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jeudi 25 novembre 2021

 Je vois dans un ciel de novembre / Partir les derniers migrateurs.

De bons tuyaux proposés au premier ministre espagnol pour une exploitation durable et rationnelle des ressources en gauchistes estampillés et en conseillers-parasites désignés au doigt mouillé par son excellence : contribution à l’éclairage urbain mos majorum (les aristocrates à la lanterne !), avec les premiers, fainéants comme des limaces ; décoration chanvrée des réverbères et des arbres sur la voie publique, avec les seconds, aussi utiles qu’un frigo débranché. On est à une période où les mensonges vomis par les élites en deviennent tellement gros que même les sanchistes reconnaissent que les journalistes et le gouvernement mentent autant qu’ils respirent. Certains disent que c’est une marque d’impunité, que le système est si puissant qu’il peut désormais se promener à visage découvert. Le système est rentré dans une phase d’interventionnisme actif en s’introduisant dans notre vie de tous les jours plus que jamais, avec un fou sans scrupules a à la tête de l’Espagne au moment où on s’apprête à faire revenir à un niveau de vie médiéval une majorité de gens dans nos pays mondialisés. Curieusement, les refugees welcome qui arrivent sont bien plus fachos et bien moins cons que leurs peuples d’accueil. Les élites peuvent mettre en place leur système, cela n’empêchera jamais les gens de vivre. Orwell avait écrit que, quels que soient les projets de quelque système que ce soit, à la fin, il y aura toujours le peuple. Toujours ? Avec le va-et-vient des populations corvéables au gré des desseins des groupes et des lobbys de trafiquants de personnes, on a du mal à imaginer des lendemains qui chantent pour ce peuple. Une vieille maxime désignait le tourisme (« le tourisme détruit le monde ! ») par le fait de « transporter dans des lieux qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». Maxime qu’on s’est plu parfois à lancer, à juste titre (Venise, et.) au visage de la meute touristique parce elle troue la couche d’ozone et qu’elle brûle du précieux combustible non renouvelable. À mon tour de proposer une nuance dans la notion de trafic de personnes en lui donnant une définition idoine : « transporter dans des endroits qui seraient mieux sans eux, des gens qui seraient mieux chez eux ». 

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Au milieu de chaque évocation, au-dessus de chaque expression du devoir de mémoire, le bombage de torse des médias à l’occasion de la « victoire » du 11 novembre mérite bien quelques rappels utiles. Par exemple, deux événements décisifs de l’année 1917 : en janvier, le télégramme Zimmermann dont on peut penser qu’il fut conçu comme une provocation destinée à faire entrer les USA en guerre et, en novembre, la déclaration Balfour, qu’on peut voir comme un remerciement des Britanniques aux sionistes pour avoir réussi à convaincre les USA d’entrer dans le conflit, passant de neutres à belligérants.  La France, écrasée par les Prussiens en 1870-71, fut en 14-18 « sauvée » par les Anglais puis les Américains. De l’année 40 n’en parlons pas, les Soviétiques sauveurs réels, ont été remerciés avec la guerre froide. Puis défaite dans toutes les guerres coloniales et retrait honteux d’Algérie ; interventions dans les guerres d’ingérence humanitaire à la remorque des Américains avec des succès qu’on peut encore constater aux Balkans, en Syrie, en Afghanistan, en Afrique (Rwanda, Mali, etc.). Et un résumé critique et bienveillant à l’encontre des thèses incroyables, répétées partout, de l’Europe sauvée par l’Amérique (!).


La guerre la plus meurtrière de l’histoire d’Europe jusqu’à cette date a effectivement pris fin le 11 novembre 1918. Mais l’Europe en est sortie vaincue. Supplantée économiquement par les États-Unis, divisée entre des vaincus et des faux vainqueurs, ébranlée dans ses convictions et dans le bien-fondé de sa civilisation, l’Europe, éclatée, est en crise. Elle marque l’avènement des États-Unis comme première puissance économique du monde. Épargnée sur son territoire, l’industrie américaine a pu pleinement profiter des débouchés créés par la guerre européenne. Par ailleurs, les multiples sanctions imposées par le président américain Wilson lors du traité de Versailles permettent de neutraliser la puissante et redoutée industrie allemande. Mais c’est surtout idéologiquement que l’Amérique est gagnante. En effet depuis 1648 et le traité de Westphalie, les guerres européennes n’étaient jamais menées au nom du Bien. Chaque État servait ses intérêts mais reconnaissait également implicitement le bien-fondé des intérêts des autres. Au contraire, les conditions du traité de Versailles entérinent la vision américaine de la guerre manichéenne issue du messianisme calviniste. Malgré leurs récurrentes tentations isolationnistes, les États-Unis doivent accomplir leur destinée manifeste et répandre religieusement la démocratie libérale et l’économie de marché à travers le monde. S’ils ont gagné, c’est que leur cause est juste, tandis que l’Allemagne et ses alliés ne peuvent être que coupables et doivent être criminalisés et punis en tant que tels. Cette vision s’accorde également avec la volonté de détruire politiquement et de soumettre économiquement les grands empires européens : Allemagne, Empire austro-hongrois et Empire ottoman dont le démantèlement est effectué par le traité de Sèvres en 1920.
On voit s’ouvrir une période de plusieurs décennies de remise en question de la civilisation européenne, qui se clôturera en 1945 avec l’implantation définitive du modèle américain libéral et matérialiste par le plan Marshall et son corollaire, l’american way of life. L’armistice de 1918 marquera également la fin d’une guerre aux conditions inédites. Aux soldats se battant fiers et debout ont succédé des hommes rampants et se terrant dans les tranchées. Ces conditions humiliantes, amplifiées par le nombre de mobilisés et la durée de la guerre, ont affaibli moralement les peuples européens. La démocratie égalitariste s’est retournée contre ses citoyens. Après avoir permis au peuple d’accéder à l’éducation, elle lui a ordonné tout aussi massivement d’aller combattre dans la boue un ennemi à peine visible. Cette condition morale aura ensuite deux conséquences opposées mais jumelles : les prémices de la remise en cause féministe d’un patriarcat descendu de son piédestal, et la réaction de partis autoritaires dans le cas du fascisme italien. Difficile de comprendre aujourd’hui le 11 novembre 1918 et les sacrifices auxquels il met fin. Appréhender ce 11 novembre, c’est se replonger dans la mentalité européenne authentique avec ses qualités et ses défauts, son esprit de noblesse et ses passions bourgeoises. C’est appréhender une identité déjà plongée dans le bain dissolvant de la modernité mais pourtant encore pleinement européenne. En 1914 c’est surtout le roi Georges V, qui voyant la puissance continentale Allemande, peut être à l’époque première puissance industrielle du monde, a voulu cette guerre. L’un des points culminants fut sans doute le projet de chemin de fer Berlin/Bagdad avec accès direct aux champs de pétrole. Au paysan français on lui a bourré le crâne à l’école d’abord et ensuite, en lui vendant l’image de la belle alsacienne prisonnière des sauvages Allemands. Qu’à cela ne tienne : « On les aura ! À Berlin ! » Quand l’on voit avec un siècle de recul les conséquences de la guerre de 1914-1918, l’on ne peut que remettre en cause le bon sens des dirigeants de l’époque. Il faut rappeler qu’en 1914, il y avait une cause de contentieux principale entre la France et l’Allemagne, la question d’Alsace-Lorraine. A la suite de la guerre de 1870 l’Alsace-Lorraine, d’une superficie de 14 000 km2 avait été annexée par l’Allemagne. Cela représentait 2,5% de l’Hexagone, d’une superficie de 551 000 km2. Pour avoir une chance de gagner une nouvelle guerre, la France fut conduite à conclure des alliances avec la Russie tsariste, puis l’Angleterre et donc de se mettre à la remorque de ces deux puissances qui avaient leurs propres raisons de souhaiter une guerre. Pour récupérer l’Alsace-Lorraine qui comptait environ 1,4 millions d’habitants en 1914, la France dut supporter la perte de plus de 1,3 millions d’hommes jeunes, en âge de procréer, sans compter les blessés et mutilés dépeuplant ainsi des régions entières du centre et du sud de la France.
Sa population de 40 millions d’habitants en 1914 ne put s’accroître à 41 millions qu'en 1939. La France n’aurait été de toutes façons pas à même de supporter une nouvelle hécatombe. Après la Seconde Guerre mondiale, malgré une reprise de sa natalité, sa population actuelle de 63 millions d’habitants n’a pu être atteinte que par l’importation massive de populations extra-européennes, surtout de culture musulmane avec tous les problèmes qui en découlent aujourd’hui. A titre de comparaison l’Allemagne avait grosso-modo en 1914 la même superficie que celle de la France 540 000 km2. Elle a perdue 70 000 km2 par le Traité de Versailles (que les Américains n'ont pas signé)  soit 12% de sa superficie. Après 1945 elle a de nouveau perdue 120 000 km2 à l’Est de la ligne Oder-Neisse. La perte de 35% en tout de son territoire ne l’a pas empêchée d’être aujourd’hui la première puissance économique européenne. La France n’aurait-elle pas dû en 1914, faire son deuil de l’Alsace-Lorraine, ne pas se laisser entraîner dans une guerre pour des intérêts étrangers, garder sa population jeune et, en stabilisant sa souveraineté sur ses colonies disposer des ressources économiques pour assurer une croissance saine de sa population de souche européenne ? L’Alsace et La Lorraine avaient été cédées en contrepartie partielle de dommages de guerre réclamés par Bismarck lors de la guerre perdue par Napoléon III en 1871. Les députés réunis à Bordeaux ont accepté à la majorité des voix cette ablation du territoire. Les 3 députés concernés sont sortis écœurés à l’issue du vote et seuls 2 députés se sont levés pour saluer leur départ. Henri Guillemin a expliqué très bien (La Commune de Paris), pourquoi la guerre de 70 fut voulue par la bourgeoisie française et comment elle s’est débrouillée pour perdre face aux Prussiens. Avec la guerre de 14-18, c’en est terminé des vertus aristocratiques européennes. Cette idée est très bien rendue par le film La grande illusion. Les deux éléments que les Etats-Unis d’Amérique détestaient par-dessus tout dans l’Europe étaient : l’aristocratisme hérité à la fois de l’ancienne noblesse et de la civilisation gréco-romaine et le catholicisme. Au nom d’idées nées des Lumières et de la Révolution française, telles que la citoyenneté, l’égalitarisme, la démocratie, on a envoyé des centaines de milliers de pauvres bougres se faire massacrer dans les tranchées. Or on ne s’improvise par guerrier du jour au lendemain. Sous l’Ancien Régime et plus particulièrement au Moyen-âge, lorsque régnait encore le système féodal, la guerre était réservée à une élite et surtout les Princes, les chevaliers, les seigneurs menaient leurs hommes en tête. Ils ne restaient pas planqués à l’arrière pendant que les trouffions se faisaient massacrer. Ce qui est significatif dans la guerre de 14, c’est justement qu’elle n’a pas eu de cause à justifier en rapport avec l’immensité du massacre : ce néant causal exprime exactement le néant de pensée de l’humain, incapable de dépasser la croyance au surnaturel, détruite à jamais au XVIIIe, et vaquant dans ce néant depuis. Ce qui s’est passé pendant la guerre 14-18 préfigurait notre système démocratique contemporain : pendant que les prétendues élites s’enrichissent, le menu peuple et les classes moyennes, les trouffions actuels de l’Union européenne, tentent de survivre, accablés de charges sociales et d’impôts.

 Parenthèses en cascade.


* Parenthèse I sur la grippe espagnole qui n’était ni grippe ni espagnole. C’était une bactérie développée par Frederik Gates, le père de qui vous devinerez, avec les sous de la fondation Rockefeller convaincue par l’eugénisme et pour laquelle il n’y a eu de vaccin miraculeux jusqu’à 1930. Les premiers à tomber étaient des militaires US envoyés en France dans les tranchées où les poilus affaiblis pataugeaient dans la boue et l’urine. Des conditions idéales pour la propagation. Rien à voir avec l’Espagne, pays neutre dans ce conflit.


* Parenthèse II sur la revanche : les manuels scolaires de la IIIe République étaient très haineux pour les Allemands ; l’immense majorité des Français vivaient dans les campagnes, ils n’avaient jamais vu un Allemand, et ils étaient réfractaires à la conscription qui est l’équivalent des anciennes corvées, mais loin de chez soi et pendant deux ans. Il n’est même pas sûr que les Alsaciens aient voulu redevenir français, les Allemands les favorisaient beaucoup et un référendum d’autodétermination aurait peut-être exprimé une volonté de rester Allemands. La guerre a été provoquée par la décision du chef du gouvernement André Viviani, avocat radical socialiste, de décréter la Mobilisation générale. Rien ne valait de faire tuer 65 % de tous les garçons français (et Allemands) de 18 à 28 ans. C’est une faute historique monstrueuse. L’Allemagne a proposé deux fois en 1915 et 1916 de mettre fin à la guerre et de retourner au statu quo sans gains de part et d’autre mais Georges Clémenceau a refusé. Le Tigre faisait tirer sur les grévistes sans état d’âme. Il était très lié aux USA par son mariage en 1869 à New-York avec une Américaine. Son frère cadet, Paul Clémenceau, s’était marié à Vienne avec Sophie Szeps, juive autrichienne agnostique dont le salon était le centre du parti dreyfusard, fille d’un journaliste socialisant hostile à la famille impériale d’Autriche.


* Parenthèse III sur la Palestine. Tournure opportuniste au fil des événements ou planification ? Abd Ul Hamid ayant refusé de vendre la Palestine aux financiers sionistes, les juifs vont profiter de déclenchement de la guerre européenne pour s’en emparer, pouvant spéculer que l’Allemagne et l’Autriche Hongrie, alliés de la Turquie, seront vaincues.  L’Empire Ottoman sera démembré et les sionistes commenceront la colonisation de la Palestine. En 39 le but de guerre deviendra la destruction de l’Allemagne mais aussi l’épuisement de l’Empire Britannique afin que les sionistes chassent les Britanniques de Palestine, sous leur mandat, et créent l’Etat d’Israël. Ce qui aura lieu trois ans après la capitulation allemande.


* Parenthèse finale sur les causes de la guerre. Des indicateurs d’une guerre étaient nombreux dans la politique de chacun des belligérants : revanchisme français, panslavisme russe, nationalismes ethniques en Autriche-Hongrie, unité allemande et italienne non-achevée, la Méditerranée, Berlin-Bagdad, la course à la marine anglo-allemande, continuum Cap-Suez, guerre des Boers et soutien allemand, l’affaire du Maroc, et on peut en ajouter encore et encore. Guerre voulue et que l’on sait provoquée, mais par tout un tas de raisons qu’on n’apprend pas à l’école. Pour faire très vite : Déclaration Balfour ; renforcement de l’arc de crise Balkans/Irak/Turquie ; rivalité de l’acier, entre l’acheter pas cher des Anglais et la qualité allemande ; affaire du Lusitania ; mauvais traitements dans le Yiddishland russe, zone exclusivement réservée aux juifs en Russie afin de les éloigner des villes (cf. Yuri Slezkine, Le siècle juif).


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Serpents venimeux qui se mordent la queue entre eux.

Le grand avantage des réseaux sociaux, c’est qu’ils démasquent la personne, comme Céline disait (cf. Mea culpa) du communisme qu’il avait démasqué l’Homme. Les réseaux permettent en effet de révéler la face profonde de tout individu. En une demi-phrase, on voit l’abyssale bêtise, l’absence totale de connaissance, la moutonnerie de suivre le même mouvement d’une non-pensée religieusement assénée à coups de truismes ou de pseudo-méchancetés. Exactement pareil que les médias, donc, qui ne peuvent plus rien penser, ou plutôt faire semblant de penser sur quoi que ce soit sans se référer aux réseaux sociaux dont ils ont peur. Sur l’individu isolé dans sa rage et l’haineux dans l’anonymat, ces flots de mots et d’images spontanés font des ravages. Le message du réseauteur social sombre dans l’esprit de troupeau le plus agressif. La meilleure solution ce serait de lever l’anonymat sous couverture de pseudonyme et d’obliger chaque intervenant à donner son vrai nom pour qu’il sorte du bois de la lâcheté et montre au grand jour sa fatuité et son ineptie. Et il faudrait aussi peut-être qu’il montre sa tête. Avec sa photo, date de naissance, métier, petit CV succinct, on pourrait comprendre de quel étage de l’humanité chaque type ose parler. L’IP, la belle affaire !  On peut se faire soutenir par la planète entière et ne réussir qu’à choper une petite poignée de harceleurs qui, traînés en justice, se prendront des peines purement symboliques ou des amendes ridicules alors qu’ils étaient des milliers à vous pourrir la vie. On se pose la question pour savoir pourquoi les bourgeoisies pourries et arriérées de nos sociétés laissent faire jusqu’à l’impunité ces mêmes réseaux sociaux qui puent le fanatisme se contentant de suspendre ou de condamner, selon des principes d’idéologie variable, tel ou tel cas ponctuel pour faire semblant d’agir de la bonne façon, de prendre de bonnes mesures. Mettre hors d’état de nuire des ordures qui empoisonnent la vie des autres sans se montrer, c’est de l’autodéfense. En revanche, un blog sympa au jour le jour ou périodiquement entretenu comme une sorte de jardin, j’y suis plutôt favorable. « Qu’est-ce que c’est que ce blog que tu t’entêtes à remplir pour rien ? ». « Ben, rien si ce n’est une espèce de tanière personnelle à partager avec une demi-douzaine de proches, à l’abri des tempêtes, chauffé aux braises de l'amitié face au tsunami d’ordure qui dévastera tout, provoqué par de vrais misérables. » Rien à voir avec le langage des twittos, des facebooks ou d’autres formules de réseau social. Ici, pas de polémique voulue ni d’affrontements crachant l’hostilité à couteaux tirés. On aime ou on n’aime pas. On partage ou on est à des années-lumière des opinions exposées. Mais complicité ou éloignement poussent sur le terreau du respect commandé par la common decency.


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L'expérience nous dit ceci : deux personnes se disputent, l'une a raison et l'autre non ; celle qui a tort gagne toujours.

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Ortega déclarait que « l'Espagnol est le seul Européen qui pense que les faits sont contestables ». Le soir je regarde la télé. France Cinq diffuse un documentaire intitulé Céline : les derniers secrets. Derrière ce titre racoleur, l’histoire des six mille feuillets volés dans l’appartement de Louis-Ferdinand Céline à la Libération et ressurgis l’été dernier via Jean-Pierre Thibaudat qui s’est donné la peine de tout transcrire avant de remettre le magot aux ayants droit. Quelques jours plus tard, j’ai eu la maladresse de rallumer la télé au pif. Je tombe sur une chaîne espagnole, l’écran occupé par la tête d’urinal renversé – quoique jamais vidé – d’un ignoble crétin anciennement maire de Saint-Sébastien, jusqu’en 2011. C’était, j’ai cru comprendre, la discussion du projet de loi des finances pour 2022. Un député centriste reproche à la majorité socialo-communiste-séparatiste (terme presque aussi long que celui qui a détrôné le classique anticonstitutionnellement : l’hippopotomonstrosesquipédaliophobie !) d’avoir pactisé avec le parti des blanchisseurs de la lugubre « eta », premiers à voter cette loi censée apporter le bonheur universel et le rasage gratuit longtemps promis. Mal lui en prit ! Notre héroïque socialo lui sauta à la gorge à grands cris traitant, au passage, de franquistes les voix des ennemis du peuple au Parlement. Comme on le comprend ! Ennemi juré du régime de Franco entre 1973 et 1975 (à vingt ans, messieurs-dames, faut le faire !) brillant étudiant de droit aux dires de ses condisciples et connu par son acharnement au travail, il eut sans doute du mal à résister à la tentation de rentrer courageusement dans le lard, à coups de sa tête chauve comme un pou, aux fascistes de l’hémicycle. Pour ce brillant représentant de la souveraineté, si l’Eta a bel et bien disparu depuis longtemps, Franco est toujours là et son combat à lui entre 73-75 récupère tout son sens aujourd’hui avec plus de vigueur que jamais. Non, mais !

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On n’arrête pas de me seriner avec ce film d’I. Bollain où l’épouse d’une victime des assassins d’une organisation séparatiste basque fait preuve d’empathie à l’égard du bourreau de son mari. L’avalanche de louanges qu’une telle attitude continue de susciter, reprenant de plus belle dès qu’un responsable (?) politique voit un micro à portée de sa bouche, entre violemment en collision avec la pluie de critiques ou le tombereau d’injures (« fascistes, c’est vous les terroristes ! ») déversé contre des proches d’autres victimes moins complaisantes pour ces bienfaiteurs de l’humanité. Difficile, le pardon (avec quelle formule : « excusez-moi », « je vous demande pardon », « je ne le ferai plus, etc. » ?) des crimes terroristes. Chacun d’entre nous fait partie d’une société offensée et assassinée ne serait-ce que dans un seul de ses membres. Les familiers peuvent pardonner à titre individuel privé, mais ils ne peuvent pas nous remplacer en tant qu’éléments constitutifs de cette société. Il ne peut y avoir de pardon sans accomplissements des peines et sans réprobation sociale, puisqu'il n'y aura jamais ni réparation ni restitution.


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Te Dico Praeteriens Dicas Sit Tibi Terra Levis / Passant, je te prie de dire : « Que la terre te doit légère ! » Cette inscription funéraire romaine n'arrête pas de me tarauder ...

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Écrivains maudits. Olivier Maulin, dans son éditorial du hors-série de Valeurs actuelles sur « les
maudits de la littérature », définit ces maudits comme ceux qui n’épousent pas leur époque, qui provoquent, agacent, dérangent. Sont donc maudits ceux qui troublent la communion « dans le nouveau monde de la démocratie et du progrès issu de la Révolution française », ceux qui poussent « un hurlement d’épouvante face à ce monde moderne ». Il termine en évoquant « les écrivains muselés d’aujourd’hui, ceux qui portent la marque d’infamie comme une Légion d’honneur. Ils sont insultés, calomniés, ostracisés, parfois privés d’éditeurs, pour avoir dit ce qui ne doit pas être dit, pour avoir pensé ce qu’il est interdit de penser ». Nous pouvons avoir une vision large ou une vision plus restreinte des écrivains dignes de figurer dans la catégorie des écrivains maudits. La recension à laquelle procède le hors-série de Valeurs actuelles mélange ces deux catégories, et en ajoute d’autres : « les poètes incompris ou ignorés de leur vivant », ou encore les « oubliés » de talent, comme Félicien Marceau, rapidement évoqué par Maulin et Dandrieu. De ce fait le hors-série surprend, car on y trouve Céline, certes, Drieu, Morand et Chardonne, et, pour les contemporains, Richard Millet, Renaud Camus ou Alain de Benoist, ce qui est logique. Y figurent aussi Péguy, Bernanos, Joseph de Maistre, Chateaubriand, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Nimier, Léautaud, Richepin, Villon, Gripari, Boudard, et aussi Dantec ou Michéa, peu ostracisés. Ou encore Jean Meckert, Julien Blanc ou Maurice Raphaël, trop peu connus pour être maudits … Il est surprenant, en revanche, de ne pas trouver dans la liste Brigneau et Madiran, Nabe, Gobineau, Rebatet, ABordea Bordeaux René Benjamin, Jacques Benoist-Méchin, Abel Bonnard, Paul Chack, Alphonse de Châteaubriant, Pierre Dominique, Bernard Faÿ, Ramon Fernandez, André Fraigneau, Maurice Sachs, Saint-Paulien, Saint-Loup, Claude Farrère, Robert Brasillach, Félicien Marceau, Emil Cioran, Jean Raspail ou Jacques Perret, même s’ils sont rapidement cités au détour de tel ou tel texte … La notion d’écrivain maudit comporte une large part de subjectivité.

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Ma vie intellectuelle est à peu près chimérique ces temps-ci, au retour de Bordeaux. Je me voue aux petites besognes de la vie matérielle. Je donne un coup de main à R. pour la maison et pour le jardin : taille de la haie vide d’oisillons à ces dates, rempotage de l’érable du Japon, etc. Je ne lis presque rien sauf, chaque jour, quelques pages des Porcs 2, qui me font rire aux larmes, du surprenant Nabe (« y a même Nabe tellement y a personne ! »), basculant toujours entre l’ignoble bouffonnerie et le génie désopilant, cultivateur infatigable du subjonctif. Et l'indsipensable Jean-Marc Mandosio (Longévité d'une imposture. Michel Foucault). Je me consacre par moments à taper quelques lignes pour ce blog. 

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De Gaulle omniprésent dans la précampagne française. Je déteste toujours le De Gaulle du largage de l'Algérie. Maintenant on demande pardon aux Harkis ! Comme le temps passe ! D'autant que j’en sache ce sont les défenseurs de l'Algérie française qui les ont toujours défendus et sauvés dans la mesure de leurs possibilités, ces Harkis loyaux voués aux pires sévices du FLN. Les autres familles politiques s’en sont foutues comme de leur première paire de chaussettes. Guy Debord disait avec raison que calomnier un individu était inutile quand le citer suffisait à le condamner. Jacques Laurent ne pensait pas autrement dans son Mauriac sous De Gaulle, déjà salué dans ces blogueries.  « Nul n’aura mieux trahi de Gaulle que lui-même. Plume en main, il révèle qui il est. » Entre autres illustrations rapportées par Jacques Laurent, écrivain qui connaît ses confrères même militaires, celle-ci : « A Paris, le premier condamné à mort fut un journaliste frappé pour délit d’opinion. S’il avait prononcé sa grâce, de Gaulle eût marqué à ses cuisiniers qu’il trouvait leur sauce trop épicée. Il ne le fit pas. Le condamné suivant s’appelait Paul Chack. Il avait toutes les excuses du monde. De Gaulle ne lui en trouva pas. Il ne demandait qu’une faveur : mourir sans qu’on lui bandât les yeux. De Gaulle ne la lui accorda pas. Il est vrai que sur des sujets voisins, et à la même époque, les livres de Paul Chack se vendaient bien et celui de de Gaulle très mal. » Après une série de preuves exemplaires, la conclusion : « Il n’y a ni morale gaulliste, ni politique gaulliste, il n’y a même pas une préférence gaulliste pour quoi que ce soit. Le gaullisme repose sur le mépris des idées générales.


Qu’il s’agisse de l’Europe, de la République, de la décolonisation, de l’obéissance militaire, du communisme ou de tout ce que vous voudrez, le gaullisme varie selon son intérêt immédiat, au gré d’avantages passagers, mais avec assez d’autorité pour envoyer au poteau d’exécution celui qui n’a pas varié assez vite ». Un génie qui n’aura remporté de faciles victoires que sur ses compatriotes, fidèles, eux, à leurs serments : « Quand sur l’écran de la télévision les Français remarquèrent le visage et le ton de de Gaulle insultant les généraux putschistes, visage et ton qu’il n’avait jamais trouvés pour s’adresser aux fellaghas, ils comprirent à leur tour qu’ils seraient bien servis et qu’on allait, de main de maître, leur transformer la victoire de Ben Bella sur la France en une victoire de la France sur Salan. » Le vrai sujet du livre, ce n’est même pas le politique ivre de pouvoir, c’est l’homme de lettres qui s’est abaissé à jouer les flagorneurs : Mauriac, l'un des piliers du mythe, à plat ventre "sous" son général. On pourra également garder en mémoire qu’il a laissé faire mai 68 alors que sa répression envers les partisans de l’Algérie française fut extrêmement dure. On pourra se reporter à De Gaulle, la grandeur et le néant, de Dominique Venner, pour une magistrale démolition de cette statue en apparence indéboulonnable.


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Pronom fantaisiste en novlangue schtroumphaise. Difficile, quand on a œuvré depuis presque quarante ans au service de la langue française et de sa littérature, comme c’est mon cas, de ne pas réagir à la décision des nouveaux éditeurs du Robert d'officialiser l’emploi ultra minoritaire d’un terme comme le pronom « iel ». L’ancien directeur du Robert, Alain Rey, doit se retourner dans sa tombe. Lui qui jugeait « inutile » et impossible à employer cette « complication ridicule », selon ses propres termes, introduite par cette cancel culture importée des universités anglo-saxonnes, qui souhaite faire table rase du passé au nom du bien et du politiquement correct. Trois ans avant sa disparition en 2017, Alain Rey déclarait, dans une interview au Figaro : « L’écriture inclusive est vouée à l’échec ».  Extraits : « L’écriture inclusive est une réponse très partielle, qui est de nature à troubler les enfants alors même que ceux-ci ont du mal à maîtriser l’orthographe traditionnelle. (…) Ce n’est pas en ajoutant des points et des terminaisons féminines à tous les masculins que l’on va arranger les choses. » / « On a complètement confondu, me semble-t-il, les « signes » et les « choses ». Le masculin et le féminin dans la grammaire française ne sont pas liés à l’espèce humaine. Ils sont complètement arbitraires concernant les choses. On dit ainsi : un fauteuil, une chaise, etc. Idem concernant les noms d’animaux. On dit une girafe et pourtant on pense au mâle. Comme on croit que le crapaud est le mari de la grenouille. Or, ce sont deux espèces différentes. » / « L’écriture inclusive est une surréaction, certes compréhensive idéologiquement et moralement, mais à côté de la plaque. Elle est inutile, ne serait-ce que parce qu’elle ne peut pas se représenter à l’oral. Un texte en écriture inclusive ne peut pas se parler. C’est donc une complication ridicule et inutile sur un système qui est déjà, pour des raisons historiques, terriblement compliqué. Cette écriture méconnaît la réalité des choses. » / « On ne va pas aller saccager 1000 ans d’histoire au nom de quelques années de réflexion idéologique par un usage imposé par une toute petite minorité ! » / « On n’agit pas sur les idées en agissant sur la langue. »

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