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jeudi 25 novembre 2021

 Je vois dans un ciel de novembre / Partir les derniers migrateurs.

De bons tuyaux proposés au premier ministre espagnol pour une exploitation durable et rationnelle des ressources en gauchistes estampillés et en conseillers-parasites désignés au doigt mouillé par son excellence : contribution à l’éclairage urbain mos majorum (les aristocrates à la lanterne !), avec les premiers, fainéants comme des limaces ; décoration chanvrée des réverbères et des arbres sur la voie publique, avec les seconds, aussi utiles qu’un frigo débranché. On est à une période où les mensonges vomis par les élites en deviennent tellement gros que même les sanchistes reconnaissent que les journalistes et le gouvernement mentent autant qu’ils respirent. Certains disent que c’est une marque d’impunité, que le système est si puissant qu’il peut désormais se promener à visage découvert. Le système est rentré dans une phase d’interventionnisme actif en s’introduisant dans notre vie de tous les jours plus que jamais, avec un fou sans scrupules a à la tête de l’Espagne au moment où on s’apprête à faire revenir à un niveau de vie médiéval une majorité de gens dans nos pays mondialisés. Curieusement, les refugees welcome qui arrivent sont bien plus fachos et bien moins cons que leurs peuples d’accueil. Les élites peuvent mettre en place leur système, cela n’empêchera jamais les gens de vivre. Orwell avait écrit que, quels que soient les projets de quelque système que ce soit, à la fin, il y aura toujours le peuple. Toujours ? Avec le va-et-vient des populations corvéables au gré des desseins des groupes et des lobbys de trafiquants de personnes, on a du mal à imaginer des lendemains qui chantent pour ce peuple. Une vieille maxime désignait le tourisme (« le tourisme détruit le monde ! ») par le fait de « transporter dans des lieux qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». Maxime qu’on s’est plu parfois à lancer, à juste titre (Venise, et.) au visage de la meute touristique parce elle troue la couche d’ozone et qu’elle brûle du précieux combustible non renouvelable. À mon tour de proposer une nuance dans la notion de trafic de personnes en lui donnant une définition idoine : « transporter dans des endroits qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». 

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Au milieu de chaque évocation, au-dessus de chaque expression du devoir de mémoire, le bombage de torse des médias à l’occasion de la « victoire » du 11 novembre mérite bien quelques rappels utiles. Par exemple, deux événements décisifs de l’année 1917 : en janvier, le télégramme Zimmermann dont on peut penser qu’il fut conçu comme une provocation destinée à faire entrer les USA en guerre et, en novembre, la déclaration Balfour, qu’on peut voir comme un remerciement des Britanniques aux sionistes pour avoir réussi à convaincre les USA d’entrer dans le conflit, passant de neutres à belligérants.  La France, écrasée par les Prussiens en 1870-71, fut en 14-18 « sauvée » par les Anglais puis les Américains. De l’année 40 n’en parlons pas, les Soviétiques sauveurs réels, ont été remerciés avec la guerre froide. Puis défaite dans toutes les guerres coloniales et retrait honteux d’Algérie ; interventions dans les guerres d’ingérence humanitaire à la remorque des Américains avec des succès qu’on peut encore constater aux Balkans, en Syrie, en Afghanistan, en Afrique (Rwanda, Mali, etc.). Et un résumé critique et bienveillant à l’encontre des thèses incroyables, répétées partout, de l’Europe sauvée par l’Amérique (!).


La guerre la plus meurtrière de l’histoire d’Europe jusqu’à cette date a effectivement pris fin le 11 novembre 1918. Mais l’Europe en est sortie vaincue. Supplantée économiquement par les États-Unis, divisée entre des vaincus et des faux vainqueurs, ébranlée dans ses convictions et dans le bien-fondé de sa civilisation, l’Europe, éclatée, est en crise. Elle marque l’avènement des États-Unis comme première puissance économique du monde. Épargnée sur son territoire, l’industrie américaine a pu pleinement profiter des débouchés créés par la guerre européenne. Par ailleurs, les multiples sanctions imposées par le président américain Wilson lors du traité de Versailles permettent de neutraliser la puissante et redoutée industrie allemande. Mais c’est surtout idéologiquement que l’Amérique est gagnante. En effet depuis 1648 et le traité de Westphalie, les guerres européennes n’étaient jamais menées au nom du Bien. Chaque État servait ses intérêts mais reconnaissait également implicitement le bien-fondé des intérêts des autres. Au contraire, les conditions du traité de Versailles entérinent la vision américaine de la guerre manichéenne issue du messianisme calviniste. Malgré leurs récurrentes tentations isolationnistes, les États-Unis doivent accomplir leur destinée manifeste et répandre religieusement la démocratie libérale et l’économie de marché à travers le monde. S’ils ont gagné, c’est que leur cause est juste, tandis que l’Allemagne et ses alliés ne peuvent être que coupables et doivent être criminalisés et punis en tant que tels. Cette vision s’accorde également avec la volonté de détruire politiquement et de soumettre économiquement les grands empires européens : Allemagne, Empire austro-hongrois et Empire ottoman dont le démantèlement est effectué par le traité de Sèvres en 1920.
On voit s’ouvrir une période de plusieurs décennies de remise en question de la civilisation européenne, qui se clôturera en 1945 avec l’implantation définitive du modèle américain libéral et matérialiste par le plan Marshall et son corollaire, l’american way of life. L’armistice de 1918 marquera également la fin d’une guerre aux conditions inédites. Aux soldats se battant fiers et debout ont succédé des hommes rampants et se terrant dans les tranchées. Ces conditions humiliantes, amplifiées par le nombre de mobilisés et la durée de la guerre, ont affaibli moralement les peuples européens. La démocratie égalitariste s’est retournée contre ses citoyens. Après avoir permis au peuple d’accéder à l’éducation, elle lui a ordonné tout aussi massivement d’aller combattre dans la boue un ennemi à peine visible. Cette condition morale aura ensuite deux conséquences opposées mais jumelles : les prémices de la remise en cause féministe d’un patriarcat descendu de son piédestal, et la réaction de partis autoritaires dans le cas du fascisme italien. Difficile de comprendre aujourd’hui le 11 novembre 1918 et les sacrifices auxquels il met fin. Appréhender ce 11 novembre, c’est se replonger dans la mentalité européenne authentique avec ses qualités et ses défauts, son esprit de noblesse et ses passions bourgeoises. C’est appréhender une identité déjà plongée dans le bain dissolvant de la modernité mais pourtant encore pleinement européenne. En 1914 c’est surtout le roi Georges V, qui voyant la puissance continentale Allemande, peut être à l’époque première puissance industrielle du monde, a voulu cette guerre. L’un des points culminants fut sans doute le projet de chemin de fer Berlin/Bagdad avec accès direct aux champs de pétrole. Au paysan français on lui a bourré le crâne à l’école d’abord et ensuite, en lui vendant l’image de la belle alsacienne prisonnière des sauvages Allemands. Qu’à cela ne tienne : « On les aura ! À Berlin ! » Quand l’on voit avec un siècle de recul les conséquences de la guerre de 1914-1918, l’on ne peut que remettre en cause le bon sens des dirigeants de l’époque. Il faut rappeler qu’en 1914, il y avait une cause de contentieux principale entre la France et l’Allemagne, la question d’Alsace-Lorraine. A la suite de la guerre de 1870 l’Alsace-Lorraine, d’une superficie de 14 000 km2 avait été annexée par l’Allemagne. Cela représentait 2,5% de l’Hexagone, d’une superficie de 551 000 km2. Pour avoir une chance de gagner une nouvelle guerre, la France fut conduite à conclure des alliances avec la Russie tsariste, puis l’Angleterre et donc de se mettre à la remorque de ces deux puissances qui avaient leurs propres raisons de souhaiter une guerre. Pour récupérer l’Alsace-Lorraine qui comptait environ 1,4 millions d’habitants en 1914, la France dut supporter la perte de plus de 1,3 millions d’hommes jeunes, en âge de procréer, sans compter les blessés et mutilés dépeuplant ainsi des régions entières du centre et du sud de la France.
Sa population de 40 millions d’habitants en 1914 ne put s’accroître à 41 millions qu'en 1939. La France n’aurait été de toutes façons pas à même de supporter une nouvelle hécatombe. Après la Seconde Guerre mondiale, malgré une reprise de sa natalité, sa population actuelle de 63 millions d’habitants n’a pu être atteinte que par l’importation massive de populations extra-européennes, surtout de culture musulmane avec tous les problèmes qui en découlent aujourd’hui. A titre de comparaison l’Allemagne avait grosso-modo en 1914 la même superficie que celle de la France 540 000 km2. Elle a perdue 70 000 km2 par le Traité de Versailles (que les Américains n'ont pas signé)  soit 12% de sa superficie. Après 1945 elle a de nouveau perdue 120 000 km2 à l’Est de la ligne Oder-Neisse. La perte de 35% en tout de son territoire ne l’a pas empêchée d’être aujourd’hui la première puissance économique européenne. La France n’aurait-elle pas dû en 1914, faire son deuil de l’Alsace-Lorraine, ne pas se laisser entraîner dans une guerre pour des intérêts étrangers, garder sa population jeune et, en stabilisant sa souveraineté sur ses colonies disposer des ressources économiques pour assurer une croissance saine de sa population de souche européenne ? L’Alsace et La Lorraine avaient été cédées en contrepartie partielle de dommages de guerre réclamés par Bismarck lors de la guerre perdue par Napoléon III en 1871. Les députés réunis à Bordeaux ont accepté à la majorité des voix cette ablation du territoire. Les 3 députés concernés sont sortis écœurés à l’issue du vote et seuls 2 députés se sont levés pour saluer leur départ. Henri Guillemin a expliqué très bien (La Commune de Paris), pourquoi la guerre de 70 fut voulue par la bourgeoisie française et comment elle s’est débrouillée pour perdre face aux Prussiens. Avec la guerre de 14-18, c’en est terminé des vertus aristocratiques européennes. Cette idée est très bien rendue par le film La grande illusion. Les deux éléments que les Etats-Unis d’Amérique détestaient par-dessus tout dans l’Europe étaient : l’aristocratisme hérité à la fois de l’ancienne noblesse et de la civilisation gréco-romaine et le catholicisme. Au nom d’idées nées des Lumières et de la Révolution française, telles que la citoyenneté, l’égalitarisme, la démocratie, on a envoyé des centaines de milliers de pauvres bougres se faire massacrer dans les tranchées. Or on ne s’improvise par guerrier du jour au lendemain. Sous l’Ancien Régime et plus particulièrement au Moyen-âge, lorsque régnait encore le système féodal, la guerre était réservée à une élite et surtout les Princes, les chevaliers, les seigneurs menaient leurs hommes en tête. Ils ne restaient pas planqués à l’arrière pendant que les trouffions se faisaient massacrer. Ce qui est significatif dans la guerre de 14, c’est justement qu’elle n’a pas eu de cause à justifier en rapport avec l’immensité du massacre : ce néant causal exprime exactement le néant de pensée de l’humain, incapable de dépasser la croyance au surnaturel, détruite à jamais au XVIIIe, et vaquant dans ce néant depuis. Ce qui s’est passé pendant la guerre 14-18 préfigurait notre système démocratique contemporain : pendant que les prétendues élites s’enrichissent, le menu peuple et les classes moyennes, les trouffions actuels de l’Union européenne, tentent de survivre, accablés de charges sociales et d’impôts.

 Parenthèses en cascade.


* Parenthèse I sur la grippe espagnole qui n’était ni grippe ni espagnole. C’était une bactérie développée par Frederik Gates, le père de qui vous devinerez, avec les sous de la fondation Rockefeller convaincue par l’eugénisme et pour laquelle il n’y a eu de vaccin miraculeux jusqu’à 1930. Les premiers à tomber étaient des militaires US envoyés en France dans les tranchées où les poilus affaiblis pataugeaient dans la boue et l’urine. Des conditions idéales pour la propagation. Rien à voir avec l’Espagne, pays neutre dans ce conflit.


* Parenthèse II sur la revanche : les manuels scolaires de la IIIe République étaient très haineux pour les Allemands ; l’immense majorité des Français vivaient dans les campagnes, ils n’avaient jamais vu un Allemand, et ils étaient réfractaires à la conscription qui est l’équivalent des anciennes corvées, mais loin de chez soi et pendant deux ans. Il n’est même pas sûr que les Alsaciens aient voulu redevenir français, les Allemands les favorisaient beaucoup et un référendum d’autodétermination aurait peut-être exprimé une volonté de rester Allemands. La guerre a été provoquée par la décision du chef du gouvernement André Viviani, avocat radical socialiste, de décréter la Mobilisation générale. Rien ne valait de faire tuer 65 % de tous les garçons français (et Allemands) de 18 à 28 ans. C’est une faute historique monstrueuse. L’Allemagne a proposé deux fois en 1915 et 1916 de mettre fin à la guerre et de retourner au statu quo sans gains de part et d’autre mais Georges Clémenceau a refusé. Le Tigre faisait tirer sur les grévistes sans état d’âme. Il était très lié aux USA par son mariage en 1869 à New-York avec une Américaine. Son frère cadet, Paul Clémenceau, s’était marié à Vienne avec Sophie Szeps, juive autrichienne agnostique dont le salon était le centre du parti dreyfusard, fille d’un journaliste socialisant hostile à la famille impériale d’Autriche.


* Parenthèse III sur la Palestine. Tournure opportuniste au fil des événements ou planification ? Abd Ul Hamid ayant refusé de vendre la Palestine aux financiers sionistes, les juifs vont profiter de déclenchement de la guerre européenne pour s’en emparer, pouvant spéculer que l’Allemagne et l’Autriche Hongrie, alliés de la Turquie, seront vaincues.  L’Empire Ottoman sera démembré et les sionistes commenceront la colonisation de la Palestine. En 39 le but de guerre deviendra la destruction de l’Allemagne mais aussi l’épuisement de l’Empire Britannique afin que les sionistes chassent les Britanniques de Palestine, sous leur mandat, et créent l’Etat d’Israël. Ce qui aura lieu trois ans après la capitulation allemande.


* Parenthèse finale sur les causes de la guerre. Des indicateurs d’une guerre étaient nombreux dans la politique de chacun des belligérants : revanchisme français, panslavisme russe, nationalismes ethniques en Autriche-Hongrie, unité allemande et italienne non-achevée, la Méditerranée, Berlin-Bagdad, la course à la marine anglo-allemande, continuum Cap-Suez, guerre des Boers et soutien allemand, l’affaire du Maroc, et on peut en ajouter encore et encore. Guerre voulue et que l’on sait provoquée, mais par tout un tas de raisons qu’on n’apprend pas à l’école. Pour faire très vite : Déclaration Balfour ; renforcement de l’arc de crise Balkans/Irak/Turquie ; rivalité de l’acier, entre l’acheter pas cher des Anglais et la qualité allemande ; affaire du Lusitania ; mauvais traitements dans le Yiddishland russe, zone exclusivement réservée aux juifs en Russie afin de les éloigner des villes (cf. Yuri Slezkine, Le siècle juif).


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Serpents venimeux qui se mordent la queue entre eux.

Le grand avantage des réseaux sociaux, c’est qu’ils démasquent la personne, comme Céline disait (cf. Mea culpa) du communisme qu’il avait démasqué l’Homme. Les réseaux permettent en effet de révéler la face profonde de tout individu. En une demi-phrase, on voit l’abyssale bêtise, l’absence totale de connaissance, la moutonnerie de suivre le même mouvement d’une non-pensée religieusement assénée à coups de truismes ou de pseudo-méchancetés. Exactement pareil que les médias, donc, qui ne peuvent plus rien penser, ou plutôt faire semblant de penser sur quoi que ce soit sans se référer aux réseaux sociaux dont ils ont peur. Sur l’individu isolé dans sa rage et l’haineux dans l’anonymat, ces flots de mots et d’images spontanés font des ravages. Le message du réseauteur social sombre dans l’esprit de troupeau le plus agressif. La meilleure solution ce serait de lever l’anonymat sous couverture de pseudonyme et d’obliger chaque intervenant à donner son vrai nom pour qu’il sorte du bois de la lâcheté et montre au grand jour sa fatuité et son ineptie. Et il faudrait aussi peut-être qu’il montre sa tête. Avec sa photo, date de naissance, métier, petit CV succinct, on pourrait comprendre de quel étage de l’humanité chaque type ose parler. L’IP, la belle affaire !  On peut se faire soutenir par la planète entière et ne réussir qu’à choper une petite poignée de harceleurs qui, traînés en justice, se prendront des peines purement symboliques ou des amendes ridicules alors qu’ils étaient des milliers à vous pourrir la vie. On se pose la question pour savoir pourquoi les bourgeoisies pourries et arriérées de nos sociétés laissent faire jusqu’à l’impunité ces mêmes réseaux sociaux qui puent le fanatisme se contentant de suspendre ou de condamner, selon des principes d’idéologie variable, tel ou tel cas ponctuel pour faire semblant d’agir de la bonne façon, de prendre de bonnes mesures. Mettre hors d’état de nuire des ordures qui empoisonnent la vie des autres sans se montrer, c’est de l’autodéfense. En revanche, un blog sympa au jour le jour ou périodiquement entretenu comme une sorte de jardin, j’y suis plutôt favorable. « Qu’est-ce que c’est que ce blog que tu t’entêtes à remplir pour rien ? ». « Ben, rien si ce n’est une espèce de tanière personnelle à partager avec une demi-douzaine de proches, à l’abri des tempêtes, chauffé aux braises de l'amitié face au tsunami d’ordure qui dévastera tout, provoqué par de vrais misérables. » Rien à voir avec le langage des twittos, des facebooks ou d’autres formules de réseau social. Ici, pas de polémique voulue ni d’affrontements crachant l’hostilité à couteaux tirés. On aime ou on n’aime pas. On partage ou on est à des années-lumière des opinions exposées. Mais complicité ou éloignement poussent sur le terreau du respect commandé par la common decency.


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L'expérience nous dit ceci : deux personnes se disputent, l'une a raison et l'autre non ; celle qui a tort gagne toujours.

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Ortega déclarait que « l'Espagnol est le seul Européen qui pense que les faits sont contestables ». Le soir je regarde la télé. France Cinq diffuse un documentaire intitulé Céline : les derniers secrets. Derrière ce titre racoleur, l’histoire des six mille feuillets volés dans l’appartement de Louis-Ferdinand Céline à la Libération et ressurgis l’été dernier via Jean-Pierre Thibaudat qui s’est donné la peine de tout transcrire avant de remettre le magot aux ayants droit. Quelques jours plus tard, j’ai eu la maladresse de rallumer la télé au pif. Je tombe sur une chaîne espagnole, l’écran occupé par la tête d’urinal renversé – quoique jamais vidé – d’un ignoble crétin anciennement maire de Saint-Sébastien, jusqu’en 2011. C’était, j’ai cru comprendre, la discussion du projet de loi des finances pour 2022. Un député centriste reproche à la majorité socialo-communiste-séparatiste (terme presque aussi long que celui qui a détrôné le classique anticonstitutionnellement : l’hippopotomonstrosesquipédaliophobie !) d’avoir pactisé avec le parti des blanchisseurs de la lugubre « eta », premiers à voter cette loi censée apporter le bonheur universel et le rasage gratuit longtemps promis. Mal lui en prit ! Notre héroïque socialo lui sauta à la gorge à grands cris traitant, au passage, de franquistes les voix des ennemis du peuple au Parlement. Comme on le comprend ! Ennemi juré du régime de Franco entre 1973 et 1975 (à vingt ans, messieurs-dames, faut le faire !) brillant étudiant de droit aux dires de ses condisciples et connu par son acharnement au travail, il eut sans doute du mal à résister à la tentation de rentrer courageusement dans le lard, à coups de sa tête chauve comme un pou, aux fascistes de l’hémicycle. Pour ce brillant représentant de la souveraineté, si l’Eta a bel et bien disparu depuis longtemps, Franco est toujours là et son combat à lui entre 73-75 récupère tout son sens aujourd’hui avec plus de vigueur que jamais. Non, mais !

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On n’arrête pas de me seriner avec ce film d’I. Bollain où l’épouse d’une victime des assassins d’une organisation séparatiste basque fait preuve d’empathie à l’égard du bourreau de son mari. L’avalanche de louanges qu’une telle attitude continue de susciter, reprenant de plus belle dès qu’un responsable (?) politique voit un micro à portée de sa bouche, entre violemment en collision avec la pluie de critiques ou le tombereau d’injures (« fascistes, c’est vous les terroristes ! ») déversé contre des proches d’autres victimes moins complaisantes pour ces bienfaiteurs de l’humanité. Difficile, le pardon (avec quelle formule : « excusez-moi », « je vous demande pardon », « je ne le ferai plus, etc. » ?) des crimes terroristes. Chacun d’entre nous fait partie d’une société offensée et assassinée ne serait-ce que dans un seul de ses membres. Les familiers peuvent pardonner à titre individuel privé, mais ils ne peuvent pas nous remplacer en tant qu’éléments constitutifs de cette société. Il ne peut y avoir de pardon sans accomplissements des peines et sans réprobation sociale, puisqu'il n'y aura jamais ni réparation ni restitution.


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Te Dico Praeteriens Dicas Sit Tibi Terra Levis / Passant, je te prie de dire : « Que la terre te doit légère ! » Cette inscription funéraire romaine n'arrête pas de me tarauder ...

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Écrivains maudits. Olivier Maulin, dans son éditorial du hors-série de Valeurs actuelles sur « les
maudits de la littérature », définit ces maudits comme ceux qui n’épousent pas leur époque, qui provoquent, agacent, dérangent. Sont donc maudits ceux qui troublent la communion « dans le nouveau monde de la démocratie et du progrès issu de la Révolution française », ceux qui poussent « un hurlement d’épouvante face à ce monde moderne ». Il termine en évoquant « les écrivains muselés d’aujourd’hui, ceux qui portent la marque d’infamie comme une Légion d’honneur. Ils sont insultés, calomniés, ostracisés, parfois privés d’éditeurs, pour avoir dit ce qui ne doit pas être dit, pour avoir pensé ce qu’il est interdit de penser ». Nous pouvons avoir une vision large ou une vision plus restreinte des écrivains dignes de figurer dans la catégorie des écrivains maudits. La recension à laquelle procède le hors-série de Valeurs actuelles mélange ces deux catégories, et en ajoute d’autres : « les poètes incompris ou ignorés de leur vivant », ou encore les « oubliés » de talent, comme Félicien Marceau, rapidement évoqué par Maulin et Dandrieu. De ce fait le hors-série surprend, car on y trouve Céline, certes, Drieu, Morand et Chardonne, et, pour les contemporains, Richard Millet, Renaud Camus ou Alain de Benoist, ce qui est logique. Y figurent aussi Péguy, Bernanos, Joseph de Maistre, Chateaubriand, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Nimier, Léautaud, Richepin, Villon, Gripari, Boudard, et aussi Dantec ou Michéa, peu ostracisés. Ou encore Jean Meckert, Julien Blanc ou Maurice Raphaël, trop peu connus pour être maudits … Il est surprenant, en revanche, de ne pas trouver dans la liste Brigneau et Madiran, Nabe, Gobineau, Rebatet, ABordea Bordeaux René Benjamin, Jacques Benoist-Méchin, Abel Bonnard, Paul Chack, Alphonse de Châteaubriant, Pierre Dominique, Bernard Faÿ, Ramon Fernandez, André Fraigneau, Maurice Sachs, Saint-Paulien, Saint-Loup, Claude Farrère, Robert Brasillach, Félicien Marceau, Emil Cioran, Jean Raspail ou Jacques Perret, même s’ils sont rapidement cités au détour de tel ou tel texte … La notion d’écrivain maudit comporte une large part de subjectivité.

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Ma vie intellectuelle est à peu près chimérique ces temps-ci, au retour de Bordeaux. Je me voue aux petites besognes de la vie matérielle. Je donne un coup de main à R. pour la maison et pour le jardin : taille de la haie vide d’oisillons à ces dates, rempotage de l’érable du Japon, etc. Je ne lis presque rien sauf, chaque jour, quelques pages des Porcs 2, qui me font rire aux larmes, du surprenant Nabe (« y a même Nabe tellement y a personne ! »), basculant toujours entre l’ignoble bouffonnerie et le génie désopilant, cultivateur infatigable du subjonctif. Et l'indsipensable Jean-Marc Mandosio (Longévité d'une imposture. Michel Foucault). Je me consacre par moments à taper quelques lignes pour ce blog. 

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De Gaulle omniprésent dans la précampagne française. Je déteste toujours le De Gaulle du largage de l'Algérie. Maintenant on demande pardon aux Harkis ! Comme le temps passe ! D'autant que j’en sache ce sont les défenseurs de l'Algérie française qui les ont toujours défendus et sauvés dans la mesure de leurs possibilités, ces Harkis loyaux voués aux pires sévices du FLN. Les autres familles politiques s’en sont foutues comme de leur première paire de chaussettes. Guy Debord disait avec raison que calomnier un individu était inutile quand le citer suffisait à le condamner. Jacques Laurent ne pensait pas autrement dans son Mauriac sous De Gaulle, déjà salué dans ces blogueries.  « Nul n’aura mieux trahi de Gaulle que lui-même. Plume en main, il révèle qui il est. » Entre autres illustrations rapportées par Jacques Laurent, écrivain qui connaît ses confrères même militaires, celle-ci : « A Paris, le premier condamné à mort fut un journaliste frappé pour délit d’opinion. S’il avait prononcé sa grâce, de Gaulle eût marqué à ses cuisiniers qu’il trouvait leur sauce trop épicée. Il ne le fit pas. Le condamné suivant s’appelait Paul Chack. Il avait toutes les excuses du monde. De Gaulle ne lui en trouva pas. Il ne demandait qu’une faveur : mourir sans qu’on lui bandât les yeux. De Gaulle ne la lui accorda pas. Il est vrai que sur des sujets voisins, et à la même époque, les livres de Paul Chack se vendaient bien et celui de de Gaulle très mal. » Après une série de preuves exemplaires, la conclusion : « Il n’y a ni morale gaulliste, ni politique gaulliste, il n’y a même pas une préférence gaulliste pour quoi que ce soit. Le gaullisme repose sur le mépris des idées générales.


Qu’il s’agisse de l’Europe, de la République, de la décolonisation, de l’obéissance militaire, du communisme ou de tout ce que vous voudrez, le gaullisme varie selon son intérêt immédiat, au gré d’avantages passagers, mais avec assez d’autorité pour envoyer au poteau d’exécution celui qui n’a pas varié assez vite ». Un génie qui n’aura remporté de faciles victoires que sur ses compatriotes, fidèles, eux, à leurs serments : « Quand sur l’écran de la télévision les Français remarquèrent le visage et le ton de de Gaulle insultant les généraux putschistes, visage et ton qu’il n’avait jamais trouvés pour s’adresser aux fellaghas, ils comprirent à leur tour qu’ils seraient bien servis et qu’on allait, de main de maître, leur transformer la victoire de Ben Bella sur la France en une victoire de la France sur Salan. » Le vrai sujet du livre, ce n’est même pas le politique ivre de pouvoir, c’est l’homme de lettres qui s’est abaissé à jouer les flagorneurs : Mauriac, l'un des piliers du mythe, à plat ventre "sous" son général. On pourra également garder en mémoire qu’il a laissé faire mai 68 alors que sa répression envers les partisans de l’Algérie française fut extrêmement dure. On pourra se reporter à De Gaulle, la grandeur et le néant, de Dominique Venner, pour une magistrale démolition de cette statue en apparence indéboulonnable.


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Pronom fantaisiste en novlangue schtroumphaise. Difficile, quand on a œuvré depuis presque quarante ans au service de la langue française et de sa littérature, comme c’est mon cas, de ne pas réagir à la décision des nouveaux éditeurs du Robert d'officialiser l’emploi ultra minoritaire d’un terme comme le pronom « iel ». L’ancien directeur du Robert, Alain Rey, doit se retourner dans sa tombe. Lui qui jugeait « inutile » et impossible à employer cette « complication ridicule », selon ses propres termes, introduite par cette cancel culture importée des universités anglo-saxonnes, qui souhaite faire table rase du passé au nom du bien et du politiquement correct. Trois ans avant sa disparition en 2017, Alain Rey déclarait, dans une interview au Figaro : « L’écriture inclusive est vouée à l’échec ».  Extraits : « L’écriture inclusive est une réponse très partielle, qui est de nature à troubler les enfants alors même que ceux-ci ont du mal à maîtriser l’orthographe traditionnelle. (…) Ce n’est pas en ajoutant des points et des terminaisons féminines à tous les masculins que l’on va arranger les choses. » / « On a complètement confondu, me semble-t-il, les « signes » et les « choses ». Le masculin et le féminin dans la grammaire française ne sont pas liés à l’espèce humaine. Ils sont complètement arbitraires concernant les choses. On dit ainsi : un fauteuil, une chaise, etc. Idem concernant les noms d’animaux. On dit une girafe et pourtant on pense au mâle. Comme on croit que le crapaud est le mari de la grenouille. Or, ce sont deux espèces différentes. » / « L’écriture inclusive est une surréaction, certes compréhensive idéologiquement et moralement, mais à côté de la plaque. Elle est inutile, ne serait-ce que parce qu’elle ne peut pas se représenter à l’oral. Un texte en écriture inclusive ne peut pas se parler. C’est donc une complication ridicule et inutile sur un système qui est déjà, pour des raisons historiques, terriblement compliqué. Cette écriture méconnaît la réalité des choses. » / « On ne va pas aller saccager 1000 ans d’histoire au nom de quelques années de réflexion idéologique par un usage imposé par une toute petite minorité ! » / « On n’agit pas sur les idées en agissant sur la langue. »

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jeudi 11 novembre 2021

Quand novembre de brume inonde le ciel bleu...

 

On rentre tard de l’Utopia, cinéma de Bordeaux du même réseau, occupant l’ancienne église de Saint-Simeon le Stylite. On y a vu Illusions perdues, de Xavier Giannoli avec la collaboration d’un certain Balzac. On a laissé partir de l’affiche un autre film balzacien, de Marc Fugain cette fois-ci, Eugénie Grandet, encore disponible à Gradignan mais on a trop la flemme pour y aller. Le soir à la télévision, il y avait le sermon du Père Macron, qu’on a raté de peu. Pas grave : les chaînes glosent son laïus en vers et en prose des heures et des heures. L’essentiel, on le savait déjà : les vieux comme nous devront avoir une troisième dose, de rappel, pour conserver leur pass sanitaire. On s’y attendait un peu. Ce ne sera pas possible pour la nôtre de dose, six mois ne sont pas écoulés depuis la deuxième d’AstraZeneca reçue le 24 juillet. La faute au grand nombre de semaines entre les deux doses de ce vaccin. Elle a bon dos, la nouvelle réalité. Je me marre de quelques photos après le sommet mondial de la COP26 de Glasgow contre les guerres conséquence du colonialisme, le pillage occidental, le réchauffement climatique, le CO2 responsable de tous les maux, les vaches qui pètent et la montée des eaux au Sahel : ils roupillent tous comme des bébés, les dirigeants du monde, quand c’est les autres qui blablatent ou débitent du prédigéré pour les abrutis de la planète. Et leur va-et-vient en avion hyper-polluant ou en limousine de luxe… ! Ils se branlent la nouille sur le contribuable et la Greta Tunber-Machin au lieu des messages débiles habituels, assume son rôle de lanceur d’œuf (ou c’était d’alerte ?) officiel et les traite tous de pourris !

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Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard…Voilà ce qu’écrivait Aragon dans un poème dont le titre et les vers témoignent d’un profond optimisme pour Elsa Triolet : Il n’y a pas d’amour heureux. Repris par Brassens, bien qu’amputé de sa dernière strophe, j’avoue avoir apprécié ces textes comme beaucoup d’autres chantés par Jean Ferrat ou Léo Ferré. Je plaide l’excuse de jeunesse, étape prématurée pour tirer des enseignements définitifs sur le sens de la vie, si tant est qu’elle en ait un. Aujourd’hui je m’inscris en faux contre cette assertion. Je suis persuadé qu’à l’école de la vie, les élèves sont souvent distraits, répugnent à assimiler leurs leçons et se complaisent dans l’inconfort de leurs convictions originelles. En gros, qu’ils n’apprennent pas grand-chose si ce n’est à accumuler les regrets stériles d’un âge d’or aussi révolu que fantasmé. Ce n’est pas mon cas : je ne regrette rien. Les quelques épreuves, somme toute bénignes, que j’ai pu traverser je ne les considère que comme des étapes utiles voire indispensables vers cette sérénité sarcastique qui m’est propre aujourd’hui. Adolescent, je griffonnais sur des bouts de papier des poèmes et de téméraires pensées que j’ai depuis détruites. J’ai l’impression, après un long cheminement, d’être parvenu à mener avec tranquillité une vie qui convient à ce que je suis, avec des moments de bonheur, des projets, des indignations, des aigreurs, des ambitions, des frustrations, des passions… qui emplissent toute existence. C’est lorsqu’on atteint l’âge mûr sans acquérir une claire conscience de ce que l’on est, sans vivre en fonction de cette compréhension, qu’on pourrait croire qu’on a échoué. Je fais tous me petits gestes de la vie quotidienne, mes lectures variées et libres, mes voyages avec la femme de ma vie, sans hâte et avec la conviction que ce qui n’est pas fait aujourd’hui peut très bien ne pas se faire demain et que c’est sans importance. Solitaire, j’évite trop de contacts. Ce n’est pas moi qu’on verra, dans l’espoir jamais garanti de prolonger un peu son existence, réduire ou supprimer mes consommations d’alcool, de viande rouge, de sucre ou de sel. Bref, je vis. Et merde pour la Thunberg à la gueule au vinaigre !

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L’intimidation intellectuelle (et physique) règne partout. Elle a remplacé l’argumentation. Les réflexes. La réflexion. On n’échange pas des idées : on s’envoie des insultes. On ne conteste pas des raisonnements : on attaque des personnes. On ne discute pas : on s'indigne d’une manière tonitruante et pleine de truculence. Le débat médiatique, voire intellectuel, se réduit à coller des étiquettes infamantes sur des idées, des arguments, et même sur des faits. Et on appelle ça le Progrès. La Tolérance. La Liberté. C’était l’indigeste sirop démocratique des infâmes Folamour podémites. Et on appelle fascistes ceux qui dénoncent cet état de choses. Ce que désigne le mot « fasciste » n’a pas grand-chose à voir avec ce que fut en effet le fascisme historique, voire rien. Les groupuscules extrémistes, souvent proches du pouvoir, dont les agissements présentent le plus d’affinités avec ce que furent les méthodes fascistes sont câlinés par certains medias. Ainsi donc, dans ce monde à l’envers, le langage est le premier piège à éviter.

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Quand on est con à 20 ans, on le demeure forcément à 70 ? Quand je me souviens de ma jeunesse, qu’est-ce que j’ai pu être con et nul en politique, sans parler de l’économie, ignorée car ignoble parce que d’autres assuraient notre quotidien sans se soucier du bonheur du genre humain. Et quelle obsession pour transformer une réalité que j’étais loin de commencer à comprendre ! La coïncidence avec aujourd’hui est que je lisais beaucoup dans le but de développer la raison avec lucidité. Qui n’est qu’une faculté individuelle, d’ailleurs inutile, quand elle ne commande pas l’action, et n’est en rien une caractéristique sociale. Au reste, voir le monde tel qu’il est, c’est à la portée du premier ignorant venu s’il est observateur. Les Grecs, le peuple le moins ignorant qu’on puisse imaginer, racontaient des histoires, comme tous les peuples, mais leurs mythes à eux sont toujours aussi éclairants ; contrairement aux autres peuples, les meilleurs d’entre eux voulaient aussi comprendre les mécanismes cachés du monde, et donc dissiper les ténèbres de l’ignorance avec le prométhéen flambeau de la raison – qui n’a rien à voir avec le scientisme. « Tout est nombre » ne signifie pas « tout n’est que nombre », de même que « tout est possible » ne signifie pas « tout est permis ». Une illustration médiévale représente un astronome dont la tête passe au travers de la voûte céleste. Le savant ne se borne pas à constater et à noter le mouvement des errants dans le ciel. Il rend compte des apparences en déduisant les lois de ce mouvement, lois de plus en plus proches de la réalité. Et là, je pense à l’érudit et passionnant récit que fait Arthur Koestler de cette aventure dans Les somnambules. L’Occident n’a certes pas le monopole de l’intelligence, mais il a longtemps eu celui de son emploi : l’aptitude à, d’abord observer le réel, ensuite, à relier de manière pertinente les phénomènes, avant d’en déduire les lois soumises à l’expérience du réel. Autre essentielle vertu occidentale dont l’abandon rend compte de tous les effondrements : le sens des hiérarchies. Et amusant, l’obscurantisme des croyances woke contemporaines dont le but essentiel est d’éteindre toutes les lumières de l’esprit et d’étendre sur le monde une nuit éternelle.

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Markosen oroitzapen bizia. Bi urte bete dira Markos Balentziaga laguna hil zala. Bere euskalduntasuna erakutsi gabe baina euskaras bizi eta arnasa hartzen zuen bakarretako bat. Pello Santesteban bezala. Nire oroimenean gordetzen ditudan beste hainbat lagun on bezala. Goian bego eta haren hilobiaren aurretik pasatuko diren guztiak esan dezatela antzinako hilarrietan bezala : « Sit tibi terra levis ! ». 






mardi 2 novembre 2021

Le niais, à l’origine, c’est un oiseau encore au nid.

« Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les terrasses. » Matthieu 10, 27

« Parce que tout ce que vous avez dit dans l’ombre sera entendu au grand jour ; et ce que vous avez dit à l’oreille dans la cave sera proclamé sur les terrasses. » Luc 12, 3

Pour justifier cette pratique du commentaire énergique, bien qu’impuissant, face aux scandales à répétition du pouvoir, on n’a que l’autorité des sources antiques, toujours bienvenue : c’est par l’étripage et la furie qu’il convient de reprendre le pécheur ou l’égaré. Et, comme le conseillait Barbey d’Aurevilly, il ne faut pas lire ses analogues, il faut lire ses différents … Même, et surtout, quand cela ne sert à rien. On s’offre les revanches qu’on peut.

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Question a mille balles de deux bonnes amies sudistes (gipuzkoakoak) : pourquoi ce battage médiatique autour d’Éric Zemmour ? Par fatigue et par nausée. Comme il n’est plus possible de parler de l’immigration, de l’assimilation ou de son échec (patent en France, envisageable parmi nous d’ci très peu de temps), du communautarisme, de l’importance d’une société d’ordre et de justice, de l’importance de la culture et de sa transmission, des impôts ravageurs et des taxes surréalistes sans déclencher des réflexes pavloviens des jacassants qui n’ont que le mot fasciste à la bouche, le premier qui le fait ouvertement et sans s’en défendre ni faire mine de s’excuser récupère immédiatement l’attention de tous ceux qui subissent justement les débordements quotidiens des politiques menées jusqu’à présent.

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Emmanuel Todd explique dans un texte qu’environ 15 % des gens savaient raisonnablement lire et écrire au début du XVIIIème siècle, et qu’au moment de la révolution, ce taux était passé à un peu plus de 50%. On a pu le déterminer grâce à des analyses graphologiques en étudiant des milliers de registres paroissiaux, car il paraît qu’on fait aisément la différence entre quelqu’un qui recopie machinalement quelques signes dont il ne comprend pas le sens, et quelqu’un qui a quelques rudiments mais serait incapable de lire, et quelqu’un qui lit à peu près couramment. C’est cette dernière catégorie qui est passée de 15% à plus de 50% entre 1700 et 1789. Malheureusement, Emmanuel Todd n’est pas allé jusqu’au bout de la logique. Qui a pu apprendre aux gens à lire et à écrire avant la révolution ? Les loges maçonniques, les philosophes des lumières qui ont par générosité décidé de financer l’instruction de la canaille pour la sortir de l’ignorance, comme ils le professaient à outrance ? Il semblerait que ce soit l’œuvre des méchants ecclésiastiques frères lassalliens, ces obscurantistes ennemis de la raison, ces « ignorantins » (Voltaire). Ce sont eux qui effectuaient des travaux pratiques et organisaient, en langue maternelle et non en latin, des écoles dans les paroisses rurales ou urbaines, et non ceux qui se gargarisaient de belles paroles sur l’instruction du peuple, tout en conchiant l’Église tant qu’ils le pouvaient, jusqu’au moment où ils ont commencé à les massacrer systématiquement. Les méthodes de ces frères sont celles qui ont permis de passer de 15% d’alphabétisation à 50 en moins d’un siècle. Et d’arriver à dépasser 70% quand Jules Ferry a décrété l’instruction publique laïque et obligatoire avec les fameux, à juste titre, hussards noirs de la république perfectionnant les méthodes des disciples de Jean-Baptiste de la Salle. Une réalité fruit de la convergence de stratégies plutôt que d’une guerre civile permanente. En écrivant ces mots, j’ai une pensée très forte pour le frère José Rivera, centre de gravité de l’école gratuite rattachée en 62 au collège de Palencia, dont le savoir et la gentillesse, dosés avec la précision juste, ont essayé de tailler dans le bois courbe de ma tête de dix ans quelque chose de bien droit, sans y réussir tout à fait à cause de l’extrême nodosité de la racine.

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Le gouvernement espagnol réorganise l’enseignement secondaire et compte augmenter le nombre de matières ! Après tant de micmacs, il ne restera plus grand'chose de solide. Surtout que les élèves ne risquent rien à ne rien faire. Le nombre d’heures perdues par semaine est ahurissant : pour cause d’éducation en sexualité, des journées du développement durable, de la lutte contre le racisme, contre la discrimination, des grèves pour ceci ou pour cela, etc. Des trucs qui font perdre au bas mot des centaines d’heures par an.

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Après une conversation en terrasse à propos des « religions du Livre ». La Bible, dont l’ancien testament des Juifs, correspondant plus ou moins à la Torah, est un corpus de textes inspirés, mais qui ont été écrits ou retranscrits par beaucoup d’hommes qui étaient censés les avoir composés « sous l’inspiration divine ». Ces textes sont écrits pour être discutés, interprétés, traduits, aussi bien chez les Juifs, le Talmud, que chez les chrétiens, les pères et les docteurs de l’Église entre autres. Tout chrétien et tout juif a le devoir de les lire et de les commenter. Les catholiques ont longtemps réservé ce droit aux clercs, en voyant d’un mauvais œil les laïcs le faire, ce qui a été une des raisons qui ont poussé à la Réforme, mais le principe est le même. Le Coran n’a rien à voir avec ça, il est pour les musulmans un livre dicté par Allah directement au Prophète, dont le contenu est incréé, ce qui signifie qu’il existe de toute éternité et que, si la traduction est acceptée du bout des lèvres par certains, mais pas par tous, il ne suppose ni interprétation ni, encore moins, discussion. Parler de religions « du livre » n’a aucun sens. Ce terme ne correspond à rien. Le Coran appelle « gens du Livre » les Juifs et les Chrétiens. La notion de religion « du livre » cherche à implanter dans l’esprit des gens que les trois religions monothéistes partagent un même livre. La seule religion « du livre » qui existe est l’islam et son livre est le Coran. La Bible et la Torah, des ensembles de textes d’origine et d’auteurs différents, ne relèvent pas d’un unique livre et ne relèvent pas de l’islam. Le christianisme dans ses diverses branches est une religion de la Parole.


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Des papes fulgurants, on en a eu deux ces dernières années : Jean-Paul II, l’homme d’action, et Benoît XVI, l’intellectuel peu enclin à faire des courbettes. C’est beaucoup, énorme même quand on considère la relative médiocrité intellectuelle de beaucoup d’évêques. Ils pensent encore qu’il faut être bien vu de la haute bourgeoisie, et comme celle-ci est devenue bobo, ils essaient de suivre. Ce type de comportement les met systématiquement en position de dépendance malgré une apparence de liberté. Et ils ne comprennent pas que leur rôle n’est pas de dédiaboliser l’Église se situant dans le même schéma mental que les droites fuyant comme la peste toute hypothétique confusion avec cette fiction risible qu’on appelle par paresse mentale l’extrême droite. Une stratégie non seulement vouée à l’échec, mais surtout en contradiction totale avec la trajectoire historique de l’institution. Le pape François, justement, confirme la règle, parce qu’il ne parle pas comme un chrétien, mais comme un perroquet de la doxa bien-pensante. Surtout, quand il attribue à l’Espagne, en vrac et sans emballage, toutes les turpitudes que vous savez. Retour urgent à Léon Bloy qui, comme Rudi Dutschke avec Lénine, avait essayé de remettre l'église sur pied ...


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Un texte de Dubuffet sur Céline dans La Quinzaine littéraire n°37 du 15 au 31 octobre 1967 (source : archives de Louis-Ferdinand Céline) « Si conséquente, si prévisible qu’elle soit dans le climat des milieux littéraires et journalistiques, la façon révoltante dont a été traité Céline par l’intelligentsia française est un des faits les plus désolants auxquels j’ai assisté. Je tiens Céline pour un génial inventeur, un poète (mais ce terme si galvaudé, de poète, le définit bien faiblement) d’ampleur considérable, pas seulement à mes yeux le plus important de notre temps mais des plusieurs qui forment les temps modernes, une des plus grandes charnières de l’histoire de l’écrire. Que ce ne soit pas apparu d’emblée aux intellectuels contemporains, pas tout au moins de manière suffisante pour imposer silence à leurs ressentiments et mauvaises chicanes, qu’ils aient fait bloc avec un si parfait ensemble pour dénigrer cette création monumentale et la transporter sur un misérable terrain de politique est un phénomène peu croyable. Il faut pour que cela ait pu se produire à pareille échelle que l’écrire soit aujourd’hui dans tous les esprits bien détourné de son statut originel, que soit bien oublié ce qu’on peut en attendre, ce qu’on doit en attendre. Il faut que la nature propre de l’art et de ses hautes danses soit bien occultée, qu’aient bien baissé les températures auxquelles se chauffe l’esprit, que le goût porté à la pensée analytique et discursive (ce leurre) ait bien pris le pas sur les incandescences de la création poétique, qu’on ne demande plus davantage à la littérature que des ratiocinations sur des sujets aussi primaires, aussi plats, aussi oiseux que le sont des débats de sociologie et de civisme. »

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La bestialité, pour mériter l’approbation généralisée, doit être de gauche. D’où la joie de nos amis de gauche pour célébrer l’anniversaire de la pompeuse cessation d'activité des crimes crapuleux de l’ETA. Ah ! Oh ! Le pathos de la paix ! Et avec ça, on peut rêver : un jour prochain, l’alliance des podémites avec les sanchistes et les tenants de la mouvance « eta » pourrait déloger du pouvoir le PNV. On vise le « sorpasso » ! Les sanchistes sont très très contents, eux, bien que les socialistes (ce n’est pas forcément la même chose) aient été fournisseurs un jour en victimes de choix de cette bande de gangsters meurtriers, encensée par les évêques et acclamée toujours par une considérable partie de la population, misérable, au-dessous de tout, toujours prête à cracher sur les victimes et qui ne se lasse pas d’applaudir ces bourreaux, quintessence de l’ignominie de la planète, dès qu’on les sort d’une prison largement méritée. Pour les médias subventionnés : orgasme total. La gauche woke et pestilentielle est frappée de ce qui m'est toujours apparu comme le propre du sentimental-progressisme : une incapacité à imaginer que celui ou celle à qui la loterie de la mort a souri puisse ne pas se prosterner docilement devant les bourreaux et penser ou même voter autrement qu'elle ou contre elle. En général, jamais elle ne se pose de questions sur les sentiments ou encore moins les opinions des autres. Pour elle, ça va de soi que toute la société progressiste pense comme elle, même quand des gorilles anthropomorphes sont capables, en son nom, des pires atrocités. La bestialité de ces types, racistes, pratiquants de l’épuration ethnique dans l’indifférence boniste des bobos planétaires ne laisse de me noyer dans la confusion et la colère. Voyants extra-lucides, ils savaient ce qui était bon pour la société basque. Ça a l’air extraordinairement compliqué mais eux, ils le savaient. Et si ça passait par l’élimination physique de l’adversaire, considéré toujours comme une bête qui ne demandait qu'à être abattue, on l’éliminait sans états d’âme. En cas de doute, des sinistres personnages genre X. Arzalluz et congénères éclairaient leur lanterne pour qu’ils ne s’arrêtent jamais par manque de cibles. Quel dur labeur ! Ces maîtres bouchers étaient considérablement aidés dans cette galère par d’ignobles misérables comme le puant Alfonso Sastre, qui vient de crever dans son lit débordant de merde, toujours prêt à juger et à punir l'« Espagne » mais obséquieux jusqu’à la fellation avec les pires canailles castristes. Et pourtant, Dieu sait si à Cuba il y a du chantier pour ce genre d'indignation à la con : société délitée, magasins vides, esclavagisme généralisée sauf pour la surréaliste nomenklatura locale. C’est bel et bien la poubelle de la post Histoire, poubelle fétide, pleine à ras bord de types lyncheurs de ce genre au nom des pires absurdités : le groupe ethnique, la patrie, la langue millénaire… dûment malaxés pour obtenir l’indépendance et le socialisme. Rien que ça ! Chimères débordantes de sang ? Peu importe. En cela réside la véritable violence des gauchistes bobo. Violence gluante et molle, faite de naïveté touchante et dégoûtante. Des gens sympathiques, intelligents avec qui on peut rigoler et dîner et qui ne peuvent pas admettre l’injustice le crime ou le vol, comme vous, mais qui ne pourront jamais accepter que vous ne votez pas comme eux, si intelligents, si sympathiques, si supérieurs ... Comme le plus sous-étron des étrons de la saga Bardem le laissait voir dans ses déclarations l’été dernier. Les bons sentiments progressistes auront sans doute été le pharisaïsme par excellence de ce début du XXIe siècle, en marge toujours des vrais antagonismes de classe. Des gens de plus en plus nombreux se trouvent dans des situations comparables à celle où un type comme moi se trouve depuis trop longtemps : isolés, obligés de ne dire en public que le centième de ce qu’ils pensent, s'accoutumant à n'écrire que la moitié de ce qu’ils sentent.

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Plus un système social est hostile à la littérature, et moins celle-ci est en danger. Le nôtre bien à nous, lubrifié par nos lugubres médias, ne jure que pour elle. De temps à autre, un quelconque mongolien auto-intitulé écrivain publie une merde dont on n’a plus la force ni le goût de démontrer l’inanité avant les nombreux prix qui finiront par l’ensevelir. Les médias fabriquent en série des néo-écrivains pendant des années et des années, pendant des éternités catastrophiques. Depuis qu’elle existe, cette foutue littérature, la recherche de la lucidité, le vrai soulagement de la souffrance d’exister a été offert par des individus véritablement lucides et capables d’écrire douloureusement à partir toujours de la contrainte, des pentes raides d’une crise, d’une difficulté… Une réapparition de la littérature ne proviendra jamais de la subvention des politicards ni des applaudissements des crétins.

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Comme le notait Thomas d’Aquin, l’aplomb des abrutis est probablement ce qui les caractérise le plus et, comme l’ajoutait Audiard, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

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Palencia. Visite de l’exposition Las Edades del Hombre. Je revois de loin dans la rue un véritable porc vieillissant, un enfoiré de taille, vaguement fréquenté dans mes années de lycée : même tête d’abruti, bedaine, double menton, etc. Il s’était fait médecin pour tripoter des femmes. C’est tout dire, mais c’est les termes issus de sa propre auto-confession à l’époque. Il s'est fait sans doute vacciner récemment, d'où la prestance de sa démarche, sans savoir qu'il y a des années qu'il s'était déjà fait squatter par la mort et qu'il n'a fait que traîner au soleil sa propre pourriture ambulante.

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Électricité à des prix stratosphériques. Gaz introuvable au moment où nos fournisseurs algériens ne pensent qu’à étriper ses paisibles frères marocains. Et réciproquement. Diplomatiquement réduits à la condition de paillasson. La capacité de réponse, vu le niveau des ministres de ce gouvernement de guignols, les casseroles que traînent certaines ministresses – dans leur cas, une carrière politique, c’est déjà une casserole – les conneries qu’ils profèrent et les images qu’ils donnent d’eux-mêmes, nous incitent à penser qu'on n’est pas à l’abri d’une surprise : que P. Sánchez soit obligé d’anticiper les élections. Si c’était le cas, je vous laisse imaginer les réactions de la classe politico-médiatique au soir de la proclamation des résultats. Probablement, on se tapera encore des années « sans chaise ». Avec la manne européenne, si elle arrive, pire encore : risque de rebelote. L’oligarchie européenne et européiste ne permettra jamais une loi électorale différente, juste, équitable. Et pour faire peur aux citoyens face aux candidats de la coalition Frankenstein qu’on va se taper pour deux ans encore, il y aura toujours l’épouvantail de l'extrême droite. Ça a été étudié pour.