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vendredi 31 décembre 2021

La voilà, la seconde imparable qui nos fait basculer dans les feuilles d'un nouveau calendrier !

 

Hommage personnel à Michel Audiard et à Ernest Raynaud, dit Tréno, pour envoyer aux pelotes les lugubres connards (P. Iglésias, J. L. Abalos, I. Celaa et tutti quanti) honorés récemment par le Grand Préposé aux Colifichets de notre illustre gouvernement. Traîneurs de relents, chiures, sous-merdes … gredins décorés de cette fanfreluche de la Grande Croix de l’Ordre de Charlie III par leur bouffon en chef. Pas de vœux pour eux tous, raclures de bidet ! (Consulter, SVP, cette entrée de 2017)

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Fin d’année, continuation du cycle : une information dangereusement biaisée, complètement dépendante des subventions de l’État, victime de la mainmise des grands patrons et représentant une vraie menace pour la liberté d’expression…  Des médias, devenus de pures armes de propagande politique, religieuse et économique qui permettent de constater le rôle pervers des subventions et des pots de vins déguisés de mécénat. Des politiciens verbeux, inutiles, incompétents, autant de marionnettes des grands patrons et des lobbyistes déguisés d’altruisme. Un dramatique naufrage du système d’éducation transformé en outil d’endoctrinement gouvernemental : niveau en chute libre, enseignants sous-payés, diplômes en carton, harcèlement, violence dans les classes … Pratique disparition de la liberté d’expression et surveillance de masse : censure, réseaux sociaux à la botte. Néobanques et finance décentralisée : une évolution du système bancaire qui risque de faire couler les banques traditionnelles … Regarder en arrière donne le frisson. Quand j’étais petit, pour le vieux monde ancré dans le catholicisme, l’homme était pour les soi-disant chrétiens le centre de gravité de tout, le plus beau fruit de la création : tous les hommes étaient libres et égaux en dignité, même si les restrictions dans la sphère politique limitaient dans la pratique le développement individuel. Devenu senior, comme on dit aujourd’hui, force est de constater que, pour le progressisme, l’homme-femme-machin-truc genre-non-genre-transgenre n'est que de la viande à code-barre et qu'il y en a des égaux plus égaux que d’autres, reflet d’une obsession purement verbale depuis l’origine de l’invention trinitaire magique : égalitude, libertesse, fraternitance.

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Je voudrais un jour assister à la messe de minuit du 24. Et en latin encore ! La messe en latin existera-t-elle encore dans nos contrées wokefellerisées ? Petit, j’ai assisté souvent à la messe à l’ancienne. Le curé la disait en latin, dos au public. Les fidèles étaient très nombreux et de tous âges. Ils n’avaient pas la vue sur ce que faisaient les officiants, mais il leur restait les mots de la liturgie, mystérieux et solennels. Et des chants. Des gens en retard continuaient d’entrer en se signant, marquant d’une brève génuflexion. Dans mon village, quand j’étais enfant, on allait à la messe tous les dimanches. Nous avions notre place, au fond près d’une porte au fond de la nef, donnant directement sur la rue. C’était l’espace pour les incrédules, qui malgré tout voulaient se faire voir, mais qui foutaient discrètement le camp derrière la foule compacte pendant le sermon qui expliquait l’évangile, pour se calmer et fumer une clope. Ils ne bougeaient jamais au moment de la communion. Moi, j’étais à côté de mon père, rasé et habillé de dimanche. Le curé, qui n’avait encore vu passer Vatican II, ne s’en émouvait pas de ce comportement de ses ouailles paysannes et il disait sa messe comme il l’avait toujours fait. J’aimais vraiment ces chants en latin auxquels je ne comprenais pas grand-chose. Surtout le Kyrie Eleison à plusieurs voix et le Credo : les mots « visibilium omnium et invisibilium » m’impressionnaient et m’invitaient à serrer très fort le bras de mon père. Debout, assis, à genoux, sur des prie-Dieu si raides qu’ils niquaient les rotules. Communion, recueillement dans une odeur d’encens, odeur que j’aimais bien et que je n’ai jamais oublié. Ite, missa est… Et on se retrouvait sur le parvis de l’église avant l’apéritif. Les cloches sonnaient. On rentrait à pied chez nous où nous attendaient d’autres odeurs délicieuses : celles du lapin qui rôtissait doucement, accompagné de pommes de terre du jardin. Tout cela a disparu. À jamais.

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Dans δημοκρατια, on a démos et cratos, le peuple et le pouvoir. Définition exotérique pour les braves gens : le pouvoir exercé par le peuple. Définition pour ceux qui ont le sens de l'humour. En réalité, le pouvoir exercé sur le peuple, et même contre. La forme pouvoir du peuple permet aux facétieux de rappeler la différence qui existe entre génitif objectif et génitif subjectif. La démocratie n'est pas incompatible avec la comédie électorale donnant aux électeurs l'illusion de choisir ceux qui les tyranniseront, parmi ceux déjà sélectionnés par ceux qui les tyrannisent. Pour les sophismes, voir le camarade Jean-Jacques Rousseau, l'homme qui commençait par écarter tous les faits avant d’en tirer des conclusions !

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La « mémoire démocratique » contre le soulèvement de juillet 36 relève de l’histoire. À dormir debout. Si vous allez au fond des choses, ce n’était pas gagné d’avance car le projet de coup d'État du général Mola n’était pas unanime et rassembleur. Franco, plus malin, avait son propre truc dans sa tête et n'était pas dans le coup et, par conséquent, il n'y avait aucune garantie, au départ, de pouvoir compter sur les troupes africaines du Maroc. Le traditionalisme, étant monarchique par définition, ne coïncidait pas avec le coup républicain de Mola ; et la Phalange, pastiche du fascisme, pensait mener la danse à sa façon. Le PSOE a réussi à mettre tous ces crabes dans un même panier par l’assassinat de Calvo Sotelo le 13 juillet. Ils voulaient depuis leur coup à eux, en 34, pour jouer à se faire peur, d'une guerre civile révolutionnaire comme celle de la Russie et, finalement, ils l'ont eue. On allait voir ce qu’on allait voir ! Magouilleurs, incompétents, corrompus, ils l'ont perdue. Dégagez, il n’y a rien à voir !

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Facebook n’en finit pas de proposer des pages de « sagesse » où la platitude le dispute à la niaiserie, avec des « pensées » et des « maximes » précieuses et inépuisables.

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La seule limite à mon optimisme, c’est que quand la gauche pourrie, celle de l’opportunisme et de la trahison à l’électeur de bonne foi, sera morte, j'aurai disparu aussi. Ce dont la « génération F. González » ne s’est pas aperçue, c’est à quel point le machiavélisme tactique est corrupteur, combien il détruit la confiance qui est le fondement de l’engagement collectif. Et elle ne l’a toujours pas compris. Sánchez a fait par calcul – idéologie, il n’en a aucune – les yeux doux à Podemos, comme si les coups bas de ce clan d’hurluberlus contre les socialistes n’avaient jamais existé, comme si les socialistes d'aujourd’hui pouvaient faire confiance à celui-là même qui, depuis sa tribune du congrès parla de chaux vive et de corruption et terrorisme d’état et qui a fait tout ce qu’il a pu pour les vassaliser. Hier, quand il était en position de force, il exigeait des socialistes une fidélité qui lui donnait tactiquement le contrôle du groupe parlementaire. Aujourd’hui, en position de faiblesse, il ouvre sa gueule dans les médias pourris des gaucho-suprémacistes pour cracher sur la droite extrême en vrac et en détail. Il courtise les ex-flingueurs basques et s’occupe de vider les différentes poubelles, aujourd’hui remplies à ras bord, de l’histoire. Tant que cette génération sera là, il n’y a aucune chance de voir la gauche se redresser. Ces gens-là sont incapables de construire quoi que ce soit, parce qu’ils ont oublié – ou n’ont jamais appris – l’importance de la vertu en politique : tenir sa parole, ne jamais se compromettre sur l’essentiel, conditions de la confiance, et la confiance, condition de toute construction de long terme. La continuité, l'action dans la durée, ils en sont incapables. Le PSOE ressuscité grâce à la charité (désintéressée) des Ricains et des Allemands (désintéressés), n’a jamais été un « intellectuel collectif ». Parce que ces gens-là, sortis du néant, ont fonctionné par « coups » tactiques qui durent ce que durent les roses, et se fanent ensuite pour être remplacées par le « coup » suivant. L’intégration dans L’OTAN, la désindustrialisation, l’ambiguïté avec les gangsters nationalistes (un coup, j’organise le GAL, un coup après, je gouverne grâce au soutien des marques blanches de l’ETA) … Pareil avec le pitre émérite couronné : des années intouchable par la grâce de toute la caste progressiste complice, enrichie sous son aile, et subitement tombé en disgrâce parce que l’extrême gauche (ce sera quoi, exactement, ce truc ?) demande sa tête. Cacochyme peut-être, mais qu’est-ce qu’il aura rigolé ! Et des syndicats soumis comme des toutous au pouvoir qui leur donne des os à ronger et corrompus jusqu’à la caricature. Tout cela illustre parfaitement le délitement de « la gauche ». Depuis des années, « la gauche » a eu suffisamment de temps pour travailler à un projet, pour développer une vision cohérente de l’Espagne. Elle n’a rien fait, sauf s’adapter aux délires séparatistes. Elle était trop occupée à magouiller les candidatures aux municipales, aux parlements autonomes, aux générales, aux européennes. Et avant chaque l’élection, le seul débat qui vaille dans « la gauche » est celui de placer quelqu’un – peu importe qui, peu importe son programme, peu importent son projet ni sa personne – là où il faut. Quelqu’un de moins en moins « raisonnable » – c’est-à-dire, venant de la galaxie oligarchique – cela va sans dire. On propose des « primaires » entre candidats sans projet, sans programme, qui n’ont à montrer aux électeurs que leur gueule et un certain nombre de propositions démagogiques destinées à caresser tel ou tel segment de l’électorat dans le sens du poil. « La gauche », celle des classes moyennes plus ou moins progressistes, des jeunes, des fonctionnaires et des enseignants – majoritairement gauchistes – nourris au lait du « felipismo » et devenus de vieux donneurs de leçons, celle qui a ouvert la porte à tous les communautarismes, à toutes les capitulations, à toutes les démissions au nom de la tactique, est mourante. Quand elle disparaîtra, après de prochaines élections ce ne sera certainement pas quelque chose à regretter. Bientôt les pitoyables Sánchez, les immondes Ruffians, les pathétiques Belarras, les ordures Bildu, quitteront la scène pour aller réfléchir, bien rémunérés par l’État génocidaire, à toutes les bonnes choses qu’ils auraient faites… s’ils avaient su quoi faire. Une bonne raison d’être optimiste en cette fin d’année 2021 !

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Parmi les (re)lectures de ces derniers 24 mois, tout me lasse et me fatigue de plus en plus, au point que pour 2022 j’envisage sérieusement la démission de ma situation de retraité commentateur répétitif pour moi-même. A part quelques favoris reparcourus (Céline, Bloy) : le dernier volume du journal de Muray, Ultima Necat IV ; les quatre livres – impressionnants ! –  que voici : Feu rouge, de Maxime Kantor ; Le siècle juif et La maison éternelle, de Yuri Slezkine et l’amer et irremplaçable Évangile du bourreau des frères Vaïner. Du Léautaud, relu à l’occasion. Un Alain Badiou lesté de verbiage superflu mais intéressant : son essai sur Saint-Paul. Pour avaler les durs fins d’aprèm de décembre : du Claude Simon. Quelques trucs de Flaubert, de Balzac, intemporels, avant d’aller au cinéma pour Illusions perdues et impossibilité de visionner Eugénie Grandet à cause de déplacement imprévu ; du plus lourd : la correspondance – extraordinaire Éditions Krisis ! –  Jünger et Schmitt ; les textes érudits, très beaux, de Louis Charbonneau-Lassay, de son cycle sur le Christ (bestiaire, vulnéraire, floraire et lapidaire) et son remarquable site, ici ; le cahier de l’Herne consacré à Heidegger ; quelques blogs permettant de découvrir facilement les œuvres d’auteurs latins et grecs obscurs, oubliés ou jadis réservés aux spécialistes (voir l’entrée Catastérismes du 23 juin 2020) ; des pavés à finir (Porcs 2, de Nabe ; le dernier Houellebecq, Anéantir) et d’autres titres dont l’énumération serait sans grand intérêt, sauf la très belle édition d’un texte de Chardonne (Le ciel de Nieflheim) introuvable et trop cher (plus de deux mil euros !) mais proposé récemment au public à un prix raisonnable par Éditions 8. Je laisse de côté, exprès, des livres occasionnels, des essais mille fois revus, des bouquins techniques, des films et des feuilletons (re)vus, très nombreux, à cause du méchant virus sino-américain, chinois ou américain tout court, va savoir ! dont la fin n’est pas à prévoir mais dont la victoire grandiose contre lui a déjà été célébrée à plus d’une reprise par l’andouille totale à qui le cirque électoral a permis de présider le gouvernement de mon vieux pays.



lundi 20 décembre 2021

Voici venu le temps de Noël ...

 

Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A luy n’avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n’a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.

                                                            Françoys Villon, Frères humains

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L’indocile s’est depuis longtemps éteint en moi. J’accepte bien des contraintes sans vraiment croire en leur utilité, juste histoire qu’on me foute la paix. Ça n’a rien d’héroïque, je sais, mais les inutiles actes de pseudo-bravoure, je les laisse à ceux qu’ils amusent. J’ai toujours su que même les dragons sont vulnérables et mortels mais je me vois privé de la capacité de faire que les moutons deviennent des loups … Ça simplifierait tant de choses ! Les politicien européens au service de leurs maîtres américains se sont donné pour tâche de réactualiser le passé à leur façon. Belle formule du laboratoire social pour activer un ersatz de mémoire filtrée qu’ils prétendent « historique ». À force de stupide insistance, l’apologie d’une telle mémoire fabriquée finira par réveiller les plus oublieux… On découvrira qu’il y a beaucoup de passé dans le présent, surtout quand on le ressuscite dans le dessein de répéter les mêmes horreurs de la main des pires fils de pute à vocation de bourreaux qui se renouvellent de génération en génération. Seul nuage à l’horizon : pasticher les bourreaux du passé appartenant à la propre secte afin de les faire revivre pourrait faire se réveiller les candidats à victimes du présent qui, à un certain moment, ne se résigneraient plus à jouer le jeu de l’intimidation ni à suivre docilement le chemin vers l’abattoir.

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Je ne jamais eu l’envie ni le besoin de danser comme un con dans des discothèques pourries, sur des musiques débiles ! Pendant mes insomnies, je songe aux temps disparus de ma prime jeunesse, au monde des premières années énergiques, sonores et visibles encore dans ma tête avant qu’y apparaissent et disparaissent tant d’êtres qui ont occupé mon existence bien longtemps après, au cours de ces années rapidement écoulées depuis.

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Éternel retour. Certains tueurs en série crèvent. D’autres sont remis en liberté. Des gens indignés postent des tweets ravageurs et des photos de tombes profanées. De tels actes m’ont toujours estomaqué. Quelle merde faut-il avoir dans la tête, le cœur et l’âme pour saccager des tombes comme celles de G. Ordóñez, M. A. Blanco et tant d’autres dans les cimetières ? Ils attaquent le fascisme ! Et quelle mauvaise symétrie surtout. Ils sont approximatifs de père en fils, ces profanateurs ! Leurs bourreaux de pères sont devenus des héros publics, et on sent comme un devoir d’attaquer leur sectarisme lâche de tueurs par derrière à l’heure où des médias subventionnés, des bobos et des chacals badigeonnent de merde la mémoire des victimes depuis des années. Les victimes qui ont survécu, handicapées, traumatisées à vie, leurs familles, personne ne les connaît ou très peu, ou bien, si connues, on les ensevelit sous les crachats (Ortega Lara, un vrai record : depuis la première seconde après sa libération !), la société n’en a que foutre, ou que dans l'anonymat, de leur douleur, de leurs névroses, de leur déchéance. Elles ne représentent pas un ennemi réel pour les familles de leurs bourreaux, inlassables corbeaux croissant à la soi-disant vengeance parce que leurs chers enfants sanguinaires doivent faire de la prison, eux, les si courageux combattants pour le socialisme et pour l’indépendance, ou parce qu’il faut des kilomètres pour leur rendre visite dans leurs cellules, à ces pauvres chéris, alors que la seule visite pour les proches des lâchement massacrés reste, et souvent très loin de leur domicile, les tombes d’un cimetière perdu quelque part. Parfois, courageusement profanées, ça oui, il faut le reconnaître.

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S’empouvoirer
, avez-vous dit ? Dieu soit béni, quel mot bancroche ! Les soviets tragiques reviennent, farceurs, mais cette fois sans l’électricité et avec l’écriture inclusive …

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Bilans sur la presse internationale du retrait d’Afghanistan. Américains et Britanniques, leurs vassaux, sont connus pour leurs opérations tordues partout dans le monde. Ils se donnent tous les droits, au nom des « droits humains » et de la « démocratie », bien entendu. De Dresde à Bagdad ou à Kaboul. Ils n’ont jamais été condamnés, fut-ce devant l’opinion publique, pour leurs crimes contre l’humanité. Ils sont sans aucun scrupule. Et leurs crimes n’ont jamais profité qu’à leurs lobbys pourris. Les plus ignobles massacreurs de musulmans de l’histoire humaine se sentent pousser une noble sensibilité et comme des pointes d’indignation pour les Ouïgours musulmans chinois. Ben, voyons !

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Quand Tacite relate l’entrée en fonction de Tibère, il ne peint pas la foule des anonymes, ceux qui se précipitent dans l’esclavage forment l’élite de l'époque. Le texte dit : « … at Romae ruere in servitium consules, patres, eques. Quanto quis inlustrior, tanto magis falsi ac festinantes, vultuque composito, ne laeti excessu principis neu tristiores primordio, lacrimas gaudium, questus adulationem miscebant. » C’est-à-dire, qu’à Rome, tout se précipite dans la servitude.  La soumission enthousiaste au pouvoir, c’est d’abord le fait des plus illustres et rien n’est plus servile qu’une assemblée d’inlustriores ignobles. « Le gouvernement devenait tous les jours plus odieux à ses sujets accablés et moins redoutable à ses ennemis. Les taxes se multipliaient avec les malheurs publics ; l’économie était plus négligée à mesure qu’elle devenait plus nécessaire ; l’injustice des riches faisait retomber sur le peuple tout le poids d’un fardeau inégalement partagé, et détournait à leur profit tout l’avantage des décharges qui auraient pu quelquefois soulager la misère. L’inquisition sévère qui confisquait leurs biens et exposait souvent leurs personnes aux tortures décidait les sujets de Valentinien à préférer la tyrannie moins compliquée des Barbares, à se réfugier dans les bois et dans les montagnes ou à embrasser l’état avilissant de la domesticité mercenaire. Ils rejetaient avec horreur le nom de citoyen romain, autrefois l’objet de l’ambition générale. (…) Quand un même moment aurait vu périr tous les Barbares, leur destruction totale n’aurait pas suffi pour rétablir l’empire d’Occident ; et si Rome lui survécut, elle avait vu du moins périr sa liberté, son honneur et sa vertu. » (E. Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain). Rome n’a pas été détruite en un jour, même s’il y a eu des épisodes spectaculaires, comme le sac de la ville par les Wisigoths en 410. Cette disparition de l’empire romain nous apparait aujourd’hui comme une tragédie exemplaire, comme la tragédie politique par excellence, en sorte que l’expression la chute de Rome nous sert à désigner de manière générale la destruction de la civilisation par la barbarie. Mais ce qui nous semble rétrospectivement une perte épouvantable n’apparaissait pas nécessairement comme telle à ceux qui l’ont vécue. Pour la majorité des sujets de l’empire, sa disparition a très probablement été un objet d’indifférence, voire de soulagement. Nous vivons actuellement dans un monde composé d’Etats-nations, forme politique qui semblait celle vers laquelle tendait l’histoire, même sous les apparences les plus aberrantes : états-nation sortis de la baguette magique du caprice impérialiste, fragmentant de vraies nations, ou directement de la Bible, chassant du territoire le peuple qui occupait les lieux depuis des millénaires.


L’Europe actuelle semble plutôt pencher pour un espace politique dans lequel les frontières seront fondamentalement instables, les centres de pouvoir faibles et mal déterminés, les souverainetés partagées. La forme politique qui semblait naturelle, faite d’une nation homogène et d’un Etat fort, sera désormais considérée plutôt une exception dans la déjà très longue histoire de l’humanité, et rien n’assure qu’elle sera plus qu’une parenthèse. Certes, cette forme politique a ses avantages mais elle n’est pas pour autant un bien sans mélange. Ou, pour le dire autrement, l’effondrement de l’Etat n’est pas toujours un mal si grand. Considérons l’Etat qui nous est le plus proche, l’Etat espagnol. N’est-il pas évident que cette vaste structure ressemble de plus en plus à l’administration impériale finissante, avant la chute de Rome ? Accaparée par des oligarchies qui poursuivent leurs propres intérêts aux dépens de ceux de la population qu’elle est censée servir ; de moins en moins capable de remplir correctement ses fonctions essentielles, protection et éducation, et cependant sans cesse plus dispendieuse et despotique dans ses exigences. La rapidité, l’allégresse même avec lesquelles l’appareil socialo-communiste s’est mis en branle après le pacte pour la formation d’un gouvernement transversal font un pénible contraste avec la lenteur, l’impréparation, l’indécision de la politique sanitaire, qu’il s’agisse des masques, des tests ou des vaccins. Et de fait l’épidémie de Covid a mis en pleine lumière à quel point il était facile de nous priver de libertés bien réelles en échange de la promesse de biens illusoires. Passivité et mollesse d’âme également au moment de faire respecter la loi sur l’ensemble du territoire ex-national qui encourage tous les abus de pouvoir, préparés de longue main par un battage médiatique qui nous a habitués à croire que la solution à nos principaux problèmes se trouve toujours hors de nos mains et dans celles d’une caste de politiciens professionnelle, lointaine et irresponsable mais supposée bienveillante. Espérons que le caractère lointain et irresponsable de cette caste, chaque jour plus évident, ainsi que son caractère bienveillant et démagogue, ne nous empêchent de chercher notre salut collectif et de la stopper au plus vite avant qu’elle nous impose un joug à perpétuité, comme nombre de pays de l’Amérique latine le connaissent, certains depuis trop longtemps. Cet état de choses a aussi été préparé à bas bruit par l’acceptation d’une discipline de parole (global narrative control) de plus en plus stricte et arbitraire, indigne d’un peuple libre et effectivement incompatible avec le fonctionnement des institutions représentatives. Rien n’indique que nous soyons sur le point de nous reprendre et de secouer les chaînes du despotisme qui s’installe. Bien au contraire, notre soumission intellectuelle aux ruffians politicards se complète avec la conviction hypnotique que nous devons « sauver la planète », imposée comme une évidence, et nous prépare pour demain des contraintes de tout ordre qui risquent fort de faire passer la période actuelle pour un temps bucolique d’insouciance et de liberté primesautière.
Devrions-nous vraiment nous sentir accablés à l’idée que cette Espagne-là pourrait disparaitre ? L’effondrement qui est en cours pourrait aussi signifier un nouveau commencement pour nos descendants et les générations qui viendront après. Un nouveau commencement dans l’obscurité et les difficultés de toute sorte, mais aussi peut-être dans une liberté retrouvée. L’Espagne fut précieuse, une grande et belle chose, autrement elle n’aurait pu durer si longtemps, pas la caricature grimaçante et sinistre qu’elle semble devenue : prenons garde de ne pas nous attacher inutilement au nom lorsque la chose a disparu. Aristote estimait que l’univers était éternel ce qui implique que tout recommencera toujours, sous une forme à chaque fois différente. Périodiquement, quelque catastrophe, humaine ou naturelle efface de la surface de la terre les nations et les civilisations existantes et provoque un nouveau départ. Si nous prenons en compte le fait que la dégénérescence et la décrépitude sont le destin des corps politiques aussi bien que des corps de chair, cet effacement périodique nous apparaitra davantage comme une bénédiction que comme une malédiction. Il nous faudra beaucoup de sérénité et de distance critique par rapport au but que nous cherchons à atteindre : nous libérer de l'amas de gouvernants incompétents, ignares et corrompus qui nous font mal aujourd’hui, sans pour autant se faire beaucoup d’illusions, ou jamais très longtemps, sur ce que nous pourrons accomplir.

jeudi 25 novembre 2021

 Je vois dans un ciel de novembre / Partir les derniers migrateurs.

De bons tuyaux proposés au premier ministre espagnol pour une exploitation durable et rationnelle des ressources en gauchistes estampillés et en conseillers-parasites désignés au doigt mouillé par son excellence : contribution à l’éclairage urbain mos majorum (les aristocrates à la lanterne !), avec les premiers, fainéants comme des limaces ; décoration chanvrée des réverbères et des arbres sur la voie publique, avec les seconds, aussi utiles qu’un frigo débranché. On est à une période où les mensonges vomis par les élites en deviennent tellement gros que même les sanchistes reconnaissent que les journalistes et le gouvernement mentent autant qu’ils respirent. Certains disent que c’est une marque d’impunité, que le système est si puissant qu’il peut désormais se promener à visage découvert. Le système est rentré dans une phase d’interventionnisme actif en s’introduisant dans notre vie de tous les jours plus que jamais, avec un fou sans scrupules a à la tête de l’Espagne au moment où on s’apprête à faire revenir à un niveau de vie médiéval une majorité de gens dans nos pays mondialisés. Curieusement, les refugees welcome qui arrivent sont bien plus fachos et bien moins cons que leurs peuples d’accueil. Les élites peuvent mettre en place leur système, cela n’empêchera jamais les gens de vivre. Orwell avait écrit que, quels que soient les projets de quelque système que ce soit, à la fin, il y aura toujours le peuple. Toujours ? Avec le va-et-vient des populations corvéables au gré des desseins des groupes et des lobbys de trafiquants de personnes, on a du mal à imaginer des lendemains qui chantent pour ce peuple. Une vieille maxime désignait le tourisme (« le tourisme détruit le monde ! ») par le fait de « transporter dans des lieux qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». Maxime qu’on s’est plu parfois à lancer, à juste titre (Venise, et.) au visage de la meute touristique parce elle troue la couche d’ozone et qu’elle brûle du précieux combustible non renouvelable. À mon tour de proposer une nuance dans la notion de trafic de personnes en lui donnant une définition idoine : « transporter dans des endroits qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». 

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Au milieu de chaque évocation, au-dessus de chaque expression du devoir de mémoire, le bombage de torse des médias à l’occasion de la « victoire » du 11 novembre mérite bien quelques rappels utiles. Par exemple, deux événements décisifs de l’année 1917 : en janvier, le télégramme Zimmermann dont on peut penser qu’il fut conçu comme une provocation destinée à faire entrer les USA en guerre et, en novembre, la déclaration Balfour, qu’on peut voir comme un remerciement des Britanniques aux sionistes pour avoir réussi à convaincre les USA d’entrer dans le conflit, passant de neutres à belligérants.  La France, écrasée par les Prussiens en 1870-71, fut en 14-18 « sauvée » par les Anglais puis les Américains. De l’année 40 n’en parlons pas, les Soviétiques sauveurs réels, ont été remerciés avec la guerre froide. Puis défaite dans toutes les guerres coloniales et retrait honteux d’Algérie ; interventions dans les guerres d’ingérence humanitaire à la remorque des Américains avec des succès qu’on peut encore constater aux Balkans, en Syrie, en Afghanistan, en Afrique (Rwanda, Mali, etc.). Et un résumé critique et bienveillant à l’encontre des thèses incroyables, répétées partout, de l’Europe sauvée par l’Amérique (!).


La guerre la plus meurtrière de l’histoire d’Europe jusqu’à cette date a effectivement pris fin le 11 novembre 1918. Mais l’Europe en est sortie vaincue. Supplantée économiquement par les États-Unis, divisée entre des vaincus et des faux vainqueurs, ébranlée dans ses convictions et dans le bien-fondé de sa civilisation, l’Europe, éclatée, est en crise. Elle marque l’avènement des États-Unis comme première puissance économique du monde. Épargnée sur son territoire, l’industrie américaine a pu pleinement profiter des débouchés créés par la guerre européenne. Par ailleurs, les multiples sanctions imposées par le président américain Wilson lors du traité de Versailles permettent de neutraliser la puissante et redoutée industrie allemande. Mais c’est surtout idéologiquement que l’Amérique est gagnante. En effet depuis 1648 et le traité de Westphalie, les guerres européennes n’étaient jamais menées au nom du Bien. Chaque État servait ses intérêts mais reconnaissait également implicitement le bien-fondé des intérêts des autres. Au contraire, les conditions du traité de Versailles entérinent la vision américaine de la guerre manichéenne issue du messianisme calviniste. Malgré leurs récurrentes tentations isolationnistes, les États-Unis doivent accomplir leur destinée manifeste et répandre religieusement la démocratie libérale et l’économie de marché à travers le monde. S’ils ont gagné, c’est que leur cause est juste, tandis que l’Allemagne et ses alliés ne peuvent être que coupables et doivent être criminalisés et punis en tant que tels. Cette vision s’accorde également avec la volonté de détruire politiquement et de soumettre économiquement les grands empires européens : Allemagne, Empire austro-hongrois et Empire ottoman dont le démantèlement est effectué par le traité de Sèvres en 1920.
On voit s’ouvrir une période de plusieurs décennies de remise en question de la civilisation européenne, qui se clôturera en 1945 avec l’implantation définitive du modèle américain libéral et matérialiste par le plan Marshall et son corollaire, l’american way of life. L’armistice de 1918 marquera également la fin d’une guerre aux conditions inédites. Aux soldats se battant fiers et debout ont succédé des hommes rampants et se terrant dans les tranchées. Ces conditions humiliantes, amplifiées par le nombre de mobilisés et la durée de la guerre, ont affaibli moralement les peuples européens. La démocratie égalitariste s’est retournée contre ses citoyens. Après avoir permis au peuple d’accéder à l’éducation, elle lui a ordonné tout aussi massivement d’aller combattre dans la boue un ennemi à peine visible. Cette condition morale aura ensuite deux conséquences opposées mais jumelles : les prémices de la remise en cause féministe d’un patriarcat descendu de son piédestal, et la réaction de partis autoritaires dans le cas du fascisme italien. Difficile de comprendre aujourd’hui le 11 novembre 1918 et les sacrifices auxquels il met fin. Appréhender ce 11 novembre, c’est se replonger dans la mentalité européenne authentique avec ses qualités et ses défauts, son esprit de noblesse et ses passions bourgeoises. C’est appréhender une identité déjà plongée dans le bain dissolvant de la modernité mais pourtant encore pleinement européenne. En 1914 c’est surtout le roi Georges V, qui voyant la puissance continentale Allemande, peut être à l’époque première puissance industrielle du monde, a voulu cette guerre. L’un des points culminants fut sans doute le projet de chemin de fer Berlin/Bagdad avec accès direct aux champs de pétrole. Au paysan français on lui a bourré le crâne à l’école d’abord et ensuite, en lui vendant l’image de la belle alsacienne prisonnière des sauvages Allemands. Qu’à cela ne tienne : « On les aura ! À Berlin ! » Quand l’on voit avec un siècle de recul les conséquences de la guerre de 1914-1918, l’on ne peut que remettre en cause le bon sens des dirigeants de l’époque. Il faut rappeler qu’en 1914, il y avait une cause de contentieux principale entre la France et l’Allemagne, la question d’Alsace-Lorraine. A la suite de la guerre de 1870 l’Alsace-Lorraine, d’une superficie de 14 000 km2 avait été annexée par l’Allemagne. Cela représentait 2,5% de l’Hexagone, d’une superficie de 551 000 km2. Pour avoir une chance de gagner une nouvelle guerre, la France fut conduite à conclure des alliances avec la Russie tsariste, puis l’Angleterre et donc de se mettre à la remorque de ces deux puissances qui avaient leurs propres raisons de souhaiter une guerre. Pour récupérer l’Alsace-Lorraine qui comptait environ 1,4 millions d’habitants en 1914, la France dut supporter la perte de plus de 1,3 millions d’hommes jeunes, en âge de procréer, sans compter les blessés et mutilés dépeuplant ainsi des régions entières du centre et du sud de la France.
Sa population de 40 millions d’habitants en 1914 ne put s’accroître à 41 millions qu'en 1939. La France n’aurait été de toutes façons pas à même de supporter une nouvelle hécatombe. Après la Seconde Guerre mondiale, malgré une reprise de sa natalité, sa population actuelle de 63 millions d’habitants n’a pu être atteinte que par l’importation massive de populations extra-européennes, surtout de culture musulmane avec tous les problèmes qui en découlent aujourd’hui. A titre de comparaison l’Allemagne avait grosso-modo en 1914 la même superficie que celle de la France 540 000 km2. Elle a perdue 70 000 km2 par le Traité de Versailles (que les Américains n'ont pas signé)  soit 12% de sa superficie. Après 1945 elle a de nouveau perdue 120 000 km2 à l’Est de la ligne Oder-Neisse. La perte de 35% en tout de son territoire ne l’a pas empêchée d’être aujourd’hui la première puissance économique européenne. La France n’aurait-elle pas dû en 1914, faire son deuil de l’Alsace-Lorraine, ne pas se laisser entraîner dans une guerre pour des intérêts étrangers, garder sa population jeune et, en stabilisant sa souveraineté sur ses colonies disposer des ressources économiques pour assurer une croissance saine de sa population de souche européenne ? L’Alsace et La Lorraine avaient été cédées en contrepartie partielle de dommages de guerre réclamés par Bismarck lors de la guerre perdue par Napoléon III en 1871. Les députés réunis à Bordeaux ont accepté à la majorité des voix cette ablation du territoire. Les 3 députés concernés sont sortis écœurés à l’issue du vote et seuls 2 députés se sont levés pour saluer leur départ. Henri Guillemin a expliqué très bien (La Commune de Paris), pourquoi la guerre de 70 fut voulue par la bourgeoisie française et comment elle s’est débrouillée pour perdre face aux Prussiens. Avec la guerre de 14-18, c’en est terminé des vertus aristocratiques européennes. Cette idée est très bien rendue par le film La grande illusion. Les deux éléments que les Etats-Unis d’Amérique détestaient par-dessus tout dans l’Europe étaient : l’aristocratisme hérité à la fois de l’ancienne noblesse et de la civilisation gréco-romaine et le catholicisme. Au nom d’idées nées des Lumières et de la Révolution française, telles que la citoyenneté, l’égalitarisme, la démocratie, on a envoyé des centaines de milliers de pauvres bougres se faire massacrer dans les tranchées. Or on ne s’improvise par guerrier du jour au lendemain. Sous l’Ancien Régime et plus particulièrement au Moyen-âge, lorsque régnait encore le système féodal, la guerre était réservée à une élite et surtout les Princes, les chevaliers, les seigneurs menaient leurs hommes en tête. Ils ne restaient pas planqués à l’arrière pendant que les trouffions se faisaient massacrer. Ce qui est significatif dans la guerre de 14, c’est justement qu’elle n’a pas eu de cause à justifier en rapport avec l’immensité du massacre : ce néant causal exprime exactement le néant de pensée de l’humain, incapable de dépasser la croyance au surnaturel, détruite à jamais au XVIIIe, et vaquant dans ce néant depuis. Ce qui s’est passé pendant la guerre 14-18 préfigurait notre système démocratique contemporain : pendant que les prétendues élites s’enrichissent, le menu peuple et les classes moyennes, les trouffions actuels de l’Union européenne, tentent de survivre, accablés de charges sociales et d’impôts.

 Parenthèses en cascade.


* Parenthèse I sur la grippe espagnole qui n’était ni grippe ni espagnole. C’était une bactérie développée par Frederik Gates, le père de qui vous devinerez, avec les sous de la fondation Rockefeller convaincue par l’eugénisme et pour laquelle il n’y a eu de vaccin miraculeux jusqu’à 1930. Les premiers à tomber étaient des militaires US envoyés en France dans les tranchées où les poilus affaiblis pataugeaient dans la boue et l’urine. Des conditions idéales pour la propagation. Rien à voir avec l’Espagne, pays neutre dans ce conflit.


* Parenthèse II sur la revanche : les manuels scolaires de la IIIe République étaient très haineux pour les Allemands ; l’immense majorité des Français vivaient dans les campagnes, ils n’avaient jamais vu un Allemand, et ils étaient réfractaires à la conscription qui est l’équivalent des anciennes corvées, mais loin de chez soi et pendant deux ans. Il n’est même pas sûr que les Alsaciens aient voulu redevenir français, les Allemands les favorisaient beaucoup et un référendum d’autodétermination aurait peut-être exprimé une volonté de rester Allemands. La guerre a été provoquée par la décision du chef du gouvernement André Viviani, avocat radical socialiste, de décréter la Mobilisation générale. Rien ne valait de faire tuer 65 % de tous les garçons français (et Allemands) de 18 à 28 ans. C’est une faute historique monstrueuse. L’Allemagne a proposé deux fois en 1915 et 1916 de mettre fin à la guerre et de retourner au statu quo sans gains de part et d’autre mais Georges Clémenceau a refusé. Le Tigre faisait tirer sur les grévistes sans état d’âme. Il était très lié aux USA par son mariage en 1869 à New-York avec une Américaine. Son frère cadet, Paul Clémenceau, s’était marié à Vienne avec Sophie Szeps, juive autrichienne agnostique dont le salon était le centre du parti dreyfusard, fille d’un journaliste socialisant hostile à la famille impériale d’Autriche.


* Parenthèse III sur la Palestine. Tournure opportuniste au fil des événements ou planification ? Abd Ul Hamid ayant refusé de vendre la Palestine aux financiers sionistes, les juifs vont profiter de déclenchement de la guerre européenne pour s’en emparer, pouvant spéculer que l’Allemagne et l’Autriche Hongrie, alliés de la Turquie, seront vaincues.  L’Empire Ottoman sera démembré et les sionistes commenceront la colonisation de la Palestine. En 39 le but de guerre deviendra la destruction de l’Allemagne mais aussi l’épuisement de l’Empire Britannique afin que les sionistes chassent les Britanniques de Palestine, sous leur mandat, et créent l’Etat d’Israël. Ce qui aura lieu trois ans après la capitulation allemande.


* Parenthèse finale sur les causes de la guerre. Des indicateurs d’une guerre étaient nombreux dans la politique de chacun des belligérants : revanchisme français, panslavisme russe, nationalismes ethniques en Autriche-Hongrie, unité allemande et italienne non-achevée, la Méditerranée, Berlin-Bagdad, la course à la marine anglo-allemande, continuum Cap-Suez, guerre des Boers et soutien allemand, l’affaire du Maroc, et on peut en ajouter encore et encore. Guerre voulue et que l’on sait provoquée, mais par tout un tas de raisons qu’on n’apprend pas à l’école. Pour faire très vite : Déclaration Balfour ; renforcement de l’arc de crise Balkans/Irak/Turquie ; rivalité de l’acier, entre l’acheter pas cher des Anglais et la qualité allemande ; affaire du Lusitania ; mauvais traitements dans le Yiddishland russe, zone exclusivement réservée aux juifs en Russie afin de les éloigner des villes (cf. Yuri Slezkine, Le siècle juif).


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Serpents venimeux qui se mordent la queue entre eux.

Le grand avantage des réseaux sociaux, c’est qu’ils démasquent la personne, comme Céline disait (cf. Mea culpa) du communisme qu’il avait démasqué l’Homme. Les réseaux permettent en effet de révéler la face profonde de tout individu. En une demi-phrase, on voit l’abyssale bêtise, l’absence totale de connaissance, la moutonnerie de suivre le même mouvement d’une non-pensée religieusement assénée à coups de truismes ou de pseudo-méchancetés. Exactement pareil que les médias, donc, qui ne peuvent plus rien penser, ou plutôt faire semblant de penser sur quoi que ce soit sans se référer aux réseaux sociaux dont ils ont peur. Sur l’individu isolé dans sa rage et l’haineux dans l’anonymat, ces flots de mots et d’images spontanés font des ravages. Le message du réseauteur social sombre dans l’esprit de troupeau le plus agressif. La meilleure solution ce serait de lever l’anonymat sous couverture de pseudonyme et d’obliger chaque intervenant à donner son vrai nom pour qu’il sorte du bois de la lâcheté et montre au grand jour sa fatuité et son ineptie. Et il faudrait aussi peut-être qu’il montre sa tête. Avec sa photo, date de naissance, métier, petit CV succinct, on pourrait comprendre de quel étage de l’humanité chaque type ose parler. L’IP, la belle affaire !  On peut se faire soutenir par la planète entière et ne réussir qu’à choper une petite poignée de harceleurs qui, traînés en justice, se prendront des peines purement symboliques ou des amendes ridicules alors qu’ils étaient des milliers à vous pourrir la vie. On se pose la question pour savoir pourquoi les bourgeoisies pourries et arriérées de nos sociétés laissent faire jusqu’à l’impunité ces mêmes réseaux sociaux qui puent le fanatisme se contentant de suspendre ou de condamner, selon des principes d’idéologie variable, tel ou tel cas ponctuel pour faire semblant d’agir de la bonne façon, de prendre de bonnes mesures. Mettre hors d’état de nuire des ordures qui empoisonnent la vie des autres sans se montrer, c’est de l’autodéfense. En revanche, un blog sympa au jour le jour ou périodiquement entretenu comme une sorte de jardin, j’y suis plutôt favorable. « Qu’est-ce que c’est que ce blog que tu t’entêtes à remplir pour rien ? ». « Ben, rien si ce n’est une espèce de tanière personnelle à partager avec une demi-douzaine de proches, à l’abri des tempêtes, chauffé aux braises de l'amitié face au tsunami d’ordure qui dévastera tout, provoqué par de vrais misérables. » Rien à voir avec le langage des twittos, des facebooks ou d’autres formules de réseau social. Ici, pas de polémique voulue ni d’affrontements crachant l’hostilité à couteaux tirés. On aime ou on n’aime pas. On partage ou on est à des années-lumière des opinions exposées. Mais complicité ou éloignement poussent sur le terreau du respect commandé par la common decency.


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L'expérience nous dit ceci : deux personnes se disputent, l'une a raison et l'autre non ; celle qui a tort gagne toujours.

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Ortega déclarait que « l'Espagnol est le seul Européen qui pense que les faits sont contestables ». Le soir je regarde la télé. France Cinq diffuse un documentaire intitulé Céline : les derniers secrets. Derrière ce titre racoleur, l’histoire des six mille feuillets volés dans l’appartement de Louis-Ferdinand Céline à la Libération et ressurgis l’été dernier via Jean-Pierre Thibaudat qui s’est donné la peine de tout transcrire avant de remettre le magot aux ayants droit. Quelques jours plus tard, j’ai eu la maladresse de rallumer la télé au pif. Je tombe sur une chaîne espagnole, l’écran occupé par la tête d’urinal renversé – quoique jamais vidé – d’un ignoble crétin anciennement maire de Saint-Sébastien, jusqu’en 2011. C’était, j’ai cru comprendre, la discussion du projet de loi des finances pour 2022. Un député centriste reproche à la majorité socialo-communiste-séparatiste (terme presque aussi long que celui qui a détrôné le classique anticonstitutionnellement : l’hippopotomonstrosesquipédaliophobie !) d’avoir pactisé avec le parti des blanchisseurs de la lugubre « eta », premiers à voter cette loi censée apporter le bonheur universel et le rasage gratuit longtemps promis. Mal lui en prit ! Notre héroïque socialo lui sauta à la gorge à grands cris traitant, au passage, de franquistes les voix des ennemis du peuple au Parlement. Comme on le comprend ! Ennemi juré du régime de Franco entre 1973 et 1975 (à vingt ans, messieurs-dames, faut le faire !) brillant étudiant de droit aux dires de ses condisciples et connu par son acharnement au travail, il eut sans doute du mal à résister à la tentation de rentrer courageusement dans le lard, à coups de sa tête chauve comme un pou, aux fascistes de l’hémicycle. Pour ce brillant représentant de la souveraineté, si l’Eta a bel et bien disparu depuis longtemps, Franco est toujours là et son combat à lui entre 73-75 récupère tout son sens aujourd’hui avec plus de vigueur que jamais. Non, mais !

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On n’arrête pas de me seriner avec ce film d’I. Bollain où l’épouse d’une victime des assassins d’une organisation séparatiste basque fait preuve d’empathie à l’égard du bourreau de son mari. L’avalanche de louanges qu’une telle attitude continue de susciter, reprenant de plus belle dès qu’un responsable (?) politique voit un micro à portée de sa bouche, entre violemment en collision avec la pluie de critiques ou le tombereau d’injures (« fascistes, c’est vous les terroristes ! ») déversé contre des proches d’autres victimes moins complaisantes pour ces bienfaiteurs de l’humanité. Difficile, le pardon (avec quelle formule : « excusez-moi », « je vous demande pardon », « je ne le ferai plus, etc. » ?) des crimes terroristes. Chacun d’entre nous fait partie d’une société offensée et assassinée ne serait-ce que dans un seul de ses membres. Les familiers peuvent pardonner à titre individuel privé, mais ils ne peuvent pas nous remplacer en tant qu’éléments constitutifs de cette société. Il ne peut y avoir de pardon sans accomplissements des peines et sans réprobation sociale, puisqu'il n'y aura jamais ni réparation ni restitution.


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Te Dico Praeteriens Dicas Sit Tibi Terra Levis / Passant, je te prie de dire : « Que la terre te doit légère ! » Cette inscription funéraire romaine n'arrête pas de me tarauder ...

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Écrivains maudits. Olivier Maulin, dans son éditorial du hors-série de Valeurs actuelles sur « les
maudits de la littérature », définit ces maudits comme ceux qui n’épousent pas leur époque, qui provoquent, agacent, dérangent. Sont donc maudits ceux qui troublent la communion « dans le nouveau monde de la démocratie et du progrès issu de la Révolution française », ceux qui poussent « un hurlement d’épouvante face à ce monde moderne ». Il termine en évoquant « les écrivains muselés d’aujourd’hui, ceux qui portent la marque d’infamie comme une Légion d’honneur. Ils sont insultés, calomniés, ostracisés, parfois privés d’éditeurs, pour avoir dit ce qui ne doit pas être dit, pour avoir pensé ce qu’il est interdit de penser ». Nous pouvons avoir une vision large ou une vision plus restreinte des écrivains dignes de figurer dans la catégorie des écrivains maudits. La recension à laquelle procède le hors-série de Valeurs actuelles mélange ces deux catégories, et en ajoute d’autres : « les poètes incompris ou ignorés de leur vivant », ou encore les « oubliés » de talent, comme Félicien Marceau, rapidement évoqué par Maulin et Dandrieu. De ce fait le hors-série surprend, car on y trouve Céline, certes, Drieu, Morand et Chardonne, et, pour les contemporains, Richard Millet, Renaud Camus ou Alain de Benoist, ce qui est logique. Y figurent aussi Péguy, Bernanos, Joseph de Maistre, Chateaubriand, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Nimier, Léautaud, Richepin, Villon, Gripari, Boudard, et aussi Dantec ou Michéa, peu ostracisés. Ou encore Jean Meckert, Julien Blanc ou Maurice Raphaël, trop peu connus pour être maudits … Il est surprenant, en revanche, de ne pas trouver dans la liste Brigneau et Madiran, Nabe, Gobineau, Rebatet, ABordea Bordeaux René Benjamin, Jacques Benoist-Méchin, Abel Bonnard, Paul Chack, Alphonse de Châteaubriant, Pierre Dominique, Bernard Faÿ, Ramon Fernandez, André Fraigneau, Maurice Sachs, Saint-Paulien, Saint-Loup, Claude Farrère, Robert Brasillach, Félicien Marceau, Emil Cioran, Jean Raspail ou Jacques Perret, même s’ils sont rapidement cités au détour de tel ou tel texte … La notion d’écrivain maudit comporte une large part de subjectivité.

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Ma vie intellectuelle est à peu près chimérique ces temps-ci, au retour de Bordeaux. Je me voue aux petites besognes de la vie matérielle. Je donne un coup de main à R. pour la maison et pour le jardin : taille de la haie vide d’oisillons à ces dates, rempotage de l’érable du Japon, etc. Je ne lis presque rien sauf, chaque jour, quelques pages des Porcs 2, qui me font rire aux larmes, du surprenant Nabe (« y a même Nabe tellement y a personne ! »), basculant toujours entre l’ignoble bouffonnerie et le génie désopilant, cultivateur infatigable du subjonctif. Et l'indsipensable Jean-Marc Mandosio (Longévité d'une imposture. Michel Foucault). Je me consacre par moments à taper quelques lignes pour ce blog. 

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De Gaulle omniprésent dans la précampagne française. Je déteste toujours le De Gaulle du largage de l'Algérie. Maintenant on demande pardon aux Harkis ! Comme le temps passe ! D'autant que j’en sache ce sont les défenseurs de l'Algérie française qui les ont toujours défendus et sauvés dans la mesure de leurs possibilités, ces Harkis loyaux voués aux pires sévices du FLN. Les autres familles politiques s’en sont foutues comme de leur première paire de chaussettes. Guy Debord disait avec raison que calomnier un individu était inutile quand le citer suffisait à le condamner. Jacques Laurent ne pensait pas autrement dans son Mauriac sous De Gaulle, déjà salué dans ces blogueries.  « Nul n’aura mieux trahi de Gaulle que lui-même. Plume en main, il révèle qui il est. » Entre autres illustrations rapportées par Jacques Laurent, écrivain qui connaît ses confrères même militaires, celle-ci : « A Paris, le premier condamné à mort fut un journaliste frappé pour délit d’opinion. S’il avait prononcé sa grâce, de Gaulle eût marqué à ses cuisiniers qu’il trouvait leur sauce trop épicée. Il ne le fit pas. Le condamné suivant s’appelait Paul Chack. Il avait toutes les excuses du monde. De Gaulle ne lui en trouva pas. Il ne demandait qu’une faveur : mourir sans qu’on lui bandât les yeux. De Gaulle ne la lui accorda pas. Il est vrai que sur des sujets voisins, et à la même époque, les livres de Paul Chack se vendaient bien et celui de de Gaulle très mal. » Après une série de preuves exemplaires, la conclusion : « Il n’y a ni morale gaulliste, ni politique gaulliste, il n’y a même pas une préférence gaulliste pour quoi que ce soit. Le gaullisme repose sur le mépris des idées générales.


Qu’il s’agisse de l’Europe, de la République, de la décolonisation, de l’obéissance militaire, du communisme ou de tout ce que vous voudrez, le gaullisme varie selon son intérêt immédiat, au gré d’avantages passagers, mais avec assez d’autorité pour envoyer au poteau d’exécution celui qui n’a pas varié assez vite ». Un génie qui n’aura remporté de faciles victoires que sur ses compatriotes, fidèles, eux, à leurs serments : « Quand sur l’écran de la télévision les Français remarquèrent le visage et le ton de de Gaulle insultant les généraux putschistes, visage et ton qu’il n’avait jamais trouvés pour s’adresser aux fellaghas, ils comprirent à leur tour qu’ils seraient bien servis et qu’on allait, de main de maître, leur transformer la victoire de Ben Bella sur la France en une victoire de la France sur Salan. » Le vrai sujet du livre, ce n’est même pas le politique ivre de pouvoir, c’est l’homme de lettres qui s’est abaissé à jouer les flagorneurs : Mauriac, l'un des piliers du mythe, à plat ventre "sous" son général. On pourra également garder en mémoire qu’il a laissé faire mai 68 alors que sa répression envers les partisans de l’Algérie française fut extrêmement dure. On pourra se reporter à De Gaulle, la grandeur et le néant, de Dominique Venner, pour une magistrale démolition de cette statue en apparence indéboulonnable.


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Pronom fantaisiste en novlangue schtroumphaise. Difficile, quand on a œuvré depuis presque quarante ans au service de la langue française et de sa littérature, comme c’est mon cas, de ne pas réagir à la décision des nouveaux éditeurs du Robert d'officialiser l’emploi ultra minoritaire d’un terme comme le pronom « iel ». L’ancien directeur du Robert, Alain Rey, doit se retourner dans sa tombe. Lui qui jugeait « inutile » et impossible à employer cette « complication ridicule », selon ses propres termes, introduite par cette cancel culture importée des universités anglo-saxonnes, qui souhaite faire table rase du passé au nom du bien et du politiquement correct. Trois ans avant sa disparition en 2017, Alain Rey déclarait, dans une interview au Figaro : « L’écriture inclusive est vouée à l’échec ».  Extraits : « L’écriture inclusive est une réponse très partielle, qui est de nature à troubler les enfants alors même que ceux-ci ont du mal à maîtriser l’orthographe traditionnelle. (…) Ce n’est pas en ajoutant des points et des terminaisons féminines à tous les masculins que l’on va arranger les choses. » / « On a complètement confondu, me semble-t-il, les « signes » et les « choses ». Le masculin et le féminin dans la grammaire française ne sont pas liés à l’espèce humaine. Ils sont complètement arbitraires concernant les choses. On dit ainsi : un fauteuil, une chaise, etc. Idem concernant les noms d’animaux. On dit une girafe et pourtant on pense au mâle. Comme on croit que le crapaud est le mari de la grenouille. Or, ce sont deux espèces différentes. » / « L’écriture inclusive est une surréaction, certes compréhensive idéologiquement et moralement, mais à côté de la plaque. Elle est inutile, ne serait-ce que parce qu’elle ne peut pas se représenter à l’oral. Un texte en écriture inclusive ne peut pas se parler. C’est donc une complication ridicule et inutile sur un système qui est déjà, pour des raisons historiques, terriblement compliqué. Cette écriture méconnaît la réalité des choses. » / « On ne va pas aller saccager 1000 ans d’histoire au nom de quelques années de réflexion idéologique par un usage imposé par une toute petite minorité ! » / « On n’agit pas sur les idées en agissant sur la langue. »

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jeudi 11 novembre 2021

Quand novembre de brume inonde le ciel bleu...

 

On rentre tard de l’Utopia, cinéma de Bordeaux du même réseau, occupant l’ancienne église de Saint-Simeon le Stylite. On y a vu Illusions perdues, de Xavier Giannoli avec la collaboration d’un certain Balzac. On a laissé partir de l’affiche un autre film balzacien, de Marc Fugain cette fois-ci, Eugénie Grandet, encore disponible à Gradignan mais on a trop la flemme pour y aller. Le soir à la télévision, il y avait le sermon du Père Macron, qu’on a raté de peu. Pas grave : les chaînes glosent son laïus en vers et en prose des heures et des heures. L’essentiel, on le savait déjà : les vieux comme nous devront avoir une troisième dose, de rappel, pour conserver leur pass sanitaire. On s’y attendait un peu. Ce ne sera pas possible pour la nôtre de dose, six mois ne sont pas écoulés depuis la deuxième d’AstraZeneca reçue le 24 juillet. La faute au grand nombre de semaines entre les deux doses de ce vaccin. Elle a bon dos, la nouvelle réalité. Je me marre de quelques photos après le sommet mondial de la COP26 de Glasgow contre les guerres conséquence du colonialisme, le pillage occidental, le réchauffement climatique, le CO2 responsable de tous les maux, les vaches qui pètent et la montée des eaux au Sahel : ils roupillent tous comme des bébés, les dirigeants du monde, quand c’est les autres qui blablatent ou débitent du prédigéré pour les abrutis de la planète. Et leur va-et-vient en avion hyper-polluant ou en limousine de luxe… ! Ils se branlent la nouille sur le contribuable et la Greta Tunber-Machin au lieu des messages débiles habituels, assume son rôle de lanceur d’œuf (ou c’était d’alerte ?) officiel et les traite tous de pourris !

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Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard…Voilà ce qu’écrivait Aragon dans un poème dont le titre et les vers témoignent d’un profond optimisme pour Elsa Triolet : Il n’y a pas d’amour heureux. Repris par Brassens, bien qu’amputé de sa dernière strophe, j’avoue avoir apprécié ces textes comme beaucoup d’autres chantés par Jean Ferrat ou Léo Ferré. Je plaide l’excuse de jeunesse, étape prématurée pour tirer des enseignements définitifs sur le sens de la vie, si tant est qu’elle en ait un. Aujourd’hui je m’inscris en faux contre cette assertion. Je suis persuadé qu’à l’école de la vie, les élèves sont souvent distraits, répugnent à assimiler leurs leçons et se complaisent dans l’inconfort de leurs convictions originelles. En gros, qu’ils n’apprennent pas grand-chose si ce n’est à accumuler les regrets stériles d’un âge d’or aussi révolu que fantasmé. Ce n’est pas mon cas : je ne regrette rien. Les quelques épreuves, somme toute bénignes, que j’ai pu traverser je ne les considère que comme des étapes utiles voire indispensables vers cette sérénité sarcastique qui m’est propre aujourd’hui. Adolescent, je griffonnais sur des bouts de papier des poèmes et de téméraires pensées que j’ai depuis détruites. J’ai l’impression, après un long cheminement, d’être parvenu à mener avec tranquillité une vie qui convient à ce que je suis, avec des moments de bonheur, des projets, des indignations, des aigreurs, des ambitions, des frustrations, des passions… qui emplissent toute existence. C’est lorsqu’on atteint l’âge mûr sans acquérir une claire conscience de ce que l’on est, sans vivre en fonction de cette compréhension, qu’on pourrait croire qu’on a échoué. Je fais tous me petits gestes de la vie quotidienne, mes lectures variées et libres, mes voyages avec la femme de ma vie, sans hâte et avec la conviction que ce qui n’est pas fait aujourd’hui peut très bien ne pas se faire demain et que c’est sans importance. Solitaire, j’évite trop de contacts. Ce n’est pas moi qu’on verra, dans l’espoir jamais garanti de prolonger un peu son existence, réduire ou supprimer mes consommations d’alcool, de viande rouge, de sucre ou de sel. Bref, je vis. Et merde pour la Thunberg à la gueule au vinaigre !

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L’intimidation intellectuelle (et physique) règne partout. Elle a remplacé l’argumentation. Les réflexes. La réflexion. On n’échange pas des idées : on s’envoie des insultes. On ne conteste pas des raisonnements : on attaque des personnes. On ne discute pas : on s'indigne d’une manière tonitruante et pleine de truculence. Le débat médiatique, voire intellectuel, se réduit à coller des étiquettes infamantes sur des idées, des arguments, et même sur des faits. Et on appelle ça le Progrès. La Tolérance. La Liberté. C’était l’indigeste sirop démocratique des infâmes Folamour podémites. Et on appelle fascistes ceux qui dénoncent cet état de choses. Ce que désigne le mot « fasciste » n’a pas grand-chose à voir avec ce que fut en effet le fascisme historique, voire rien. Les groupuscules extrémistes, souvent proches du pouvoir, dont les agissements présentent le plus d’affinités avec ce que furent les méthodes fascistes sont câlinés par certains medias. Ainsi donc, dans ce monde à l’envers, le langage est le premier piège à éviter.

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Quand on est con à 20 ans, on le demeure forcément à 70 ? Quand je me souviens de ma jeunesse, qu’est-ce que j’ai pu être con et nul en politique, sans parler de l’économie, ignorée car ignoble parce que d’autres assuraient notre quotidien sans se soucier du bonheur du genre humain. Et quelle obsession pour transformer une réalité que j’étais loin de commencer à comprendre ! La coïncidence avec aujourd’hui est que je lisais beaucoup dans le but de développer la raison avec lucidité. Qui n’est qu’une faculté individuelle, d’ailleurs inutile, quand elle ne commande pas l’action, et n’est en rien une caractéristique sociale. Au reste, voir le monde tel qu’il est, c’est à la portée du premier ignorant venu s’il est observateur. Les Grecs, le peuple le moins ignorant qu’on puisse imaginer, racontaient des histoires, comme tous les peuples, mais leurs mythes à eux sont toujours aussi éclairants ; contrairement aux autres peuples, les meilleurs d’entre eux voulaient aussi comprendre les mécanismes cachés du monde, et donc dissiper les ténèbres de l’ignorance avec le prométhéen flambeau de la raison – qui n’a rien à voir avec le scientisme. « Tout est nombre » ne signifie pas « tout n’est que nombre », de même que « tout est possible » ne signifie pas « tout est permis ». Une illustration médiévale représente un astronome dont la tête passe au travers de la voûte céleste. Le savant ne se borne pas à constater et à noter le mouvement des errants dans le ciel. Il rend compte des apparences en déduisant les lois de ce mouvement, lois de plus en plus proches de la réalité. Et là, je pense à l’érudit et passionnant récit que fait Arthur Koestler de cette aventure dans Les somnambules. L’Occident n’a certes pas le monopole de l’intelligence, mais il a longtemps eu celui de son emploi : l’aptitude à, d’abord observer le réel, ensuite, à relier de manière pertinente les phénomènes, avant d’en déduire les lois soumises à l’expérience du réel. Autre essentielle vertu occidentale dont l’abandon rend compte de tous les effondrements : le sens des hiérarchies. Et amusant, l’obscurantisme des croyances woke contemporaines dont le but essentiel est d’éteindre toutes les lumières de l’esprit et d’étendre sur le monde une nuit éternelle.

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Markosen oroitzapen bizia. Bi urte bete dira Markos Balentziaga laguna hil zala. Bere euskalduntasuna erakutsi gabe baina euskaras bizi eta arnasa hartzen zuen bakarretako bat. Pello Santesteban bezala. Nire oroimenean gordetzen ditudan beste hainbat lagun on bezala. Goian bego eta haren hilobiaren aurretik pasatuko diren guztiak esan dezatela antzinako hilarrietan bezala : « Sit tibi terra levis ! ».