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mercredi 6 juillet 2022

Et l'amour et la mer ont l'amer pour partage ...

Sessions de radio déjà fixées pour ce mois de juillet. Loin de subir les assauts d’une angoisse qui m’a longtemps pesée, nuit après nuit, je garde en cette période une sorte de sérénité au fond de moi. On me dira que ce n’est pas forcément de la sérénité, ce que j’éprouve, mais plutôt une lassitude indéracinable. Fatigue de tout, y compris des affaires idiotes liées à la nouvelle voiture qu’on a eu le tort d’acheter pour remplacer la vieille et inusable volkswagen qui gardait son moteur impeccable après seize ans de fidèles services mais exigeait de plus en plus de raccommodages à l’extérieur. La Providence, dans sa grande miséricorde, m’offre peut-être cette forme de paix dans l'accablement pour me signifier ainsi que si je dois m’angoisser, ce n’est certes pas pour des détails pratiques mais plutôt pour des choses plus importantes comme l’état de santé de ma compagne ou de mon propre long couloir d’incertitudes à traverser. C’est sans doute que je vieillis aussi.

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Envie de revoir la beauté qui se dégage des paysages de notre Castille qui nous frappent à chaque trajet en voiture. Le bleu limpide et sans l’ombre d’un nuage à l’horizon, superposé aux interminables champs de blé. Vivant toute l’année au bord de la mer, l’océan infini est en Castille à l’envers, du côté de la terre ferme, et il suffit d’ouvrir les yeux pour le contempler, les rares nuages apparaissent comme des moutons formés à la crête des vagues, venus de loin pour rester quelque temps ancrés aux pâturages du ciel. On a hâte de réécouter le silence bruyant de ces plaines et de s’y abreuver de beauté et de paix. Sur ce thème de l’inversion du ciel et de la mer, j’avais commencé à traduire un livre magnifique d’Alain Baraton sur les arbres. On s’aperçoit qu’il existe sous terre, sous chaque arbre, une sorte d’arbre inversé, composé de grosses racines et des radicelles avec des sortes de poils pour absorber l’eau. Réalité donc dédoublée, l'arbre que l’on voit,  avec ses branches et ses feuilles, et l'arbre qu'on ne voit pas, l’arbre avec ses racines et radicelles. Dimanche à midi, les enfants arrivent de Bordeaux. A. vit la frontière comme une contrée magnifique où les montagnes se succèdent à la forêt, où la mer accueillante ouvre toujours ses bras aux visiteurs et aux vastes verdures où les plantes prolifèrent, à commencer par le jardin de sa mamie. Les troglodytes mignons, à cette époque, nichent sous la gouttière de la maison à côté. Nous observons tous leur ballet agité puis A. file dans sa chambre.

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Malgré le temps passé, j'ai parfois du mal à réaliser que je ne retournerai plus donner mes cours dans les petites salles parfaitement équipées de Vitoria. Pour l’heure, je me tourne les pouces, je range la maison, je prépare des cours de littérature virtuels et surtout de français pour mes collègues francophones des trois campus. Le bon vieux temps ! Je pars après pour des heures de navigation en ligne faire un petit plein de livres et d’articles et j’en profite pour m’arrêter lire des trucs bizarres dans des sites originaux ou peu connus. Je fais les courses, j’observe les aller et venues des gens dans le supermarché. J’y retrouve comme toujours, depuis quelques années maintenant, les mêmes gens usées par la vie. Elles remplissent tous les jours leur caddie puis s’en retournent dans de vieilles voitures. Ce scénario pathétique et soudé dans la routine, physique et psychologique, est comme une répétition à l’infini des vies d’autrefois, de celles d’aujourd’hui, de celles de demain. La matinée passe généralement très vite, surtout si on décide de sortir pour une longue randonnée. On y retrouve inévitablement des connaissances. L’après-midi, je m’amuse enfin avec mes différents vieux livres et les heures s’écoulent à une vitesse folle : nous terminons par la détente en terrasse en compagnie d’un couple ami.

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De bon matin, R. part dans le jardin s’occuper de ses fleurs et de ses jasmins. Comme d’habitude, cette année est une année à pluies fréquentes, sauf pour les quelques jours de juin où la canicule a fait des siennes. Les pots sur la terrasse font mûrir gentiment toute une large palette de variétés de plantes. On observe, en haut, vers la rue Belitz, les cerisiers prolifiques d’un voisin. Evidemment, cueillir des cerises en plein cagnard n’aurait rien de vraiment agréable mais je rêve à l’idée de tout ce que nous aurions pu faire avec ces fruits délicieux qu’il laisse pourrir sur place. Le mois dernier, je prenais quelques brindilles de jasmin pour en apporter dans la chambre d’hôpital de R. Je garde la boîte en souvenir, bien remplie d’émotions d’un début de juin plutôt sombre.

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Anniversaire de notre petite M. Normalement, les journées du 6 juillet ont été tranquilles et propices aux activités culinaires. S’il  avait fait beau, on en aurait profité pour un repas de famille au jardin. Mais la météo cette fois-ci n’est pas prête à collaborer. L’orage gronde et le profil du Jaïzkibel se cache derrière la pluie. J’aurais dû lui écrire un mot gentil, lui souhaiter bon anniversaire à ma façon. J’en suis cette année incapable. Je sentais, au lever du jour, qu’arracher des mots au plus profond de moi pour provoquer quelques instants de joie à table, comme cela a été le cas ces dernières années, allait terriblement me coûter.  Du coup, j’ai renoncé à me faire violence : j’ai tant à me faire pardonner et je sais si peu aimer !

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Sommet de Madrid. L’OTAN n'est constituée que par des pays caniches des USA sans aucune souveraineté et ses dirigeants, que des vendus et des corrompus.

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Se tomaba a sí mismo por humano siendo apenas una mera «presencia existencial sin fundamento» 

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« Voulez que je vous dise comment il est le Français 2000 ? — Ah oui ! ah oui ! j’en veux, j’en veux… — C’est un zombi autonome et responsable qui aime la boîte dans laquelle il travaille et respecte son patron. Il regarde la télévision trois heures par jour. Il adore les bons sentiments. Il va patiner le dimanche au bord des fleuves ou dans les bois, quand il n’est pas en week-end au bord de la mer. Il consacre ses vacances à visiter des pays étrangers et à gueuler parce qu’on y excise les femmes. Il combat le fascisme disparu il y a plus de cinquante ans. Il est optimiste. Il a des frissons quand il vote. Il lit Christine Angot. L’hiver, il se fait parfois engloutir par des avalanches. Il croit au progrès. Il trouve que son époque est formidable. »

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« Dulce a apporté la casserole de pâtes et chacun s’est servi. Beatriz a mangé devant la télévision et une épidémie chienne a éclaté vers la fin du repas. Lucien s’est plan Celui-là gueule contre les étoiles… Celui-là gueule contre la lune… Celui-là contre le silence de la nuit… C’est les chiens de la légende, camarade. Ils ont soif d’absolu. »

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En attendant le roi du monde - Olivier Maulin - Babelio

En attendant le roi du monde Olivier Maulin - SensCritique

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Agim Soulaj

À en croire les « spécialistes » à la petite semaine, si les Russes se retiraient d’Ukraine, si tout revenait au 23 février 2022, quel soulagement à Washington et à Jérusalem, à Paris et à Londres ! Et à Moscou ! Or rien ne serait réglé. L'Empire se refuserait toujours à prendre les dimensions véritables du conflit, pressentant que s'il on en mesurait sa véritable importance, il serait contraint de remettre en cause son hégémonie. Il y a quelques années, à l’époque eltsinienne où la Russie était par terre, un débarquement de marines sur l’île des Serpents, apparemment abandonnée par les Russes aujourd’hui, aurait pu être une solution. Maintenant, porté par une de ces immenses lames de fond qui régulièrement le soulèvent, le monde en voie d’être globalisé connaît un bouleversement né des profondeurs mêmes de son être et montrer stupidement ses biceps ne suffit pas. Nourri par les ressentiments des peuples vampirisés par l’Empire américain, un même chambardement fait que les aspirations religieuses et les insatisfactions matérielles des peuples malmenés soient étroitement mêlées. Elles se conjuguent parfois avec l'inquiétude de l'avenir. Du Maroc à l'Indonésie, des Républiques islamiques à l'Afrique noire, c'est la renaissance de l'Islam, qui en impose par le nombre de ses fidèles, par la simplicité de sa doctrine (obéir à la volonté de Dieu ; contraindre les infidèles à lui obéir) et par la poussée de sa démographie croissante, alors que l'Occident vieillit dans le progrès matériel de ses élites, sans se renouveler, sans chercher autre chose que sa propre destruction. L’Islam reçoit aussi un concours décisif de ses femmes, effrayées par la société vers laquelle les entraîne l'amoralité occidentale, mortelle aux faibles, pris en étau entre l’échec de l’avortement et le délire de l’euthanasie. Islam qui, comme tout mouvement, ne peut réussir que s'il fait face à un opposant qui le grandisse. Or il l'a trouvé dans l'Occident, et, confondant son propre combat avec les aspirations du tiers-monde, il le transforme pour en faire le combat du siècle. Seul l'Occident pouvait permettre à l'Islam et de s'unir et de réunir, une fois accomplie sa rupture totale avec le sacré, ce qui constitue un scandale pour les croyants du monde entier. Par son exigence de toute sorte de bêtises imaginables, habillées de modernité, du genre au sexe, de la pédophilie criminelle à l’avortement, il affirme de plus en plus sa véritable nature. L'Orient, lui, reste religieux, refuse la désacralisation de l'univers et la perçoit comme une mutilation de son être. Aussi, la liquidation des empires coloniaux se poursuit-elle de nos jours sous forme de cancel culture, étroitement liée à l'éradication de l'héritage moral légué par l'Occident, dénoncé en même temps comme domination culturelle et exploitation économique. Miner les cultures, dé-moraliser les peuples, diluer les croyances des millions de réfugiés, de la création de l‘entité sioniste en 1948, aux flux ininterrompus depuis l’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui même, semble la chaîne des priorités des "libérateurs" décoloniaux. Hier parqués dans des camps et aujourd'hui dispersés comme autant de brasiers dans l'immensité du monde, ces populations nomades portent toutes les aspirations de l'homme, farouchement niées et systématiquement écartées par la mondialisation sorosienne. Seul l'Islam les a récupérées dans son combat. Il les a intégrées dans sa revendication. La révolte n'est donc pas uniquement celle de quelques pays touchés par le fondamentalisme islamique. Un rejet de l'Occident, de l'Afrique noire à l'Amérique latine ou l'Extrême-Orient, avait déjà été conçu et formulé par le marxisme mais sans réussir à l’universaliser dans son articulation. Il fallait, pour ce faire, une philosophie, une religion qui, transcendant les frontières imposées par les empires historiques, s'avérât capable d'unir en une même vague des peuples différents par leur couleur et par leur culture, de les rassembler sous une même bannière, de les conduire d’un continent a l’autre par des mots d’ordre rassembleurs. Nous sommes bien face à une pulsion formidable de l'histoire. Après le sommet des BRICS à Pékin le 23 juin dernier, tendant à redéfinir les règles mondiales, suivi du silence presque total dans les médias larbins européens voici venir le temps de la revanche et souvent de l'enivrement, si même, dans cette coalition hétérogène, les ambitions s'opposent et les dogmes rivalisent. Dans des pays où il y a le soleil ou l'ombre, le croyant ou l'infidèle, la vision n’est pas simple, le bien ou le mal s'incarnent en des personnes et ces personnes agissent au-delà de Dieu ou de Satan. Et Vladimir Poutine n’y apparaît pas comme le diable. La politique qu’il est en train de mener ne semble pas si infernale que cela dans des États qui représentent 80 % de la croissance économique mondiale. Et la Triade, USA, UE et Japon n’y peuvent rien. Dans les bidonvilles et dans les universités, des centaines de jeunes gens rongent leur frein. Le marxisme leur offrait une explication de leur misère et de leur sous-développement, les voici mobilisés, matériellement motivés et intellectuellement armés par d’autres formes spirituelles, religieuses, que l’occident a bêtement extirpées de son sein depuis longtemps. Des hommes-prophètes apparaissent, s'évanouissent et se réapparaissent. Symboles d'une espérance, ils se succèdent comme les tempêtes de sable au désert, qui s'élèvent, frappent et tombent pour réapparaître ailleurs. L'Esprit souffle où il veut. Certains sont respectables, d'autres méprisables, tous, par leur exaltation, sont dangereux quand ils offrent à leurs jeunes générations une alternative à la société occidentale hystérisée par des spasmes autour du néant.


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Dégueulis d’un imbécile amerloque :

« Il y a quelque chose d’obscène dans cet amour du passé (…). Tout homme qui a des classiques plein le bide est un ennemi de la race humaine ! » H. Miller, Tropique du Cancer

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«La guerra es el padre de todas las cosas, el rey de todas las cosas, a unos hace dioses, a otros hombres, a unos esclavos, a otros libres». Fragmentos de los presocráticos, ed. Hermann Diels, Berlin, 1903, p. 74 (fragmento 53).

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Podemos, ses courants, tendances, variants et nuances, représentent la soumission idéologique totale et sans conditions aux États-Unis, à l’hégémonie culturelle américaine. Après avoir accepté d’accroître de quatre à six le nombre de destroyers américains de la base de Rota, Irene Montero, nullité intellectuelle, indigente du cerveau à la pensée soumise, laissant la ministre porte-parole du gouvernement social-démocrate lui interdire la parole pour répondre à sa place à plusieurs reprises dans une conférence de presse, embarquait pour Washington accompagnée de quelques copines afin de nouer des « alliances féministes ». Une fois sur place, la ministricule de l’Égalité, accompagnée de sa directrice de cabinet, Lidia Rubio, de la secrétaire d’État, Ángela Rodríguez, et de sa conseillère et amie, Isa Serra, a rencontré Chiraag Bains, assistante adjointe de Biden pour la justice raciale et l'équité, et avec Jennifer Klein, coprésidente du Conseil de la politique de genre de la Maison Blanche. Ces sommités neuronales assumaient les mêmes paradigmes sur la théorie du genre et de la justice sociale soi-disant y associée. En peu de temps, Podemos est devenu le larbin le plus combatif de la doctrine que l’élite politique et médiatique américaine prêche à ses domestiques périphériques. Cet amalgame de courants, tendances, mouvements et contorsions reproduit les mêmes slogans basés sur la même théorie frelatée. Les deux projets vedettes du ministère de l’Égalité, la loi trans et la loi seulement oui, c’est oui émanent directement de paradigmes made in USA. Le livre inspirateur Yes Means Yes, édité par Jaclyn Friedman et Jessica Valenti, a été publié en 2008, et quelques années plus tard, en 2014, le gouverneur de Californie de l’époque, Jerry Brown, en faisait rien de moins qu’une loi. Les concepts de base qui sous-tendent la soi-disant loi trans circulaient sur les campus yankees depuis des décennies. Si bruyants (du bout des lèvres) anti-impérialistes sur les plateaux télé et si dociles face aux injonctions idéologiques de la sous-merde anglo-américaine se voulant le comble du progrès…  Les dirigeants podémites se prennent pour des piliers de la gauche voire de l’extrême gauche (défense de rire !) sans assumer dans la réalité de leur praxis politique un plus modeste rôle de pions de l'empire, comme ils le démontrent à chaque fois qu'ils s'approprient le dernier gadget idéologique issu de cette fabrique d’hégémonie culturelle sous contrôle des États-Unis. On voit qu’en matière culturelle le colonialisme est le bienvenu ! Quand certains journalistes et des politiciens ignares affirment que le progressisme postmoderne, le féminisme radical, la théorie critique de la race, la théorie queer, l’idéologie de l’homosexualité ou l'environnementalisme, c’est du « marxisme culturel », on croit rêver ! S'ils voulaient savoir ce qu'est le marxisme, les vraies sources ne manquent pas qui narguent justement ces podémites et leur idéologie postmoderne à deux balles. Cela ne leur ferait pas de mal non plus s’ils découvraient la politique familiale de Staline, que pas mal de catholiques traditionalistes auraient bien voulu voir appliquer chez eux.


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