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mardi 1 décembre 2020

una campana muda, sin campanario / en medio de la niebla / del calendario



NOVEMBRE A TIRÉ SA RÉVÉRENCE…

Mon émotion du moment, juste avant son départ : je me sens comme…
una campana muda, sin campanario / en medio de la niebla / del calendario = une cloche en silence et sans clocher / dans le brouillard épais du calendrier


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Deuil pratiquement universel à la mort du footballeur Diego Maradona. J’ai du mal à partager que l’habileté d’un homme à jouer au ballon présente un intérêt réel (à part les milliards générés part la publicité et les paris en ligne) pour une société quelle qu’elle soit. Le personnage, sur le plan personnel assez misérable (machiste violent et bouffon histrionique, zombie drogué menteur sans se départir de son style maquereau à bagouzes guévariste) n’a rien fait après sa mort, pour relever sa cote. Son pays, l’un des plus riches du monde, tombé au plus bas entre les mains des politiciens au-delà de l’indécence, lui a rendu un hommage transformé fatalement en chaos. Spectacle à la hauteur de l’un et des autres…

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Si le bourgeois de l’ascendance a forcé l’admiration de l’Histoire pour son sens critique (Voltaire, Rousseau…), le bourgeois de la décadence peut se définir par son conformisme. Comme nous l’a amplement démontré Flaubert, il fait là où on lui dit de faire. Ainsi, en réponse à l’insupportable délinquance nord-africaine subie par le beauf depuis qu’il fut chassé des centres-villes, le bourgeois, pourtant responsable de son sort, le traitait invariablement de « facho » comme on le lui avait appris. « On » désignant plus précisément l’intellectuel français souvent issu d’une communauté très en pointe dans le secteur des idées depuis son émancipation des ghettos au dix-neuvième siècle, et plus encore sur le terrain du discours après la défaite nazie. Or, chose étrange, depuis que le beur de banlieue n’aboie plus « sale français » mais « sale feuj » pour cause de solidarité « imaginaire » (comme dirait Alain Finkielkraut) avec les petits palestiniens de l’Intifada, ces mêmes intellectuels français (dont énumérer les patronymes friserait la faute de goût), eux qui nous avaient interdit de nous plaindre, eux qui exigeaient même que nous battions notre coulpe de vilains colons exploiteurs, nous intiment l’ordre, dans autant de médias à la botte, de châtier les vilains beurs, ni jeunes, ni différents, ni pauvres, ni victimes  désormais ; seulement machos et antisémites. Message on ne peut plus clair : dans la République française, être anti-français ce n’est rien, mais être anti-israélien c’est impardonnable… surtout pour des intellectuels français qui ne manquent pas une occasion d’afficher leur soutien à ce champion contemporain du fascisme colonialiste et dont le chef vient d’être démocratiquement réélu haut la main, j’ai nommé l’État d’Israël du coolissime général Sharon ! Depuis les années 70 jusqu’au 21 avril 2002 (pour faire simple), le discours dominant, officiel, nous interdisait de nous plaindre des délinquants nord-africains sous prétexte qu’ils étaient jeunes (argument 68), qu’ils étaient différents (argument communautaro-différentialiste), qu’ils étaient pauvres (argument marxiste) et surtout que leur ressentiment légitime leur venait de l’odieuse colonisation française. Marc-Édouard Nabe, Les porcs 1

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Anagramme pour amateurs : Pascal Obispo = Pablo Picasso…

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Foutage de gueule démocratique. Indécent exhibitionnisme de bonne conscience dans notre parlement autonome. Un gros con social-démocrate (vieux ragoût et soupe rance) reproche à un sale con soi-disant d’extrême droite (soupe rance et vieux ragoût) son déficit de conviction pour servir la cuisine électorale dont les vertus ne sont plus à démontrer. La recette en est extrêmement simple :  périodiquement, des milliers de sales cons veulent convaincre d’autres sales cons d’aller voter pour un grand con plutôt que pour un gros con. Foutage de gueule et spectacle garanti ! Finalement, pourquoi ça marche ? Parce que cela flatte les égos des électeurs qui ont ainsi l’impression qu’ils contrôlent quelque chose, et encourage le narcissisme généralisé. Encore une conquête des années de la transition... Reste à se demander pourquoi le citoyen, pourtant éduqué dans une école rationnelle (de moins en moins mais quand même), gobe ce genre de discours. Là encore, il faut se dire que toute croyance a une fonction. On ne croit que si l’on a envie de croire. Le discours platement démocrate est accepté parce qu’il flatte l’égo du public. Et le démagogue se sent pousser des ailes en dénonçant les turpitudes supposées des puissants, des grands, des riches (et le riche est toujours l’autre, comme l’illustre le panel de pauvres dans le gouvernement actuel), pour flatter les faibles, les pauvres, les petits. Si on admettait que les politiques ne sont généralement que des porte-voix corrompus doublés de médiocres manipulateurs ambitieux, on serait donc forcés de conclure qu’ils ne valent pas mieux que nous. Voilà : les élites n’existent pas ! On aurait saisi les clés du fonctionnement du système ! Très satisfaisant pour l’égo à défaut d’être vrai. Car cet antiélitisme rudimentaire couvre un nouvel élitisme. Simplement, il s’agit d’une nouvelle élite : ce n’est plus le spécialiste, l’ingénieur ou le scientifique qui disent la vérité, c’est le journaliste. Loin d’être un contre-pouvoir, le journaliste est devenu le pouvoir. Un pouvoir fondamentalement négatif : il peut faire arrêter un projet, faire renvoyer un ministre, traîner dans la boue n’importe qui mais ne construit absolument rien, tout simplement parce que la construction nécessite la mise en commun et donc la confiance en qui sait construire. Or, c’est précisément cette confiance que les médias détruisent en bénéfice des tireurs des ficelles, ce qui leur permet de vivre dans toutes les régions du globe mondialisé.

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Fin de semaine d’horreurs répétées. Images insoutenables. Exemples à répétition de charmantes villes légèrement soulagées d’un confinement dramatique pour tant de gens à bout de souffle. Le tabassage de Michel Zecler provoque partout de véritables émeutes. Paris, Bordeaux, Marseille sous la colère débordante, sagement canalisée, de masses en folie… Incendies volontaires, policiers et pompiers attaqués, tirs de mortiers, affrontements avec les forces de l’ordre, jusqu’à des bombes artisanales à l’acide destinées à des guet-apens. Il n’y a pas à tortiller : même en plein confinement, la France sait s’amuser !

 
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Le métier d’écrivain est générateur d’une vanité qui s’augmente au fur et à mesure qu’il est mal exercé. Ce défaut qui coûta au corbeau de la fable un fromage continue chez les humains une carrière sans obstacle majeur. Les contacts humains n’étant jamais sûrs, il vaut mieux toujours se centrer sur la lecture, sur les textes que sur les anecdotes plus ou moins croustillantes de la personne qui les produit. Il ne faut jamais se morfondre sur cet horizon bouché. MEP n'a pas de bornes sur certains points et il est en revanche extrêmement borné sur d'autres qui touchent à sa représentation de certains problèmes... Il me fait penser, MEP, à tant de faux rebelles favorables à la fellation forcée et universelle aux tenants d’un pouvoir pourvu qu’il se dise progressiste. Certains de ses articles portent la marque indélébile de l'ami du gouvernement madrilène actuel, toujours excité par la prétention d’imposer ses lubies au nom d'un hypothétique bien commun « des gens » dont seul il décide, contre toute sorte de complotistes, conspirationnistes, nazis, fascistes, droitistes, populistes... En fonction de ses préférences, subjectives et lourdement pérorantes dans leur fausse recherche d’équilibre, MEP arbore des masques différents : voyageur infatigable (toujours de retour !) faussement détaché de tout, censeur, donneur de leçons – surtout en politique – sans en avoir l’air… Connement arrogant se la jouant modeste. Ses coups de gueule provoquent des likes admiratifs en cascade. Les trolls semblent partout insatiables ! Quand on les fait tomber, ses masques pitoyables, ils révèlent toujours la même absence de visage. RIP : qu’il radote en paix ! Les moutons à forme humaine ne jugent qu’en fonction de l’avis du berger. D’autant plus que la littérature des temps des égouts en crue d’aujourd’hui transforme en chefs-d’œuvre d’inimaginables merdes à peine lisibles… En tout cas, ne confiez jamais votre amitié à un homme de lettres : Dieu sait dans quel état il vous la rendra ! Les amertumes, les emportements et les règlements de comptes propres à tout métier restent dans le microcosme des lettres ou dans celui de la culture les principaux fournisseurs de matière première. Heureusement, la route est courte qui mène de la louange à l’hostilité et beaucoup de génies auto-désignés, riches en faconde et suffisance, risquent toujours de se retrouver à leur véritable place d’idiot du village. En littérature, hélas, l’homme du jour est rarement celui du lendemain.  

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Une partie de la gauche a manifesté depuis longtemps une étrange tolérance envers l’islam qu’elle n’avait jamais admise pour les autres cultes, en particulier le culte catholique.



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Livres à lire Dieu sait quand : 1) Cristián Rodrigo Iturralde, 1492 : fin de la barbarie, comienzo de la civilización en América, Unión Editorial, Buenos Aires 2019. 2) José Luis Rodríguez García, Postutopia, Prensas de la Universidad de Zaragoza. 3) José Luis Pardo, Estudios del malestar. Políticas de la autenticidad en las sociedades contemporáneas, Barcelona, Anagrama

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Celle-là, je l’avais déjà mise sur mon mur il y a quelques jours, histoire d’encourager une bonne amie stressée sous la botte d’une sous-merde, patronne tyrannique : « Ne permettez à personne le soin de vous insulter, de vous humilier ou de diminuer votre estime de soi. » W. Shakespeare

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Staline victorieux voulait que sa victoire militaire fût implacable, sans concession pour les vaincus. Ses alliés lui emboîtèrent le pas. Or, l'une des choses que ces vainqueurs de 1945 (désormais « la communauté internationale ») pensèrent faire, c’était de renverser le régime de l'Innomable récemment exhumé. Dans son cas, le vainqueur devait accepter d’être puni pour sa victoire puisque plus ou moins allié des vaincus italo-germano-nippons…


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Chancre moins budgétivore que le journal ou le film, le livre est reçu par le public d’une manière mouvante. Elle varie, reste influençable, et les éditeurs savent bien en quel cas X peut aider Y à juger un livre excellent ou inversement. Comme au théâtre, une claque est donc nécessaire pour déclencher l'enthousiasme, d'où le rôle de mains vigoureuses, celles des grands critiques consacrés (!), pour un lancement que l'on exige exemplaire. Laisser à un profane, tout simplement lecteur avisé, le soin de se prononcer sur un ouvrage serait folie et imprudence : le talent, voire le génie, restent une chasse gardée, ils ne sont plus aujourd'hui que la force de l'affirmation de ceux qui sont dans le secret de la chose. Les grands éditeurs le savent bien, eux qui dépensent des millions de publicité dans la littérature, car les spécialistes restent toujours réservés, timorés, et il s'agit de les entraîner. Fragilisés dans leurs convictions, ils attendent de prendre connaissance de l'avis d'autrui pour émettre le leur ; cette sorte de plume en retrait est prompte cependant à se porter au secours de chaque victoire, d'où l'intérêt d'un pilonnage intensif pour faire tomber les hésitations. Dans cet univers « culturel » personne ne rechigne sur cette allégeance à la publicité et surtout au pouvoir, surtout quand il apporte un plein panier de poires pour la soif (de savoir ?) sous forme de fric dans la caisse.  

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Changement d’équipe dirigeante à la tête de l’UPV/EHU. Combien d’illustres robes universitaires ont fini dans les placards entre la naphtaline et l’indifférence des mites ?

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La France est le pays des « meilleurs ». « La meilleure santé du monde, la meilleure armée du monde, le meilleur quelque chose du monde »... Comme elle est celui des décorations, parce que la vanité et la gloriole sont ses péchés mignons. Souvenez-vous de l’Histoire relativement récente : après avoir pris une raclée superbe en 1940, il se produisit une telle inflation de croix de guerre décernées en veux-tu en voilà que le gouvernement dut en retirer un certain nombre par décence : on commençait à ricaner dans les chancelleries où l'heure n'était pourtant pas à la joie. Sous de Gaulle (Monsieur « Je vous ai compris ! Vive l’Algérie française ! »), la Légion d'honneur fut prise d'assaut et atteignit de tels effectifs qu'il créa l'ordre du Mérite dont l'objectif était de faire baisser la crue, tel un réservoir de secours. Après, la Mitterrandie et les gangsters consécutifs ont déjà atteint les limites de la décence et du comique. Le pouvoir est un ascenseur que les assoiffés de gloire de tout pelage (de Louis-Maire Turreau à Rambo ou du tailleur de Sarkozy à J. Debouzze) ne refusent pas de prendre. Y aurait-il un fondement à l’idée que l’honneur des uns, modelable à souhait, fait l’envie du reste ?

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Pas envie de regarder la série Patria. Une société close, fermée et fétide par manque d’air, ridicule et provinciale à force de se vouloir supérieure au commun et en même temps universelle (elle a, elle aussi, sa Diaspora, jumelée partout au Trésor public !), encensée par des planeurs estampillés intellectuels hors du commun. On se demande quelle place y tenait ce que le commun des mortels considère les démocrates, au milieu de tant de mafieux dominant l'arbre d'un establishment dont les branches généalogiques faisaientt déjà partie pendant la longue période du régime de l’Innommable, mort dans son lit. Et l’église locale, un jour courageuse, caracolant péniblement depuis des années à la recherche d’un impossible ravaudage après l’aggiornamento vaticanesque qui la conduirait inéluctablement aux poubelles de l’histoire, entichée de ses ex-ennemis égorgeurs et incendiaires.

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Casas y tumbas me tombe dessus. Et ensuite, des mains. Plus que marre de cette machine à ramasser des prix dont le chef-d’œuvre intégralement en langue basque gît encore au fond d’un encrier ou sur les touches d'un clavier. Doit-il son succès au fait que les Espagnols ne parlent pas le basque ou que, ceux qui le parlent l’ont encore plus mal lu qu’à l’ordinaire ? Certains poèmes, peut-être ?


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