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mardi 6 juin 2023

Tic-tac … Et le temps passe !

 

Actualité. Celui qui a eu recours à toutes les violences et à toutes les ruses pour conquérir puis garder le pouvoir ne supporte pas l’idée de voir qu’on puisse agir contre lui par des moyens semblables. Lui, qui ose se prétendre légal, seul légitime et seul autorisé à la manipulation éhontée du troupeau électoral. Face à un tel hypocrite, les belles âmes qui s’interdisent, par candeur ou par élégance, la rage et la force ont déjà perdu. En de telles circonstances, il faudrait avoir au plus haut degré le mépris du confort de la propre vie pour combattre sans faillir celui qui atteste le plus haut degré de mépris de la vie de ses concitoyens.

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La seule vérité est peut-être la paix des livres (Saint-Exupéry). Je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque j'étais dans ma bibliothèque. Cette pièce, que j'ai aménagée dans toutes les maisons que j'ai habitées, dans laquelle se trouvaient mes affaires de prof, mes dossiers et mes livres. J’y travaillais tard dans la nuit, quand M. dormait et R. était partie faire son tour de nuit à l’hôpital de Saint-Sébastien. Travailler, c'était ça : veiller, combattre le sommeil. L’amour des livres, ça remonte à l’enfance. À la maison, il y en avait pratiquement pas sauf une demi-douzaine que mon père lisait à voix haute pour tous, au coin du feu, dans la modeste maisonnée de El Vivero. Vivre parmi des livres, ç'a été le grand fantasme de ma vie. Depuis toujours. À Bordeaux, Gijón, Fontarabie, Irun, puis à Bordeaux encore. Des tas de livres dans des pièces dont j'ai encore les odeurs en tête. Des pièces qui symbolisaient le silence et le bonheur. Des volumes de toute sorte attendant que mes mains viennent les prendre, les ouvrir. Quand M. travaillait dans la pièce à côté on allumait l’ampli et on passait des heures au milieu de cette forêt de pages, de notes et de sons. On pouvait y aller n'importe quand, dans l'après-midi ou en pleine nuit, ou bien le matin. J'ai encore une très belle bibliothèque mais je n'y mets pratiquement plus les pieds la nuit ou si peu. Je lis au lit, ou en bas dans la cuisine, ou au salon. Les livres dorment sagement. Je prends des notes avec une tablette ou avec un ordinateur. Solitude, toujours. Excepté quelques conversations au téléphone avec Christian F., pas de public avec qui discuter de lecture(s). Pas de collègues, pas d’élèves non plus. Il n'y a plus que les mots, je n'ai plus que les mots et les pages à ma disposition, alors que j'avais des cours, des tâches, des tonnes de projets. Je me rends compte que dans la bibliothèque, il y avait, il y a encore, des livres non lus. Philo, Histoire. Linguistique et poésie. Théorie littéraire, énormément. Et la solitude, bien sûr, sans laquelle rien de tout cela n'aurait été possible. Et tout sombrera dans l’oubli mais la mémoire résiste comme elle peut … C'est ça, la vie, cette constante superposition à plusieurs vitesses d'oubli et de mémoire. D'un côté, on est au milieu de murs de livres, seul, enfermé, et d'un autre côté, on a une vie à vivre, des gens qu'on a connus, rencontrés, aimés, détestés. C'est le double substrat fondamental. Pour traverser la vie en s'arrêtant sur ses rêves. L'histoire n'est faite que de ruines et de souvenirs. Il faudra, à A., tout recommencer encore une fois. Tout recommencer à zéro, ou presque. Avec ses projets, ses espérances, sa vie encore à esquisser dans son propre tourbillon de rêves ...



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