Les sociétés
européennes du sud cherchent, dans l’agitation stérile des mouvements non-conformistes
épars, les raisons de ne pas désespérer définitivement, de ne pas devenir
complètement apathiques, ce qu’elles sont en bonne partie depuis longtemps. Changement,
révolution, non-conformisme ? La démocratie réellement existante, comme un
vieux vampire, y a déjà trouvé tous les éléments de « rénovation »
nécessaires pour ne transformer rien du tout, maintenir les catégories
spéculatives qui dominent l’économie et se complaire dans son rôle de mur de
soutènement face à « l’extrémisme », vieille idole bien crevée, que les
commentateurs et l’interminable liste des « faiseurs d’opinion
publique » associent avec populisme, lépénisme, homophobie, intolérance,
etc. Les pistes apparaissent trop
brouillées. Le monstre d’aujourd’hui n’a plus de chemise brune ou noire. L’antisémitisme
des classiques de la droite extrême se retrouve aisément aux rangs de l’extrême
gauche, penchant pour les Arabes (surtout Palestiniens) et sympathisants avec
les islamismes de tout poil. Kurdes et Iraniens, pas Arabes du tout,
compliquent encore le tableau pour ne parler que d’eux, car si on saute
par-dessus les appartenances ethniques et la religion pour leur préférer la
géographie on retrouve vite les USA, la Russie de Poutine bras dessus bras dessous avec les
héritiers d’Hugo Chavez et l’imputrescible kleptocratie cubaine[1].
Les discours « radicaux » de ce que Norman Bookchin avait appelé dans
un livre irremplaçable[2],
« vieille racaille des années trente », apparaissent et prennent de
l’ampleur médiatique à l’ombre des simili programmes Ikea qui n’engagent plus à
rien, puisque l’engagement principal est maintenu : bonheur individuel et
collectif dans la productivité. Ces mouvements, qui aspirent de l’intérieur du
capitalisme à détrôner le « capitalisme », espèrent de leurs ridicules
propositions de plateau de télévision et de leur bagout de VRP, grâce à une
présence infatigable auprès des médias idiotisés qui les cajolent, susciter des
éléments de provocation et de scandale qui leur permettraient d’arriver au
pouvoir. Ils se libèrent de leurs limitations personnelles et intellectuelles
pour faire de la violence verbale contre « la droite » et des exclusions
bien réelles, mais nullement combattues, le moyen même de s’imposer et
d’imposer leur propre conception de la « révolte », pétrie de toutes
les formes de bienpensance, couvée par les structures idéologiques
anglo-américano-sionistes qu’ils prétendent si bien combattre.
[1] Dont le fauteuil symbolique est
toujours occupé par l’éternel patriarche barbu, le Líder Máximo, le vieux
ringard, zombie en survêtement, qui fait peur aux passeurs d’âmes : il ne
se laisse voir que des curetons du Vatican à chaque visite de son
île-du-Docteur-Moreau …
[2] El anarquismo en la sociedad de consumo,
Kairós, Barcelona 1976
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