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jeudi 6 novembre 2025

Grippe, covid et prix littéraires : comment les différencier et les soigner ?


Des cas de grippe et de covid répétés à droite et à gauche. Nous nous sommes fait vacciner, R. et moi, le 20 octobre dernier, comme ce fut le cas les années précédentes. On était arrivés les premiers. À notre sortie, une file d’attente décourageante face à trois jeunes infirmiers qui recevaient leurs « clients » le sourire aux lèvres. Dans un autre centre de santé, le vaccin contre le covid a été refusé à un ami proche sous prétexte qu’il avait moins de soixante-dix piges ! Il avait demandé s’il était possible de se faire les deux vaccinations en même temps. Le vaccin par voie orale de R., contre ses infections récurrentes, a l’air de marcher très bien pour le moment. Mais elle a dû payer pour le recevoir, son urologue du Service basque de santé préférant faire des économies à la sécu. Ses collègues de Saint-Sébastien, de la bouche même de l’un d’entre eux, ne paraissent si dociles aux consignes gouvernementales et, vus les bons résultats du produit, ne sont pas réticents à l’administrer.

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J’attends les devis du charpentier et des maçons et couvreurs pour les envoyer à l’assurance. La réponse des uns et des autres tarde à me parvenir. J’espère que tout ce tintouin sera terminé avant Noël quand même. Il y a un an, nous nous apprêtions à célébrer mon anniversaire seuls, à Alicante. Cette année, je n’en mène pas large. Longue attente de la reprise des travaux au troisième étage. Allers retours des artisans qui mesurent, commandent du matériel, observent si tout est nickel, sec, donc, prêt pour la réparation efficace des dégâts. Certains éléments de la bibliothèque, en bois, ont pris trop d’eau et sont légèrement boursouflés. Un peu partout, des livres par terre, j’en découvre des parfaitement oubliés qui me saluent de loin. Ça avance bien, pour ce qui est des parois cachées derrière les étagères. J’aimerais tellement que tout aille vite ! L’attente, en général, pas que pour des travaux imprévus, c’est trop long. On ne sait plus quand ça commence, quand ça finit. Je retrouverai peut-être un jour, calmement, ces phrases jetées dans le puits sans fond du blog. Combler les trous vides des moments d’attente avec le mortier des mots. Autant parler au vent qui souffle, très fort, ce matin. Il a de la patience, au moins, lui, le vent.

Retrouver vite tout comme c’était avant, c’est craindre une panne quelque part, une mauvaise surprise. Grosse frayeur, mais quoi qu’on fasse, les choses semblent n’avoir rien à secouer de nos soucis, elles sont là, c’est tout, agréables ou abominables. Elles ne semblent plus capables de former une carapace efficace autour de moi, dans cet espace silencieux qui diffuse les présences de tant d’écrivains qui habitent jour et nuit cette pièce dans laquelle nous avons passé tant d’heures de lecture et de travail. Rien d’autre ne compte. Les livres, la magnifique table de travail, les arbres, côté sud, la musique ou le silence, les heures qui ne passent pas. Un enveloppement d’une douceur infinie pour oublier ou pour effacer les malheurs du temps sans avoir besoin de discours, sans se heurter à des recettes venant du monde extérieur stupidement pourri par l’indigence des médias. Je connais par cœur l’histoire de chaque volume, où on l’a acheté et dans quelles circonstances. J’ai fait avec tout cela, au fil des ans, une forteresse imprenable dont les parois reflétaient mes bagarres intérieures et les assauts de l'extérieur. Mais je suis conscient qu’il nous faudra bientôt penser à d’autres espaces capables de nous faire retrouver la grâce et la présence. Non pas la jouissance ou le plaisir, mais le comblement. La paix. Savoir pour pouvoir vouloir, infinitifs magnifiques, magiques tant de fois répétés à mes élèves, à mes enfants, sans emphase ni métaphore. Le grand calme de la joie paisible, sans bruits ni démonstration, sans effets, sans extérieur. Juste la chaleur d’une compagnie et la confiance absolue, infinie. Et nos voix, nos âmes, nues sans exigence autre que la paix et la douceur.

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Nos politiciens vivent toujours déconnectés du réel. Ils vivent sur la lune mais on leur paye l’aller-retour. Dans le réel des gens normaux, vivre de son travail devient de plus en plus difficile voire ingrat, et on peine de plus en plus à voir un avenir serein. Nos politiciens de tout bord cherchent à ponctionner comme jamais les populations par tous les moyens, à mentir de toutes les formes possibles et imaginables, sans tarder à se corrompre à peine débarqués ou déjà largement pourris et encouragés par l’impunité la plus totale avant leur atterrissage sur les larges pistes du pur banditisme soi-disant progressiste, altruiste, écolo, bonheuriste. Ceux qui ont de l’argent, ou des compétences s’ils sont jeunes, ou les deux, sont déjà en train de quitter le pays voire l’Union européenne pour aller vers des cieux plus cléments. Il n’est pas difficile de voir les points communs entre les pays repoussoirs, d’un côté, et les pays attractifs, de l’autre : les premiers s’enfoncent dans une bureaucratie plus ou moins corrompue et délirante, des réglementations à foison, une fiscalité de plus en plus prohibitive et à la fin, l’autoritarisme cynique. De l’autre, les seconds favorisent les entreprises dynamiques et les gens créateurs de quelque chose de tangible, ces derniers devenant généralement des chefs d’entreprise.

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Les prix littéraires ont un rapport avec les lobbys culturels s’agitant autour des sommets du triangle d’or culturel parisien, entre les maisons Grasset, Seuil et Gallimard. Cooptation, copinage, entrisme, bref tout y passe. Pour le souvenir, je suivais dans le temps, chaque rentrée littéraire, les débats à propos des prix, surtout guidé par des plumes vraiment féroces (Céline, Michel Houellebecq, Paul Léautaud, Léon Daudet, Octave Mirbeau, Léon Bloy) et sous l’autorité des réflexions toujours en vigueur des deux grands « refuseurs de prix » par antonomase : Sartre, déclinant le Nobel, que Bob Dylan a quand même décroché et Julien Gracq, qui dit non au Goncourt, accaparé deux fois par le truculent Romain Gary en 1956 et en 1975 sous l’une des multiples identités qu’il affectionnait. Et les polémiques suscitées par l’ancienne directrice du Monde des livres, Josyane Savigneau, qui fit la pluie et le beau/mauvais temps dans la littérature de 1991 à 2005, mais qui a croulé sous les renvois d’ascenseurs et les conflits d’intérêts. Ça réclame le respect, quand même, sortir vivante des griffes d’un Jean-Edern Hallier, de Pierre Jourde – à un niveau différent, de Juan Asensio… ! Prix, médailles, récompenses… Comment passer sous silence la frustration du représentant de la neuvième espèce d’hominidés qui préside actuellement les États-Unis face à la réaction digne d’un Le Duc Tho, refusant le Nobel de la paix ? Quand on pense que Henry Kissinger, véritable homme de paix, lui, et d’amour, a accepté, on se sent réconforté.



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