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mardi 25 octobre 2022

Octobre. Petite pluie abat grand vent ...




« Le préjugé de croire que toute vérité entraîne l’obligation d’en faire un jeu de la pensée, c’est-à-dire de la passer au crible de quelques habitudes mentales, devient encore plus gênant lorsqu’il n’est que le fruit d’une déformation scolaire ; un des caractères les plus frappants du monde actuel est la multitude de ceux qui, sans être doués par la nature d’une intelligence tant soit peu supérieure, se croient obligés de faire semblant de penser à tout propos, en revêtant leur inintelligence d’une phraséologie apprise, en quoi ils atteignent souvent une habileté comparable à celle d’un prestidigitateur ; la sottise, ainsi dissimulée sous un fatras d’artifices rhétoriques et avancés avec un aplomb aussi irresponsable qu’imperturbable, est volontiers prise pour de l’intelligence, voire de la richesse intellectuelle, conformément à la conception médiocre et toute quantitative de la culture.

Frithjof Schuon, L'œil du cœur

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Justice pour Lola ? De l’Etat aux médias, l’ordre policier de ceux qui nous gouvernent consiste à toujours maintenir le désordre établi. Pourtant, qu’est-ce qu’on se révolte pour ce qui se passe en Iran, au Qatar, que sais-je encore … ! Quand il n’y a pas de risque, on a tous les courages. Autant pleurer sur la mort d’Abel, sur les victimes de Gengis Khan, de la peste noire ou des inondations en Australie. Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est le respect de la vie et, en principe, la protection de la vieillesse et de la maladie. Carnassiers et charognards semblent indispensables à l’équilibre de la nature. Or, l’empire du mal s’installe là où l’homme redevient cet animal qui dépèce les cadavres, pille les tombes et s’approprie les habitations d’autrui… On a du mal à comprendre pourquoi une société si libérale et éprise d’égalité et de justice depuis deux siècles a si vite laissé place, avec l’installation du Bien partout véhiculé par la mondialisation, à une prolifération d’intouchables bêtes fauves au-dessous de la bête, de sadiques et de satyres, dont l’envieuse méchanceté et l’infâme corruption sont apparemment l’état normal. Misère de nos sociétés porteuses de messages stériles !

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Voter halal ou bouffer de l’étranger ? (un titre de l’Obs d’il y a plus de dix ans !) Les Français ont voté halal après l’exécution à bout portant, en pleine tête, de Myriam, 8 ans et demi, de Gabriel, 3 ans et demi et d’Arié, 6 ans, par Mohammed Merah. Les Français ont voté halal après le Bataclan. Les Français ont voté halal après Charlie Hebdo. Ils ont voté halal après la compote niçoise. Revoté halal après l’égorgement du père Hamel, du colonel Beltrame et de Laura et Mauranne, 20 ans. Puis les Français ont encore revoté halal après la décapitation de Samuel Paty. Après le martyre de Lola, les Français iront s’activer narcissiquement dans une grande marche façon #jesuischarlie dont on voit aujourd’hui les splendides résultats : #jesuislola fera aussi bien. Et ils revoteront halal. Car ils n’en ont rien à foutre, de Lola. Strictement rien. Tous ces événements le prouvent assez : rien ne peut fléchir l’indifférence d’une opinion publique lobotomisée à jamais.

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Chaque petite fille émerge d'un océan de possibilités comme un nouveau monde, une véritable άναδουμένη (« émergée de la mer », surnom d'Aphrodite), comme compagne, comme épouse, comme mère ou grand-mère, sœur ou cousine. La relation du père avec la fille est pourtant la plus surprenante, la plus énigmatique, la plus impuissante et la plus belle de toutes les relations humaines imaginables. Un fils est, au mieux, un double, un oμooύσιoς (identique) ou oμoιoύσιoς (semblable). Une fille, c'est tout autre chose. Ce lien, au-dessus de ces destinations individuelles et derrière elles, est le plus sublime et le plus intense.

C. Schmitt, Glossarium

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Dégoûts médiatiques. Dernier dégoût télévisuel français (BFMTV). Pensée américanisée jusqu’au tréfonds : la paix ne doit pas être garantie par des contrats ou des pactes mais par des sanctions. L'unité, la paix et la stabilité reposent sur des « règles » énoncées par ceux-là même qui veulent, depuis leur entrée dans l’Histoire, transformer le monde en butin pour eux-mêmes. Dernier dégoût radiophonique espagnol (Cadena SER). Je me laisse casser les pieds, exprès, un bon bout de temps. Dialogue chaotique entre une conne complète, plusieurs fois ministre, et un garçon gris, moche et chétif en apparence, originaire du quartier madrilène de Vallecas, baratineur à en crever, visiblement entré en politique histoire d’améliorer son train de vie. Il connut son moment de gloire et un énorme succès grâce à un certain contexte historique et à un moment politique advenu quand le bipartisme espagnol risquait de s’effondrer et, en bonne mesure aussi, grâce au soutien financier et médiatique de pouvoirs discrets mais redoutablement efficaces. Intronisé vice-président, au sommet du pouvoir sanchiste, il fit en profiter sa femme, placée par lui aux commandes d’un ministère de trop, et partagea son ascension en alignant amis et proches, curieux catalogue de gens sans cervelle, devant une social-démocratie médusée, déjà partie en vrille. À sa chute, pas mal teintée de grotesque, chasse à courre contre lui : des politiciens trahis, des ex-copines, des amies ingrates, toute une cohorte qui lui en veut pour de multiples raisons et tient à lui faire payer cher ses agissements …

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Le 28 juin 1914, l’héritier de la couronne de l’Empire austro-hongrois est abattu lors d’un attentat terroriste à Sarajevo (alors Serbie). Seulement quatre semaines plus tard et après un ultimatum, l’Autriche déclarait la guerre à la Serbie alors que ce pays avait accepté 13 des 14 points dudit ultimatum. Les fous au pouvoir avaient décidé de faire la guerre et les « causes » immédiates du conflit n’étaient rien d’autre que des alibis emberlificotés, comme c’est souvent le cas. La politique des alliances transforme alors un conflit local en une guerre mondiale à effets dévastateurs. La Russie active son alliance avec la Serbie et annonce la mobilisation, ce qui conduit l’Allemagne, alliée de l'Autriche, à déclarer la guerre à la Russie ; La France est venue au secours de la Russie et la Grande-Bretagne au secours de la France, formant deux camps : la Triple Entente (France, Royaume-Uni et Empire russe) contre les deux grands empires d’Europe centrale, l’Allemagne et l’Autriche. Plus tard, l'Italie, le Japon, l'Empire ottoman et d'autres pays se joindront d’un côté ou de l’autre. Quatre ans plus tard, le tableau était effroyable : les cadavres de 17 millions de personnes gisaient dans les champs d’Europe sans que personne ne se souvienne de la véritable raison de leur mort. Et la réponse aux « plus jamais ça ! » des pacifistes ne tarderait pas à venir : un second conflit apocalyptique qui réduira l’Europe à néant.

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Internet, donde todo individuo tiene derecho a hacer sus necesidades en público y en ocasiones con gran éxito de audiencia. (Gregorio Morán)

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« Ils meurent par séries sur les routes, à chaque épidémie de grippe, à chaque vague de chaleur, à chaque erreur de ceux qui falsifient leurs aliments, à chaque innovation technique profitable aux multiples entrepreneurs d’un décor dont ils essuient les plâtres. Leurs éprouvantes conditions d’existence entraînent leur dégénérescence physique, intellectuelle, mentale. On leur parle toujours comme à des enfants obéissants, à qui il suffit de dire : « il faut », et ils veulent bien le croire. Mais, surtout, on les traite comme des enfants stupides, devant qui bafouillent et délirent des dizaines de spécialisations paternalistes, improvisées de la veille, leur faisant admettre n’importe quoi en le leur disant n’importe comment ; et aussi bien le contraire le lendemain. »

Guy DEBORD, In girum imus nocte et consumimur igni (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu)

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Entendu à un lucide retraité, Prof des Universités, fils d’instituteurs, à la retraité à Gradignan : « À quoi bon aujourd’hui perdre son temps à l’Université, où se revendent à la sauvette des stocks inépuisables de connaissances abîmées… ? »

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Ceux qui ont compris quelque chose ne se précipitent pas d’aller le dire à la télévision ou aux chaînes radio. Ils s’en foutent de la notoriété et des éloges des intellectuels de journaux. Dire une vérité, ce serait porter de l’huile là où est le feu, elle serait éteinte à la seconde par les pompier pyromanes de service partout.

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Cette société abjecte signe une paix durable quand elle offre le pouvoir, avec les meilleures places de son sinistre spectacle, à ses ennemis les plus déclarés.

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L’œuvre complète des penseurs d’élevage, que l’on commercialise triomphalement à cette heure de la marchandise décomposée, n’arrive pas à cacher le goût des produits frelatés qui les ont nourris.

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Notre culture disparaîtra. Elle avait trois qualités : elle aimait et respectait le Beau, habitude prise chez les Grecs. Elle aimait et respectait le Droit, habitude prise chez les Romains ; elle aimait et respectait l’Homme, habitude prise très tard et avec force difficultés chez les Chrétiens. Par le respect de ces trois symboles : l’Homme, le Beau et le Droit notre culture occidentale a pu devenir ce qu’elle a été. Et maintenant qu’on tient à l’effacer, elle perdra la part la plus précieuse de son héritage : l’amour et le respect de l’Homme. Sans cet amour et sans ce respect, la culture n’existe plus. On devient des bêtes d’élevage.

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Plus dure sera la chute.
Au cours de ces années, le sanchisme a éclairé parfaitement la sélection des individus par une hiérarchie secrète dans la pourriture. Patxilopèse n’est pas le seul. Tels sont les héros du socialisme. Autour du premier cercle du gang de Sánchez, s’est formée un cénacle de cercles extérieurs, de succubes de troisième ou quatrième catégorie. Ils sont la Fourberie voulant se faire passer pour la Droiture. Pour diaboliser leurs adversaires, ils ont tous en commun de prêcher partout les bons sentiments. Ajoutons à cette déchéance institutionnelle, la lâcheté chronique des journalistes qui ont peur de se couper de leurs subventions. Au lieu d’être au service du peuple, ils se changent insidieusement en serviles adulateurs du dernier crétin arrivé au pouvoir, en simple troupeau de caniches. À l’impératif de vérité, ils substituent le devoir d’obéissance. Habile dans le coup du bonneteau à toute vitesse devant des millions d’électeurs, Sánchez promène de mur en mur les ombres chinoises qui sont le spectacle même de la caverne de Platon : des ombres portées d’une réalité dont ils ne connaîtront jamais que les apparences, au travers de ce jeu habile et sublime du montreur de marionnettes qu’est, depuis sa truculente arrivée au pouvoir, ce grand prestidigitateur d’un socialisme discrédité jusqu’à la caricature. Les trocs pitoyables de notre « transition » politique des années soixante-dix, avec une gauche devenue complice des marchandages de la honte, agréèrent l’apparition de pitoyables individus de tout bord créant une « nouvelle » classe politique qui, par son silence, trompa sciemment le peuple. Ce fut une connivence dramatique dont les effets se font toujours sentir. La traversée bourbonienne de ces années a été pour le moins déshonorante. Plus gravement, elle a été celle d’un pays entier qui, par conformisme, n’a voulu rien savoir et doit maintenant payer le prix d’un passé fardé, emplâtré, et ravaudé par toutes les chirurgies esthétiques de la fausse mémoire. Quand c’est trop tard, c’est trop tard… 
Sauf que notre leader bien-aimé, notre cher Pedro à nous, s'occupe de tout. Tour à tour, agent atlantiste sous la botte des Américains, champion des « valeurs » UE, soutien de la veuve et de l’orphelin et en même temps des pauvres et des « classes moyennes laborieuses » (sic), ce petit politicien,  instrument des lobbies successifs qui ont financé son parti (CIA, social-démocratie allemande), aurait pu, une fois chef du gouvernement, démontrer par son action politique une vision historique se dévouant à la grandeur de la nation. Il n’en fut rien. Politicien magouilleur de la plus basse espèce, il mit l’État au service de ses calculs minables. À la traîne des Américains dans la guerre d’Ukraine et fâché en même temps avec Algériens et Marocains, il asservit son pays se roulant aux pieds de l’OTAN avec ses bases d’occupation, acceptant non pas le maintien mais l’accroissement significatif du budget militaire, ne faisant qu’accroître le chômage et la vie chère. Toucheur de peuple, il n’a d’autre contact avec ses semblables que sa poignée de main. À quoi rêve-t-il ? À conserver le pouvoir, à paraître, à flotter le plus longtemps possible comme des bouchons à la surface de l’eau – et à se graisser la patte en attente d’une sinécure à l’extérieur. Manipulateur d’exception, ce monsieur a fait ses classes à l’école de l’embrouille, là où l’on vous enseigne l’art de duper vos interlocuteurs, tout en s’attirant l’admiration des foules, par le recours constant à deux armes magiques, le culot et le baratin sans s’embarrasser de rien : faire toutes les promesses, n’en tenir aucune, prétendre tout et son contraire,  parler le plus possible… pour, à force de déclarations, créer la confusion dans les esprits et pouvoir toujours s’en tirer, à la manière des prestidigitateurs. « Des messieurs à gibus fumant le cigare me veulent du mal. Je suis blanc comme neige. Je n’ai jamais rien caché. Tout ce dont on m’accuse, je m’en suis déjà expliqué. On me fait encore un mauvais procès, en me ressortant à chaque fois les mêmes dossiers. On m’en veut parce que je réussis et que je suis le meilleur et le plus beau. » Grand illusionniste de ce joyeux premier quart de siècle, Sánchez est assuré que jamais personne ne pourra le confondre dans un « direct » à la télévision, où il a studio ouvert et des lèche-culs de service en veux-tu en voilà. Il peut tranquillement y faire ses plateaux, sélectionner à sa guise ses contradicteurs, faire caviarder un reportage où il n’apparaît pas à son avantage ou commander une ridicule série documentaire à sa gloire. Et narguer ensuite le journaliste qui aurait l’impudence de vouloir le présenter tel qu’en lui-même. Une amoralité insondable, un défi permanent dans la pratique du cynisme, une même propension à recourir au mensonge pour parvenir à ses fins, réduire ses adversaires, réussir contre eux tous les mauvais coups. Combien de temps faudra-t-il avant que l’Espagne ne se lasse de ce baratineur, de son total mépris du peuple qu’il prétend servir, mais qu’il sait toujours mieux duper grâce à des stratagèmes qu’il ne se lasse plus d’exploiter ? Avant d’appeler qui que ce soit au gouvernement, une enquête serrée devrait être faite par principe. Je ne comprends pas comment les socialistes parfaitement informés prirent le risque il y a déjà quatre ans d’introduire un aventurier au sommet de l’État. Des centaines de cadres honnêtes et capables ont été pris en tenaille par un gros tas d’opportunistes implacables qui, alliés aux marginaux et aux démagogues de toute race et de tout pelage, ont converti cette organisation historique en un parti de zombies …

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Je suis exercé de longue date à mener une existence discrète et insaisissable. Sous le toit, dans ma bibliothèque où s’élèvent dans les rayons des centaines de livres, pareils à des soldats penchés dans leur tranchée, j’ai quelquefois la sensation d’être au cœur d’un navire gisant au fond des eaux. Tout un transatlantique de culture qui sombrera corps et biens dont la coque repose sur le sable et qui sera prochainement engloutie à jamais. Bientôt, je ne pourrais plus relire ces livres, rassemblés en des années de travail et de patiente attention. Annotés, cent fois consultés, ils ont constitué le trésor de ma mémoire qui fléchit. À mesure que nous vieillissons, la mémoire prend des rides, des ombres et des lumières plus fortes. Après l’éblouissement impressionniste de l’adolescence, c’est le clair-obscur des paysages dans le brouillard qui marque le temps qui passe. Mon sang-froid me fait rester en ces lieux et y revenir pour me replonger dans la terre de mes rêves. Tant de moments heureux qui s’éloignent pour toujours entraînant avec eux les occasions manquées et les moments d'enthousiasme !

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À la télévision, on n’entend que cette gauche résiduelle genre woke qui, pour se protéger d’avance des retombées à venir de sa propre corruption, y va à fond dans la culpabilisation des autres. Entendre ces gens-là parler d’intégrité a de quoi faire rire.

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Comme je viens d’écouter depuis une demi-heure les mêmes jérémiades sur le livre menacé par Internet, j’ai rappelle que ni la Bible, ni les Évangiles, ni les présocratiques grecs n’étaient des livres, et qu’ils ont traversé les siècles. Sempiternelle confusion du produit et de son enveloppe, du bonbon au chocolat et de la boîte, de la sardine et de la conserve. L’aluminium de la boîte n’est qu’une reliure in-folio. Quel que soit le flacon, c’est toujours la chair de l’esprit qu’on déguste. Désormais, ordinateurs, tablettes et smartphones porteront bien plus Platon que le livre imprimé, devenu totem et réceptacle de la sous-culture des élites férues de soupe rallongée.

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La règle la plus constante qui préside aux agitations d’un gouvernement d’incapables, ce à quoi on les reconnaît sans peine, est que les résultats sont toujours à l’inverse des vœux.

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Jésus-Christ, qui ne perdait jamais son temps avec l’esthétique ou la musique, parlait cependant des fleurs des champs à ses apôtres avec une émotion communicative. Sa seconde passion était l’ornithologie, que saint François a conduit au sommet de la perfection appelant par leur prénom tous les petits oiseaux du coin, qui lui répondaient en gazouillant dans leur langage.


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Autre question digne d’intérêt : celle du réalisme en littérature. Écrivant pour ma satisfaction personnelle, sans aucune prétention d’être jamais publié, je me rends compte que la réalité n’est pas directement littéraire. Ou bien elle est plate et ennuyeuse, ou bien elle paraît relever de l’extravagance, ou bien elle ne fait pas vrai parce qu’elle bouleverse les idées reçues et les usages consacrés. Le travail de l’écrivain soucieux d’être édité consiste donc à mettre en scène, naviguant entre les écueils, une réalité artificielle qui fera plus vrai que le vrai. Je m’efforce, quant à moi, d’être vrai dans la sobriété et dans le respect de mon premier lecteur, qui est moi-même.

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Pour mon ami d’Irun J. G. V. : berak badaki nik badakidala eta nik badakit berak badakiela... Y a-t-il en France des territoires « hors de la République » ? Il y a des quartiers entiers où on ne fout plus les pieds, même la journée. On ne sait pas trop combien de gens y vivent car ils ont rapatrié toute leur famille élargie. Les chiffres ne veulent plus rien dire et les autorités donnent l’illusion d’avoir le contrôle. Les écoles de ces quartiers sont des taudis et le commerce a pris depuis longtemps la fuite. La police n’y met plus les pieds et les gangs règlent leurs comptes et font leur business tranquilles. Une fois par an, un ministre débarque avec son préfet et les caméras pour annoncer une connerie et balancer une formule choc qui fera le buzz pour quelques semaines.  Et hop, le lendemain le business reprend. Les gens qui ne peuvent plus ont abandonné ces quartiers, tout sacrifiant sur l’autel de la paix sociale. Le plus grand problème, c’est que cette situation n’est même pas reconnue. Ça n’existe pas, ce sont uniquement des sentiments subjectifs ! De ce point de vue-là, c’est pire que tout : on ne veut même pas voir une réalité en face. Des profs qui se font décapiter, c’est aussi une des exceptions culturelles françaises. Le tout avec l’institution qui demande de ne surtout pas faire de vagues. Si un prof fait des vagues, il va envoyer des messages supers négatifs et on lui reprochera de ne pas tenir sa classe. Une fois par an, et pour se donner bonne conscience, on organise une petite minute de silence qui sera reprise par les médias avec un petit mot d’un ministre et voilà : affaire réglée ! Reste les quartiers encore préservés, sécurisés avec moults caméras de surveillance, parfois clos et avec gardiens à l’entrée, dont les heureux habitants ont accès aux écoles privées et aux conforts de la vie moderne. Les enfants du ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, étudient à l’École alsacienne, établissement privé d’élite à l’abri de tout risque de « communautarisme » …

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