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Café au quotidien. Avec un couple ami et la compagnie impassible de
quelques cyprès, ces arbres du regret et de l'espérance, gardes muets qui veillent
à ce que le musée Oiasso ait le plus d’élégance classique possible. Ces arbres
charmants font cortège seul à la terrasse qui se dresse devant la façade du
bâtiment, non loin de l’entrée principale, comme autant d’éléments visuels qui lui
donnent une identité. À quelques mètres, semble flotter la tour de la paroisse du Juncal.
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Triomphe de la volonté. Triumph des Willens. Leni Riefenstahl avait
cru voir se réaliser dans sa justesse profonde ce proverbe espagnol : Más
hace el que quiere que el que puede. Celui qui veut, fait plus que celui
qui peut. Et, dans les épreuves qui s’ensuivent, la preuve de la vertu. Sagesse
des Nations : tant de connaissances et de conseils populaires transmis
par la tradition, sous forme de proverbes, maximes et bon sens qui reflètent la
compréhension collective d'une communauté.
résoudre l'énigme du sphinx pour devenir roi de Thèbes
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Marre de mon bureau en bazar. Mon principal refuge, préparé pour devenir accessible
au mouvement des travaux de maçonnerie, aux bruits de toutes sortes. Activité incessante
étrangère au caractère voulu pour la retraite propice à la lecture. J’ai pensé
une seconde, à cause d’une belle photo ancienne, à déménager vers les dunes des
Landes, isolées, silencieuses, où la méditation ne saurait être distraite par
nulle curiosité, par nulle voix, ces sites sauvages battus par le vent où l'œil
ne s'ouvre qu'à l'azur du ciel, où l'oreille n’entend que le bruit de la mer
qui mélancoliquement soupire et s'épanche, soumise, sur ces bords sablonneux,
quand elle ne se dresse pas haut, irritée, grondant alors jusqu'à la menace
d'un envahissement prochain. Hélas, elles ne sont plus un havre de paix comme
sur la vieille carte postale. Plongeurs, nageurs et touristes de toute espèce hantent
les lieux sans relâche toute l’année. Surtout des surfeurs déterminés, confiant
dans leurs planches parfois gigantesques, qui bravent la houle, indifférents
aux menaces, et se jettent en plein à travers ces fureurs déchaînées pour tomber
finalement portés par l’énergie de l’océan. Combien peu ils ont souci du
danger, ces corps musclés toujours sur les limites extrêmes de ce sport du
gouffre ! J’ai quand même, quelquefois, l’impression d’avoir vogué dans
des eaux bien autrement perfides, dans l'océan du vaste et intimidant de l'administration et du monde
professionnel, parsemé d'embûches et d'attrapes. Dernièrement, la solitude est désormais
ma seule richesse et je voudrais la confier à des éléments sur lesquels n'a
nulle prise le caprice des vents. On restera, donc, sagement sur place jusqu’à
mercredi, début prévu des travaux d’Hercule à domicile.

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Souvenir. Entrant un jour dans la chapelle d’un ancien couvent franciscain devenu paroisse, je fus choqué de voir, à droite dans l’entrée, sous le chœur, une
espèce de boîte de rangement en bois, à couvercle et charnières. Gravé sur le
couvercle, comme invitant à l’ouvrir pour dévoiler le mystère, on lisait
cette inscription à calligraphie exquise : « Si quieres ver quién has
sido / quién eres y quién serás / alza la tabla y verás / tu retrato muy al
vivo » : si tu veux voir qui tu as été / qui tu es et qui tu seras /
lève ce clapet : tu verras / ton modèle très vivant. À l’intérieur
gisaient deux crânes humains décharnés. Que dire de l'à-propos d’un tel message ?
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Souvenir (bis) : Abadía de San Isidro (Dueñas). Règle des communautés cisterciennes, moines et moniales : se coucher au plus tard à huit
heures, tout habillés, sur une planche revêtue d'une paillasse seule, avec
traversin de paille hachée et couverture de laine, selon la santé ou la saison.
Se lever soit à minuit, soit à une heure ou deux ; au premier cas, repos d'une
heure environ dans la journée. Se nourrir de soupe à l'eau et au sel, de légumes
assaisonnés de même, laitage et fruits en sus. Deux repas par jour et en tout
temps : l'été, dîner à dix heures, souper à six ; et, depuis la Pentecôte, les
mercredis et vendredis, dîner à onze heures et demie ; collation seulement le soir.
L'hiver, dîner à onze heures et demie ou midi ; collation également le soir. En
carême, dîner à midi et demi. Le travail consistait dans la culture des terres et
les soins divers de l'intérieur, y compris les plus gros ouvrages. À la Trappe,
on demandait au novice : Quid petis ? À quoi il répondait
: Misericordiam Dei et vestram. Quand le pauvre humain, battu par les
vagues de la société contre lesquelles on n'a ni force, ni savoir, parfois sans
gouvernail à son frêle esquif, sans un second à la manœuvre, la voilure aux
vents contraires, la boussole trempée, rejeté par la société dans les courants
les moins heureux, semblait proche du naufrage, un pilote attentif s'empressait auprès de lui, le recevait dans une barque solide, garantie, celle-là, contre la tempête. Ce
pilote était le bras du Refuge qui, sans lui demander qui
il était, d'où il venait, où il allait, ce qu'il voulait, le conduisant à bon port, lui
offrait une hospitalité toute discrète sur l'échange de ces simples paroles : Que
voulez-vous ? Et, comme réponse : La miséricorde de Dieu et la vôtre. Non
par ordre formel, mais par dévotion, en signe de recueillement, les moines se
tenaient la tête et le regard baissés. Ils observaient un silence absolu qui n'était troublé par qui que ce soit de la communauté, car les ordres donnés se transmettaient plutôt par signes que par la voix. L'appel se faisait au moyen
d'un claquement de mains. La langue était exclusivement réservée à la prière, échappant ainsi aux dangers de la communication inutile. Elle laissait le religieux
à lui-même, ermite dans la vie cénobitique, solitaire dans la communauté. L'emploi
de la journée ouvrable était dur : lever à 4 heures 1/2 en tout temps. Prières et
messe, jusqu'à 7 heures. Rentrée en cellule pour les soins intérieurs. Déjeuner
à 7 heures 1/4 : soupe, pain sec et de l'eau. Récitation du Miserere
à 7 heures 1/2, en se rendant à la chapelle où se finissait le psaume.
De là, partage entre les moines : les uns rentraient dans leurs cellules, sous le
cloître ou les arbres, à leur gré et suivant la saison, pour y travailler à de
différentes tâches ; les autres allaient aux champs, dans des directions diverses,
afin d'y cultiver d'après les ordres reçus. A chaque heure du travail, une
cloche faisait appel à la prière récitée sur place. Les copistes mettaient de côté
leurs sabliers, les ouvriers des champs déposaient leurs outils et charrues.
Chacun restait sur sa bêche comme sur un tableau classique.

A 11 heures 1/4, tous
se rendaient à la chapelle pour un exercice religieux qui se prolongeait jusqu'à
midi. A midi, marche en rang vers le réfectoire, où attendait un dîner dont le
menu varie peu : la soupe et un plat. Ce plat, tantôt à la viande, tantôt
aux légumes ; quelquefois il participe des deux, assaisonné à la
graisse, sauf les jours maigres. De l'eau, invariablement, pour boisson. Pendant
le repas, lecture de la vie du Saint du jour, suivie de celle d'un Père du désert,
leur patron naturel, faite par l'un d'entre eux. Le cours du manger était çà
et là interrompu, à titre d'humiliation et de pénitence, par le tintement d'une
sonnette qui suspendait tout aussitôt l'action de chacun. Le dîner, tous les
vendredis, se prenait à genoux. A midi et demi, on récitait les grâces à la grande
chapelle. Au retour, repos jusqu'à 1 heure, avec promenade sur
place, ou en occupations facultatives selon le bon plaisir du moine. A 1 heure
1/2, lecture spirituelle et chapelet en commun. A 2 heures, retour aux travaux
respectifs et, dans l'après-midi, rentrée, soit séparément, soit collectivement,
à la chapelle pour des exercices religieux. A 6 heures, souper : un plat de légumes.
A 6 heures 1/2, action de grâces à la chapelle. L'été, reprise des travaux, au
dedans et au dehors, jusqu'à 8 heures. L'hiver, réunion dans une salle générale
de travail, jusqu'à la même heure. A 8 heures, le chant du Salve Regina et de In manus tuas ; puis, les prières du soir. A 9 heures moins le quart, retour à la cellule
pour le coucher que le règlement fixait à 9 heures. Le dimanche et jours de
grande fête, les heures du travail étaient consacrées à la prière. Le chant du Salve Regina, hymne à la Mère de Dieu au rythme lent et grave, mesuré, était interrompu dans les strophes, portant vers
la Reine du Ciel avec plus de solennité, plus de confiance, les soupirs
des malheureux invoquant miséricorde et demandant consolation. L'effet de
cette prière était complété par le plein chant de In manus, antienne
touchante remettant directement à Dieu, après l'intercession du Salve, les âmes exilées qui n'appartiennent plus à la terre et n'appartiennent
pas encore au ciel, et que la pénitence laisse flotter, pour ainsi dire, dans le
vide, sur les ancres de l'espérance. ***

Souvenir (ter). Monter la crèche. Des souvenirs, cette fois-ci, reportés chaque année en notre nacimiento avec
sa cabane de paille, cabane en ruine protégée par un ange et métamorphosée en demeure lumineuse, dressée par nos mains de parents,
couvreuses, charpentières, fermières pour refaire chaque année la crèche où conduit
une rivière en papier aluminium précoupé. Le regard va s'ouvrir pour quelques jours
aux réminiscences de la tradition à travers des chemins de sable, des sentiers
zigzagants entre des métairies en liège, des montagnes en papier, des bois et des
prairies riches en gazon synthétique, et des bergers qui précèdent les trois Rois
Mages, loin derrière à côté du porte-parapluies, sous la glace du
vestibule. Notre nacimiento rappellera comme chaque année les coutumes pieuses
de tant de générations, traditions auxquelles prenaient part grands et petits. Beaucoup de
familles, pratiquantes ou pas, possédaient leur nacimiento. Sous le
chaume des petites maisons en carton-pâte se révélait le souvenir mémorable de
la Nativité, plus ou moins dignement réinventée, du prix minime de la plus
modeste crèche, jusqu'au plus luxueux en détails des maisons plus fortunées. Le
nacimiento était l'occasion de visites réciproques, offert à la curiosité
des parents, voisins et amis et de remémorer ensemble les chers disparus. En souvenir
de la noche buena, de la bonne nuit, de la nuit de l’« événement »,
qu'aux années d’avant le mondialisme nos aïeux célébraient immanquablement coïncidant
avec l'époque où de toutes parts l'esprit est en liesse, le cœur en pleine
expansion, avec le renouvellement de l'année. Le renouvellement calendaire et celui
des vœux et souhaits, des visites et cadeaux à l'occasion de la période nouvelle,
marquée plus par l’allégresse familiale que par des fêtes liturgiques que
personne ne songeait à faire disparaître, à l’époque.
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L’Azerbaïdjan a noué des accords économiques avec les USA, par-dessus la
tête des Russes. Mis à part les ports de Tartous et Lattaquié restés sous son contrôle,
la Russie a dû se résoudre à la destitution de Bachar pendant que l’opération
spéciale en Ukraine, qui concentrait toutes ses forces militaires, rendait
inutiles des années de combats aériens contre les groupes terroristes pour
sauver la Syrie du chaos. La Syrie est aux mains des USA via la mise en place Abou
Mohammed al-Joulani, chef des "égorgeurs modérés", ex-d’Al Qaïda allié de Al Nosra, reçu par Trump à la Maison Blanche, ce qui tend à prouver à la
face du monde que les groupes terroristes contre lesquels luttait l’Occident,
étaient en réalité des proxys des USA mis au pouvoir pour contrôler le pays,
par la répression des chrétiens et des alaouites. Dans l’UE, les oppositions
aux gouvernements en place nous ennuient avec la lutte contre le
fondamentalisme musulman en se voilant la face sur le fait que les
terroristes d’Al Qaïda, de l’ISIS, ont été financés par les USA via le Qatar
pour détruire les structures étatiques de la Syrie. Pire, ils cautionnent la
prédation du pétrole syrien par les US avec le soutien militaire d’ « Israël »
qui soignait sur son sol les terroristes d’Al Nosra. Le Venezuela, loin de la
Russie, aussi est en proie à des tentatives incessantes de déstabilisation par
les USA. Si l’UE met finalement la main sur les avoirs russes, actuellement gelés,
c’est-à-dire les vole pure et simplement pour financer le réarmement du clan
Zelenski, ce sera un coup très dur porté à la Russie et aux relations internationales « basées sur des règles », pour parler comme ces rigolos se plaisent à mentir de vive voix.
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| égorgeur première mouture |
le même, devenu leader mondial acceptable
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Les ineptocrates restent au pouvoir. L’ineptocratie est « un système de gouvernement où les
moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où
les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à
réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par
la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en
diminution continuelle. » Pour que les gens supportent cette vie de merde
il faut qu’ils soient médiocres ! Pour supporter de bosser dans le
tertiaire dans un de ces bullshit job il faut être vraiment dans le besoin ! Au début, le
confort moderne, la possibilité d’accéder à la propriété, des salaires
cohérents par rapport au coût de la vie, etc. permettaient aux gens de supporter
le salariat. Par ailleurs un grand nombre d’emplois était dans l’industrie, si
bien que les gens, du monteur dans une chaîne à l'ingénieur, avaient néanmoins l’impression de contribuer à quelque chose dans
la société. L’ouvrier passait peut-être sa journée à visser des boulons, mais au
moins à la fin, il voyait le résultat final de ce à quoi il avait
participé : une voiture, une machine à laver, des trucs utiles et
identifiables. Or aujourd’hui, avec les bullshit jobs du tertiaire, les gens
sont déconnectés du monde réel de la production. Même quand quelqu’un vous informe
de son job, il est obligé de vous expliquer pendant des minutes. Après ces longues
minutes d’explication, vous n’avez toujours pas compris ce qu’il fait ! Alors que l’individu qui vous disait je suis boucher, pâtissier,
ouvrier chez Renault, ingénieur des ponts et chaussées, chirurgien, on
comprenait tout de suite, sans besoin de plus d’explication ! Donc, ces gens, il a fallu les abrutir pour qu’ils se contentent d’une vie d'ilotes. Avec l’automatisation, via l’IA et la robotisation, cette masse corvéable à merci sera
de plus en plus nombreuse et il va forcément falloir encore plus des mesures de contröle de masse pour éviter une catastrophe. Cela ira jusqu’à
la légalisation totale des stupéfiants, voire même l’injonction discrète en microdose
d’anxiolytiques dans l’eau, la nourriture et, bien entendu, les méthodes de
dépopulation comme les injections stérilisantes, la guerre, etc.

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Depuis quelques jours, je ne suis qu’un gamin de 72 ans, un peu fatigué mais
lucide. Dans mes papiers, et ça dure depuis 2014, j’ouvre irrévocablement
les yeux devant des choses que j’observe. Et puis le temps me passe dessus. Je
n’ai aucune influence sur quoi que ce soit, et les problèmes qui me préoccupent
ces derniers temps n'éveillent aucun sentiment particulier ni aucune réaction
chez quelqu'un, qui ne suscitent ni l’intérêt ni l’émotion de qui que ce soit.
Cela implique un manque de réaction, d'enthousiasme ou de préoccupation qui me
fait penser que ces personnes ne se sentent pas concernées par ces sujets (opération
spéciale en Ukraine, extermination des Palestiniens, folie étatsunienne, suicide
et liquidation de ce que je croyais être « la gauche », etc.). Ceux
qui, comme les imbéciles sectaires de la pseudogauche et ses satellites, nient ou
minimisent ces mêmes problèmes sont des ordures ou des cons absolus. Pour ce
qui est du blog, je crois qu’il devra survivre quelque temps. J’aime bien le
faire, communiquer un peu, mais tout a une fin. Sans doute prochaine. On verra bien.

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