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samedi 30 août 2025

Gouverner, c’est faire croire … sans jamais prévoir

Les consultations à répétition pour moi et les créneaux de disponibilité ingérables qu’elles impliquent à l’improviste nous ont conduit à sagement annuler notre escapade à Alicante. Il nous faudra patienter. Il fait pluvieux ces jours-ci à Irun et je dirais qu’il fait frais mais je n’entends plus personne dire qu’il fait frais. Bref, le ciel est gris et l’orage menace souvent. Plutôt que m’encombrer le cerveau avec les rebondissements de la vie politique provoqués par les incendies, j’ouvre ce mardi matin Le Bestiaire du Christ, un livre merveilleux qui fait pendant à celui traduit du grec par Arnaud Fucker, Physiologos, premier bestiaire chrétien et premier bréviaire animal proposant à la fois une zoologie spiritualisée et une théologie incarnée dans les bêtes. Partout, cette atmosphère de fin de vacances et de pré-rentrée que j’aimais tant autrefois, les vacanciers tristounets par la fin des beaux jours côtoyant les étudiants stressés. Toutefois, je la supporte moins bien qu’à l’époque devenue lointaine où je devais retourner chaque année scolaire à commencer mes cours à la fac. À la terrasse du Real Union, certains racontent, à côté, leurs vacances tellement réussies et tellement merveilleuses. Le smartphone a remplacé le projecteur de diapositives pour ennuyer ses proches et amis avec des photos. Comme chaque année, certains promettent une rentrée politique agitée. Cette fois, le onze septembre, nouvelle comparution devant le juge de la pétasse consort qui reste apparemment prudente. Elle trouve que pour l’instant, son procès, « c’est encore totalement nébuleux ».  J’adore cette sérénité quand on traîne d’énormes casseroles nuisant à son image, notamment à celle de son pittoresque conjoint. Je dois avouer que j’ai un mépris abyssal pour ces gens … 

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Je passe un bon moment devant la chaîne ARTE. Tout y est justice sociale, travail décent, emploi, services publics de qualité, énergie verte. Tout comme en Eden, coule un fleuve d'eau de la vie. Dans la pratique, hélas, l’Histoire abonde en épisodes non conformes aux légendes humanistes : hommes blancs devenant esclaves d’autres hommes blancs et parfois d’Indiens, Indiens vendant des esclaves à des hommes blancs, Indiens s’alliant à des hommes blancs pour aller défoncer la gueule d’une tribu ennemie. Pour ne pas nommer la traite négrière, vaste système économique d'ordre capitaliste qui considère l'esclave noir comme un bien meuble, etc.

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Nous sommes conduits docilement à l’abattoir. La guerre mondiale frappe à nos portes mais tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point celle dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n’agit. La conception que les européens du sud contemporains ont de la vie n’a d’analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d’abord que si la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s’est singulièrement simplifiée au point de vue moral ; comme une espèce de peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport. Nous sommes tout à fait revenus à l’état sauvage, très au-dessous, au point de vue du sentiment ressenti interne d'intégrité, d'honnêteté et de droiture morale, qui conduisait les gens à agir de manière juste, intègre et désintéressée, en respectant des principes moraux et des règles de conduite. Ce sentiment exigeait une conformité aux valeurs de la vertu, de la justice et du devoir complètement disparue. Nos politiciens sont de vrais porcs. Les prétendues élites, des déchets. Pour les ramener à ce qu’étaient nos pères à la fin des guerres en Europe, à ce que les avait poussé à retrousser leurs manches afin de s’engager dans la reconstruction à la recherche d’une vie meilleure, il faudrait les fondre à nouveau, il faudrait des individus d’une trempe exceptionnelle sachant rappeler, sur les chantiers ou dans les champs, la longue liste de devoirs commençant bien avant celle des droits qui font se relever une société.

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Nos deux légendes mirobolantes, Javier Bardem et Pedro Almodovar, s’adressent publiquement aux autorités pour qu’elles coupent les ponts de toute sorte, économiques, diplomatiques, culturelles, etc. avec les ordures sionistes :  assassins ultra-professionnels sans complexes partout où ils le décident et bourreaux acharnés des Palestiniens depuis des années. J’ai pris connaissance de la campagne Artistas con Palestina et je ne peux que m’accorder avec le point de vue y énoncé. Je veux bien que les auteurs se soient exprimés sous le coup de l’émotion, mais librement et prenant des risques (Hollywood, c’est pas rien dans leurs affaires), et je crois que refuser d’accepter l’inacceptable et haïr ce qui est haïssable, c’est plus que bien. A moins que le but ne soit de prendre la pose.

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Les Russes ont perdu « la guerre ». « Israël » ne peut pas être atteint par des missiles défaillants fabriqués par des sous-hommes d’un pays du tiers-monde musulman. L’Ukraine a gagné haut la main, l’armée et l’économie russe se sont effondrées. Zelenski est un héros, Trump et Poutine deux fanatiques, P. Sanchez et E. Macron, des génies. Tout devient grotesque, comme si nos médias avaient été plongés dans le LSD par la CIA. Mépris du peuple, soif de se perpétuer au pouvoir, moyens démagogiques pour parvenir, vie personnelle étrangère à toute aspiration vers la bonne gestion des affaires publiques … Les médias mentent systématiquement, le public a perdu la notion de la vérité, les gouvernements européens en sont arrivés à se prendre à leurs propres mensonges.

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J'aime les textes qui viennent tout seuls, que j'écris plus ou moins rapidement, d'une traite, sans même me relire. C'est bon, de sentir qu'écrire a quelque chose de sain. Il y a au moins une bonne chose dans la vie ! Mes journées sont toujours décevantes, si je les compare à mes projets de la veille. Dès que je me réveille, je tente de mettre en place ce que la veille m’a fait imaginer, mais la liste de mes projets, longtemps ruminés au long de la nuit, laisse peu de traces le matin venu. Je ne me sens plus en paix. Par moments, la pâte lève qui vient éclater à la surface, et je retrouve goût à l’activité, ou plutôt à la dispersion dans de différentes activités. Autrement, la morosité s’installe et va m’entraîner vers une inaction insurmontable.

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On admet qu'il n'existe pas de ressentiment envers les Américains de la part des Allemands ou des Japonais d'aujourd'hui, ce qui, pour moi, est un grand mystère. Je dirais même que cela me semble totalement incompréhensible. Comme si les sentiments évoluaient à côté de la rationalité, comme si les sentiments n'étaient pas précisément ce qui interrompt l'enchaînement des causes et des effets. Les Allemands ou les Japonais n'en veulent pas aux Américains d'aujourd'hui parce qu’ils ne sont plus le mêmes que ceux de 1945. Pourquoi pas. Mais il se pourrait que les Allemands ou les Japonais d'aujourd'hui n'en veuillent aux Américains d'aujourd'hui incarnés, en chair et en os, les vrais, mais qu'ils pourraient très bien en vouloir « aux Américains » quand-même, même si ceux qu'ils rencontrent dans la rue leur sont sympathiques et qu'ils ne voient pas de raison de les rendre responsables de ce qu'ont vécu leurs parents. Parce que, Allemands et Japonais sont comme tous les peuples du monde, ils ne sont pas seulement de leur temps, ils ont un héritage et une mémoire qui leur vient de leurs pères, ils portent en eux autre chose qu'eux-mêmes, comme tous les humains. Les générations ne sont pas des entités fermées sur elles-mêmes, elles sont poreuses et, sans solutions de continuité clairement identifiables, elles glissent quand même les unes sur les autres. Et même s'ils n'en veulent pas « aux Américains », ils peuvent en vouloir à l'Amérique. Ils ont sacrément de quoi lui en vouloir. Je connais les justifications qui ont été données à l'utilisation de l’arme atomique et aux bombardements répétés, systématiques et indiscriminés sur des populations civiles innocentes, ayant pour objet ou pour effet de faire capituler sans conditions leur gouvernement. Elles ne m'ont jamais convaincu, du point de vue des vaincus. Du point de vue des Américains, des Anglais et des Français, vendangeurs de la dernière heure, jamais. Du point des vue des Russes, peut-être. La chose est vite expédiée par l’Histoire officielle, obligatoire, et l'on sent bien que personne n'a vraiment envie d'y aller voir de près. On se demande souvent, aujourd'hui, comment il se fait que l’Histoire fasse un retour en force parmi nous, comme s’il ne s’était rien passé il y a quatre-vingts ans, et ce retour n'est possible que parce que le périmètre mental des humains s'est rétréci d'une manière stupéfiante, en quelques décennies. Quand on s'imagine qu’on est pour toujours du bon côté de l’Histoire, il est beaucoup plus facile d'être cruel (Gaza) parce qu’on se croit choisi par une entité supérieure qui cautionnerait les pires saloperies criminelles, d’être va-t’en-guerre (contre la Russie) quand on ne risque rien. On nuit facilement aux autres parce qu'on est incapable d'imaginer ce que l'on cause en eux et en nous, par la même occasion, par inévitable ricochet. 


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Le langage s’appauvrit. Le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe. La disparition progressive des temps : subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé, donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer les catégories grammaticales représente non seulement renoncer à l’essence du langage mais aussi à l’esthétique des mots, l’idée que tout se vaut, qu’entre une bêtise évidente et une idée géniale il n’y a rien. Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer des pensées. Une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les réalités qu’on vit. Sans mots pour construire un raisonnement, la pensée est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe. L’histoire est riche d’exemples, de Georges Orwell (1984) à Ray Bradbury (Fahrenheit 451), démontrant comment les dictatures de toute obédience entravent la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants. Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de la pensée. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.



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mercredi 20 août 2025

Parties, les belles journées d'été !


Levés de bonne heure, hier, sous une pluie très fine et extrêmement vaste jusqu'à rendre invisible notre Jaïzkibel, plésiosaure endormi allongé à côté de l'océan. Nous accompagnons A. à la gare. Pour la première fois depuis des années, on ne sera pas en famille pour fêter son anniversaire. En réalité, c'est nous les partants, en perte de vitesse mais de plus en plus loin, pèlerins immobiles dans nos corps, "pour un voyage de mille lieues à ses pieds" (Lao Tseu). Au moment de se quitter, on s'embrasse. Des souvenirs  d'elle, enfant adorablement folle et joueuse, qu'on aurait bien voulu garder prisonnière à jamais dans notre château ... On ne rattrape pas le temps qui passe. C'est comme prétendre attraper dans ses bras un carillon de cloches dont on se souvient longtemps. 

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Patience au milieu des pires catastrophes. Inondations. Incendies ravageurs. Gesticulations dans le vide. Gymnastique lassante d'autopersuasion de la bande soi-disant exerçant le pouvoir. Lassante rhétorique pseudo-progressiste mettant toute catastrophe venue ou à venir sur le dos du changement climatique. Et totalement insupportable inaction et mépris du pauvre pitoyable citoyen lambda éconduit et frustré en attente d'une nouvelle meurtrissure. Nous sommes en démocratie. Qui consiste essentiellement à demander à plus d'une moitié d'électeurs de ronger leur frein en attendant la bascule, après laquelle ils feront à leur tout ronger son frein à l'autre moitié. En trahissant, les deux moitiés, leur électorat béat et crédule, en trichant un peu plus quand on se veut du bon coté de l'Histoire ou d'autres fadaises de la même farine ... Le mot le plus galvaudé de l'Histoire, c'est sans doute "progrès". Bien après les "progressistes" Lénine, Staline et Pol Pot, l'impregnation positive d'un tel terme inonde tout. Et pourtant ... Proudhon avait prévu l'arrivée de l'État propriétaire de toute vie humaine comme une conséquence inéluctable de ce progrès. Bakounine touchait presque du doigt l'irreversiblité du pouvoir absolu des "représentants de la classe ouvrière" qui remplaçaient l'ancienne classe dirigeante par une tyrannie bien plus rigide, rigoriste, intransigeante. Tucker, l'anarchiste américain ironisait que le marxisme recommande un seul remède contre les monopoles, ennemis de la concurrence : le monopole unique. L'anarchiste polonais E. Abramowski  annonçait que le communisme ne serait jamais une progression sociale en créant de toutes pièces une société divisée en classes hostiles, de nouveaux oppresseurs privilégiés, publicitaires talentueux, contre masses exploitées, sans possibilités réelles de réaction. Il faudrait ajouter à cette liste Rosa Luxembourg et Mikhaïlovski ...

Tant de générations pour croire que "le monde va changer de base" en avançant et que le bonheur absolu est à portée de main après des souffrances, de l'impatience pour instaurer le bien-être obligatoire au prix des pires exactions sans s'apercevoir, par des troubles volontaires de la vue, que les bases sont les mêmes que celles d'avant sinon plus instables, que le bonheur espéré n'est pas au rendez-vous, que les injustices en tout genre ont continué sous des travestissements encore plus indécents que ceux qui déguisaient les anciennes. Je crois d'expérience que, pendant les majorités absolues du Parti Populaire, le moins calculateur et le moins politisé des gens de gauche se formaient de la gestion du pays par les socialistes après la défaite de la droite une image si belle, malgré le bilan catastrophique d'expériences bien récentes, si authentique qu'elle ne pourrait jamais se réaliser : l'absence de certaines fidèles marionnettes de l'oligarchie n'a pas été automatiquement le début de la transparence quand d'autres marionnettes également fidèles manipulées par dessous avec soin selon les techniques du théâtre noir, et par les mêmes mains, ont pris la scène avec plus d'énergie, la fin d'une politique de dépendance de Bruxelles, elle même soumise sans entraves aux intérêts impériaux américains, n'a pas été celle de la moindre dose d'indépendance, le départ de M. Rajoy n'a pas été l'arrivée de l'Archange d'Harmonie, vue la trajectoire du sinistre personnage qui a pris sa place. On se demande toujours, en fin de compte : ça en vaut la peine ? On nourrit des espoirs plus grands que la réalité du terrain et rien ne se passe comme on l'avait prévu. Et encore moins comme on nous avait promis. Une des ruses constantes de "la classe politique", c'est qu'en ne tenant jamais ses promesses, elle fait toujours cadeau de nouvelles formes de génération d'illusions par d'autres promesses qui viennent combler les trous laissés par les précédentes. 

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« Seuls les uniques, ceux qui par rapport à leur "temps" sont dans l'abri du retrait, sont capables un jour d'appeler le Dieu et de persévérer dans l'attente de ce qui vient le plus éminemment. Et c'est alors chaque fois le lointain et l'inaccessibilité qui dictent la manière dont naît pour le grand nombre une sorte de possession et de familiarité tangible, et le ton où le caractère de ces uniques s'accorde pour sauver une histoire-destinée déployant pleinement son essence. »
Martin Heidegger, Réflexions XII-XV / Cahier noirs 1939-1941, Gallimard, NRF-Bibliothèque de philosophie

lundi 11 août 2025

Ne pas se laisser gagner par le bâillon de ténèbres du soleil d’août !

 

Pour fuir la canicule, je voudrais, comme aux bons vieux temps au retour de Bordeaux, faire un tour par la campagne du côté d’Irugurutzeta et boire du cidre frais chez Ola Sagardotegia après quelques photos des chevaux et des brebis au milieux des herbes, sous tous les angles.

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Un ami m’envoie un lien pour lire l'énième manifeste de quelques clowns, des comédiens, des réalisateurs, enfin bref, contre le tournage de l’Odyssée au Sahara. Sans consulter les Saharaouis ! Pour préparer les esprits à accueillir san rire leur pénultième déclaration, ils avaient préalablement fait savoir, il y a quelques jours, ces têtes de gondole, leur soutien au sanchisme, gravement menacé de renversement par l’opposition à laquelle ils imputaient toute sorte de bassesses en espérant ainsi apparaître plus grands. Comédiens, chanteurs ou écrivailleurs de tout poil, il serait préférable que les auto-proclamés « intellectuels (?) de gauche » ne prêtent pas la main à celle d’autres « intellectuels » à l’intérieur des institutions colonisées par le sanchisme qui semblent depuis des années impatients de ramener la droite au pouvoir à coups d’incompétence, de corruption généralisée jusqu’au ridicule, d’erreurs de calcul dans leurs comptes et des coups fourrés dans leurs règlements de comptes. Quand on voit leurs gueules et qu'on entend parler les consécutifs secrétaires d’organisation chassés d’urgence, les ministres mis au pied du mur, la constellation de mis en examen, l’arrogance de l’extrême droite suprémaciste catalane (Junts), véritable exécutif dans l’ombre, le soutien inconditionnel des anciens flingueurs / racketteurs basques et les mille et un discours frelatés des grenouilles de bénitier tout aussi basques du PNV (« Dieu et les vieilles lois »), on préfèrerait ne pas pousser la roue pour les éterniser au pouvoir, qui tient comme il peut sur les piliers inébranlables de la stupidité et de l’opportunisme. Que ce soit quand on regarde en direction de la politique énergétique intérieure, le radical « rien nucléaire » sauf pour la Catalogne, ou bien quand on prête un peu attention à la politique extérieure, la consternation vous dépasse. Ils couvrent des fleurs un Zelenski parce que pour eux l’ennemi numéro un ce sont les Russes, prêts à envahir l’Europe un jour férié. Et on a presque oublié la livraison au Maroc du Sahara occidental, cadeau emballé personnel de Monsieur Sanchez au Commandeur des Croyants. Qui osera lui demande sérieusement des comptes pour cette honteuse opération ? Et en parlant du Sahara occidental, tiens donc, quelle belle occasion manquée d'avoir demandé son avis au peuple saharaoui !!! Geste, parmi d'autres, qui donne de la crédibilité au verbiage gauchisant difficilement supportable du personnage, comme quand il parle d'un État pour la Palestine, en voulant faire croire qu’il combat l’hégémonie américaine et critique « l’impérialisme russe » : « Rien sans l’Ukraine ! » comme le chantent en chœur si bien Merz, Keir R. Starmer et le petit Macron. Par les temps qui courent et presque sans Palestiniens vivants, cela doit leur faire une très belle jambe qu’on revendique pour eux un état ! Un peu trop tard et pour servir à pas grand-chose. Sans compter avec les réserves et les interrogations que cette solution à deux états a soulevé depuis des décennies. On est assez heureux que pour le sanchisme le danger principal soit « Israël » sans cesser avec son gouvernement assassin toute relation diplomatique et en respectant des centaines de contrats diversifiés signés avec l’entité sioniste. Si, comme l’affirment les spécialistes de moult obédiences confondues, le véritable clivage entre la gauche et la droite, c’est le plus ou moins de liberté, de démocratie et d’intégrité dans les affaires, est-ce que depuis sept ans la liberté, la démocratie ou la propreté dans la vie publique se sont simplement maintenues, ou se sont-elles développées en Espagne ?

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Ce peuple de Palestine, martyrisé par les sionistes depuis plus d’un siècle pour s’accaparer sa terre ancestrale, lui voler ses richesses maritimes de la bande de Gaza, accepter d’être chassé et écrasé, le tout en arguant d’un livre de contes et légendes rempli de haines, de violences, d’incestes et de crimes barbares comme s'il s'agissait d'un acte authentique de vente, doit-il encore définitivement disparaître pour contenter nos pays démocratiques progressistes et avancés ? C’est sûr que de voir jour après jour des femmes et des enfants assassinés, un pays entier écrasé sous les bombes, ça interroge, ça obsède, ça révulse. Comme il est révoltant de se faire traiter d’antisémite par des gens qui ne sont même pas sémites ni juifs mais des colons forts d'une armée moderne ultra-équipée qui procède à un génocide. On sent bien que l’art sioniste pour l’achat de consciences dans l’opinion publique par le biais de son Hasbara gagne chaque jour la bataille médiatique. Je jette de temps en temps un œil sur ces canards boiteux qui sont Cadena Cope, El Debate, ABC, Libertad Digital, etc., et les signatures de leurs collaborateurs coincés entre leur libéralisme version 2.0 et leur soumission à la doxa sioniste, sous prétexte, comme ils disent et écrivent avec une hypocrisie terminale, de défense de la démocratie contre l'autocratie islamiste, tiraillés entre une proximité culturelle ou religieuse avec « Israël » et la situation humanitaire dramatique à Gaza. Certains catholiques ont du mal à se positionner sur un conflit très clivant, dans un contexte où même les paroles modérées peuvent susciter de vives réactions.

« Celui qui ne connaît pas la vérité n'est qu'un imbécile. Mais celui qui la connaît et la qualifie de mensonge, celui-là est un criminel. ». Bertolt Brèche, La Vie de Galilée

Dans les émissions de radio et la télé des évêques espagnols, la terrible, l'inhumaine, l'insupportable offensive d’extermination par la faim de l’infâme gouvernement « israélien » dans la bande de Gaza, est normalement attribuée au Hamas, « terroriste et criminel » qui fait tout ce qu’il peut, comptant sur la complicité des gauchistes (ce fameux islamogauchisme qui fait si mal à leur israélodroitisme !) à travers l’univers, pour « nuire à l’image d’Israël » qui fait ce qu’il peut de la main de son armée humaniste pour libérer cette population du joug intégriste. Il n’est plus question d’idéologie, de point de vue, d’interprétation, vu l’exposition médiatique de la guerre d’extermination implacable des bourreaux sionistes depuis 1948, ne soyons pas naïfs, il s’agit de cimenter l’idée de se mettre les chrétiens dans la poche contre les musulmans, ici et ailleurs, en Espagne comme partout dans le monde. Ce n’est pas de bonne guerre, si j’ose dire, mais c’est la procédure habituelle : partir de la propagande la plus haineuse, la plus grossièrement stupide sans savoir un traître mot de l’histoire de la Nakba, bien avant le 7 octobre 2023. Du contexte. De l’évolution de l’entreprise coloniale, des étapes sanglantes de l’expropriation sauvage d’un pays par la force, au prétexte que les colons occupants ont beaucoup souffert et les Arabes sont une menace. Ils auraient pu réclamer une partie du Canada ou de l’Afrique avec la même légitimité. Il est bon de rappeler que les terroristes, les usurpateurs, les malfaiteurs voleurs des terres et des ressources palestiniennes sont bien les sionistes et pas les habitants de la Palestine depuis mille générations, accusés de tous les maux depuis leur résistance à se laisser faire, salis, rabaissés, surveillés et dénoncés par toutes les officines de chantage et les différents lobbys des victimaires. Prétendre qu’on est le peuple élu de Dieu, l’argument est quelque peu tiré par les cheveux. S’opposer au génocide des Palestiniens, si on a bien compris les supputations de nos « experts » médiatiques, c’est accélérer le suicide civilisationnel de l’Occident, dont « Israël » serait la première barrière. La sauvegarde de la démocratie « israélienne » vaut bien un génocide. Quand « Israël » et ses alliés auront écrasé sous les bombes tout le Proche-Orient, notre civilisation sera sauvée. Vivement la mort du dernier Palestinien tyrannisé par Hamas !



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samedi 2 août 2025

De la pluie en août, n'en faut pas du tout ?

N’étant moi-même anonyme nulle part, je demanderais à qui désirerait laisser un commentaire de ne pas le faire anonymement. Je déteste l’anonymat. Quand on dit quelque chose, on doit en assumer la responsabilité, sinon ça n’a aucune valeur.

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Chaude lumière du vieil or crépusculaire qui entre par la fenêtre ouverte dans la pièce du Philosophe en méditation de Rembrandt. Et l'odeur du feu. Rencontre heureuse de deux feux, celui du crépuscule et celui crépitant lentement à droite et qui laisse son reflet sur le visage de l'homme qui veille à ce qu'il brûle correctement. Une poignée d'idées chauffent dans les lueurs brumeuses et dansent sur le mur jaune suspendues par la queue. Le sage qui semble endormi et l'ombre de l'autre qui se penche pour remuer les braises en silence pour ne pas le troubler.

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Communication codée : les oiseaux du matin tiennent à nous informer qu’il fait jour, juste quand nous voudrions dormir encore un peu. Depuis je ne sais combien de jours, les terrasses de notre Zabaltza Plaza ressemblent à un décor de cinéma où la pluie serait protagoniste indiscutable. Il ne se passe quasiment pas d’heure sans que les serveurs ne soient pas obligés de faire descendre un auvent à cause d’une averse aussi dense que brève. Je ne me souviens pas de quand date le dernier bel été à Irun. Les touristes qui viennent ici pour éviter la chaleur ont raison. Qu’ils n’oublient pas leurs parapluies ! Ce temps médiocre me permet néanmoins de lire plus longtemps que jamais. Sur les pots du jardin, les fleurs et plantes des différentes espèces, si bien entretenues par R., redoublent de splendeur sous la lumière verte et la haie demande à cris d’être tondue par un professionnel. Entre deux lectures et entre deux averses, je me risque à fureter dans la bibliothèque à la recherche de livres que je pourrais éventuellement offrir. J’en trouve plusieurs que je mets de côté en attente d’une main qui voudrait les rouvrir. Beaucoup de fenêtres fermées autour, les gens sont sans doute partis en vacances. Volets clos et grand silence. Je souris en pensant aux appartements d’Alicante, fenêtres grand ouvertes tout le temps, où les habitants ont trouvé la parade aux menaces de la télé. Elle reste allumée toute la journée mais personne ne la regarde. Sauf les enfants, ces victimes, qui n’y échappent pas. Longue promenade, l'après-midi, dans la baie de Tingudi. Nous découvrons une jolie terrasse, Obakartier, à Belcenia, et immédiatement après, au nouveau fronton  Daniel Ugarte, une jolie inscription en basque se demandant ce que serait ce pays sans la pelote basque ...  


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M., notre fille qui n’avait pas deux ans et n’avait jamais vu tomber ces flocons légers qui font froid dans le cou et s’exclamait dans la fenêtre : « Maman, de petits pigeons tout blancs ! »

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Je puis admettre beaucoup de choses, à l'âge que j'ai, ce n'est pas très difficile. Je pourrais par exemple convenir que je ne suis pas sûr de tout ce que j'ai écrit dans chaque ligne que j'ai écrite, de ce que je rédige dans chaque post. D’ailleurs, il n'y a pas grand-chose dont je sois absolument certain. Mais je peux tout de même déclarer ouvertement que beaucoup de textes de gens connus sont ennuyeux, et me rendormir tranquillement, sans forcer la note. Et puis il faut bien que quelques vérités, très peu nombreuses, tiennent le coup, malgré tout, jusqu'à la fin, qu'on puisse se reconnaître dans le miroir, le matin. Il y a si peu de choses qui résistent au temps. Autant les critiquer sans complexe. Il y a énormément de livres que je n'ai pas su aimer, que je n'ai pas été capable d'aimer comme il l'aurait fallu. Il n'y a pas un mois qui passe sans que je constate que mes goûts changent, et très souvent dans un sens imprévisible. Ces choses-là sont passionnantes à observer, même si elles peuvent inquiéter. Le goût littéraire a toujours été la grande inspiration de ma vie autant privée que professionnelle pour briser les grisailles quotidiennes. Cette question ne cesse de me poursuivre et je vois bien qu'elle éclaire tout le reste, qu'elle fait ressortir des questions, des amours et des détestations, des instants de bonheur et d’intervalles d’écœurement : pourquoi aime-t-on certains auteurs et pas d’autres, qu’on déteste, en fonction des propres changements intérieurs ? 
Car l'amour et la détestation ne s'excluent pas, en ce domaine, au contraire. La force de ce qu’on écrit par rapport à la vie qu’on vit, justement, est l’une des formes qui, déjà dans ma jeunesse, me semblait la formule la plus intéressante, la plus difficile, la plus imperméable aux clichés, et j'ai cru, et je maintiens dans le déclin de ma vie, qu'elle est aussi la forme de la plus extrême exigence. Ce n'est pas pour rien que les chefs-d'œuvre les plus incontestables de la littérature de tous les temps répondent à ce critère. Elle est devenue, cette forme, quelque chose qui m'a troublé en permanence et je sens toujours qu'elle m'accompagne dans tout ce que je prends entre mes mains. Avant même d’en lire une ligne, avec l’envie, lecture faite, de communiquer mes impressions à d’autres. Intellectuellement, cela répond à la modalité « d’engagement » qui me plaît davantage, parce qu'elle s'affronte à la dualité fiction/vécu dans les faits accomplis. La science-fiction, les chimères et utopies purement imaginaires n’y échappent pas. Le plus bizarre, intraduisible et séduisant d’un Kurt Vonnegut, par exemple, réside justement dans l’interconnexion entre les frontières du réalisme de son vécu, qu’il fait ressentir physiquement au lecteur, l’anéantissement terrifiant de Dresde sous les bombes alliées et la descente dans le plus profond du champ du fabuleux, du fantastique, de la main de Billy Pilgrim, drôle de "pélerin" sur le plus terrible des chemins. Et puis, il y a pas mal de fiction dans la vie réelle, en même temps que de réalité dans la plu excentrique fiction. Une vie d'homme n'est-elle pas une changement permanent sur l’immutabilité apparente ? 

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Guardado en la tartana de hojalata


“Era flipante ! (sic)”. Mi dulce Adou, “radiante y alerta como un aleph”, mientras yo le contaba los cuentos por la noche, no veía al día siguiente, ya de día, al Zampapanes atravesar corriendo el camino para esconderse detrás de la ermita de San Marcial. Pero sí creía, imperturbable, en cada historia de Abul Quasimi, el tamborilero de Bagdad. En los viajeros misteriosos por los caminos de Egipto, en las historias de Sheherazade al sultán Shahriar. En el cortejo de la Santa Compaña bordeando el caserío Xenperenea. En elfos y lamias, en zapaterillos o sastres valientes y en ogros muertos de hambre, en el Tío del Saco, en ballenas perdidas en los remotos mares que algún navegante confundía con islas despobladas, en haditas cautivas en frascos de cristal, en magos imitadores del gran Merlín y en los ardides de la Princesa Micomicona poco dispuesta a matrimoniar con el gigante Pandafilando. En el recuerdo quedan chispas de la fiesta de cada noche, de infinitas aventuras con héroes de sueños que no robará nadie, compañeros de viaje en el océano fabuloso que cientos de pescadores de cuentos han recorrido para amarrar sus barcas en recodos de la memoria de incontables abuelos.

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Frente a la gran mentira

Derrière les grotesques formes partitocratiques de démocratie parlementaire à l’espagnole sous le gouvernement frankenstein sanchiste, les forces agissantes sont des bandes qui se concurrencent entre elles et s'allient pour le pillage et la répartition du butin. Le modèle de gouvernement adopté par la monarchie partitocratique, sous les derniers Bourbons, est l'association de malfaiteurs. Selon les termes attribués dans de différentes procédures en cours relatives aux grands personnages et aux petits personnages du microcosme qu'est ce sanchisme rédempteur et immaculé au pouvoir. Des scénarios politiques qui font rire à partir d'expériences qui font mal. Surtout, qu'à la rentrée, le comique risque de monter et ne plus cesser, avec le dramatique de la main de la tyrannie, des humiliations sans compter des gouvernés au gré des humeurs des sinistres gouvernants et de la cécité simulée des soutiens d'un "pouvoir progressiste à reculons" pour prolonger la kermesse.