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mardi 19 décembre 2023

Promenons-nous dans le bois des vœux ...


Quand j'écrivais quelques lignes de vœux de Noël à quelqu'un, j'étais pris d'une fièvre douce. Écrire ce qu’on pense en pensant à quelqu’un : je ne vois rien de plus sacré, de plus simple mais de plus essentiel. Le texte pouvait ne rien contenir de grave, d’important, ne rien apporter au quotidien du récepteur, que ce geste suffisait pourtant à me combler et à exprimer tout ce que je pensais d’un instant de nos vies et tout ce qu'il y avait à en retenir. Tout le sens était là, très simplement rédigé. Nommer et adresser. Mettre quelques phrases dans une bouteille de naufragé, quelques phrases qui prendraient de la hauteur au moment de la lecture. Je savais que peu de personnes lisent vraiment, mais ça ne faisait rien, il fallait quand-même les envoyer, il fallait quand-même faire comme si la réception de ces quelques lignes allait bouleverser quelque chose, comme si quelqu'un, quelque part, les recevant allait ressentir une émotion imprévue. Je n’ai jamais su, je l'avoue, faire la différence entre la littérature et la correspondance, entre la conversation et la fiction ; je sors d'un songe pour tomber dans un autre songe : j'ai eu le temps de m'apercevoir, depuis toujours, que peu de gens ont jamais répondu à mes vœux. L’exercice de l'enseignement m'a assez prouvé que personne n'écoute personne, jamais ou presque, et que de cette infirmité première découlent toutes les autres. D’un classique bouleversant, un quelconque maitre Aliboron n'aura gardé que les ornementations et les effets, pas la substance qui pourtant se donne comme jamais elle ne s'est donnée dans aucune œuvre pareille. À qui s'adresse-t-on dans un message de Noël ou de fin d'année ? Qui veut l’entendre ? Qui prendra le temps de songer, à sa lecture dans la solitude et le chagrin d'un après-midi de décembre, aux liens qu’entretiennent les gens dans le creux profond d'une vie, au milieu des gesticulations désordonnées qui les font exister un instant aux yeux des autres ? Les lignes rédigées, une fois lues, s'achemineront en toute connaissance de cause vers le silence de l'être et la paix invincible de la solitude. Que chaque phrase arrive, au moins, à bon port, pour que les signes un moment suspendus et virtuels soient enfin délivrés et se révèlent comme appel à l’amitié car il n'existe pas de fin meilleure, d'autre destination plus souhaitable, pour l’éphémère. Mais qui sera là pour un prochain message ? Qui aura veillé jusqu’à la dernière lettre ?

dimanche 17 décembre 2023

Dramatique silence assourdissant pour la Palestine en agonie ...


Bientôt, les retrouvailles pour les fêtes de Noël en famille : les enfants arrivent, chacun s'étreint avec les autres dans l’entrée, nous changeant en une masse de têtes, d’épaules et de bras. Et on passe rapidement à table. Je suis plus que content et je pense à la première semaine de janvier prochain comme si j’avais déjà perdu une parcelle de mon âme ...

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Dans la vie privée, intime, le fait de savoir que Dieu voit toujours tout et qu’il sait qu’on existe, alors qu’Il disparait (« vere tu es Deus absconditus ») aux yeux des autres, aide chaque pauvre mortel qui se pose des questions à supporter son sort. Dans la vie publique, visible, avec la foi qui réconforte le croyant face à l’inéluctabilité de la mort, on se tient à côté les uns des autres, se respectant, mais se taisant. Comment pourrait-on vivre ensemble sur terre, si ce n’est des gens persuadés qu’il y a quelque chose plutôt que rien avec des gens qui comprennent qu’il n’y a rien, rien que le vent. Qu’est-ce que l’existence ? Les physiciens écrivent qu’il y a eu une explosion de gaz et que l’univers s’est formé : le ciel, les étoiles, les comètes. Bon, mais d’où venait ce gaz qui a explosé ? Non, interviennent d’autres physiciens, ce n’est pas comme ça : il n’y avait rien, c'était l’antimatière, puis cette antimatière a éclaté, et l’explosion en question a eu lieu. D’accord, mais d’où venait ce rien ? De quelque part – et la même question se répète à l’infini. Ainsi, le temps et les événements tournent en rond, rampent comme des fourmis sur le ruban collé par l’expérimentateur ? Mais d’où vient le ruban, où est le début du rond ?
On ne peut pas se reposer sur nos sens pour faire entrer dans notre tête la réponse à cette question. Comment s’imaginer que tout a toujours existé et n’est venu de nulle part ? Il y a une éternité, lors d'une discussion avec un mathématicien, à la Fac de lettres, il n’avait pas pu répondre à la question de la définition d’une ligne droite, illimitée des deux côtés : si elle n’a pas de point final, elle est infinie, et s’il y a un point final, ce n’est déjà plus une droite ... D’où viennent les droites ? Qui les trace ? Si quelqu’un a tracé une droite, il a bien commencé quelque part ! Oui, le temps et l’espace sont beaucoup plus complexes qu’il nous semble. Mais même si l’on admet que le temps et l’espace ne sont pas linéaires, il n’en reste pas moins cette question : comment le monde est-il advenu ? Et s’il a toujours existé, qui l’a créé, et d’où vient ce « qui » ? Et ainsi de suite, à l’infini. Les gens religieux estiment que c’est Dieu, mais on peut Lui appliquer la même question : « D’où vient-Il, même s’Il a toujours existé ? », et de nouveau, nous nous heurtons à la limite de nos moyens ... L’homme est incapable d’appréhender toute la difficulté de l’absence d’un commencement. La quantité de matières existantes est inconnue, et c’est hors de notre portée, sinon nous ne serions pas des créatures humaines. Combien de choses inutiles ont été écrites, combien d’incongruités philosophiques, combien de labyrinthes de diverses sciences, et tout cela ne fait qu’encombrer notre cerveau le détournant de l’absence de réponse à la question essentielle. Mais, d’ailleurs, pourquoi pourrions-nous y répondre ? L’univers est insondable, infini, et la Terre n’est qu’un petit grain qui, dans ses entailles microscopiques, a développé des cellules dotées de pensée ...

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Je ne ralentis pas parce que je suis vieux et que mes forces m'abandonnent, au contraire, je ralentis parce que chaque nouvelle lecture m'enrichit (lexique propre du capitalisme cognitif que je déteste, mais quel terme employer ? m'améliore ?) : il y a plus à voir, plus à entendre, plus à comprendre.

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Plusieurs jours que je n’arrive pas à dormir comme il faut depuis notre retour d’Alicante. Je n’arrête pas de penser à l’appart endommagé par la catastrophique fuite d’eau des voisins de dessus. La flemme de l’assurance, le retard inexplicable – à part l’incompétence et la nullité – dans les réparations. Micmacs de toute sorte. Douleurs de dos, angoisses, délires nocturnes divers. J’ai du mal à rester à flot. Depuis des semaines, je reste dans cette zone cauchemardesque dans laquelle un marteau impitoyable me frappe un peu partout, au hasard semble-t-il. Mais le pire n’est pas l’intranquillité, le pire, et de loin, c’est le sommeil qui se refuse à moi. Des nuits, j’ai dû me lever près de quatre fois. Dans ces conditions, il est difficile de se reposer, d’autant plus que trois fois sur quatre, je ne parviens pas à me rendormir, même pour une très courte durée. Je me sens fatigué. Quand tout provoque en nous le dégoût, vers quoi se tourner, surtout si le silence et la paix du sommeil nous sont refusés.

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Nos retours à la maison, rue Gaston Marchou, ont été souvent sabordés par les étourneaux. Leur troupe des milliers d’oiseaux se posant sur les arbres puis s’envolain et tournoyant, se massant en formations fantasques et dessinant des vagues aériennes. Fascinés, nous sortions au balcon pour les observer.

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J'ai regagné péniblement une fois El Vivero en voiture. Je n’avais nulle part où retrouver des repères. Quand j’eus réfléchi pour en provoquer dans ma tête, je me dis que j’étais peut-être trompé par mes propres souvenirs, que des objets m’avaient échappé, que je n’avais pas fouillé suffisamment toute la partie du terrain où se trouvait notre maison. Dans l'état actuel des parages, j’avais de la peine à marcher, mais j’y allai tout de même, et retrouvai les traces de ce que fut l'entrée. Je repérai l’endroit où les colonnes en briques plus ou moins debout avec des herbes folles faisaient place à un champ vide. À part mes propres traces, je ne trouvai aucun signe de vie dans les champs labourés. Il me fallut un bon bout de temps pour m’assurer qu’il ne restait vraiment rien, aucun signe, aucune indication : absolument tout était effacé, comme si j’avais dessiné mentalement le plan mais que mes parents n’avaient rien laissé, qu’ils n’avaient pas planté d’arbres. Tout s’était dissous comme dans un rêve. La rivière se révéla incroyablement proche, alors qu’autrefois elle me semblait dans le lointain, derrière les arbres voisins. Le soleil se couchait. Je compris que je ne voulais pas rester une seconde de plus sur place me détournant de la terre labourée sur l’emplacement de notre maison.


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Neuf pour cent d'Espagnols pauvres. L'infâme social-démocratie ne sait que faire des gens vivant dans des conditions d'extrême dénuement. Et la gôôôche préfère la lutte contre le cholestérol à la lutte de classes. Quand les électeurs mettent la gauche au pouvoir, elle les entube sur le social : l’oligarchie utilise la gauche pour faire justement passer les lois antisociales, soit au moment où les pauvres se sentent protégés, croient avoir un des « leurs » (ou leurres) au pouvoir. Et quand les électeurs choisissent un candidat de droite, l’oligarchie en profite pour faire passer des lois antinationales. Logique du machiavélisme. On dirait une diatribe des années 30. Socialement, on a régressé d’un siècle.


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Fin du principe d’intouchabilité développée par nombre de responsables juifs dans le monde depuis des générations : la liberté d’expression est plus forte que la censure, parce que la raison est plus forte que le mensonge. Le mensonge, avec toutes les polices du monde, ne peut tenir éternellement : il s’effrite avec le temps, le temps tue le mensonge. Le temps serait-il raison ? Sur la réponse virulente, odieuse, criminelle de l’entité sioniste, la tension est montée depuis le 7 octobre entre les gardiens du dogme – pour qui les Israéliens sont des démocrates et les Palestiniens des terroristes – et les diverses gauches qui retrouvent leurs fondamentaux, l’humanisme et l’anti-impérialisme. À noter que même si ces gauches s’avouent anticléricales, sur le papier, leur humanisme descend tout droit du christianisme, et leur raison de la Grèce ancienne. Ces gauches qui ne veulent plus se taire devant l’injustice majeure se retrouvent mises au ban, comme elle avait mis au ban la droite depuis 40 ans. Droite qui s’est rangée sous le drapeau israélien au moment où tout basculait. Surtout ne pas tenir tête au monstre anglo-américano-sioniste devant sa folie destructrice et devant la meute médiatique inféodée à ce monstre destructeur. Au lieu de quoi, même les journalistes de la radio épiscopale espagnole (Cadena COPE) aboient avec les Américains et les Israéliens, qui sont mis au ban des nations. Il n’y a qu’à regarder les derniers votes à l’ONU, qui servent au moins à quantifier le rapport de forces. Quelle manque d’humanité et quelle erreur devant l’Histoire ! Ione Belarra, accusée de tous les maux par le lobby médiatique, soit la meute, seule capable de faire face à l’agente sioniste de l’ambassade d’Israël à Madrid, RodicaRadian-Gordon. Chez elle, ça parle tout seul ! Seule capable d’inspirer, devant le sinistre Netanyahu, un chouia d’énergie à son président du gouvernement, P. Sanchez, qui pourtant a suffisamment fait bonne mesure sur la condamnation obligatoire du Hamas, affaire devenue même pas une question de journalisme ou de politique, mais une injonction. Cette sommation non-discutable, d’où vient-elle ? À qui profite-t-elle ? Devant ce mur de haine et de mépris envers les Musulmans en général et les Arabes en particulier, la réaction de I. Belarra devant le massacre de masse de Gaza et pour un cessez-le-feu permanent et définitif relève de la pure et simple décence ! D’accord aussi pour qu’on libère des otages, si on fait en sorte qu’on puisse avoir en même temps la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques palestiniens qui croupissent aujourd’hui dans les prisons israéliennes. Oui, quelque chose a changé, que ce soit sur Facebook ou sur « X » ex-Twitter où la liberté d’expression a été rétablie, au grand détriment des destructeurs des nations qui pillent le trésor européen, ou sur les médias subventionnés, qui coulent idéologiquement en direct devant tout le monde. G. Albiac, qui promène dans chaque article les philosophes de sa bibliothèque comme un montreur de marionnettes, J. Juaristi, « juif » (converti) de fraîche date, ou le pitre Losantos, qui terrorisait de ses vannes le Parti populaire, les dirigeants de VOX, les antivax et les antipass il y a encore peu, ne terrorisent plus personne aujourd’hui. Les gens sont aux abois, se demandant comment ils vont finir le mois, et on leur demande de chanter chaque jour, en versant si possible une larme hypocrite, l’hymne israélo-américain. Surréaliste.



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Abrégé d’histoire d’Israël : racisme institutionnel, colonisation en continu et massacres de masse. Les Palestiniens sont otages des Israéliens ! Des millions en otage, et depuis le 7 octobre quelques palestiniens ont invité quelques israéliens à partager leur vie d’otage à Gaza. Les tueurs de femmes et d’enfants portent une kippa sous leurs casques, il y a des images mais il faut se donner la peine d’aller chez les chaînes non européennes, c’est pas sur CNN ou BBC que vous allez voir les tueries de masse perpétrées par l’armée la plus humaniste du monde : corps déchiquetés, visages broyés, amputés, mutilés à vie. Une boucherie inimaginable si on ne va pas sur les plateformes de sauvegarde contre la censure. Allez courage vous allez trouver de quoi affiner votre opinion, mais il faut chercher pour établir la différence fondamentale entre liberté d’expression, c’est-à-dire, levier de chaos détournant la parole publique vers le n’importe quoi et opinion libre, prise de parole courageuse guidée par la quête de vérité.


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On me casse de temps à autre les pieds avec Sartre. Que reste-t-il de ce Sartre, bourgeois anti-bourgeois fanatique et bigleux, calculateur « philosophe de la liberté » qui s’est distingué en ne levant pas le petit doigt contre l’occupation allemande, puis après-guerre en défendant systématiquement les dictatures les plus abjectes ? Un beau salaud parmi les salauds, que vaut n’importe quel salaud et qui les vaut tous.

 

 

 

mercredi 29 novembre 2023

Un peuple de bourreaux posant comme victime

 


Lorsque mes parents sont venus s’installer dans la comarque du Cerrato, ils ont d’abord vécu quelques années dans une maison située non loin du fleuve Carrión, le long du chemin menant à la propriété connue sous le nom de El Vivero (post du 23 avril 2021). J’y suis né et je me souviens de belles heures champêtres de ma vie quotidienne vers mes neuf ans. Derrière la maison se trouvait une large bande de terre, de la dimension d’un petit champ, au bout de laquelle passait un chemin non loin du cours d’eau du Carrión. J’ai le souvenir vague mais persistant de bons moments passés seul à musarder parmi les arbres au bord du fleuve du côté de Calabazanos. Ils bruissaient follement sur les plis du chemin emplissant tout de rumeurs comme si nous étions au milieu d’une forêt devenue folle. Je voyais le vent s’engouffrer partout et agiter le thym, le romarin et d’autres herbes qu’on ne m’avait pas encore apprises à nommer. Je ne sais plus très bien à quoi je m’occupais, peut-être juste à rêvasser. Je me souviens surtout du bruit des feuilles des trembles et des peupliers, de cette sensation de solitude tranquille, légèrement à l’écart du monde, dans la lumière du soleil triste de l’automne tamisée par le feuillage. Ce bruit de feuilles m’a accompagné toute ma vie. Et je reste toujours émerveillé quand les feuilles d’un peuplier dansent agitées par le vent et deviennent torrent d’étoiles argenté. Souvent ces derniers temps, quand nous nous promenons un moment dans les sentiers piétons bordant la Bidassoa pour oublier nos tracas, j’ai l’impression de revivre, de reproduire indéfiniment cette danse de feuilles soufflées par le vent, cette scène initiale, en quelque sorte initiatique.

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Tout ça pour ça ? Chaque jour que le bon Dieu fait, à longueur de journée, à toute heure, mois après mois, année après année, urbi et orbi, le discours tourmentant sur l'Holocauste et la Shoa nous avait rebattu les oreilles, souvent jusqu'à la caricature et l'absurdité touchant jusqu’aux derniers replis du cerveau, de ce que le peuple juif avait souffert, de ce qu'il avait dû endurer à travers l’Histoire, de sa douleur pour ses biens perdus, spoliés par des méchants de tout poil à travers le monde. Tout cela universellement reconnu par des textes de loi incluant des sanctions très graves pour que ce discours narratif ne soit pas mis en question, pour qu'il ne puisse venir à l'esprit de qui que ce soit de contredire ses termes dans des autobiographies, biographies, mémoires, essais ... Voilà maintenant plusieurs semaines que les premiers bénéficiaires de ce beau discours de victimisation systématique baignent dans leur sauce sans complexe : ça tue, ça torture, ça pilonne sans répit et sans pitié des pauvres gens privés de tout, sans armée, sans avions ultramodernes, sans marine de guerre, sans l’arme atomique brandie sans vergogne par leurs gouvernants au jour le jour, expulsés de chez eux, massacrés par une armée qui ne craint pas la communauté internationale, hautement équipée sans regarder la dépense par leurs parrains angloaméricains.

Un quidam juif des Carpates qui voudrait s'installer en Palestine n'aurait qu'à le dire : il a déjà plus de droits pour s'y installer où il veut qu'un Palestinien vivant sur place depuis des générations. Le rouleau compresseur meurtrier des sionistes écrase sur place tout ce que notre Europe pourrie, soumise depuis longtemps et presque irrémédiablement au Mammon nord-américain progressiste, n'apprécie plus : des populations modestes vivant de leur travail dans un petit jardin avec une roue hydraulique et un pauvre âne, quelques oliviers, le tout dans le respect des traditions, des grands-parents, dans le souci de l’éducation de leurs enfants, tenant une modeste boutique... Pouah ! Des populations arriérées pourries par l'islamisme ! L'orc sioniste, toujours arrogant et dément, menteur compulsif, veut tout, salit tout, ronge tout et ne se soucie pas du prix en sang et en chair humaine que les autres devraient payer. Et pour commencer par le commencement, ces ploucs Palestiniens qui salissent la terre ancestrale d'Israël élue de Dieu sont-ils des êtres humains ? Alors, avançons haut les cœurs avec plus d’entrain que jamais dans le projet d'expropriation de ces sous-hommes anachroniques et barbares ! Tant que n'arrivera pas le faucheur impitoyable capable d’éliminer ce fléau de mauvaises herbes, inutile pour le feu, inutile pour nourrir du bétail, les Palestiniens continueront à subir le déchainement de sévices de la part de ces colonisateurs sans âme et en même temps inlassablement plaintifs, sourds au volcan de sang qu'ils provoquent, largement applaudis et soutenus par « le monde libre ». Ils représentent la modernité, le progrès face à l'obscurantisme et la barbarie. Il apparaîtrait, si l'on en croit le président Isaac Herzog, que toute la population de la bande de Gaza est quasiment aussi coupable de tout que les membres du Hamas et que, par conséquence, la tragédie qu’elle vit actuellement est logique voire justifiée. En partant de ce magnifique principe, de cette même logique et puisque le discours politico-médiatique en Occident est au soutien inconditionnel à l’opération génocidaire en cours, il ne faudra pas s’étonner de l’augmentation sensible des agressions et attentats ou d'autres formes de réaction violente qui pourraient venir d'une forte communauté hostile à l’État hébreux présente en Europe. Je laisse les médias faire la différenciation subtile entre ces réactions dans les mois et les années qui viennent. S’il on tient à être cohérent, comme MM. Herzog ou son vaillant Yoav Gallant de ministre de la "défense", on se doit de reconnaître que la grand-mère qui promène son chien, le collégien qui rentre chez lui, le joggeur du dimanche, vous et moi sommes aussi coupables que le pilote d’hélicoptère de Tsahal ou les ministres de Netanyahou et, conséquemment, des cibles potentielles et légitimes. En invoquant le droit et le devoir de se défendre ... Tout le monde n'a pas ce droit ? Ah, d'accord, j'avais oublié ! Seulement pourraient l'avoir, dites-vous, les citoyens de l'unique démocratie au Moyen Orient ? Mais s'ils tuent, massacrent, torturent, bombardent ? S'ils le font dans le respect des droits de l'homme les plus fondamentaux et le plus strict droit international, pas de problème. C'est ce qu''affirment infatigablement tous les larbins de la presse libre européenne, suivant le discours du prestigieux Antony Blinken, digne successeur du non moins prestigieux Powell, Colin-aux-petites-fioles, démontrant que Saddam avait des armes redoutables menaçant la planète !

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Je me positionne clairement en soutien du peuple palestinien. N’étant ni arabe, ni musulman et n'ayant par ailleurs aucun intérêt particulier à prendre fait et cause pour une population plutôt qu’une autre, il va de soi que ce soutien s’inscrit dans une logique plus universelle en termes de valeurs. Je persiste à penser que la création de l’Etat d’Israël n’est rien d’autre que le fruit d’un braquage à main armée en pleine vue et dans l’impunité totale. Les repères religieux des colonisateurs sionistes sont sans intérêt dans cette histoire. Ce sont bel et bien des Européens, surtout de l’Est, et des Américains qui se sont installés sur des terres qui ne leur appartenaient pas à la suite des manœuvres du Royaume-Uni sur la région en ce sens. Le traité de Versailles ayant notamment démantelé ce qui restait de l’empire Ottoman, le Royaume-Uni avait alors la responsabilité d’administrer l’actuelle Palestine sur laquelle il disposait d’un mandat en ce sens. Mais rien ne l'autorisait à faciliter une colonisation occidentale de ces territoires en vue de constituer un Etat fantoche en pleine péninsule arabique. On ne peut refaire l’Histoire mais au moins admettre la profonde injustice et immoralité qui ont consacré la fondation de l’Etat israélien. Une injustice qui s’est poursuivie avec une politique de massacres, de guerre, de ségrégation raciale et religieuse et d’enfermement des populations arabes dans de véritables camps de concentration à ciel ouvert. C’est aussi pour cette raison que les fatwas en antisémitisme ou en rappel aux “heures les plus sombres de l’Histoire” par les agents d’influence israéliens que l'on entend chaque jour dans l'espace médiatique, n'ont jamais eu de prise sur moi. Je me fous de la religion de chacun de la même façon que je trouve aussi écœurant qu’hypocrite de se référer à l’Histoire pour légitimer l’inacceptable et faire oublier ses propres crimes contre l’Humanité d’aujourd’hui. Si je n’ai aucune influence sur des faits historiques, c’est à dire largement passés, j’estime pouvoir au moins témoigner sur ce qu’il se passe actuellement et de mon vivant. Cela signifie que la question morale et juridique à la source des malheurs des Palestiniens, sources de mon soutien à la cause palestinienne, qui se veut universel concernant le droit à l’autodétermination des peuples et la dénonciation de toute entreprise coloniale ou guerrière, ne me fait pas oublier que la Palestine n’est malheureusement qu’un sujet géopolitique parmi d’autres. Le conflit russo-ukrainien, en réalité la guerre menée par l’OTAN contre la Russie, les exactions ayant cours dans la région des grands lacs en Afrique, la déstabilisation de nombreux autres pays africains, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ne sont que quelques exemples qui nous rappellent que les Hommes de pouvoir agissent en cyniques irresponsables et n’ont aucun problème à faire couler le sang d’autres qu’eux-mêmes pour régler des difficultés qui auraient pu trouver une résolution diplomatique.
Quant à la solution à deux Etats qui revient aux médias quand l’entité sioniste est en danger, elle est non seulement improbable mais pire : elle assujettirait définitivement les Palestiniens au joug israélien. Sans continuité territoriale, il est prévisible qu’un État se retrouve à devoir gérer un conflit au long cours parce qu’une partie de son territoire se trouve enclavé dans un autre pays. C’est exactement ce qui est à la source du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et certains ne semblent en tirer aucune leçon pratique. L’œil pour œil énième puissance pratiqué obsessionnellement par les sionistes ne servira à rien. Bombarder et opprimer une population ne résout rien et chaque Palestinien tué sous les bombes ou la mitraille, forge à sa mort dix futurs combattants qu’Israël devra affronter dans 5, 10 ou 20 ans. Israël a le droit, et le devoir, ajoute l’abominable A. Blinken, de se défendre. Et les Palestiniens, alors, à qui on a tout volé, ils n’ont pas ce même droit et ce même devoir ? Je défends la cause palestinienne car il est du droit légitime et moral que ce peuple se défende, y compris par la force. Israël reste un Etat voyou, terroriste, illégitime et dangereux pour la stabilité du monde. Que les Palestiniens légitiment le Hamas, lui-même largement issu de la volonté des dirigeants israéliens de fabriquer une opposition à l’OLP, pour assurer la lutte armée contre Israël, cela ne me choque pas. Que le Hamas se revendique islamiste, cela en plein territoire musulman, ça ne me choque pas plus. Faudrait-il que le Hamas se revendique du wokisme le plus radical, laïc ou même chrétien pour que sa résistance armée soit légitime ? Les Israéliens comme les Angloaméricains et la clique européenne se foutent complètement de l’idéologie de la résistance armée à l’Etat d’Israël. Ils ont installé des islamistes en Libye, ravagé la Syrie et détruit l’Irak. Un ancien ministre français avait osé signifier “qu’Al Nosra faisait du bon boulot en Syrie”. Preuve étant que lorsqu’il s’agit de démolir un Etat dans des guerres par proxy, les occidentaux ne reculent devant rien. Des groupuscules nazis en Ukraine ont bien été promus par les USA pour renverser Ianoukovitch. Et Bachar Al Assad n’a pas eu à se battre contre des factions laïques ou chrétiennes mais bien contre des islamistes qui faisaient du “bon boulot”.

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Les Israéliens ne ménagent pas leur peine pour s’ingérer partout dans la vie publique. Leurs agents d’influence pullulent dans nos médias, les J. Losantos, J. Juaristi, G. Albiac et compagnie même jusqu’au parlement pour influer sur notre politique extérieure comme intérieure et sur notre opinion publique. L’Espagne n’a aucun intérêt à prendre parti pour un régime d’apartheid qui ne représente rien sur le plan économique sauf pour ses parrains anglo-américains. En revanche, de très nombreux critères objectifs doivent pousser notre pays à adopter une politique plus soucieuse de l’opinion publique des pays arabes. Non seulement comme une façon de détourner le regard des militants plus ou moins radicalisés, fâchés à juste titre contre l'occident, de notre propre pays mais pour envoyer se faire foutre les Anglosaxons, responsables de tout, et qui considèrent le Moyen-Orient comme leur pré carré. Une façon de s’assurer éventuellement des liens commerciaux et des importations en hydrocarbures qui seraient favorables à l’Espagne. Quel que soit l'angle d'approche, si nous sommes attachés au droit, à une certaine morale politique et humaniste, il est plus que normal que l’on soit sensible aux souffrances du peuple palestinien, depuis des années, non seulement depuis le sept octobre dernier. Est-ce que cela signifie que l’on soit prêt à se prostituer face à l’islamisme ou au repli communautaire ? Que l’on fasse l’apologie du terrorisme ? Nullement. Ce sont des sujets distincts et l’on peut se montrer tout à fait intransigeant sur notre politique intérieure tout en étant très clair sur nos prises de positions concernant le conflit de l’entité sioniste contre le peuple palestinien. Soutenir les Palestiniens, reconnaître le Hamas comme force de résistance armée contre Israël mais aussi acteur politique avec lequel il convient de parler, ne signifie pas cautionner les uns ou les autres ni accepter de manière opportuniste les replis identitaires, comme ceux de la stupide Pilar Rahola ou du grotesque Manuel Valls Galfetti. Que l’on soit juif, chrétien, athée, agnostique ou musulman : nos seuls intérêts devraient être ceux de notre pays et de notre peuple en harmonie  avec ceux de la communauté internationale civilisée.

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Israël est attaqué par des pays arabes qui veulent sa destruction : ils ont le droit et le devoir de se défendre. L'Iran dispose d'un potentiel nucléaire et souhaite effacer Israël de la carte : ils ont le droit et le devoir de se défendre. Le Hamas est déterminé à tuer des civils israéliens, alors : ils ont le droit et le devoir de se défendre. La liste est sans fin des choses qui ne laissent pas d'autre choix à Israël que de se défendre, d'attaquer, de tuer, surtout des Palestiniens. Ce droit de se défendre va de soir dès lors qu'on admet que "in principio erat Israelum et Israelum erat apud Deum et Deus erat Israelum"C'est donc sans espoir et il n'y a aucune raison d'attendre un changement. C'est la réplique forgée officiellement, vers 1956, par le général Moshe Dayan, bien qu'à l'occasion, des sionistes y aient eu recours déjà auparavant, pour justifier n'importe quel crime. M. Dayan, rendu célèbre par son bandeau grâce aux médias et au cinéma, était connu aussi pour voler des antiquités et par ses appétits sexuels. C'est comme chef d'état-major de l'armée israélienne que Dayan a eu recours à cette excuse du devoir de se défendre dans un éloquent panégyrique qu'il avait prononcé avant l'attaque de l’Égypte par Israël en 1956. Dayan alimentait la peur lorsqu'il décrivait les pauvres réfugiés dans la Bande de Gaza comme " attendant de nous massacrer et de répandre notre sang " parce que, comme il le reconnaissait lui-même, " nous avons pris leur terre et en avons fait la nôtre ". Mais, expliquait-il, nous l'avons fait parce que nous n'avions pas le choix après des milliers d'années d'exil et de persécutions sans fin. Après le génocide nazi, nous voilà revenus mais nous devons toujours vivre par l'épée et toujours tenir fermement cette épée, car dussions-nous relâcher cette prise, ces sauvages Arabes assoiffés de sang y verraient un signe de faiblesse et le sang juif inonderait les rues. Autrement dit, peut-être ces Arabes qui nous regardent de derrière les portes de Gaza sont-ils fondés à nous haïr mais c'est une réalité où nous n'avons pas le choix. C'est notre destin de vivre toujours par l'épée. Les crimes commis par Israël le sont parce qu'Israël n'a pas le choix. Il doit se défendre. Dans une interview donnée il y a quelques années par un responsable des interrogatoires des services de renseignement israéliens, celui-ci décrivait comment, dans des hôpitaux israéliens, des médecins fermaient les yeux quand les agents venaient torturer, à l'hôpital, des blessés " suspectés de terrorisme ". Il décrivait comment ces agents " tiraient un peu sur les tubes " et qu'aussitôt, " les Arabes se mettaient à parler ". Puis il ajoutait que bien sûr personne ne pense que c'est bien mais que devrions-nous faire ? Nous avons le droit de nous défendre. Il justifiait la torture la plus immorale et la plus horrible contre des personnes hospitalisées, avec des médecins regardant ailleurs pendant que les agents font leur petite besogne, avec cette même excuse sans gêne. Dites, je vous prie, que ce que font partout tout le temps les Israéliens est justifié, que tuer des Palestiniens en nombre est acceptable parce qu’on a le droit et le devoir de se défendre. Le nettoyage ethnique de la Palestine est justifié parce que les Juifs n'ont pas le choix. Le lent génocide du peuple palestinien est justifié parce qu'Israël n'a pas le choix, tuer des milliers de Gazaouis se justifie parce qu'Israël n'a pas le choix, et ainsi de suite. Les médias américains ont poussé la chose un pas plus loin en y joignant : " Nous ferions de même ", comme si cela ajoutait du poids à l'argument du devoir de se défendre. Peut-être est-il temps de penser sérieusement à cet argument et d'examiner s'il n'a une formule parallèle équivalente du côté palestinien. Que devrait faire Israël pour ne plus être pas à la défensive mais à l'offensive sinon à " la compréhensive " ? Foutre le camp des villes et villages palestiniens et alentours injustement occupés. Démanteler, en partant, le mur et tous les points de contrôle. Que devrait faire Israël avec les roquettes tirées de Gaza ? Lever le siège de Gaza, démanteler le mur et les points de contrôle qui s'y trouvent, et laisser au peuple de Gaza la liberté à laquelle il a droit. Que devraient faire les Israéliens ? S'ils n'aiment pas l'idée de vivre dans un pays à majorité arabe, ils peuvent aller ailleurs ou s'y faire et, s'ils choisissent de rester, qu'ils se comportent en immigrants plutôt qu'en colonisateurs. Israël devrait libérer tous les prisonniers palestiniens, abolir toutes les lois qui octroient au peuple juif des droits exclusifs en Palestine, abolir les lois qui interdisent aux Palestiniens de revenir sur leur terre, et débloquer les milliards de dollars qui seront nécessaires pour payer des réparations aux réfugiés et à leurs descendants. Israël devrait alors appeler à des élections libres, une personne une voix, où tous ceux qui vivent dans la Palestine mandataire voteraient à titre d'égaux. Voilà ce qu'Israël a le droit et le devoir de faire.

  


dimanche 29 octobre 2023

Force reste à la loi ... Oui. Mais laquelle ?



Un même événement tragique. Deux réactions : analyse et langage meurtrier … Ce n’est pas pour rien que R. Jakobson avait écrit que l’Histoire a lieu dans la fureur de la phonétique.

Analyse (réaction chaude mais avis détaillé) de François Dubuisson, professeur de droit international à l’ULB intervenu sur la RTBF (7/10/23)

« Une fois de plus, la diplomatie belge et européenne appréhende le conflit israélo-palestinien à l’envers, confondant causes et conséquences, décontextualisant totalement les événements et leurs enchaînements. Bien entendu, on peut critiquer la stratégie du Hamas et exiger de lui le respect du droit humanitaire. Mais il est impossible de faire l’impasse sur le contexte du blocus militaire de Gaza, qui perdure depuis plus de 15 ans, et qui s’assimile à un acte d’agression permanent. De passer sous silence l’occupation des territoires palestiniens, qui se prolonge depuis plus de 56 ans, sans aucune perspective de fin, que du contraire. D’ignorer la colonisation qui s’accentue chaque jour, avec son lot de violences quotidiennes envers la population palestinienne, qu’elles soient le fait des colons extrémistes ou de l’armée. De nier la réalité de l’apartheid qui frappe la population palestinienne. Ce n’est que lorsque ces éléments de contexte indispensables sont rappelés, que l’on peut sérieusement analyser, politiquement et juridiquement, le déclenchement d’une action militaire par le Hamas. Pour rappel, la Cour internationale de Justice a précisé dès 2004 qu’Israël, en tant qu’Etat occupant, ne pouvait se prévaloir de la légitime défense. La solution face à des attaques émanant d’un territoire occupé illégalement est la fin de l’occupation, et non l’utilisation d’une force militaire encore plus intense, dans l’objectif de pouvoir… poursuivre l’occupation. Bref, la diplomatie belge et européenne manifeste sa cécité habituelle en isolant un épisode de son contexte juridique et politique, et montre le peu de cas qu’elle fait du droit international, si souvent invoqué dans le frigidaire contexte de la guerre en Ukraine (aucune chancellerie n’a songé à condamner les attaques de drones sur le territoire russe), mais ignoré dès qu’il s’agit de la Palestine. »

Et l’aboiement :

« J’ai violé le sabbat et la fête juive pour transmettre ce message: Israël devrait anéantir Gaza. Comptez 48 heures pour évacuer les femmes, les enfants et les personnes âgées. Détruisez tout ce qui reste, enfouissez-le et annexez-le à Israël. C’est la fin du Hamas et du terrorisme palestinien. » 

Joel Pollak, X (ex-Twitter) https://en.m.wikipedia.org/wiki/Joel_Pollak

Et, trois semaines après, le monstre sioniste s'est déchaîné contre la Palestine avec toute sa capacité de destruction sans laisser pierre sur pierre ...

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Actualité brûlante et assassine : on n'y échappe pas...

« Sententiam eius quem contemnimus nostrae praelatam videre; sapientiam nostram in conspectu nostro negligi; incerto certamine inanis gloriae, certissimas suscipere inimicitias; (hoc enim declinari non potest, sive vicerimus, sive vincamur;) odisse et odio esse ob dissimilitudinem opinionum; concilia et vota nostra ubi non est opus, sine fructu omnibus patefacere; rem domesticam negligere » Hobbes, De Cive, ch. X, p. 177

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« Forcés de voir que l’opinion d’une personne qu’on méprise est préférée à la nôtre, qu’on se fiche dévant nous de notre sagesse ; qu’on maintien une lutte incertaine pour une gloire sans fondement qui engendrera sans aucun doute l’hostilité (car celle-ci est inévitable, que l’on gagne ou que l’on soit vaincu) ; haïr et être haï à cause de divergences d’opinions ; révéler ses pensées et ses désirs secrets à tout le monde sans besoin ni avantage ; négliger ses affaires domestiques … »

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“Contemplar forzosamente cómo se prefiere la opinión de una persona a la que se desprecia a la opinión propia, cómo se desperdicia nuestra sabiduría en nuestra presencia; mantener una lucha incierta por una gloria vacía, sin duda incurriendo en la hostilidad (porque esto es inevitable tanto si se gana como si se es derrotado); odiar y ser odiado por diferencias de opinión; revelar tus pensamientos y deseos secretos a todos sin necesidad o beneficio; descuidar tus asuntos domésticos…”

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À chaque fois avant de nous imposer une saloperie ils nous familiarisent d’abord avec celle-ci par le biais de la pleurnicherie culpabilisante en accusant autrui d’en être responsable. Exemple: pendant des décennies ils nous ont fait un matraquage incessant sur la barbarie nazie et son eugénisme, l’euthanasie, les expérimentations médicales …  Désormais tout ceci est devenu la norme et presque personne ne s’en offusque. Et bien, ils font pareil avec le “conflit” palestinien. Là, ils en sont à la phase d’accoutumance à la vengeance, c’est à dire qu’ils agonisent les populations à travers le monde avec cette thématique. Dans une premier temps ils le font sous un angle humaniste : nous sommes les pauvres victimes de toujours,  puis progressivement cela va glisser vers un narratif plus nuancé du genre « que pouvons-nous faire d’autre contre ces “bêtes” inhumaines ? Ils sont tous pareils, toujours les mêmes terroristes assoiffés de sang. Et leur trajectoire criminelle à eux, spécialistes de l’escamotage historique, passe à la trappe. Enfin, juste avant de nous imposer cette saloperie comme narratif dominant, un truc deviendra stéréotype universel : l’antienne de la seule démocratie du moyen Orient, un truc du genre “l’état d’Israël est un modèle et même une nécessité pour assurer le bien être des Arabes arriérés et sauvages et le fonctionnement harmonieux de leurs sociétés …” Nous leurs piquons leur terre, mais on en a le droit, vu que nous sommes un peuple élu (par qui, à part les Amerloques ?) Le principe de cette stratégie c’est qu’en exposant constamment une opinion publique à une thématique, quelque soit l’angle sous lequel elle est abordée (critique ou laudatif), cela créé un phénomène d’accoutumance qui atténue la réactivité des populations exposées à cette thématique, puis progressivement on finit pas imposer un projet sans que les gens ne réagissent. Les masses étant malléables, faibles et trop souvent carrément stupides finissent par adhérer volontairement à ce narratif, histoire d’avoir l’air intelligent et bien renseigné, progressiste, du côté du camp du Bien, du côté des gentils, si bien que ceux qui n’auront pas téléchargé leur app “Israel bouc émissaire malgré toutes ses innombrables vertus” sur leur smartphone-cerveau finiront minoritaires et marginalisés : des “terroristes”, des “réacs”, des “fachos”, “asociaux, “islamo-gauchistes”, que sais-je encore … Ensuite progressivement ils rendront la vie impossible pour ceux qui n’utiliseront pas cette application. Ils ont fait exactement la même chose avec l’obligation de cracher sur la Russie, de maudire la Chine … Au début c’est vivement conseillé, puis cela devient nécessaire pour pouvoir continuer à vivre juste "normalement" !

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Le Coran, aussi, parle de la « promesse « faite a Moïse :

Seigneur, quand dans le fer les choses sont vidées,
La justice et le droit sont de vaines idées ;
Et qui veut être juste en de telles saisons,
Balance le pouvoir, et non pas les raisons. (Corneille)

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« Je visite les idées des autres — ce sont des grottes sombres où les mots prononcés résonnent et me reviennent en échos indéchiffrables. Il est inutile d’exposer ses points de vue, aussi nuancés soient-ils, car la masse comprendra toujours une sauce informe plus constituée par sa bêtise et ses fantasmes à votre sujet que par ce que vous dites réellement. » (Basile Pesos). On nous donne l’impression d’opérer des choix, alors que nous sommes captifs d’une alternative décidée par d’autres. Il faudrait, à chaque nouvelle nouvelle, avoir le réflexe salvateur de détourner le regard, au moins un temps. Il y a aussi le dégoût de la parole politique, et de ceux qui la portent, qui monte comme une eau sale par temps d’orage : quand tout le monde la reprend, cette parole, elle montre son sale visage de Gorgone aux ongles noirs ; nous connaissons trop ses rictus et ses phrases bourdonnantes. Tout se met à sonner faux, quand l’Unisson est obligatoire, et le verbe se dévore lui-même car il ne trouve plus son chemin. À chaque mot écrit une bouffée de haine ou de rancœur. Alors que Bach…

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L'Espagne veut du gouvernement Frankenstein ! Sanchez courbe l’échine devant les très mafieux mini-partis catalans et se couche aux pieds de trente mille partis politiques dont il a besoin pour continuer au pouvoir. Quelque chose d’une inconcevable saleté, d’une nullité totale, d’un exhibitionnisme à la fois éhonté et sans doute irresponsable. On est arrivé au dernier degré de l’imbécilité et de l’imposture en politique.

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Normalement, l’usage de la force est cantonné aux gens qui ne font pas de mal à une mouche, et surtout à ceux qui ne peuvent et ne veulent pas vraiment répliquer. Pour ceux-là, la police et l’autorité seront partout, tout le temps. Pour les terroristes, les vrais, les durs, les quantifiés et les connus, il n’y aura plus personne.

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On voudrait être toujours amoureux, car il n’y a que ça, dans la vie, et quelques morceaux de musique et quelques après-midis d’octobre calmes, horizontales et interminables, l’odeur des plantes des champs et des jardins et l’eau transparente, un corps qu’on désire, sa tiédeur et la sensation du temps qui nous traverse sans nous blesser. C’est cela qu’il faudrait préserver, une manière de notes de guitare chatoyantes, douces, ouvertes, qui sonnent loin, une science nonchalante mais raffinée : de la délicatesse calme, allongée, chuchotée. 

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jeudi 5 octobre 2023

Paresse de l'automne qui revient ...

 

Pour draguer une fille qui lui plaisait bien, X. jouait à l’intellectuel, il lisait Proust… Rien de plus chiant que les accouplements de la grande comtesse avec le petit baron (Céline était plus radical : " ... 3000 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave, c'est trop "). X. lisait du Sartre. Un cauchemar absolu, mais il persévérait. X. allait voir des films de Godard, mais c’était au-delà du supportable. Finalement, il s’était tapé tout ça pour rien : il n’a pas eu la fille.

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Les marcheurs à bâtons, les marcheurs à bâtons sans bâtons : toute la gestuelle monotone des retraités des jours présents.

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Actuellement le degré de susceptibilité des gens est devenu tel qu'il faut presque renoncer à toute vie en société, et vivre chacun tanqué chez soi et ne sortir que pour de brèves interactions avec des gens triés sur le volet, des gens qui utilisent les mêmes mots que vous et leur attribuent exactement le même sens, pour être sûr de ne jamais être blessé, puisque c'est devenu l'obsession de notre époque de petites choses geignardes et souffreteuses et désireuses d'assurer leur sécurité émotionnelle, de ne jamais, au grand jamais, être confronté à un mot qui puisse heurter votre sensibilité.

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Départ à la retraite, à la rentrée, de quelqu’un qui avait été gentil avec moi les jours du concours pour accès au grade de maître de conférences. Ça ravive ma mémoire. Certes j’avais anticipé certaines réactions, surtout de deux salopes du jury, manipulées et montées contre moi par d’autres salopes, salaudement jumelles, de la cabale locale. On pouvait lire des signes mais on ne manquait jamais d’être surpris, même si les coups venaient du lieu exact d’où on les attendait. De ce point de vue, le microcosme universitaire était un lieu où s’exprimait une réelle créativité. Dans mon cas, le mot qui fit l’effet d’une giclée d’essence sur un feu moribond n’était pas ma sortie sur la véritable condition des miens (« des humbles ? » eh ben, pour ça « les miens » n’étaient pas humbles du tout !), ni ma fierté du fait que Claude Simon (Prix Nobel, quand même !) en personne avait assisté à ma soutenance, non, c’était ma prétention à faire partie du clan sans pedigree à leur goût. Elles m’avaient sauté à la tronche, l’immonde catalane à l’accent emberlificoté et la canarienne dodue comme une caille, comme une mine antipersonnelle à la tronche de son poseur maladroit : elles me tombaient ensemble sur le râble. Comment ose-t-il ? J’étais allé chez des collègues bien méritants pour me défendre attestant de ma praxis quotidienne, sur le terrain, de ma passion pour le métier attestée dans chaque enquête de satisfaction semestrielle auprès des élèves, pour l’organisation de trucs, etc. Fallait se laisser cracher dans la figure et dire merci.

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Le décor humain du département, à part quelques personnes vraiment humaines, me déprimait autant qu’il me rassurait et c´était celui des couloirs au silence feutré, de la morgue intellectuelle, des discussions à propos des rétributions symboliques, des hiérarchies pour occuper un bureau vide, des publications pointues, des colloques jargonneux, des priorités pour la photocopieuse, des jeux de pouvoir invisibles, des raclures de bidet se prenant pour des sommités, des chapelles, du culte des titres et des grades, de certains étudiants zombies complètement à l’abandon, des acronymes mystérieux pour la libération de ceci ou de cela, des baies vitrées taguées, des syndicats rampants, des tracts crevés, des tags fripons dans les chiottes ou menaçants à l’entrée de la cafétéria … c’était cette vieille ruine au charme inaltéré : l’Université. J’avais largement dépassé la quarantaine, elle m’avait ouvert des portes pas aussi grandes que je l’aurais souhaité, elle m’avait déçu mais enfin c’était mon monde, un environnement auquel j’avais aspiré et j'étais trop content d'y être.
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Arrivé avant, plus jeune, j’aurais été un universitaire raté ou talentueux ? Et dans la vie, en général : père toujours dévoué ? piètre amoureux ? égocentrique ? austère comme un mode d’emploi de cuit vapeur ou gentiment picoleur ? … les questions s’amoncellent : qu’ai-je fait de mon existence ?


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Rézosoziaux : la révolution anthropologique. Règne du commentaire anonyme et simultané, de la pensée nanifiée. Le diktat des cent et quelques signes. Les algorithmes qui nourrissent l’usager de contenus conformes à ses préjugés. Qui regroupe les gens en petits troupeaux qui n’ont plus de liens les uns avec les autres.
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R. améliore son état à vue d’œil. Je la revois accomplir ses gestes patients, butter ses plantes, couper une tige malade, manier un pulvérisateur de jardin. En la regardant répéter ces gestes je devine chez elle la présence d’un vaste gisement de patience et de sagesse qui tient en respect les dégoûts de la vie.

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La lune, presque ronde dans le ciel bleu deux nuits de suite, montre que l’été sera prolongé le lendemain dès la première heure. Mais l’automne montre ses griffes et le jour se lève de plus en plus tard. Embêtant, pour le matinal que je suis. De quoi valider notre retour à Alicante. Il y a quelques jours, en lisant sur Allociné la critique et des commentaires à propos du film La couleur de la victoire, je suis tombé sur un commentaire pertinent de la rengaine, infatigablement matraquée, de l’humiliation du dictateur par Owens, dédaigné et humilié à son tour par ce même Hitler de malheur. Cela m’a fait penser à l’éternel retour de la manipulation d’images « historiques » dont je faisais état dans mon billet de juillet, il y a quelques semaines. Remettons encore les pendules à l’heure ! On en a plus que marre que les Américains nous bassinent avec le racisme allemand pendant qu’aux USA se pratiquait la ségrégation raciale la plus stricte. Précisons que c’est Roosevelt qui a refusé de recevoir Jesse Owens et a omis de lui envoyer ses félicitations après sa victoire aux JO de 1936, immortalisés par Leni Riefenstahl, la photographe des scènes culte de la victoire de James Cleveland Owens champion de l’épreuve reine des Jeux de 1936. À une époque où le discours sur la race occupait une place capitale dans la vie politique allemande, il a été reçu en héros lors de la cérémonie donnée en son honneur à la chancellerie et a également reçu les chaleureuses félicitations d’Adolf, chef de l’État national-socialiste. Les images montrant ce dernier en train de manifester de manière ostentatoire son mécontentement devant la victoire de Owens pour justifier le racisme qui sous-tendait sa politique fondée sur une idéologie d’inspiration eugéniste visant établir la supériorité de la race germanique ne résistent pas à l’épreuve des faits.






















Une légende colportée par la propagande mystificatrice des Anglo-américains après la guerre dont la rhétorique trouve son origine dans les fantasmes d’intellectuels cyniques. La propagande antiallemande a pratiqué l’inversion accusatoire depuis 87 ans alors que les États-Unis, en 1936, s’illustraient par une politique raciste excluant les Afro-américains de l’exercice de certaines professions et par un ségrégationnisme sans complexes. Owens ne fut pas reçu à la maison Blanche comme ses coéquipiers blancs et c'est par l'ascenseur de service réservé aux Noirs qu'il dut se rendre à la soirée de célébration olympique. Il ne fut pas non plus convié à la Maison Blanche par le président Franklin D. Roosevelt, alors en campagne pour sa réélection à la fin de l’année, qui ne lui adressa aucun message de félicitations ni appel téléphonique. Des rumeurs ont circulé au sujet du fait qu’Hitler n’aurait pas félicité l’américain du fait de sa couleur de peau. Des années plus tard, Jesse Owens lui-même réagira à cet événement « Hitler ne m’a pas snobé, c’est notre président qui m’a snobé. Il ne m’a même pas envoyé un télégramme (…) après ces histoires d’Hitler qui m’aurait snobé, à mon retour aux Etats-Unis, je ne pouvais pas m’asseoir à l’avant des autobus, je devais m’asseoir à l’arrière, je ne pouvais pas vivre là où je le voulais. »

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Je discute un bon bout de temps avec B. M. à propos de X. disparue, partie (sic) il y aura bientôt dix ans. C’est-à-dire, morte. On se croisait souvent en fin d’après-midi. De retour à Irun. Elle montait dans le train en catastrophe, toujours à deux doigts de le perdre. Jeune, pleine d’enthousiasme, en début de carrière. Savoir l’heure de notre mort ! Le moment où nous allons entrer tout entier dans le mystère. Tous ces visages croisés, chéris, haïs, ignorés, les emportons-nous dans la forêt immense qui sera notre demeure pour l'éternité ? Quelque chose est déjà là, que nous ne savons pas lire. Des fils se tissent déjà, à notre insu depuis la naissance. Nos corps vont éclater et se reconstituer, hors du temps. Nous saurons tout, alors, et ce qui est inconnaissable surtout. Toutes nos phrases reviendront en une révélation parfaite, chacune à leur place, tous les chants seront reliés en un contrepoint grandiose et infini, chaque voix sera parfaitement intelligible, claire, et il nous sera difficile de concevoir que nous avons pu errer si longtemps dans les ténèbres et le deuil. Où circulent les phrases que je n'ai pas pu prononcer ? Quel est le nœud d'où sont partis tous mes désirs ? L'onde première et celle qui n'a pas de fin sont-elles une seule et la même ? Où se trouve la source du sens ? Il faudrait faire tomber les noms qui sont attachés aux mots, les précipiter dans l'oubli, et redonner ainsi aux phrases des allures de jeunes farouches. Quel était mon corps, hier, et en suis-je vraiment sorti aujourd'hui ?
Chaque matin au réveil, nous tombons en un clin d'œil d'un corps dans l'autre, sans avoir le temps d'y croire, en une modulation impensée et subtile. La voix de l'inconnu en nous, de celui qui n'a pas de nom et qui paraît quand nous oublions d'être celui que nous croyons être. Les phrases des autres, nous les avalons sans mâcher, comme des gloutons mal élevés. Ce sont parfois des clefs qui ouvrent des portes dérobées, et parfois des murs sur lesquels nous venons nous cogner. Après des humiliations ou des phrases qui m’ont fait des dégâts, j’ai été plein de bleus à l'esprit, j'ai eu l'air d'un clown furieux qui a perdu sa canne blanche, et j’ai dû plus d’une fois rester longtemps en silence à la sortie d'une lecture qui a laissé une série d'hématomes d'encre derrière elle, mais il m'arrive de les confondre avec ceux que mes propres phrases ont causés.
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À chaque fois que j'entends dire que c'est Sanchez (ou Biden, ou Trudeau, ou Macron, ou Ursula von der Leyen) le problème, je me demande si ceux qui affirment cela sont sérieux ou s'ils se moquent du monde. Comment peut-on penser sérieusement que remplacer un pion par un autre pion changera quoi que ce soit au mécanisme dont nous sommes les jouets ahuris ou consternés. C'est précisément cette illusion-là qui permet au processus de se dérouler sans anicroches : changer pour que rien ne change ! Vieux comme Hérode … À cet égard, l'accession au pouvoir de Giorgia Meloni est parfaitement révélatrice, s'il en était besoin. Vous voulez vraiment mettre un visage sur le problème ? Je vous propose l'homme en blanc, le liquidateur de la spécificité des catholiques. Regardez attentivement son visage, et vous verrez distinctement la passion de la liquidation. Il n’est pas venu pour faire mais pour défaire, pas pour construire mais pour déconstruire, moins pour conserver que pour se débarrasser. Et ce n'est pas une question d'intelligence, pour le coup. Le remplacement d’un Benoît XVI par un François est le coup de maître qui a permis à l’Église de Rome de régler son problème, de se suicider en gardant ses habits et ses noms. Qui n'a pas perçu, dès l'origine, la brutalité inouïe de ce personnage ne voit rien, ne comprend rien. Il faut bien parler de « suicide » en mettant le mot entre guillemets, bien sûr, car il ne s'agit pas d'un suicide brusque et commun. 
 





















Certains seront suicidés plus vite et plus fort que d'autres, et plus durablement. Le nouveau modèle d’église éveillée (woke) se veut solution au capitalisme en décomposition, et il reprend les traits saillants de tous les systèmes qui ont failli jusqu'à présent : communisme, capitalisme, fascisme, démocratie libérale. Masques sur masques… Vous en ôtez un, un autre apparaît, sans fin. Tournez manèges ! Ce qui est certain, c'est que les bénéficiaires seront très peu nombreux. On les reconnaît déjà. On le sait mais on n'ose pas les nommer. Ils s'accommodent très bien de cette violence institutionnelle et ne demandent qu'à remplir les espaces laissés vacants par la décomposition en cours et qui n'est pas du tout un défaut, ou un accident. La peur généralisée est aussi nécessaire que les gardes rouges l'étaient pendant la Révolution culturelle. Qu'elle soit sociale, politique, sanitaire, administrative ou privée, elle est aujourd'hui omniprésente, et c'est pas du tout un hasard. Regardez autour de vous. Même dans l'intimité. L'abolition des séparations de toute sorte terrorise, une terreur douce, silencieuse, un cauchemar indicible et lent. Tout le monde se tient à carreau, y compris de sexe à sexe. La peur est devenue un principe, une modalité existentielle qui a trouvé dans les écrans et les masques des figures performatives. Elle s'auto-entretient et se diffuse par capillarité. Elle dispose partout ses symboles et ses totems en les faisant passer pour des protections hygiéniques, qu'elle nomme sécurité (cordon sanitaire, ligne rouge). Et chacun de se dire : tant que j'échappe à la sanction, tout va bien. Essayons de durer encore un peu !



jeudi 14 septembre 2023

En septembre, les feignants peuvent s'aller pendre.

 

Séance cinéma insupportable : aller-retours de spectateurs aux chiottes, leur portable comme lampe de poche, bruit de conversations à tue-tête et de mastication sans complexe. Et ça ne chouine plus chez les propriétaires de cinémas dès qu’on peut de nouveau manger des cochonneries dans leurs salles. Il semble que ce soit ça qui rende rentable cette activité dite culturelle alors qu’il s’agit souvent de simple distraction. Quand je fréquente ces lieux, je ne peux pas m’empêcher de pester contre le bruit des grignoteurs. Dommage que l’interdiction de l’époque du covid ne soit pas devenue définitive ! Curieux, tout de même, comme un simple bruit ininterrompu de mastication peut donner au misophone, perdant le fil de son raisonnement, des envies de meurtre.
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Discussion (brève, après Oppenheimer). Il me semble impossible et néfaste de séparer la croyance de la connaissance. C'est l'erreur du scientisme actuel qui gouverne partout. Or, aucune connaissance n'échappe à la croyance, et si elle le prétend, elle est une croyance redoublée. Tout savoir peut être repris dans sa dimension de croyance et de conviction. La fidélité au vivant ne se laisse pas perdre par l'observation et les faits bruts ne peuvent être analysés que par la pensée et un sujet. Entre l’un et l’autre, Kierkegaard établissait un lien : « Penser est une chose, exister dans ce qu'on pense est autre chose. » Exister dans ce qu'on pense, dans ce qu'on fait, dans ce qu'on enseigne, dans l'amour, dans la haine …  Croire et savoir. Partage indissoluble. 

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Fragilité de nos corps. Ma nièce, attrapée elle aussi, comme R., par une sorte de cancer. Il est silencieux, le traître, la plupart du temps, mais ce silence n'est silence que pour l’extérieur. Dans nos corps, il s’exprime par des symptômes que notre cécité ne capte pas comme le fait un spécialiste. Pourtant, nos organes font constamment du bruit, ils s'expriment sans cesse, ils ne connaissent pas le repos, eux, et quand on entend un cœur qui bat, on est drôlement affolé.

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Anniversaire de R. Notes-souvenir (suite) des nuits d’hôpital d’à peine six mois. Chambre, bruits des couloirs, seuls dans un espace réduit avec des appareils partout, avec des fils et des tuyaux partout. J’observe les infirmières et « ma » malade. Tout le monde est très gentil. On se croirait presque dans le monde d'avant. J'hésite à appeler, comme l’infirmière n’a pas arrêté de me dire, parce que j’ai l’impression de déranger en quelque sorte. Si j'appelle, si je leur explique le motif de mon appréhension, ils vont revenir, faire plus d'examens. À trois reprises, on se retrouve avec une voisine de lit, dont on ne voit que les pieds à travers le rideau de séparation et une partie des jambes. En revanche, j'entends beaucoup les ronflements de l’une d’entre elles, et les voix d’une autre, collée à son portable. Elle communique en basque avec son mari et ses enfants qui viennent de la quitter. Une voix étouffée, ronde, alourdie par la fatigue. Dans la pièce, des bips différents, qu'on peut classer en deux catégories. De très jolis bips, discrets, bref, sobres, qui ressemblent aux cris de ces animaux nocturnes qu'on entend parfois la nuit, à la campagne, et qui ont tant de charme et d'élégance dans leur simplicité essentielle. Et puis d’autres bips, beaucoup plus stridents mais qui forment avec les premiers une jolie polyrythmie que je trouve rassurante tant qu’ils ne s’arrêtent pas. J'aime cette surveillance accompagnée de bruits, ils me portent, ils me guident au travers la nuit qui passe. Visites des infirmières et nouvelles prises diverses que je ne comprends pas. Elles m’expliquent. Pas photo avec les cons du cabinet dentaire d’Irun : personnel pas gentil du tout mais maladroit. Ils doivent s'y reprendre à trois fois pour l’anesthésie du maxillaire et ils le font toujours de travers ; R., très polie leur annonce que l’anesthésie ne marche pas puisque les piqûres qu'ils lui ont faites n’ont pas pris. Mais ils s'en foutent. « Ça fait mal, Madame, il faut supporter ». Simultanément : mauvaise praxis, négligence, nullité professionnelle et connerie arrogante. Personnel jeune et sans expérience, sous payé par les vampires qui les recrutent sans scrupule. Trop pour le prix que ça coûte ! Je ne leur en veux même pas : changement illico de clinique dentaire ! Vers huit heures du matin, visite de la cardiologue. Décontractée, souriante, elle est loquace et veut se faire comprendre. Ça tombe bien, je vois bien que les réponses à R. sont rassurantes et qu'il peut même s'engager un semblant de dialogue entre nous, moi, complètement ignare, elle prête à me laisser parler, ce qui est déjà énorme. Je garde dans ma tête le bref dialogue – pour ce qui me concerne – avec le cardiologue d’Irun expliquant ce qu'est un remplacement de valve aortique. J’avais toujours peur de lui demander quoi que ce fût vu qu’ils n'ont pas beaucoup d'humour, ces médecins. On les dérange quand on leur demande des détails sur leur diagnostic. En tout cas, il n'a pas hésité une seconde, lui, avant de dire à R. qu’elle avait intérêt à faire vite. Les quelques mois écoulés depuis sa dernière intervention pour son cancer d’utérus et de son traitement, qui fut une réussite, n’ont rien à voir avec la situation d’aujourd’hui. Faut pas confondre. Il lui parle des examens qu’elle va devoir faire très vite et qu’il est hors de question de laisser traîner. En juin, après le cauchemar, un gentil cardiologue tout guilleret a donné à R. le meilleur traitement post-opératoire qui soit : la marche ! La marche remet les organes à leur place, c'est-à-dire qu'elle les soumet à la loi du corps, qui lui-même est soumis à la loi du vivant, qui ne se laisse pas impunément segmenter. Bref, l’orage passé, on ne lui en veut pas du tout, au cœur de R.  C'est tout de même extraordinaire ce qu’elle a réussi depuis avril 2023, tout de même, avec toutes les émotions que nous avons traversées, elle et moi. Non, c'est un bon cœur, qu’elle a là, solide et fidèle.

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« Abriter en sa maison ce trésor que représentent un père ou une mère, ou le père et la mère de ces derniers, que l’âge réduit à l’impuissance, c’est avoir, que personne n’en doute, se dressant au cœur même de son foyer, une statue que nulle autre ne surpasse en puissance, à la condition en tout cas que son possesseur lui rende correctement le culte qui lui est dû. » 
Platon, Les Lois, IX

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Montaigne, qui avait des avis sur tout et y compris sur ce à quoi il ne connaissait rien, en rajoute, dans son essai sur les Cannibales : non seulement les Indiennes ignorent la jalousie, mais au contraire des Européennes, qui mettent tout leur zèle à éloigner de leur mari les autres femmes, celles-là mettent tout le leur à les en rapprocher («C’est une beauté remarquable en leurs mariages, que la même jalousie que nos femmes ont pour nous empêcher de l’amitié et bienveillance d’autres femmes, les leurs l’ont tout pareille pour la leur acquérir»). Les expériences de la vie n’ont pas souvent permis de constater une telle libéralité dans la psychologie féminine, ni d’ailleurs dans la masculine. La question n’est guère débattue, bien que la polygamie tende maintenant à se répandre en Europe sous l’influence de l’immigration et si on interroge Google au sujet de la jalousie entre co-épouses, surprise : nos amis progressistes, d’ordinaire si prompts à s’extasier devant les merveilles des cultures différentes, paraissent totalement muets, en tout cas absents de la première page de résultats.

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La fiction inspire la défiance. Abandonner, ne serait-ce qu’un peu, des idées que les gens croient leur être propres serait une atteinte intolérable à leur sécurité essentielle, une méchante brèche dans la haie, qu’ils présument infranchissable, délimitant leur périmètre existentiel. C’est de là, peut-être, que vient leur désamour fondamental pour la littérature, qui ne délivre pas de vérités, qui sape les croyances et qui complique les relations que nous entretenons avec le monde, incapable qu’elle est de tirer des traits droits et univoques entre les choses et nous, entre nos sensations et nos représentations. Les phrases écrites nous attendent alors que nos opinions nous précèdent, et c’est bien ce qui est pénible, quand l'écrivain a affaire à des gens habillés de pied en cape par leurs convictions, qui les recouvrent complètement, sans qu’aucune partie de leur être ne se présente libre, à nu, aux dangers de l'écrit. Les rapports entre les humains pourraient être beaux, si « la société » ne s’en mêlait pas. Mais nous sommes incapables de nous soustraire au regard social qui pèse sur notre nuque dès que nous quittons notre solitude, notre individualité. « Nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire » a écrit Pascal.

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Les imbéciles ont toujours des explications simples qui répondent merveilleusement mal aux questions complexes. Ils aiment répondre à côté.

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Quel exemple de décentralisation ! (sic) Un ami et ancien collègue de l’Université prétend me fournir des renseignement sur l’eurorégion NAEN. Que j’avais connue, et où j’avais participé activement depuis sa mise en marche, en sa version AEN. À l’époque, la Navarre était plutôt froide, elle boudait les réunions craignant sans doute de tomber dans l’escarcelle nationaliste basque. Je rassure mon ancien collègue, très emballé par l’existence de cette nouvelle (?) collectivité territoriale. En janvier 2021 les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ont fusionné pour être remplacés par la Collectivité Européenne d’Alsace. Tout aurait été beaucoup mieux, et naturel, pour eux si l’Alsace avait accédé à l’indépendance, exactement comme l’ont eu obtenue, un peu par hasard, les Luxembourgeois. Elle forme un ensemble culturel et linguistique suffisamment cohérent pour former un pays. Culturellement, elle est germanique, version Saint-Empire romain germanique, un assemblage hétéroclite de principautés et de duchés, mais sans entretenir de bons rapports avec l’Allemagne depuis que les Prussiens ont eu l’idée de vouloir la réunifier. Il faut d’ailleurs remarquer que les thuriféraires de l’UE ont toujours eu un double discours : promettre à la France que l’Union serait une grande entité bien centralisée, car les Français sont historiquement persuadés que plus le pouvoir est centralisé, et plus on est fort et promettre aux anciens du Saint-Empire que l’UE sera une Europe des régions, laissant un maximum de libertés aux différents régions économiques.

En Belgique, la propagande de l’UE était principalement axée sur cette Europe des régions, notion peu développée en France. L’Allemagne a conservé une mentalité décentralisatrice, grâce à sa structure fédérale et ses länder, mais depuis peu, l’UE rogne sur leurs prérogatives, ce qui est inhérent à toute structure bureaucratique. La France n’a plus jamais été structurée de manière décentralisée depuis la Révolution. La fameuse nuit du 4 août, célébrée par la république, consistait à supprimer les privilèges, en particulier fiscaux, de la noblesse et du clergé, mais surtout, et on l’oublie trop souvent, à abolir les chartes de privilèges accordées de longue lutte depuis des siècles par le pouvoir central aux gouvernements locaux : parlements régionaux, chartes communales, etc. Le principe des révolutionnaires était : il faut que chaque région, chaque province, chaque ville, soit gérée pareil. Et Napoléon en a scellé le principe quelques années après, car sa vision des choses était qu’un pays en guerre doit avoir un lieu de décision unique. Plus tard, Bismarck a fait pareil en Allemagne, avec le succès qu’on sait pour les deux générations qui ont suivi. Cette nuit du 4 août est le véritable point de départ de beaucoup de malheurs de la France, le début de sa centralisation absolue. Avant ça, même Louis XIV devait avoir l’assentiment des parlements régionaux, qui faisaient sans aucune gêne leur boulot en préservant les intérêts locaux contre des décisions royales quand ils l’estimaient nécessaire. Et les combats étaient parfois durs, mais jamais le roi n’a tenté de les faire taire définitivement. Pour revenir à nos moutons « naénesques » : la multiplication des eurorégions ne dépasse pas les limites de l’encouragement à la coopération transfrontalière pour donner l’impression d’une forte coopération qui a du mal à se concrétiser dans la vie réelle.

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Tiens, en évoquant la Révolution (1). La première république française est née sous la terreur, ce qui est un indicateur, quand même. Le système républicain, en soi, n’est ni plus ni moins pervers qu’un autre. En France, il était corrompu depuis le début grâce à ce qu’on a appelé la philosophie des lumières sorte de fourre-tout dans lequel se sont engouffrés tous ceux qui voulaient changer l’homme afin qu’il soit enfin conforme à leurs fantasmes. Et ça a débouché sur toutes les horreurs du XXème siècle. Cette philosophie des lumières était également l’inspiratrice de la constitution américaine. On la retrouve donc à chaque fois à l’origine du mouvement, au point de se demander si le principe républicain est concevable hors de cette philosophie. Qui repose sur une méprise tragique, à savoir que l’homme est bon à l’état de pure nature. Rousseau avait émis ce postulat qui se retrouve également chez Diderot (Supplément au Voyage de Bougainville, pur joyau de suffisance et d’hypocrisie) et chez Voltaire. De fait, la constitution américaine est bien d’inspiration des lumières et son esprit franc-maçon n’est plus contrebalancé aujourd’hui par une conscience religieuse forte.

Façade de Saint-Roch, théâtre d'un massacre sanglant

(2) Je vois passer les ans et l’année 1789 est toujours présentée au lycée comme un exemple de situation où des pauvres qui voulaient du pain avaient pris les armes et réussi à faire cracher les riches et obtenu par là des libertés pour le bonheur de tous et la prospérité d’un pays florissant. Je me rappelle le bicentenaire : les vitrines avec des cocardes, les posters de sans-culottes, les banquets mélangeant gastronomie et révolution, etc. Pas un mot sur la Terreur, plutôt fêtée et « progressiste », ni sur l'inéluctable (Saint-Roch, 5 octobre 1795), ni sur la nature du pouvoir, de l’autorité, de l’ordre, de la légitimité, pas un mot sur les inquiétudes déjà bien présentes et les mises en garde des esprits éclairés, jamais cités. Mais bien l’accent sur les milices populaires et les futurs massacreurs de septembre 1792. À propos d’autres événements historiques, il n’y a qu’à voir comment est présentée partout la Commune de Paris sous son plus beau visage. Le nombre d’établissements placés sous le vocable de Louise Michel, évoquée comme institutrice féministe. Or, ce qui la distinguait, c’est qu’au retour de Nouvelle Calédonie, elle a eu une carrière de prêcheuse sous chapiteau où elle lançait des appels au meurtre et au massacre un soir après l’autre. On présente toujours aux lycéens les différentes révolutions qui se sont succédé (russe, mexicaine, espagnole, cubaine …) comme autant d'exemples de situation où des pauvres qui voulaient du pain avaient pris les armes et réussi à faire cracher les riches et obtenu par là des libertés pour le bonheur de tous et la prospérité, tout en oubliant soigneusement les épisodes qui fâchent. C’est ça, l’endoctrinement, former des progressistes à la pelle depuis des générations. La fascination tordue pour les monstres criminels est un symptôme de maladie sociale. On n’adule pas Untel malgré ses crimes, mais en raison de ses crimes, surtout en les minimisant « dans leur contexte ».

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Auto-invitation par surprise. Quand j'entends qu'on envisage de me faire l'honneur de me rendre visite, genre « on passera te voir », je me mets à trembler. Ces mots me laissent perplexe au plus haut point. Après deux convalescences sérieuses de R., sans visite ni appel, à l'exception d'un vague et paresseux « tu nous tiendras au courant » mécaniquement répété (ça ne mange pas de pain !), une telle disponibilité unilatérale et soudaine m'irrite au plus haut point. Je ne vois pas ce que j'aurais à partager, à part le discret confort de mon chez moi, qu’on imagine subitement ouvert à ceux qui ont pensé à moi pour me faire généreusement chier, mais pas du tout pour un peu de compagnie dans les moments difficiles récemment traversés. J'ai passé ma vie à réclamer, et à appliquer, soit dit en passant, le plus strict principe de réciprocité : si je dérange, je dois admettre qu'on me dérange ; si je suis casse-pied, je dois consentir à la lourdeur d’autrui ; si je fais preuve de largesse (ça m'arrive !), j'espère me rendre créancier des largesses de quelqu’un d’autre … Mais qu’on cherche à m'importuner impunément alors que j'ignore même l’existence du raseur, c'est quelque chose qui dépasse mes limites d'endurance et cela me fait penser que certains humains sont des larves tenaces creusant leurs galeries jusqu'à ce qu'ils atteignent leur objectif.

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Bibliarekin bueltaka. La Bible n’est pas un livre mais une bibliothèque. Elle rassemble des livres d’auteurs, d’intentions, de langues et de genres littéraires très divers, dont la rédaction définitive s’échelonne sur près de neuf siècles. Et, parmi ces livres, certains reprennent des traditions antérieures de plusieurs siècles à leur rédaction définitive. Le Pentateuque découle d’une tradition qui remonte à Moïse et son principal objectif est de donner une loi au peuple d’Israël. Les Livres des Rois sont des livres à prétention historique. Les Psaumes sont des poèmes et des prières. Les Évangiles sont des récits-témoignages etc. La variété de certains détails, la divergence de certaines formulations est d’abord une preuve de l’existence d’un « fond » qu’on creuse depuis des siècles, de prise en compte par les différents auteurs de leur public et de l’objectif de leurs ouvrages. Cette variété montre aussi, a posteriori, la fidélité dans la transmission séculaire des textes, qu’il s’agisse de tradition orale ou de tradition manuscrite. Comparer la Bible ou les Évangiles à telle œuvre de tel auteur, voire à toute l’œuvre d’un auteur, voire à l’ensemble des ouvrages d’un mouvement littéraire ou idéologique serait pure et simplement réducteur et absurde…

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11 septembre. « La guerre américaine contre le terrorisme a tué près de 5 millions de personnes et en a déplacé près de 40 millions. Personne n’en a rien à foutre, personne n’est tenu pour responsable, tous les principaux criminels sont devenus extrêmement riches et sont toujours au pouvoir pontifiant sur la démocratie et les droits de l’homme et profitant des nouvelles guerres chaudes et froides contre la Russie et la Chine. »  (Mark Ames, in X – ex-Twitter)