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lundi 20 décembre 2021

Voici venu le temps de Noël ...

 

Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A luy n’avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n’a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.

                                                            Françoys Villon, Frères humains

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L’indocile s’est depuis longtemps éteint en moi. J’accepte bien des contraintes sans vraiment croire en leur utilité, juste histoire qu’on me foute la paix. Ça n’a rien d’héroïque, je sais, mais les inutiles actes de pseudo-bravoure, je les laisse à ceux qu’ils amusent. J’ai toujours su que même les dragons sont vulnérables et mortels mais je me vois privé de la capacité de faire que les moutons deviennent des loups … Ça simplifierait tant de choses ! Les politicien européens au service de leurs maîtres américains se sont donné pour tâche de réactualiser le passé à leur façon. Belle formule du laboratoire social pour activer un ersatz de mémoire filtrée qu’ils prétendent « historique ». À force de stupide insistance, l’apologie d’une telle mémoire fabriquée finira par réveiller les plus oublieux… On découvrira qu’il y a beaucoup de passé dans le présent, surtout quand on le ressuscite dans le dessein de répéter les mêmes horreurs de la main des pires fils de pute à vocation de bourreaux qui se renouvellent de génération en génération. Seul nuage à l’horizon : pasticher les bourreaux du passé appartenant à la propre secte afin de les faire revivre pourrait faire se réveiller les candidats à victimes du présent qui, à un certain moment, ne se résigneraient plus à jouer le jeu de l’intimidation ni à suivre docilement le chemin vers l’abattoir.

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Je ne jamais eu l’envie ni le besoin de danser comme un con dans des discothèques pourries, sur des musiques débiles ! Pendant mes insomnies, je songe aux temps disparus de ma prime jeunesse, au monde des premières années énergiques, sonores et visibles encore dans ma tête avant qu’y apparaissent et disparaissent tant d’êtres qui ont occupé mon existence bien longtemps après, au cours de ces années rapidement écoulées depuis.

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Éternel retour. Certains tueurs en série crèvent. D’autres sont remis en liberté. Des gens indignés postent des tweets ravageurs et des photos de tombes profanées. De tels actes m’ont toujours estomaqué. Quelle merde faut-il avoir dans la tête, le cœur et l’âme pour saccager des tombes comme celles de G. Ordóñez, M. A. Blanco et tant d’autres dans les cimetières ? Ils attaquent le fascisme ! Et quelle mauvaise symétrie surtout. Ils sont approximatifs de père en fils, ces profanateurs ! Leurs bourreaux de pères sont devenus des héros publics, et on sent comme un devoir d’attaquer leur sectarisme lâche de tueurs par derrière à l’heure où des médias subventionnés, des bobos et des chacals badigeonnent de merde la mémoire des victimes depuis des années. Les victimes qui ont survécu, handicapées, traumatisées à vie, leurs familles, personne ne les connaît ou très peu, ou bien, si connues, on les ensevelit sous les crachats (Ortega Lara, un vrai record : depuis la première seconde après sa libération !), la société n’en a que foutre, ou que dans l'anonymat, de leur douleur, de leurs névroses, de leur déchéance. Elles ne représentent pas un ennemi réel pour les familles de leurs bourreaux, inlassables corbeaux croissant à la soi-disant vengeance parce que leurs chers enfants sanguinaires doivent faire de la prison, eux, les si courageux combattants pour le socialisme et pour l’indépendance, ou parce qu’il faut des kilomètres pour leur rendre visite dans leurs cellules, à ces pauvres chéris, alors que la seule visite pour les proches des lâchement massacrés reste, et souvent très loin de leur domicile, les tombes d’un cimetière perdu quelque part. Parfois, courageusement profanées, ça oui, il faut le reconnaître.

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S’empouvoirer
, avez-vous dit ? Dieu soit béni, quel mot bancroche ! Les soviets tragiques reviennent, farceurs, mais cette fois sans l’électricité et avec l’écriture inclusive …

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Bilans sur la presse internationale du retrait d’Afghanistan. Américains et Britanniques, leurs vassaux, sont connus pour leurs opérations tordues partout dans le monde. Ils se donnent tous les droits, au nom des « droits humains » et de la « démocratie », bien entendu. De Dresde à Bagdad ou à Kaboul. Ils n’ont jamais été condamnés, fut-ce devant l’opinion publique, pour leurs crimes contre l’humanité. Ils sont sans aucun scrupule. Et leurs crimes n’ont jamais profité qu’à leurs lobbys pourris. Les plus ignobles massacreurs de musulmans de l’histoire humaine se sentent pousser une noble sensibilité et comme des pointes d’indignation pour les Ouïgours musulmans chinois. Ben, voyons !

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Quand Tacite relate l’entrée en fonction de Tibère, il ne peint pas la foule des anonymes, ceux qui se précipitent dans l’esclavage forment l’élite de l'époque. Le texte dit : « … at Romae ruere in servitium consules, patres, eques. Quanto quis inlustrior, tanto magis falsi ac festinantes, vultuque composito, ne laeti excessu principis neu tristiores primordio, lacrimas gaudium, questus adulationem miscebant. » C’est-à-dire, qu’à Rome, tout se précipite dans la servitude.  La soumission enthousiaste au pouvoir, c’est d’abord le fait des plus illustres et rien n’est plus servile qu’une assemblée d’inlustriores ignobles. « Le gouvernement devenait tous les jours plus odieux à ses sujets accablés et moins redoutable à ses ennemis. Les taxes se multipliaient avec les malheurs publics ; l’économie était plus négligée à mesure qu’elle devenait plus nécessaire ; l’injustice des riches faisait retomber sur le peuple tout le poids d’un fardeau inégalement partagé, et détournait à leur profit tout l’avantage des décharges qui auraient pu quelquefois soulager la misère. L’inquisition sévère qui confisquait leurs biens et exposait souvent leurs personnes aux tortures décidait les sujets de Valentinien à préférer la tyrannie moins compliquée des Barbares, à se réfugier dans les bois et dans les montagnes ou à embrasser l’état avilissant de la domesticité mercenaire. Ils rejetaient avec horreur le nom de citoyen romain, autrefois l’objet de l’ambition générale. (…) Quand un même moment aurait vu périr tous les Barbares, leur destruction totale n’aurait pas suffi pour rétablir l’empire d’Occident ; et si Rome lui survécut, elle avait vu du moins périr sa liberté, son honneur et sa vertu. » (E. Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain). Rome n’a pas été détruite en un jour, même s’il y a eu des épisodes spectaculaires, comme le sac de la ville par les Wisigoths en 410. Cette disparition de l’empire romain nous apparait aujourd’hui comme une tragédie exemplaire, comme la tragédie politique par excellence, en sorte que l’expression la chute de Rome nous sert à désigner de manière générale la destruction de la civilisation par la barbarie. Mais ce qui nous semble rétrospectivement une perte épouvantable n’apparaissait pas nécessairement comme telle à ceux qui l’ont vécue. Pour la majorité des sujets de l’empire, sa disparition a très probablement été un objet d’indifférence, voire de soulagement. Nous vivons actuellement dans un monde composé d’Etats-nations, forme politique qui semblait celle vers laquelle tendait l’histoire, même sous les apparences les plus aberrantes : états-nation sortis de la baguette magique du caprice impérialiste, fragmentant de vraies nations, ou directement de la Bible, chassant du territoire le peuple qui occupait les lieux depuis des millénaires.


L’Europe actuelle semble plutôt pencher pour un espace politique dans lequel les frontières seront fondamentalement instables, les centres de pouvoir faibles et mal déterminés, les souverainetés partagées. La forme politique qui semblait naturelle, faite d’une nation homogène et d’un Etat fort, sera désormais considérée plutôt une exception dans la déjà très longue histoire de l’humanité, et rien n’assure qu’elle sera plus qu’une parenthèse. Certes, cette forme politique a ses avantages mais elle n’est pas pour autant un bien sans mélange. Ou, pour le dire autrement, l’effondrement de l’Etat n’est pas toujours un mal si grand. Considérons l’Etat qui nous est le plus proche, l’Etat espagnol. N’est-il pas évident que cette vaste structure ressemble de plus en plus à l’administration impériale finissante, avant la chute de Rome ? Accaparée par des oligarchies qui poursuivent leurs propres intérêts aux dépens de ceux de la population qu’elle est censée servir ; de moins en moins capable de remplir correctement ses fonctions essentielles, protection et éducation, et cependant sans cesse plus dispendieuse et despotique dans ses exigences. La rapidité, l’allégresse même avec lesquelles l’appareil socialo-communiste s’est mis en branle après le pacte pour la formation d’un gouvernement transversal font un pénible contraste avec la lenteur, l’impréparation, l’indécision de la politique sanitaire, qu’il s’agisse des masques, des tests ou des vaccins. Et de fait l’épidémie de Covid a mis en pleine lumière à quel point il était facile de nous priver de libertés bien réelles en échange de la promesse de biens illusoires. Passivité et mollesse d’âme également au moment de faire respecter la loi sur l’ensemble du territoire ex-national qui encourage tous les abus de pouvoir, préparés de longue main par un battage médiatique qui nous a habitués à croire que la solution à nos principaux problèmes se trouve toujours hors de nos mains et dans celles d’une caste de politiciens professionnelle, lointaine et irresponsable mais supposée bienveillante. Espérons que le caractère lointain et irresponsable de cette caste, chaque jour plus évident, ainsi que son caractère bienveillant et démagogue, ne nous empêchent de chercher notre salut collectif et de la stopper au plus vite avant qu’elle nous impose un joug à perpétuité, comme nombre de pays de l’Amérique latine le connaissent, certains depuis trop longtemps. Cet état de choses a aussi été préparé à bas bruit par l’acceptation d’une discipline de parole (global narrative control) de plus en plus stricte et arbitraire, indigne d’un peuple libre et effectivement incompatible avec le fonctionnement des institutions représentatives. Rien n’indique que nous soyons sur le point de nous reprendre et de secouer les chaînes du despotisme qui s’installe. Bien au contraire, notre soumission intellectuelle aux ruffians politicards se complète avec la conviction hypnotique que nous devons « sauver la planète », imposée comme une évidence, et nous prépare pour demain des contraintes de tout ordre qui risquent fort de faire passer la période actuelle pour un temps bucolique d’insouciance et de liberté primesautière.
Devrions-nous vraiment nous sentir accablés à l’idée que cette Espagne-là pourrait disparaitre ? L’effondrement qui est en cours pourrait aussi signifier un nouveau commencement pour nos descendants et les générations qui viendront après. Un nouveau commencement dans l’obscurité et les difficultés de toute sorte, mais aussi peut-être dans une liberté retrouvée. L’Espagne fut précieuse, une grande et belle chose, autrement elle n’aurait pu durer si longtemps, pas la caricature grimaçante et sinistre qu’elle semble devenue : prenons garde de ne pas nous attacher inutilement au nom lorsque la chose a disparu. Aristote estimait que l’univers était éternel ce qui implique que tout recommencera toujours, sous une forme à chaque fois différente. Périodiquement, quelque catastrophe, humaine ou naturelle efface de la surface de la terre les nations et les civilisations existantes et provoque un nouveau départ. Si nous prenons en compte le fait que la dégénérescence et la décrépitude sont le destin des corps politiques aussi bien que des corps de chair, cet effacement périodique nous apparaitra davantage comme une bénédiction que comme une malédiction. Il nous faudra beaucoup de sérénité et de distance critique par rapport au but que nous cherchons à atteindre : nous libérer de l'amas de gouvernants incompétents, ignares et corrompus qui nous font mal aujourd’hui, sans pour autant se faire beaucoup d’illusions, ou jamais très longtemps, sur ce que nous pourrons accomplir.

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