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lundi 25 mars 2024

« Se faire servir sur un plateau d'argent » ?

 


Bientôt arrivera le moment d’échouer sur les côtes de la vie comme ces magnifiques baleines blanches qui arrivent de temps en temps sur les côtes du Golfe de Gascogne. Des choses remuent, des pensées. Je me jette dedans la tête la première. Des souvenirs brouillés, les pieds dedans, la tête ailleurs. Parti dans la vie de moins que rien, comme quelqu’un qui part a priori perdant dès le départ et qui arrive inopinément quelque part, par la rage, l’étude, l'amour des livres, la persévérance, l’amour de la beauté des rites, des pierres, des toiles, par l’enchantement de l’encens entre les mains – servant, tant d'hivers, la messe de huit heures du matin – déposé sur les charbons brûlants de la routine, par le désir, la cruauté, la solitude, la jalousie, l’échec souvent, l'humour : tout en même temps ! Pour en arriver là, une éternité plus tard. À l’insomnie. À la fatigue pour tout. Perdant au départ, gagnant à l’arrivée en secouant sa tête et sa carcasse contre les murs gelés de la réalité. Ma mère chérie, à qui on avait, bien plus tard, efficacement chauffé les oreilles avec ma baraka, atténuait toute pulsion triomphaliste dans mes élans par un « écoute, tu t’es fait tout servir sur un plateau d’argent », coupant comme l’obsidienne.
Cela voulait simplement dire que j’avais reçu des tas de choses sans vraiment les mériter ? Peut-être. Que ce soit sur un coussin de soie ou un plateau d’argent, l’idée restait la même : la personne ainsi servie, moi, en l’occurrence, serait dépourvue de tout mérite ou qualification : ou il avait fait de la lèche ou été obséquieux ou, pire, volé, usurpé ou s’était arrogé abusivement des prérogatives découlant d’une imposture. Bref, cela morigénait largement ce qu’il pourrait y avoir d’excessif dans un éventuel moment d’optimisme de ma part et consolait la noble frustration des jaloux qui observaient de loin, impuissants, tout pleins d’amour fraternel, sans doute, et très loin, en tout cas, de donner à l’expression un quelconque sens péjoratif. Comme disait une dame entière du Nord, très sincère, que j’appréciais par son franc parler, la méchanceté, ça ravigote … Comme le bon armagnac.


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J’ai eu de la chance : je suis venu au monde dans un village de la région de El Cerrato : Villamuriel. À l'époque, « un tout petit village à proximité de Palencia », comme l’écrit le journaliste et navigateur Jesús Cacho à propos du sien, Villarmentero de Campos, plus petit encore. Même pas dans la commune, la mienne d’arrivée. Un peu plus loin, à deux kilomètres des premières habitations, à mi-chemin entre la rivière Carrion et le Canal de Castille. Une modeste maison, la Casa Grande (sic !), sur le terrain d’un domaine dénommé El Vivero, sans électricité ni eau courante, complètement isolée, surélevée au-dessus d'une petite écurie. Une exploitation avec des vignes entre El Plantio et les vallons de Los Carriones. Mes parents ont atterri au même endroit après avoir vécu le drame terrible de la perte d’un enfant de quatre ans à Herrin de Campos. J'ai eu la chance d'avoir une grand-mère qui m'a appris à lire pendant les longs hivers de pluie et des crues incessantes qui coupaient les chemins et rendaient la route de l'école impraticable. J'y allais d’ailleurs de façon irrégulière. Les appréciations sous la rubrique assiduité de mon bulletin scolaire en témoignent : "médiocre" - "très médiocre" - "moyen". Je n'ai plus de famille dans les parages, pour autant que je m'en souvienne. Il est donc logique que je n'y revienne pratiquement jamais, sauf pour y chercher des images effacées de mon enfance. Et il n'y en reste rien que deux vieilles colonnes de briques au milieu des champs cultivés. Elles y sont toujours, debout, pour monter la garde à l’entrée d’un chemin qui ne mène nulle part, sans pouvoir même pas passer entre elles. C’était, dans le bon vieux temps, l’accès à la propriété d'un riche notable de la région. Mes parents n'en étaient pas originaires. Ils venaient de la Tierra de Campos. Mon père ainsi que ma mère ont traversé la vie comme en s'excusant de devoir travailler si dur pour un salaire presque inexistant. Ils sont tous deux morts sans abri et sans fortune dans la chaleur de la maison de leur fille, entourés de l'amour de leurs petits-enfants. Je me sens donc relativement loin du discours nostalgique propre aux récits d’aventures de l’enfance à jamais disparue.
Je sais que, de manière obscure, confuse, incompréhensible je ne suis pas lié de naissance à tel endroit, à tel milieu, à telle ville, capitale ou province, si ce n'est qu’administrativement parlant, parce que c’est bien ce que disent mes papiers. Papiers pour lesquels j’éprouve une totale indifférence. Et j’en suis bien content. Ce sont mes affaires ... Ces vastes collines et ces champs à perte de vue ne m'émeuvent pas au-delà des choses intimes que je garde dans mon esprit et dont je ne peux pas partager la vision avec presque personne. Avec une émotion immatérielle, nichée dans un coin du grenier de ma tête, qui revient par le simple fait de me concentrer et de revivre sans effort l'attente nocturne du retour de mon père après ses corvées d'été, au clair de lune, assis sur les genoux de ma mère, qui me raconte des histoires d'une voix chaude et légère, comme si elle était capable d'envelopper le noir de ces heures dans de petits paquets de magie séduisante. Et l'écho des pas de mon père quand il prend le détour du chemin bordé d'arbres fruitiers et tapissé de pierre broyée et de charbon concassé ... Évidemment, la commune actuelle n'est plus la même que lorsque j'étais un enfant. Mais le clocher de son église exhalait, chaque fois que je le voyais avec mes yeux d’alors, un halo de respect qui me ravissait, capable de transcender toutes les difficultés, de surmonter toutes les contingences. Un secret templier non encore dévoilé, capable de rassasier l’appétit de mystère du petit enfant que j’étais. Le concert silencieux de ses vieilles pierres dans ma tête défraichie m’invite, depuis longtemps, à revisiter avec curiosité ses contours, tesselles minimes du souvenir en jachère de ma première enfance.

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Préambule de gentleman, lu quelque part. Si le contenu de cet article portait atteinte aux intérêts de quelqu'un, veuillez m'en informer afin qu'il soit immédiatement retiré. / Si el contenido de este artículo dañara los intereses de alguien ruego me lo hagan saber para ser inmediatamente retirado.
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Il est fâché d'être fâché. Pithecanthropus Erectus, ministricule espagnol des transports. Il remue, s’agite, éructe. Il est droit sur ses pattes, haut, ferme, mais à l'intérieur, ça remue et ça grouille : la chiasse, en imaginant qu’un jour il faudra rendre des comptes, quand le boss ne sera plus en place pour protéger ses sbires. Quand la bande aura été chassée du pouvoir à coups de pied au cul. On peut rêver …

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Semaine Sainte en Palestine : sépulcre collectif en plein air pour des milliers d'innocents


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mardi 12 mars 2024

Peur des crues de la Garonne et nostalgie des lieux !


https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/grandes-marees-et-intemperies-a-bordeaux-ecole-fermee-bottes-en-sacs-poubelle-je-n-avais-jamais-vu-l-eau-monter-aussi-haut-18918028.php

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Rue  Gaston Marchou. Nous avons fait nos adieux en esprit à cet appartement et à tout ce qu’il contenait. Nous n’avons pris, en le quittant, que les livres et les objets ménagers d’usage courant et du linge. Les enfants s’occuperont de la vente du mobilier. Il est peu probable que nous revoyons un jour ces intérieurs que nous – Rosa pour l’essentiel, rendons à César … ce qui est à Rosa ! – avions si joliment transformés en maison à nous. Comme celle d’Irun. Cet adieu n’est pas facile. Mais peut-être cela nous aidera-t-il au moment où il nous faudra aussi quitter des lieux plus chers pour prendre la route incertaine de la fin du (court) parcours en commun le cœur plus léger. Partagé entre la nostalgie et le devoir, j'éprouve un sentiment de bonheur lorsque je réussis à écrire exactement ce que j’ai l’intention d’exprimer, dans un français grammaticalement et syntaxiquement inaltérable. J'aime la langue que cela produit à l'occasion, dont il m'arrive d'être fier, mais je n'éprouve jamais autant de plaisir que lorsque cette langue que j'écris est simple et directe : quand j'écris français, en français. Mon ambition était depuis des années sans doute là : parvenir à passer d'une langue apprise parce qu’aimée, et prise comme amante tout jeune, à une langue capable d’exprimer des émotions ressenties dans ma langue maternelle, sans solution de continuité, sans que cela se voit, ou, du moins, sans que cela ne vienne déranger la lecture d’un francophone natif, sans anneaux dans le nez mais, de naissance. Peu à voir avec le fameux « bilinguisme », tel qui l’entendent ceux qui n'ont aucune idée de ce qui est parler et vivre dans une langue voulue, notion qu'on devrait réserver à toute personne qui se montre capable d’une suffisante mental bilocation. Toutefois, la voie n’est pas toujours facile, elle est même pleine d’embûches ; c'est évidemment la bonne bilocation qui est comme un Graal à atteindre. Quand on écrit une langue sans traduire la nôtre, on évite les modèles statiques comparables pour éviter l’informulable, proche de celui qu’on entretient plus ou moins volontairement en parlant. Quand cette langue privée, directe, nous permet de rêver, de nous exprimer, d’aimer et de souffrir sans barrière linguistique, de confier dans une langue sans l’ambivalence propre/originelle, c'est toujours un miracle. « Privée », parce que langue créée en partant d’une langue maternelle arrivée à très bien se fondre dans l’autre langue, sans la heurter, en tentant, au contraire, de disparaître, de se fondre en elle, ou au moins de se faire la plus discrète possible. Je me demande vraiment laquelle des deux je préfère … C'est entre ces deux embrassements que j’ai essayé d'exister.

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Avec le sanchisme, cette espèce de socialdémocratie cleptomane déglingos, c’est open bar : on peut dire n’importe quoi, on peut mentir sans limites, il n’y a même plus de langue de bois, c’est fini, tout ça. On ment comme on respire et on respire la stupidité pure. Tombant ce matin sur une émission ignoble, d'une « journaliste » superlativement nulle interviewant notre espingouine ministre des finances, l’archiconne, sectaire et corrompue, Maria Jesus Montero,  incapable d’articuler une phrase douée de sens, d'une prodigieuse médiocrité, des pulsions méchantes me montaient au nez. Il fallait les entendre, ces connasses ! Soupçonner la femme de Sa Majesté Pedro I Le Mutant Plagiaire de trafic d’influence et de corruption ! Du grand n’importe quoi !  Il fallait les entendre mimer l'indignation, susurrer et tordre la bouche comme si toute la glaire des boyaux leur remontait le long de la gorge, leurs muqueuses enflammées et retournées, rouler des prunelles et froisser les paupières, plisser le nez, onduler l'intérieur des joues, prendre des airs de complicité avec les auditeurs et se glisser dans les draps de la plus dégueulasse colère feinte. Il fallait les entendre, portées par la vague odieuse de la médiocrité officielle, à l'apogée de la platitude en ébullition, pour mesurer à quel degré d'infamie nous sommes arrivés. Le dégoût qui me prend face à ces discours de larbins à la solde des plus voyous sans scrupules est sans limite. On en deviendrait fou : c'est un chancre purulent qui nous pousse dans l'âme. Vite, un peu de Céline, ou de Bloy, pour respirer ! Tout sauf ces tumeurs verbeuses qui s'écoutent parler en gobant de la propre pommade ultra-transformée en innocence outragée. Nourries aux slogans crétins et aux additifs alimentaires pseudo intellectuels du wokisme, elles ne savent pas faire la différence entre servir l’État et un État voyou pour s’en servir, faisant du pouvoir et de sa force une redoutable machine à spolier au nom du « peuple qui a voté », au prix de se moquer de tout le monde et de bafouer le droit à chaque instant. Le pire est qu'elles osaient se parer a tout moment du beau mot de démocrates « ennemies » de la corruption.


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Aujourd’hui les « occidentaux » ne reconnaissent et ne soutiennent plus le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, seulement le droit d’Israël à disposer des peuples.


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La vieillesse est sûrement ce moment où l’on ne combat plus par aspiration pour quoi que ce soit mais par fidélité à une trajectoire passée, où on ne fait plus les choses par ferveur vitale mais par devoir, où on ne se révolte plus face aux succès des imbéciles et des salauds mais où on se borne à s’en désoler, où, surtout ici au Pays Basque, on ne se lève plus en attendant une éclaircie mais avec la certitude du mauvais temps, où on supporte moins bien les critiques et les sarcasmes, surtout quand ils viennent du propre « camp », où les regards de la famille se font plus lourds et pesants, où l’on commence à penser aux lendemains qui ne chantent plus vraiment… La vieillesse m’entoure avant d’être rejetée à bonne distance par le doux regard et par le sourire confiant de ma femme, par les rires et les danses d’une cour de récré observée de près  au passage, par la vue d’une jeune personne qui lit  au hasard d’un jardin public. Bientôt ou plus tard, je serai sans doute mort avant d’être vieux …

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La campagne des élections européennes démarre sans trop d’intérêt. Les assassinats de masse en Palestine sont systématiquement occultés par les doux chants de sirène « Israël avant-poste de l’Occident » des média pro sionistes, presque tous. Russophobie garantie partout, et de plus en plus stupide et virulente. Rien ne bougera. L’insécurité ? Elle est devenue un marché comme un autre, au même titre que le tourisme ou l’agriculture … Les gens qu’on appelle normaux voteront pour la droite, nationaliste ou nationale. Enfin, ce sera partout pareil ou presque. Les gens vivent dans des quartiers infestés par la délinquance et pour qui votent-ils ? Pour ceux qui leur rapporteront encore plus de délinquance. Je pense qu’il n’y a plus rien a tirer de ce pays que par routine je croyais « mien ». À moins qu’un astéroïde ou un missile nucléaire ne percute l’Espagne, on ne pourra pas se refaire. Ailleurs, surtout en France, c’est pas mieux. Les gens voteront Macron ou d’autres bouffons pareils, même si ils ont conscience du merdier de leurs grandes villes, parce qu’ ils préfèrent leurs sous à leur pays et parce que, tout en étant conscients de la décrépitude irrémédiable, ça se passe plutôt bien dans leur petit cercle individuel, donc ça ne les concerne pas. Nous disparaîtrons par consentement mutuel … sans combat.

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La croissance se doit d’être continue et infinie, le soutient de la population au système en place ne tient qu’à ce facteur banal. Pour entretenir l’illusion, on brouille les pistes grâce à une pléthore de spécialistes qui nous asséneront des « c’est très  compliqué » péremptoires, on truque les chiffres avec la complicité des agences plus ou moins gouvernementales et des médias subventionnés, et comme cela ne suffit évidemment pas on désigne des boucs émissaires : le Covid, le réchauffement climatique, les Russes, les complotistes, les fascistes, vous, moi… mais nos dirigeants ne sont au grand jamais responsables. D’ailleurs, ces garants de la démocratie et du progrès peuvent-ils un seul instant songer à autre chose qu’à notre bien ? Nos politiques ne sont-ils pas tous des philanthropes auto-labellisés ?

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Le Sanchezland a, paraît-il, un régime représentatif. Quand je vois ceux qui sont censés me représenter, je me dis qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne plus ou bien que les électeurs sont devenus bien laids ces dernières années.


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Le sionisme est une barbarie qui se fait passer pour un projet d’avenir. Cette escroquerie sécuritaire est un marqueur d’ensauvagement fanatique de la pensée, au service du mal absolu. Le sionisme est une dystopie qui glorifie l’extermination : le discours des sionistes est frappé d’une telle indignité, d’une telle immoralité et d’un tel sans-gêne, qu’ils expliquent pourquoi la base, pourquoi la population saine de la planète a le sain réflexe de se détourner de tout soutien à Israël. Le soutien au sionisme est essentiellement un fait d’élite qui touche les caciques du journalisme subventionné, de la politique, de l’art (subventionné aussi) ou une réaction épidermique pustuleuse qui gangrène les cercles ethno-identitaires, rongés par un sentiment d’insécurité raciale. Hamas par-ci, Hamas par-là. Le seul amas que le monde peut  voir chaque jour est bien celui des cadavres de femmes et d’enfants de Palestine. Je sais que je ne peux rien, mais je m’oppose dans la mesure de mes nulles forces à ce que des milliers de Palestiniens continuent de s’empiler pour satisfaire la goinfrerie territoriale, la gloriole messianique et l’appétit génocidaire de ces gens-là. Le sionisme fait régresser la pensée à un stade de validation pré-néandertalien de la loi du plus violent et du plus obscène. Ce contre-feu civilisationnel est anti-humain. Il insulte les valeurs les plus élémentaires. Je le rejette sans appel ....

 


 https://news.radioalgerie.dz/fr/node/38357


samedi 9 mars 2024

La danse avec la mort : passion de la souffrance … et bonnes intentions.



Combien d’assassins sont en liberté ? Ont voiture, maison et enfants ? Il y a des assassins qui préparent toujours des massacres, ça n’empêche personne de vivre parce que tout le monde oublie. Avec le passage du temps, il y en a qui sont devenus riches, qui possèdent des biens, qui mènent une vie agréable : ils ont oublié leurs crimes. Ils sont comme tout le monde. Comme nous. Il ne faut pas se tromper, ce sont des hommes sans remords. Avec leurs crimes – avant ? – ils ont tué leur mémoire. En société, comme en art ou en littérature, on préfère le mensonge habile au réalisme cru. Cela risquerait trop de provoquer le pessimisme et nos princes n’aiment pas ça. On a depuis toujours un penchant pour le paradis du mensonge en détriment de l’enfer du réel. Or, la meilleure manière de garantir le présent, c’est de bien voir d’où l’on vient. Une société qui perd la mémoire est une société qui est déjà morte. Les hommes, comme la nature, sont une accumulation de vécu. On est individuel et collectivement des résultats de cette accumulation. Chaque partie de l’humanité est un lieu où se sont produites et se produisent encore des infinités d’aventures humaines. L’histoire ne passe pas comme l’eau qui coule sur du marbre. Elle laisse des sédiments. Et nous sommes faits de ces sédiments. Toute l’Histoire peut ainsi apparaître comme un sol sur lequel se sont accumulées différentes couches de sédiments. L’Histoire et, donc, le temps. Le temps est aussi une surface sur laquelle s’accumulent des vécus. Le temps, ce n’est pas le soleil qui se lève et qui se couche, ce temps fugace et relatif. Le temps est accumulation de mémoire, d’expériences, d’événements, de changements. Notre drame, c’est que nous n’attachons plus d’importance ni au temps ni à l’Histoire… J’ai longtemps tourné autour de la même idée : le conflit qui nous déchire, nous Espagnols, entre le désir d’une justice juste – et par là, exigeante – et la préservation de notre confort quotidien. Chacun ne pense qu’à soi, tout en fuyant une réalité qui nous est trop lointaine. Mais alors, comment trouver un tant soit peu de paix intérieure, nécessaire pour vivre dans le propre respect de soi-même si l’on fait l’impasse sur les victimes ? Même dans le malheur, il y a peut-être quelques moments pénibles des autres que l’on pourrait s’approprier, incorporer à son train de vie, associer à son confort, mêler au vague bonheur de la propre existence sans heurts, aux pépites d’or de sa routine faite de bruits de langue et d’images truquées. J’ai longtemps été assez déçu par la manie dont les politiciens nous restituent la réalité de la souffrance, de la torture, de la mort infligée à autrui au nom d’un soi-disant idéal ou suivant des pulsions naturelles qui couvent dans nos âmes depuis des millénaires. Ils en font une histoire de non-adaptation au cadre formidable du groupe qu’ils maternent. Ça sonne bizarrement et ça ne suffit pas à rendre la tranquillité, l’essence de la justice.
Ou bien encore, ils aiment le refuge d’un lexique flambant neuf. L’important, ce n’est pas l’assassinat, mais le choix d’un vocabulaire, l’ordre séquentiel des mots, le choix des métaphores. Ce langage, dans lequel baignent les jeunes générations veut trouver un équilibre entre la réalité subie par certains malheureux et un espace idéal où se conservent sous vapeur les nouveaux référents. On fond, grâce à la langue, victimes et bourreaux dans la même mélasse d’enchantement et de quotidien. Mais, pour le criminel, tout vient de l’intérieur et cette envie même d’afficher de ne pas se soucier de l’effet de son action produit encore des rétractions dont on profite pour malmener les esprits qui se sentiraient pousser comme un brin d’indignation. En effet, tout cela se passe contre quelqu’un d’autre que vous et loin de vous et, cette fois-ci, sans vous. De quoi vous vous plaignez ? De cette façon, comment ne pas ressentir la victime comme quelque chose d’extérieur à nous ? Elle devait avoir une spécificité quelconque qui l’a fait devenir victime. Et le bourreau avait sans doute ses raisons, qu’on ne se prive pas d’étaler[1]. Nul besoin, donc, pour moi de m’immiscer dans ce couple étrange. Ce qu’ils trouvent important peut me paraître anecdotique et si le drame qu’on me montre – surtout à la télé – n’a aucun sens pour moi, grâce à ces procédés systématiques, la plupart des crimes (attentas ou autres) deviennent des mises en scène : des gens se plaignent, geignent, accusent… mais sans aucun résultat, à part l’élimination physique, la disparition à jamais, des victimes. Et c’est justement par ses aspects fortement mélodramatiques que cela paraît construit exprès pour désarticuler tout lien communautaire. Le lieu de l’attentat, l’infiniment sauvage nous est livré aux infos sous forme de décor entre la poire et le fromage. Pour qui chercherait à comprendre ce qui peut attirer les médias et les politiciens et, en même temps, servir de repoussoir aux gens en général, les cartes sont brouillées. Et lorsqu’on parvient à déchiffrer le côté successivement mythique, magique et puis secret de l’ensemble, croisant son histoire personnelle aux histoires des autres, le cri de révolte se voit récupéré par les embaumeurs des différentes castes politiciennes. Réduit tout au plus aux dimensions ridicules et obscènes d’une vague manifestation de « solidarité » avec la victime et ses proches. Ou d’une minute de silence quelque part. Sans oublier le cortège plus ou moins nombreux qui parcourt quelques mètres de rue beuglant des slogans stupides au possible comme si une litanie de bêtises (« plus jamais ça ») proférée en chœur servait à conjurer autre chose que la mauvaise conscience de chaque manifestant ou l’inutilité flagrante de la cérémonie elle-même.




[1] On insiste trop sur le fait que, d’après les gens qui le connaissaient de près ou de loin, le bourreau était quelqu’un de bon avec ses goûts, sa musique préférée, ses vêtements, etc. 

mercredi 6 mars 2024

La mer est ton miroir, tu contemples ton âme ...

 


Ma vie se déroule dans ma tête rebelle au sommeil comme un film qu’on rembobine sans cesse, sans metteur en scène, ni héros, ni aventures, seulement le bruit légers des volets d’une maison, à côté, qui grincent doucement dans le vent. Souvenirs des heures de lecture accumulées. En vain ? Et une lente rumination du choc entre sagesses biblique et chinoise. Dans Proverbes (30 : 18-19), des versets que je consulte rapidement pour rendre en leur littéralité : « Il y a trois choses qui sont trop merveilleuses pour moi, et même quatre que je ne comprends pas : le chemin que suit l'aigle dans le ciel, celui du serpent sur le rocher, celui du navire en haute mer et celui de l'homme chez la jeune fille. » Très poétique, ça donne envie d’encadrer quelque part ces images ! Après un instant à remuer dans l’enthousiasme provoqué par la mémoire, je vois revenir la fraîcheur désabusée du scepticisme d’un proverbe chinois, lu quelque part mais qui arrive au bon moment : « Un homme ne laisse pas plus de traces dans une femme qu'un oiseau dans le ciel. » Les deux rives se font face, étrangères l’une à l’autre, mais l'une et l'autre me sont pour quelques instants abordables : la rive biblique, plus chargée de rêverie tourbillonnante, et la rive chinoise, chargée de désillusion. Je me remets à revivre mes peurs, mes angoisses, j'entends les os de mes genoux craquer me tournant et me retournant au lit, mes nerfs se tendre, et mes pensées tourner à vide comme des flocons virevoltants. Je me lève dans le noir en fixant les yeux sur mes pieds. Dans une tête qui réfléchit, il y a aussi quelqu’un qui regrette quelque chose. Et c'est ainsi que les nuits finissent, en me donnant envie de tout reprendre, tout en me faisant comprendre à moi-même que ce sera inutile de vouloir revivre ce qui n’est plus … Alors je laisse voler mes pensées dans leur débâcle pour en conclure que mon dernier rêve n'était qu'un songe vite oublié.

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Donne de la force à mon âme, mon Dieu, de la force pour que, si je survis, mon âme supporte tout ceci, de la force pour mourir en paix et sans gémir si cette tempête m’emporte. De la force pour que je puisse rester fidèle à mon âme et à tout ce en quoi j’ai cru jusqu’à la dernière minute.

(…)

À l’église, le soir. Silence profond. L’autel est plongé dans la pénombre. Je sens que Dieu est présent, tel un ministre dont on doit respecter les horaires de réception, et je m’étonne de ce qu’il trouve le temps d’être ici, à l’église, alors que le monde l’attend et le cherche partout…


Sándor Márai, Journal T1, Les années hongroises 1943-1948

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Préparation des adieux à l'appartement rue Gaston Marchou. Nous emporterons les livres que nous avions en double ou en triple dans d’autres maisons. Parmi eux, il y en a un (Algèbre des valeurs morales, de M. Jouhandeau) qui m’a toujours fait travailler énormément quand j’ai voulu en traduire des extraits, et un autre, dans un état piteux, souligné, surligné, noté, toutes feuilles tombantes décollées d’un dos complètement déglingué : La route des Flandres, avec lequel j’ai un lien personnel. Si ce modeste livre, matériellement malade et physiquement irrécupérable, disparaissait cela m’entraînerait sans doute dans un état proche du sentiment que l'on éprouve lorsqu'on perd un être cher. Tout de même, c’est en lui que j’ai pris contact avec l’écriture de Claude Simon. Sans lui, je me sentirais particulièrement aveugle, sourd et muet. Ce livre a été « mon refuge et ma forteresse » avant de faire personnellement connaissance avec C. S., à Saint-Sébastien, lors d’une conférence à l’hôtel Maria Cristina. Je ne sais pas ce qui me lie à l’esprit qui émane de ce livre-là, dans une complexe marqueterie textuelle qui m’a toujours envoûté et pour laquelle j’ai toujours éprouvé un sentiment de mystérieuse attirance. Ce vieux livre de chez Minuit, l’un de mes derniers amis.



mardi 5 mars 2024

Eaux vannes, eaux grises et autres déchets ...

 

On remarque qu’il y a une fonction croissante entre l’insanité du discours et le niveau moral et intellectuel des exécutantes des basses œuvres : plus le discours est mensonger, débile ou déconnecté du réel, plus les agents envoyés en première ligne sont idiots, tordus ou vicieux. Mais ça revient au même.


On retrouve exactement la même relation sur les dossiers gazaoui ou ukrainien : les larbins mainstream sur le front médiatique pour défendre la criminelle entité sioniste ou une hypothétique guerre contre la Russie sont, du fait même des insanités de leurs propos, forcément idiots ou menteurs.

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Je ne comprends pas la politique de nos zélites. Elles importent massivement des populations afro-islamiques et donc plutôt russophiles et antisionistes. Je ne saisis pas trop la cohérence du projet. Or, si je regarde arriver les migrants, je suis plutôt rassuré : ils sont conservateurs, antisionistes et plutôt russophiles. Le problème vient alors de chez nous, vieilles sociétés blanches occidentales, déculturées, sionistisées partout jusqu’à la tronche, de la crèche à l’ehpad-mouroir, et imbécilement russophobes, de nos enfants et de nos propres politiciens écolo-wokistes, magouilleurs et anglo-saxonisés jusqu’aux tréfonds de l’âme. Plus il y aura de migrants, moins il y aura de nationalistes pure souche, genre Quim Torra ou feu X. Arzalluz et compagnie. L’opéra, les musées, la littérature, la culture helléno-chrétienne, c’est plutôt un truc de bourgeois privilégiés. Le peuple prolétaire de souche pourra se métisser, se mélanger et s’assimiler à l’internationale antisioniste qui est en train de se former. Je pense que Von der Leyen, Macron, Scholtz et Sanchez sont en train de préparer involontairement l’avènement d’un post-occident enfin débarrassé de sa tendance colonialo-sioniste. Thème d'une profondeur suffisante pour confier la direction d’un master à ce sujet à la doctissime conjointe, dépourvue de diplômes et de titres mais compétente de naissance, de Notre Leader Bienaimé, Son Excellence Président-fondateur Pedro Sanchez Perez-Castejon, auteur de plusieurs livres qu’il n'a même pas lus et Grand Plagiaire à Vie du Royaume.




dimanche 3 mars 2024

J'attends comme chaque année que le printemps revienne ...

 


Vente de l’appartement de Bordeaux en marche. Je me souviens quand j'avais neuf ans, et que mon père avait décidé de quitter El Vivero. L'enchantement qui me prenait à la vue des terres, trop colorées en jaune et en vert, visitées par la lumière de la mi-mars, au loin, au fur et à mesure qu’on s’éloignait de la maison, dont l’image rétrécissait à vue d’œil, me porte toujours dans ma vie, aujourd'hui. La vision des champs effaçant les contours de la maison qui les accompagnait depuis des années m'écrasait littéralement. J'avais presque peur de quitter ce que je voyais, je scrutais les images avec l'espoir de déchiffrer une énigme qui semblait insondable, sans commencement ni fin : j’entendais tout le temps le mot nos-tal-gie. Notre petite maman pleurait. Je n'avais jamais entendu le mot “nostalgie” alors, mais il me paraissait évident que quelque chose de caché allait se révéler à moi si j'avais suffisamment de patience et de sagesse, de prudence et de courage. Les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes, confrontés qu'ils sont à des objets, des situations, des compositions ou des discours dont ils ne peuvent ni tout à fait s'emparer ni complètement se débarrasser, et qui les cernent en les enveloppant d'un invisible mystère. Là, presque soixante ans après, j’ai peur de renouveler l’expérience, sauf que cette fois-ci, c’est R. qui va éclater en sanglots au moment où on devra fermer nostalgiquement la porte pour la dernière fois. C'est dans la redécouverte de cette nostalgie, quelques années plus tard, quand on a quitté Behobia, que ce chagrin de l’abandon d’un lieu cher s'est réincarné, et pour toujours je crois bien. Les temps changent, ou plutôt c'est nous qui changeons face à eux, ou avec eux ; lentement mais sûrement, nos goûts se transforment, nos besoins changent, nous nous adaptons à l'être qui évolue en nous sans nous indiquer une quelconque destination, et il faut qu'un axe au moins soit stable, devant lequel nous inclinons nos désirs. Une fois que les orages de ces deux dernières années se sont calmés, quand on a jaugé l’importance des dégâts et qu’on a évalué notre situation par rapport aux marges de manœuvre réalistes dont on dispose dorénavant, une partie de moi s'est détachée sans hésitation et avec soulagement de ce morceau d’une ville qui nous a tenu à cœur depuis tant d’années. Notre Bordeaux de 1977, jeunes mariés ! Cet appartement, on va s’en séparer par impatience, de ma part, et à contre-courant plutôt qu'à contre-cœur, de la part de R. Mon étonnement a été grand, d'avoir pris si facilement une décision particulièrement difficile, si opposée à tout ce qui nous avait motivés jusqu'alors : un joli pied à terre bien situé et à proximité des enfants, qui habitent rive droite … Des traits simples, des gestes méticuleusement médités avaient suffi à R. pour, d'un seul souffle, emplir l'âme et l’espace de ces lieux.

Rideaux japonais, dont la lumière, parlant trop haut, égayait les yeux et les pensées, unanimement admirés ; meubles, décorations, couleurs se révélaient comme ce qu’ils sont le plus souvent : des caprices fragiles et splendides, propres à enchanter nos enfants et à épater gentiment nos proches. Cet appartement, c'était un coin exquis et salutaire dans lequel nous nous étions conviés depuis des années. Le bruit et les fureurs du calendrier ont été supérieurs au talent de R. Il y a désormais trop autour de nous. Trop de soucis, trop de pensées, trop de volontés contradictoires, trop d’abandons lucides de notre part, blessés par l’inattendu : tous ces excès nous déshéritent, nous, à notre insu. La capacité de réaction est une grâce, j'en fais l'expérience avec un sentiment de gratitude immense à R. pour sa compréhension devant ma décision trop expéditive, peut-être, que j’ai adoptée comme quelque chose d’irrémédiable, sans marche arrière. Notre rencontre d’il y a cinquante ans s’est dit très simplement, en dehors des tumultes romantiques et à l'abri de la lumière des poncifs, sur un oreiller d'herbe, à côté d’un vieil arbre, qui existe toujours et dont les racines se perdent au lit d’une rivière. Il ne s’agissait pas, pour moi, d'éblouir, mais d'être ébloui. Je l'ai été largement. Quand je rédige ces lignes, entre les griffes de la nostalgie, je remémore nos déménagements et emménagements, ces moments de notre vie en couple, au long de tant d’années, et j’observe lentement le parcours infatigable de ce chagrin mélancolique, du temps à jamais révolu, s'écoulant sans bruit, sans âge, sans fin et sans marche arrière, au plus profond dans nos corps et nos émotions.

 


vendredi 1 mars 2024

Une peur secrète du monde ...


Les Espagnols avaient interrompu leurs vacances l’année dernière en juillet et avaient fait gagner les élections à « la droite », bête noire de la véritable droite social-démocrate, muée en sanchisme indécent, qui s’est arrangé pour rester au pouvoir moyennant les pactes contre-nature les plus inimaginables. Moi, ce qui me choque c’est l’état de la population espagnole, corps constitués compris, partant dans le mur et croyant que ce pays survivra à un sanchisme gangstéril, toxique et déchaîné soutenu par une poignée de fidèles envers et contre tout. Remettre les clés du pays à ce ramassis de tarés de la coalition soutien du gouvernement, c’est déjà une lâcheté et signe d’un pays de dingues prêts à sacrifier leur avenir, leur sol pour une clique bourgeoise et corrompue, et suprématiste, sur les bords périphériques de cet étrange zoo que l’Espagne est devenue. L’économie va s’écrouler tél un château de cartes bâti sur les sables mouvants du globalisme qui valorise des sociétés non créatrices de valeur pour promouvoir les innovations technologiques de rupture au nom du principe de la destruction créatrice du Capital. Les Espagnols acceptent d’étouffer entre les murs de leurs villes dans lesquelles les clandestins sans papiers, débarqués en catastrophe chaque jour sur nos ports et aéroports côtoient les populations zombies locales, désireux d’assouvir leur rêve de vie, enfoui dans leur inconscient, et de toucher des aides généralisées. Les arrivées massives depuis l’Afrique subsaharienne et surtout du Maroc, depuis que notre « président à vie » est devenu vassal sans complexes de leur roi, risquent de tout faire chavirer. Ce temps révolu où nos capitales respiraient la paix du crépuscule à l’aube, jusqu’au milieu des années 80, avant que toute vie normale ne cesse, se drapant depuis lors progressivement dans la monotonie virulente propre d’une salle ville moyenne de province américaine. Nous voilà asservis volontaires de l'empire le plus abjecte de l'histoire, petits singes imitateurs des enragés trumpistes ou des électeurs de la vieille momie tarée. On est vraiment au bout du rouleau. La crainte des actes de violence et des attentats et la contrainte des mesures de contrôle social depuis le Covid ont fait le reste pour ternir l’ambiance sur l’ensemble du pays et aggraver les finances d’un état des autonomies en déconfiture qui devra imposer la respiration quotidienne à plusieurs communautés autonomes pour combler les déficits des budgets municipaux, autonomes et de l’administration centrale. Avec des médias acquis à la cause du wokisme et du sionisme pendant qu’Israël tue en masse, sans sourciller, des civils à Gaza.

En cette période sombre et lugubre de grand reset où, depuis les attentats du 11M, les tribus locales sous l'emprise des différents lobbys ont pris d’assaut l’état, autrefois viable et raisonnablement organisé à quelques exceptions près, le plus beau spectacle du monde sera d’assister à l’intronisation éternelle, définitive, d’un individu sans scrupules à la tête du gouvernement qui se croit indéboulonnable. Rappel au citoyen lambda : la bande sanchiste a dépouillé de leur auréole toutes les professions et les institutions qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un certain respect. La bande sanchiste a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations des différentes communautés autonomes et les a réduites à n’être que de problématiques relations pécuniaires d’hostilité. La bande sanchiste a démontré comment la brutale manifestation de sa force aux médias, si admirée de certains régimes pourris d’Amérique du Sud, trouve son complément naturel dans la plus crasse paresse et plus abjecte indigence intellectuelle : c’est partout le règne de l’incompétence et l'ascension aux postes clés de l'état d’obscènes nullités pétries de servilité. C’est elle qui, la première sur toutes les autres formations, a fait voir ce dont est capable la magouille, la tricherie et la malhonnêteté affichées sans vergogne. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d’Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques ; elle a conduit de tout autres expéditions que les invasions, les croisades ou les découvertes aux outremers, elle a consolidé le député véreux, la porte-parole analphabète, le militant abruti prétentieux, mélange de sale type et d’homme de main pour la première sale besogne qui se présente … 

Paradoxes de la vie : Sanchez est un politicien professionnel gluant et peu présentable, complice et bienfaiteur des mini-sionismes basque et catalan qui, de temps en temps, a tout de même son moment de lucidité en affrontant, même si ce n'est que de façon modeste, la bête sioniste principale : « Israël », l'entité sioniste, génocidaire et chimérique qui colonise, vole, massacre et occupe la Palestine depuis 1948. F. Savater, au contraire, s'attaque sans relâche aux mêmes mini-sionismes que l'autre encourage mais pour mieux faire allégeance à la bête principale avec l’inévitable rengaine de son « droit d’exister ». D'exister en tuant sans relâche des Palestiniens, femmes, enfants et vieillards de préférence. L'imparable et infâme machine à immoler des civils prend les couleurs épiques de l’exploit militaire sous la plume du philosophe gâteux : « La réponse guerrière de Tsahal aux massacres du Hamas peut être considérée comme excessive au regard des normes humanitaires raisonnables, mais elle ne sera jamais absolument injustifiable comme l'a été l'agression terroriste : Israël a gagné son droit d'exister et donc de se défendre, tandis que le Hamas est un gang criminel qui disparaîtra le plus tôt possible. » Le gang de la Peugeot 407 (Sanchez, Koldo, Abalos et Cerdan) disparaît périodiquement haché menu entre les mâchoires des Juaristi, Albiac et Savater de tout poil. Par un caprice des forces surnaturelles qui survolent nos comportements, cette activité en apparence lucide et courageuse ne va pas jusqu’à effleurer la mystique des prédateurs sionistes " israéliens ", habitués à l’impunité et aux applaudissements en leur condition de Victimes Uniques de la Méchanceté Universelle. Ainsi labellisés et obligatoirement identifiés pour les siècles des siècles par les vrais propriétaires du récit d’où viennent l’Histoire et cette histoire. Mystère ! J'avais l'impression qu'une norme humanitaire raisonnable exigeait le respect des populations sans défense, surtout s'il s'agit des femmes et des enfants à la recherche de pain et d'eau potable dans un point de ravitaillement ... J'avais tort, l'armée la plus éthique au monde n'a pas hésité à ouvrir le feu, ces derniers jours, contre une foule affamée, tuant plus d'une centaine de malheureux « qui la mettaient en danger » Tuer à chaque fois plus d'une centaine de personnes n'est pas une mince affaire ! N'est pas l'armée la plus humaine de la planète qui veut !

من النهر إلى البحر

من المياه للمياه