Typologie des cons, in Thomae Aquinatis Opera Omnia cum
hypertextibus in CD-ROM, Milano, Editoria Elettronica Editel, 1992. On a
cru, faisant confiance à Saint-Jérôme, que l’Ecclésiastes (1,15) affirmait
: « Stultorum infinitus est numerus » ... Réflexion, ô combien exacte, dont les
droits d'auteur reviendraient à Salomon, s'il a existé, ce sage picoleur raisonnant,
comme la tradition le veut « sotto influenza del vino », ou d'une
manière plus sûre, à Cicéron : « Stultorum sunt plena omnia » (Ad familiares,
9,22,4)
asyneti cataplex credulus
fatuus grossus jebes
idiota imbecillis inanis
incrassatus inexpertus insensatus
insipiens nescius rusticus
stolidus stultus stupidus
tardus turpis vacuas
vecors
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Tout savoir est fondé sur une information, mais il y a plus dans la connaissance que l’information ou l’opinion vraie, comme l’avait soutenu Platon. Dans la connaissance il y a aussi la justification et la raison. Le sophisme sur lequel repose le « progrès » est celui selon lequel tout changement technologique induit un changement cognitif et, partant, une amélioration cognitive. Avec la confusion qui part de la thèse de la « richesse » des choix accompagnant la « liberté » quand on « navigue » en ligne : on serait plus libre quand on papillonne de manière rapide que quand on doit se concentrer en lisant linéairement et lentement avec des enseignants en dialogue permanent avec l’étudiant. Un dialogue réel et pas seulement « virtuel » ou dans des discussions sans queue ni tête baladées sur des forums. La production d’un savoir au rabais pour les masses, où tout serait en ligne accessible à tous à l’échelle mondiale, ne pourra jamais, par un coup de baguette magique, recréer les conditions d’une véritable transmission de la connaissance. Un pseudo modèle mondial qui ne différencie pas les publics, qui ne distingue pas les types de savoir et d’enseignement ni les types de support et d’apprentissage n’est qu’une arme de destruction massive de l’éducation : votre esprit n’est plus dans votre cerveau, il est passé sur votre tablette ou dans votre smartphone.
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Ce ne sera tout de même une chose pas
banale que de devoir quitter une maison qui aura été la nôtre durant plus d’une
vingtaine d’années. Années de jeunesse de M., que je vis descendre les
escaliers du salon en superbe robe de mariée. Maison que nous avions choisie
pour nous y regarder vieillir, celle que A. considérait comme une sorte de
Paradis secret pour prolonger ses vacances avec nous et faire les délices des
jeunes mamie et papi que nous étions à l’époque. La chambre d’A. donnant sur la
façade sud et les Trois Couronnes gardera à jamais imprégnés sur ses quatre
murs le bonheur et la joie de notre petite belette en train de suivre les yeux
fermés « le petit conte » raconté par papi chaque soir ou la comptine
de papa (« câlin, câlin, câlin papa… ») pour la consoler des ténèbres
que les arbres, dehors, rendaient plus mystérieuses, plus fascinantes. Même la
maman de R. eut l’occasion de s’émerveiller des fleurs et des plantes d’un
jardin exquis fruit de l’imagination et des mains prodigieuses de sa fille. De
s’asseoir sur la terrasse, en fin d’après-midi, pour plier de rire quand A.
prétendait observer de loin « les embouteillages de Bilbao » derrière
la silhouette du mont Jaïzkibel. Nous l’occuperons encore quelques mois. Mais il
faudra bien la vider un jour ! Dans ces moments-là il ne faudra pas trop
tergiverser : énormément de souvenirs seront condamnés à la déchetterie. Ce sera
un peu harassant mais cela finira bien par arriver. Bientôt après nous
passerons devant mais ça ne sera plus chez nous. Nous lui aurons donné une
nouvelle existence pour recevoir d’autres gens, d’autres vies, d’autres projets.
Et elle attendra d’autres mains pour allumer le feu de sa cheminée, meubler sa
terrasse et habiller son jardin … Puissent, ses futurs nouveaux occupants, bien
la mériter et en jouir à fond pendant la durée de leur vie dedans !
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