« J’ai
donné à personne le droit de dire “il est des nôtres” » Sainte-Beuve
Toutes les fois qu’on lit dans les « merdias » sociaux[1],
aussi bien que dans les « merdia » classiques grassement
subventionnés par les pouvoirs en place, les réactions spontanées au récit de
ce qui se passe au quotidien où se peint la vie de tous les jours, la vie du
temps, on a le sentiment que ceux qui le
construisent, ce récit, ne valent pas ceux qui doivent le subir, et que, tandis
que ces derniers, honnêtes, calmes, modestes, sont en train de tisser chaque
jour la trame d’une nation grande et belle, ce sont les autres qui sont venus
constamment déchirer la tapisserie que les premiers sont en train de tisser,
ruiner leurs efforts, interrompre un progrès.
C’est l’effet nocif de la politique, prison des démocraties
libérales : la servitude consiste en cela même qu’on appelle la
« liberté ». On nous assure que nous sommes « libres » en
nous forçant à faire marcher une machine qui finit par nous détruire.
La politique professionnelle et des fatigants parasites, des médiateurs, des écclesiastiques de toute robe et de tout pelage, des faux doctes opinant qu’il
faut ceci ou qu’il faut cela (spécialistes en balivernes discourant sans discontinuer d'un plateau à l'autre : les redoutables tertulianos !), bouffent tout l’espace vital réel qui n’exige
que paix, ordre et stabilité pour pouvoir assurer son propre travail et, par
lui, l’accroissement d’une prospérité donnée.
De grands mots porteurs d’illusions couvrent à peine les gros intérêts de la
comédie politique en un temps où il nous importerait plus que jamais d’être
bien gouvernés … Que, par une réclame menteuse, on réussisse à vendre aux gens
une certaine camelote dont ils se trouvent contents, mérite réflexion. Que
feront-ils dans la suite ? Si, au fond, l’opinion publique englobe très
sainement tous les politiciens professionnels – vivant de leur fonction, pas
par leur métier – dans la même appréciation méprisante, comment s’expliquer le
fanatisme que certains d’entre eux sont capables d’inoculer aux foules ?
La recette paraît simple : exiger tous les privilèges qu’une société est
capable de fournir, en faisant mine de les dénoncer ; se faire de l’argent
en dénonçant « les riches » ; réclamer des honneurs en prêchant
l’égalité ; accaparer illégalement des pouvoirs absolus en attaquant le
gouvernement « autoritaire ». Mais, la classe politique est-elle si
différente de l’électorat dont elle est issue ? Ce qu’on peut dire à la
décharge des entités métaphysiques Espagne, Catalogne, Pays Basque, France, Flandre,
etc. c’est qu’elles n’ont envoyé personne au lieu où s’exerce la souveraineté
en leur nom. Les « élus » ne reçoivent leur mandat que d’une fraction
d’une impossible volonté collective de ces abstractions, limitée par l’espace,
le temps, l’égoïsme, l´envie, la noblesse ou la haine – sans parler de
l’ignorance. Il faut bien qu’elles aient une voix, ces pauvres représentations.
Il faut bien que tous les sentiments inavouables viennent s’avouer :
cocktail du patriotisme et de la pire démagogie pour célébrer l’épilepsie de la
tribu contre les gens de son propre pays. Idée bouffonne qui réunit le bon curé
progressiste et l’antisystème analphabète gueulard dans un même enthousiasme de
fête de quartier.
Réactions ?
La classe politique « espagnole » ne peut pas avoir d’énergie
puisqu’elle n’a fait carrière qu’à force d’en manquer. À l'exception de quelques dévoués pour de vrai qui ont payé de leur vie. Les spécimens actuels, dans
chaque communauté autonome, se retournent contre elle, au lieu de consolider
ensemble le progrès de la nation : chaque « autonomie » mobilise
une avant-garde de pillards qui la dépouillent. Des politiciens pourris
flottent sur une multitude de fonctionnaires négligents qui leur doivent tout.
Attendre de ces politiciens lâches et médiocres qu’ils sauvent l’État des
autonomies des séparatismes, c’est demander aux rats de sauver le navire.
Le Président espagnol, M. Rajoy, et son équipe gouvernementale ressemble à
des gens qui font une partie de poker sur un bateau en péril : ils
jureront jusqu’au dernier moment qu’il n’y a pas d’océan ni de tempête mais
seulement des cartes et un enjeu. Comme tout optimiste devant une difficulté,
il suffit de refuser de la voir.
Ambiance de fin de règne
sur le pont
L’Histoire parle à qui veut l’entendre. Qui peut croire encore aujourd’hui
que la Monarchie de 1978 ait été un bien ? Elle a fait de la nation
(garant de l’unité de la nation, le roi émérite baiseur impénitent, pauvre à
son arrivée au pouvoir, riche en pépètes forcé à déguerpir ?), raisonnablement développée
et unie depuis des siècles, un peuple sans boussole, titubant d’une chimère
raciste et xénophobe à l’autre, et qui a perdu en crises stériles et en
attentats terroristes fous une force qui, bien administrée, aurait assuré pour
longtemps son avenir pacifique au sein de l’Europe.
« T’en fais pas, Jordi » disait d'une voix grave, enfilant la tenue de chef des armées, notre roi du jeu de cartes au
sournois, dur et rusé chef du clan des Pujol la nuit de la tentative du coup
d’État qui avaient préparé tous ensemble en février 81 pour durer longtemps au
pouvoir et s’en mettre plein les poches …
Son héritier de fils ne s’est pas donné la peine de se déguiser en clown
étoilé pour rassurer les chaumières.
Brèves de comptoir ...
« Mon opinion en vaut une autre »[2] :
cela est vrai pour des opinions dont aucune ne vaut rien.
Allez en
paix, la messe est dite !
Et ... quelques mots en espagnol pour faciliter la comprenette à Daniel, mon beau-frère ...
Todo está ya
dicho, a pesar de las continuas invitaciones al diálogo por parte de los
merluzos y algún pelmazo con piloto automático. Entramos en un período geológico de la historia del Estado, que un día fue sencillamente España. Unos
días, desprendimientos. Otros, calma chicha interminable. Todos, emergencia
paulatina de una realidad nueva ante la que la clase política ha decidido
abdicar como el astuto Juan Carlos I. El alcance del desastre alcanza a penas a
vislumbrarse. La sociedad civil democrática ha sido completamente cautiva y
derrotada, abolida, anulada por el marasmo estomagante del nacionalismo
catalán. Y nadie gana. Ellos quieren fundar un nuevo marco político, pero en
realidad están abriendo las puertas al abismo ...
L’alexandrin aime à porter une vérité sur un plateau d’or : « On
ne changera rien si tout n’est pas changé »
[1] Pas original, comme
traduction : mass mierda = mass merdia. Les gens, forcés à vivre dans
l’heure, à l’instant, ont sans cesse besoin du dernier crime, d’une catastrophe
ailleurs, d’un « événement » quelconque pour abolir leur ennui.
Instagram, Twitter, Facebook … Par le
besoin de cette vie du dehors, ils preuvent qu’ils n’en ont aucune en
eux-mêmes. Ils se croient des protagonistes, ils ne sont que des spectateurs
des drames qui finiront par les dévorer, eux aussi.
[2] Tout le monde a le droit à une
opinion. L’ancienne ignorance était saine, respectable, utile même. Elle
arrêtait chaque homme à la limite de son savoir. Celle d’aujourd’hui fait
parler chacun de ce qu’il ne sait pas. Toute époque a supporté ses imbéciles,
il n’appartient qu’à la nôtre d’en avoir fabriqué en série. Gustavo Bueno, un sage et un savant à plus d'un titre, avait dit très clairement il y a une éternité : « Nous sommes une démocratie sans baccalauréat.»