J'aime

samedi 27 juillet 2024

Chaumes brûlants

 


Il aurait fallu nous payer très cher pour un déplacement pareil. Démarche double : visite à notre beau-frère très malade et démarche de clôture d’un compte bancaire ne servant plus à rien. Subir durant des heures et des heures les échos débiles, les critiques très connes, sans intérêt, sans raison, adressées aux uns et aux autres, les admirations politiques pourries, les discours et contre-discours, les interprétations et les analyses de mon autre beau-frère fidèle toujours à ses tambours médiatiques habituels … Tout le cinéma ordinaire qui accompagne inlassablement ce genre de visites, toute l'épilepsie sociale qui rythme inéluctablement le vide massif qui règne dans des vies désormais condamnées à tourner dans le néant. Je n'avais besoin d’imaginer, je savais déjà ce que ce voyage serait, bien avant qu'il ne commence : une espèce de Groundhog Day. Des images, des conversations, des souvenirs qui se répètent depuis des années. Produisant tous le même tapage, utilisant les mêmes sornettes, jouant sur les mêmes ressorts, les mêmes anecdotes, quel que soit le prétexte qui semble les faire resurgir du passé. La nullité et l'arrogance portées à leur paroxysme.

Comme s'il pouvait en être autrement. Ces fréquentations rapides n'ont pas d'autre but qu'elles-mêmes et ne pouvaient donc jamais nous surprendre. Et pourtant. De cette nuit de la Saint-Jacques, je retiendrai qu'il faisait une brise très faible mais très fraîche, après une journée torride. Qu'il faisait très chaud dans notre chambre avec une clim un peu bruyante qui paraissait dater un peu. R. a très mal dormi. J'ai remémoré peines et délires anciens et enregistré les vieillissements graduels de nos proches. Ma sœur veillant de près le bon état de son mari et éternellement entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, sans une seconde de trêve. Les champs céréaliers au loin sont restés dignes et silencieux toute la nuit, sentant le blé fraîchement coupé. Entre cette chambre d’hôtel et notre jardin d’Elatzeta, toute une éternité.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire