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lundi 9 mai 2022

Notules d’une époque obscène.

 

Deprimente y ofensiva es para mí cualquier representación en el cine. Debo aceptar algo que no es real, sino que está fotografiado, no hay relación con personas presentes; no se produce un juego, solo una mecánica. El peor de los teatros de marionetas es mejor que el más sobresaliente de los filmes. Ni presencia ni representación, espantoso, horroroso, destructor de almas, ojos y oídos. Sin espacio, anulador incluso para el espectador, que ni tan siquiera puede ya aplaudir con sentido; los habitantes de las cavernas de los cines, expresión de su subterráneo vegetar. Espacio = presencia. Esta es la consideración por la que desde hace diez años no me es posible visitar un cine y ver una película. Con ello me alejo de la realidad de mi época; pierdo mi tiempo y gano mi espacio (...) mi presente. Pierdo mi tiempo y gano mi espacio.

Carl Schmitt, Glossarium

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Retour de Séville. Pas trop de chance : froid et pluie généreusement présents au fil des jours. Après une semaine en excellente compagnie, mon épouse et notre petite-fille, les affaires courantes reprennent le dessus. Une vraie catastrophe nous tombe sur la tête d’une manière cruelle et inattendue. Il nous faudra de la chance et de l’endurance … Dans de telles circonstances, je m'en remets à la Providence, en songeant aux résultats dont de nombreuses connaissances ont été gratifiées au cours du passé récent. À midi, la conversation a dérivé sur la guerre en Ukraine avec deux de mes amis. Bien que généralement assez conformistes, ils m’ont surpris en disant être agacés par la représentation outrancière des événements actuels par rapport aux conflits passés et par l’absence d’avis contradictoires. L’énormité de la propagande actuelle rend suspicieux même les cas les plus désespérés. C’est toujours ça de pris sur le néant. Si ces gens commencent à comprendre que toutes les histoires racontées par tous les infâmes médias sont dramatisées et présentées de manière partiale, cet accès de lucidité ne sera pas inutile. Au reste, s’ils ont bien, comme on peut le supposer, approuvé d’autres mesures adoubées par le système sans la moindre critique, ils peuvent bien penser, de temps à autre, ce qu’ils veulent. De toute façon, ce qu’ils pensent ou ce que je peux en penser, c’est sans la moindre conséquence sur la réalité, ces accès de lucidité seront tout à fait inutiles. Avec le temps, il pourra y avoir, comme avec les autres conflits sanguinaires, un retournement d’opinion si cela s’avère nécessaire. Le vent tournera et la tempête sera sous contrôle au lieu d’être redoutable. Je repense à la réflexion d’Hannah Arendt, quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez.

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Pour connaître toute l’horreur de cette guerre qui dure depuis au moins 2014 … je souhaiterais l’écrasement total des immondes États-Unis de Biden. Sur les chaînes dites d’information, en dehors d’une outrancière propagande pro-ukrainienne, on nous amuse avec l'affaire puante des écoutes d’un premier ministre espingouin de bande dessinée ou on nous vante toujours l’habileté diabolique et sympathique du défenestré clown Iglesias, qui rallie à son verbiage dépassé une gauche wokisée à la ramasse, bref, tout va bien. Sauf quand on doit faire le plein de sa voiture et qu’on constate que, en un an et deux mois, le prix a grimpé au ciel malgré la généreuse prime de 20 centimes le litre compensant cela partiellement. Dorénavant, quand on ira à la pompe faire son plein, celui-ci dépassera allègrement la barre des 100 €. Je vous fais grâce de la liste des prix alimentaires qui s’envolent … Et ce n’est qu’un début. La hausse des prix des produits pétroliers n’est pour l’instant pas directement liée au conflit ukrainien, pas plus que celle de l’huile de tournesol ou du blé. Si l’approvisionnement en gaz et pétrole russes devait s’arrêter, que ce soit suite à la fermeture des robinets par les Russes ou par la décision européenne de les boycotter, ça se corserait bougrement. Le baril de Brent tourne actuellement autour des 110 $. Certains prévisionnistes le voient monter à 200 $ dans un avenir proche. Quant au gaz, vu le manque de méthaniers et d’usines de regazéification, on voit mal comment échapper à une prochaine pénurie et à une précarité énergétique généralisée. On ne sait trop mais une chose est certaine à mes yeux : vue la crise qui s’annonce, le pouvoir politique aura du mal à satisfaire le bon peuple ! Mais foin du pessimisme ! Si on en croit la propagande télévisée, les Russes sont de gros nuls, leur armée ne vaut pas un pet de lapin, leurs dirigeants sont totalement discrédités. Dans ces conditions, qu’attendons nous pour entrer en belligérance avec eux comme semblent vouloir nous y engager nos amis polonais, ceux d’Outre-Manche et surtout ceux d’Outre-Atlantique. Nos belles armées européennes n’en feront qu’une bouchée, on atteindra Moscou en quelques jours, on y placera un gouvernement convenable, les populations libérées couvriront chars et soldats de fleurs, pétrole et gaz pas chers couleront à flots, pour nous remercier nos amis de Kiev nous fourniront gratuitement tournesol et blé.

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Décidément, Tonton Kirby, porte-parole du Pentagone, est un homme bien sensible. L’autre jour, s’adressant à je ne sais qui, sa voix se brisa. Il n’en pouvait plus d’émotion. En évoquant les crimes de guerre commis par les Russes en Ukraine. Peut s’en fallut qu’il ne pleurât. On serait tenté de penser qu’il ne s’agissait là que d’une piètre comédie. En effet, on serait en droit de s’attendre à ce que le porte-parole du Département de l’Armée des États-Unis, ait un comportement autre que celui d’un Bisounours. Sans vouloir, ce serait trop long, établir une liste exhaustive des conflits internes ou externes auxquels les armées de son pays ont participé et des dictatures qu’elles ont aidé à installer ou à maintenir, ce serait bien le diable si à un moment ou à un autre on n’aurait pas pu y remarquer, ici ou là de menus dégâts collatéraux que des esprits mal intentionnés auraient pu assimiler à des crimes de guerre. Mais c’est oublier une des données fondamentales de la culture étasunienne à savoir que les puritains à l’origine du pays y ont marqué de manière indélébile les mentalités. In God we trust, nous avons confiance en Dieu, est la devise du pays avec pour conséquence une forme de manichéisme : s‘ils font confiance en Dieu, la réciproque s’impose : Dieu leur fait confiance, sinon ce serait trop injuste. Et s'ils ont la confiance de Dieu, définir leur ennemi est simple : c’est le diable. Or, que fait-on face au diable ? On négocie ? On le ménage ? Il n’y a qu’à l’annihiler. Et pour cela, tous les moyens sont bons. Ce qui est considéré comme des crimes de guerre de l’ennemi, au sens médiéval du terme, et vous tire des larmes, on peut le perpétrer sans états d’âme puisqu’on est du côté du Bien. Ainsi la barbarie devient justice divine. Est-il possible que des intérêts économiques et géostratégiques puissent se cacher sous cette couverture messianique ? Bien sûr, mais il n’y a rien de contradictoire là-dedans. Il est normal que la nation élue de Dieu dispose des moyens économiques et militaires lui permettant d’établir et de conserver une suprématie mondiale pour le plus grand bien de l’humanité. La domination économico-militaire n’est que le moyen de faire régner le Bien. Hélas, cette domination est en grand danger. La suprématie étasunienne est remise en cause. De nouveaux acteurs émergent, la Chine a d’ores et déjà ravi la première place aux sympathiques Ricains, l’Inde occupe la troisième, la Russie la sixième, l’Indonésie la septième et le Brésil la huitième. Les occidentaux sont en perte de vitesse et en complète déconfiture morale, civilisationnelle et démographique. Dans ces conditions, il est facile de comprendre l’amour inconditionnel que, depuis 2014 et même avant, les Amerloques vouent à l’Ukraine. Ils arment et forment son armée. Ils font leur possible pour entraîner leurs alliés dans le conflit actuel. Affaiblir la Russie, militairement et économiquement est, par-delà leurs indignations, leur véritable but. Ils pleurent les victimes ukrainiennes et se foutent complètement de ce qui se passe au Yémen ou un peu partout en Afrique. Ils sont prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien et éventuellement jusqu’au dernier Européen pour que triomphe leur conception de Bien. Même si cela devait mener finalement à une alliance étroite russo-chinoise, bien plus redoutable pour eux …





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