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mardi 22 juin 2021

Le retour de l'été

 

Des efforts débridés pour bannir la MÉMOIRE de l'apprentissage. Surtout de la part de la psychologie cognitive. L'enseignement et l'apprentissage devraient être considérés comme des frères et sœurs séparés. L'utilisation de la mémoire comme ressource d'apprentissage conduit inévitablement à la monotonie du simplement répétitif, non critique, mécanique, sans approfondir dans la portée de ce qui a été réellement appris... Soit. En revanche, dans le domaine de l'HISTOIRE, les propriétaires du manège en ont fait un instrument indispensable. Jusqu'à ce qu'il devienne LOI. Avec un riche assortiment d’amendes, peines de prison et mort sociale pour ceux qui veulent explorer au-delà des marges imposées. Ainsi, la "mémoire", occultant d'autres domaines du savoir, émet une lumière étendue et irrécusable dans celui-ci.

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La personne violente, capable de tuer pour imposer d’un seul tenant ce qu’elle prend pour des idées, établit des règles du jeu particulières en refusant énergiquement de faire peser sur ses propres épaules les conséquences de ses choix. Mais il y a un hic : quand elle a décidé d’éliminer physiquement quelqu’un, elle s’est déjà tuée préalablement elle-même. Elle est dans l’impossibilité de comprendre, avant de passer à l’acte, qu'elle a déjà été, elle-même, fatalement, sa première victime. À chaque fois qu’elle décidera d’abattre un « ennemi », elle aura effacé à jamais la partie d’être humain qui aurait pu demeurer en elle. Et comment pourrait-on endiguer tant de haine quand on n’a pas conscience du mal qu’on inflige à autrui ? À un moment donné, que ce soit à son tour de mourir par l’épée ne relève guère que du pur accident car, bien auparavant, quelqu'un qui prend la détermination de dénaturer ainsi sa vie ne pourra plus s’affranchir des aléas de son état de bête sauvage. Et par voie de conséquence, quiconque est incapable de se reconnaître misérable ne mérite nullement la miséricorde…

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« Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné à la multitude brilleront à perpétuité comme les étoiles. » Daniel 12:3

Ce que vous devenez à la fin de votre vie détermine le sens ultime de votre parcours. Les incidents survenus au long du chemin n’ont pas d’importance, seule la suite ordonnée des évènements aura de la valeur. Je pourrais ou non être pardonné pour tout le mal que j’ai causé, mais cela n'empêchera pas qu’il a bien eu lieu. Lorsque l’ère éternelle de la fin des temps arrivera enfin, chacun brillera de la lumière ou des ombres qu’il aura accumulées au cours de sa vie dans ce monde.

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Lorsque le cordon ombilical à travers lequel le sang de notre mère nous a nourris est coupé, nous nous trouvons soi-disant libres mais désemparés, impuissants. Nous devenons autonomes amis des animaux abandonnés au rythme de notre cœur. Dans une seconde naissance, contrairement à ce qui se passe dans la première, nous perdons notre indépendance, nous sommes plongés dans des abîmes inconnus, nous ne sommes plus vraiment libres. Si la première naissance nous sépare de notre mère en coupant le cordon, la seconde nous remet à nos semblables, liés par une série d’attaches qui nous ficèlent pour la vie. Il y a une grande différence entre la première et la deuxième naissance. La première, jusqu’à l’accouchement, dure trente-six semaines et se consomme en quelques heures, entre l’eau et le sang que notre mère répand en couches. La seconde se développe tout au long de notre existence, elle avance, elle fait marche arrière, elle se nourrit du feu des joies et des peines où brûle la Grâce, notre forge, et finit par se clore après notre mort. Certains cherchent désespérément des chaînes pour se lier au monde, d’autres prennent plaisir à enchaîner ceux qui les approchent. Le harcèlement des marchands de chaînes est permanent.


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Il faut faire très attention à ce que les connaissances n’entravent pas la sagesse.

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« Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le ; car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas. » Ecclésiaste, 9:10

Je me flatte d’être fils de manœuvres et je garde, de tout mon cœur, mon admiration pour ceux qui poussaient la charrue ou menaient les bœufs, ceux qui bâtissent des maisons et ont sué dans la chaleur des forges, pour les pieds et les mains habiles des potiers façonnant l’argile sur la roue… ces gens-là ne sont pas très recherchés par les institutions, les pouvoirs ou les parlements et normalement ils n’occupent pas des positions d’honneur ni dressent leur tréteau pour bonimenter comme des camelots de l’éphémère foire sociale. On a écrit, à propos de ces gens-là, qu’ « ils assurent la création éternelle et leur prière se confond avec les tâches de leur office. »

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Un jardin joliment fleuri comme celui de ma chère R. pousse les portes de la sensibilité. Le bonheur s’y engouffre d’une manière extraordinaire. Comme on réagit à ces nuages ​​entrebâillés, traversés par des rayons de lumière dans n’importe quel paysage. Ou comme on s´émeut sans raison au crépuscule. Il n’y a pas de meilleurs endroits ni de meilleures heures pour laisser son cœur se reposer, seul ou en agréable compagnie. À l’aube ou au crépuscule. Au moment où le ciel se montre ou tire sa révérence gardant toujours son bleu et parsemé d’étoiles. Tomás de Mattos écrit que « le Béni du Ciel se manifeste dans les crépuscules » et il n’y a pas de meilleur temple pour l’accueillir que celui qu’on aura élevé dans nos propres cœurs.

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Comme ma mère tentait de m’enseigner au cours des longues veillées étoilées attendant le retour du travail de mon père, j’ai évité – quand cela m’a été possible – de m’endormir dans mes propres rêves lentement disparus dans le bourbier de l’oubli, j’ai essayé de ne pas tomber dans le piège de velours tendu par l’encensement des flagorneurs et j’ai appris à colmater avec détermination  les déchirures de l’ignorance et du non-savoir. Maintenant j’espère que le feu de celui qui vit éternellement éclaire toujours ma lanterne, me sauve de l’obscurité de la longue nuit que, à travers le désert de son existence, chaque esprit doit traverser jusqu’à ce qu’il ressente cette Présence secrète qui inonde les cavernes les plus obscures, les gouffres les plus enfoncés, les puits les plus profonds…

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La démocratie espagnole est dans un état de putréfaction avancé dans laquelle grouille et se développe la pire des vermines qui se délecte des chairs délabrées de ce que fut un jour notre patrie commune. Quelle consternation, quel dépit d’assister à cet effondrement, à la glorification des nationalismes périphériques ou non, mais tous pure manifestation d’un micro-sionisme suicidaire et à l’idolâtrie de l’insignifiance propagée par les pires absurdités de l’idéologie yankee où le règne insupportable des inversions prend une ampleur jamais atteinte : les lobbyistes milliardaires passent pour de pauvres persécutés, le laid devient la référence, l’imbécilité est un critère de réussite, la femme est un homme (et inversement…), les minorités écrasent les majorités par le biais de lois spécieuses, d’associations partiales influentes et de réseaux politico-médiatiques aux rôles obscurs et très éloignés de l’utilitarisme sinon du bien commun. Le paradoxe est flagrant : des gens qui n’ont aucune compétence particulière mais un pouvoir certain peuvent contraindre ceux qui ont le savoir et pensent avoir le devoir de le faire connaître, à se taire ou les punir pour avoir parlé. Ce microcosme dominant le brouhaha médiatico-politicard, qui n’a de la société dans laquelle il se nourrit qu’une vue partielle et bien souvent virtuelle, définit les règles de vie et de conduite et donne le “la” de la pensée autorisée censurant tranquillement le reste.

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Sánchez ne cédera rien parce qu’il n’est pas là pour gouverner. Il n’est même pas là pour être réélu et encore moins pour faire une carrière politique. Il se fout de tout ça, et donc il se fout de ce qu’on pense ou dit de lui, de sa cote de popularité, de son avenir politique. Sánchez est un condottiere mandaté par des commanditaires très puissants pour détricoter tout ce qui était national et solidaire en Espagne. Et sa récompense ne sera pas d’être réélu comme cette vieille merde de Zapatero ou de prendre place dans le paysage politique, sa récompense sera d’aller siéger dans tous les conseils d’administration des sociétés parrainées par ses commanditaires. Ce n’est rien d’autre qu’un homme de main qui obéit à des ordres et qui a agi en deux temps : en pourrissant l’État de l’intérieur à la tête d’une organisation complètement dévorée par les suprématistes et en prenant ensuite prétexte de ce pourrissement pour mener à bien son pillage en règle de l’état. Voilà pourquoi il se moque de tous les scandales à répétition le concernant et concernant son gouvernement. De ses ridicules trente secondes trottinant à côté de l’inquiétant automate gâteux Biden. Voilà pourquoi nous avons un gouvernement “de bric et de broc” composé sans vergogne de populistes en chute libre et de séparatistes insatiables, voilà pourquoi il garde une Procureure en dessous de tout, pourquoi son ministre de l'intérieur peut éviter à deux reprises la réprobation au Parlement grâce à l’appui séparatiste. Voilà pourquoi il met sans honte un pittoresque Ministre à la tête du ministère des transports, la mobilité et je ne sais quoi de plus, un mec capable de tripoter les quarante mallettes itinérantes de Madame Delcy Rodriguez (personnage haut placé du régime vénézuélien) et de se faire protéger par un sinistre garde du corps aux comportements de voyou qui menaçait le maire de León, socialiste lui-aussi, dans des termes peu rassurants : « On a encore trois ans pour te baiser à fond ! »  Voilà surtout pourquoi il ne cède et ne cédera devant aucune critique. Parce qu’il s’en fout. Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de tout. C’est son homme de confiance, le puant I. Redondo qui s’occupe de tout ce tout à sa place. Il détricotera tout jusqu’au bout sans écouter personne, sans état d’âme, sans penser à l’avenir de son parti dévasté.  Et il partira en laissant un pays épuisé et exsangue, trop sonné pour se défendre contre le plus violent des systèmes de finance ultralibérale qu’on puisse imaginer. Petit chef, déjà foutu à la porte de son parti à coups de pied au cul, épaulé par une petite mais puissante coterie d’intrigants qui met le pays en coupe réglée depuis des années sous couvert de pouvoirs institutionnels indûment accaparés, et qui regroupe des tricheurs, des menteurs, des arrivistes, des assoiffés de fric, des voleurs, des fraudeurs, des traîtres à la Nation, des incompétents, des décadents… Le tout derrière une marionnette manipulée par les riches oligarchies périphériques. On a du mal à se donner la peine de citer les noms de ces racailles car on pourrait donner aux lecteurs l’impression de d’avoir déposé des étrons au milieu de cette page.

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Question d'une bonne amie de Gasteiz : ne pas compter sur vous, après tout le mal que vous vous êtes donné pour l'intégration au Plan de Bologne ! Pourquoi vous ont-t-ils infligé cette blessure en 2008 ? Il ne valait même pas la peine de quêter leur sympathie dix ans auparavant ! Je n’ai jamais été des leurs et j'en avais pas besoin. Leurs combines stupides ! Amis à vie et le lendemain, ennemis mortels. Rancunes parallèles à leurs vies sans intérêt. Du coup, j’ai encouragé et soutenu la candidature à la direction de mon département, en 2012, d’un honnête homme – au sens du 18e – qu’ils avaient pris en haine, boycotté et méprisé implacablement depuis des années… Il a dirigé adroitement le machin faisant équipe avec un Belge qui, au moins, s’était donné la peine d’apprendre le basque, lui. Le mec qui l’avait précédé au secrétariat étant une burne de chez burne, l’ambiance n’en était que plus purifiée pour les neurones de tout le monde. Mon travail aux RRII et surtout avec le groupe francophone de chercheurs et d'enseignants sur nos trois Campus m'a largement suffi, m'a procuré très largement satisfaction et m'a permis de découvrir à quel point le travail des gens discrets et efficaces faisait tourner le manège beaucoup mieux que les simagrées ridicules des enflures autoproclamées géniales. 

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Ma mère, très liée à ma sœur par de profonds liens d’interdépendance, m’avait intimement blessé me jetant un jour à la figure mon incapacité à comprendre leur manière de relever les défis de leur quotidien : comment pourrais-je les comprendre, moi, qui avais tout reçu sur un plateau ? La balance n’était pas équilibrée, elle penchait en ma faveur depuis le début de ma vie. Pour qu’elle penche du bon côté il fallait reconnaître la force probante de l’autre partie, la meilleure. Pour sa balance à elle, ma sœur voulait équilibrer ses trois plateaux plaçant au milieu ce fléau lapidaire : « Ou bien tout le monde, ou bien personne » Ce levier sans contrepoids, déjà sous l’emprise du bêtement correct, concernant l’orientation des études de ses enfants, manquait de stabilité et n’était pas manœuvrable. Je voyais dans cette pensée stupide une sanction implicite au cas où chaque enfant ne montrerait pas de capacités intellectuelles strictement identiques. Voilà comment je me suis fait coller le plateau dans la gueule…

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mardi 8 juin 2021

Fil tendu aux portes de l'été


¿Cuándo es cuando se cambian las funciones del alma y los resortes del cuerpo
y en vez de llanto no hay más que risa y baba en nuestro gesto?
Si no es ahora, ahora que la justicia vale menos, infinitamente menos
que el orín de los perros;
si no es ahora, ahora que la justicia tiene menos, infinitamente menos
categoría que el estiércol;
si no es ahora ... ¿cuándo se pierde el juicio?
Respondedme loqueros (…)
León Felipe, El payaso de las bofetadas y el Pescador de caña: ‎poema trágico español, El Colegio de México


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Générosité gouvernementale de la bande à Sanchez pour les suprématistes catalans, pour les mafieux basques, pour… Quels gens généreux ! Quels hommes de paix ! Capables de vaincre la répugnance inépuisable, normalement spontanée, que provoquent presque partout tous ces malheureux à peine avant-hier encore fiers de leur déclaration de l’indépendance pour quelques instants ou les héros de la meute des tueurs dans le dos, des racketteurs, des balances de leur voisin. Et des questions sans réponse. Pour la Fonderie des Années de Plomb : comment, au sein d’une communauté développée, catholique à fond  et nationaliste bon teint, à un moment donné, l’assassinat a pu devenir l’intérêt public dominant ? Pour les corrompus séparatistes pilleurs de fonds publics pointant toujours leur sale doigt accusateur vers l’extérieur, la confirmation par eux-mêmes de ce que, dans le temps, le droit disait : nemo auditur propriam turpitudinem allegans, c'est à dire, nul ne peut invoquer sa propre ignominie. Ah, ça non, ils ne se considèrent pas abjects du tout ! Comment comprendre, alors, l’entêtement du gouvernement pour les rapprochements vers les prisons basques pour les seconds et la grâce pure et simple pour les premiers, qui ont envoyé chier le gouvernement et la Cour suprême affirmant publiquement qu’ils peuvent se la foutre où on pense, leur grâce, et qu’ils sont d’ores et déjà prêts à recommencer ? En général, pour le droit à l’envers d’aujourd’hui, ce sont les délinquants politiques et les assassins politisés qui méritent justification et compréhension, les pauvres, après avoir gentiment invité à la bataille déchirant l’égalité et la liberté nationales (tous libres et égaux devant la loi ? vous voulez rire !) ou carrément zigouillé leurs semblables sous l’emprise de bouffées délirantes de bonheur pour leur tribu, de justice infinie pour leur clan où ils se reconnaissent entre eux, acclamés par la foule comme des héros. Voyez-vous de quoi on parle quand on parle de ce qu’on parle ? Pour le joueur de bonneteau de Moncloa, réclamer justice revient au même qu’exiger vengeance. Quel cœur plein de noblesse, quelle grandeur d’âme. Si Paris valait bien une messe, quelques nuitées de plus au palais présidentiel grâce à l'appui au Parlement des partis concernés méritent bien tout le dévouement de notre premier ministre… Faut n'avoir honte de rien, d'imposer cette basse politique politicienne, d'en profiter ou, citoyen lambda à des années lumière de toutes ces sales combines, d'y contribuer sans protester.



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La valeur accordée au calme, à la discrétion, à la tranquillité, à l’habitude disparaît au profit de la vitesse, du scandale, de l’impertinence ou de l’hystérie. Aujourd’hui, il faut agresser pour exister. Pas d’activité louable qui n’ait pour but et pour effet d’embêter. Pas de bonheur autrement qu’en troupeau agresseur revendiquant sur tous les toits les pires idioties et affirmant bruyamment l’adhésion aux droits les plus biscornus. La paix profonde, la sérénité qu’enseigne la culture antique, n’intéressent plus personne. Au point qu’on a vite fait de les retirer de l’enseignement après un systématique entraînement à les désapprendre. Je serai à longueur de journée invité à crier, bouger, devenir ce que je suis « parce que je le vaux bien ! ». Exiger, me faire remarquer systématiquement, bousculer le monde à la hauteur de mes moyens pour me sentir original, unique, insoumis à je ne sais quoi… voilà le fond de la nouvelle sagesse populaire au parfum de tinette.

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Civilisés. Nous sommes civilisés comme pas possible. Question esclaves nous n’en avons plus depuis belle lurette, juste de pauvres bougres qui se crèvent la paillasse avec des salaires de misère pour financer tous ceux qui, plus astucieux, vivent de la charité publique, pardon, je voulais dire de la solidarité. On est civilisés, tout de même. La question se pose de savoir précisément de quoi il retourne quand on parle de civilisation. Au Larousse, la civilisation apparaît comme « l’ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et matérielle d’un pays ou d’une société ». Aucun jugement de valeur, ça vaut pour tout, depuis les tribus reculées jusqu’aux New-Yorkais de Manhattan pétés de dollars au point d’acquérir un bocal rempli de merde estampillé art contemporain contre une somme équivalente au budget mensuel d’un état africain.

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Le mélomane affiché est une nuisance. Je me souviens d’avoir essayé de regarder des opéras à la télé. Sur Arte, sur la Cinq, avec les costumes les plus ridicules que l’on puisse imaginer et des mises en scène à l’avenant. Ça gâchait le plaisir ! Et toujours le même leitmotiv du commentateur cultureux satisfait : Mozart, Wagner, Bizet, c’étaient des révolutionnaires  et cela suffisait à justifier les cantatrices en strings, Tristan ressemblant à un toutou, etc. Il y a une volonté de s’en prendre au beau qui est pathologique. Incapables de la moindre « création », les médiocres détruisent, salissent. Un ami, vrai mélomane discret, m’expliquait que le public est de plus en plus âgé et que la présence de nouveaux convertis assez exceptionnelle. En majorité, des bobos gauchistes qui ne vont pas au concert pour la musique mais pour l’illusion d’appartenir à une élite. C’est plus une habitude, une manière de s’afficher qu’un goût. Avec ça, on entend souvent des réflexions idiotes énoncées par des responsables culturels, y compris ceux doués d’un certain talent, tenant à faire savoir qu’ils ne détestent pas le rap au nom d’un éclectisme qui refuse de hiérarchiser. Exactement pareil pour la littérature.

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"¿Escritores? Nos ahorraríamos muchas desilusiones no llamando escritor a cualquiera que sabe escribir… Yo conocía a estos escritores: eran por lo general personas de inteligencia poco profunda y horizontes bastantes estrechos (…) Estos cadáveres vivientes se distinguían por la siguiente característica: les resultaba fácil fabricar su propia postura moral e ideológica, ganándose de esta forma el aplauso de la crítica y de una parte importante de los lectores. Ni por un momento creí en el catolicismo de Jerzy Andrzejewski y, tras haber leído unas cuantas páginas de su novela, saludé en el café Zodiak a su cara sufrida y espiritual con una mueca de tan dudoso significado que el autor, ofendido, rompió inmediatamente su relación conmigo. (…) Tener ideales no es gran cosa, lo que sí es una gran cosa es no incurrir en pequeñas falsedades en nombre de grandes ideales. Aquel que tenga miedo del desprecio humano y de la soledad entre la gente, que calle. Pero este miedo es también imaginario –pues la popularidad que se consigue al servicio del lector y de las corrientes de la época no significa otra cosa que tener grandes tiradas, nada más –, y sólo aquel que ha logrado separarse de la gente y existir como un ser singular para más tarde conseguir dos, tres o diez correligionarios o hermanos, sólo este se habrá liberado de la soledad en los límites permitidos al arte. ¿Acaso en alguna ocasión el hombre ha estado en otro lugar que no fuera él mismo? (…) He dedicado mucho tiempo a la reconstrucción de mi pasado, he establecido laboriosamente la cronología, he forzado la memoria hasta el límite buscándome a mí mismo como Proust, pero no hay nada que hacer el pasado no tiene fondo y Proust miente. El artista es aquel que dice: ese hombre habla bien, pero él mismo es un imbécil. O bien: de los labios de este hombre mana la más pura moralidad, pero tengan cuidado con él, ya que él mismo, al no poder satisfacer su propia moralidad, se está convirtiendo en un canalla. Cierta sensación de vergüenza me impide escribir exactamente lo que la gente espera de mí."  

Witold Gombrowicz, Diario (1953-1956)

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On remarque plus le temps qui passe sur les autres que sur soi-même. 

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Visite à l’Abbaye de Sainte-Marie, monastère cistercien de Valbuena de Duero. Emerveillés par la matérialité de l’ensemble du bâtiment (retable de l’Assomption, pure merveille baroque !) et transportés aussi par son immatérialité, celle qui est au-delà de la réalité tangible, et que ni archéologues ni architectes ni restaurateurs ne sauront pénétrer avec le discours rhétorique habituel, bénéfique et rassurant, si souvent pédant, vêtu d'une aura médicale toute blanche, philanthropique mais, hélas, incapable de guérir de la maladie du temps qui passe, « Achille immobile à grands pas », car ni la littérature touristique ni même l’historiographique, incapables d'émotions, ne peuvent l’approcher. Le lieu continue à fournir des données aux savants et du repos aux touristes, riche de ce que nous définissons en termes bourgeois, comme patrimoine ou héritage, mais réserve sa capacité à émouvoir, à vibrer, à communiquer ce que lui seul est capable d'exprimer, aux seules âmes sensibles…

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« Les cathédrales spiritualisent nos villes, elles chantent plus haut que leurs bruits, elles y implantent ce qui leur manquait. Il est trop facile de montrer ce que leur doit l’homme cultivé qui en embrasse toute la beauté, ou le croyant qui y retrempe son âme. Il faudrait montrer ce qu’elles valent pour celui-là même qui s’imagine ne rien leur devoir. Il croit s’en passer , mais il les voit en passant, il y est quelquefois entré par hasard. Même s’il n’a pas trempé ses doigts dans le bénitier, il a senti sur son front l’ineffable baptême d’ombre qui tombe des voûtes ; la médiocrité de sa vie s’est trouvée interrompue et déconcertée pendant un instant. Même s’il n’a pas admiré, il s’est du moins étonné ; une prière informe a peut-être émergé de son cœur. Ces cathédrales sont à la fois ce que nous serions incapables de recréer et ce qui nous représente encore. Supérieures sans nous être étrangères, leur magnificence se déploie aux confins de notre indigence. » Abel Bonnard, Ce monde et moi


Et ce lien pour les curieux qui auront le temps de s’embarquer avec Huysmans dans l’aventure d’une tournée à bord d’une cathédrale vaisseau (immobile) de guerre…   

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