Pour oublier tous vos soucis, mettez des souliers trop petits (dicton).
“Sólo el temor, entre los hombres, pospone la matanza.” Gabriel Albiac
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Les trois pèlerinages
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Yuri Slezkine, Le siècle juif
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La vie des grands-parents ressemble à une espèce de banque des sentiments. Chaque
petit-enfant, à sa naissance, fait son entrée dans le monde déjà titulaire d’un
grand compte ouvert à son nom, prospère et en apparence inépuisable. Il en extrait
des sommes importantes pendant ses années d'enfance. Plus tard, jusqu'à
l'adolescence, il continue de recourir abondamment au compte de cette banque. Il réalise souvent des versements à travers des gestes touchants
de bonne volonté pour ses grands-parents, des câlins bien sympathiques, de petites
attentions, de doux "merci" et de fréquents "je t'aime". Normalement, lorsque
son titulaire atteint la majorité, alors que la banque continue de donner de
l'amour, de la consolation et des retraits fréquents d'espèces, ce fameux
compte ne reçoit pratiquement aucun versement. En revanche, à ce stade également, le compte
continue d'avoir besoin d’être alimenté en dépôts d’espèces importants sous forme de reconnaissance - traduite si possible dans les faits - et d'intérêt pour les idées ainsique pour les affaires en général des grands-parents, de petits
détails sur l’appartement qu’ils habitent, de prise en considération de leurs
passe-temps - probablement saugrenus pour ce qui est de papi ou de certaines particularités peut-être
désagréables de mamie, du respect pour leurs idées, de la générosité en tendant
l’oreille à leur expérience. De temps en temps, apporter chez eux une bouteille de vin, des
fleurs, des fruits ou des bonbons, enveloppés d'un baiser et d'un câlin ... ce
serait autant de formules très acceptables pour éviter de mettre le solde
du compte au rouge vif.
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De fait, les autoproclamés progressistes croient en deux dieux
qu'ils idolâtrent : le premier est évidemment le progrès,
concept usurpé qui prétend, contre l'expérience, que le nouveau est toujours
supérieur à l'ancien alors que, en un sens strictement darwinien, le nouveau se
contente de remplacer l’ancien. Le second est cette folle idée, ésotériste et maçonnique, qu'est l'égrégore, la conscience partagée en groupe : « Dieu n'existe pas, nous allons le créer ».
Nous. Le groupe. Les élus pour conduire au bonheur le troupeau. La meilleure
réponse à cette dernière sottise est une nouvelle ultra-courte de Fredric Brown
intitulée Answer (La
réponse). Ou encore la lecture des ouvrages de Gustave Le Bon : rien de bon
ne saurait sortir d'un groupe. Suffit de considérer une assemblée de quelque
genre que ce soit. Et quand ce n'est pas vrai, c'est que le groupe est manipulé
: l'âge des masses est en réalité l'âge des meneurs - à condition, hélas, que
ces meneurs soient à la pauvre mesure des abrutis qu'ils manipulent, ce qui
rend compte du succès des pires. Une masse, ce n'est même pas un peuple, et
c'est pourquoi elle ne saurait être menée que par des abrutis lui étant à peine
supérieurs. Dans le passé, on n'a d'ailleurs jamais vu des représentants
politiques, même peu brillants, être aussi parfaitement médiocres, voire moins,
que ceux d'aujourd'hui, indépendamment des modes de désignation ou d’élection, toujours
bancals. Qu’on considère ces gens une élite, c'est à faire hennir les
constellations (Bloy). Incidemment, on constate le même phénomène dans les
sectes : le gourou est toujours un escroc qui croit en partie à ses propres conneries
; il est à un cran au-dessus de ses pigeons, jamais à deux crans ou plus ; si
ce n'était pas le cas, il ne pourrait énoncer son catéchisme sans rire, ou en
tout cas pas très longtemps. La simulation prolongée, c'est apparemment un art
très difficile, à en croire les spécialistes du renseignement. C'est aussi
valable si le gourou est une marionnette animée par un manipulateur discret. L'époque
du courage est révolue, comme celle de la détermination, comme celle de la
rationalité, comme celle du bon sens. Tout devients imprévisible. Même les moutons ont progressivement
changé de nature, ils ont muté atteints de rage. Quant au surgissement de
l'imprévu, c'est un beau thème de réflexion. Voyez l’imprévue arrivée au
pouvoir de l’actuel président du protéiforme gouvernement espagnol, porté par
des opportunistes qui tous acceptent, en attendant pire, la muselière sans grommeler
pour préserver leur statut de privilégiés et retarder l’inévitable
anéantissement prochain, malgré les meutes de ses défenseurs (des bouffons des
médias subventionnés, des trolls des réseaux sous perfusion friquée, des « consciencieux »
à la solde des brigands qui émargent des fonds publics… ou de l’étranger) lancés
à la gorge du moindre critique. Ils savent pourtant qu’ils ne pourront rien face
à un peuple aujourd’hui peut-être accablé sous le poids de la pandémie mais résolu
le moment venu à ne plus tolérer tout cela, et à exercer une saine, juste et
implacable vengeance. Le peuple espagnol. Un peuple. Pas la somme de titulaires
d’un même document administratif, d’une même carte d’identité. Il ne faudrait pas trop oublier que l’Espagne a existé quelques
siècles avant de n'être plus qu'un agrégat de territoires autonomes sous
le contrôle de cette vaste tribu de corrompus – droites et gauches confondues –
financés un jour par des Flicks et des Flocks allemands et par des Yankees « otaniens »
et aujourd’hui, toujours financés par… soutenus par ... Tiens ! je radote,
je l’ai déjà écrit mille et une fois. Tant de nationalités, ça coûte
cher ! Comme tout marxiste savait, l’anachronisme de la nationalité
n’était qu’une façade qui cachait la lutte de classes. Si les peuples étaient
attachés à leurs particularismes, c’était à cause de leur histoire d’oppression.
Donc, facile ! Ils étaient trop malins, nos dirigeants : en
promouvant la revendication nationale, ils pensaient renforcer le
contenu socialiste ! Il suffisait de mettre fin à l’oppression et
de déployer ensuite assez de tact et de sensibilité, avec des tonnes de bisous,
et la promotion explicite des différents particularismes culturels et linguistiques
ferait disparaître la méfiance entre les nationalités. C’était
inévitable, scientifique ! Les néo-communistes – décalque exact de
leurs compères paléos – les populistes de tout acabit et les bobos de
tout poil pensent que le multiculturalisme est comme la politesse, la mémoire
démocratique ou la bienveillance entre genres. Tout le monde les valorise
et ça ne coûte presque rien ! Souverainistes et néo-rouges, nouveaux
prêtres pour administrer le sacrément de la diversité sous l’espèce de la
discrimination positive, redeviennent une mode comme la barbe ou la moustache
et nous affirment que cette diversité est le chemin le plus sûr de l’unité. Le
rouge de la honte devrait leur monter au front à tous, et le sang des citoyens devrait
bouillir à l'idée d'être tyrannisés par de tels individus dépourvus des moindres
notions d’histoire et sans les facultés intellectuelles et morales requises
pour gouverner un pays. N'importe qui pris au hasard serait moins pire, moins
corrompu, moins inculte, moins dépourvu de honte. C'est une chance pour
l'oligarchie que les masses ne se sachent pas manipulées par un aussi petit
nombre de gens ayant sur elles le pouvoir de vie et de mort. Mieux vaut les
laisser croire aux fétiches de la démocratie et du progrès, sans
quoi l'édifice social s'écroulerait, et l'oligarchie avec lui. De fait, en ce moment, le
nombre de gens qui ne pensent pas comme nous, qu'on considère derrière les masques sur les plateux télé comme des réfractaires irrécupérables, s’avère infinitésimal mais l’observation de
l’évolution des comportements (surtout dans les pays ayant
connu la douceur des régimes socialistes) et quelques conversations avec des gens normaux
laissent repousser un certain optimisme. Engouement collectif hystérique pour l’écologie et la nature. En des temps plus éclairés, quand les cours de philosophie
étaient convenables, on apprenait la formule naturae enim non imperatur, nisi parendo (Francis
Bacon, Novum organum L. I, LXXIX). Autrement dit : « On ne commande
à la nature qu'en lui obéissant ». Or, Descartes dira ce qu’il voudra
bien, la condition de l’homme maître et possesseur de la nature n’est qu’une
pure chimère. Et un réchauffement climatique défendu par des agités prétendant
tourner en ridicule la science n’est qu’une imbécillité. Quelle époque ! Mes parents
ont longtemps vécu sans eau courante ni électricité. Capables de survie au beau
milieu d’une nature hostile qu’ils respectaient, qu’ils chérissaient et qu’ils
s’efforçaient de ne pas détruire puisqu’ils en vivaient. Paysans pauvres mais autosuffisants.
Sans salaire, sans fierté sociale. Ils ont bel et bien été forcés à disparaître. La honte. Écologistes avant la lettre mais exerçant la pire occupation : bouseux ! Avant de
devenir quand même manœuvres. La risée face à une floppée de fils de pute, parasites et
bons à rien, adeptes obstinés du sacro-saint progrès généralement traduit en droit à l’enculage des péquenots, des
plus faibles en général et des cons d'électeurs en particulier mais qui se moquaint d'eux et de leurs semblables à cause justement de leur vulgaire attachement à leur milieu cul-terreux. Indécrottables bourgeois citadins ! Bien incapables de
se torcher tout seuls ni de pourvoir à leur existence quotidienne (on a redécouvert l'importance de la campagne en pleine pandémie !) mais riches
en discours, monnaie de singe universellement valable. Qu'en pensent-ils, du retour fanatique à la "bousitude", les sous-merdes todologues
des plateaux télés, les crottophages récompensés par tous les pouvoirs imaginables, les pousse-à-la-haine imposteurs du pire fléau planétaire connu : le camp des gentils intouchables, terreau historiquement fertile des guillotineurs, des bourreaux et des tchékistes,
des terroristes dans la plus totale impunité, des fils à papa incapables mais
bien placés socialement pour tout rafler à leur profit ?
Note au crayon. 17/mars/2020
L’arrivée au pouvoir de nos marteaux pilons bien à nous a coïncidé avec la
pire pandémie des derniers temps depuis la grippe injustement connue comme espagnole
de 1918. Beaucoup de magasins sont vides comme au Vénézuela et à Cuba ! On
est tous confinés comme dans des camps ! Chouette, la v’là l’utopie qui se
pointe au galop ! Allez, on a devant nous un avenir des plus prometteurs.
Et en même temps notre corps social se contemple au miroir du pluralisme
tendu par le gouvernement pluraliste installé au pouvoir. Ils se
montrent incapables d’avoir un seul et même objectif, de bien connaître un
domaine, d’avoir une compétence dans quelque domaine que ce soit autre que le
sectarisme le plus puéril sans laisser néanmoins pour autant d’être extrêmement
pluriels ! Son président, perpetuum mobile de notre avili
univers médiatique, a la chance d’ignorer ses propres convictions : il dit
telle chose un jour et telle autre le lendemain. Cela est sans doute un atout…
mieux vaut ne pas avoir de convictions qu’être de droite. Ça coûte cher au
contribuable, mais ça en vaut la peine ! Avec quelle servilité les
journalopes dégoûtants s’abaissent devant sa tronche de chef de rayon mode
masculin pour lui faire de la lèche ! Beau spectacle, franchement. La
« gauche » progressiste boboïde est tombée bien bas… Ses sbires
médiatiques ne savent picorer que les yeux des déchus, de vieux ringards
franquistes d’il y a une éternité. Le citoyen lambda ne saura jamais en vertu
de quel principe les corbeaux de la presse choisissent telle ou telle charogne
pour festoyer. Un politicien de leur propre bord tombé en disgrâce, une
concurrente qui leur déplaît, un chanteur, un footballeur, un homme d’affaires…
Guidés convenablement, les chroniqueurs mondains savent parfaitement qui
dévorer. Attirés par l’odeur de putréfaction, ils foncent en masse sur la proie
désignée…
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| Un film inexistant et pourtant formidable |
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Citation dont j’ai abusé, extraite de Stendhal et rapportée par J. Dutourd : il y a deux choses impossibles à contrefaire : le courage au feu et l'esprit dans la conversation.
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Tentative d’assassinat à l’arme blanche devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. La gauche la plus mordante, intelligente et bien pensante qui soit, celle de la dette imprescriptible envers les malheureux exploités, colonisés, etc. Tout ça : les dogmes des bobos conformes au dogme. Sauf qu’ensuite ils ne trouvent rien de mieux que de se payer méchamment la gueule de leurs paternalistement protégés malheureux dans ce qu’ils ont de plus sacré : l’Islam ! Vous caressez le tigre dans le salon et, histoire de rigoler, vous lui passez la flamme du briquet sous les roustons ! Et vous vous étonnez de la réaction du fauve ! Planqués désormais dans un bunker tenu secret, ils récidivent. Il s’agit donc, selon Charlie de défendre la liberté d’expression et, singulièrement, la liberté de blasphémer ! Qu’on se contente alors de conchier les catholiques, ceux-là tendront toujours la joue gauche. En revanche, certains musulmans n'ont pas l'air d'apprécier la subtilité libératrice de ces plaisanteries. Quoique laïque déclaré et ayant affiché « Je suis Charlie » comme presque tout le monde mon refus de l’attentat mortel de 2015, je me sens aussi mal à l’aise, malgré tout, humilié quelque part moi aussi par les caricatures republiées. La critique de la religion devrait se fonder sur des arguments rationnels pas sur des insultes ou des discours moralisateurs à l'emporte-pièce. Dans notre culture où la notion de rationalité a disparu et où l’idée même de débat avec les religieux est déclaré impossible, il ne reste que l’insulte arrogant. Réduire la laïcité ou même l’athéisme à cet humour, c’est porter atteinte inutilement aux valeurs des croyants des différentes religions, déjà suffisamment opposés entre eux. Je sais, ce qui est arrivé aux dessinateurs de Charlie Hebdo est horrible, injustifiable et tout ce qu’on veut. Mais ça ne rend pas cet humour intelligent ou même décent. Un humour qui consiste à humilier des faibles, des pauvres, des exclus, bien qu'on proclame les aimer, n’a pas à être admiré et risque de prolonger éternellement la guerre de tous contre tous.
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"Rends l'argent !!!" Impeccable, l’impératif... et confusion phonétique de taille : la consonne fricative labio-dentale sourde et la fricative labio-dentale voisée ne correspondent pas au même François !
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J’osais espérer, moi, dans ma condition de mâle
hétérosexuel profondément humilié par le patriarcat, que je pourrais vouloir rentrer
de temps en temps seul et bourré. Mais "à la maison" ??? Hummm... Je ne sais pas ! Il semble que cela ne sera
plus toujours possible vu l’urgence des squatteurs pour instaurer, de facto et favorisée par l'impunité, l’expropriation de tout appart qui leur tombe sous la main ... Allez, gros câlins à mes fans féministes de gôche !









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