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mercredi 19 mars 2014

Des bribes (promises) sur Henri de Groux

De Groux est un "Ravachol de la peinture", dont l'indépendance ne s'accorde avec aucune bannière : " Et puis toujours les "groupes", toujours la rage du prosélytisme, l'esprit de troupeau, "l'union fait la force", les propriétaires réunis en art !... "
Thomas Schlesser

Cet épouvantable imbécile, cette très subalterne canaille de Guillaume Apollinaire, dont on a vu le rôle suspect dans les très récentes affaires des tableaux volés au Louvre,  me montrait un jour avec cette niaise suffisance, cet émerveillement stupide, peints sur sa figure de domestique, ce qu'il appelait sa "galerie" et cela avec les boniments ultra modernistes appropriés à la circonstance. Inutile d'inventorier les épouvantables horreurs dont il désignait ainsi l'absurde accumulation par ses soins, et l'insignifiance absolue...
Journal, Kimé, Paris 2007, p. 62

À propos " du pauvre Van Gogh avant qu'il ne devînt la proie des lanceurs d'affaires picturaux " :
" De toutes les peintures que j'ai pu voir du peintre hollandais, têtes ou paysages, je ne m'en rappelle pas une qui brillât par des qualités vraiment picturales que l'on pût sincèrement estimer remarquables. Elles ne se signalent que par la même facture exaspérée et maladroite. Un seul morceau  représentant des harengs sur un plat de faïence ou de grès, m'a séduit par une chaleur de ton et une certaine verbe de facture vraiment assez heureuse, très rare dans sa production. C'est tout.
(p. 64)

Barrès est certainement de toutes les âmes viles et ignobles que l'affaire Dreyfus ait mises à nu une de celles qui m'a inspiré le plus de dégoût, de mépris et d'horreur.
Ibid., p. 208

Rencontré Maurras (...) [qui] fait mine de me saluer. Je réponds en lui signifiant nettement  le plus dédaigneux mépris. L'abominable gueux ! (p. 234) ... l'immonde Maurras dans La Gazette de France [...] suppure de la plume, du nez et des oreilles. (...) Je le savais bête et faux, imbécile et lâche. Je suis donc très peu étonné de le trouver menteur et traître. Parmi les trois êtres les plus immondes qui se soient manifestés parmi les gens de lettres, je crois que c'est bien Maurras qui me dégoûté le plus. Le ridicule Barrès, ce lâche qui ne parle que de "leçon d'énergie" et qui n'est autre qu'un infatigable professeurs de vilenie et de bassesse (...) n'est guère au physique qu'un oiseau de proie domestique, quelque chose comme un aigle qui aurait fait son nid dans l'évier ! (...) Maurras, lui, pue de la bouche, pue du nez, pue des oreilles d'où il n'entend pas mais d'où il suppure. Il est presque aussi muet qu'il est sourd dans la crainte des coups de soulier au derrière dont il se sent menacé sans cesse, bien qu'il y paraisse aussi insensible qu'il est sourd, muet et putride.
(p. 238 et 239)

Après avoir défendu physiquement Zola d'être malmené par une foule "de gens de tous les mondes" en nombre "dix fois supérieur" à celui de ses amis, à la sortie du Palais de Justice le 9 février 1898, il se fait une piètre opinion de la France ("ce n'est plus la France de Voltaire et de Rousseau") :
"La perversion intellectuelle de ce peuple est telle que j'aimerais bientôt autant me faire naturaliser chez les Touaregs et que maintes fois j'ai l'impression de devoir mourir chez ces gens comme le marquis de Morès lui-même au milieu d'une bande d'assassins et de voleurs pour le seul crime de dire ma pensée librement."
(p. 227)

La débilité intellectuelle et morale, quand ce n'est pas l'insignifiance absolue de la plupart des gens, est positivement effroyable, sans parler de l'ignorance crasse, de l'ignorance vraiment déconcertante de tous les professionnels en ce qui concerne les choses essentielles de leur métier même ! Je ne connais rien de plus irritant et de plus lamentable. On est visiblement dominé par des brutes. (...) Je caresse en pensée mon mépris du monde comme une châtelaine flatterait de la main quelque lévrier féroce et dévoué, présent de quelque très haut et très vénéré seigneur.
(p. 237)