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Un court orage extrêmement violent, à vingt-deux
heures, ne change rien à la forte chaleur. « Vous écririez vos souvenirs d’enfance/jeunesse
plus en détail ? » me demande un ancien collègue bien irlandais depuis Bayonne,
les doigts rapides sur l’écran de son portable. « Faut absolument que je
m’y mette sans plus attendre, cher ami », lui réponds-je peu désireux d’engager
une telle tâche. À quoi bon décrire mes métamorphoses
intellectuelles depuis mon enfance ou l’adolescence ? Ça intéresserait qui, je vous le demande ? La forte chaleur
et une morosité assommante me font renoncer. Mais au même moment, la machine à
remémorer se met involontairement en marche. Au départ, famille réellement dans
le besoin, « les pauvres, c’est tendance » comme l’assure l’épicurien
Patrick Sébastien. Fils de travailleurs agricoles très durs à l’ouvrage. Peu à
peu, après une école rurale sans histoires et plutôt modérément fréquentée, école gratuite des frères lassalliens et goût progressif
pris aux études et à la littérature, notamment sous l’influence d’une prof de
français providentielle, au lycée. Longue et ennuyeuse tâche, à force de
pénibles coups de rame à contre-courant notamment dans ce navire de fortune de la mémoire, au milieu des vagues survolées dans l'évocation d’une enfance heureuse et chaotique, soumise à
toute forme d’autorité.

Franchir ces étapes, plus ou moins dures pour tout un
chacun, n’est pas suffisant à produire un texte captivant. Mon ami Christian Foulon, à bien été capable, lui, de tisser ces liens si délicats pour en arriver à créer tout un roman. Moi, je me m'en sens pas capable. Il faut dire que non
seulement la matière est ingrate, mais qu’en outre, à part certaines étapes bel et bien extraordinaires grâce à des parents très présents, peu troublés par la médiocrité de leurs
respectifs milieux claniques, elle devrait être traitée sur le ton
besogneux d’une sociologie classique qui se repaît de clichés sur la différence entre les
classes : prise de conscience, fierté de fréquenter des personnages
vaguement anarchistes, ou des gloires périmées du PCF ou du PCE. Obsédé longtemps
par la classe sociale, j’ai vu un peu partout du privilège et de l’oppression,
de l’héritage et de la distinction. Fort heureusement le monde privé individuel
ne se déroule pas exactement comme dans les courants sociologiques, car il excède leurs
règles, et ma propre trajectoire est un contre-exemple du déterminisme marxiste
par l’écart imprévisible de ces normes. Pour ce qui est du domaine intime, dans
l’analyse de mes rapports avec ma sœur et son entourage, j’aurais toujours du
mal à expliquer qu’il y a eu au moins deux malentendus. D’une part, par sa prétention à n’avoir pas pu échapper, comme moi, à la fatalité de notre
modeste milieu d’origine. Pur determinisme. Mais moi, je vois bien après-coup qu’elle s’est arrangée pour
suivre ses desseins comme elle l’a voulu, dans un milieu pas si modeste que ça,
et socialement supérieur au sous-prolétariat dont nous procédions. D’autre part,
je pense que nous étions attachés l’un à l’autre de façon asymétrique, avec
presque dix ans d’écart, et par des penchants différents. En tout cas elle
semblait se considérer comme une maman bis envers moi, avec l’ambition de le rester
à jamais, y compris quelque temps après avoir rompu les amarres pour des
raisons d’âge entre autres. Je voulais vivre, libre, ma vie et elle a eu sans
doute du mal à l’accepter. Enfin, c'est ma supposition, sans que cela change grand-chose
au développement postérieur de nos trajectoires. Accessoirement, je me suis
trouvé un petit sujet de méditation à un moment donné, pour montrer que ma mère,
veuve, vivant avec sa fille, son mari et ses enfants pour le restant de ses
jours, me blessait à conscience évoquant en parallèle le rituel compliqué de nos vies : « Tu
as toujours tout eu sur un plateau d’argent, pas comme ta sœur ». Musique
qui m'a servi, depuis, de fond sonore. Pour ma part, je me dis que si j’ai vraiment
eu des privilèges, le principal aurait été celui d’avoir eu à me colleter avec de
multiples plateaux, verres et couverts, mais pas en argent ni autour d’une
table bien garnie. Mais tout cela, je l’ai déjà posté pour me décharger de
ce poids, d’une espèce de bile accumulée après des longues méditations solitaires à ce
sujet. Si ça se trouve, tout ce que je radote n’est vraisemblablement que purement
imaginaire !
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Le criminel de guerre Netanyahu précise, modeste : « Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont le peuple des ténèbres, et la lumière doit triompher des ténèbres » On avait rasé l’Allemagne parce que les Allemands avaient voté Hitler. Les sionistes rasent Gaza parce que les Gazaouis ont voté pour le Hamas. La large majorité qui adhère au
mythe d’Amalek est parfaitement à l’aise avec l’option « faisons aux Palestiniens ce que les États-Unis ont fait aux indiens », en se disant qu’en moins d’un siècle le résultat sera aussi indiscutable qu’aux États-Unis. Seulement « Israël », ce n’est pas une nation, c’est une enclave US, un poste avancé, une colonie. Et le problème de savoir qui veut continuer la guerre ou qui veut arrêter est déjà résolu : curieusement, depuis plus d’un an et demi, les Palestiniens préfèrent vivre sous les tentes et mourir sous les bombes plutôt que de partir, cependant qu’en moins d’une semaine, des milliers d’« Israéliens » quittent leurs maisons par tous les moyens possibles pour échapper à la guerre.
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Propositions dystopiques pour une paix définitive : expulsion de tous les juifs de Palestine sauf ceux dont la famille y vivait avant 1947 ; dissolution de l’état terroriste Israélien dont l’existence n’est plus justifiée au vu de la violation de toutes les résolutions de l’ONU ; procès international contre les criminels de guerre Israéliens, c’est à dire un tribunal composé majoritairement de Palestiniens de Gaza et de la diaspora palestinienne, sous contrôle de l’ONU. Prison pour tous ceux qui se seront rendus coupables de crimes contre l’humanité, crimes de guerre, facilitation de génocide, ou propagande pro-génocide, selon les modalités et le barème décidé en 1946 à Nuremberg ; rapatriement de tous les « israéliens » dans leurs pays d’origine dans lesquels ils seront placés sous surveillance et punis de manière appropriée par la loi s’ils propagent l’appel à la haine sioniste ou le révisionnisme tendant à nier ou à minimiser le génocide palestinien ; interdiction de l’utilisation du drapeau Israélien sur le modèle de l’interdiction du drapeau des criminels de guerre nazis, et interdiction de diffusion de la littérature sioniste.
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Notules pour faciliter la compréhension d’un
contexte complexe:
– le sionisme est un nationalisme ethnique
radical tardif né en Europe centrale sur les marges laïcisées d’un courant
religieux pratiquant une stricte endogamie. Seul un fantasme, d’origine
religieuse, le relie à la Palestine ;
– l’entité sioniste est un État colonial
où des colons allochtones, majoritairement issus de pays occidentaux, imposent
de manière brutale leur domination à la population autochtone ;
– l’engagement aux côtés des
« sémites » de la résistance palestinienne est un acte de justice aux
antipodes de toute notion d’antisémitisme, une fois que l’installation de l’« entité
sioniste » s’est consolidée en piétinant le droit international et les droits d’une
population abandonnée à son sort avant même la création de cet État fantôme livré
au saccage des ressources et à la destruction impitoyable des populations
locales, faits historiques largement documentés. Malgré tous les malgrés, malgré tout ce
qu’on peut voir et constater pour peu qu’on se donne la peine de le faire, une
presse en dessous de tout et des intellectuels corrompus et / ou complices s’extasient d'enthousiasme sans états de conscience devant l’« entité
sioniste », terre de lait et de miel, démocratie progressiste toujours en danger par l'obscurantisme des Arabes, ces pouilleux fanatiques, ces arriérés. D’autres sont systématiquement accusés de tout et n’importe
quoi, out tout simplement censurés, annulés, quand ils s’engagent en faveur de la
Palestine occupée et martyr. Et cette dichotomie solidarité / complicité va se retrouver autour de ce débat selon les positions de chaque force
politique, de chaque personnalité médiatique ou professionnelle, en fonction des
affinités avec les tout-puissants sionistes ou avec les ailes chrétiennes ou laïques de la résistance palestinienne
(FPLP, FDPLP-CG, etc.), au-delà du Hamas, majoritaire, ou d’autres courants et
sensibilités islamiques. Autant de forces multiformes qui peuvent, dans
certains pays et dans certaines circonstances, être des alliées contre le l’impérialisme
américano-sioniste partout dans le monde..
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Concernant le 7 octobre 2023, parler de «
violences islamistes », de « barbarie », préciser qu’on les dénonce, qu’on ne
les cautionne pas et dissocier le Hamas du peuple Palestinien, revient à
reprendre à son compte la doxa du système anglo-américain et otaniste. Que l’on veuille considérer le 7 octobre comme un acte de terrorisme, soit, mais il faut se
souvenir que le terrorisme a été largement utilisé par les organisations
sionistes telles le Groupe Stern ou l’Irgoun avant l’imposition, réussie, de leur État.
En l’espèce, il a été utilisé par le Hamas non pas parce qu’islamiste mais
parce que mouvement de libération nationale. La solution à deux États formulée du bout des lèvres par quelques personnalités (Sanchez et Macron, proches de chez nous, entre autres) et
quelques groupes politiques apparemment radicaux mais « très sages » ne nous
concerne plus. Depuis des années on sait que la seule solution pour la Palestine
passe par la constitution d’un unique État démocratique et laïque réunissant la
Palestine et « Israël ». Thèse d’ailleurs partagée par nombre d’ « Israéliens »
d’hier et d’aujourd’hui classés à gauche, tels Martin Buber, Judah Magnes ou M.
Benveniste ou très à droite comme Tzipi Hotolevy, et de nombreux Palestiniens
tels Naim Khader ou Edward Saïd, qui eux aussi prônaient ou prônent encore
comme la seule « alternative face à une réalité du terrain qui rend
irréalisable un État palestinien viable. La problématique de création d’un
“seul État laïque” avec l’exigence de l’égalité des droits civiques et
politiques pour tous reste l’issue inéluctable qui réglera définitivement ce
conflit » (La Croix).
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