Aujourd’hui, j’ai longtemps écouté les oiseaux gazouiller au sommet des pins, en bas de chez nous. Ils s’en donnaient à cœur joie, dans la rue, vers sept heures et demie du matin. Bref moment de bonheur offert par surprise. Sans début, sans enchaînement, sans sens. Notre vie n’est qu’une suite de moments inespérés à force d’être attendus. Mais dites-moi, est-ce que la vie de tels ou tels personnages qu’on voit plastronner sur nos médias dans toute leur magnificence en a, du sens ? Un sens moins capricieux que celui de la nôtre, moins risible dans son exorbitante prétention ? Les oiseaux, au moins, ne sont pas des prétentieux. Lecture au balcon, sans la musique habituelle d'accompagnement, en silence, des quelques pages par jour que je peux m'offrir, sans rien faire d’autre. Repos du portable. Sans bourdonnement de conversations dans mes oreilles, dissipant tout brouillard mental traversé de pensées-comètes qui se sont accumulées après les rêves de la nuit. Lecture pour restaurer une atmosphère sonore d’intimité baignant dans un silence positif. Non pas le silence lugubre du néant, mais celui propre à accueillir le bruissement des peupliers de la piscine et des palmiers de l’hôtel en bas, le glissement rapide et infatigable, en cercles, des martinets, la vibration des chants du merle derrière les pins.
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Bruit de rédaction. Personne ne songerait à dire que la vie politique espagnole n’est qu’élégance des comportements, respect de l’adversaire et hauteur de vue politique, mais j’ai beau chercher, je ne trouve rien qui atteigne le niveau de la violence déployée ces derniers jours au profit de l’homme le plus détesté par la rue et superpuissance du marigot gouvernemental, P. Sanchez, par les déclarations réitérées de trois de ses séides de choix, des ministres en exercice, cette fois-ci : la ministre de l’éducation (!), le ministre de la transformation numérique et de la fonction publique et la ministre des finances et vice-présidente, contre l’homme le plus détesté par le parti sanchiste et ses alliés, le capitaine J. V. Bonilla, l'un des responsables de l'Unité Centrale d'Operations, police judiciaire de la Garde civile. Le tout, en temps réel, face aux caméras et en toute tranquillité, par médias subventionnés et réseaux sociaux interposés, devant le pays médusé. L’indécence au sommet. La honte internationale. Et sans rectification, s’il vous plaît !
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Avant, les socialistes, c’était le monde ouvrier, les classes dites laborieuses, le mythe du congrès de Suresnes, les syndicats, la gauche, le social. Aujourd’hui, ce sont des bourgeois affairistes et des corrompus doublés d’abrutis et d’incompétents wokisto-sorosiens qui n’ont que faire de la fidélité de chien de leurs votants, inexplicablement attachés à des sigles vidés de tout sens, flottant au-dessus de vieux drapeaux depuis longtemps abandonnés. En cinquante ans, le socialisme espagnol a été infiltré, dégradé et renversé, jusqu’à devenir son pire ennemi. Mais il y en a qui ont su en profiter. La puissante social-démocratie teutonne n’a pas gaspillé son argent pour rien. Son investissement s’est révélé rentable pour certains … Je contemple ébahi sur YouTube, ce matin du 4 juin à garder dans les annales, une insupportable cruche bavarde et imbécile pérorer autour de sa sordide vie d’espionne sanchiste à la petite semaine, très sûre d’elle-même, décrivant d’invisibles conspirateurs. Elle, surprise la main dans le sac dans les pires manigances orchestrées par sa bande, parlait en particulier de corruption de « la droite » (elle a bon dos, « la drouaaate » !) disant énormément de bêtises d’un ton abrupte qui me mettait en fureur. N’y tenant plus, j’ai arrêté mon portable à la fin, quand l’irruption subite d’un autre clown du même cirque sanchiste, a bondi parmi le public de journalistes en folie, pour l’interpeller sèchement. Mélange d’indignation et d’amusement devant les manières d'andouille calibrée de cette « militante suspendue par espionnite aiguë ». « Temporairement ! », confie-t-elle crânement. Je crois que j'ai été estomaqué à la fois par son culot et par sa flegme. Quelle étrange journaliste, que cette « militante déchue » - tout juste avant sa comparution devant la presse - qui n’a jamais rédigé une ligne de sa fade existence ! Déjà au téléphone, alors que ses interlocuteurs l’enregistraient, et qu’elle prenait son pied en mettant son nez dans les pires affaires montées de toutes pièces contre les juges, les journalistes, les comploteurs qui compliquent la vie du Big Boss pour qui bat son cœur, les machinateurs contre sa famille et les adversaires de sa meute médiatique, autant dire ses larbins, elle a laissé pour la postérité des traces de sa bassesse et des preuves indélébiles de sa stupide sottise de chèvre. Ce que les commentateurs de l’actualité au cours de la journée prenaient pour des acrobaties de cirque, c’était simplement de la saleté, de l’indécence passant sans transition à l’obscénité. Je veux imaginer que cette désinvolture aura des conséquences très lourdes. Je me trompe sans doute. Big Boss semble indéboulonnable tant que les oligarchies territoriales tiennent à ce que leur contrôle, qu’elles font passer pour « l’équilibre du pouvoir », ne soit pas fragilisé par des courants ouvertement de droite, qui risqueraient de faire sauter la chaudière, car russophobes sans frein, pro sionistes sans masque et otanistes sans complexe.
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Oups ! C'est pas lui ! |
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Lu l’article du philosophe farouchement pro-sioniste G. Albiac : « Qui a peur de Vladimir Jankélévitch ? » Paternaliste, condescendant, peut-être, mais pas poseur pour un sou, comme le prétend certain blogueur qui l’affuble injustement du qualificatif de « filósofo cursi ». Contrairement à ce que l’on croit, ce prof de philo terriblement orgueilleux n’est pas vaniteux. Je ne l’ai jamais vu (conférences, vidéos, etc.) crâner. Il peut être pris par certains pour poseur ou pour terriblement sourcilleux, mais je ne le trouve pas particulièrement narcissique. Je ne sentirais pas faillir mes jambes s'il venait m'offrir L'Imprescriptible (Pardonner dans l'honneur et la dignité) de Monsieur Jankélévitch, dont la lecture demeure obligatoire pour savoir de quoi on parle quand on parle de « victimes » et de « pardon ». C’est la détresse et c’est la déréliction du coupable qui seules donneraient un sens et une raison d’être au pardon. Si le coupable est « gras, bien nourri, prospère », le pardon est, pour ce philosophe, « une sinistre plaisanterie ». Mais je me permettrais de lui proposer la lecture de Yeshayaou Leibowitz, histoire de lui rabattre un peu le caquet.
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Le Prophète de la Colère |
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On pourrait faire un linceul comme celui de Turin, avec ses propriétés physiques, chimiques et optiques ? Certains affirment que c’est encore au-dessus de nos capacités, car il n’y a, à leurs dires, aucune trace de la main de l’homme… aucun pinceau, aucune coulure, aucun pigment. Rien que le silence du lin et la caresse d’un mystère ancien. Les spectres de la spectroscopie, modernes nécromanciens de la matière, hurlent dans le vide : rien n’a été peint. Pas même un soupçon de trahison chromatique. Ce n’est pas une œuvre, c’est une empreinte. Une présence. La symétrie en négatif photographique. Lorsque l’image s’inverse, elle parle. Elle se redresse, se précise. Elle s’humanise. Qui, au Moyen Âge, aurait pu prévoir cela ? Une ironie : ce que l’œil nu ancien ne voyait que faiblement, la lentille photographique, bien plus tard, révèle avec éclat. Un faussaire n’anticipe pas un procédé inventé des siècles plus tard. L’oxydation des fibres, ce n’est pas de l’encre, ce n’est pas du sang versé en pastiche. C’est une microscopique brûlure solaire, une morsure de lumière, un baiser du néant sur les fibres du lin. Oxydation. Déshydratation. Mais point de destruction. Et l’humanité moderne, avec son arsenal de lasers et d’arrogante IA, ne sait toujours pas comment faire cela sans détruire le support. L’information tridimensionnelle : ce linge plat contient de la profondeur. Des données de relief. Des gradients de distance. Plus proche, une image qui se transforme en sculpture virtuelle, un linceul qui devient topographie de chair défunte. Cela n’est pas un simple dessin. C’est un moule spectral. Qui, quand, et surtout, comment, sans jamais réapparaître en gloire pour réclamer l’admiration éternelle ? Un artiste de génie ? Un miracle ? Une ombre bien plus ancienne, rieuse, qui aime les énigmes sans réponse ?
Sitographie pour dévider l'écheveau
http://www.bibleetnombres.online.fr/suaire.htm
http://www.bibleetnombres.online.fr/saint_suaire.htm
https://sombraenelsudario.wordpress.com/
https://mobile.agoravox.fr/actualites/religions/article/malgre-l-emission-d-arte-du-3-72844
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