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mardi 8 mars 2022

En attendant la paix.

Anecdote. Il y a quelques jours, j’ai essayé de résoudre un truc au téléphone. Ce ne fut pas aisé car la personne qui prit l’appareil devait être atteinte d’une légère surdité. Elle me demanda par trois fois mon nom et me demanda de l’épeler. Il est vrai que le nom de Cuenca, tout comme mon prénom de Jésus est aussi exotique que peu répandu et que, ceux qui me connaissent dans la vraie vie pourront en témoigner, ma voix est fluette et mon élocution embarrassée. Je crus revivre l’inénarrable aventure que je connaissais il y a quelques années lorsque j’essayai de me faire appeler « Cuenca » – deux syllabes ! – et pas « Cuença », « De la Cuença » ou plus bizarre encore, lors de réunions de travail ! Pour faire durer le pastis, j’ajouterai le calvaire d’une collègue au nom de Consuelo dont la bonne volonté n’avait d’égale que sa compétence linguistique. Raccordé à ses interlocuteurs français, ça devenait systématiquement « Consuela » et elle, la pauvre, d’expliquer à ses auditeurs que le fait d’être une femme ne transformait pas automatiquement la dernière voyelle de son prénom ! L’affaire lui prenait une heure et demie ! Mais passons.

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Tout ce qui est russe, y compris les handicapés russes, les chats russes, les poupées russes et même les montagnes russes, est offert en pâture aux vautours. Au monde entier. Sans nuance ni modération. Dégoût de la meute.

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Le chœur unanime des perroquets propagandistes fixe immédiatement les lignes directrices, la conduite et les slogans favorables au camp auto-désigné du Bien, ce qui a toujours été quelque chose de socialement avantageux. Malheur à ceux qui, avant d’émettre un jugement portant sur la guerre, s'efforcent d’en rechercher les causes, d’en comprendre les raisons, d’en nuancer les arguments ! D’ignares palabreurs ! De nuisibles ergoteurs qui dans notre Occident manichéen, américanisé jusqu'à la moelle, manifestent leur désir de comprendre comme souillés par le pire stigmate du pire des crimes. Le manichéisme est la vertu suprême. Point barre. Nous sommes sur le point d’en faire une nouvelle anthologie. Force est de constater, après deux semaines de guerre, que la honteuse propagation des bêtises les plus absurdes par les serviles médias de l'oligarchie et de ses ingénieurs sociaux bat son plein. Ayant atteint sa plénitude, quelques années plus tard, comme cela a été le cas après chaque guerre, reviendra le mea culpa collectif de ces médias débordant de bonne conscience et donnant des leçons. Quand ce sera trop tard. Quand ce sera parfaitement inutile. Et le mal aura été fait. Nous savons maintenant la dose d’ignominie qu’il a fallu accumuler lors de la désintégration de la Yougoslavie. In illo tempore, les bombes de l'OTAN ouvraient la porte lumineuse de la paix. Elles n’étaient pas porteuses de mort, elles n’étaient pas destinées à blesser qui que ce soit, ni encore moins à détruire … A chaque nouvelle guerre, tout recommence, comme une pathologie incurable, structurelle et profonde. On fait arrêt sur image au bon moment dans l’une des vidéos de l'infâme Colin Powell, puis on multiplie le résultat par X et on aura l’impression d’assistera à nouveau à l'empoisonnement massif et délibéré de l’opinion mondiale à l'occasion de l’invasion de l’Irak, si ce n’est que cette fois-ci il s’agit de la Russie. La propagande est un éternel retour.

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Marcel Beaufils écrit à propos de la conception de la musique selon Schumann : « par la musique, l’homme prend conscience, comme tactilement, de mille états que sa “raison” refuse de connaître […]. Par la musique, l’homme se reconnaît dans des vibrations profondes sur lesquelles il n’a plus besoin de mettre des idées ni des mots. La musique apporte à l’homme ce plan total de conscience où il lui suffit de se sentir comme simultanément dans toutes ses épaisseurs, et de se blottir dans cette aperception physique de lui-même. […] Et si la musique est une vibration, si elle trouve en nous, par une voie royale ouverte, un terrain mouvant, inconnaissable, sans cesse en obscure gestation, et, dans ce terrain, cette vie universelle dans laquelle nous sommes baignés, enracinés, impliqués par l’esprit à la fois et la chair : ne va-t-elle pas nous situer dans cet univers mieux, et plus immédiatement, qu’une métaphysique pensée ? Elle est une métaphysique à chaque instant sentie et pressentie, guidée par l’obscur instinct et non par des dogmes d’école, aussi bien qu’elle est une introspection confirmée par la vibration en nous du vivant qui se reconnaît et s’écoute vivre. » M. Beaufils, Le Lied romantique allemand, Paris, Gallimard, 1956, rééd. 1982, p. 114-115 

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Il va falloir songer à expurger les bibliothèques des ouvrages russes, forcément pro-Poutine. Je propose donc que l’on brûle en place publique les ouvrages de Dostoïevski, Gogol, Soljenitsyne, Tchekhov et autres Pouchkine. On fera sauter les monuments à la gloire de l’armée rouge, il n’y en a pas beaucoup en France, et pratiquement aucun en Espagne mais dans l’ex RDA il y en a pas mal. Débaptisons les rues et places de Stalingrad, les Russes, comme chacun sait, n’ont quasiment rien fait pour battre les nazis : 27 millions de morts ! Trois fois rien … La gauche a depuis un bon moment abandonné les classes populaires. Elle s’est spécialisée dans la défense des « minorités » et, concrètement, cela donne le wokisme, la fin des frontières donc de toute idée de nation et d’identité nationale (excepté le kaléidoscope des petites identités ethniques), le LGBT-isme et l’écologie détraquée, à quoi on pourrait ajouter la glorification des délinquants, la haine de la propriété privée (vive les squatteurs !), la destruction de l’enseignement et de la culture traditionnels. Les Russes n’émettent pas spécialement sur cette longueur d’onde et cela explique, je crois, en grande partie, la haine de la gauche occidentale frelatée envers Poutine et tout ce qu’il représente.

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Tout le monde paraît l’avoir oublié, mais c’est en 1946 qu’a eu lieu la dernière épuration ethnique officielle, exigée par les Américains. Toutes les familles allemandes ont été priées de quitter le territoire tchécoslovaque (Sudètes), ainsi que de la Pologne (Silésie, couloir de Dantzig). Les Soviétiques avaient été un peu plus impérieux avec les Poméraniens, qui ont été promptement massacrés et remplacés par des citoyens soviétiques à Kaliningrad. Il n’y a pas que les Allemands à avoir été expulsés, la rectification de la frontière de la Pologne a entraîné l’expulsion par Staline des populations polonaises dans ce qui fait partie de l’Ukraine aujourd’hui. Lvov, qui s'appelait Lemberg, capitale de la Galicie, fit partie de l’empire austro-hongrois pendant deux siècles. Moldavie : c’est un territoire artificiel imaginé par Staline (comme ailleurs). La Transnistrie n’est pas historiquement roumaine, en revanche, le sud de la Bessarabie et le nord de la Bukovine, aujourd’hui ukrainiennes, si. Les Hongrois ont déjà payé le prix fort avec le dépeçage de leur pays en 1920 lors du « traité », plutôt un diktat, de Trianon qui leur fît perdre les deux tiers de leur territoire et pas loin des deux tiers de leur population. Encore aujourd’hui, on peut parler hongrois en Serbie, en Slovakie et surtout en Roumanie, je devrais dire en Transylvanie. Cela leur est toujours resté en travers de la gorge. Imaginez la France coupée la hauteur de Blois, tout le sud étant annexé par la Suisse, l’Espagne et l’Italie par exemple.

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