« Ce qui m’intéresse n’est pas
toujours ce qui m’importe. » Paul Valéry
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Relisant dans une vieille Pléiade certains
passages du Journal de Gide, merveille de générosité, d’humour et
d’érudition, avec ses goûts et ses caprices, je me rends compte de la
persistance du dur dogmatisme intarissable dans le marécage politique
(« les bourbiéreux bousbirs de la pensée » comme l’écrivait Claude
Simon). Je comprends certaines courbettes, gesticulations et mensonges,
extraordinairement utiles, voire nécessaires à qui exerce une forme quelconque
de pouvoir même si je préfère me livrer à cracher des glaviots dans la Bidassoa
depuis le pont international. Les ronds dans l’eau que cela provoque auront
sans doute le même impact sur la vie réelle des gens qui ont décidé de donner
leur vote à l’un ou à l’autre des prétendus réformateurs de la chose
publique. Mais les prétendues audaces d’une prétendue gauche au
gouvernement me donnent le tournis. Dernière pirouette, dernière incongruité,
dernière gaffe : l’envoi de militaires (marine, aviation, que sais-je
encore !) dans la mer Noire. Qu’est-ce qu’on est censé aller foutre en
Russie ? Les gangsters nord-américains l’exigent, donc, la question ne se
pose même pas : ils sont nos alliés, tout de même ! Qui nous ont envoyé gentiment chier lors du
conflit avec le gentil roi marocain., il y a quelques mois. Miracles de l’échiquier
politique : le « non à la guerre » de l’époque des Bush passe à
« vivement la guerre » …
« Triste besoin d’injurier, de
ravilir son adversaire ; besoin commun également aux deux partis et qui
fait que j’écoute parfois si péniblement les émissions de la radio, tant celles
de Londres et de l’Amérique que de Berlin ou de Paris-Vichy. Eh quoi !
pensez-vous vraiment que toute l’intelligence, la noblesse de cœur et la bonne
foi soient seulement de votre côté ? N’y a-t-il en face de vous que vils
intérêts et sottise ? Ou peut-être me direz-vous qu’il est bon d’en
persuader le peuple qui, sinon, prêterait moins cœur au combat ? Il
importe de convaincre le soldat que ceux qu’on l’invite à massacrer sont des
bandits qui ne méritent pas de vivre ; d’autres braves et honnêtes gars
comme lui ; devant que de les tuer, le fusil lui tomberait des mains. Il s’agit
d’activer la haine, et l’on souffle sur les passions pour les amener à
incandescence. Pour combattre des brutes, il faut des brutes ; et l’on abrutit.
La reconnaissance des qualités et des vertus de l’ennemi a, de tout temps, été
mon faible, et qui risque de me faire passer pour traître par les partisans de
l’un et de l’autre bord. C’est bien aussi pourquoi je me tairais aujourd’hui,
même s’il m’était donné licence de parler. Aujourd’hui, il n’y en a que pour le
mensonge, et l’on ne prête oreille qu’à lui. » A. Gide, Journal (10 février, 1943).
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« La dépréciation du camp adverse ne
me plaît guère (…) il est absurde et malséant de ne voir l'intelligence, la probité,
le courage et la noblesse, que d'un côté, le sien propre, et de l'autre, que
lâcheté, sottise ou félonie. Aussi cette entreprise d'avilissement de
l'adversaire, à quoi s'emploie trop souvent la propagande, m'est-elle
extrêmement pénible. Je l'ai maintes fois exprimé ; mais sans, je crois,
persuader personne. Et l'en viens à présent à me demander si, pour obtenir
certaines réactions de la foule, il n'est pas nécessaire d'abord de discréditer
l'ennemi. Peut-être ; mais, personnelle ment, je ne puis entrer dans ce jeu. C’est
bien aussi pourquoi je suis si mal fait pour la politique et me difficilement
et si mal convaincre du rôle que je pourrais si assumer dans la « guerre
psychologique. » A. Gide, Journal (7 juillet, 1943)
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Quand les médias n’utilisent pas le cliché
de l’anathème, il faut supposer que les protagonistes de l’information
appartiennent au camp du Bien, de la puante social-démocratie à la basse
extrême gauche dans ses variantes caviar ou cassoulet.
***
Quel pays d’abrutis, incapable de rabattre
son caquet au truand de manuel qui est censé nous « gouverner » ! Et
comment réagir, comment sortir sa tête de cette poubelle à ciel ouvert qu’est
devenue l’activité politique au quotidien ? Distribution capricieuse de la
manne des fonds européens, respect zéro de
l’intégrité physique (agressions à tout va) et de celui de propriété (protection
des squatter sur les propriétaires légitimes), justice languissante
conditionnée par la politique, autorité qui prend le parti de la salade de sigles
qui soutiennent ce minable gouvernement de cauchemar, des passants se font
agresser par des bandes incontrôlées pour lesquelles un simple regard de
censure est pris comme un défi et la haine se répand et s’infiltre comme du gaz
dans chaque recoin de la vie ; des cortèges d’accueil, des manifestations, des feux
d’artifice et des réjouissements musicaux en l’honneur de pires assassins de
l’immonde ETA libérés pour que le pitre à la tête du gouvernement conserve son fauteuil
et exerce ses talents de magouilleur, de flatteur infatigable des foules d’électeurs
endoctrinées, ne pensant qu'à sa propre tête menacée s’il devait dissoudre et
appeler aux urnes. Ignoble mégalomane et menteur compulsif aigri par la moindre
contradiction ou l’ombre d’une critique, retors, après ses années de lutte
sinistre contre la bureaucratie de son parti qui se terminèrent par sa
démission forcée du comité fédéral, qu’il ressentit comme une humiliation ; au parlement,
une flopée d’ignorants intrépides, amoureux de leurs magnifiques prébendes largement
injustifiables ; pays pillé et ruiné de la tête aux pieds, jamais autant de
fortunes ne s’étaient improvisées si vite et si obscurément. Et la crise coule
sous le regard réjoui de la coalition ministérielle, des élus, des journaleux
qui trafiquent les idées, d’une foule immense de gens empoisonnés de rancune
qui attendent que ce menteur professionnel à la tête du conseil des ministres sorte
de la poudre magique, fasse des prodiges avec la manne des fonds européens, d’un
je-ne-sais-quoi, d’un miracle impossible. Comment expliquer cet état de
félicité absurde en dépit de tous les malheurs, si ce n’est que, sachez-le
braves gens, au moins ce n’est pas la droite qui est aux commandes …
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Anniversaire de l’assassinat de Gregorio
Ordóñez. Victimes. Ils
n’ont que leurs larmes à la place d’une haine qui serait tout à fait normale,
car produit de la profonde injustice, de l’impuissance et de cette terrible
acrimonie à la source de tout sentiment de vengeance que la compassion envers
nous-mêmes fait bouillir en son for intérieur lorsqu’on se retrouve abandonné
parmi ses voisins, comme une pauvre chose dont personne ne se soucie, à
laquelle personne ne doit jamais prêter l’oreille. Après chaque assassinat, la
victime sombre
dans l'oubli, comme tant d'autres, car à la surface de la sensibilité collective
il n'y a pas de place pour tous les chagrins et les plus récents, passées vingt-quatre
heures, font naufrage pour céder la place à ceux que la noria médiatique déverse
sur nos vies. C'est en essayant de se référer à une souffrance concrète de
quelqu’un qu’on connaissait que l'on s'aperçoit plus clairement à quel point l'usage
quotidien érode la valeur des mots, de quelle manière la pointe acérée avec
laquelle ils devraient blesser notre sensibilité est abaissée, émoussée et réduite
à néant. On entend : « Ils ont tué Untel ». Quatre mots. Derrière,
quelle longue et douloureuse histoire !
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Kazakhstan. Rien dans la vie sociale ordinaire n’est si
effrayant, si terrible, que la foule sans frein ; rien n’est si cruel, rien
n’est si laid, rien n’est si implacable et si froid, rien de plus monstrueux et
incontrôlable. Soudain, tout est recouvert des bouffées de haine de tant
d’esprits en troupeau ; tout sent le mal, tout bourdonne le mal ; la foule non
endiguée charge contre l’opinion contraire et devient hostile même à la couleur
du ciel. De la foule en colère émane je ne sais quoi qui imprègne le monde de
désespoir et qui trempe dans la bassesse.
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Seule attitude décente, mais il faut avoir
les moyens : s’en foutre. Au siècle dernier, sous Napoléon III, l’éditeur
Poulet-Malassis évaluait à moins de trois cents le nombre de lecteurs
intéressés par l’édition des œuvres de Flaubert ou de Baudelaire. En l’espace d’un
siècle et demi, 124 magnanimes écrivains basques, dont l’existence de la
plupart est assurément ignorée du commun des mortels, signent un manifeste pour
soutenir le patron de l’ETA, pauvre victime de l’acharnement de la justice. Le
terrorisme vaincu ? Comme la pandémie … N’en déplaise à cette sous-merde
chauve et stridente du parti socialiste, ancien maire de Saint-Sébastien, le
sommet rêvé du confort parlementaire des compères de l’ETA s´élève, sans qu’ils
s’en soucient réellement, sur des monceaux de cadavres. Long chemin parcouru pour
bâtir l’indépendance et le socialisme (notions plus galvaudées que le paradis et l'enfer) et qui se termine en faux sur un précipice au
fond duquel se tordent les anciennes victimes disparues sous le regard de leurs
bourreaux, bien présents en haut, toujours vivants, eux, témoins mordants de la
sinistre cruauté humaine, des mensonges maniés comme des catapultes, de la lâcheté
politicienne tendue comme autant des ponts réconciliateurs… Penser, c’est
perdre le fil, disait Valéry. Le fil de la mémoire historique et la
pelote de laine de la mémoire démocratique. Le fil de notre intrigue
conduit tout simplement au mal qui éclate à l’intérieur de la bouillie
cérébrale de certains pseudo-humains à la faveur de la logorrhée
révolutionnaire, d’une conception non pas puérile, mais idiote des affaires
publiques, qui les conduit à tuer, à rançonner ou plastiquer les réputés
contraires à la cause, autorités, cadres des entreprises, petites
ou grandes, pour les remplacer par des automates formatés à leur goût, des camarades qui travaillent au grand rêve. Ils caricaturent la
bêtise du freux de la fable qui voulait imiter les aigles en serrant dans ses
griffes un agneau et s’est fait piéger, incapable de voler, par l’épais pelage
de sa toison. Tout s’avère être un gigantesque mensonge, car si les conditions
matérielles étaient fausses au départ : patrie opprimée, race
à part différente de tout autre, langue persécutée etc., leurs positions
idéologiques l’étaient aussi. Ils ont censuré la tyrannie pour imposer les plus
intransigeants et les plus intraitables tyrans agissant dans l’ombre. Ils crient au scandale
par les conditions de détention établies par un code, et ils ne respectent
aucune règle, ils n’ont eu aucune pitié pour les femmes, ni pour les personnes
âgées, ni pour les enfants qui se comptent par centaines parmi leurs victimes ;
ils demandent justice et sèment l’arbitraire ; ils ont réclamé le bonheur pour
tous, l’égalité, ils se disaient militaires et en bavaient de joie
dans leurs communiqués évitant prudemment les risques de la guerre, étiquetée
de sale guerre quand elle était menée contre eux et ils se sont nommés
aux surnoms pompeux ou carrément ridicules, avec pour objectif principal de se
la péter devant les camarades et
l’opinion, précisément sous couvert de soldat, de guerrier, de prestige militaire, au sens
le moins héroïque qu’il soit donné à quelqu’un d’imaginer. Ils ont toujours eu une
dévotion intime et irrépressible envers ce qu’ils injuriaient la veille. Et
l’emballage verbal et la hiérarchie de n’importe quel minable patronat. Non, ce
n’est pas qu’ils haïssent l’État espagnol ou le français pour leurs turpitudes,
mais parce qu’ils veulent les remplacer par leur truc stalino-raciste à la con.
Après tout, un séparatiste n’est qu’un unioniste impatient. Cela n’a pas de
prix. Sauf celui du sang, source intarissable de douleur. Il n’y a pas de
douleur de mille, mais la douleur d’un seul, mille fois répétée.
***
Comme je l'ai déjà écrit à plus d'une reprise, je lis assidument le blog d’un vieux
routier de la littérature, écrivain pour de vrai, que j’admire depuis longtemps
et qui me met souvent en colère. La vision d’un drapeau bicolore espagnol lui
donne de l’urticaire. Ça le révulse au plus haut point. Et la musique
patriotique itou. Admettons. Je partage, nuancée, une partie de ses vues. Il n'empêche que la prolifération du drapeau tricolore à double
croix à tort et à travers m’insupporte me donnant presque envie de me gratter et que j’aurais toujours du mal à réaliser qu’un balcon affichant un drapeau espagnol résulte
insupportable à qui trouve tous les charmes imaginables aux différentes
variantes de drapeau catalan. Pour ce qui est de la musique, le hasard fait
bien les choses. De la musique micro-patriotique, j’en entends, et à tue-tête
avec ça, qui vient d’une fenêtre ouverte. Sur la barre du balcon, une banderole
réclame le retour à la maison des incarcérés et le retour au pays des exilés,
à côté d’un drapeau catalan trafiqué : une étoile blanche dans un triangle
bleu à gauche. C’est un hymne mélancolique adopté par la horde de sauveteurs
professionnels à vocation de soldatesque, qui peut sonner après leurs concentrations
patriotiques ou accompagner la danse des furies sur les corps des morts au
champ d’horreur. Comme tout ce qui appelle au versement du sang, il se complaît
dans l’appel au sacrifice (d’autrui, de préférence, dans la vie réelle) avec la
lourdeur dont les ivrognes s’accrochent à leurs refrains. Des notes qui ne sont
pas capables de transmettre l’émotion d’une patrie commune à partager pour tout
un peuple ou de le mener à la victoire mais la fatigue d’un réservoir de sang qui
ne finit jamais de se vider derrière un drapeau de design.
***
L’industrie la plus florissante désormais en Catalogne : le trafic de
haine. Ils ont déjà tout volé, ils ont déjà tout sali, ils ont coupé tous les
ponts. Ils n'ont rien d'autre à échanger et ils font le trafic de haine envers
la patrie commune qu’ils ont contribué largement à construire. La haine. Avec le
même esprit d'entreprise qui a fait trop longtemps la fierté de cette région.
Pardon, de cet empire de richissimes abominablement tyrannisé par les pauvres.
***
Anéantir. Ce dernier roman de M.
Houellebecq se déroule en 2027 et Bruno Juge est pressenti pour succéder au
président sortant. Bruno Juge a réussi à redresser l’économie française en s’asseyant « sur
les réglementations de libre concurrence européennes, que ce soit pour
l’attribution des marchés publics ou pour l’instauration de droits de douane
quand ça l’arrangeait, sur les produits pour lesquels ça l’arrangeait, il
s’était en cela comme en tout, et depuis le début, comporté en pragmatique pur,
laissant au président le soin de déminer, de réaffirmer chaque fois que
possible son attachement à l’Europe, et de tendre ses lèvres à toutes les joues
de chancelières allemandes que le destin lui donnerait à baiser. » Houellebecq
ajoute : « C’était sexuel, quand même, entre la France et
l’Allemagne, c’était bizarrement sexuel, et depuis pas mal de temps » ;
certains esprits mal placés repenseront à Brasillach, en 1944 : «
Les Français de quelque réflexion, durant ces années, auront plus ou moins
couché avec l’Allemagne, non sans querelle, et le souvenir leur en restera
doux ».
***
Les braves gens, ça n'existe pas ; les pauvres crétins, oui, ça surabonde. On devrait interdire
de donner leur sentiment sur les affaires publiques, à quelque titre que ce
soit, à tous les ahuris n'éprouvant pas d'emblée une saine méfiance et un
parfait mépris envers tous les discours des menteurs et crapules au pouvoir, quels
qu’ils soient, dans la mesure où le berger politique ne veut jamais le bien du
bétail électoral qu'il exploite. La consultation occasionnelle des médias ne
devrait avoir qu'une justification : non pas s'informer, non pas reprendre les
avis du clergé demi-intellectuel, mais relever les mensonges grotesques de
chaque jour avant d'en ricaner. Si la lecture des nouvelles est la prière de
l'imbécile contemporain, l'athéisme s'impose.
***
OTAN piège à continents ! L’Espagne ou plutôt ce qu'on appelle son identité
culturelle, géographiquement, son territoire subsistera quoi qu’il
arrive, est souvent considérée comme en péril de fractionnement par certains alarmistes.
Combien de forces idéologiques l’assaillent ? J’en discernerait deux
principales : celle des forces suprématistes périphériques et celle de
l’américanisation. La première, redoutée pour des causes politiques, tendrait à
terme sinon à une totale séparation du moins à une forme d’« indépendance économique »
à son avantage. La seconde, plus insidieuse, moins immédiatement visible, provient
de la colonisation des esprits et n’en est que plus redoutable. L’acceptation
progressive de l’ultra-libéralisme, du politiquement correct et de son avatar
wokiste, de l’abolition illusoire des frontières et de tout souverainisme, du
véganisme militant basé sur le refus de toute forme d’utilisation des animaux,
du multiculturalisme, du communautarisme, du féminisme rabique, de l’antispécisme,
de la négation des deux sexes et leur remplacement par une multiplicité des genres
et autres fantaisies socialement mortifères venues d’Outre-Atlantique conduit à
une déconstruction progressive de toute identité culturelle traditionnellement nationale.
Et, paradoxalement, c'est la seconde qui favorise
la première. Malgré les contradictions bien signalées : désir d'abolition universelle
(?) des frontières, mais ouverture d’autres frontières capricieuses plus
faciles à contrôler ; Maître Aliboron-Iglesias invitait ses ouailles, dans
ses heures de gloire télévisuelle, à chevaucher les contradictions du système.
Parfait. Mais comment chevaucher tout type de chevaux à toutes les
allures : le multiculturalisme, le communautarisme, le relativisme à
outrance, le wokisme omniprésent, l’identité nationale existante, le souverainisme
suprématiste des nations sans état, les vieux états-nation, l’indépendance
et le socialisme, illusoires, l’ultra-libéralisme, bien tangible … ? Il paraît évident également que les civilisations s'écroulent à cause de leur
affaiblissement interne. Les nouveaux maîtres ne font que venir s'installer
dans leurs ruines. C'est pourquoi je pense qu'il faudrait s'attaquer
prioritairement à la maladie culturelle de nos sociétés et non seulement à ses symptômes
politiques si préoccupants qu'ils soient. Avec ça, pourrait-on compter sur
une force d’opposition européenne ? A mes
yeux, cette force est accessoire. L'Allemagne, comme la France, et
peut-être même davantage après ses amères défaites du vingtième siècle, est
rongée par la lèpre idéologique venue des USA qui a contaminé l'ensemble de l’Occident.
Les choses importantes se passent en Chine et en Inde. Et la Russie n’a pas
l’air de se laisser faire facilement.
***
Mémoire démocratique. L’hiver et la guerre passaient ensemble
à travers la fenêtre. Dépouillés de tout, dans le froid de la nuit et dans le
froid de leur vie, plutôt que de réciter le chapelet, il semblait que ces
hommes montraient à Dieu leur misère, dans la douce lumière de la foi, et
qu’ils s’humiliaient devant ses desseins. À travers les rideaux de la porte,
filtrait juste la clarté nécessaire pour laisser paraître les faisceaux des
prières et découper la ligne sobre de la croix sur le mur blanc ; et de ce
fait, leur âme pouvait inonder leurs visages si ouvertement que, lorsqu’ils
relevaient la tête, il y avait en chacun d’eux une sorte de gêne honteuse qui
les incitait à ne pas se regarder, comme si la nudité souffrante de leurs
pensées pouvait être devinée sur leurs visages. Comme s’ils y gardaient encore,
dans leur pâleur et dans leurs rides, quelque chose de la ferveur de leurs
prières. (Traduction personnelle)
Wenceslao
Fernández Flórez, Una isla en el mar rojo
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