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mercredi 29 avril 2015

De Tumblr...

Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir. Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Elisée Reclus -  Le Révolté

lundi 20 avril 2015

Grain de sable

Seul possède la puissance de créer du nouveau celui qui a le courage d'être absolument négatif.
L. Feuerbach

dimanche 19 avril 2015

En rouvrant mon cahier...

Note 1

La vie de la plupart des hommes est un chemin mort qui ne mène à rien ; mais d'autres savent, dès l'enfance, qu'ils vont vers une mer inconnue. Déjà l'amertume du vent les étonne, déjà le goût du sel est sur leurs lèvres, jusqu'à ce que, la dernière dune franchie, cette passion infinie les soufflette de sable et d'écume. Il leur reste de s'y abîmer ou de revenir sur leurs pas.
                                                                                                                                        François Mauriac

Note 2

Avec Bloy, c'est le plein air, c'est la cime, c'est Notre-Dame de la Salette, la catastrophe à l'horizon, le pain sec sur la table, la rage à la bouche, la joie et la sérénité au cœur. Étonnant bonhomme, cet engueuleur de curés, de proprios et de concierges, plein d'absurdité, quand il est sur terre, et de splendeurs, quand il gravit l'échelle de Jacob ! Il a écrit un chef-d’œuvre, la Femme Pauvre, où l'amour chante dans la misère et son journal d'affamé, qui attend le facteur entre deux prières, est. à certains moments, sublime. Quel mari, quel père, quel tiers-ordre ! Ses invectives brûlent de tendresse, comme un lait qui se sauve de l'ébullition, et il peut prendre le ton biblique pour dénoncer des cancrelats et des punaises dans son taudis perpétuel. Il rampe, il stagne, il balbutie et, tout à coup, il se remonte avec une gorgée de sang de l'agneau. À tous les coins de la prédication divine, il tend la sébile avec un œil menaçant, et un bâton, qui n'est en somme que de guimauve et de compassion.
                                                                                                                                          Léon Daudet

Et Céline, pourtant, traitait ce même Bloy de " vieux fou" lui reprochant de "taquiner des monstres bien fatigués" !