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lundi 21 février 2022

La nouvelle lune de février sert pour l'année de calendrier.

Il y a quelques jours, un ami, prof d’histoire à la retraite, me faisait une remarque qui me sidérait et me faisait douter non pas de son intelligence, mais du fait que nous vivions, lui et moi, dans le même monde. Autour d’un verre, nous parlions politique et histoire. De fil en aiguille, nous en arrivâmes au stade de l’échange de commentaires dans un style retro genre guerre froide autour de la crise en Russie, à mes yeux provoquée par l’obscène politique extérieure américaine. On en est arrivés aux conséquences de la dernière guerre mondiale ! Il commença à égrener des situations, insistant ici ou là quand l’une d’entre elles soulevait son intérêt. Après quelques convergences-divergences (pour lui : Anglo-américains « sauveurs de l’Europe à deux reprises » ; pour moi : Anglo-américains criminels de guerre dans l’impunité totale depuis des siècles), je l’entendis prononcer cette phrase : « Ils ont rasé l’Allemagne au phosphore, d’accord, mais ces gens-là avaient bien voté pour Hitler, alors… » Je n’avais jamais envisagé qu’une telle chose fût possible à cause d’un vote massif (et inexcusablement fautif !) préalable. Pour ce justicier implacable, tout le patrimoine démocratique depuis que la démocratie existe équivalait exactement à rien si on ne vote pas comme il faut voter. Grand mystère, car : comment il faut voter ? J’ai eu, depuis, l’occasion de comprendre que bien des gens ont le même travers concernant la politique domestique de chaque pays : « Bien fait pour eux ! », « Ils n’ont que ce qu’ils méritent ! », « Chaque peuple mérite les élus qu’il se donne », etc. Non que la démocratie ait empiré au fil des années, elle a toujours été ce qu’on voit aujourd’hui. Une mascarade, un cirque grotesque, une suite éperdue de luttes de clans et de lobbys avec, au bout du compte, des types qui sitôt installés au pouvoir se font cracher dessus de génération en génération par les mêmes électeurs qu’ils avaient séduits, parce qu’au bout du compte ils se révèlent incapables de tenir leurs promesses sauf pour ce qui est de la nette amélioration de leurs conditions de vie à eux. Et peu importe le niveau culturel ou la formation reçue, on a été formatés depuis l’école d’une manière qui exclut un examen critique de tout ce qui vient après la première guerre mondiale. On ne supporte pas les arguments nuancés ni les concepts trop compliqués pour parvenir à atteindre un dialogue formalisé et constructif : autant renoncer. On se limite à afficher fièrement une prétendue boulimie intellectuelle essentiellement nourrie de « culture » américaine, même via pensée zéro, qui nous rend capables avant de lever la table de réciter ce qu’on a entendu sur quinze plateaux-télé, mais toujours désespérément incapables de produire soi-même une idée sensée. Bref, côté Histoire, les carottes sont cuites.

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Est-il nécessaire aux lecteurs de Marcel Proust de lire sa biographie ? Écartons d’emblée ceux qui pensent qu’il n’est jamais intéressant de lire une biographie d’écrivain : l’œuvre est là et elle doit se suffire à elle-même. Opinion de Flaubert partagée par Proust lui-même. Dans la mesure où la Recherche est une œuvre très largement autobiographique, serait-il inutile de la faire reproduire par le livre d’un tiers ? Bien au contraire, c'est précisément parce que l’œuvre de Proust se nourrit de sa propre vie, qu'il serait essentiel de marquer les différences entre les deux pour mieux saisir le processus permettant partant de l’une, d’aboutir à l’autre. Nous passons sous silence Léon Pierre-Quint, le précurseur, dont le livre sur Proust a été publié à peine trois ans après la mort de son modèle, André Maurois, Maurice Bardèche et quelques autres plus ou moins significatifs., pour mettre en avance celles de George D. Painter, de Jean-Yves Tadié et de Ghislain de Diesbach. Le plus ancien biographe des trois, Painter, s’avère, d’une part, un peu fatigant avec l'obstination de vouloir que Proust ait eu des aventures féminines et avec ses explications de ceci ou de cela trop pénétrées de psychanalyse. D’autre part, à l’époque, de très nombreuses lettres de Proust n’avaient pas encore été retrouvées par Philip Kolb, qui en a depuis assuré l’édition chez Plon. Painter ne pouvait donc travailler qu'à partir d’un scénario lacunaire. Jean-Yves Tadié est surtout l’homme qui a accompli l'épreuve herculéenne de faire passer la Recherche de trois volumes moyens, dans l’édition de Pierre Clarac et André Ferré chez La Pléiade, à quatre gros volumes de la même collection, laissant voir à quel point l’appareil critique avait métastasé entre les années cinquante et les années quatre-vingt du siècle passé. Avec le grand mérite d’être un universitaire non-jargonneur, c’est-à-dire accessible. Comme il passe pour le spécialiste de Proust par excellence, il s'occupe longtemps de l’œuvre, à la décortiquer, à l’observer sous tous les éclairages possibles. Reste donc Ghislain de Diesbach, qui connaît admirablement la société de cette époque, et particulièrement ce qu’il est convenu d’appeler le monde. Il est pétri d’un humour fin et toujours discret, exprimé magistralement dans les nombreux “médaillons” qu’il donne à lire chaque fois qu’apparaît dans son récit un personnage destiné à jouer un rôle plus ou moins important dans la vie de son biographié, sans la virtuosité rageuse de Saint-Simon ou les méchancetés tonitruantes de Léon Daudet. D’autre part, il se concentre principalement sur la vie de son modèle, sans pour autant négliger l’œuvre, en sachant toujours étager ses plans. Bref, si un éventuel lecteur de ces lignes a l’envie, le temps et la disponibilité suffisante pour ce faire, qu'il en lise les trois sans hésiter.


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Condamné à revivre le jour de la marmotte. Un condisciple des années de fac, perdu de vue depuis plus de quarante ans, me lance (pas mal, comme préambule !) à la figure : « T’es toujours marié avec la même femme ? Normalement, ça porte malheur, ça, se marier très jeune ! » Dans mon cas, le mariage très jeune amena des changements avantageux à mon existence. Tout est devenu plus sérieux. Par des chemins étranges et détournés, rythmés par le labeur quotidien : études supérieures poursuivies après le concours du secondaire ; avancements dans mon travail (chef d'établissement, etc.) ; apprentissage du basque ; longue thèse dans des conditions austères, sans les moyens de bord d’un département, mais avec la surprise de compter sur la présence de Claude Simon à ma soutenance … ! J’ai pu faire ce dont je rêvais, tout de même : vivre à la frontière française depuis plus de quarante ans, faire des voyages, devenir prof à l’Université après mon doctorat, produire des articles personnellement satisfaisants à quelques égards. Que des tentatives, que d’efforts ! Ça valait donc bien la peine de se marier jeune ...

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J'ai terminé vers la mi-janvier la lecture d'anéantir et aux toutes dernières pages, celles des remerciements, je tombe sur cette phrase : « Au fond, les écrivains français ne devraient pas hésiter à se documenter davantage ; beaucoup de gens aiment leur métier, et se réjouissent de l'expliquer aux profanes. Je viens par chance d'aboutir à une conclusion positive ; il est temps que je m'arrête. » Ces derniers mots, compte tenu de la noirceur d'anéantir, je ne sais comment les interpréter, quel sens leur donner. Est-ce réellement son dernier roman ? J'ai eu du mal à le terminer, ce livre car il a le don, plus que tous ses précédents, de nous mettre le nez bien profond dans notre caca et de nous faire regarder la mort bien en face. En général on n'y tient pas vraiment, quand il nous arrive d'en parler on passe rapidement à autre chose. La finitude ça plombe les soirées, ou alors faut aborder le sujet avec deux grammes, pour en rire plutôt qu'en pleurer. J'ai lu quelque part qu'il y avait deux romans dans anéantir, et que l'on ne connaîtrait jamais l'épilogue du premier. Je ne suis pas de cet avis, Houellebecq n'est pas John le Carré et les attentats perpétués aux quatre coins du monde par une organisation vraisemblablement sataniste ne sont que le bruit de fond de l'époque. Les motivations de ces terroristes sont assez secondaires, juste un élément du décor où se déroule l'action, la campagne présidentielle de 2027, et il nous a été donné de connaître d’autres attentats sans que la vie ni la mort ne s'arrêtent. Je ne me sens pas capable d'ailleurs d'établir une liste complète de ces attentats évoqués au dernier quart du livre. Des "fous de Dieu" nous en ont voulu à mort et nous en veulent encore. C'est même devenu notre lot quotidien de non-sens. Pour en trouver, du sens à tout cela, il nous faudrait réfléchir, penser … et Valéry affirmait déjà que « penser, c’est perdre le fil » Alors … En dépit de ces échos du monde, le récit de la vie de Paul Raison est parfaitement linéaire, et le sujet de M. Houellebecq est bien la mort, la mort toujours recommencée, qui est partout chez elle, des monts du Beaujolais au golfe du Morbihan en passant par Arras ou les jardins de Bercy. On se dit qu'elle fait très bien le travail toute seule, qu'elle n'a pas besoin d'auxiliaires empressés. On pense à ces mots de Brassens que j’avais posté sur Facebook il y a quelques jours : « Car, enfin, la Camarde est assez vigilante elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux. » Anéantir, c'est son affaire : anéantir les amours renaissants, anéantir de désespoir. Il lui suffit d'un petit AVC, d'une corde ou d'un cancer, elle a tout un arsenal à sa disposition, la mort. La seule façon de la vaincre serait de ne plus donner vie. Oui "anéantir" est bien un roman crépusculaire, sombre comme un jour de novembre, et dernier travail de Michel Houellebecq.

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En matière de littérature ou de cinéma, finalement, le lecteur compte presque autant que l’auteur : mutuellement indispensables. Sans lecteur de bon niveau, l’auteur est condamné à l’oubli. Si le lecteur n’est plus capable d’apprécier une syntaxe ancienne, souvent, parfaite, voire de la supporter, s’il ne peut passer outre les archaïsmes narratifs, les dialogues trop écrits, les situations d’un autre âge, c’en est fini du chef d’œuvre. Si un spectateur ne peut plus accepter de voir un film muet, en noir et blanc, ou s’il s’endort devant un montage calme et des plans de plus de cinq secondes, les trésors du cinéma ne servent plus à personne. Heureusement, la curiosité et l’intérêt pour les chefs d’œuvre dépassent toujours la médiocrité propre à chaque époque, et malgré tout, les œuvres majeures trouvent leurs admirateurs. C’est bien le sens de la formule de Nicolas Gomez d’Avila : « La postérité n’est pas l’ensemble des générations futures. C’est un petit groupe d’hommes de goût, bien élevés, érudits, dans chaque génération ». En noir et blanc ou en alexandrin, une grande œuvre nous met en présence de personnages qui se retrouveront dans toutes les époques, par-delà leurs atours. Nous trouvons toujours, même dans des personnages annexes, des portraits exacts de nos plus exacts contemporains, de nous-mêmes.

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Quand on y pense, chaque confirmation que les imbéciles sont toujours les mêmes a quelque chose de réconfortant : au moins, ils ne progressent pas. La seule incertitude réside dans la puissance de l’esprit qui s’oppose à eux, et dont on a bien l’impression, ces derniers temps, qu’elle ne suffit plus. Mais c’était déjà l’opinion d'un personnage de Flaubert, avec deux cents ans d’avance : « Plus d’académies ! Plus d’Institut ! Plus de missions ! Plus de baccalauréat ! A bas les grades universitaires ! Conservons-les, dit Sénécal, mais qu’ils soient conférés par le suffrage universel, par le Peuple, seul vrai juge ! Le plus utile, d’ailleurs, n’était pas cela. Il fallait d’abord passer le niveau sur la tête des riches ! Et il les représenta se gorgeant de crimes sous leurs plafonds dorés, tandis que les pauvres, se tordant de faim dans leurs galetas, cultivaient toutes les vertus. » G. Flaubert, L’Éducation sentimentale

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Jour de la marmotte (bis). Les personnels non enseignants méprisent sans doute les bureaucrates prétentiards et insolents, stupidement méprisants eux-mêmes, fiers de leur accès à la gestion par la voie du doigt de quelque suzerain que ce soit (gouvernement ou recteurs et doyens, selon les dénominations en vigueur dans la hiérarchie des établissements espagnols), fiers de leur gueule et trop souvent d’une nullité directement proportionnelle à la taille de leur ego. Ils respectent toujours, en revanche, ces administratifs et techniciens divers, ceux qui se montrent à la hauteur. On perçoit immédiatement celui qui connaît non seulement son affaire, mais aussi celui des autres… celui de ceux qu’il a été appelé à donner des ordres ou à organiser, qui sait ce qu’il faut demander, ce qu’on peut demander et, en outre, l’effort que cela représente. Ces gens-là sont presque immédiatement agréés par le personnel en « bleu de chauffe » qui met la main à la patte tous les jours. On ne le bluffe pas, lui. Il devine tout : inutile de faire son intéressant. La morgue n’est pas nécessaire pour se faire écouter et respecter. De continuelles irrésolutions qu’on dissimule derrière des éclats qu’on veut napoléoniens et le naufrage à terme est assuré. La véritable autorité a une sonorité, un tintement, qui ne trompe pas. Au contraire, l’autorité des faibles, un goût assez pervers de l’autorité pour l’autorité, a comme une fêlure cause de malaise, de fausset, de persiflage. De l’autorité inconsidérée, fantasque, exercée pour le plaisir de voir les gens se disputer, se remplir de perplexité, d’ahurissement. C’est l’autorité des nuls, promus à un poste de commandement par le hasard ou par le caprice d’un supérieur.

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Mai, 1959. Question du patron de mes parents qui m’était adressée en début d’après-midi sous une chaleur à faire fondre les briques : « Qu’est-ce que tu voudrais être, quand tu seras grand, mon enfant ? » Moi, prompt à la réponse : « Pistolero ou bien pirate … ! » J’aurais pu tout aussi bien répondre chasseur de grizzly ou dompteur de puces. Mon père, qui aurait préféré que je réponde « curé ! » parut quand même très heureux de mes choix et de ma réponse, précise, catégorique, sincère.

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À une époque, je croyais tous les cœurs purs. 



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On en vient à reprocher à certaines victimes de n'être pas mortes tout à fait …

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Le beau mec qui joue les premiers ministres dans notre « res publica selvatica » est tellement menteur qu’il ne faut même pas croire au contraire de ce qu’il affirme. Mais, ce n’est pas grave. Le système le veut ainsi. Et le « jeu » de l’alternance. Certains croient qu'en Espagne, dans l'exercice du pouvoir politique, il y a des sociaux-démocrates et des conservateurs ou des libéraux. Ils ont tort. La vraie politique se développe chez nous sans référence aux acteurs pertinents. Les acteurs publiques impliqués dans des politiques publiques n'ont qu'une importance relative. La démarche de contrôle des politiques fiscales n'est pas entre leurs mains. L'État espagnol possède une structure fiscale dont le seul objectif est celui de plumer au possible les classes moyennes et la partie productive de la société, de plus en plus réduite, avec un déploiement technique, humain et de propagande impressionnant. On trouve au Trésor les meilleurs spécialistes avec le meilleur équipement qu’on puisse imaginer. On pourrait affirmer sans crainte de se tromper que les différentes branches du reste de l'administration lui fournissent très efficacement des services auxiliaires. L'argent collecté, sans prendre activement en chasse les fraudeurs fiscaux importants, va essentiellement à deux groupes : les classes dirigeantes centrale et périphériques et les réseaux clientélistes d'électeurs qui les soutiennent. Partis politiques, syndicats, hauts fonctionnaires et certaines grandes entreprises, visent à optimiser le pompage de fonds alors que le système de production lui-même est négligé et sous-estimé. L'homme d'affaires prospère, la pensée innovatrice ne sont qu’autant d’entraves majeures au principe qui part du postulat selon lequel l'enrichissement honnête est impossible et moralement répréhensible. Et cet état de choses vient de loin. La mise en place du régime actuel s’est consolidée dans les années 80 avec la nébuleuse des différents partis de droite précédant le Parti Populaire (1989) et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol. Une fois la Constitution votée, l’UCD (Unión de Centro Democrático) fait la demande d’adhésion à l’OTAN, acceptée sous conditions par les sociaux-démocrates et soumise à référendum en mars 1986, après le positionnement pro-atlantiste de F. González. Les premières actions au pouvoir de la socialdémocratie fraîchement importée et financée de l’extérieur visaient à l’exercice hégémonique sur l'échiquier politique, spécialement dans le système éducatif, à pénétrer l'administration et à donner aux politiciens le contrôle des Caisses d'épargne, tout en désindustrialisant le pays en même temps. Le système, en apparence, ne bloque jamais. Les politiciens retirés de la politique ou remerciés, après de longs (pas toujours) et loyaux (à qui ?) services, trouvent souvent de confortables replis dans quelque grande entreprise. Forme d’échangisme typique de la classe politique qui considère tout à fait normal de rejoindre le privé après des années voire des semaines de « service » à l’administration. De 800 000 fonctionnaires, on est passé à près de trois millions et demi dont la santé et l'éducation représentent un million deux cent mille, avec un net accroissement du personnel universitaire. Cependant, une bonne partie des dépenses se perd à cause d’une éducation de mauvaise qualité et des dépenses de santé par habitant plutôt faibles. Lorsque l’un des partis de l’alternance espagnole prend le pouvoir (alternance ne veut pas dire alternative !) il ne démantèle pas tout l'appareil de corruption qu'il trouve déjà solidement installé, bien au contraire, il en profite se contentant de prendre simplement le relais. Ajoutons à cela un quatrième pouvoir : les médias, grassement subventionnés par le prélèvement de leur part des budgets publics, formidable appareil de propagande d'une classe politique dans laquelle le sens critique, l'impartialité et l'objectivité ont tout simplement disparu depuis longtemps. Comme l'argent fourni par l'économie du pays est largement insuffisant, une énorme dette publique a été générée qui met le pays à la merci de ses créanciers et absorbe l'épargne privée. L'Espagnol lambda, véritable mouton politique qui se prend pour malin, étroitement surveillé à la base, permet que son argent soit utilisé pour payer le gâchis d’un énorme appareil d’État déliquescent qui échappera toujours à son contrôle au sommet. On tient à nous faire croire que la corruption consiste uniquement à mettre la main à la caisse et ce n'est pas comme ça que ça se passe : les ONG inutiles et les fondations bidon, les sociétés et entités sans objet, les postes et les prébendes partagées au jour le jour ainsi que les réseaux de clientélisme représentent beaucoup plus d'argent et ont un objectif tout aussi odieux, voire plus, que le vol ou l’escroquerie pure et simple. Le maillon le plus obscène pour dimensionner la chaîne de la corruption du système demeure la gestion des médias publics et la corruption permanente des médias privés ainsi que la dégénérescence galopante et l'utilisation à des pures fins de propagande du système éducatif.

L'ensemble des autonomies n'a pas été orienté vers une meilleure gestion. Les priorités semblent préférer la manipulation des médias et des esprits via le système éducatif. Dans les autonomies identitaires, c'est beaucoup plus évident : le lavage de cerveau et la ségrégation commencent pratiquement dès la maternelle dans l’indifférence presque générale. Les coûts de tout cela sont énormes : un système de production qui se rétrécit et une productivité qui stagne depuis 15 ans. L'Espagne s'éloigne progressivement des niveaux de revenu des cinq plus grands de l’Union européenne. La corruption et la mauvaise gestion peuvent être vues à l'œil nu pour peu qu’on sache regarder. Le coût du logement, la facture du gaz et de l'électricité à la hausse battant record sur record, le manque de perspectives surtout chez les jeunes, les lois au stade métastatique, la lourdeur de la bureaucratie, l’innovation défaillante des entreprises ou les bas salaires sont le résultat des politiques mal canalisées depuis des années. La détérioration de ce que certains appellent « le contrat social » est déjà criante, et l’égalité devant la loi n’existe plus, tout comme la protection du droit à la propriété privée ou à la présomption d'innocence. Défendre l'égalité devant la loi devient un acte de subversion. L’État n’opère plus cherchant des équilibres entre principes hobbesiens et principes kantiens, il s’en fout royalement, ne s'occupant plus que de lui-même et de se demander comment amuser les benêts et les gogos sur des écrans de fumée pour mieux les cacher le pillage toujours croissant dont ils sont l'objet. L'inégalité des sexes, le féminisme, les discussions autour du genre, les accusations de fascisme à tort et à travers : de la poudre aux yeux qui tente de générer des réponses émotionnelles et, partant, irrationnelles, escamotant des tragédies bien réelles qui nous coûteront très cher. Les analyses rationnelles ou à base scientifique ont été complètement bannies des médias. Si on devait trouver un modèle ou quelque chose de semblable pour mieux comprendre l'Espagne actuelle, on devrait regarder en direction de l'Argentine. Sans l'euro, notre taux d'inflation serait galopant. Tant qu’on ne se sera pas débarrassés sans trop tarder d’une caste politique parasitaire et incompétente, qui nous conduira irrémédiablement au désastre, on ne pourra pas aller au-devant d’un avenir qui sera tout sauf précisément radieux.





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