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samedi 24 septembre 2022

Rentrée 2022 : éternel retour.

 

Août. Nous avons un rapport fusionnel avec notre maison. Mais après un long séjour sans la quitter, trop prolongé, nous vient l’envie de changer d’air. Les trop courts passages d’amis, ceux, périodiquement rythmés par leurs vacances, de nos enfants, d’un voisin qui sonne, nous comblent. On aime énormément la partager, la faire admirer de près. Mais cela ne suffit plus : il faut qu’on parte loin pour la regretter, car on l’aime trop. Alors dès le matin du jour choisi, Rosa cajole ses plantes, on astique les meubles, on referme les volets : fuyant notre solitude nous la refermons sur la sienne. Et déjà un sentiment de tristesse m’envahit. J’ai l’impression d’abandonner une vieille maîtresse qui m’a donné sans compter tant de bonheurs, de la trahir. Alors je caresse une dernière fois certains objets, chaque meuble, je lui dis, d’une voix qui s’étrangle, « t’inquiète pas ma belle, je reviendrai dans quelques jours… tiens bon ! » Et on part sans se retourner, les yeux humides…

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Septembre. À notre retour d’Alicante, nous la retrouvons, le lendemain, inondée de lumière. Mais l’émerveillement est vite effacé à cause d’une stupide histoire de travaux de réfection avec un entrepreneur capable de vous gâcher l'existence. Puni, comme à l’école ! Ni plaisir en entendant de la musique ni plaisir d’écrire un peu après tant de jours d’absence. Pouvoir faire des phrases ! Habituellement, je m’en lasse pas. Cette fois-ci, cela devra attendre. Toute capacité de réflexion part en fumée après une discussion un peu « vive » - comme je les aime, tout de même - quand on tente de me prendre pour un con. Je ne suis pas diplomate pour un sou, ni faux cul. La parole donnée a toujours, pour moi, une signification. Les engagements par écrit, ça a force de loi. Dans le cas contraire, autant retourner chacun à sa caverne ronger son os. Pouvoir faire des phrases ! Quelque chose dont je ne m’en lasse pas. Voire, comme le dit le regretté Jean-Luc Godard dans une interview, parler pour ne rien dire. Et de plus en plus quand on se voit vieillir. Rien d'important, de neuf, de singulier, de surprenant. Simplement, polyglotte, se fondre dans les langues et accepter de n'avoir rien à dire qui n'ait déjà été dit cent fois, mille fois. Quelque chose qui dise le moins possible. Comme dans une langue morte, à la limite de l'extinction de voix. Disparaître complètement dans l'épaisseur de la langue. Je n'y parviendrai pas ce matin ! Tant pis, j’irai me promener en ville pour quelques heures comme le fou à qui l'on a permis de quitter l’asile et je me promènerai au soleil, au fur et à mesure que l’exaspération disparaît et que ma tête récupère enfin un peu de calme sous la lumière triste de septembre.

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Les progressistes sont donc pour la peine de mort. Mais attention, seulement pour les délits les plus graves : les délits d’opinion. Comment disaient-ils, au fait ? Ah oui : tolérance. Et puis « je suis Charlie ». Et, surtout « Vous n’aurez pas ma haine » et tout ça. Mais pour Daria Douguina, que dalle. Elle mérite bien son terrible sort, cette sorcière anti-woke !

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Visite à San Baudelio de Berlanga. Je ne suis pas en mesure de prouver que le Dieu des catholiques existe. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Il leur a inspiré de sacrés chefs-d’œuvre. Qu’Il a fait germer du cœur et de la main de l’Homme des splendeurs inouïes. Des splendeurs non seulement infiniment supérieures à toutes les autres créations humaines, mais d’une toute autre nature…


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À l’instar des autres régimes politiques, la démocratie n’est que la caractérisation d’un rapport de force social à un moment donné. Ce n’est ni un paradis ni un idéal à atteindre à tout prix et surtout pas une « valeur ».

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Puisque le nom de tyran est le plus odieux de tous les noms, on ne doit le donner qu’à ceux des princes ou des simples citoyens qui ont acquis, n’importe comment, la faculté illimitée de nuire. Malgré la possibilité de déposer périodiquement un bout de papier dans une urne, on doit donner indistinctement le nom de tyrannie à toute espèce de gouvernement dans lequel celui qui est chargé de l’exécution des lois, peut les faire, les détruire, les violer, les interpréter, les empêcher, les suspendre, ou même seulement les éluder avec assurance d’impunité. Que ce violateur des lois soit héréditaire ou électif, usurpateur ou légitime, bon ou méchant, un ou plusieurs ; quiconque, enfin, a une force effective, capable de lui donner ce pouvoir, est tyran ; toute société qui l’admet est sous la tyrannie, tout peuple qui le souffre est esclave.

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230e anniversaire de la République. J'ai toujours trouvé admirable l’efficacité avec laquelle la France a révélé au monde son histoire des deux derniers siècles. À commencer par la vente efficace à sa propre jeunesse, à travers le système scolaire, d’une telle camelote. Les Français auraient inventé la démocratie moderne. Et Napoléon se serait consacré à la répandre partout sur les terres d'Europe. Ses successeurs auraient poursuivi cette noble tâche et ils auraient héroïquement écrasé le dragon incarnant le Mal au 20e siècle, le nazisme, grâce aux courageux garçons de la Résistance. Ils ont laissé entrer les Allemands chez eux pour mieux les avoir, malins qu’ils étaient. Colonies ? Eh bien, les Anglais peuvent si l’on veut en avoir davantage mais, au moins, dans les colonies françaises, les droits de l'homme et de la plante étaient respectés. C'est à peu près ce que l’on trouve dans des manuels, dans des livres, dans des films et des documentaires, etc. Les campagnes napoléoniennes ont bel et bien provoqué quelques millions de morts, civils et militaires, et alors ? Les doléances et réclamations des colonies n’ont pas toujours été satisfaites au goût des populations locales ? Bon, peut-être. Curieusement, la défaite à plate couture de 1870, répétée  à une plus grande échelle en 1940, après le malentendu de la « victoire » dans la Première Guerre, sauvée de justesse par les alliés, n’entament non plus en rien l'enthousiasme inexplicable des élites au pouvoir. La plus petite « petitesse », l’abandon honteux des populations et des territoires d’outre-mer, du Viêtnam à l’Algérie a été habillé par le génial vendeur de mythes, fier donneur de leçons à l’univers, qu’était De Gaulle comme de « la grandeur ». Et dans le vaste monde, il a gardé une image splendide, ce géant vide. Comprenne qui pourra… Paradoxes de l’histoire, en quelques années, un stupide système idéologique destructeur imposé par la gauche américanisée a poussé avec succès la population à avoir de plus en plus honte d’elle-même, de sorte que la véritable et magnifique histoire de ce pays que j’aime passionnément reste ensevelie sous de grosses couches de gravats de falsification. Gaullienne, jadis, et d’ignominie woke, naguère.


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Droits historiques. On discute depuis quarante ans sans discontinuer des « droits historiques », ô combien mystérieux, propres aux territoires foraux de notre Communauté autonome basque, auxquels la Constitution espagnole fait référence dans sa première Disposition Additionnelle : « La Constitution protège et respecte les droits historiques des territoires foraux. La mise à jour générale dudit régime foral sera effectuée, le cas échéant, dans le cadre de la Constitution et des Statuts d'Autonomie ». Sujet passionnant. Car, ces droits historiques ne sont pas détaillés ni datés. En quelle année ou dans quel siècle prennent-ils effet en tant que droits historiques ? Comportaient-ils aussi des obligations, sans doute ? Apparaissent-ils dans la Loi Paccionada de 1841 ? Se trouvent-ils développés dans les conseils provinciaux (Diputaciones Forales) qui existaient sous le régime de Franco en Biscaye, Navarre, Alava ou Guipuscoa ? Il n'y a pas eu, à l’époque, d'objection de la part des non-nationalistes basques à la loi d’Amélioration du régime du Fuero de Navarre, qui allait dans la direction opposée à celle de ces territoires foraux bien qu'il soit évident qu'elle consacrait des privilèges qui rendaient lettre morte la soi-disant égalité de tous les Espagnols en droits et en devoirs. On en est donc loin d’un droit historique clairement défini d’autant plus que son interprétation n’est pas fixée dans des textes, n’étant qu’un concept immatériel d’origine exclusivement politique. Plus précisément, ce que les nationalistes basques interprètent à un moment donné en tant que droit historique, c’est ce que le reste des politiciens espagnols ont dû jusqu'à présent prendre pour acquis sans contestation. Ils n’ont jamais eu la prétention d’en savoir davantage que les nationalistes basques eux-mêmes ! On croit généralement que ces nationalistes rêvent d’un retour dans des parages idylliques d'agriculteurs, d'éleveurs, de pêcheurs et de marins, fermés, sans aucune trace de culture au-delà de leur langue rurale fragmentée, où l’étranger n'a jamais un mot à dire. Or, c’est parfaitement faux ! Ils savent pertinemment ce rêve impossible et ils essaient sciemment d'amener à un nirvana partagé les indigènes d'autres régions espagnoles, convertis en tour de passe-passe en héritiers légitimes d'une identité basque nouvelle mouture, basée sur une utilisation héraldique (terme développé il y a plus de cinquante ans par J. L. López Aranguren) de la langue autochtone que chacun doit exalter à défaut de savoir s’en servir, et surtout sur l’abandon des veaux d'or (politiques) socialistes au profit d’une majorité parlementaire du parti-guide, le PNV, pour ne pas le nommer. La mise à jour des droits historiques est établie dans l'ensemble du corpus juridique de la Constitution de 1978, qui établit l'égalité de tous les Espagnols, sans distinction de sexe, de religion, de race ou d'autres conditions qui y sont exprimées. La race, dans le cas des Basques, pourrait être expliquée en détail par l’éminent Aitor Esteban, porte-parole au parlement de Madrid qui tenait, il y a une éternité, à s’y exprimer en basque. En aucun cas, un statut d'autonomie, dérivé de la Constitution 1978, ne peut, de quelque manière que ce soit, aller au-delà du fait que Basques, Andalous ou habitants de l’équivalent en Espagne de Trifouilly-les-Oies sont égaux en droits et en devoirs. Car la Disposition Additionnelle est clairement exprimée : « dans le cadre de la Constitution et des Statuts d'Autonomie », sans que les prérogatives de chaque statut d'autonomie puissent violer ce cadre. En droit constitutionnel nous sommes tous libres et égaux devant la loi. Hélas, personne n'accepte de livrer cette bataille contre l’absurdité évidente. Bataille bien au-delà de la politique. Bataille urgente ? On ne pourra pas continuer à admettre éternellement, sous prétexte de « droits historiques » non déterminés par une loi spécifique, que certains sont plus égaux que d’autres en cette Espagne, devenue Grand Cirque, éblouie un moment par les pirouettes d’un Sánchez, acrobate au sol sans pareille mais sans talent comme chef de l’exécutif ni décence aucune comme simple citoyen. 

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Évacuation des eaux usées. Sánchez, homme qui tient parole, s’était porté publiquement garant de l’exécution intégrale des peines pour les terroristes ; il s’était  prononcé solennellement contre la formation d’un gouvernement de coalition avec Unidas Podemos… « qui l’empêcherait de dormir la nuit, comme 95% d’Espagnols » ; il avait courageusement affirmé sans sourciller que l’Espagne ne méritait pas que ses services de renseignement  tombent sous le contrôle d’un Pablo Iglesias vice-président du gouvernement ; pactiser, lui, avec les indépendantistes ? jamais au grand jamais : « je peux vous le répéter cinq fois si vous le voulez bien » ; il y a eu, selon ses déclarations, en 2017 en Catalogne un délit de rébellion caractérisé ; plus jamais de grâce pour des motivations politiques … ; pas question d’augmenter les impôts … À quoi bon continuer ? La liste est pourtant bien longue … La rumeur prétend qu’il postule une place à l’internationale socialiste. Ils ne savent pas la chance qu’ils ont, ces veinards de socialos !

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With shame and scoundrel. Biden à l'ONU alors que son pays occupe 1/3  de la Syrie et après avoir détruit la Libye et l'Afghanistan et bombardé la Yougoslavie : « La Russie a violé sans vergogne les principes fondamentaux » de la charte de l'ONU avec une « guerre brutale et inutile » en Ukraine, a déclaré le président Joe Biden aux dirigeants mondiaux dans un discours à l'Assemblée générale des Nations Unies. Raisons sans vergogne d'envahir un pays et de lui déclarer la guerre. Exemple numéro un. La chaudière d'un cuirassé explose opportunément dans la baie de La Havane et les États-Unis accusent l’Espagne  du naufrage. La même Espagne qui les avait aidés dans le passé à obtenir leur indépendance. Pour remercier cette générosité dans le passé, ils lui déclarent la guerre illico et envahissent Cuba avec les milliers de morts correspondants. Pareil à Puerto Rico, Guam, aux Philippines et au reste des colonies espagnoles en Asie et en Amérique, annexées en 1898. Exemple numéro deux. Après la chute de l'URSS en raison de la stratégie d'usure de Regan, les États-Unis se sont consacrés à saigner l’ensemble des républiques exsoviétiques suivant une théorie selon laquelle l’Union, et surtout la Russie, en mille morceaux constitue quelque chose d’essentiel pour l'Amérique. Après avoir triché et trahi leurs promesses, ils rapprochent de plus en plus l'OTAN de la Russie armant des groupes tout comme ils avaient armé les talibans (y compris Al-Qaïda, plus tard) pour que la Russie perde la guerre lors de l’occupation de l'Afghanistan, pays frontalier. Ils tentent la même chose en Syrie, mais en attendant, ils font la promotion d'un coup d'État en Ukraine et installent un gouvernement fantoche pro-nazi tandis que leurs oligarques et même la famille Biden y font de juteuses affaires, les armant et les soutenant dans leur guerre civile contre les régions pro-russes, bombardées et terrorisées, provoquant un exode des Ukrainiens russophones.

Cette dynamique se poursuit, malgré les logiques protestations russes jusqu'au moment où le président-marionnette Zelensky demande l'installation de l'arme nucléaire sur son territoire et l'adhésion à l'OTAN, le tout au nom de la démocratie tout en préparant une ultime offensive contre la résistance russophile dans l'Est. Poutine déploie alors son armée pendant des semaines sans pouvoir modifier la situation d'un iota. Eh bien, tout cela n'est pas une cause légitime pour une intervention militaire russe selon les USA, exemple planétaire de légitimité quand c’est eux qui légitiment. Leurs médias et ceux de leurs alliés qui se soumettent à cette stratégie agissent donc de concert pour présenter les évènements sous une même couche de vernis. Les Américains font la guerre à la Russie par armée interposée, leur forme de guerre préférée, malgré le fait qu'avec cette guerre ils ruinent les pays européens, leurs « alliés », prolongent et transforment une intervention militaire en une nouvelle guerre à grande échelle, augmentent de façon exponentielle les victimes et les morts et rendent même possible une guerre nucléaire. Les gauches européennes sont trop occupées par l’écriture inclusive et les affaires de genre, transgenre et métagenre … Ne les attendez donc pas. 

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L’état-providence ou la social-démocratie qui s’est mise en place voilà un siècle, meurt étouffée partout sous le poids de sa dette. Plus elle se développait, plus elle augmentait ses dépenses pour fonctionner et plus elle limitait la croissance de son assiette. C’était voué à l’échec et depuis la crise de 2008, elle ne vit plus que d’expédients. Il est désormais acquis qu’elle ne peut plus sortir de cette dérive et que le bout du rouleau n’est plus très loin. Le financement et le maintient en condition de fonctionnement de ce système s’appuyait sur une domination du monde par l’occident sur le plan technologique, économique, financier, monétaire et, au besoin, militaire. Cette domination sans partage est désormais terminée, nous ne pourrons bientôt plus faire payer notre système par les autres. La guerre d’Ukraine est une tentative de prolonger ce système, mais, sans préjugé de l’issue du conflit, elle en marquera surtout la fin. Enfin, le développement économique s’est appuyé sur des ressources énergétiques abondantes et bon marché. C’est, au moins pour un temps, terminé, surtout du fait de choix idéologiques toxiques. Il faudra des années pour inverser cette tendance chez nous. Aggravé par des problèmes migratoires et culturels, la crise qui s’amorce ira au-delà de l’hiver et il est difficile de dire sur quoi elle va aboutir. Les partis dits de gouvernement étaient intellectuellement structurés pour un monde qui n’est plus, leur désaffection est donc logique. Son dernier représentant, Sánchez,  va sans doute connaitre un destin politique qui finira mal pour tout le monde. Quelle que soit la violence politique dont il va user, et elle sera extrême, le sol se dérobe sous ses pieds. Mais vu le personnage, personne ne le plaindra.

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L’Esprit souffle où il veut. Je voudrais t’avoir dans mes bras jusqu’à ton dernier souffle. Voir tes yeux jusqu’à ce qu’ils ne voient plus, et même au-delà. Nous avons respiré ensemble tant d’années ! Ne pouvant aller de l’autre côté avec toi, je m’arrêterai au seuil, effaré de constater que mon chemin continue, que mes yeux voient encore, ébloui par la lumière d’amour blessé qui émanera de ton corps à l’instant même où tu le quitteras, si jamais tu devais le quitter dans les heures ou les jours qui viennent. (Hospital Universitario de Donostia, notes du 30-05-2022)

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« Je ne crois pas à la peur de la mort. Je rappelle le raisonnement d’Épicure : quand nous sommes, la mort n’est pas, et quand la mort est, nous ne sommes plus ; nous ne rencontrerons jamais la mort, nous n’avons rien de commun avec elle. Ce raisonnement est simple, il est convaincant et exact. La seule peur que nous puissions avoir, c’est celle de la mort des autres, de ceux qui nous sont chers. Et la seule peur que nous ayons pour notre propre compte, c’est la peur de la souffrance. » Michel Houellebecq (conférence)

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J'étais donc à la terrasse du jardin à lire Jacques Darribehaude et à écouter une cantate de Bach (Jagdkantate, que ma fille adorait qu’on écoute ensemble quand elle bûchait à côté de ma chambre de travail), et je me suis aperçu que j'exultais de nous retrouver toujours ensemble. Quel extraordinaire sentiment ! Pas exactement un sentiment, d’ailleurs. Une intense vibration interne, une tension intime du corps, un abandon à l'instant, une plénitude joyeuse et parfaite. C'est bien sûr indescriptible.

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Je passe des moments, la nuit, à me rappeler une fois de plus ce vieil homme, musulman, qu’on avait vu un jour à Hendaye, sur le quai de la gare déserté, déployant son tapis usé jusqu’à la trame, pour réciter ses prières du jour. Je pensais à ce qu’elles promettent, ces prières, à ce qu'elles rendent possible, bien que je sache parfaitement que ce genre d'expérience n'est pas envisageable en dehors du cadre solide d'une foi très référencée et d'une discipline impeccable. J’ai bien essayé d’ouvrir toutes les portes qui se sont présentées à moi quand j’étais enfant. Sans jamais oublier tout à fait, en foi et en discipline, les enseignements de mes parents, ressuscités périodiquement en moi  longtemps après leur disparition. Et au beau milieu de la nuit, des fois, j’essaie d’expérimenter par moi-même la puissance d’une modeste prière. Je n'en reviens toujours pas. Je demande vaguement un peu de paix intérieure et elle vient presque immédiatement. En outre, si prier pour demander semble ridicule (malgré l’invitation de Mathieu, « demandez et l’on vous donnera »), et surtout égoïstement mesquin, je suis en mesure d’affirmer qu’au plus profond de la nuit, mon angoisse s’envole en quelques instants. Et que je me remets à respirer apaisé comme si j’avais échappé à un dangereux étouffement venu de nulle part.

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