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Rendez-vous inopiné avec Bakarne C. Z., ancienne élève du lycée où j’ai passé presque la moitié de ma vie de prof avant mon débarquement à la fac de lettres. Une grande nostalgie m’envahit, cet après-midi, alors que je m’adresse au point de convergence convenu. Je la revois là, maintenant, en avril 2022 et je la revois en même temps dans mon souvenir : une jeune fille vive, remuante, intelligente approchant l’âge de tous les projets. C’était la rentrée (cuvée 82 !) et j’étais depuis peu arrivé à l'établissement. En entrant dans ma salle de classe, j’apercevais sur sa table Egin, ce qui m’embêtait énormément puisque je tenais à la sauvegarde d’une impartialité par rapport à l’extérieur, si dur à l’époque, bien chimérique. Une fois le silence obtenu, je proposais les activités à suivre et tout le monde se mettait au travail. L’année commençait bien. À la fin de l’année, elle m’expliqua qu’elle devait continuer ses études à Saragosse et je crois me souvenir également qu’elle avait bien aimé mes cours en profitant par la même occasion pour plaider la cause d’une copine à elle, M.I.E., sage comme une image, mais timide et charmante comme tout. À peine connus, nos chemins se séparaient et je n’aurais jamais imaginé qu’on se reverrait quarante ans après. Dans le fond, on s’en fiche un peu, apparemment, de savoir de qui on sera prof ou entre les mains de qui pourra tomber l’évaluation du dur labeur quotidien de sa condition d'élève … Le tout est d’apprendre, de ne pas être embêté et d’avoir une bonne relation. Et ça ne se modifie pas au fil des ans ! Moi, déjà un peu trop mûr, je la retrouve fraîche, en train de franchir le seuil des illusions, de rompre les digues, de marcher contre l’encombrement des contraintes sociales, et son visage garde, pour bien longtemps encore, j'espère, l’éclat de son époque d'adolescente dont elle m'a fait évoquer quelques beaux souvenirs.
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