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jeudi 26 septembre 2024

Nostalgie au gré des va-et-vient

Retour à Irun, inopiné et trop rapide. Quand nous revenons à notre tanière habituelle nous interrogeons immédiatement le ciel : va-t-il pleuvoir demain ? Cela nous rend mélancoliques. Des journées à relire des trucs, y compris le Quichotte de l’édition de F. Rico. Les Martin de Riquer, je les connais par cœur. Il faudra refaire nos courses sans plus pouvoir compter sur le supermarché BM à presque cent mètres de la maison : fermé pour travaux, son plafond s’est effondré il y a quelques semaines. On est bien avancés. Un an et demi après son ouverture au public. On fait bien les choses chez nous, on est les meilleurs ! Il fut un temps où les artisans des différents métiers d’ici étaient connus de tout le pays. Désormais, on ne semble se soucier du travail bien fait ni de la qualité de ce qu’on élabore. J’assiste aux élégantes allées et venues sur fond de nuages gris de quatre ou cinq oiseaux de proie qui semblent n’être là que pour moi. Nuit calme du dimanche au lundi après neuf heures de voiture. Silence absolu sans bruits de la rue. Au petit jour, des employés de Gureak attaquent leurs travaux d’élagage et taille de toute sorte de plantes ainsi que de la tonte des pelouses du Parc Alai-Txoko, des casques sur les oreilles et des équipement de martien. Et là, pas de chance comme pendant la nuit, du bruit assourdissant partout. Mardi, on rejoint le centre-ville pour prendre un café avec des amis. Trois allongés, moi mon demi classique, le tout servi par notre (jeune) vieil ami Alex, serveur français qu’on ne voyait plus depuis un an ! Il nous met au courant de ses va-et-vient avant son retour à la case départ. Cela nous fait très plaisir. On est d’autant plus content d’apprendre sa reprise de service que personne ne s’occupait des clients comme lui. Il n’est pas de ceux qui font le zozo derrière le comptoir en oubliant la clientèle … Il semblerait que l’été soit définitivement parti. La pluie annoncée dès minuit dernier est bien arrivée accompagnée d’un vent fort qui nous a renversé l’érable 
japonais. Et pluie aussi pour les jours à venir. Envie de revoir la mer haute, transformée en spectacle féérique et en bruit de fin de monde, dès la falaise de Sokoa et les remparts du fort Vauban. En fin d’après-midi, on s’installe à la terrasse du Real Union. A côté de nous, on s’inquiète : « Le Covid, il revient à fond de balle. » Juste avant notre retour vite organisé, on avait visité le MUBAG, une manière de célébrer les journée du patrimoine avant la date et à Alicante, au lieu de le faire à Bordeaux. Presque à côté, la belle basilique de Sainte Marie, saccagée à fond en trente-six, avec sa façade baroque propre comme un sou. On célébrait la messe à l’intérieur et la voix grave du célébrant occupait tout l’intérieur du temple. C’était au moment de la consécration. Malgré les mots en espagnol de la liturgie actuelle, j’entendais, au fond de ma tête, l’impressionnant « Hoc est enim corpus meum » que la voix de ce prêtre inconnu me ramenait de l’enfance. Sans nous y attarder, on a repris le bus qui nous a ramenés à Playa San Juan, type même du quartier de la plage resté au vingtième siècle. Ça ne durera pas vu le dynamisme en amont de l’Avenue des Nations. Les touristes qui arrivent sur cette plage ne savent souvent pas un mot de l’histoire des lieux. Beaucoup se déversent dans la mer et rentrent, comme il y a quarante ans, par les rues parallèles conduisant vers des blocs d’immeubles et des lotissements en vrac.


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Photos d’A. partout et son père qui n’arrête pas d’en récupérer de vieilles, ou de trop récentes, et de nous les envoyer voie WhatsApp. Trop de mélancolie qui nous assaille, trop de souvenirs. Nous avons besoin d’être occupés pour ne plus penser. Un jour, sur un coup de tête, on prendra des billets pour Paris. Et quand le TGV ralentira à l’approche de la gare Montparnasse, on se dira que cela n’a pas valu la peine pour si peu de temps. Et encore des photos et des souvenirs à garder et à chérir pour toujours.

samedi 21 septembre 2024

C’est peu de chose de voir la mer mais c’est beaucoup ...


On voit la mer de nos fenêtres.

Lune laiteuse deux nuits consécutives. Quand un nuage plus épais passe devant, elle se fait discrète, autrement elle inonde notre balcon-terrasse de sa lumière blanche et on a envie, à cette heure-là, d’aller dormir du sommeil du juste. Depuis notre dixième étage, ici, nous voyons normalement la nuit tomber et le ciel blanchir au matin. À la maison, à Irun, notre horizon ne dépasse pas la ligne du Jaïzkibel ou les crêtes des Trois couronnes. J’ignore si les vendanges sont passées ici. Selon le calendrier grégorien la pleine lune de septembre est appelée lune du vin ou des vendanges et lune des moissonneurs, bien avant que la NASA ait eu son mot à dire. Elle exige, pour être vue dans sa splendeur partout dans le monde, l’absence de nuages, de brouillard et de poussière. Agriculteurs, moissonneurs et autres gens attachés aux durs labeurs de la terre profitaient de sa luminosité pour travailler la nuit. L’équinoxe d’automne avec la pluie sous les bras ne se fera plus attendre. Quoi qu’il en soit, cette lune jouant à cache-cache nous embellit la nuit. 

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Le monde a l’envers mode d’emploi. Le sinistre service secret sioniste élimine par centaines voire par milliers des « terroristes » du Hezbollah et, préventivement comme ils disent, des gens qui pourraient le devenir . Nommer toutes les victimes « des terroristes », c’est les réduire à des faits divers. A des cibles militaires. Légitimes, évidemment. Et en obscurcir l’origine. Le fait que les victimes soient trop souvent des femmes et des enfants, des passants ordinaires, des gens qui font leurs courses, des malades des hôpitaux, des usagers des transports publics, laisse apparaître clairement que cette organisation criminelle à réputation indestructible a décidé  de semer partout la terreur et la mort. On ne voit pas très bien comment la seule démocratie estampillée humaniste et exemplaire aurait pu se livrer à une telle boucherie sans le blanc-seing des Américains, du Royaume-Uni et des services français voire allemands. Tout cela « au milieu de la crasse arabo-musulmane, moyenâgeuse et fanatique », car, en plein siècle de l’IA, des laïcités trois-en-un et du wokisme bienfaisant, que des gens osent dire qu’ils ont la FOI et même prétendent que cela les aide à résister et à survivre, relève de la provocation.  Soumettons-nous (submittitote !) donc, pour garder l’esprit au sarcasme, à l’utilisation du vocabulaire occidental majoritaire et omniprésent. Plus de cinquante mille cadavres après le « pogrom » - tiens, encore un terme frappant et très connoté, adoré par nos journaleux prosionistes - du sept octobre deux mil vingt-trois, les nombreux mercenaires qui remplissent chaque jour l’auge aux cochons qu’on appelle médias et RS veulent toujours nous faire croire que l’entité sioniste et sa redoutable armée d’occupation ont le droit de faire ce qui leur passe par la tête, toujours maîtres d’eux-mêmes et parfaitement sereins : une sorte de criminels zen, en quelque sorte, avec systématique invocation à leur droit de défense. Ces chevaliers de la Justice et les grandes chaînes médiatiques au service du Bien anglo-américain, s’empressent de faire croire, chaque fois qu’on a affaire à une action terroriste inqualifiable de leur part, que nos sociétés sont en grave danger de disparition ou de gangrène islamiste. L’armée hyper-équipée de cet État terroriste, qui démontre quotidiennement son héroïsme face à la population civile de Gaza, est par autodéfinition la plus éthique au monde et ses soldats des êtres hyper-moraux dont la Justice constitue le seul bréviaire.
Et c’est toujours pareil depuis 1948. Actuellement, les lâches et les ordures de la classe politique « israélienne », ce Netanyahou, ce Yoav Galant, ce Gilad Erdan ou le provocateur Ben Gvir prennent, comme convenu, la pose du Juste car ils savent que la meute dominante chez eux aussi bien qu'en Europe soumise les absout par avance. Leur stratagème consiste depuis toujours à se faire passer pour des victimes piétinées et opprimées. Les bouchers pour des agneaux qui souffrent. La racaille analphabète de leurs médias hurlant sans complexe au massacre des Palestiniens, même au moyen des bombes atomiques, pour l’élite de la planète. Le fort, le peuple élu (par qui ?) pour le faible parmi les faibles. C’est au nom du Bien qu’on torture sans péril, c’est au nom de l’injustice subie qu’on cogne sans entraves sur les victimes expiatoires désignées par ce camp du Bien, béni « par l’Histoire ». Je suis effaré de voir autant de commentateurs accepter voire se réjouir bruyamment des massacres à Gaza, de l’attaque massive d’« Israël » contre le Liban. Ils viennent briser sans complexe les règles les plus élémentaires du droit international et des conventions de Genève en blessant des milliers de personnes, sans aucun respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, et en tuant beaucoup d’entre eux, contrairement à ce qui est colporté, des civils qui ne sont ni militaires ni même membres du Hamas ou du Hezbollah. Plus abominable encore, « Israël » ouvre la voie à des actes de guerre comparables à du terrorisme en transformant des objets banals et d’apparence inoffensifs, utilisés par des civils, en arme potentiellement mortelle. Terrifiant enfin, la volonté manifeste d’« Israël » de plonger la région entière dans une guerre totale et génocidaire qu’ils devraient, forts de l’appui sans limites des Anglo-américains, gagner par définition. Par contre, cette honteuse opération ainsi que l’interminable nettoyage ethnique des Gazaouis prouve qu’« Israël » est un État terroriste aux abois. Une poignée de fous furieux qui n’éviteront pas d’être tôt ou tard  submergés par les millions d’« humiliés et offensés » descendants des milliers et des milliers de victimes innocentes tuées, expropriées et méprisées comme du bétail, moins que du bétail, qui réclameront réparation aux responsables et à ce dieu privatif qui s’est soi-disant permis d’élire de telles ordures comme meilleur échantillon de l’ignoble meute humaine. Et les Américains ne pourront rien y faire. Si ce lâche attentat avait eu lieu aux USA, j’imagine moins d’exaltation et moins d’admiration devant les milliers de gens blessés et des enfants handicapés à vie. Parmi les plus de quatre mille blessés signalés, des amputations ont été nécessaires, des cécités multiples, des lésions internes et des blessures à la hanche ont été causées par des bippers gardés dans les poches de pantalons, ce qui provoquait l’enthousiasme hilare d’une ordure de Libertad digital. Mais le Liban, c’est loin. L’engouement aveugle envers les gadgets électroniques va aussi en prendre un coup mais la banalité va vite reprendre ses droits car on n’a encore rien vu. Nous devrions nous rappeler que ce qu’« Israël » utilise contre les Palestiniens et les résistants de la région est basé sur une technologie qui pourrait facilement être utilisée un jour contre nous. L’IA, la technologie des drones, les fusils automatiques, la surveillance de plus en plus sophistiquée, la cyber technologie et, maintenant, les pagers ou les téléphones qui explosent donnent froid dans le dos. « Israël », maître en la matière, a déjà utilisé la technologie des téléphones qui explosent pour des assassinats. Lorsque la dissidence atteindra un niveau ingérable pour nos démocraties américanisées, qu’est-ce qui pourrait fait penser que nos « représentants » n’envisageront pas de tels moyens pour se débarrasser des personnes dérangeantes ?


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Rentrée 2024 : « Un élève ne peut être privé de la totalité de la récréation à titre de punition ». Trop bavard en classe, j’ai eu je ne sais pas combien de punitions ce cette sorte, figurez-vous, et j’ai reçu également des gifles des maîtres et des profs. On pourra trouver simplistes ces mots mais je n’en ai pas été traumatisé, ni blessé. Bien au contraire, j’éprouve de la gratitude envers ceux et celles qui ont réagi à temps à mes « démarches de déviation de la ligne éducative » ou, tout simplement, à mes caprices d’enfant. De la part de mon père, il faut dire qu’il n’avait pas besoin de gifles pour que son autorité se manifeste. Le ton de sa voix et son regard suffisaient. Ma mère, en revanche, avait la menace facile sans jamais passer à l’acte à part, parfois, quelques torgnolles pour des bêtises bien connes. Avec quand même un bémol : je me rappelle encore la gifle « magistrale » d’un instituteur, au tout début de l’année scolaire 62-63 à peine arrivés, de notre bled perdu, à la capitale flamboyante. Il en distribuait à la volée pour maintenir une apparence d’ordre et j’en ai reçu une au hasard. Qui m’a laissé KO à l’autre bout de la pièce et en pleurs pour longtemps. Quelle introduction dans « le système éducatif » !  Et pourtant, il ne serait jamais venu à l’idée de mes parents d’aller voir qui que ce soit pour reprocher son geste au pithécanthrope. Comme toujours, le monde de ma génération ne se regarde qu'à travers ses propres yeux, ne se juge autrement qu’avec les idées et principes qui sont les siens, incapable en somme de se décoller d’elle-même et de son époque. Et c’est compréhensible. Qui se montrerait capable d’avoir un regard comparatif, c’est-à-dire non-absolu, historique, humble, avant de dresser un bilan ? Tout partant de gens actifs agissant aujourd’hui et tout y revenant, il est parfaitement logique que ces gens-là partagent des idées et surtout des actes. Trop fatiguant pour en débattre !

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L’Occident est entre les mains d’un très petit nombre de familles et clans qui se perpétuent depuis des siècles et qui décident quel pays doit prospérer et quel autre devra sombrer dans la faillite. Les Rothschild, les Rockefeller, les Skull and Bones, les Bildelberg, l’élite du Bohemian Club et d’autres sont ceux qui gouvernent réellement et qui anticipent, sachant bien avant les différents gouvernements – sans parler des minus comme vous et moi – ce qui va se passer. À quoi bon écrire de tout cela ? 

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J’ai une antipathie viscérale pour les combattants contre les ombres du passé, les justiciers anachroniques, les redresseurs de torts d’outre-tombe et tous ceux qui luttent toujours après-coup héroïquement en se regardant dans le miroir, sans égards pour le pardon et l’oubli, sans considération pour l’humaine humanité, faillible et imparfaite. On a l’air de préférer la revanche et ce qu’on appelle « la mémoire », molle et malléable comme la pâte à modeler. Et qui permet toutes les fantaisies invérifiables. Et la manne des subventions …

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Interminable va-et-vient de gens qui promènent un chien. Regroupés, ils n’ont qu’un sujet de conversation : leur petit (ou grand) animal de compagnie. J’en conclus que s’il n’y avait pas ce précieux animal, ils ne seraient plus ensemble, ils ne s'adresseraient plus la parole !

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samedi 14 septembre 2024

L'automne frappe à not'porte



J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. Franz Kafka
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Órganos de Tierra de Campos. Quand j’étais enfant de chœur, j’aimais beaucoup entendre les bonnes sœurs jouer de l’orgue. Tous ces grands tuyaux qui montaient vers le ciel, ça m’inspirait et ça me donnait du courage. J’aurais bien aimé avoir du talent, pour faire pareil, mais Dieu ne voulait pas que j’arrive au paradis par cette voie-là. Alors, chaque fois que je remémore ce genre de musique, je me sens pousser des ailes, je souffle sur ma tête pour la pousser vers le haut et je remets sur Spotify tous les concerts qui me tombent sous la main.

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Bilan post anniversaire de R. Je tiens ce blog depuis une dizaine d’années. Je n’ai jamais envoyé le moindre texte à un éditeur, et ce que j’écris ne m’a jamais rapporté que l’estime de quelques amis ou d’anciens collègues du regretté groupe francophone de mon université. J’ai très rarement reçu des commentaires ou, plus exactement, je les ai découragés par mes sarcasmes, car j’ai toujours eu un souverain mépris pour mes opinions ou par rapport à ce que j’écrivais. J’ai 70 ans. Le montant de nos retraites nous permet de vivre décemment et nous ne voyageons presque plus, sauf nos déplacements Bordeaux – Alicante – Irun. On ne sort presque jamais, normalement, je ne m’achète rien, ni fringues, ni livres, ni de la musique, sauf abonnement à Spotify, et nous n’allons depuis trop longtemps ni au concert, ni dans quelque manifestation culturelle que ce soit, sauf quand on est, très rarement, invités – la dernière fois en 2019, à l’Opéra de Paris, pour la Flûte enchantée ; pour ce qui est du théâtre, ce fut une remarquable mise en scène du Voyage de Céline d’un magistral Franck Desmedt, au Tristan Bernard. Nous allons de temps à autre au resto, le front gastronomique bougeant énormément surtout à la maison. Jusqu’à présent, il ne nous est jamais venu à l’idée de nous plaindre de la vie qu’on a. On est mariés depuis bientôt cinquante ans et pas malheureux du tout. Tant qu’on arrive à payer nos impôts et qu'on peut continuer à lire tout ce qu'on veut et à écrire ce qui me passe par la tête, je ne demande pas plus à la vie. Aujourd’hui, on aimerait voyager comme avant, visiter la Russie et l’Arménie mais c’est extrêmement difficile, pour toute sorte de raisons. Nous avions tout réservé et programmé en 2020 pour cette visite, mais la pandémie et la guerre en ont décidé autrement. Ceci dit, on aime la maison dans laquelle on vit depuis 23 ans, et nous nous résolvons à y rester à vie évidemment, si ce n'est que nous aimerions retrouver un appartement plus facile à gérer, adapté à nos besoins et à nos moyens physiques. Pour l’instant, nous ne bougeons pas et rien que l’idée d’une recherche détaillée me plonge dans une effroyable frayeur …
Du vent bruyant qui ne cesse pas depuis vingt-et-une heures. Du frais agréable même quand je ferme les volets au moment de nous coucher. Ce soir, on a passé un bon moment assis sur une terrasse qui garde le soleil le plus longtemps, tenue par des jeunes vraiment charmants, à regarder la mer nullement gênés par le voisinage de gens du cru parlant de fin des vacances et de frais de sortie partagés. Vers trois heures du matin le vent se remet à souffler à plein bruit contre ma fenêtre côté mer. Quand même, je réussis à me rendormir. Je me réveille vers six heures quand passent les premiers éboueurs, dont le bruit dépasse celui du vent. Le soleil reapparaît paresseusement derrière un écran de nuages vers huit heures. Le vent ayant changé de direction, on rouvre quelques fenêtres. R. a pu dormir correctement. A notre lever, il fait gris argenté comme à l’habitude ces derniers jours. Le vent est encore annoncé pour les heures à venir. On descend faire des courses. J’entends dire que la nuit a été difficile par ces vents forts et les bonnes commères se plaignent du bruit que cela fait qui empêche de dormir et j’ai l’impression que ces gens-là, visiblement de l’intérieur du pays, ne savent pas de quoi ils parlent. Je me souvenais d’il y a cinquante ans, au milieu de la nuit, à Gijon, la mer nous réveillant brutalement et arrachant la terrasse du Mexico Lindo
sur la plage de San Lorenzo. Là, on est parvenus heureusement à dormir un peu. L’après-midi cela souffle toujours fort. Le temps dégagé annoncé par la météo est remplacé par un ciel gris porteur de nuages rapides. C’est encore un jour à marcher sur la côte pour observer la mer en colère. Depuis notre arrivée fin août, rapport au temps qu’il fait, je lis bien moins que je ne voudrais. J’ai dépassé à peine le début du volume d’A. de Benoist et je n’ai lu que quelques pages du Gómez-Dávila (Escolios a un texto implícito). Du vent toujours, que j’apprécie énormément, et des brins de soleil timide en retraite. Cette fois-ci, la saison est vraiment terminée.




dimanche 8 septembre 2024

Voyager pour le plaisir ... ?

 Hommage à la mémoire de Louis-Ferdinand Céline :

« Gran escritor es el que moja en tinta infernal la pluma que arranca al remo de un ángel. »

Nicolás Gómez Dávila, Escolios a un texto implícito 

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L’avenir qui s’édifie dans notre pays et dans notre continent, envahis par une immigration sans contrôle, sera terrible, sauf miracle, fait de désordre, d’appauvrissement, d’effondrement des services publics, d’insécurité, de peur et de haine. Qu’ils ne s’y trompent pas, nos bien-pensants sanchistes et affidés : ceux qui, par leur vote, leur complicité plus ou moins active ou en tout cas leur silence, auront directement et personnellement contribué à édifier cet enfer, en seront, eux aussi, les victimes le moment venu. Ce pronostic constitue une consolation, bien mince évidemment, contre l’imbécillité des misérables démagogues au pouvoir. Ces gens sont des hypocrites et des salauds mais également des imbéciles. Ils imaginent en effet que leur situation protégée est acquise et appelée à durer, alors que tout indique que la situation se dégrade très rapidement et va continuer à empirer et à s’étendre. Les quartiers les plus huppés sont désormais touchés. Les villes touristiques également. Même les stars et les footballeurs millionnaires sont cambriolés et attaqués. Personne n’y échappe. Même lorsqu’on habite un endroit privilégié, on est tout de même conduit à se trouver de temps à autre en situation difficile dans les rues, dans les transports, dans les taxis, sur les routes en vacances, partout où la violence, la volonté de nuire et la haine peuvent éclater à tout moment. Pour être protégés de tout cela et vivre de façon constamment sécurisée, il faudra disposer de moyens considérables, afin notamment de pouvoir se payer des gardes du corps, ou se résoudre à subir patiemment sans rien dire.
Les retraités qui vivent dans les endroits encore tranquilles font le calcul que, compte tenu de ce qu’est leur espérance de vie, la dégradation ne sera pas suffisamment rapide pour les toucher personnellement. Ils ont sans doute raison et l’accusation de stupidité semble donc les concerner de loin. Ces adeptes du « après moi le déluge » font preuve en revanche d’un égoïsme profond à l’égard de leurs propres familles et descendants, qui les rend finalement spécialement odieux. Ceux en tout cas qui n’ont pas encore atteint l’âge de la retraite et qui continuent imperturbablement à voter pour que le chaos se poursuive et s’amplifie font preuve d’une profonde bêtise, en dépit de leurs diplômes, de leur statut social et de la haute idée qu’ils se font, inexplicablement, d’eux-mêmes. Peu importe les arguments qu’on choisit de donner, on se heurte à un mur infranchissable. Je crois qu’il s’agit avant tout de la très bête et très ordinaire maladie d’orgueil qui empêche, pour une vision dégagée, de monter sur les épaules d’un autre que soi pour atteindre à une vue meilleure et plus objective. On préfère voir toujours le même paysage rassurant, car lui, au moins, on le connaît, et on veut penser qu’il nous constitue, qu’il définit notre condition. L’immigré vient « payer nos retraites », palier les difficultés de notre marché du travail, combler nos besoins démographiques, etc. Sauf que justement, je ne suis pas certain du tout que ce soit le cas. En revanche, il faut des moyens des plus en plus importants pour subvenir à leurs besoins en tout genre dès qu’ils arrivent. Et nous vivons dans un monde qui nous force à être méchants, car ceux qui sont choisis pour « gouverner » sont très souvent parmi les plus incultes, les plus nuls, les plus incompétents et, trop souvent, des voleurs. Il est donc assez naturel qu’il y ait parfois quelques discours haineux qui nous échappent, malgré notre légendaire bienveillance.

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La pluie à Alicante. Le vent et la pluie à une partie de la nuit, à deux reprises, rendent celle-ci peu propice au sommeil mais intéressante. Le vent surtout qui se rue sur nos fenêtres côté mer, s’engouffrant dans l’espace entre les appartements du Suisse et le Coronado. Vers dix heures trente, on sort pour une démarche et la pluie passe de menaçante à spectaculairement torrentielle en quelques minutes (je n’avais jamais vu cela dans ces parages !), nous obligeant à regagner nos pénates en toute urgence. C’est l’heure à laquelle les gens se dirigent vers leurs courses, on en voit des trempés  jusqu’à l’os, un peu plus loin. « Cette averse qu’on va se prendre ! », on avait imaginé, mais on est sortis quand même. Effectivement. Plus qu’à la laisser passer.

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Noua avons raconté à MCV, la cousine argentine de R., qui nous a invités à son prochain mariage dans quelques semaines, les jours de son opération de l’aorte l’année dernière avec ouverture du thorax. Comment, pour ce faire, il a fallu arrêter le cœur et donc faire circuler le sang par un autre moyen. Après l’opération, elle a été recueillie par un service de réanimation où elle a passé un jour avant de récupérer une chambre normale. A cause de l’ouverture du thorax et des os qui ont été sciés, elle a dû mettre des semaines un gilet rigide avant de pouvoir bouger le thorax et souffert comme un martyr pour s’asseoir sur son lit avant de se lever ou pour se laver le bas du dos. « Cela a dû être fait extrêmement pénible », dit elle, et je l’ai déjà dit dans ce blog. C’est bien cela le pire, à chaque fois qu’on (re)raconte, aucun des gentils mots qu’on vous destine ne peuvent compenser cette expérience.

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À ceux qui prétendent que voter ne sert à rien : un mec jeune et dynamique à la tête du gouvernement de la France ! Reste à trouver les ministres qui iront avec …

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« On ne voyage pas pour le plaisir, on est con, mais pas à ce point » Samuel Beckett, Mercier et Camier

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Six otages du 7 octobre tués en Palestine. Encore une conséquence du « pogrom » du 7 octobre. « Pogrom » selon la terminologie des larbins sionistes, qui est en réalité une invention du pouvoir israélien et de son service de com’. Il y a bien eu une attaque de commandos armés du Hamas, destinée à prendre des otages, et des échanges de coups de feu ont eu lieu. Beaucoup des victimes civiles israéliennes sont dues à l’intervention de l’armée, qui a tiré dans le tas, afin d’augmenter le nombre de victimes et de limiter les enlèvements. Si on parle de pogrom pour le 7 octobre, alors il faut parler des centaines de pogroms depuis 1948 qui ont fait plus de deux cent mille morts chez les Palestiniens. Il y a même des observateurs qui vont plus loin : les Israéliens tueraient leurs otages pour mettre ces morts sur le dos des « terroristes » Palestiniens, éliminer des témoins du génocide interminable et entretenir le sentiment de vengeance du peuple israélien. Alors, devant le génocide méthodique des Palestiniens depuis 1948, soit près de 200.000, les six malheureux israéliens ne pèsent pas autant.

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Un être mystérieux. On part toujours du postulat implicite que celui qui parle comprend ce qu’il dit, mais c’est faux. On peut très bien parler sans comprendre un mot de ce qu’on profère. Ça arrive tout le temps à ce personnage indéfinissable du gouvernement sanchiste, Madame Montero, María Jesús de son prénom. On l’entend parler et la mayonnaise ne prend pas. A posteriori, on se demande ce qui nous a pris ; mais encore faut-il qu’il y ait un a posteriori, que nos oreilles aient un peu de mémoire et de capacités d’association, qu’on accepte de se revoir en train d’écouter quelqu’un qui parle de cette façon. Ce n’est pas toujours facile, certes, et le recours aux vidéos est souvent indispensable. La vidéo, miroir du politicien en paroles, constitue le seul moyen technique qui nous libère sans ménagement du pur instant, car le corps est par définition piloté par notre esprit et il faut toujours des techniques, qu’elles soient externes ou internes, pour nous permettre d'interpréter ce chaos sans borne, de situer quelque part un magma phonétique de cette ampleur, de délier ce qui apparaît momentanément comme inextricablement tissé. Après moult efforts pour donner du sens à ce charabia et aux mille grimaces dont le souvenir me fait encore rire toutes les fois que j'y pense, je me rends compte que c'est plutôt le néant absolu interminablement proféré par cette femme qui se moque de moi.