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jeudi 26 septembre 2024

Nostalgie au gré des va-et-vient

Retour à Irun, inopiné et trop rapide. Quand nous revenons à notre tanière habituelle nous interrogeons immédiatement le ciel : va-t-il pleuvoir demain ? Cela nous rend mélancoliques. Des journées à relire des trucs, y compris le Quichotte de l’édition de F. Rico. Les Martin de Riquer, je les connais par cœur. Il faudra refaire nos courses sans plus pouvoir compter sur le supermarché BM à presque cent mètres de la maison : fermé pour travaux, son plafond s’est effondré il y a quelques semaines. On est bien avancés. Un an et demi après son ouverture au public. On fait bien les choses chez nous, on est les meilleurs ! Il fut un temps où les artisans des différents métiers d’ici étaient connus de tout le pays. Désormais, on ne semble se soucier du travail bien fait ni de la qualité de ce qu’on élabore. J’assiste aux élégantes allées et venues sur fond de nuages gris de quatre ou cinq oiseaux de proie qui semblent n’être là que pour moi. Nuit calme du dimanche au lundi après neuf heures de voiture. Silence absolu sans bruits de la rue. Au petit jour, des employés de Gureak attaquent leurs travaux d’élagage et taille de toute sorte de plantes ainsi que de la tonte des pelouses du Parc Alai-Txoko, des casques sur les oreilles et des équipement de martien. Et là, pas de chance comme pendant la nuit, du bruit assourdissant partout. Mardi, on rejoint le centre-ville pour prendre un café avec des amis. Trois allongés, moi mon demi classique, le tout servi par notre (jeune) vieil ami Alex, serveur français qu’on ne voyait plus depuis un an ! Il nous met au courant de ses va-et-vient avant son retour à la case départ. Cela nous fait très plaisir. On est d’autant plus content d’apprendre sa reprise de service que personne ne s’occupait des clients comme lui. Il n’est pas de ceux qui font le zozo derrière le comptoir en oubliant la clientèle … Il semblerait que l’été soit définitivement parti. La pluie annoncée dès minuit dernier est bien arrivée accompagnée d’un vent fort qui nous a renversé l’érable 
japonais. Et pluie aussi pour les jours à venir. Envie de revoir la mer haute, transformée en spectacle féérique et en bruit de fin de monde, dès la falaise de Sokoa et les remparts du fort Vauban. En fin d’après-midi, on s’installe à la terrasse du Real Union. A côté de nous, on s’inquiète : « Le Covid, il revient à fond de balle. » Juste avant notre retour vite organisé, on avait visité le MUBAG, une manière de célébrer les journée du patrimoine avant la date et à Alicante, au lieu de le faire à Bordeaux. Presque à côté, la belle basilique de Sainte Marie, saccagée à fond en trente-six, avec sa façade baroque propre comme un sou. On célébrait la messe à l’intérieur et la voix grave du célébrant occupait tout l’intérieur du temple. C’était au moment de la consécration. Malgré les mots en espagnol de la liturgie actuelle, j’entendais, au fond de ma tête, l’impressionnant « Hoc est enim corpus meum » que la voix de ce prêtre inconnu me ramenait de l’enfance. Sans nous y attarder, on a repris le bus qui nous a ramenés à Playa San Juan, type même du quartier de la plage resté au vingtième siècle. Ça ne durera pas vu le dynamisme en amont de l’Avenue des Nations. Les touristes qui arrivent sur cette plage ne savent souvent pas un mot de l’histoire des lieux. Beaucoup se déversent dans la mer et rentrent, comme il y a quarante ans, par les rues parallèles conduisant vers des blocs d’immeubles et des lotissements en vrac.


***
Photos d’A. partout et son père qui n’arrête pas d’en récupérer de vieilles, ou de trop récentes, et de nous les envoyer voie WhatsApp. Trop de mélancolie qui nous assaille, trop de souvenirs. Nous avons besoin d’être occupés pour ne plus penser. Un jour, sur un coup de tête, on prendra des billets pour Paris. Et quand le TGV ralentira à l’approche de la gare Montparnasse, on se dira que cela n’a pas valu la peine pour si peu de temps. Et encore des photos et des souvenirs à garder et à chérir pour toujours.

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