« Ce serait un puissant briseur de mythes, l'auteur qui parviendrait à
défaire le lien établi entre l'adjectif cartésien et la notion de
rationalité, qui nous délivrerait de l'usage habituel de cartésien comme synonyme de méthodique et de logiquement
cohérent. Une grave erreur historique serait ainsi effacée et, d'autre
part, on verrait disparaître un tic de langage bien superflu - l'invocation du
patronage cartésien à propos de toute démarche impliquant apparemment quelque
suite dans les idées. »
Jean-François Revel, Descartes inutile et incertain, Stock, Paris
1976.
***
Mai 1973. C'était un autre Charlie ! |
La situation en Palestine. Il ne vous aura pas sans doute échappé qu’un peuple
martyrisé depuis plus d’un siècle par d’infâmes colonisateurs qui le méprisent,
le briment, le spolient, le volent, l’emprisonnent sans jugement, le torturent
et l’assassinent, vieillards, femmes et enfants compris, tout en piétinant avec une
arrogance défiant l’imagination toutes les décisions internationales prises à
leur encontre, ne peut que finir par faire payer ses bourreaux au prix fort, et
que ce n’est que justice…
***
Je comprends que l'on puisse se réjouir de la mort d'un tyran sanguinaire au
pouvoir. À la rigueur de quelqu’un qui a exercé ses méfaits dans un passé
récent. Mais Le Pen n'a jamais été rien de plus que député. Il suffit juste de
changer d'époque : ceux qui dansaient la Carmagnole, jadis, une tête au bout
d'une pique, devaient ressembler comme des frères aux abrutis qui sabraient le
champagne et dansaient dans les rues sur le cadavre de Le Pen. Je pointe moins
le fait en lui-même que la disproportion comique entre les injonctions
vertueuses, souvent menaçantes des guignols progressisto-wokistes et leurs pratiques spontanées.
Plutôt que de danser place de la République, on pourrait tout de même de se
demander pourquoi environ un tiers des électeurs votent pour le RN ou
équivalent. Cette histoire de fêter la mort de quelqu'un me rappelle qu'avec
des amis, il y a cinquante ans, nous avions bu et rigolé le jour de la
mort de Franco. A l'époque, bête et véhément dans ma bêtise, je ne me rendais
pas compte de la bassesse d’un tel geste. Robert Brasillach (Frères ennemis,1946) mettant aux prises Étéocle et Polynice, affirmait que « l’histoire est
écrite par les vainqueurs ». Les vainqueurs du moment. Mais, vu ce qui nous attend, en Europe et ailleurs, il faudrait plutôt se méfier ! L’expérience historique de toutes les époques à
déjà donné à voir des situations où le gagnant et le battu subissent le même
sort tragique ou expérimentent des dynamiques inversées. Les deux fils d’Œdipe
se donnent mutuellement la mort sous les murs de Thèbes dans la pièce d’Eschyle.
Les Hellènes triomphateurs à Troie se heurtent aux dangers du voyage de retour. Et les Romains conquérants de la Grèce on dû baisser la tête, face aux
savants vaincus : « La Grèce, vaincue, a conquis son vainqueur sauvage et a
introduit les arts dans le Latium agreste », écrivait le poète Horace (Ep.
2.1.156).
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