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mardi 2 novembre 2021

Le niais, à l’origine, c’est un oiseau encore au nid.

« Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les terrasses. » Matthieu 10, 27

« Parce que tout ce que vous avez dit dans l’ombre sera entendu au grand jour ; et ce que vous avez dit à l’oreille dans la cave sera proclamé sur les terrasses. » Luc 12, 3

Pour justifier cette pratique du commentaire énergique, bien qu’impuissant, face aux scandales à répétition du pouvoir, on n’a que l’autorité des sources antiques, toujours bienvenue : c’est par l’étripage et la furie qu’il convient de reprendre le pécheur ou l’égaré. Et, comme le conseillait Barbey d’Aurevilly, il ne faut pas lire ses analogues, il faut lire ses différents … Même, et surtout, quand cela ne sert à rien. On s’offre les revanches qu’on peut.

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Question a mille balles de deux bonnes amies sudistes (gipuzkoakoak) : pourquoi ce battage médiatique autour d’Éric Zemmour ? Par fatigue et par nausée. Comme il n’est plus possible de parler de l’immigration, de l’assimilation ou de son échec (patent en France, envisageable parmi nous d’ci très peu de temps), du communautarisme, de l’importance d’une société d’ordre et de justice, de l’importance de la culture et de sa transmission, des impôts ravageurs et des taxes surréalistes sans déclencher des réflexes pavloviens des jacassants qui n’ont que le mot fasciste à la bouche, le premier qui le fait ouvertement et sans s’en défendre ni faire mine de s’excuser récupère immédiatement l’attention de tous ceux qui subissent justement les débordements quotidiens des politiques menées jusqu’à présent.

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Emmanuel Todd explique dans un texte qu’environ 15 % des gens savaient raisonnablement lire et écrire au début du XVIIIème siècle, et qu’au moment de la révolution, ce taux était passé à un peu plus de 50%. On a pu le déterminer grâce à des analyses graphologiques en étudiant des milliers de registres paroissiaux, car il paraît qu’on fait aisément la différence entre quelqu’un qui recopie machinalement quelques signes dont il ne comprend pas le sens, et quelqu’un qui a quelques rudiments mais serait incapable de lire, et quelqu’un qui lit à peu près couramment. C’est cette dernière catégorie qui est passée de 15% à plus de 50% entre 1700 et 1789. Malheureusement, Emmanuel Todd n’est pas allé jusqu’au bout de la logique. Qui a pu apprendre aux gens à lire et à écrire avant la révolution ? Les loges maçonniques, les philosophes des lumières qui ont par générosité décidé de financer l’instruction de la canaille pour la sortir de l’ignorance, comme ils le professaient à outrance ? Il semblerait que ce soit l’œuvre des méchants ecclésiastiques frères lassalliens, ces obscurantistes ennemis de la raison, ces « ignorantins » (Voltaire). Ce sont eux qui effectuaient des travaux pratiques et organisaient, en langue maternelle et non en latin, des écoles dans les paroisses rurales ou urbaines, et non ceux qui se gargarisaient de belles paroles sur l’instruction du peuple, tout en conchiant l’Église tant qu’ils le pouvaient, jusqu’au moment où ils ont commencé à les massacrer systématiquement. Les méthodes de ces frères sont celles qui ont permis de passer de 15% d’alphabétisation à 50 en moins d’un siècle. Et d’arriver à dépasser 70% quand Jules Ferry a décrété l’instruction publique laïque et obligatoire avec les fameux, à juste titre, hussards noirs de la république perfectionnant les méthodes des disciples de Jean-Baptiste de la Salle. Une réalité fruit de la convergence de stratégies plutôt que d’une guerre civile permanente. En écrivant ces mots, j’ai une pensée très forte pour le frère José Rivera, centre de gravité de l’école gratuite rattachée en 62 au collège de Palencia, dont le savoir et la gentillesse, dosés avec la précision juste, ont essayé de tailler dans le bois courbe de ma tête de dix ans quelque chose de bien droit, sans y réussir tout à fait à cause de l’extrême nodosité de la racine.

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Le gouvernement espagnol réorganise l’enseignement secondaire et compte augmenter le nombre de matières ! Après tant de micmacs, il ne restera plus grand'chose de solide. Surtout que les élèves ne risquent rien à ne rien faire. Le nombre d’heures perdues par semaine est ahurissant : pour cause d’éducation en sexualité, des journées du développement durable, de la lutte contre le racisme, contre la discrimination, des grèves pour ceci ou pour cela, etc. Des trucs qui font perdre au bas mot des centaines d’heures par an.

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Après une conversation en terrasse à propos des « religions du Livre ». La Bible, dont l’ancien testament des Juifs, correspondant plus ou moins à la Torah, est un corpus de textes inspirés, mais qui ont été écrits ou retranscrits par beaucoup d’hommes qui étaient censés les avoir composés « sous l’inspiration divine ». Ces textes sont écrits pour être discutés, interprétés, traduits, aussi bien chez les Juifs, le Talmud, que chez les chrétiens, les pères et les docteurs de l’Église entre autres. Tout chrétien et tout juif a le devoir de les lire et de les commenter. Les catholiques ont longtemps réservé ce droit aux clercs, en voyant d’un mauvais œil les laïcs le faire, ce qui a été une des raisons qui ont poussé à la Réforme, mais le principe est le même. Le Coran n’a rien à voir avec ça, il est pour les musulmans un livre dicté par Allah directement au Prophète, dont le contenu est incréé, ce qui signifie qu’il existe de toute éternité et que, si la traduction est acceptée du bout des lèvres par certains, mais pas par tous, il ne suppose ni interprétation ni, encore moins, discussion. Parler de religions « du livre » n’a aucun sens. Ce terme ne correspond à rien. Le Coran appelle « gens du Livre » les Juifs et les Chrétiens. La notion de religion « du livre » cherche à implanter dans l’esprit des gens que les trois religions monothéistes partagent un même livre. La seule religion « du livre » qui existe est l’islam et son livre est le Coran. La Bible et la Torah, des ensembles de textes d’origine et d’auteurs différents, ne relèvent pas d’un unique livre et ne relèvent pas de l’islam. Le christianisme dans ses diverses branches est une religion de la Parole.


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Des papes fulgurants, on en a eu deux ces dernières années : Jean-Paul II, l’homme d’action, et Benoît XVI, l’intellectuel peu enclin à faire des courbettes. C’est beaucoup, énorme même quand on considère la relative médiocrité intellectuelle de beaucoup d’évêques. Ils pensent encore qu’il faut être bien vu de la haute bourgeoisie, et comme celle-ci est devenue bobo, ils essaient de suivre. Ce type de comportement les met systématiquement en position de dépendance malgré une apparence de liberté. Et ils ne comprennent pas que leur rôle n’est pas de dédiaboliser l’Église se situant dans le même schéma mental que les droites fuyant comme la peste toute hypothétique confusion avec cette fiction risible qu’on appelle par paresse mentale l’extrême droite. Une stratégie non seulement vouée à l’échec, mais surtout en contradiction totale avec la trajectoire historique de l’institution. Le pape François, justement, confirme la règle, parce qu’il ne parle pas comme un chrétien, mais comme un perroquet de la doxa bien-pensante. Surtout, quand il attribue à l’Espagne, en vrac et sans emballage, toutes les turpitudes que vous savez. Retour urgent à Léon Bloy qui, comme Rudi Dutschke avec Lénine, avait essayé de remettre l'église sur pied ...


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Un texte de Dubuffet sur Céline dans La Quinzaine littéraire n°37 du 15 au 31 octobre 1967 (source : archives de Louis-Ferdinand Céline) « Si conséquente, si prévisible qu’elle soit dans le climat des milieux littéraires et journalistiques, la façon révoltante dont a été traité Céline par l’intelligentsia française est un des faits les plus désolants auxquels j’ai assisté. Je tiens Céline pour un génial inventeur, un poète (mais ce terme si galvaudé, de poète, le définit bien faiblement) d’ampleur considérable, pas seulement à mes yeux le plus important de notre temps mais des plusieurs qui forment les temps modernes, une des plus grandes charnières de l’histoire de l’écrire. Que ce ne soit pas apparu d’emblée aux intellectuels contemporains, pas tout au moins de manière suffisante pour imposer silence à leurs ressentiments et mauvaises chicanes, qu’ils aient fait bloc avec un si parfait ensemble pour dénigrer cette création monumentale et la transporter sur un misérable terrain de politique est un phénomène peu croyable. Il faut pour que cela ait pu se produire à pareille échelle que l’écrire soit aujourd’hui dans tous les esprits bien détourné de son statut originel, que soit bien oublié ce qu’on peut en attendre, ce qu’on doit en attendre. Il faut que la nature propre de l’art et de ses hautes danses soit bien occultée, qu’aient bien baissé les températures auxquelles se chauffe l’esprit, que le goût porté à la pensée analytique et discursive (ce leurre) ait bien pris le pas sur les incandescences de la création poétique, qu’on ne demande plus davantage à la littérature que des ratiocinations sur des sujets aussi primaires, aussi plats, aussi oiseux que le sont des débats de sociologie et de civisme. »

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La bestialité, pour mériter l’approbation généralisée, doit être de gauche. D’où la joie de nos amis de gauche pour célébrer l’anniversaire de la pompeuse cessation d'activité des crimes crapuleux de l’ETA. Ah ! Oh ! Le pathos de la paix ! Et avec ça, on peut rêver : un jour prochain, l’alliance des podémites avec les sanchistes et les tenants de la mouvance « eta » pourrait déloger du pouvoir le PNV. On vise le « sorpasso » ! Les sanchistes sont très très contents, eux, bien que les socialistes (ce n’est pas forcément la même chose) aient été fournisseurs un jour en victimes de choix de cette bande de gangsters meurtriers, encensée par les évêques et acclamée toujours par une considérable partie de la population, misérable, au-dessous de tout, toujours prête à cracher sur les victimes et qui ne se lasse pas d’applaudir ces bourreaux, quintessence de l’ignominie de la planète, dès qu’on les sort d’une prison largement méritée. Pour les médias subventionnés : orgasme total. La gauche woke et pestilentielle est frappée de ce qui m'est toujours apparu comme le propre du sentimental-progressisme : une incapacité à imaginer que celui ou celle à qui la loterie de la mort a souri puisse ne pas se prosterner docilement devant les bourreaux et penser ou même voter autrement qu'elle ou contre elle. En général, jamais elle ne se pose de questions sur les sentiments ou encore moins les opinions des autres. Pour elle, ça va de soi que toute la société progressiste pense comme elle, même quand des gorilles anthropomorphes sont capables, en son nom, des pires atrocités. La bestialité de ces types, racistes, pratiquants de l’épuration ethnique dans l’indifférence boniste des bobos planétaires ne laisse de me noyer dans la confusion et la colère. Voyants extra-lucides, ils savaient ce qui était bon pour la société basque. Ça a l’air extraordinairement compliqué mais eux, ils le savaient. Et si ça passait par l’élimination physique de l’adversaire, considéré toujours comme une bête qui ne demandait qu'à être abattue, on l’éliminait sans états d’âme. En cas de doute, des sinistres personnages genre X. Arzalluz et congénères éclairaient leur lanterne pour qu’ils ne s’arrêtent jamais par manque de cibles. Quel dur labeur ! Ces maîtres bouchers étaient considérablement aidés dans cette galère par d’ignobles misérables comme le puant Alfonso Sastre, qui vient de crever dans son lit débordant de merde, toujours prêt à juger et à punir l'« Espagne » mais obséquieux jusqu’à la fellation avec les pires canailles castristes. Et pourtant, Dieu sait si à Cuba il y a du chantier pour ce genre d'indignation à la con : société délitée, magasins vides, esclavagisme généralisée sauf pour la surréaliste nomenklatura locale. C’est bel et bien la poubelle de la post Histoire, poubelle fétide, pleine à ras bord de types lyncheurs de ce genre au nom des pires absurdités : le groupe ethnique, la patrie, la langue millénaire… dûment malaxés pour obtenir l’indépendance et le socialisme. Rien que ça ! Chimères débordantes de sang ? Peu importe. En cela réside la véritable violence des gauchistes bobo. Violence gluante et molle, faite de naïveté touchante et dégoûtante. Des gens sympathiques, intelligents avec qui on peut rigoler et dîner et qui ne peuvent pas admettre l’injustice le crime ou le vol, comme vous, mais qui ne pourront jamais accepter que vous ne votez pas comme eux, si intelligents, si sympathiques, si supérieurs ... Comme le plus sous-étron des étrons de la saga Bardem le laissait voir dans ses déclarations l’été dernier. Les bons sentiments progressistes auront sans doute été le pharisaïsme par excellence de ce début du XXIe siècle, en marge toujours des vrais antagonismes de classe. Des gens de plus en plus nombreux se trouvent dans des situations comparables à celle où un type comme moi se trouve depuis trop longtemps : isolés, obligés de ne dire en public que le centième de ce qu’ils pensent, s'accoutumant à n'écrire que la moitié de ce qu’ils sentent.

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Plus un système social est hostile à la littérature, et moins celle-ci est en danger. Le nôtre bien à nous, lubrifié par nos lugubres médias, ne jure que pour elle. De temps à autre, un quelconque mongolien auto-intitulé écrivain publie une merde dont on n’a plus la force ni le goût de démontrer l’inanité avant les nombreux prix qui finiront par l’ensevelir. Les médias fabriquent en série des néo-écrivains pendant des années et des années, pendant des éternités catastrophiques. Depuis qu’elle existe, cette foutue littérature, la recherche de la lucidité, le vrai soulagement de la souffrance d’exister a été offert par des individus véritablement lucides et capables d’écrire douloureusement à partir toujours de la contrainte, des pentes raides d’une crise, d’une difficulté… Une réapparition de la littérature ne proviendra jamais de la subvention des politicards ni des applaudissements des crétins.

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Comme le notait Thomas d’Aquin, l’aplomb des abrutis est probablement ce qui les caractérise le plus et, comme l’ajoutait Audiard, c’est même à ça qu’on les reconnaît.

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Palencia. Visite de l’exposition Las Edades del Hombre. Je revois de loin dans la rue un véritable porc vieillissant, un enfoiré de taille, vaguement fréquenté dans mes années de lycée : même tête d’abruti, bedaine, double menton, etc. Il s’était fait médecin pour tripoter des femmes. C’est tout dire, mais c’est les termes issus de sa propre auto-confession à l’époque. Il s'est fait sans doute vacciner récemment, d'où la prestance de sa démarche, sans savoir qu'il y a des années qu'il s'était déjà fait squatter par la mort et qu'il n'a fait que traîner au soleil sa propre pourriture ambulante.

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Électricité à des prix stratosphériques. Gaz introuvable au moment où nos fournisseurs algériens ne pensent qu’à étriper ses paisibles frères marocains. Et réciproquement. Diplomatiquement réduits à la condition de paillasson. La capacité de réponse, vu le niveau des ministres de ce gouvernement de guignols, les casseroles que traînent certaines ministresses – dans leur cas, une carrière politique, c’est déjà une casserole – les conneries qu’ils profèrent et les images qu’ils donnent d’eux-mêmes, nous incitent à penser qu'on n’est pas à l’abri d’une surprise : que P. Sánchez soit obligé d’anticiper les élections. Si c’était le cas, je vous laisse imaginer les réactions de la classe politico-médiatique au soir de la proclamation des résultats. Probablement, on se tapera encore des années « sans chaise ». Avec la manne européenne, si elle arrive, pire encore : risque de rebelote. L’oligarchie européenne et européiste ne permettra jamais une loi électorale différente, juste, équitable. Et pour faire peur aux citoyens face aux candidats de la coalition Frankenstein qu’on va se taper pour deux ans encore, il y aura toujours l’épouvantail de l'extrême droite. Ça a été étudié pour.



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