Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt ... Paisajes en tartana de hojalata
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mardi 29 décembre 2020
Si vous êtes unijambiste (confiné), évitez le funambulisme (vanité du gouvernant) !
mardi 1 décembre 2020
una campana muda, sin campanario / en medio de la niebla / del calendario
NOVEMBRE A TIRÉ SA RÉVÉRENCE…
Mon émotion du moment, juste avant son départ : je me sens comme…
una campana muda, sin campanario / en medio de la niebla / del calendario = une cloche en silence et sans clocher / dans le brouillard épais du calendrier
Deuil pratiquement universel à la mort du footballeur Diego Maradona. J’ai du mal à partager que l’habileté d’un homme à jouer au ballon présente un intérêt réel (à part les milliards générés part la publicité et les paris en ligne) pour une société quelle qu’elle soit. Le personnage, sur le plan personnel assez misérable (machiste violent et bouffon histrionique, zombie drogué menteur sans se départir de son style maquereau à bagouzes guévariste) n’a rien fait après sa mort, pour relever sa cote. Son pays, l’un des plus riches du monde, tombé au plus bas entre les mains des politiciens au-delà de l’indécence, lui a rendu un hommage transformé fatalement en chaos. Spectacle à la hauteur de l’un et des autres…
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Si le bourgeois
de l’ascendance a forcé l’admiration de l’Histoire pour son sens critique
(Voltaire, Rousseau…), le bourgeois de la décadence peut se définir par son
conformisme. Comme nous l’a amplement démontré Flaubert, il fait là où on lui
dit de faire. Ainsi, en réponse à l’insupportable délinquance nord-africaine
subie par le beauf depuis qu’il fut chassé des centres-villes, le bourgeois,
pourtant responsable de son sort, le traitait invariablement de « facho » comme
on le lui avait appris. « On » désignant plus précisément l’intellectuel
français souvent issu d’une communauté très en pointe dans le secteur des idées
depuis son émancipation des ghettos au dix-neuvième siècle, et plus encore sur
le terrain du discours après la défaite nazie. Or, chose étrange, depuis que le
beur de banlieue n’aboie plus « sale français » mais « sale feuj » pour cause
de solidarité « imaginaire » (comme dirait Alain Finkielkraut) avec les petits
palestiniens de l’Intifada, ces mêmes intellectuels français (dont énumérer les
patronymes friserait la faute de goût), eux qui nous avaient interdit de nous
plaindre, eux qui exigeaient même que nous battions notre coulpe de vilains
colons exploiteurs, nous intiment l’ordre, dans autant de médias à la botte, de
châtier les vilains beurs, ni jeunes, ni différents, ni pauvres, ni
victimes désormais ; seulement machos et antisémites. Message on ne peut
plus clair : dans la République française, être anti-français ce n’est rien,
mais être anti-israélien c’est impardonnable… surtout pour des intellectuels
français qui ne manquent pas une occasion d’afficher leur soutien à ce champion
contemporain du fascisme colonialiste et dont le chef vient d’être
démocratiquement réélu haut la main, j’ai nommé l’État d’Israël du coolissime
général Sharon ! Depuis les années 70 jusqu’au 21 avril 2002 (pour faire
simple), le discours dominant, officiel, nous interdisait de nous plaindre des
délinquants nord-africains sous prétexte qu’ils étaient jeunes (argument 68),
qu’ils étaient différents (argument communautaro-différentialiste), qu’ils
étaient pauvres (argument marxiste) et surtout que leur ressentiment légitime
leur venait de l’odieuse colonisation française. Marc-Édouard Nabe, Les
porcs 1
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Anagramme pour
amateurs : Pascal Obispo = Pablo Picasso…
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Foutage de gueule démocratique. Indécent exhibitionnisme de bonne conscience dans notre parlement autonome. Un gros con social-démocrate (vieux ragoût et soupe rance) reproche à un sale con soi-disant d’extrême droite (soupe rance et vieux ragoût) son déficit de conviction pour servir la cuisine électorale dont les vertus ne sont plus à démontrer. La recette en est extrêmement simple : périodiquement, des milliers de sales cons veulent convaincre d’autres sales cons d’aller voter pour un grand con plutôt que pour un gros con. Foutage de gueule et spectacle garanti ! Finalement, pourquoi ça marche ? Parce que cela flatte les égos des électeurs qui ont ainsi l’impression qu’ils contrôlent quelque chose, et encourage le narcissisme généralisé. Encore une conquête des années de la transition... Reste à se demander pourquoi le citoyen, pourtant éduqué dans une école rationnelle (de moins en moins mais quand même), gobe ce genre de discours. Là encore, il faut se dire que toute croyance a une fonction. On ne croit que si l’on a envie de croire. Le discours platement démocrate est accepté parce qu’il flatte l’égo du public. Et le démagogue se sent pousser des ailes en dénonçant les turpitudes supposées des puissants, des grands, des riches (et le riche est toujours l’autre, comme l’illustre le panel de pauvres dans le gouvernement actuel), pour flatter les faibles, les pauvres, les petits. Si on admettait que les politiques ne sont généralement que des porte-voix corrompus doublés de médiocres manipulateurs ambitieux, on serait donc forcés de conclure qu’ils ne valent pas mieux que nous. Voilà : les élites n’existent pas ! On aurait saisi les clés du fonctionnement du système ! Très satisfaisant pour l’égo à défaut d’être vrai. Car cet antiélitisme rudimentaire couvre un nouvel élitisme. Simplement, il s’agit d’une nouvelle élite : ce n’est plus le spécialiste, l’ingénieur ou le scientifique qui disent la vérité, c’est le journaliste. Loin d’être un contre-pouvoir, le journaliste est devenu le pouvoir. Un pouvoir fondamentalement négatif : il peut faire arrêter un projet, faire renvoyer un ministre, traîner dans la boue n’importe qui mais ne construit absolument rien, tout simplement parce que la construction nécessite la mise en commun et donc la confiance en qui sait construire. Or, c’est précisément cette confiance que les médias détruisent en bénéfice des tireurs des ficelles, ce qui leur permet de vivre dans toutes les régions du globe mondialisé.
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Fin de semaine d’horreurs répétées. Images insoutenables. Exemples à répétition de charmantes villes légèrement soulagées d’un confinement dramatique pour tant de gens à bout de souffle. Le tabassage de Michel Zecler provoque partout de véritables émeutes. Paris, Bordeaux, Marseille sous la colère débordante, sagement canalisée, de masses en folie… Incendies volontaires, policiers et pompiers attaqués, tirs de mortiers, affrontements avec les forces de l’ordre, jusqu’à des bombes artisanales à l’acide destinées à des guet-apens. Il n’y a pas à tortiller : même en plein confinement, la France sait s’amuser !
Le métier d’écrivain est générateur d’une vanité qui s’augmente au fur et à mesure qu’il est mal exercé. Ce défaut qui coûta au corbeau de la fable un fromage continue chez les humains une carrière sans obstacle majeur. Les contacts humains n’étant jamais sûrs, il vaut mieux toujours se centrer sur la lecture, sur les textes que sur les anecdotes plus ou moins croustillantes de la personne qui les produit. Il ne faut jamais se morfondre sur cet horizon bouché. MEP n'a pas de bornes sur certains points et il est en revanche extrêmement borné sur d'autres qui touchent à sa représentation de certains problèmes... Il me fait penser, MEP, à tant de faux rebelles favorables à la fellation forcée et universelle aux tenants d’un pouvoir pourvu qu’il se dise progressiste. Certains de ses articles portent la marque indélébile de l'ami du gouvernement madrilène actuel, toujours excité par la prétention d’imposer ses lubies au nom d'un hypothétique bien commun « des gens » dont seul il décide, contre toute sorte de complotistes, conspirationnistes, nazis, fascistes, droitistes, populistes... En fonction de ses préférences, subjectives et lourdement pérorantes dans leur fausse recherche d’équilibre, MEP arbore des masques différents : voyageur infatigable (toujours de retour !) faussement détaché de tout, censeur, donneur de leçons – surtout en politique – sans en avoir l’air… Connement arrogant se la jouant modeste. Ses coups de gueule provoquent des likes admiratifs en cascade. Les trolls semblent partout insatiables ! Quand on les fait tomber, ses masques pitoyables, ils révèlent toujours la même absence de visage. RIP : qu’il radote en paix ! Les moutons à forme humaine ne jugent qu’en fonction de l’avis du berger. D’autant plus que la littérature des temps des égouts en crue d’aujourd’hui transforme en chefs-d’œuvre d’inimaginables merdes à peine lisibles… En tout cas, ne confiez jamais votre amitié à un homme de lettres : Dieu sait dans quel état il vous la rendra ! Les amertumes, les emportements et les règlements de comptes propres à tout métier restent dans le microcosme des lettres ou dans celui de la culture les principaux fournisseurs de matière première. Heureusement, la route est courte qui mène de la louange à l’hostilité et beaucoup de génies auto-désignés, riches en faconde et suffisance, risquent toujours de se retrouver à leur véritable place d’idiot du village. En littérature, hélas, l’homme du jour est rarement celui du lendemain.
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Chancre moins budgétivore que le journal ou le film, le livre est reçu par
le public d’une manière mouvante. Elle varie, reste influençable, et les
éditeurs savent bien en quel cas X peut aider Y à juger un livre excellent ou
inversement. Comme au théâtre, une claque est donc nécessaire pour déclencher
l'enthousiasme, d'où le rôle de mains vigoureuses, celles des grands critiques
consacrés (!), pour un lancement que l'on exige exemplaire. Laisser à un
profane, tout simplement lecteur avisé, le soin de se prononcer sur un ouvrage
serait folie et imprudence : le talent, voire le génie, restent une chasse gardée,
ils ne sont plus aujourd'hui que la force de l'affirmation de ceux qui sont
dans le secret de la chose. Les grands éditeurs le savent bien, eux qui dépensent
des millions de publicité dans la littérature, car les spécialistes restent
toujours réservés, timorés, et il s'agit de les entraîner. Fragilisés dans
leurs convictions, ils attendent de prendre connaissance de l'avis d'autrui
pour émettre le leur ; cette sorte de plume en retrait est prompte cependant à
se porter au secours de chaque victoire, d'où l'intérêt d'un pilonnage intensif
pour faire tomber les hésitations. Dans cet univers « culturel »
personne ne rechigne sur cette allégeance à la publicité et surtout au pouvoir,
surtout quand il apporte un plein panier de poires pour la soif (de
savoir ?) sous forme de fric dans la caisse.
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Changement d’équipe dirigeante à la tête de l’UPV/EHU. Combien d’illustres robes universitaires ont fini dans les placards entre la naphtaline et l’indifférence des mites ?
La France est le pays des « meilleurs ». « La meilleure
santé du monde, la meilleure armée du monde, le meilleur quelque chose du
monde »... Comme elle est celui des décorations, parce que la vanité et la
gloriole sont ses péchés mignons. Souvenez-vous de l’Histoire relativement
récente : après avoir pris une raclée superbe en 1940, il se produisit une
telle inflation de croix de guerre décernées en veux-tu en voilà que le
gouvernement dut en retirer un certain nombre par décence : on commençait à
ricaner dans les chancelleries où l'heure n'était pourtant pas à la joie. Sous
de Gaulle (Monsieur « Je vous ai compris ! Vive l’Algérie
française ! »), la Légion d'honneur fut prise d'assaut et atteignit de
tels effectifs qu'il créa l'ordre du Mérite dont l'objectif était de faire
baisser la crue, tel un réservoir de secours. Après, la Mitterrandie et les
gangsters consécutifs ont déjà atteint les limites de la décence et du comique.
Le pouvoir est un ascenseur que les assoiffés de gloire de tout pelage (de
Louis-Maire Turreau à Rambo ou du tailleur de Sarkozy à J. Debouzze) ne refusent
pas de prendre. Y aurait-il un fondement à l’idée que l’honneur des uns,
modelable à souhait, fait l’envie du reste ?
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Casas y tumbas me tombe dessus. Et ensuite, des mains. Plus que marre de cette machine à ramasser des prix dont le chef-d’œuvre intégralement en langue basque gît encore au fond d’un encrier ou sur les touches d'un clavier. Doit-il son succès au fait que les Espagnols ne parlent pas le basque ou que, ceux qui le parlent l’ont encore plus mal lu qu’à l’ordinaire ? Certains poèmes, peut-être ?
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mardi 17 novembre 2020
Le bûcheron avec sa hache...
« Lorsque, la hache à la main, le bûcheron atteint la forêt, les arbres se disent : le manche est des nôtres… » René Hausman
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Pauvre Amérique qui hésite un vieillard à crinière blondasse quasi dément, personnage qui a le mieux incarné l'Amérique après Reagan, persuadé d’être le vainqueur et un vieux canasson quasi sénile. J’espère bien la défaite du premier mais mon opinion et mon désir ne présentent pas le moindre intérêt. C'est surtout pour me faire plaisir dans l’inutile ! Pour le déplaisir, j’en ai ma tasse presque tous les jours devant les photos de Pierre et de Paul, ces deux pitres répugnants en phase civilisationnelle terminale qui nous conduisent depuis des mois immanquablement dans le mur. Le système médiatique dans son ensemble a refusé de voir lors de la motion de censure (une éternité déjà) le vide pourtant flagrant qui habitait Môsieu Sánchez, le candidat Frankenstein. C’est aussi que ses amis propriétaires de médias avaient tout intérêt à édulcorer sa biographie, les conditions dans lesquelles certaines étapes avaient été enjolivées et la vente normalisée de certains aspects vraiment puants de son CV, tel sa thèse plagiée sur commande.
L’alternative pour la promenade longeant la Bidassoa avec des lunettes en automne par temps de Covid, comme je le fais ces derniers jours avec ma femme, est de les ôter, pas de baisser son masque façon bavoir comme le fait une multitude d’écervelés tenaces. Sans cela, impossible d’y voir quoi que ce soit, embuées qu’elles sont. Cette avancée sans visibilité est à l’image de celle de nos gouvernants. Le vaccin (les vaccins ???) promis pour fin deux mille vingt, puis pour le premier semestre deux mille vingt et un, semble désormais à portée de main, grâce à un labo qui fait de la magie. Aucun commentateur emballé ne semble envisager l’hypothèse qu’il ne soit que partiellement efficace, à cinquante pour cent par exemple, et qu’il faille continuer à protéger la moitié de la population. L’économie ne va pas supporter ça. Au marché, seuls sont installés les marchands de nourriture, des fruits et légumes, ce qui laisse de la place aux clients. On s’y sert soi-même. On remplit son sac puis on rentre dans les mêmes conditions. L’après-midi, je passe des heures à organiser mes notes de lecture puis je classe mes photos de vadrouille ou de souvenirs. Une copie d’icelles est dans la mémoire de Google photos où je pourrais les retrouver en cas de besoin. Que ce logiciel me serve au moins à ça. Car côté réseaux sociaux, c’est de plus en plus décevant. Outre qu’on y est désormais envahi par les liens sponsorisés, beaucoup de celles et ceux qui figurent dans ma liste d’amis y publient peu voire plus du tout. D'autres lisent mais ne plublient rien. Enfin, bref... Biden paraît enfin élu Président des Etats-Unis, ça fait surtout plaisir pour la défaite de l’autre enflure, con arrogant pas prêt du tout à déguerpir de sa maison blanche de merde.
samedi 31 octobre 2020
Reconfinement ! Retour de chacun dans sa chacunière...
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La Constitution espagnole de 1978 ne protège pas les gens mais le
pouvoir sur les gens. Elle protège aussi des zones de pouvoir, l’espace des
différents clans autonomes installés par les équarrisseurs.
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Les profs mordus d’écriture et se voyant écrivains ! Un mail de ce pauvre FJGDC ancien prof à la retraite, pardon, « écrivain », me fait penser, avec ses gribouillis prétentieux d’amateur, à la souris de l’histoire drôle qui court à côté d’un éléphant et qui lui dit tout à coup : « Qu’est-ce qu’on soulève comme poussière ! »
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Juan Marsé, Últimas tardes con Teresa, Salvat, Barcelona 1965, p. 188

Ne comptons pas sur les médias pour relater la décapitation d’un professeur d’histoire-géo dans toute sa cruauté et les circonstances abjectes qui y ont abouti. En 2017, l’égorgement de deux jeunes femmes en gare de Saint-Charles à Marseille par un islamiste était « un attentat à l’arme blanche ». L’euphémisation est toujours la règle en 2020. La succursale de la bienpensance, le New York Times, insiste le jour de l’attentat sur… la mort de l’agresseur. Le titre initial de l’article « la police française tire et tue un homme après une attaque fatale dans la rue » est remplacé par : « la police française tue un homme qui a décapité un professeur dans une rue ». Malgré la modification du titre, l’islamiste est toujours la première victime que présente le journal américain. Le service public de l’information a également été assez pusillanime dans la couverture immédiate de l’attentat. Un député de l’Essonne, Francis Chouat, a écouté France info peu de temps après l’attentat. Sa réaction sur Twitter est sans appel : « @franceinfo qui ose demander à une enseignante si elle estime que le professeur DÉCAPITÉ avait eu raison de parler caricatures. La réponse est tellement évidente!!! #ConflansSainteHonorine #terrorisme #Islamisme ». Et Claude Posternak constatant que « 8 heures après les faits, @franceinter première radio publique de France n’a toujours pas annoncé sur son fil Twitter la décapitation d’un enseignant par un terroriste islamiste ». Beaucoup ont écrit pour dire à quel point Samuel Paty était un prof formidable. Or, pour moi, même si c'était le pire des profs, il ne méritait pas ce sort. Je ne supporte plus que les victimes soient éternellement sur la défensive et doivent se justifier, je ne supporte plus les discours sur la liberté d'expression au-dessus du droit à la vie. On s'en fout. L'interdiction de meurtre devrait être absolue, de violence physique aussi.
Quelques heures après, rebelote ! Triple crime dans une église à Nice, avec assassinat par décapitation et mutilations. « Dites à mes enfants que je les aime... » : derniers mots prononcés la maman d'une quarantaine d’années qui avait pu sortir du temple, trop blessée cependant pour pouvoir survivre. C'est terrible, barbare, intolérable. Je n'ai pas de mots, je n'ai que des larmes sans décolérer contre les responsables d’une telle catastrophe répétée. L’évolution de la situation pourrait être résumée ainsi : on a imposé, sans jamais demander son avis à qui que ce soit, la présence d'individus violents n'ayant rien de commun avec la société les accueille. Année après année, on a fait des efforts (toujours jugés insuffisants !) pour assurer le bien-être de ces individus et de leurs familles qu'on a fait venir aussi afin qu'ils ne soient pas dépaysés. On a leur a inculqué que la société qui est forcée de les admettre a une dette imprescriptible envers eux et surtout qu'ils ont absolument tous les droits, à commencer par celui d'imposer leurs coutumes et croyances et de réclamer des aides par tous les moyens et sous la forme qui leur plaît. Quand un élément se « radicalise » et commence à donner libre cours à ses lubies, on interdit de l’en empêcher et même de défendre sa vie s’il veut bien vous la prendre. Faut descendre très bas dans le règne animal pour qu'il en aille autrement. Les arguments pitoyables en leur faveur remontent à cinquante ans. Tout ce qui précède étant dit, il y a donc lieu d’être laïc, athée et même, à certains égards, athée militant, de détester toutes les religions, y compris l’Islam, et de détester en même temps Charlie Hebdo. Par leurs dessins pas toujours drôles et souvent ridicules. Parce que la common decency (Orwell) suggère de s'attaquer d’abord à ses propres valeurs, religieuses ou autres, aux puissants proches pas aux intouchables lointains, surtout pas aux faibles et aux exclus des communautés qui ne vous sont peut-être pas sympathiques mais qui méritent du respect. Parce qu’il y a quelque chose d’odieux dans la satisfaction narcissique de mépriser et d'insulter l’autre à travers sa religion, sa couleur, sa culture. Les sous-merdes nationalistes suprémacistes, qui ne font que ça depuis leur origine de mini-sionistes complexés, en savent quelque chose. Toute leur action ne vise qu’à disloquer la société réelle au nom d’une société de rêve, à faire reculer la raison, particulièrement cette sacrosainte « fraternité » dont ils se réclament depuis les « Lumières » , pour autant qu’elle ait jamais existé. Parce que toute leur façon de faire est inspirée par un paternalisme raciste imbécile, profondément irrationnel, qui s’est emparé des soi-disant élites progressistes depuis plus d’un demi-siècle. Et parce que toute une série de pseudo-laïcs ont fait de ce journal un étendard anti-chrétien et férocement anti-islam discréditant ainsi la laïcité.
Quand j’entends parler de défense de nos valeurs
j’ai toujours l’impression que c’est un lapsus, on veut dire nos voleurs.
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La mémoire est une pâte qu’on peut
malaxer à volonté et transformer en produits différents à chaque cuisson.
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Se présentant comme un beau rendez-vous pour les idéalistes de tout poil, les processus d’indépendance des nationalismes périphériques sont devenus de véritables bals des pros de l’embrouille. Surtout pour le cas de la Catalogne. Le spectacle est étalé au grand jour. Sans honte, sur la place publique. Retransmis même sur les ondes. Tous en costume d’emprunt de démocrates de vieille date, ils sont en piste. Ceux-là même que Gregorio Marañón dénonçait comme responsables d'avoir mené jusqu'au bout leur révolution "au nom de Cacus et de caca". Exploitant l’ignorance du peuple et rivalisant en habileté dans l’art de jeter la poudre aux yeux. Comme toujours ! Des leaders socialistes proches et complices de l’abject racialisme pujoliste ont amplifié cette musique. Maragall. Montilla. Pour une conscience réellement de gauche, c’est comme un deuil. Un peu comme celui que j’avais vécu avec la disparition des formes classiques du communisme ou, bien avant, de l’anarcho-syndicalisme. Je n’ai jamais approuvé aveuglement le stalinisme grossier ou le bienveillant fatras anar, mais c’étaient des engagements de jeunesse d'une génération et d'une classe qui brusquement cessaient d’exister. Plus de lieu pour se recueillir. Tous les décors sont occupés par d’autres figurants. Surtout du cirque podémite. J’imagine que la plupart des familles politiques peuplées d’opportunistes le sont aussi. Nous aurons rêvé de l’histoire avec des tas de figurants glorieux.
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On perd facilement de vue que tolérer le blasphème
n’oblige nullement à l’admirer ou à le célébrer quitte à admettre qu’il
devienne obligatoire.
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Claude Simon et la révolution. Le Palace (le Palace, l’hôtel Colon à Barcelone). Un des personnages, l’Américain, compare la révolution catalane au « cadavre d’un enfant mort-né enveloppé de vieux journaux », « un petit macrocéphale décédé avant terme parce que les docteurs n’étaient pas du même avis… ». À propos de George Orwell, dans les Géorgiques, deux travaux dont j’aurais bien aimé avoir pu disposer à l'époque pour élargir ce sujet (désenchantement de la révolution !) qui m’avait tant fait travailler lors de la rédaction de ma thèse : un exposé fait au Collège de France, Quand Claude Simon réécrit Hommage à la Catalogne (Jean-Jacques Rosat, 9 novembre 2010) et, dans les Cahiers Claude Simon, L’Orwell travesti de Claude Simon, ou la quatrième partie des Géorgiques (Emelyn Lih, New-York University, 2016). D’autant plus qu’à l’époque (1990) je croyais que Claude Simon n’avait pas été juste ni avec le processus révolutionnaire ni avec ses reproches à Orwell… Avait-il donc subi une si forte désillusion ? Traduisait-il ainsi sa contestation foncière de l’engagement sartrien ?
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« On ne peut user d'un droit dans le dessein de nuire. » À ceux qui veulent se faire une idée précise de la réalité du « droit à la caricature » en France, je suggère d’en proposer une de Moïse de dos et à quatre pattes, à poil avec une étoile sur le trou de balle, les balloches apparentes, masquant mal une ridicule zigounette pendouillant. Éventuellement, vous pouvez en proposer la diffusion dans les écoles au nom de la liberté d’expression, de la liberté de conscience, du droit au débat et tout l’étalage habituel. N’oubliez pas de suggérer aux profs que les jeunes juifs sortent de la classe... Bon courage. Comme cela n’a pas l’air d’être clair pour tout le monde, je précise que pour ma part je récuse ce type de provocations obscènes et injurieuses, qui ne sont qu’accessoirement des caricatures blasphématoires. En Espagne, en Italie, l’exercice du droit au blasphème bassement con est présent partout (on en entend dans la rue, à tort et à travers et aussi bien dans la bouche des jeunes que des vieux, tous métiers confondus), mais pour ce qui est de la liberté d’expression, elle est réalité limitée ou carrément interdite dans moult domaines : prétendue hostilité à l'encontre des Juifs en tant que groupe ethnique à chaque fois qu'on s'oppose à l'État d'Israel, colonialisme, homosexualité, féminisme... L’inacceptable reste toujours le droit à l’injure, à la diffamation et aux obscénités gratuites, désormais gentiment autorisées contre beaucoup (hommes blancs en vrac, chrétiens partout, musulmans si pauvres...).
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Commençons par le commencement : rien que la vue de Trump à la télé me met hors de moi. Mais quand on me dit qu'il est un parfait crétin, je réponds froidement qu’un type
qui transforme son entreprise familiale en multinationale superpuissante est
tout sauf un con. Ça a tendance à calmer l’opineur en face de moi. En revanche,
j’aime bien recevoir ce même commentaire « Trump est un crétin » de la part
d’un petit employé de la commune, feignant au-delà du supportable et en congé
maladie le tiers du temps !
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[1] Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations