Deux figures
majeures du XXe siècle hantent négativement, depuis plus d’un demi-siècle, l’imaginaire
de certains intellectuels ou idéologues français, celle de
Martin Heidegger
et
celle de
Louis-Ferdinand Céline.
Dans les deux cas, l’angle d’attaque est
souvent simple et très moral (je le dis sans ironie) : il s’agit de
dénoncer l’antisémitisme du philosophe et de l’écrivain. Depuis peu, le procès
va plus loin encore. Heidegger fut, il y a peu de temps, soupçonné d’introduire
le nazisme dans la philosophie (thèse de la PME Faye, père et fils,
abondamment relayée dans l’université et les médias). Voici maintenant Céline
présenté par Pierre-André Taguieff et Annick Duraffour comme « un agent
d’influence nazi », voire « le plus utile défenseur du
rapprochement entre la France et l’Allemagne nationale-socialiste »,
nos deux universitaires n’hésitant pas à reprendre les termes d’un Fernand de
Brinon, ami de Céline et collaborateur notoire.
« L’antisémitisme
est aussi vieux que le monde, et le mien, par sa forme outrée, énormément
comique, strictement littéraire, n’a jamais persécuté personne. »
Céline à son avocat, Maître Mikkelsen
« On peut faire semblant
de l’ignorer, mais on ne peut pas l’oublier, ce Céline.
Après lui, toute
œuvre “traditionnelle” vous a un petit air d’Ancien Régime qui ne pardonne
pas. »
« L’artiste
travaille sans filet. Céline est un joueur qui remet sur la table, à chaque
fois, tous ses gains : quitte ou double. »
Matthieu GALEY, Journal intégral, 1953-1986,
préface de Jean-Luc Barré, Robert Laffont, coll. « Bouquins »