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samedi 31 août 2024

Bon vent et bonne mer !

« L'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte » Louis-Ferdinand Céline


Départ demain d’A. pour Paris et retour de ses parents de la gare Saint-Jean « les mains vides ». Pour R. et pour moi, si loin, les jours se suivront mais ne se ressembleront pas. Je continuerai des billets, moins fréquents, j’ai un peu la flemme. Quel titre donner à cette rentrée d’A. et à cette nouvelle période qui s’annonce pour elle à l’horizon ? On a du mal encore à s’apercevoir de temps en temps qu’elle n’est plus l’enfant qui nous accompagnait pendant ses vacances et ses moments de liberté, qui éclairait de sa présence douce et dorée nos journées et nos nuits de papis comblés. Il faudra désormais nous tourner brutalement vers les espaces adultes immenses et gris. Et la nostalgie s’installe, larvée et perfide comme un brouillard subite, dans ces plaines quotidiennes et arides du souvenir, des souvenirs, des traces d’un temps passé à la trappe. Un avenir sans nom et sans visage se manifeste face à nos émotions, notre paresse, notre fatigue, nos travers de retraités et c’est l’histoire de nos jours et de nos nuits, de nos épreuves et nos galères qui revient frapper à notre porte. Cette immense plaine du souvenir habitée par l’expérience qu’on croyait si utile et qui ne sert à rien. On voudrait bien l’accompagner dans sa navigation vers l’avenir, notre petite A., lui faire connaître des instants de félicité qui dureraient longtemps, jour après jour, brassant infatigablement pour elle quelques gestes légers pour qu’elle reste à flot en eau profonde. Lui signaler la côte, la terre ferme, le sable fin de ces contrées inexplorées de son avenir, inconnues, souvent arides, que je vois à perte de vue et qu’elle devra parcourir avec ses seules forces. Bon vent et bonne chance !



dimanche 25 août 2024

Adieu aux vacances d'été et au-revoir à A.


Retrouvailles en Castille. Les repas ensemble ont été les grands moments de chaque journée, surtout le jour du mariage d’H. La branche Lozano-Fernández a valu toujours la peine : des gens bien sous tous rapports. A., quelques jours avant sa majorité, était resplendissante. C’était gai, c’était bon. On a passé en revue les vacances sur ces mêmes lieux il y a longtemps. On avait coïncidé avec U. V. à l’orgue de Frechilla, organiste et professeur de piano, disciple de Francis Chapelet, compositeur, ami des enfants qui a fait un long chemin depuis ces dates : Médaille d’Or du conservatoire de Bordeaux, etc. Rarement l’insouciance aura été si éclatante, la vie si légère et l’été si doux comme cet été-là. Aujourd’hui, plus de dix ans après, on écoute avec une immense nostalgie un véritable monument intitulé : Los órganos de Tierra de Campos. Il émane de cette musique une fraicheur et une douceur qui me paraissent éternelles. Nostalgie, oui, mais surtout plaisir, un plaisir qui se répand partout dans le corps, qui fait entrer la lumière en soi. J’ignore comment on fait pour transmettre ce qu’il y a au fond de soi. Ça reste là, quelque part en suspension. On se trouve commun et ridicule d’en écrire là-dessus mais on le fait quand-même. Mais parfois il y en a qui comprennent, qui sentent, sans mots, avec de la musique. Je ne sais pas. A. préparait avec ses parents son départ pour Paris. On parle d’avenir, de tout, de rien. De soleil, des jours à Alicante, de lumière. Je relis très lentement L’homme qui n’avait pas de père. Ce type a une érudition peu commune ! 

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jeudi 22 août 2024

C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens


Ça y est, H. se mariait avec quelqu’un. Des trentenaires avancés. On a eu droit à tous leurs amis qui nous ont raconté leurs souvenirs, leur « vécu » avec la scientifique ou avec l’espiègle du village, qui nous ont sorti leurs anecdotes bébêtes à foison, leurs micmacs sans intérêt, leurs lectures infantilisantes et des films perforés de leur regard provincial. Je sentais qu'on allait déguster grave : on ne nous aura rien épargné ! Ça a ripé à fond sur chaque conversation. Il aurait fallu se planquer dans les rues de la ville. Ça a dégouliné en cascade. Le thème qui soudait leur complicité, aux mariés et amis, c’était Le seigneurs des anneaux (1). Et Game of Thrones. Le tout couronné par Harry Potter. Je ne connais rien de plus ridicule que la vénération de cycles de soi-disant lecture « starisés », quand on a dépassé quinze ans. J'ai toujours l'impression que ceux qui sont atteints de ce mal se moquent de moi, que c'est pour rire. Mais non, non, là, ils étaient très sérieux, ça les a marqués, c'est une partie de leur vie qui en est en jeu, c'est leur génération, etc. C'est comme un devoir, presque, pour ces pauvres adolescents à vie, d'afficher leurs goûts. Ça crée des liens, visiblement, ça éloigne les importuns, les non-initiés, les ploucs, ceux qui ont le culot d'en rester au sérieux, au classique, au complexe, au ringard propre aux adultes. C’était une cérémonie à l’américaine dans laquelle toute une bande d’amis complices partageait sans partager. Là, il y a eu inépuisable matière à phrases ou à questions auto-répondues, pas de place pour la discrétion ou le silence. Mais non, ils préféraient frimer, ces benêts, en nous dévoilant de ridicules passages de leurs vies sans intérêt avant la date heureuse de ce mariage hollywoodysé. Il m'a marquée à vie. Elle m’a touché à la manière de prononcer mon prénom. J'ai éternué devant lui. Je lui ai embrassé les orteils. Ah, ils pouvaient bien mépriser les invités classiques, désorienter les non-initiés. Bref. On s'en fichait un peu, des mariés et de tous les salmigondis de ces suceurs de pouces, même si je ne comprends que trop le dégoût qui avait pris certains depuis le début sans les lâcher jusqu'à la fin. C'était une belle occasion, pourtant, un beau moment de partage, un prétexte, si on veut, pour se retrouver en famille. Il n’y a eu pourtant que la pitance qui était remarquable et bien servie, avec les boissons, excellentes aussi.

(1) Pauvre Tolkien qui se plaignait des gens qui campaient dans son jardin et piétinaient ses plantes ! Il doit se retourner dans sa tombe : ses textes pillés et son œuvre de quête et de mystère entre les mains de scénaristes crétins ... Il me semble avoir déjà recommandé un texte magnifique de Nicolas Bonal, Le salut par Tolkien : eschatologie occidentale et ressourcement littéraire, Avatar Éditions.


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Le nombre de choses dont je n’ai plus rien à foutre ne cesse de s’accroitre.

Des jeunes d’une ONG tentent de harponner qui passe dans la rue, sans succès pour ce qui me concerne.

UE sera toujours le format international de la dictature américano-sioniste. Ces fonctionnaires ridicules et traîtres à leurs pays sont à l’image des intérêts de la cause qu’ils défendent, c’ est à dire, la disparition pure et simple de la civilisation européenne.

Notre gouvernement de mafieux et de pitres changeant d'avis sur tout comme une girouette qui tourne à tout-vent ose parler de pluralisme alors que sa propagande possède des médias publics sans aucun contre-discours pour la modérer.

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L’argument de la Terre Promise est irrationnel et irrecevable. Paradoxalement, c’est celui qui pèse le plus lourd dans le conflit avec les Palestiniens. J’y vois deux raisons. D’abord, il permet de contourner l’argument historique. Les peuples évincés de leur terre qui voudraient la retrouver ne peuvent pas se prévaloir du livre le plus vendu dans le monde qui la leur attribue. Fondée dans la Torah, la revendication d’Israël ne crée pas de précédent juridique pour les Indiens, les Maoris, et autres Allemands. Ensuite, l’argument biblique est repris par 50 millions de chrétiens américains. Les Européens ne s’en rendent pas suffisamment compte et les Arabes, malgré leur puissance, sont divisés. Les États-Unis sont profondément religieux, le seul pays industrialisé où l’on tient encore des débats passionnés sur l’avortement, sur la prière à l’école ou le dilemme, dans l’enseignement, entre créationnisme et darwinisme. Le lobby juif est évidemment influent dans les médias et à Hollywood, mais il ne pourrait à lui seul endoctriner un si grand pays. Il se trouve que les Américains lisent la Bible littéralement et ils y apprennent que Dieu a donné à Israël une terre entre le Néguev et le Golan : la lui refuser serait aller contre les desseins de Dieu. Fin du débat. Avec le thème bien établi de la culpabilité de l’Occident par rapport aux juifs, l’attrait du pétrole arabe, l’idéologie pro sioniste de certains intellectuels influents et de la majorité des médias, la cause palestinienne est battue d’avance. Les Palestiniens, pour ne pas en rajouter, ont dû accepter de se donner le mauvais rôle : arriérés, terroristes, etc. Avec un dossier juridique et moral en béton, ils perdent leur procès. Pendant longtemps, épouser la cause sioniste a été signe de modernité contre l’obscurantisme et la barbarie. La belle affaire ! Aujourd’hui, pour peu qu’on garde un peu d’humanité, elle ne mérite plus d’être défendue, cette cause si bien présentée comme foncièrement juste et bien fondée, puisqu’elle était ni plus ni moins que celle du peuple élu. Et cela fait penser à tous les déportés, victimes des tragédies plus ou moins récentes, chassés pour faire place à d’autres. Penser à des dirigeants palestiniens humanistes, penser à redonner du sens à la relecture des poèmes de Mahmoud Darwich. Pour que la culture et l’Histoire deviennent une source d’inspiration personnelle. Qu’elles ne deviennent jamais un destin collectif obligatoire dans lequel nous entraînent malgré nous des misérables politiques.



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La guerre actuelle en Ukraine répète les effets des guerres précédentes en Irak, en Afghanistan, en Syrie et en Libye : des centaines de milliers de morts, des millions de personnes déplacées et la destruction de pays entiers. En Ukraine, elle aurait pu être évitée si les accords de Minsk de 2014 avaient été respectés, ou poursuivis après les préaccords de la Turquie à quelques mois du début des hostilités, mais au lieu de cela, elle s’est intensifiée jusqu’à devenir incontrôlable, tandis que les dirigeants de l'OTAN parlent de se préparer à un affrontement direct avec la Russie, à grande échelle et sans intermédiaire. Ce serait la troisième grande guerre européenne voire mondiale, après les deux malheureux précédents du vingtième siècle. Certainement la guerre la plus dévastatrice que l'on puisse imaginer. L'OTAN était une organisation à caractère défensif contre l'expansionnisme soviétique, tout en privilégiant les intérêts particuliers des États-Unis et, accessoirement, du Royaume-Uni. Mais après l'effondrement de l'URSS, l'OTAN a donné une priorité absolue à ces intérêts, perdant son caractère défensif pour se lancer dans une série d'interventions militaires, en invoquant toujours une démocratie qui n'a jamais existé, ou des menaces chimériques telles que les prétendues armes de destruction massive de l'Irak. Ces penchants menaçants nous touchent de plein fouet. L'argument d'une défense contre un éventuel expansionnisme russe ne repose sur aucun fait, aucune affirmation, aucune possibilité réelle aujourd'hui. Il suffit de comparer les budgets militaires de la Russie et ceux de l'UE, sans même parler de ceux des États-Unis. L'Espagne n'a pas de conflit avec la Russie depuis la chute de l'URSS. En revanche, l'Espagne a des conflits, bien réels et très graves, avec les puissances dominantes de l'OTAN, les États-Unis et le Royaume-Uni. Ce dernier occupe toujours notre pays à un point stratégique clé, Gibraltar, tandis que les bases militaires américaines d’occupation font de nous la cible de missiles en cas de guerre européenne. Pour ne pas parler du Maroc, allié préférentiel des USA et particulièrement protégé par l'OTAN, le seul pays qui représente pour l’Espagne une menace tangible.
La monarchie marocaine a occupé illégalement l'ancien Sahara espagnol et n’a jamais caché son intention de faire de même avec Ceuta et Melilla, points stratégiques que l'OTAN considère tout simplement marocains tout en favorisant une véritable invasion d'immigrants clandestins dans ces villes, dans les îles Canaries et partout en Espagne. Il est donc clair que l'OTAN est loin de nous protéger contre qui que ce soit, que nous ne comptons pas sur sa protection ou sur un hypothétique rôle modérateur contre le Maroc et que la puissance dominante au sein de l’OTAN, l’Angleterre, n’est pas du tout un ami ou un allié de l'Espagne, qu'elle ne cesse d'humilier et de blesser. Dans le cas de la guerre européenne en préparation, qu'elle devienne réelle ou non, le rôle attribué à l'Espagne ne pourrait être que de servir de chair à canon des intérêts représentés et condensés à Gibraltar. L'Espagne restant neutre, comme lors des deux précédentes guerres mondiales, pourrait jouer un certain rôle avec des bénéfices directs extraordinaires pour le pays et pour le reste de l'Europe. Pour toutes ces raisons, il paraîtrait essentiel de retrouver aujourd’hui une politique cohérente en défense de nos intérêts dans une situation internationale de plus en plus sombre et menaçante. Mais pour ce faire, il nous faudrait des politiciens de taille en lieu et place des clans vampirisant le pouvoir.

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mardi 13 août 2024

Les jeux olympiques (woke) sont finis : remettons-nous à vivre (woke) !

Le vrai Bourgeois, c’est-à-dire, dans un sens moderne et aussi général que possible, l’homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser. Léon Bloy, Exégèse des lieux communs


Moralisation généralisée. Vieux discours. Radotages. Mais. Car il y a toujours un mais … On se construit en surmontant des défis, en s’opposant à des forces opposées, en risquant des conflits et tensions et c’est valable pour absolument tout. Dans des périodes et des cycles qui vont de la naissance à la mort. On ne peut pas développer sa personnalité sans des tensions qui seront des forces opposées qu’on devra déplacer d’un point A à un point B. On ne pourra pas augmenter son endurance aux difficultés sans y faire face souvent et longtemps. On ne peut pas devenir un professionnel de quoi que ce soit sans pratiquer avec sérieux et assiduité même quand on est très doué. D’ailleurs combien de capacités sont gâchées en raison de notre stupide culture du moindre effort. Mais surtout il y a la satisfaction de réussir quelque chose qu’on a durement gagné. Il n’y a pas de satisfaction de faire quelque chose de facile ne demandant pas d’effort. Or, aujourd’hui, les gens paraissent se satisfaire du vide. Et tout est truqué. Ils sont contents d’avoir de faux spécialistes en tout, en politique, en économie, en culture, en art, de faux professionnels adulés par des débiles mentaux qui ne comprennent rien à rien mais à qui la vanité procure une satisfaction suffisante. Au fond d’eux, beaucoup de ces triomphants vaniteux savent qu’ils sont des merdes et que leur succès est artificiel, frauduleux, éphémère.

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Cérémonies wokistes des JJOO. Aussi stupidement truculentes à l’ouverture qu’à la clôture. Fausses polémiques, fatigue sidérale, imbécilité (propre aux gens in-bӑcŭlus, sans bâton pour s’avancer dans le chemin de la vie) habituelle. Dionysos et drags Queens ! Disponibilité d’antidotes dans la lecture de long article-extrait érudit sur Sade et la mobilisation politique de la luxure. Sur Sade, on lit avec profit Annie Le Brun, Maurice Lever, Michel Delon, Chantal Thomas, les meilleurs spécialistes. Avec Georges Bataille (La Littérature et le Mal) et Pierre Klossowski (Sade mon prochain). Sade a eu l’occasion de se venger de sa belle-mère la Présidente lorsqu’il était à la Section des Piques : il ne l’a pas fait. Sensible était le petit nom duquel il appelait Constance Quesnet, maîtresse fidèle. Valeureux soldat dans sa jeunesse aussi. On a fait l’homme plus noir qu’il n’était. Il n’a pas fait pis que bien des seigneurs de son temps qui sont restés impunis. Enfermé vingt-sept ans sous trois régimes différents sans procès, si l’on excepte une condamnation par contumace. Vu le niveau général, je doute qu’il soit lu d’un grand nombre. En revanche, être énervé sensuellement par ses tableaux semble relever de la pathologie mentale. Récupéré par certains tristes personnages criminellement ridicules comme en montre Eyes Wide Shut. Présenter Sade en criminel pervers, presque un monstre pédophile, ne s’appuie sur aucun fait biographique connu. Sa virée au bordel de Marseille et l’affaire du Vendredi Saint (débauche avec son valet et une mendiante) sont des amusements ordinaires chez les nobles de belle lignée dont il faisait partie. Ses emprisonnements lui ont permis de devenir le méchant Darth Vader du XVIIIe. Son écriture rumine jusqu’à la nausée ce qu’il déduit de la nature humaine libre : un avenir qui est notre présent.




 

lundi 5 août 2024

À tort ou à raison ...

 


Dites une chose sincère et vous verrez les gens fuir en courant comme si vous les aviez maudits. J’ai écrit quelques lignes (pas) assez rageuses en réaction à une surprise désagréable. Ça m’a défoulé ; un peu. Mais je n’ai pas été assez méchant. Il me semble. On n’est jamais assez méchant avec des gens exécrables. Ma hargne a des hauts et des bas, et pas mal de bas depuis quelques années. Il faut dire aussi qu’on a toujours une espèce de pudeur a l’idée de dévoiler ce qu’on pense sur les réseaux sociaux ou sur un blog et que certaines choses ne peuvent pas s’y montrer. Je suis à peine lu, certes, mais il a suffi d’une lecture moralisatrice pour que tout bascule. Une réaction de quelqu'un que j'aime bien, pourtant ! C’est rageant de devoir concéder qu’on n’est pas aussi libre qu’on le voudrait ! Et le premier venu lève déjà la main en croyant objecter : mais si vous êtes si rancunier, gardez ces affaires pour vous-même, à quoi bon nous les faire partager ? Comme j’écris dans mon blog en connaissance de cause, je me sens légèrement en désaccord vis à vis de cette objection. Le même schéma se répète avec toutes les situations qu’il m’a été donné de connaître, à peu de choses près. « Y a qu’à ». « Faut qu’on ». 
Ma tête d’enfant (binaire) n’a jamais disparu : gentils, d’un côté, tordus, de l’autre. L’enfance ne disparaît jamais. Nous avons plusieurs têtes à notre disposition, ou plutôt nous sommes à la disposition de plusieurs têtes qui s’enchâssent les unes dans les autres, dont aucune ne recouvre jamais totalement les autres. Ces empilements sont notre être, au moins autant sinon plus que notre âme. La vibration qui m’a parcouru en tout sens à la lecture du nom de cette ancienne collègue, carrément haïe, pourquoi pas l'écrire, a été indicible, je ne peux la décrire, mais je l’ai sentie physiquement dans mes membres, sous ma peau, dans mes organes, dans le flux sanguin, comme une transpiration gazeuse soulevant ma mémoire : une mémoire, à l'heure qu'il est, sans objet. Et je suis le premier à reconnaître qu’elle ne vaut plus la peine ! L’impossibilité absolue de la partager avec quiconque me fonde au-delà d’un argument. Lucidité de l’impartageable. Toujours cette certitude que mon vécu concret est la plus radicale et la plus exigeante des solitudes. Personne ne peut vivre aux mêmes expériences que nous, nos rythmes sont infréquentables. Je ne dis pas que mon interprétation de cette personne soit la meilleure, non, du tout, mais elle est à l’origine de quelque chose de viscérale, elle possède dans mon expérience à moi, une qualité de présence négative qui seule permet pour moi de revivre des conflits, presque à volonté, de déposer mon ressenti ici et maintenant, en confiance. Il y en a que je fais toujours rire, d’autres que j’indiffère totalement, d’autres encore qui m’auront haï irrévocablement ... et c’est bien naturel ! L’antipathie devrait être le premier des droits de l’homme … Allez, je ne sais pas si je fais bien de gaspiller mon temps avec ces conneries alors qu’il fait presque partout chaud comme jamais. C’est l’été et son foutu réchauffement climatique, avant l’arrivée de l’hiver avec son incontournable refroidissement. Néanmoins, la nuit dernière a été assez buvable. À peine 23° dans ma chambre. C’est plus que bon. On avait été suffisamment prudents, avec les volets, dans la journée. Et on attend la fin du mois, les vraies vacances, pour ne pas se plaindre. On ira jusqu’au bout de tous les calendriers !



samedi 3 août 2024

Juinistes, inexistants ; "septembriseurs", de triste mémoire ; juilletistes aux oubliettes, place nette aux aoûtiens !

Depuis le vingt-neuf juillet j’ai la sensation d’avoir ma bouche occupée par un truc étrange. Une prothèse appelée « attelle de décharge » censée me protéger contre le grincement et l’usure dentaire. La prothèse est réellement commode et demande un entretien des plus faciles. Je la mets dans mon maxillaire supérieur et me couche avec une drôle d’impression buccale. Revenu pour l'heure indiquée deux fois au cabinet du dentiste, car il y avait eu erreur de prothèse il y a une semaine, j’ai a peine patienté avant que la prothésiste vienne me chercher et me conduise dans une pièce drôlement équipée. La première fois, son collègue était intervenu durant un quart d’heure pendant lequel il me détaillait chacun de ses gestes « je nettoie » « je désinfecte » « je rince » « je sèche ». A l’issue, j’ai un nouveau gadget pour ma santé. En deux mille deux on me l’avait déjà proposé et, tout fiérot, je n’en avais pas voulu. Et pour passer tout à fait à autre chose : E. Leclerc veut que je m’inscrive à une sienne lettre de niouzes. Il devrait se doter d’un traceur plus performant. On ne se sert plus de sa carte du magasin depuis qu’on a vendu notre appart ! Et avant, ses services online n’étaient pas foutus de régler un tout petit problème de connexion. Alors …

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Perdre la tête pour une page où il y a un nom de traductrice. Qui se comportait, quand je l’ai connue, comme si l’univers lui était redevable de quelque chose pour appartenir au requinat professoral. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les traducteurs de ma connaissance, Jaione A., Bego M., Albert G., entre autres, mais là, j'ai eu une surprise. Comme si le temps revenait en arrière. Comme si la saleté et la bêtise voulaient se réintroduire dans mon paisible exil de retraité. J'ai trouvé un très beau texte, Les yeux de Monapar hasard, en lisant une critique sur autre chose. J’ai l’acheté en français et en espagnol, pour le proposer à des amis lecteurs avides de lecture mais pas forcément francophones, et parcourant rapidement les deux versions numériques, j’ai découvert le nom de la traductrice qui m’a estomaqué. Elle doit avoir déjà dépassé la soixantaine et je l’imagine toujours le teint sombre et maigre à faire peur, avec son visage peinturluré de maquillage et accoutrée de vêtements moulants aux détails loufoques, se portant fièrement pour impressionner la galerie et cultiver ses lubies. Intrigante et répandant du fiel autour d’elle, langue de vipère sans égale, on aura facilement deviné qu’elle n’était pas précisément, ma collègue préférée. Je n'aimais pas sa voix, mais elle avait incontestablement le talent par excellence de semer partout la zizanie. Quand on m'opposait qu'il ne s'agissait là que des micmacs sans importance, propres du personnel du microcosme de chaque département, je devenais fou. Elle me tenait pour rancunier - mais pas pour fou ! et se conduisait en conséquence. J’ai passé des heures à tenter d’amadouer ce simple mot, pourtant dur comme un supplice. Qui me revient à chaque occasion avec la même sonorité menaçante du mot rancune, auquel mot on ne prête pas attention, tant il est ordinaire, qu'on emploie sans y penser dans des tas de conversations et qui, soudain, nous éclate à la figure et à l'oreille. Je me demande alors comment on en était arrivé là, comment, d’incident en incident, d’anecdote en anecdote, de situation en situation, cette notion s’est durcie en accumulant en elle cette hostilité ineffaçable, ces syllabes, ces racines. La première fois que j’ai rencontré cette bonne femme, mon esprit de défense inné a fait violemment irruption en ma conscience, de la même manière qu'en redécouvrant ses traits, à la simple lecture de son nom, j'ai revu ce visage et je l'ai imaginé identique de celui que j’ai vu il y a presque trente ans, en quatre-vingt-dix-sept du siècle dernier. Le contrat d’indifférence tacite entre professionnels est aujourd'hui caduc. Tout ce que je pourrais écrire désormais passera inaperçu et tombera en poussière. Cette partie d’hostilité de chaque côté, qui rendait la différence entre nous irréconciliable, n'a plus de sens depuis longtemps. D'après ce qu'on me dit, les élèves après-covid d'aujourd'hui ne perdent plus la tête en comparant des pratiques concrètes de chaque enseignant. Si une certaine rancune fatiguée se faisait entendre dans mes propos, elle représenterait mon incapacité à effacer à jamais des différences essentielles entre nous, concrètes, tangibles, dans un passé qui ne finit pas de passer. C'était patent à l’époque, manifeste. Charnel et palpable.


Deux manières d’enseigner et de proposer d’apprendre qui provoqueront à l’infini, tant qu’il y aura des profs, presque biologiquement, l’affrontement et des prises de position qui ne sont pas de bon augure. Il y a des trajectoires qu'il n'est pas bon d’explorer. Une quantité considérable de professeurs sont des obèses de l’intellect qui croient pouvoir ne plus jamais se nourrir parce que la (petite) quantité de nourriture qu’ils possèdent est en eux pour toujours. Les déchets qu'ils produisent ne les effraient pas, c'est la seule voie admise, et fortement encouragée, pour une carrière. Des grillages protecteurs partout, des normes truculentes partout, du chiffre partout, 
à leur avantage, du léchage de botte hiérarchique. Mais rien ne vaudra jamais un cours bien exécuté par une vraie voix, dans l'isolement d’une salle de classe. L’enthousiasme, oui, c'est le seul symptôme réel, la seule vraie maladie pour sauver l’enseignement supérieur. Avec les autres enseignements. L’arriviste de notre époque est désormais si épais et cynique qu'on peine à distinguer autre chose, dans la forêt de signes galvaudés qu'il émet. Suis-je réellement rancunier ? Pas suffisamment, en tout cas, selon le cas. L’épouse du joueur du bonneteau qui nous gouverne, par exemple, n'a plus aucune limite, et elle ira jusqu'au bout de la laideur et de la bêtise, sans vergogne ni hésitation, se donnant des airs de martyr. Son ignoble de mari a déjà au départ la prestation médiatique dans le sang, cet imbécile. Le discours de leurs larbins n'arrête pas de sonner dans le vide, un discours sans lassitude : ils sont beaux, ils sont bons, ils sont justes. Ils triomphent partout. Taisons-nous. Sans rancune.
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J'ai du mal à combattre le positionnement moyen-oriental de mon pays, de beaucoup de mes proches, de pas mal d'amis. En ce qui me concerne, je condamne sans réserve le pilonnage assassin de la bande de Gaza qui a pour but l’éradication de la population et le déplacement des survivants. Survivants qui viendront, pleins d’esprit de vengeance nous demander des comptes en nous méprisant pour ne pas avoir levé le petit doigt durant leur insupportable agonie. Je serais hostile à l’occupation arabo-musulmane de mon pays. Mais, de la même manière, je suis contre toute occupation d’un pays arabo-musulman par un autre, même au nom de la démocratie, des droits de l’Homme (quel homme ?) ou de je ne sais pas trop quel genre de souffrance millénaire sans nom. Que le Président à vie de mon pays se montre favorable à un État palestinien, après avoir laissé tomber les Saharaouis et sans couper concrètement, réellement, les ponts avec les génocidaires sionistes, me semble après un instant de surprise favorable, une incohérence de plus dans son palmarès d’incohérences et un calcul de bas étage pour flatter le fonds de poubelle idéologique électorale qui lui permet d’exister.

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Né dans un bled perdu, début années 50 dans une famille à ressources très limitées, je suis infiniment reconnaissant à mes parents de m’avoir simplement fait aimer mon pays au quotidien, sans idéologie ni micmacs politicards droite-gauche. Mon Espagne, c’est la découverte fascinée de son Histoire dans les livres de l’école, de ses paysages et de sa spiritualité : ma petite mère me faisant contempler dans la nuit tombée les étranges figures des étoiles ; nos balades dans les champs où, à sept ans, je découvre ce qu’est l’intérieur de l’église magnifique de mon village ; les promenades avec elle pour ramasser des herbes pour nourrir nos lapins avec des arrêts à chaque ligne de peupliers par la découverte éblouie d’une plante rare, d’une trace de bestiole, de la silhouette merveilleuse de l’église au loin ou sa générosité sans limite lors des visites surprise des membres de la famille de l’extérieur, presque toujours pour faire chier et se taper de la bonne nourriture loin de leurs villes pourries. Coup de foudre de mon enfance ayant orienté mes futures études : le bahut où ma mère gardait deux trois livres de légendes du Moyen-Âge et des piles de revues en piteux état (surtout La Illustración española y americana). Après viendrait la France et la découverte de gens comme nous et l’émotion devant les merveilles de Paris et du Sud-ouest. Et le Pays basque, cette planète engloutie... Les homoncules déracinés, incultes et prétentieux soutenus par l’oligarchie mondialiste représentent à mes yeux le contraire de ces univers disparus. Il n’y a guère à barguigner : ou on fait le choix de ce qu’on connaît parce que sien ou tout disparaîtra sans laisser la moindre trace.
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Le système actuel est irréformable et ce n’est pas avec des solutions comme les élections que l’on y changera quelque chose c’est pour cela que je vote plus. Ce genre de cérémonie est abjecte, mais ce n’est pas en discutant quinze jours dessus que l’on convaincra quiconque : les convaincus le sont déjà et l’on aura été encore une fois distrait sur les vrais problèmes car cette cérémonie n’est pas un problème en soi mais un épiphénomène. Pour résumer, si des solutions existent elles ne sont pas dans les élections ou l’indignation. Elles sont à chercher dans quelque chose de nouveau et il ne faut pas perdre son énergie à essayer de recycler ce qui est obsolète.
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Le Maroc, c’est la deuxième Ukraine du monde et la base de repli des sionistes au cas où ça chaufferait trop aux Proche Orient … Même les dirigeants saoudiens sont plus dignes que les dirigeants du Maroc (source : journaliste iranien; le fraîchement libéré P. González, « espión de Poutine » selon les Polacks, n'a rien à voir).