« Les gens sont portés à justifier les affronts dont ils ne se vengent pas », Guy Debord, In girum imus nocte et consumimur igni.
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L’installation d’Abu Mohammad al-Jolani, à la tête de la Syrie visait à provoquer
l’autodestruction de ce pays. Elle est déjà en marche. Une fois que les
Alaouites, les chrétiens et les Druzes auront été complètement massacrés, sauf
ceux qui auront pu prendre le chemin de l’exil avant, l’entité sioniste sera
tranquille sur sa frontière est et pourra conserver le Golan sans rencontrer d’obstacles
majeurs. Une guerre civile chaotique longue durée, rien de tel pour servir les
intérêts sionistes et anglo-américains au Proche-Orient. À la suite des nouveaux
massacres, « Israël », qui occupe depuis 1967 la partie du Golan
syrien, annexée depuis 1981, invoque la protection des Druzes pour justifier ses
frappes à Damas et au sud du pays.
Lire. Fusionnés dans le mutisme, les lecteurs solitaires acceptent de partager
des événements imaginaires avec les auteurs qu’ils aiment, qu’ils peuvent lire,
consulter, voire, éventuellement, contacter, sans forcément partager leur
manière de penser ni leur genre de vie. Ces événements imaginaires constituent
le genre d’événements qui font du bien à la solitude et à la pensée. On sait qu’ils
existent pour nous. Ce qu'il faut, c'est pouvoir y participer mentalement sinon
physiquement, ou couper avec l’histoire quand on le désire. Ce qu'il faut,
c'est le retrait paisible, la retraite choisie sans impositions. Tout le
contraire de ce que l’actualité exige dans un contrat que nous n'avons jamais
signé. La vieille urbanité permettait la solitude et la
compagnie, l'incivilité actuelle impose à la fois la promiscuité étouffante
et l'isolement impuissant.
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Écrire pour le plaisir du divers, en faisant une sorte de bilan de presque tout ce
qui se passe « au dehors » avec les surprises que cela comporte et
pour lesquelles on n’est pas préparé. On est normalement à la merci d’énigmes
impossibles. Avec des reprises (y compris d’images ou de photos) et des
développements qui ne signifient jamais une fin, une cause, une utilité, mais
bien au contraire un horizon lointain, entrevu, jamais out très rarement
atteint. Beaucoup d’amertume, de désillusions fruits de la vieillesse mais sans
se refuser l’ironie, le traitement du grotesque par le burlesque ou, tout
simplement, l’éloge de la vie : « C’est une absolue perfection, et
comme divine, de sçavoyr jouyr loiallement de son estre » (Montaigne, Essais, III, 13).
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Écouter. Vagabondage indolent d’une musique à l’autre, d’une chanson à l’autre,
lâchées au hasard comme des oiseaux. Par caprice absolu, comme si c’était de la
poésie. Ou de la peinture. Instants de bonheur passagers et répétés par la
recherche simple de l’émotion livrée d’emblée, de l’impression primaire de
plaisir, appréhendée rapidement. Ma tête, sans repos, passe de l’hommage vibrant à l’Iran de la composition Iran Iran, de l’émouvant Mohammad Noori à L’Orphée et Eurydice de Gluck, de Canciones y madrigales de Francisco Guerrero, à Jordi Savall / Hespérion, Lacrimae Caravaggio … Grâce à ces « distractions » la monotonie
estivale devient seule source de vie, de réalité et, presque, de vérité : étrange
assortiment d’existentialisme biscornu mâtiné de doute méthodique dans lequel se confirme ma conviction que l’âge marque la fatigue des certitudes et le déclin des
absolus. Et je rends hommage au dur labeur de C. Foulon, La ópera en disco
de Mozart a Britten, qu’il compte éditer prochainement. Rien que les trois
dernières lignes de l’introduction mériteraient le déplacement, je veux dire,
l’achat et la lecture de cette étude de plus de sept cents entrées.
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