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lundi 29 juillet 2024

Le ressac nous bouscule dans l'océan du temps


Je ne souhaite plus publiquement l'anniversaire de personne sur un réseau social, mais au cas où j’aurais toujours mes anciens abonnements facebook, twitter, tumblr, etc., j’aurais sans doute fait une exception pour mon gendre. Ce qui aurait été une manière de le saluer et, surtout, une façon discrète de rappeler à ceux qui l'ignorent que cette personne si proche et si chère venait d'avoir l’âge le plus propice au bonheur. Il doit y avoir énormément d’amis et de connaissances qui s'adresseront aujourd’hui directement à celui à qui je présente mes vœux écrits dans ces non-lieux numériques pour partager avec lui un moment heureux de cette journée. Et s'ils lui souhaitent un bon anniversaire, ce qui est très bien, moi, je veux lui écrire deux mots pour lui exprimer discrètement une admiration et un attachement largement mérités. Voilà, c’est fait. Il sait déjà ce que je pense et comment je pense.


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Je n'avais jamais imaginé que ma sœur, à cinq ans, ait pu souffrir autant de la mort de notre petit frère, Jésus, à l'âge de trois ans. Trois ans, c'est bien jeune, et cinq années, c'est bien court, pour avoir une vie en commun et des souvenirs. Et pourtant, si j'en crois ce qu'elle nous racontait il y a quelques jours, la blessure est bien là, profonde et tenace, et le souvenir bien vivace dans sa tête. Notre mère était peu bavarde là-dessus, sauf avec R. Et je savais à quel point a été insupportable la souffrance de mon père après cette perte. Ce petit Jésus aux boucles blondes – longtemps gardées dans un reliquaire en argent – dont la vie avait été trop tôt emportée. Je me rends compte maintenant que notre barque pour naviguer dans la vie a eu sept passagers : mon père, ma mère, ma sœur aînée Candelas, Jésus, un autre petit étranglé par le cordon ombilical au moment de naître, une toute petite Juliana décédée deux semaines après sa venue au monde et moi en dernier, à qui on a donné le même prénom du défunt Jésus. Il y a un peu plus de huit ans entre l’aînée, Candelas, et moi, le plus petit, seuls survivants. Nous ne pouvons même pas imaginer la douleur de ceux qui nous ont mis au monde mais je me demande s’ils ne sont pas morts avec ce chagrin de n’avoir pu garder ces trois petits cœurs qu’ils avaient fait battre pour vivre longtemps et heureux.


samedi 27 juillet 2024

Chaumes brûlants

 


Il aurait fallu nous payer très cher pour un déplacement pareil. Démarche double : visite à notre beau-frère très malade et démarche de clôture d’un compte bancaire ne servant plus à rien. Subir durant des heures et des heures les échos débiles, les critiques très connes, sans intérêt, sans raison, adressées aux uns et aux autres, les admirations politiques pourries, les discours et contre-discours, les interprétations et les analyses de mon autre beau-frère fidèle toujours à ses tambours médiatiques habituels … Tout le cinéma ordinaire qui accompagne inlassablement ce genre de visites, toute l'épilepsie sociale qui rythme inéluctablement le vide massif qui règne dans des vies désormais condamnées à tourner dans le néant. Je n'avais besoin d’imaginer, je savais déjà ce que ce voyage serait, bien avant qu'il ne commence : une espèce de Groundhog Day. Des images, des conversations, des souvenirs qui se répètent depuis des années. Produisant tous le même tapage, utilisant les mêmes sornettes, jouant sur les mêmes ressorts, les mêmes anecdotes, quel que soit le prétexte qui semble les faire resurgir du passé. La nullité et l'arrogance portées à leur paroxysme.

Comme s'il pouvait en être autrement. Ces fréquentations rapides n'ont pas d'autre but qu'elles-mêmes et ne pouvaient donc jamais nous surprendre. Et pourtant. De cette nuit de la Saint-Jacques, je retiendrai qu'il faisait une brise très faible mais très fraîche, après une journée torride. Qu'il faisait très chaud dans notre chambre avec une clim un peu bruyante qui paraissait dater un peu. R. a très mal dormi. J'ai remémoré peines et délires anciens et enregistré les vieillissements graduels de nos proches. Ma sœur veillant de près le bon état de son mari et éternellement entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, sans une seconde de trêve. Les champs céréaliers au loin sont restés dignes et silencieux toute la nuit, sentant le blé fraîchement coupé. Entre cette chambre d’hôtel et notre jardin d’Elatzeta, toute une éternité.


mardi 23 juillet 2024

De viaje con la tartana. Atajos.

 


Pensando, pensando. La entidad sionista está borrando Gaza de la faz de la tierra, muerto a muerto, bomba a bomba, y prosiguiendo con el robo y colonización de nuevos territorios en Cisjordania. No es Oriente Medio, Próximo ni mediano porque se trata efectivamente de un fenómeno occidental en su totalidad. Una bomba de fragmentación para el mundo en su conjunto desde su intención declarada de volar por los aires todo lo musulmán, vivido como amenaza ya que no se deja expropiar, maltratar y masacrar tranquilamente. Una locura posibilitada por la complicidad indefectible del conglomerado angloamericano y europeo. Con la colonización de las Américas, Europa se convirtió en todopoderosa. Y cuando los nuevos Estados Unidos mezclaron la industria inglesa con sus territorios aparentemente infinitos, se creyeron invencibles a perpetuidad. El espíritu ruso, con territorios también vastos y fértiles, optó por su propia vía. Con el estallido de la utopía comunista consiguió poner límites a la opuesta utopía de Occidente, compensada con la invención de un socialismo mitigado, imperfecto pero un mal menor por equilibrio imposible.


Hasta el punto de ruptura de ahora mismo, una vez abiertos los diques americanos al abismo. Queda un mundo musulmán sumido en una lógica de lucha inevitable, poco dispuesto al suicidio si acepta su adaptación sin más al mundo venidero, ese dogal impuesto al orbe entero y, más costosamente, a los complejos, por desconocidos, mundos orientales, con el problema añadido de la inmensidad de Asia oriental, donde está China. Queda la India, con su fatalismo y sus desigualdades, sin duda la más adaptada al futuro, cuya sociedad aplica seguramente desde hace milenios los preceptos humanos que regirán el planeta. Un futuro, pues, problemático, para “nuestra” civilización que se diluye. Y la inmensa África, posiblemente la mejor adaptada a un modelo indio, y ya saqueada más fácilmente que ningún otro núcleo de depredación, a modo de ejemplo y escarmiento. Las élites occidentales hablan en términos de democracia y valores, de derechos humanos, pero detrás de cada expresión autovirtuosa se ve cómo aparecen el petróleo, el gas natural, el carbón, el hierro, el níquel, el aluminio, el cobre, el uranio, la bauxita, el oro, los diamantes y el platino: “patrimonio de todos”, del “planeta”, afirman los esbirros de Soros, los secuaces de Schwab. Los del hackeado, reseteo o “reinicio” de miles de millones de supuestos humanos que en realidad somos una fantasía inútil. No les servimos y no servimos, por tanto, para nada.



lundi 22 juillet 2024

Le diable est bien optimiste s’il pense pouvoir rendre les humains pires qu’ils ne sont (Karl Kraus)

La voix d'un juste qui clame dans le désert ...

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Encore un week-end bien peu productif. J'aurais dû acheter un nouveau pc pour moi et un portable pour R., écrire des lettres, tailler la haie sud, classer des papiers, finir quatre lectures urgentes, etc.


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De qui dépend le ministère public ? Donc, voilà … Seconde comparution devant le juge de la Présidente-consort. Coups de filet judiciaires contre le frère du Président à Vie, champion de l’absentéisme et insoumis fiscal malgré son patrimoine. Le frère, pas le président. Le Président à Vie prend quelques mesures à la fois symboliques et démagogiques pour marquer les esprits, suivies, pendant une interminable campagne publicitaire, d’une victimisation outrancière, après son réitéré ridicule épistolaire. Tout cela bien facile : tous les ressorts et toutes les ressources de l’État sont entre ses mains, ce qui le place dans une position encore plus confortable que si jamais il avait gagné une élection. Les invectives et les insultes qui lui font office de programme sont extrêmement utiles : hurler au fascisme, au nazisme, au retour de la bête immonde, fait trembler les masses électorales sans mémoire et contribue à falsifier de funestes expériences historiques bien réelles. En comparant S. Abascal à Hitler, on met le second au niveau du premier au prix d’une terrible trahison de l’histoire. Ils savent que Vox n’est pas un parti nazi, qu’il n’est pas un parti fasciste… ce n’est même plus un parti d’extrême droite : c’est un parti « attrape-tout » qui offre à ses différentes clientèles électorales autant de discours différents, adaptés à leurs besoins et à leurs caprices, sans souci de cohérence. Il occupe, grosso modo, la place des droites non wokisées des années 1980 et, au pouvoir, il appliquerait une politique économique et sociale somme toute très proche de celles de Rajoy, Zapatero ou le pitre actuel en plus dure encore, car décomplexée, pour les services publics et les classes populaires et moyennes, mâtinée de mesures symboliques fortes. Du côté de la « gauche » de pacotille, les tentatives de s’arroger une influence au sein du gouvernement sont aussi tonitruantes que mensongères.
Sumar et Izquierda Unida sont à tel point morcelés entre leurs différentes composantes que l’échafaudage baroque, déjà branlant pendant les dernières campagnes, menace de s’effondrer à chaque instant. Un jour ou l’autre, les grosses coutures qui maintiennent tant bien que mal ensemble ce second patchwork frankenstein craqueront complètement. Les suprémacistes catalans racistes, violents, factieux, identitaires, sont plus néfastes encore que les clones sanchistes qui ont saccagé le pays ou que les zélateurs de la droite extrême. On a beaucoup glosé – à très juste titre, à commencer par Monsieur N. Feijoo à propos de sa propre formation politique – sur le niveau lamentable des candidats aux élections. Des exemples mis en avant par chacun dans ses conversations privées montrent qu’on a raclé les fonds de cuve pour présenter aux élections, non pas de futurs représentants du pays choisis pour leurs compétences, leur puissance intellectuelle et leur volonté de servir l’intérêt général, mais des militants bourrins, des fidèles fanatiques et de bons petits soldats aussi dangereux que serviles. Et cela, dans tous les partis sans qu’à ce petit jeu il y ait vraiment un gagnant. Leur incompétence, leur mépris des institutions, leur inculture crasse, leur déconnexion de la réalité, leur manière de participer aux débats, leur morgue envers tout ce qui n’est politiquement correct en font sans doute la génération de députés la plus minable de notre démocratie depuis la « transition ». Leur obstination à détruire tout ce qui restait encore vaguement debout – services publics, école, hôpital, communications … – a achevé la tiers-mondisation de notre pays et précipité des millions d’électeurs dans les bras du PP ou d’autres lustucrus plus ou moins grotesques (Alvise et compagnie). Et puis nous avons poursuivi la descente dans les abîmes de la honte. On a amnistié ces derniers jours les pillards féroces des fonds ERE par une bande de voyous qui confondait le cadre sacré de l’administration avec un blanc-seing pour piller impunément l’argent public. L'autorité de la chose jugée, cette impossibilité de revenir judiciairement sur un fait précédemment jugé, ils s’en torchent, les magistrats sanchistes. Les séances de ces derniers jours ont permis de contempler en direct comment la discussion parlementaire se transforme en pugilat permanent, violent et vulgaire. Que le théâtre parlementaire ait toujours connu les invectives et les effets de manche, que cela fasse même partie de son folklore, voire de son identité, il n’est pas question de le nier.
Mais le spectacle répugnant qui nous est servi depuis l’accès au pouvoir des frankensteins n’appartient pas à ce registre. L’art oratoire a cédé la place à l’expression pure de la bêtise et de la démagogie. La tension du débat d’idées a disparu au profit de la virulence de la mise en scène du néant. Mais ce n’est pas encore suffisant. Les dernières élections de l’année dernière, en juillet 23, marquent une étape de plus dans l’avilissement parlementaire. Les sinistres pantins qui ont œuvré ces dernières années ont été rejoints par des individus pires encore. À tel point que nous avons dorénavant pour représentants, sur les bancs qui ont accueilli Azaña, Indalecio Prieto, Calvo Sotelo ou Clara Campoamor, un
président diffamateur sans complexe, des ministres du genre de celui des transports, grand professionnel de l’insulte, des identitaires racistes, etc. Et que croyez-vous qu'il advienne de tout cela ? Rien. Que dalle. Tout ce qui pour les uns produit le bruit caractéristique du cauchemar éveillé, celui qui fait grincer des dents, laisse d’autres dans la plus parfaite indifférence. Des voix de gauche critiques ? Un silence de mort a toujours été la réponse de la gauche, au pouvoir ou dans l'espoir d'y être, à tout ce qui met en question son honnêteté intellectuelle, son intégrité morale, la justice ou la justesse de ses positions, à tout ce qui signale ses errements, à toute manifestation de scepticisme ou d'irrespect à l'égard de ses idéaux et des pontifes qui les formulent. En d'autres termes, la gauche ne se reconnaît pas d'adversaires loyaux avec qui l'on pourrait engager un débat. Elle n'a que des ennemis méprisables qu'il faut abattre, une fois ramassée l’identité infamante de « réactionnaires » dont ils ont été affublés par ses larbins médiatiques. Et, comme on ne peut pas les abattre, comme à l’époque de l’ETA quand on bénéficiait d'un service d'élimination physique des opposants, elle s’est dotée, cette gauche de pouvoir soumise à l’empire, d'une redoutable et grassement subventionnée inquisition politico-médiatique qui déclare des apostats, des hérétiques et des impies. Cette pseudo gauche constitue une espèce d’Église, pure, sainte, au-dessus de tout soupçon. Elle avance la tête haute, sûre de ses dogmes, de son infaillibilité, de ses fins dernières et des moyens qu'elle emploie pour les accomplir. Elle se veut toujours intelligente, même quand elle raisonne comme le pire des imbéciles et elle se veut toujours morale, même quand elle soutient les pires forbans ou qu’elle commet les pires abus, surtout des biens sociaux.

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mardi 16 juillet 2024

De la Méditerranée à l’Atlantique sans toucher les Pyrénées : retour à la case départ !

 


Accepter, avant les rouges et les bruns intenses de l’automne apparemment loin, que vous êtes définitivement seul, que votre voix ne porte nulle part, qu'elle s'est perdue dans les moindres recoins de l'air et de l'oubli. Le vide remplace peu à peu un trop-plein qu'il nous est impossible de rappeler. La vie et tous ses charmes éphémères ne sont rien qu'un éclair, qu'un leurre, qu'un décor, qu'une scène, arpentée en tous les sens, martelée par le désir et la foi, par tout ce en quoi nous avons cru et qui retourne au chaos qui les avait soulevés passagèrement de l'abîme pour nous charmer. La vie se nourrit de nos illusions d’une manière presque parfaite.

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Législatives françaises 2024. Exactement ce qui était prévu grâce à des résultats sur mesure… Le sanchisme et son « parti », un parti incapable de gagner et qui confisque tous les pouvoirs et résulte impossible à déboulonner, font des émules ! Du pur cynisme, du bruit, comme d’habitude…



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La présidente-consort, Begoña Machin, se faisant appeler Professeur ("catedrática"), bien que n’ayant ni formation académique ni titre professoral, apparaît systématiquement dans les infos, en particulier à la télévision, et acquiert ainsi une solide notoriété mais c’est justement grâce à cela que son propre entourage finit par rendre évidente et incontestable sa nullité : bizarre, quand elle parle ! Tâche impossible : c’est comme si on essaie de teindre un âne en zèbre !


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Le « courage » de Kylian Mbappé se mobilisant contre les extrêmes ! Je n’ai jamais compris qu’on puisse admirer les gens du sport ou du cinéma pour autre chose que pour leurs qualités professionnelles. Les opinons des footballeurs, des acteurs et des metteurs en scène sur la vie, la mort, l’amour, la politique, je m’en fous comme de ma première chemise. Villon, Le Caravage ou de La Tour étaient des voleurs et même un petit peu des assassins. Il ne serait pas venu à l’esprit d’un lecteur sérieux ou d’un commanditaire de tableaux de tenir compte de leur avis sur quoi que ce soit à part la qualité de leur œuvre.

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affirmait Emmanuel Macron, matamore, il y a quelques semaines … La Russie est entrée en guerre parce qu’elle a été provoquée par l’extension de l’Otan. Tout ce que demandaient les Russes, c’était que l’OTAN dirigée par les Etats-Unis cesse de s’élargir à l’Est, en renonçant à installer une base militaire en Ukraine. Vladimir Poutine en son temps a rappelé une vieille promesse des Etats-Unis et de leurs alliés en présence et avec l’approbation de Genscher, le secrétaire d’Etat allemand, et de Roland Dumas pour la France, faite à la Russie le 9 février 1990 par le secrétaire d’Etat US James Baker III, que l’OTAN ne s’étendrait pas au-delà du territoire de l’ex-Allemagne de l’Est. Promesse que le secrétaire général de l’OTAN lui-même avait confirmé quelque temps après. Or, depuis cette date, la plupart des ex-pays socialistes et notamment la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Roumanie et Pays baltes, ont tous intégré l’OTAN. Seul l’Ukraine manque au tableau. Ce dont ne veut pas la Russie. Gorbatchev en son temps avait déclaré « j’ai eu tort de ne pas le faire acter par écrit mais je croyais que ces gens étaient honnêtes ». Gorbatchev était dans l’illusion complète vis-à-vis des occidentaux. Ce sont toutes ces trahisons qui ont déclenché la réaction de Poutine. Jusqu’en 2007 Vladimir Poutine a voulu participer au système occidental. Le 11 septembre aux USA il a été le premier à appeler George W. Bush pour lui dire « faisons ensemble la guerre au terrorisme ». Il était membre du G8, qui est devenu depuis le G7 après l’expulsion de la Russie en 2014. Il voulait rentrer dans l’Otan. Il a constamment été trahi. D’ailleurs il le mentionne dans son allocution du 14 juin dernier : « Les promesses faites à l’Union soviétique, puis à la Russie à la fin des années 1980 et au début des années 1990 de ne pas inclure de nouveaux membres dans l’Alliance ont été simplement oubliées. Et même lorsqu’on s’en souvenait, c’était avec un sourire ironique, en se référant au fait que ces affirmations étaient orales et donc non contraignantes. » François Hollande et Angela Merkel ont reconnu qu’ils avaient trahi les accords de Minsk, sans doute sur les ordres de Washington, c’est-à-dire qu’ils gagnaient du temps en armant l’Ukraine pour attaquer la Russie. L’une des raisons qui a déclenché l’opération spéciale russe. Il faut remettre la vérité à sa place. Notre social-démocratie « de progrès » aux couleurs yankees intègre la nécessité de « défendre l’Ukraine face à la guerre d’agression de Vladimir Poutine ». Le dépeçage de la Russie permettrait de mettre un terme à la crise occidentale comme en 1914 (origine la crise de 87) comme en 39 (origine la crise de 29). Et pour éviter un conflit mondial qui se terminerait, même limité aux armes conventionnelles, par l’anéantissement des USA, l’impérialisme américain doit découpler la Chine de la Russie, tant le sort des deux pays est lié à leur unité. L’impérialisme euro-américain, à la veille de l’effondrement des sociétés occidentales en faillite, et menacées par les peuples qui refusent de payer les dégâts causés par les contradictions internes du système capitaliste, a besoin de sauver son économie en activant le système militaro-industriel. L’impérialisme anglo-américain s’estime relativement protégé, ce qui lui donne l’espoir que seuls les Européens se battront pour lui, pour sauver leur peau devant la montée de la colère populaire et leur cassette protégée dans leurs banques. Les Américains jouent comme d’habitude le rôle de pourvoyeur d’armes à crédit. Dans ce scénario, à la fin des hostilités, ils débarqueraient sur le champ de ruines européen, un contrat de prêt-bail en poche comme en 1945. Hypothèse plausible, rejetant à plus tard la confrontation armée avec la Chine qui de son côté armerait le camp adverse. La Chine et la Russie n’ont aucunement besoin de guerre, bien au contraire : la paix leur suffit et leur est nécessaire pour neutraliser lentement, mais sûrement, l’ennemi impérialiste qui le sait parfaitement. Pour que leurs buts de guerre aboutissent, il leur faut impérativement écarter la Chine du conflit russo-otanien et laisser les deux belligérants s’entre-détruire. Mais les stratèges du Pentagone semblent incapables d’évaluer objectivement la puissance économico-militaire des Russes. Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que le coup leur semble jouable : même si la Russie ne sort pas exsangue mais seulement affaiblie, les Européens reviendraient cinquante ans en arrière, payant à eux seuls le plus gros de la note en morts, destructions et dette future.

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mercredi 10 juillet 2024

Après-midi morose de juillet.

Dîner à Alicante avec les cousins argentins. Restaurant sympa à quelques pas de chez nous. Comme personne ne picole vraiment, je me satisfais de deux ou trois verres de vin. Pourtant, le lendemain, on a une gueule de bois, le matin, à couper le souffle. Pas de mal de crâne mais le sentiment de planer sur un nuage… 

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Politiquement la confusion paraît à son comble et je ne regarde pas de trop près: j’ai trop peur et je suis fataliste. Les sanchistes s’imaginent encore à la fois « socialistes » et le centre de gravité de la gauche planétaire. Deux illusions. Sans même avoir la cruauté de rappeler les origines de ce curieux socialisme – qui, au sein de ce parti et de ses électeurs est encore pour l’abolition de la propriété privée ? Ce mot ridicule aurait dû depuis longtemps être retirée pour respecter la réalité quand on parle d’un parti vaguement social-démocrate et opportuniste, à la ligne idéologique tiraillée entre néolibéralisme et pur clientélisme. « Les socialistes sont nés pour trahir » affirmait Charles Péguy. Quant à son rôle sur la scène politique nationale, sa trop longue agonie l’empêche de voir qu’il ne représente plus rien. Rien qu’un ramassis de médiocres apparatchiks qui s’accrochent à leurs places comme des moules à leur rocher. Les quelques figures encore dignes qui y demeurent par nostalgie ou habitude feraient mieux de quitter rapidement le radeau pour mieux le laisser couler définitivement. Les accusations en « extrême droite » ne servent qu’à lui faire perdre des voix, tant elles, discriminées, tombent à côté de la plaque. L’accusation d’être un nazi, un fasciste, etc. contre toute personne qui tente de lui adresser une critique est tout simplement ridicule et ne témoigne que de l’inculture historique et politique de ceux qui profèrent de telles idioties pour flatter la bonne conscience d’un électorat crétin. Historiquement, son idéologie, son discours et ses programmes proviennent opportunément tantôt du camp de la droite tantôt de celui de la gauche. Quant à son action au pouvoir, quand il y parvient, elle ressemblerait beaucoup à du libéralisme décomplexé. Combattre l’extrême droite en tant qu’adversaire politique est tout à fait louable – mais il faut le faire correctement, c’est-à-dire en le prenant comme il est et non comme il serait commode pour lui qu’il soit.

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À droite, en Espagne, aujourd’hui, on fait semblant de ne pas comprendre. Les gens de gauche sont plus sincères. Ils savent bien, eux, qu’il est tout à fait normal de désirer éliminer une bonne moitié de la population, si l’on est fidèle à ses propres convictions. Les monstres ne sont pas ceux qui s’en donnent l’allure, mais ceux qui font semblant de ne pas en être. La situation actuelle nous permet au moins de constater que le régime normal de la politique implique nécessairement la monstruosité. Ce sont les autres temps, qui sont exceptionnels. La radicalité peut être mise sous le boisseau durant un demi-siècle, dans un pays comme l’Espagne, guère plus. Bien sûr, on objectera que la situation est exceptionnelle, que Sanchez, que l’immigration incontrôlable, que les convulsions de l’empire américain, que l’Europe, que le massacre des Gazaouis, que les griffes de la technologie, que ceci, que cela… Oui, la situation est bien exceptionnelle, à l’échelle d’une existence, mais cette exceptionnalité ne fait pas exception, dans notre histoire. Avec un peu de mémoire, et je me rappelle ma jeunesse. Nous n’avions pas peur de penser ainsi. Nous aurions même eu honte de ne pas nous trouver de ce côté-ci de la radicalité. Tout plutôt que d’être des larves. C’est drôle, tout de même, comme notre époque est à la fois ultra-violente et timorée. On a peur de penser ce qu’on pense, on tremble de mettre des mots sur les choses, mais en revanche, on en vient très vite au mains : époque de bonisme et de sauvagerie, malmenant souvent les mêmes têtes. Je suis tombé hier sur une phrase de Cioran, dans Histoire et utopie, qui me semble à la fois prémonitoire et intemporelle : « Si par le caprice d’une puissance maléfique nous perdions l’usage de la parole, plus personne ne serait en sécurité. » Nous avons bel et bien perdu l’usage de la parole et sommes en train de vérifier que le corollaire de cette situation est tragique, c’est-à-dire historique. Dans l’Histoire, personne n’est en sécurité.  Une démocratie molle, vide et sans saveur dirigée par des gangsters corrompus doit fatalement provoquer une résurgence de la radicalité dans ce qu’elle a de plus bruyant et désinhibé. 

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La France a voté. « Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. » L. F. Céline, Les beaux draps 

Génial ! Ensemble, on fait école ! L’Espagne, cet asile d’aliénés, voudrait exister encore un peu. Il paraît qu’il est très important de continuer à faire semblant. La France nous « imite» ! Soit. Nous irons bientôt, nous aussi, jeter un papier dans une fente, pour élire de nouveaux voyous, bien bronzés et souriants, des apparatchiks experts ès-magouilles politiques sans vraie vie professionnelle nulle part. L’Europe, la France, le monde, comptent sur nous. Ne les décevons pas : du sanchisme pour mille ans !

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