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mercredi 27 janvier 2021

pélérinage vers soi-même dans le désert pandémique ...

 



De nobis fabula narratur
. Un lecteur, c’est bien de vous et de moi, qui lisons toujours, qu’il s’agit. Des individus ayant la lecture comme activité physiologique, intellectuelle et affective qui sentent son cerveau s’engourdir quand ils passent ne serait-ce qu’un jour privés d’elle. Le lecteur, qui semblait éternel à une époque encore récente, vrai protagoniste de la culture qui nous a été propre depuis des siècles et qui disparaît peu à peu jusqu’à l’effacement inéluctable aujourd’hui. 

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Rappel. « Ce qui compte, pour les gens de la Conscience Universelle, en politique, ce n’est point ce qu’on fait mais ce qu’on dit. Tant qu’on n’a pas compris cela, et qu’on ne s’en est pas pénétré, on demeure devant le déroulement de l’histoire contemporaine comme un analphabète balbutiant. Phénomène étrange, qui heurte le sens commun mais dont l’illogisme n’est qu’apparent. Les gens de la Conscience Universelle, vivant dans un monde essentiellement poétique et sans aucun point de friction avec la réalité, sont voués, tout naturellement, à admettre la primauté du verbe sur le fait brutal. Mieux, le verbe est pour eux la seule réalité et les faits ne sont guère que des contingences accessoires dont ils se font fort, justement, de modifier la nature au gré de leur pseudo déterminisme progressiste. A-t-on jamais vu qu’une construction de l’esprit fût mise en danger par une objection rationnelle ? Si les choses ne sont pas comme elles devraient être, ce sont les choses qui ont tort. » Pierre Antoine Cousteau,
Intra Muros 

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Actualité moisie. La fille du médiatique Bernard Kouchner, Camille, a brisé la loi du secret et du silence de son milieu gauche caviar, un monde de vérités alternatives qui se contemple lui-même, qui se regarde vivre, qui admire très complaisamment son impertinence supposée et sa prétendue liberté. Une grande famille qui en réalité n’en est pas une. C’est une communauté, affranchie des conventions, dans une vaste propriété où prolifèrent les nounous, les cuisinières, les gens de maison. Des féministes mais dont une jeune femme est chassée pour avoir déposé une main courante après avoir été agressée par un invité pendant son sommeil. Une communauté où la liberté sexuelle s’apprend à marche forcée : on envoie une femme mûre à l’aîné pour le déniaiser, on s’indigne de ce qu’à douze ou treize ans la cadette soit encore vierge. Camille Kouchner doit mimer devant sa familia un acte sexuel alors qu’elle est à peine pubère. On l’incite à masser et caresser les adultes. La photographie de ses fesses est affichée en grand sur les murs de Sanary. Pas de quoi s’alarmer. Pas d‘amalgame ! Ça arrive dans tous les milieux à presque chez tout le monde. Libération, France Inter, tout ce qui compte dans le camp du Bien rivalise à essayer d’éviter le rapprochement de ce que le livre expose avec ce que cache cette branche caviar d’une gauche indéboulonnable, une élite bourgeoise de gauche qui passe son temps à donner des leçons en se comportant de la manière la plus sordide (coucou, Dominique Strauss-Kahn !). Libération fait un paragraphe entier intitulé L’inceste est partout et y rappelle les propos de Camille Kouchner à L’Obs : « L’inceste est partout, il n’a pas de couleur politique. Il peut être à droite comme à gauche.”, cela n’a “rien à voir avec Mai 68 ». France Inter, c’est la même chose. Thomas Legrand, dans son édito, explique que certains profiteront de ces accusations portées sur les vieux acteurs de mai 68 et leurs injonctions à jouir sans entraves et à interdire d’interdire, pour avancer des pions conservateurs. Pour Legrand, le vrai problème, c’est plutôt le patriarcat dont mai 68 a justement permis de prendre conscience du danger qu’il représentait. Il ajoute que « la violence intrafamiliale (et l’inceste y tient une part importante), est — de très loin — la première cause de l’insécurité ». Même méthode dans Médiapart. Le 6 janvier 2020, Lenaïg Bredoux et Marine Turchi noient le poisson autour du système de l’inceste pour ne pas remettre en question le milieu intellectuel auquel elles appartiennent. D’autres médias sont un peu plus curieux en matière de rapprochements historiques et culturels. La gauche moderne a longtemps compris et justifié la pédophilie au nom de la révolution sexuelle. En 1977, dans Le Monde, a circulé une pétition « en soutien à des personnes inculpées pour avoir eu des relations sexuelles avec des adolescents de treize et quatorze ans ». Et les Verts allemands incluaient dans leur programme jusqu’au milieu des années 1980 la « dépénalisation des relations sexuelles entre adultes et mineurs ». Élisabeth Guigou, ancienne garde des Sceaux, hiérarque socialiste et féministe bon teint était à la fois des intimes de Dominique Strauss-Kahn et de la famille Duhamel. Au moment de l’affaire DSK, elle relativisait. Dans un documentaire de 2020 de Netflix sur la même affaire elle confirmait son scepticisme : « Pourquoi DSK aurait-il besoin de violer, c’est un homme intelligent, séduisant, charmant ? ». Elle a été jusqu’à il y a quelques jours après la sortie du livre, présidente de la commission sur l’inceste et les violences sexuelles contre les enfants. Sandrine Rousseau, du parti Europe Écologie-Les Verts, a épinglé Élisabeth Guigou sur Twitter, le 5 janvier 2021 lui demandant de renoncer à ses fonctions, « Il serait important, juste et noble de démissionner de cette commission sur les violences sexuelles sur enfants. Bien sûr vous n’êtes coupable de rien mais vous êtes compromise avec trop ».
Daniel Cohn-Bendit, ancien compagnon de Marie-France Pisier, sœur d’Évelyne Pisier, la maman de l’auteure, avait fait des déclarations à l’antenne d’Apostrophes du 23 avril 1982 (« La sexualité d’un gosse, c’est absolument fantastique, faut être honnête. J’ai travaillé, auparavant, avec des gosses qui avaient entre 4 et 6 ans. Quand une petite fille de 5 ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique, c’est un jeu érotico-maniaque… ».) Plus jeune, en 1975 alors qu’il avait 30 ans, il écrivait dans son livre Le Grand Bazar : « Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres gosses ? Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. » Il s’est ensuite excusé en parlant « des lignes insoutenables, intolérables ; avec ce que nous savons aujourd’hui sur la pédophilie, sur l’abus sexuel ». Des abus sexuels dont il a été l’auteur à moins que de se faire tripoter les organes par des enfants de 4 ou 5 ans dont on a la garde ne soit considéré comme un geste éducatif ? En septembre 2018, Daniel Cohn-Bendit s’était vu proposer par Emmanuel Macron le ministère de l’écologie suite à la démission de Nicolas Hulot, il a refusé la proposition. On aura toujours du mal à expliquer le pourquoi de cette attirance vers cette part de l'anatomie, confluence de tous nos égouts organiques. Mais c'est ainsi ! La gauche machin, la gauche chose… Pauvre gôôôche ! Presque toutes les têtes d’affiche de Mai 68 auront su mener la barque de leur arrivisme : fric, honneurs, notoriété. Les naïfs, les sincères, les seconde classe seront les cocus de la farce. Ils iront consommer à Katmandou ou à Woodstock le deuil de leurs illusions. Quelques moines du maoïsme se frotteront au prolétariat en allant trimer dans une usine. Pas longtemps. On est prolo par nécessité ou on ne l’est pas. Le plus lassant, le plus pénible, c’est l’éternel prestige de leur patois de sacristie. Limité : quelques mots. Prolétariat. Répression. Solidarité. Aliénation. Forces productives. Classes dominantes. Unité d’action. Libération sexuelle. Camarade. Processus dialectique. Révolution. Le fascisme ne passera pas… Un cléricalisme sans Dieu mais pas sans diable. Le moment venu, Mitterrand saura coucher les plus ambitieux à ses pieds avec des portefeuilles ministériels, des circonscriptions, des planques au tour extérieur, des nominations flatteuses, des légions d’honneur déshonorées à force d’être distribuées à vau l’eau. Sic transit merda mundi ! 

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L’honneur. « La notion qui fonde toute coutume vivante, c’est l’honneur. Tout le reste, fidélité, humilité, bravoure, esprit chevaleresque, maîtrise de soi, résolution, en découle. (…) Perdre l’honneur, c’est être effacé de la vie, du temps, de l’Histoire. L’honneur de l’ordre, de la famille, de l’homme et de la femme, du peuple et de la patrie, l’honneur du paysan, du soldat, et même du bandit : l’honneur signifie que la vie, en une certaine personne, vaut quelque chose, possède un rang historique, sa distance, sa noblesse. » Oswald Spengler, Écrits historiques et philosophiques. Ces réflexions sont terriblement datées et ne conviennent plus à l’esprit du nouveau monde post tabulam rasam. Que de candeur, dans le monde d’avant, quand on pouvait encore écrire : « L’estime vaut mieux que la célébrité, la considération vaut mieux que la renommée, et l’honneur vaut mieux que la gloire. » Heureusement, nos maîtres et seigneurs d’aujourd’hui rassemblés en mafias savent depuis longtemps que rien n’est déshonorant si c’est profitable : les corps (Parlements, Universités, Académies, Assemblées…) ont beau se dégrader, ils se soutiennent par leur masse, et on ne peut rien contre eux, contre leurs abus, leurs mensonges, leur corruption. Le déshonneur, le ridicule glissent sur eux, comme les balles de fusil sur un sanglier, sur un crocodile. Scandales, ridicule, plagiats, pots de vins… J’aimais bien l’honnêteté, la parole donnée, l’engagement sincère conformément à ses idées… Je hais cette époque progressiste en tant de domaines. Aux hommes qui prennent d'assaut le Bataclan avec des kalachnikov, tuent 130 innocents et en laissent 400 estropiés à vie, le progressiste répond : « Vous n'aurez pas ma haine. » À la femme qui prend d'assaut le Capitole sans arme, sans violence, et se fait exécuter sans sommation, le progressiste-féministe répond : « Tu l'as bien mérité. » Ceux qui, à ce stade, n'ont pas encore compris que le progressisme obligatoire est le cheval de Troie de la barbarie ne comprendront rien à la suite des événements. 
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Que faire maintenant ?
Fonds européens, aides publiques, subventions… Il sera tout de même difficile (?) à l’Union de continuer à donner de l’argent aveuglément, sachant que cela ne fera qu’enrichir l’ignoble caste des politiciens professionnels au pouvoir et engendrera très peu d'investissement utile pour les entreprises, pour des pans entiers du monde entrepreneurial qui se sont effondrés. Il faudrait remettre le métier sur l’ouvrage mais les chances de réussite sont minces : pourquoi les mini-souverainistes, par exemple, accepteraient-ils de contribuer à une stratégie de récupération commune ? Et même s’ils le faisaient, ce serait nécessairement au profit des groupes insatiables qui ont mendié leur soutien pour gouverner (là, je pense à l’Espagne) depuis une quarantaine d’années, ce qui ne changerait pas grand-chose à l’affaire. En réalité, les communautés autonomes en vrac, inventées au départ pour décentraliser et moderniser l’ensemble, bloquent le pays, protègent les intérêts de chaque camp et empêchent tout renouvellement. Sans compter les l’endoctrinement multiple fait en fonction du seul critère communautariste-séparatiste encourageant sclérose, corruption et violence dans la société civile. Le redressement et le sauvetage post COVID de « l’État espagnol » passent par un changement complet de la vie politique et l’on ne voit vraiment pas qui pourrait les mener. Les castes défiscalisées alourdissent le fardeau des contribuables et lorsque les états ne sont plus que les courroies de transmission des ploutocrates, l’on réalise alors que la prophétie marxiste de l’accumulation du capital s’est enfin réalisée. 
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Comment oublier sans plus, comment jeter au vent ces poussées de colère à la lecture d’une presse fatigante, vide et stupide ? Effort mental et indignation s’avèrent totalement inutiles. Et pourtant… 
Blogueur antipathique (ancien professionnel de la politique). Il m’a toujours fait gerber ce vieux con avec sa gueule imberbe de con, ses yeux en trou de pine et sa calvitie moumouttisée sous une frange de poils stupidement gluants. Il me fait doublegerber, cette espèce de maître d’école qui écrit ses articles depuis des siècles comme s’il adressait à des débiles, distribue les bons points et les colles, arbitre les inélégances depuis son blog de con, dit le bien dit le mal et sépare les flots d’un index dressé comme un Dieu la Père sur le vitrail de la presse patriotique sabinienne. Il me fait tripledégueuler, le prophète sympa, dressé en vigie d’incendie sur nos foyers, sévère et cruel avec le peuple premier et trop complaisant avec la pire extrême merde prétendument extrême gauche. Il me fait chier au carré le très républicain quand ça l’arrange, cosmo-inégalitaire, pluri-libertaire mais très Dieu-et-les-lois-ancestrales, communautaro-fraternel avec ses idôles personnelles, minimum fonctionnel pour qu’un strapontin devienne un tabouret, une rébellion quelque chose de purement verbal, un évènement planétaire et ses lubies périmées de vieux ringard grimé de branchitude, une avalanche de likes de la part de la basse-cour nationaliste : trois petits tours – article, télé, blog – et puis s’en va. Il me casse les pieds au cube, l’icône con ancien député à la retraite inévitable collaborateur de la presse patriote, incapable de baragouiner deux mots en basque mais l’exigeant des autres sans concession. Il me fait ultravomir, gigadégobiller, tera-rendre : j’en rends tripes et boyaux (mieux vaudrait préciser le nombre par sa puissance de dix !) qu’il ne me reste plus rien pour aller à la selle... 

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Heredero de la rebeldía
de Reinaldo Arenas, su gran amigo, Abreu es para Cuba lo que su admirado Bernhard fue para Austria, Juan Goytisolo para España, lo que Fernando Vallejo es para Colombia y Castellanos Moya para El Salvador: una voz implacable, despiadada, pero imprescindible por su talante crítico. Dueño de una prosa impecable, exenta de lugares comunes y sofisticaciones gratuitas, con estas Emanaciones Abreu alcanza lo que considera el estado óptimo del escritor: su bestialización. “¿A quién se debe?”, se pregunta. “¿Qué le importa lo que nadie piense?”. El libro tiene como exergo una cita de Paul Léautaud: “¡Cuánto tiempo antes de atreverse a ser uno mismo!”. 

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Prestige de l’écrivain. « … il est très vraisemblable qu’il se trouve parmi [les écrivains] le même pourcentage de salauds que chez les hommes politiques, les hommes d’affaires, les beaux-pères, les juges et les prêtres ». Ferdinand Peroutka, Le nuage et la valse 


« Dans son enfance, Grein répétait que lorsqu'il serait grand, il serait scribe […]. Plus tard, il avait voulu être écrivain, savant, philosophe. Il rêvait de trouver un livre qui révélerait tous les secrets, en allant droit à l'essentiel. Chaque fois qu'il allait dans une bibliothèque, il cherchait ce livre-là. Dans ses rêves éveillés, il s'imaginait même en train de l'écrire lui-même. Mais Tandis que lui se contentait de rêver, d'autres écrivaient vraiment. Des milliers, des millions de livres étaient publiés, lus, puis jetés comme de vieux journaux. […] Comment réussir à dire quelque chose de nouveau au milieu d'une production pareille ? Et quelle valeur pouvaient bien avoir des mots qui ne se traduisaient pas en faits ? L'amour de Grein pour les livres s'accompagnait d'un dégoût grandissant. Avec le temps, il s'enorgueillit de ne pas être devenu un de ces auteurs dont les textes n'auraient fait que s'ajouter à cet énorme fatras littéraire. Mais l'habitude de jouer avec un stylo lui était restée. […] Il éprouvait même le besoin de tenir un journal, comme un écolier ou une vieille fille. Mais qu'avait-il donc à noter ? » Isaac Bashevis Singer, Ombres sur l'Hudson 

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Jean-Pierre Bacri. « Ce que provoque le vieillissement, on se sent exilé, on se sent rejeté (…) on ne peut plus être dans tout ce qui bouillonne. On nait dans la jeunesse, on passe son temps à être jeune et puis un jour on est exilé de ce pays, et l’exil c’est toujours dur. Tout à coup, on vous explique que vous n’êtes plus dans le coup. Votre miroir vous l’explique. Vous prenez conscience que vous vous modifiez, que le regard sur vous se modifie, que vous perdez ces jeux de séduction que vous amusait tellement avec les jeunes femmes. C’est terminé. Et puis vous vous regardez vieillir, vous voyez les plis, les choses qui tombent de votre menton. Vous êtes obligé de le constater. Ce que font la plupart des gens qui vous disent qu’ils ont une sorte de sérénité qui leur est tombée dessus à la vieillesse, mais on sait très bien que ce n’est pas ça, c’est un bouleversement terrible et on est obligé de le remarquer et d’en être affecté pendant un moment. » Jean-Pierre Bacri, décédé le 18 janvier 2021, interview France Culture (2018) 

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Rap, dégueulis. Je n’ai jamais pu supporter le rap, avec ses révoltes bidon. Ce sont de faux méchants et de vrais cons, démagos, rebelles pour show-biz… C’est de la variétoche sauce pseudo-voyou cuisinée en super radical. Il y même une Science Rap Academy, c'est dire ! Ils font les marioles avec leur vocabulaire violent, mais ils sont dans un créneau d’investissement qui rapporte. Ils sont forts pour organiser des combats de pitbulls dans des caves, mais ils se chient dessus à l’idée de ne pas se faire du fric sur Skyrock. La radio s’enrichit sans état d’âme en passant des disques radicaux et les groupes formatent leurs créations en fonction de leurs possibles passages. La culture rap, des brutes en short avec des chaînes en or et des voitures de luxe attrape-meufs, c’est la culture de la possession des signes extérieurs de richesse... Sur une musique inexistante, toujours le même discours imbécile et criard. Un univers de menaces, morsures, armes à feu, gangsters, bastons, baskets, machos, gangs, crans, clans... 

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Notes en vrac d’un projet (d’article long) qui n’a pas abouti. J’espérais nuancer mes propos par rapport à un travail (publié) enthousiaste/optimiste d’il y a plus de dix ans à propos du nationalisme basque… ce n’est plus la peine, comme tant de choses à l’heure qu’il est… la critique y était plutôt légère et nuancée, le bilan très positif, mais au fil des ans j’ai eu l’occasion d’élargir ma perspective 

- aujourd’hui les prêtres deviennent psychologues et les psychologues, prêtres (sur l’inversion de certains rôles sociaux) 

- vocation des nationalismes/sionismes péninsulaires : transformer les non-indigènes en autochtones et les réticents en étrangers dans leur propre pays / à différence des sionistes, les nationalistes ont une entité ethno-territoriale, un territoire sur lequel ils n’ont pas été transportés, ici pas de « Palestine for the Jews. Official Sympathy » (Balfour) 

- sionisme et bolchévisme ont en commun une promesse messianique de rédemption collective imminente et de transfiguration collective plus ou moins miraculeuse (Cf. Les chercheurs de dieux, de Claude Roy – à BX ? / prêté à qqn ?) 

- nationalités chimériques > à la recherche de l’avènement de « l’ère nouvelle », du règne du mythe peuple et culture, victimes rêvées d’une offensive étrangère concertée -> percer de force le mur de l’histoire (géographie) topographie nouvelle + noms & prénoms nouveaux > langue transformée + toute objection contre ces droits du mythe se règle d’elle-même, au-delà du droit, par la violence immédiate (et toujours pure car révolutionnaire) conduite par des éléments (individus) conscients 

- évolution diachronique de la transition espagnole / remplacement progressif de l’ancien appareil d´État pas nécessairement franquiste mais irrémédiablement suspect car formé par d’éléments socialement hostiles (les traits qui garantissaient hier leur loyauté suggèrent maintenant la trahison politique intrinsèque) par des éléments sûrs ou techniquement neutres / C[ommunauté] A[utonome] V[basque] : la plus moderne et la plus performante et prospère des CCAA [communautés autonomes] de l’État espagnol (démêler part d'ambiguïté / La Chine aussi, ambiguë, avec son communisme, qui est en réalité un communisme de marché, tout à fait inédit, capable de mettre en œuvre pour la première fois dans l’Histoire une modernisation technologique fulgurante et un socialisme fondé sur l’abondance et l’égalité / les nationalistes basques (seul parti sérieux du parlement espagnol) sont fortement surreprésentés dans le Congrès des députés de Madrid + la CAV bénéficie d’un régime fiscal ahurissant fruit du double pouvoir en place simultanément à Madrid (autorité formelle) et à Vitoria (pouvoir réel de l’oligarchie locale en tant que toujours indispensable au maintien en place de l’autorité formelle)… le bruit de la confrontation n’est qu’apparente ; paradoxe : prépondérance culturelle et insignifiance administrative, sur place, la discrimination positive implique une discrimination négative… une fois ethnicisé, le plus riche, le plus moderne, l’incomparablement bien traité - en tous les domaines ! – devient victime d’un malheur incomparable, la formule : richesse + savoir + pouvoir politique = [mènent curieusement à de plus en plus de] victimisation, combinant la réussite économique et le statut de minorité punie face à l'extérieur 

- alors que la majorité du monde occidental semblait avancer en sens inverse, le Pays Basque a connu un culte exagéré du messianisme, presque unanimement, accepté avec ce que cela comporte (idéalisme + l’esprit agressif exacerbé > capable de convertir la violence pure en haute manifestation altruiste et vertueuse malgré sa logorrhée soi-disant militaire : tour de passe-passe grâce auquel l’assassinat pure et simple, le racket, l’enlèvement mafieux deviennent lutte armée) de nationalisme intégral propre de l’entre-deux guerres (« la France aux Français ! », « l’Allemagne aux Allemands ! », « la Grande Serbie », « la Grande Euskalherria »…) / la découverte de l’ampleur et de la nature de la Shoa avaient obligé la mouvance nationaliste basque à adoucir son récit traditionnel farouchement xénophobe, devenu politiquement illégitime, comptant sur la complicité bienveillante des forces politiques démocrates qui, presque unanimement, ont accepté de placer ce courant idéologique, singulier et anachronique, dans une catégorie à part où les règles générales – comme dans le cas du ridicule et agressif suprématisme catalan – ne s’appliquent pas : on peut attaquer un Le Pen, un Salvini, un Orban, etc. On se gardera bien de faire pareil avec des racistes basques avérés (Arzallus) ou des xénophobes catalan, genre Torra et proches… / la rhétorique périphérique des nationalités chimériques fait toujours partie de notre routine et, malgré sa proximité du modèle anglo-américain ou israélien (groupements sociaux autours des ethnies), jouit d’un prestige proche de la complicité chez des formations politiques figurant sur l’échiquier à gauche ou à l’extrême gauche … 

- concept chimérique de la notion tribale de responsabilité collective à la base du concept de victimisation (ethnique, tribale) débouchant sur exigence de repentir et obligation de réparation 

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Nul n’est moins apte que moi aux servitudes du militantisme. Je le rappelle à un vieil ami trotskiste « malgré tout », qu’il dit, le con. Ils m’ont toujours fait rire les trostkos : Trotski était aussi tyrannique, aussi cynique que Staline, et peut-être plus pervers. Et le Lénine, itou : de belles canailles. Mais Trotski était brillant à la plume. Ses études sur la révolution et ses critiques sont passionnantes et, tout de même, sa bio de Staline reste un monument. Il a raison sur l’analyse des rapports de classes, tort largement sur le reste, révolution permanente, etc. La dextérité intellectuelle de leurs épigones laisse à désirer. Il se souvient, mon pote, qu’on avait chez moi, collés sur les murs du salon des posters représentant la gueule de Lénine, de Fidel, de Mao ou de ce psychopathe du Ché… C’est bien vrai ! On a passé des soirées dans le compagnonnage mural de ces ordures. Mais le lent apprentissage de la vie nous a enseigné que sous quelque défroque qu’il se déguise, le communisme ne peut plus incarner l’espoir – et, de même, toute utopie qui s’y réfère, fût-ce de loin… les Chinois s’en sont bien tirés dès qu’ils ont adopté les règles du « marché ». Pour la bonne raison que la technique progresse indépendamment du régime politique et que son rationalisme prométhéen, indifférent aux valeurs, asservit l’homme en lui promettant les lunes du consumérisme qu’on soit chinois ou néozélandais. Le simple sens commun transperce de part en part toutes les utopies sinistres, de Saint-Simon, de Cabet, de Fourier ou de Bakounine. 


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Coronavirus saga. Les bêtises sur « tout formater à zéro » ! Quelle nouvelle réalité ? Produire plus de camelote inutile pour en consommer plus et en produire plus encore, c’est le surplace du hamster dans sa cage, poussant les barreaux de son échelle à perte de temps On se rend compte qu’aucune hiérarchie sociale n’est vraiment légitime ...