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samedi 3 août 2024

Juinistes, inexistants ; "septembriseurs", de triste mémoire ; juilletistes aux oubliettes, place nette aux aoûtiens !

Depuis le vingt-neuf juillet j’ai la sensation d’avoir ma bouche occupée par un truc étrange. Une prothèse appelée « attelle de décharge » censée me protéger contre le grincement et l’usure dentaire. La prothèse est réellement commode et demande un entretien des plus faciles. Je la mets dans mon maxillaire supérieur et me couche avec une drôle d’impression buccale. Revenu pour l'heure indiquée deux fois au cabinet du dentiste, car il y avait eu erreur de prothèse il y a une semaine, j’ai a peine patienté avant que la prothésiste vienne me chercher et me conduise dans une pièce drôlement équipée. La première fois, son collègue était intervenu durant un quart d’heure pendant lequel il me détaillait chacun de ses gestes « je nettoie » « je désinfecte » « je rince » « je sèche ». A l’issue, j’ai un nouveau gadget pour ma santé. En deux mille deux on me l’avait déjà proposé et, tout fiérot, je n’en avais pas voulu. Et pour passer tout à fait à autre chose : E. Leclerc veut que je m’inscrive à une sienne lettre de niouzes. Il devrait se doter d’un traceur plus performant. On ne se sert plus de sa carte du magasin depuis qu’on a vendu notre appart ! Et avant, ses services online n’étaient pas foutus de régler un tout petit problème de connexion. Alors …

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Perdre la tête pour une page où il y a un nom de traductrice. Qui se comportait, quand je l’ai connue, comme si l’univers lui était redevable de quelque chose pour appartenir au requinat professoral. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les traducteurs de ma connaissance, Jaione A., Bego M., Albert G., entre autres, mais là, j'ai eu une surprise. Comme si le temps revenait en arrière. Comme si la saleté et la bêtise voulaient se réintroduire dans mon paisible exil de retraité. J'ai trouvé un très beau texte, Les yeux de Monapar hasard, en lisant une critique sur autre chose. J’ai l’acheté en français et en espagnol, pour le proposer à des amis lecteurs avides de lecture mais pas forcément francophones, et parcourant rapidement les deux versions numériques, j’ai découvert le nom de la traductrice qui m’a estomaqué. Elle doit avoir déjà dépassé la soixantaine et je l’imagine toujours le teint sombre et maigre à faire peur, avec son visage peinturluré de maquillage et accoutrée de vêtements moulants aux détails loufoques, se portant fièrement pour impressionner la galerie et cultiver ses lubies. Intrigante et répandant du fiel autour d’elle, langue de vipère sans égale, on aura facilement deviné qu’elle n’était pas précisément, ma collègue préférée. Je n'aimais pas sa voix, mais elle avait incontestablement le talent par excellence de semer partout la zizanie. Quand on m'opposait qu'il ne s'agissait là que des micmacs sans importance, propres du personnel du microcosme de chaque département, je devenais fou. Elle me tenait pour rancunier - mais pas pour fou ! et se conduisait en conséquence. J’ai passé des heures à tenter d’amadouer ce simple mot, pourtant dur comme un supplice. Qui me revient à chaque occasion avec la même sonorité menaçante du mot rancune, auquel mot on ne prête pas attention, tant il est ordinaire, qu'on emploie sans y penser dans des tas de conversations et qui, soudain, nous éclate à la figure et à l'oreille. Je me demande alors comment on en était arrivé là, comment, d’incident en incident, d’anecdote en anecdote, de situation en situation, cette notion s’est durcie en accumulant en elle cette hostilité ineffaçable, ces syllabes, ces racines. La première fois que j’ai rencontré cette bonne femme, mon esprit de défense inné a fait violemment irruption en ma conscience, de la même manière qu'en redécouvrant ses traits, à la simple lecture de son nom, j'ai revu ce visage et je l'ai imaginé identique de celui que j’ai vu il y a presque trente ans, en quatre-vingt-dix-sept du siècle dernier. Le contrat d’indifférence tacite entre professionnels est aujourd'hui caduc. Tout ce que je pourrais écrire désormais passera inaperçu et tombera en poussière. Cette partie d’hostilité de chaque côté, qui rendait la différence entre nous irréconciliable, n'a plus de sens depuis longtemps. D'après ce qu'on me dit, les élèves après-covid d'aujourd'hui ne perdent plus la tête en comparant des pratiques concrètes de chaque enseignant. Si une certaine rancune fatiguée se faisait entendre dans mes propos, elle représenterait mon incapacité à effacer à jamais des différences essentielles entre nous, concrètes, tangibles, dans un passé qui ne finit pas de passer. C'était patent à l’époque, manifeste. Charnel et palpable.


Deux manières d’enseigner et de proposer d’apprendre qui provoqueront à l’infini, tant qu’il y aura des profs, presque biologiquement, l’affrontement et des prises de position qui ne sont pas de bon augure. Il y a des trajectoires qu'il n'est pas bon d’explorer. Une quantité considérable de professeurs sont des obèses de l’intellect qui croient pouvoir ne plus jamais se nourrir parce que la (petite) quantité de nourriture qu’ils possèdent est en eux pour toujours. Les déchets qu'ils produisent ne les effraient pas, c'est la seule voie admise, et fortement encouragée, pour une carrière. Des grillages protecteurs partout, des normes truculentes partout, du chiffre partout, 
à leur avantage, du léchage de botte hiérarchique. Mais rien ne vaudra jamais un cours bien exécuté par une vraie voix, dans l'isolement d’une salle de classe. L’enthousiasme, oui, c'est le seul symptôme réel, la seule vraie maladie pour sauver l’enseignement supérieur. Avec les autres enseignements. L’arriviste de notre époque est désormais si épais et cynique qu'on peine à distinguer autre chose, dans la forêt de signes galvaudés qu'il émet. Suis-je réellement rancunier ? Pas suffisamment, en tout cas, selon le cas. L’épouse du joueur du bonneteau qui nous gouverne, par exemple, n'a plus aucune limite, et elle ira jusqu'au bout de la laideur et de la bêtise, sans vergogne ni hésitation, se donnant des airs de martyr. Son ignoble de mari a déjà au départ la prestation médiatique dans le sang, cet imbécile. Le discours de leurs larbins n'arrête pas de sonner dans le vide, un discours sans lassitude : ils sont beaux, ils sont bons, ils sont justes. Ils triomphent partout. Taisons-nous. Sans rancune.
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J'ai du mal à combattre le positionnement moyen-oriental de mon pays, de beaucoup de mes proches, de pas mal d'amis. En ce qui me concerne, je condamne sans réserve le pilonnage assassin de la bande de Gaza qui a pour but l’éradication de la population et le déplacement des survivants. Survivants qui viendront, pleins d’esprit de vengeance nous demander des comptes en nous méprisant pour ne pas avoir levé le petit doigt durant leur insupportable agonie. Je serais hostile à l’occupation arabo-musulmane de mon pays. Mais, de la même manière, je suis contre toute occupation d’un pays arabo-musulman par un autre, même au nom de la démocratie, des droits de l’Homme (quel homme ?) ou de je ne sais pas trop quel genre de souffrance millénaire sans nom. Que le Président à vie de mon pays se montre favorable à un État palestinien, après avoir laissé tomber les Saharaouis et sans couper concrètement, réellement, les ponts avec les génocidaires sionistes, me semble après un instant de surprise favorable, une incohérence de plus dans son palmarès d’incohérences et un calcul de bas étage pour flatter le fonds de poubelle idéologique électorale qui lui permet d’exister.

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Né dans un bled perdu, début années 50 dans une famille à ressources très limitées, je suis infiniment reconnaissant à mes parents de m’avoir simplement fait aimer mon pays au quotidien, sans idéologie ni micmacs politicards droite-gauche. Mon Espagne, c’est la découverte fascinée de son Histoire dans les livres de l’école, de ses paysages et de sa spiritualité : ma petite mère me faisant contempler dans la nuit tombée les étranges figures des étoiles ; nos balades dans les champs où, à sept ans, je découvre ce qu’est l’intérieur de l’église magnifique de mon village ; les promenades avec elle pour ramasser des herbes pour nourrir nos lapins avec des arrêts à chaque ligne de peupliers par la découverte éblouie d’une plante rare, d’une trace de bestiole, de la silhouette merveilleuse de l’église au loin ou sa générosité sans limite lors des visites surprise des membres de la famille de l’extérieur, presque toujours pour faire chier et se taper de la bonne nourriture loin de leurs villes pourries. Coup de foudre de mon enfance ayant orienté mes futures études : le bahut où ma mère gardait deux trois livres de légendes du Moyen-Âge et des piles de revues en piteux état (surtout La Illustración española y americana). Après viendrait la France et la découverte de gens comme nous et l’émotion devant les merveilles de Paris et du Sud-ouest. Et le Pays basque, cette planète engloutie... Les homoncules déracinés, incultes et prétentieux soutenus par l’oligarchie mondialiste représentent à mes yeux le contraire de ces univers disparus. Il n’y a guère à barguigner : ou on fait le choix de ce qu’on connaît parce que sien ou tout disparaîtra sans laisser la moindre trace.
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Le système actuel est irréformable et ce n’est pas avec des solutions comme les élections que l’on y changera quelque chose c’est pour cela que je vote plus. Ce genre de cérémonie est abjecte, mais ce n’est pas en discutant quinze jours dessus que l’on convaincra quiconque : les convaincus le sont déjà et l’on aura été encore une fois distrait sur les vrais problèmes car cette cérémonie n’est pas un problème en soi mais un épiphénomène. Pour résumer, si des solutions existent elles ne sont pas dans les élections ou l’indignation. Elles sont à chercher dans quelque chose de nouveau et il ne faut pas perdre son énergie à essayer de recycler ce qui est obsolète.
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Le Maroc, c’est la deuxième Ukraine du monde et la base de repli des sionistes au cas où ça chaufferait trop aux Proche Orient … Même les dirigeants saoudiens sont plus dignes que les dirigeants du Maroc (source : journaliste iranien; le fraîchement libéré P. González, « espión de Poutine » selon les Polacks, n'a rien à voir).

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