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samedi 14 septembre 2024

L'automne frappe à not'porte



J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. Franz Kafka
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Órganos de Tierra de Campos. Quand j’étais enfant de chœur, j’aimais beaucoup entendre les bonnes sœurs jouer de l’orgue. Tous ces grands tuyaux qui montaient vers le ciel, ça m’inspirait et ça me donnait du courage. J’aurais bien aimé avoir du talent, pour faire pareil, mais Dieu ne voulait pas que j’arrive au paradis par cette voie-là. Alors, chaque fois que je remémore ce genre de musique, je me sens pousser des ailes, je souffle sur ma tête pour la pousser vers le haut et je remets sur Spotify tous les concerts qui me tombent sous la main.

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Bilan post anniversaire de R. Je tiens ce blog depuis une dizaine d’années. Je n’ai jamais envoyé le moindre texte à un éditeur, et ce que j’écris ne m’a jamais rapporté que l’estime de quelques amis ou d’anciens collègues du regretté groupe francophone de mon université. J’ai très rarement reçu des commentaires ou, plus exactement, je les ai découragés par mes sarcasmes, car j’ai toujours eu un souverain mépris pour mes opinions ou par rapport à ce que j’écrivais. J’ai 70 ans. Le montant de nos retraites nous permet de vivre décemment et nous ne voyageons presque plus, sauf nos déplacements Bordeaux – Alicante – Irun. On ne sort presque jamais, normalement, je ne m’achète rien, ni fringues, ni livres, ni de la musique, sauf abonnement à Spotify, et nous n’allons depuis trop longtemps ni au concert, ni dans quelque manifestation culturelle que ce soit, sauf quand on est, très rarement, invités – la dernière fois en 2019, à l’Opéra de Paris, pour la Flûte enchantée ; pour ce qui est du théâtre, ce fut une remarquable mise en scène du Voyage de Céline d’un magistral Franck Desmedt, au Tristan Bernard. Nous allons de temps à autre au resto, le front gastronomique bougeant énormément surtout à la maison. Jusqu’à présent, il ne nous est jamais venu à l’idée de nous plaindre de la vie qu’on a. On est mariés depuis bientôt cinquante ans et pas malheureux du tout. Tant qu’on arrive à payer nos impôts et qu'on peut continuer à lire tout ce qu'on veut et à écrire ce qui me passe par la tête, je ne demande pas plus à la vie. Aujourd’hui, on aimerait voyager comme avant, visiter la Russie et l’Arménie mais c’est extrêmement difficile, pour toute sorte de raisons. Nous avions tout réservé et programmé en 2020 pour cette visite, mais la pandémie et la guerre en ont décidé autrement. Ceci dit, on aime la maison dans laquelle on vit depuis 23 ans, et nous nous résolvons à y rester à vie évidemment, si ce n'est que nous aimerions retrouver un appartement plus facile à gérer, adapté à nos besoins et à nos moyens physiques. Pour l’instant, nous ne bougeons pas et rien que l’idée d’une recherche détaillée me plonge dans une effroyable frayeur …
Du vent bruyant qui ne cesse pas depuis vingt-et-une heures. Du frais agréable même quand je ferme les volets au moment de nous coucher. Ce soir, on a passé un bon moment assis sur une terrasse qui garde le soleil le plus longtemps, tenue par des jeunes vraiment charmants, à regarder la mer nullement gênés par le voisinage de gens du cru parlant de fin des vacances et de frais de sortie partagés. Vers trois heures du matin le vent se remet à souffler à plein bruit contre ma fenêtre côté mer. Quand même, je réussis à me rendormir. Je me réveille vers six heures quand passent les premiers éboueurs, dont le bruit dépasse celui du vent. Le soleil reapparaît paresseusement derrière un écran de nuages vers huit heures. Le vent ayant changé de direction, on rouvre quelques fenêtres. R. a pu dormir correctement. A notre lever, il fait gris argenté comme à l’habitude ces derniers jours. Le vent est encore annoncé pour les heures à venir. On descend faire des courses. J’entends dire que la nuit a été difficile par ces vents forts et les bonnes commères se plaignent du bruit que cela fait qui empêche de dormir et j’ai l’impression que ces gens-là, visiblement de l’intérieur du pays, ne savent pas de quoi ils parlent. Je me souvenais d’il y a cinquante ans, au milieu de la nuit, à Gijon, la mer nous réveillant brutalement et arrachant la terrasse du Mexico Lindo
sur la plage de San Lorenzo. Là, on est parvenus heureusement à dormir un peu. L’après-midi cela souffle toujours fort. Le temps dégagé annoncé par la météo est remplacé par un ciel gris porteur de nuages rapides. C’est encore un jour à marcher sur la côte pour observer la mer en colère. Depuis notre arrivée fin août, rapport au temps qu’il fait, je lis bien moins que je ne voudrais. J’ai dépassé à peine le début du volume d’A. de Benoist et je n’ai lu que quelques pages du Gómez-Dávila (Escolios a un texto implícito). Du vent toujours, que j’apprécie énormément, et des brins de soleil timide en retraite. Cette fois-ci, la saison est vraiment terminée.




dimanche 8 septembre 2024

Voyager pour le plaisir ... ?

 Hommage à la mémoire de Louis-Ferdinand Céline :

« Gran escritor es el que moja en tinta infernal la pluma que arranca al remo de un ángel. »

Nicolás Gómez Dávila, Escolios a un texto implícito 

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L’avenir qui s’édifie dans notre pays et dans notre continent, envahis par une immigration sans contrôle, sera terrible, sauf miracle, fait de désordre, d’appauvrissement, d’effondrement des services publics, d’insécurité, de peur et de haine. Qu’ils ne s’y trompent pas, nos bien-pensants sanchistes et affidés : ceux qui, par leur vote, leur complicité plus ou moins active ou en tout cas leur silence, auront directement et personnellement contribué à édifier cet enfer, en seront, eux aussi, les victimes le moment venu. Ce pronostic constitue une consolation, bien mince évidemment, contre l’imbécillité des misérables démagogues au pouvoir. Ces gens sont des hypocrites et des salauds mais également des imbéciles. Ils imaginent en effet que leur situation protégée est acquise et appelée à durer, alors que tout indique que la situation se dégrade très rapidement et va continuer à empirer et à s’étendre. Les quartiers les plus huppés sont désormais touchés. Les villes touristiques également. Même les stars et les footballeurs millionnaires sont cambriolés et attaqués. Personne n’y échappe. Même lorsqu’on habite un endroit privilégié, on est tout de même conduit à se trouver de temps à autre en situation difficile dans les rues, dans les transports, dans les taxis, sur les routes en vacances, partout où la violence, la volonté de nuire et la haine peuvent éclater à tout moment. Pour être protégés de tout cela et vivre de façon constamment sécurisée, il faudra disposer de moyens considérables, afin notamment de pouvoir se payer des gardes du corps, ou se résoudre à subir patiemment sans rien dire.
Les retraités qui vivent dans les endroits encore tranquilles font le calcul que, compte tenu de ce qu’est leur espérance de vie, la dégradation ne sera pas suffisamment rapide pour les toucher personnellement. Ils ont sans doute raison et l’accusation de stupidité semble donc les concerner de loin. Ces adeptes du « après moi le déluge » font preuve en revanche d’un égoïsme profond à l’égard de leurs propres familles et descendants, qui les rend finalement spécialement odieux. Ceux en tout cas qui n’ont pas encore atteint l’âge de la retraite et qui continuent imperturbablement à voter pour que le chaos se poursuive et s’amplifie font preuve d’une profonde bêtise, en dépit de leurs diplômes, de leur statut social et de la haute idée qu’ils se font, inexplicablement, d’eux-mêmes. Peu importe les arguments qu’on choisit de donner, on se heurte à un mur infranchissable. Je crois qu’il s’agit avant tout de la très bête et très ordinaire maladie d’orgueil qui empêche, pour une vision dégagée, de monter sur les épaules d’un autre que soi pour atteindre à une vue meilleure et plus objective. On préfère voir toujours le même paysage rassurant, car lui, au moins, on le connaît, et on veut penser qu’il nous constitue, qu’il définit notre condition. L’immigré vient « payer nos retraites », palier les difficultés de notre marché du travail, combler nos besoins démographiques, etc. Sauf que justement, je ne suis pas certain du tout que ce soit le cas. En revanche, il faut des moyens des plus en plus importants pour subvenir à leurs besoins en tout genre dès qu’ils arrivent. Et nous vivons dans un monde qui nous force à être méchants, car ceux qui sont choisis pour « gouverner » sont très souvent parmi les plus incultes, les plus nuls, les plus incompétents et, trop souvent, des voleurs. Il est donc assez naturel qu’il y ait parfois quelques discours haineux qui nous échappent, malgré notre légendaire bienveillance.

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La pluie à Alicante. Le vent et la pluie à une partie de la nuit, à deux reprises, rendent celle-ci peu propice au sommeil mais intéressante. Le vent surtout qui se rue sur nos fenêtres côté mer, s’engouffrant dans l’espace entre les appartements du Suisse et le Coronado. Vers dix heures trente, on sort pour une démarche et la pluie passe de menaçante à spectaculairement torrentielle en quelques minutes (je n’avais jamais vu cela dans ces parages !), nous obligeant à regagner nos pénates en toute urgence. C’est l’heure à laquelle les gens se dirigent vers leurs courses, on en voit des trempés  jusqu’à l’os, un peu plus loin. « Cette averse qu’on va se prendre ! », on avait imaginé, mais on est sortis quand même. Effectivement. Plus qu’à la laisser passer.

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Noua avons raconté à MCV, la cousine argentine de R., qui nous a invités à son prochain mariage dans quelques semaines, les jours de son opération de l’aorte l’année dernière avec ouverture du thorax. Comment, pour ce faire, il a fallu arrêter le cœur et donc faire circuler le sang par un autre moyen. Après l’opération, elle a été recueillie par un service de réanimation où elle a passé un jour avant de récupérer une chambre normale. A cause de l’ouverture du thorax et des os qui ont été sciés, elle a dû mettre des semaines un gilet rigide avant de pouvoir bouger le thorax et souffert comme un martyr pour s’asseoir sur son lit avant de se lever ou pour se laver le bas du dos. « Cela a dû être fait extrêmement pénible », dit elle, et je l’ai déjà dit dans ce blog. C’est bien cela le pire, à chaque fois qu’on (re)raconte, aucun des gentils mots qu’on vous destine ne peuvent compenser cette expérience.

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À ceux qui prétendent que voter ne sert à rien : un mec jeune et dynamique à la tête du gouvernement de la France ! Reste à trouver les ministres qui iront avec …

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« On ne voyage pas pour le plaisir, on est con, mais pas à ce point » Samuel Beckett, Mercier et Camier

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Six otages du 7 octobre tués en Palestine. Encore une conséquence du « pogrom » du 7 octobre. « Pogrom » selon la terminologie des larbins sionistes, qui est en réalité une invention du pouvoir israélien et de son service de com’. Il y a bien eu une attaque de commandos armés du Hamas, destinée à prendre des otages, et des échanges de coups de feu ont eu lieu. Beaucoup des victimes civiles israéliennes sont dues à l’intervention de l’armée, qui a tiré dans le tas, afin d’augmenter le nombre de victimes et de limiter les enlèvements. Si on parle de pogrom pour le 7 octobre, alors il faut parler des centaines de pogroms depuis 1948 qui ont fait plus de deux cent mille morts chez les Palestiniens. Il y a même des observateurs qui vont plus loin : les Israéliens tueraient leurs otages pour mettre ces morts sur le dos des « terroristes » Palestiniens, éliminer des témoins du génocide interminable et entretenir le sentiment de vengeance du peuple israélien. Alors, devant le génocide méthodique des Palestiniens depuis 1948, soit près de 200.000, les six malheureux israéliens ne pèsent pas autant.

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Un être mystérieux. On part toujours du postulat implicite que celui qui parle comprend ce qu’il dit, mais c’est faux. On peut très bien parler sans comprendre un mot de ce qu’on profère. Ça arrive tout le temps à ce personnage indéfinissable du gouvernement sanchiste, Madame Montero, María Jesús de son prénom. On l’entend parler et la mayonnaise ne prend pas. A posteriori, on se demande ce qui nous a pris ; mais encore faut-il qu’il y ait un a posteriori, que nos oreilles aient un peu de mémoire et de capacités d’association, qu’on accepte de se revoir en train d’écouter quelqu’un qui parle de cette façon. Ce n’est pas toujours facile, certes, et le recours aux vidéos est souvent indispensable. La vidéo, miroir du politicien en paroles, constitue le seul moyen technique qui nous libère sans ménagement du pur instant, car le corps est par définition piloté par notre esprit et il faut toujours des techniques, qu’elles soient externes ou internes, pour nous permettre d'interpréter ce chaos sans borne, de situer quelque part un magma phonétique de cette ampleur, de délier ce qui apparaît momentanément comme inextricablement tissé. Après moult efforts pour donner du sens à ce charabia et aux mille grimaces dont le souvenir me fait encore rire toutes les fois que j'y pense, je me rends compte que c'est plutôt le néant absolu interminablement proféré par cette femme qui se moque de moi.