majorité stable pour pouvoir gouverner vraiment. Il dépend donc, pour chaque vote, du bon vouloir, à la fois, d’une gauche de plus en plus marginale et à côté de la plaque, des nationalistes basques et des indépendantistes catalans, qu’il a amnistiés et ressuscités du néant électoral, contre sept voix, le prix de leur fragile soutien. Bettino Craxi, ce référent incontournable en matière d'honnêteté politique, avait fini sa carrière en Tunisie. Notre girouette verbeuse, combinarde et incompétente finira très probablement la sienne au Maroc, sous les crachats lointains et amers des Sahraouis, vendus par lui contre Dieu sait quoi au Descendant Direct du Prophète sur le trône de ce pays, allié préférentiel des Américains.

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Risque de radotage aggravé … et fruits de tous mes fantasmes. Analyse méticuleux dans des moments d’insomnie des artefacts qui précèdent nos intentions et des courts-circuits qui les feront totalement fondre, si bonnes soient-elles, qui ne sont pas sans lien avec les mouvements capricieux de la nature humaine, et qui s’en distinguent par d’autres gestes et conduites que ceux-là même, imaginés, qu’on attendait. La séduction est une chose merveilleuse qui le plus souvent tourne au vinaigre par manque de générosité du séducteur, qui se figure invincible. Il suffit d'une réaction vive ou d’un mot et de quelques gestes pour savoir immédiatement ce qu'il aurait fallu savoir : cela ne valait pas la peine ! Si le destinataire s’en fout, si on s’est trompé dans le diagnostic, ses bonnes intentions, on peut se les garder où je pense. On comprend après coup, par-dessus l’anecdotique du moment, par-dessus les mots, comme s’ils étaient sous-titrés en temps réel. Et les mots peuvent brûler. On les sent circuler se montant dessus impitoyablement. Je voudrais ci, je voudrais ça. Le hasard se refuse le plus souvent à exaucer nos souhaits les plus anodins. Allez, haut les cœurs et profil bas ! Une poussée de nostalgie, bien passagère, m’envahit : c’est ma nature sentimentale. Il nous arrive à tous de céder à nos désirs. Il est vrai aussi qu’une maniaque tendance à rendre service peut souvent nous jouer de mauvais tours sans que ce soit la faute des autres ...

À qui la faute, précisément, quand la propre auto-estimation n’a pas de limite ? Retour toujours, par conséquent, à la case départ : serait-on devenu un raseur impénitent en quête de compagnie, de reconnaissance, de conversation, pour radoter plus qu’il n’en faut, comme des perroquets en pleine crise existentielle ? J’admets que mon âge me pousse peut-être à exagérer. On peut quand-même faire toujours des projets tout doucement dans son coin. Mais il vaut mieux se taire sans les dévoiler… Même un millimètre cube de chagrin qu’on provoquerait, ce serait encore trop… C'est là qu'on voit comment fonctionne la petite mentalité de certains vieux. Si elle ne peut « inclure » à sa façon, elle quitte le masque de la bonhommie et devient féroce ou dépressive. C'est chaque fois la même chose. On a tout pour soi : bonne situation, retraite correcte (après cotisation conséquente, bien entendu), tous les tambours de l’expérience à sa disposition, toutes les justifications morales, toute la logorrhée prédicante de la vieille génération, toutes les émotions socialement bénies … Mais ça ne suffit encore pas. On est rarement content de soi-même, de ce qu’on a. On voudrait aussi du temps des autres rien que pour soi ! Nous voudrions qu’un peu de temps nous fût consacré au risque, sans avoir pu l'obtenir, d'exprimer silencieusement notre mauvaise humeur passagère. On exagère peut-être. Va savoir. Surtout quand c’est pour des torts qui n'existent que dans notre imagination. Le sommeil pointe son nez, tournons la page, sans laisser nulle part un marque-page de rappel.

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Le vent très fort de ces derniers jours courbe mes souvenirs comme les hautes herbes de derrière notre jardin, rue Elatzeta. Je n’y suis pour rien et je me sens un peu triste devant la force dévastatrice de certaines phrases pensées avant d’être écrites. D’ici, en ce moment même, je perçois nettement des bouts de phrases qui ont été pensées à mon encontre, et rédigées et écrites, qui chassent provisoirement les miennes. Quand c’est gentil, ce n’est pas si désagréable. Les retenir est folie, car l’orgueil pointe son nez, et c’est doux, sauf quand on retombe dans l’aigreur et l’agressivité qui finissent par s’imposer quand ces propos nous semblent injustes …

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Moniales de Belorado (Burgos) excommuniées. La « hiérarchie » va pallier avec des sanctions son déficit de « dialogue ». C’était tout un art de manager des troupes aussi complexes et la carotte aussi bien que le bâton, la ruse aussi bien que la démagogie, c’étaient des instruments que le Vatican maniait comme personne pour arriver à ses fins. Que l’Esprit de Vérité illumine ces femmes. Le Saint Esprit de la Trinité, c’est la Vie qui s’interpose entre les dieux et les hommes et qui les apaise. Une Vie qui provient du fond des temps et des bactéries. Cette Trinité, c’est tout de même un sacré coup de génie. C’est elle qui rend cette religion différente à toutes les autres. Le Christ était vraiment d’une intelligence supérieure. Il a rendu en nous le palpable du Vif et l’impalpable de l’Immortel. Il n’a pas fait le tri, et il a même cru se tromper, un instant, ou du moins il a semblé douter du Père. C’est bien le seul humain qu’on puisse trouver sympathique à cent pour cent.

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