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mardi 25 janvier 2022

Un avenir à grimper aux rideaux …

« Ce qui m’intéresse n’est pas toujours ce qui m’importe. » Paul Valéry

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Relisant dans une vieille Pléiade certains passages du Journal de Gide, merveille de générosité, d’humour et d’érudition, avec ses goûts et ses caprices, je me rends compte de la persistance du dur dogmatisme intarissable dans le marécage politique (« les bourbiéreux bousbirs de la pensée » comme l’écrivait Claude Simon). Je comprends certaines courbettes, gesticulations et mensonges, extraordinairement utiles, voire nécessaires à qui exerce une forme quelconque de pouvoir même si je préfère me livrer à cracher des glaviots dans la Bidassoa depuis le pont international. Les ronds dans l’eau que cela provoque auront sans doute le même impact sur la vie réelle des gens qui ont décidé de donner leur vote à l’un ou à l’autre des prétendus réformateurs de la chose publique. Mais les prétendues audaces d’une prétendue gauche au gouvernement me donnent le tournis. Dernière pirouette, dernière incongruité, dernière gaffe : l’envoi de militaires (marine, aviation, que sais-je encore !) dans la mer Noire. Qu’est-ce qu’on est censé aller foutre en Russie ? Les gangsters nord-américains l’exigent, donc, la question ne se pose même pas : ils sont nos alliés, tout de même !  Qui nous ont envoyé gentiment chier lors du conflit avec le gentil roi marocain., il y a quelques mois. Miracles de l’échiquier politique : le « non à la guerre » de l’époque des Bush passe à « vivement la guerre » …



« Triste besoin d’injurier, de ravilir son adversaire ; besoin commun également aux deux partis et qui fait que j’écoute parfois si péniblement les émissions de la radio, tant celles de Londres et de l’Amérique que de Berlin ou de Paris-Vichy. Eh quoi ! pensez-vous vraiment que toute l’intelligence, la noblesse de cœur et la bonne foi soient seulement de votre côté ? N’y a-t-il en face de vous que vils intérêts et sottise ? Ou peut-être me direz-vous qu’il est bon d’en persuader le peuple qui, sinon, prêterait moins cœur au combat ? Il importe de convaincre le soldat que ceux qu’on l’invite à massacrer sont des bandits qui ne méritent pas de vivre ; d’autres braves et honnêtes gars comme lui ; devant que de les tuer, le fusil lui tomberait des mains. Il s’agit d’activer la haine, et l’on souffle sur les passions pour les amener à incandescence. Pour combattre des brutes, il faut des brutes ; et l’on abrutit. La reconnaissance des qualités et des vertus de l’ennemi a, de tout temps, été mon faible, et qui risque de me faire passer pour traître par les partisans de l’un et de l’autre bord. C’est bien aussi pourquoi je me tairais aujourd’hui, même s’il m’était donné licence de parler. Aujourd’hui, il n’y en a que pour le mensonge, et l’on ne prête oreille qu’à lui. » A. Gide, Journal (10 février, 1943).

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« La dépréciation du camp adverse ne me plaît guère (…) il est absurde et malséant de ne voir l'intelligence, la probité, le courage et la noblesse, que d'un côté, le sien propre, et de l'autre, que lâcheté, sottise ou félonie. Aussi cette entreprise d'avilissement de l'adversaire, à quoi s'emploie trop souvent la propagande, m'est-elle extrêmement pénible. Je l'ai maintes fois exprimé ; mais sans, je crois, persuader personne. Et l'en viens à présent à me demander si, pour obtenir certaines réactions de la foule, il n'est pas nécessaire d'abord de discréditer l'ennemi. Peut-être ; mais, personnelle ment, je ne puis entrer dans ce jeu. C’est bien aussi pourquoi je suis si mal fait pour la politique et me difficilement et si mal convaincre du rôle que je pourrais si assumer dans la « guerre psychologique. »  A. Gide, Journal (7 juillet, 1943)

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Quand les médias n’utilisent pas le cliché de l’anathème, il faut supposer que les protagonistes de l’information appartiennent au camp du Bien, de la puante social-démocratie à la basse extrême gauche dans ses variantes caviar ou cassoulet.

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Quel pays d’abrutis, incapable de rabattre son caquet au truand de manuel qui est censé nous « gouverner » ! Et comment réagir, comment sortir sa tête de cette poubelle à ciel ouvert qu’est devenue l’activité politique au quotidien ? Distribution capricieuse de la manne des fonds européens,  respect zéro de l’intégrité physique (agressions à tout va) et de celui de propriété (protection des squatter sur les propriétaires légitimes), justice languissante conditionnée par la politique, autorité qui prend le parti de la salade de sigles qui soutiennent ce minable gouvernement de cauchemar, des passants se font agresser par des bandes incontrôlées pour lesquelles un simple regard de censure est pris comme un défi et la haine se répand et s’infiltre comme du gaz dans chaque recoin de la vie ; des cortèges d’accueil, des manifestations, des feux d’artifice et des réjouissements musicaux en l’honneur de pires assassins de l’immonde ETA libérés pour que le pitre à la tête du gouvernement conserve son fauteuil et exerce ses talents de magouilleur, de flatteur infatigable des foules d’électeurs endoctrinées, ne pensant qu'à sa propre tête menacée s’il devait dissoudre et appeler aux urnes. Ignoble mégalomane et menteur compulsif aigri par la moindre contradiction ou l’ombre d’une critique, retors, après ses années de lutte sinistre contre la bureaucratie de son parti qui se terminèrent par sa démission forcée du comité fédéral, qu’il ressentit comme une humiliation ; au parlement, une flopée d’ignorants intrépides, amoureux de leurs magnifiques prébendes largement injustifiables ; pays pillé et ruiné de la tête aux pieds, jamais autant de fortunes ne s’étaient improvisées si vite et si obscurément. Et la crise coule sous le regard réjoui de la coalition ministérielle, des élus, des journaleux qui trafiquent les idées, d’une foule immense de gens empoisonnés de rancune qui attendent que ce menteur professionnel à la tête du conseil des ministres sorte de la poudre magique, fasse des prodiges avec la manne des fonds européens, d’un je-ne-sais-quoi, d’un miracle impossible. Comment expliquer cet état de félicité absurde en dépit de tous les malheurs, si ce n’est que, sachez-le braves gens, au moins ce n’est pas la droite qui est aux commandes …

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Anniversaire de l’assassinat de Gregorio Ordóñez. Victimes. Ils n’ont que leurs larmes à la place d’une haine qui serait tout à fait normale, car produit de la profonde injustice, de l’impuissance et de cette terrible acrimonie à la source de tout sentiment de vengeance que la compassion envers nous-mêmes fait bouillir en son for intérieur lorsqu’on se retrouve abandonné parmi ses voisins, comme une pauvre chose dont personne ne se soucie, à laquelle personne ne doit jamais prêter l’oreille. Après chaque assassinat, la victime sombre dans l'oubli, comme tant d'autres, car à la surface de la sensibilité collective il n'y a pas de place pour tous les chagrins et les plus récents, passées vingt-quatre heures, font naufrage pour céder la place à ceux que la noria médiatique déverse sur nos vies. C'est en essayant de se référer à une souffrance concrète de quelqu’un qu’on connaissait que l'on s'aperçoit plus clairement à quel point l'usage quotidien érode la valeur des mots, de quelle manière la pointe acérée avec laquelle ils devraient blesser notre sensibilité est abaissée, émoussée et réduite à néant. On entend : « Ils ont tué Untel ». Quatre mots. Derrière, quelle longue et douloureuse histoire !

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Kazakhstan. Rien dans la vie sociale ordinaire n’est si effrayant, si terrible, que la foule sans frein ; rien n’est si cruel, rien n’est si laid, rien n’est si implacable et si froid, rien de plus monstrueux et incontrôlable. Soudain, tout est recouvert des bouffées de haine de tant d’esprits en troupeau ; tout sent le mal, tout bourdonne le mal ; la foule non endiguée charge contre l’opinion contraire et devient hostile même à la couleur du ciel. De la foule en colère émane je ne sais quoi qui imprègne le monde de désespoir et qui trempe dans la bassesse.

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Seule attitude décente, mais il faut avoir les moyens : s’en foutre. Au siècle dernier, sous Napoléon III, l’éditeur Poulet-Malassis évaluait à moins de trois cents le nombre de lecteurs intéressés par l’édition des œuvres de Flaubert ou de Baudelaire. En l’espace d’un siècle et demi, 124 magnanimes écrivains basques, dont l’existence de la plupart est assurément ignorée du commun des mortels, signent un manifeste pour soutenir le patron de l’ETA, pauvre victime de l’acharnement de la justice. Le terrorisme vaincu ? Comme la pandémie … N’en déplaise à cette sous-merde chauve et stridente du parti socialiste, ancien maire de Saint-Sébastien, le sommet rêvé du confort parlementaire des compères de l’ETA s´élève, sans qu’ils s’en soucient réellement, sur des monceaux de cadavres. Long chemin parcouru pour bâtir l’indépendance et le socialisme (notions plus galvaudées que le paradis et l'enfer) et qui se termine en faux sur un précipice au fond duquel se tordent les anciennes victimes disparues sous le regard de leurs bourreaux, bien présents en haut, toujours vivants, eux, témoins mordants de la sinistre cruauté humaine, des mensonges maniés comme des catapultes, de la lâcheté politicienne tendue comme autant des ponts réconciliateurs… Penser, c’est perdre le fil, disait Valéry. Le fil de la mémoire historique et la pelote de laine de la mémoire démocratique. Le fil de notre intrigue conduit tout simplement au mal qui éclate à l’intérieur de la bouillie cérébrale de certains pseudo-humains à la faveur de la logorrhée révolutionnaire, d’une conception non pas puérile, mais idiote des affaires publiques, qui les conduit à tuer, à rançonner ou plastiquer les réputés contraires à la cause, autorités, cadres des entreprises, petites ou grandes, pour les remplacer par des automates formatés à leur goût, des camarades qui travaillent au grand rêve. Ils caricaturent la bêtise du freux de la fable qui voulait imiter les aigles en serrant dans ses griffes un agneau et s’est fait piéger, incapable de voler, par l’épais pelage de sa toison. Tout s’avère être un gigantesque mensonge, car si les conditions matérielles étaient fausses au départ : patrie opprimée, race à part différente de tout autre, langue persécutée etc., leurs positions idéologiques l’étaient aussi. Ils ont censuré la tyrannie pour imposer les plus intransigeants et les plus intraitables tyrans agissant dans l’ombre. Ils crient au scandale par les conditions de détention établies par un code, et ils ne respectent aucune règle, ils n’ont eu aucune pitié pour les femmes, ni pour les personnes âgées, ni pour les enfants qui se comptent par centaines parmi leurs victimes ; ils demandent justice et sèment l’arbitraire ; ils ont réclamé le bonheur pour tous, l’égalité, ils se disaient militaires et en bavaient de joie dans leurs communiqués évitant prudemment les risques de la guerre, étiquetée de sale guerre quand elle était menée contre eux et ils se sont nommés aux surnoms pompeux ou carrément ridicules, avec pour objectif principal de se la péter devant les camarades et l’opinion, précisément sous couvert de soldat, de guerrier, de prestige militaire, au sens le moins héroïque qu’il soit donné à quelqu’un d’imaginer. Ils ont toujours eu une dévotion intime et irrépressible envers ce qu’ils injuriaient la veille. Et l’emballage verbal et la hiérarchie de n’importe quel minable patronat. Non, ce n’est pas qu’ils haïssent l’État espagnol ou le français pour leurs turpitudes, mais parce qu’ils veulent les remplacer par leur truc stalino-raciste à la con. Après tout, un séparatiste n’est qu’un unioniste impatient. Cela n’a pas de prix. Sauf celui du sang, source intarissable de douleur. Il n’y a pas de douleur de mille, mais la douleur d’un seul, mille fois répétée.

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Comme je l'ai déjà écrit à plus d'une reprise, je lis assidument le blog d’un vieux routier de la littérature, écrivain pour de vrai, que j’admire depuis longtemps et qui me met souvent en colère. La vision d’un drapeau bicolore espagnol lui donne de l’urticaire. Ça le révulse au plus haut point. Et la musique patriotique itou. Admettons. Je partage, nuancée, une partie de ses vues. Il n'empêche que la prolifération du drapeau tricolore à double croix à tort et à travers m’insupporte me donnant presque envie de me gratter et que j’aurais toujours du mal à réaliser qu’un balcon affichant un drapeau espagnol résulte insupportable à qui trouve tous les charmes imaginables aux différentes variantes de drapeau catalan. Pour ce qui est de la musique, le hasard fait bien les choses. De la musique micro-patriotique, j’en entends, et à tue-tête avec ça, qui vient d’une fenêtre ouverte. Sur la barre du balcon, une banderole réclame le retour à la maison des incarcérés et le retour au pays des exilés, à côté d’un drapeau catalan trafiqué : une étoile blanche dans un triangle bleu à gauche. C’est un hymne mélancolique adopté par la horde de sauveteurs professionnels à vocation de soldatesque, qui peut sonner après leurs concentrations patriotiques ou accompagner la danse des furies sur les corps des morts au champ d’horreur. Comme tout ce qui appelle au versement du sang, il se complaît dans l’appel au sacrifice (d’autrui, de préférence, dans la vie réelle) avec la lourdeur dont les ivrognes s’accrochent à leurs refrains. Des notes qui ne sont pas capables de transmettre l’émotion d’une patrie commune à partager pour tout un peuple ou de le mener à la victoire mais la fatigue d’un réservoir de sang qui ne finit jamais de se vider derrière un drapeau de design.

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L’industrie la plus florissante désormais en Catalogne : le trafic de haine. Ils ont déjà tout volé, ils ont déjà tout sali, ils ont coupé tous les ponts. Ils n'ont rien d'autre à échanger et ils font le trafic de haine envers la patrie commune qu’ils ont contribué largement à construire. La haine. Avec le même esprit d'entreprise qui a fait trop longtemps la fierté de cette région. Pardon, de cet empire de richissimes abominablement tyrannisé par les pauvres.

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Anéantir. Ce dernier roman de M. Houellebecq se déroule en 2027 et Bruno Juge est pressenti pour succéder au président sortant. Bruno Juge a réussi à redresser l’économie française en s’asseyant « sur les réglementations de libre concurrence européennes, que ce soit pour l’attribution des marchés publics ou pour l’instauration de droits de douane quand ça l’arrangeait, sur les produits pour lesquels ça l’arrangeait, il s’était en cela comme en tout, et depuis le début, comporté en pragmatique pur, laissant au président le soin de déminer, de réaffirmer chaque fois que possible son attachement à l’Europe, et de tendre ses lèvres à toutes les joues de chancelières allemandes que le destin lui donnerait à baiser. » Houellebecq ajoute : « C’était sexuel, quand même, entre la France et l’Allemagne, c’était bizarrement sexuel, et depuis pas mal de temps » ; certains esprits mal placés repenseront à Brasillach, en 1944 : « Les Français de quelque réflexion, durant ces années, auront plus ou moins couché avec l’Allemagne, non sans querelle, et le souvenir leur en restera doux ».

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Les braves gens, ça n'existe pas ; les pauvres crétins, oui, ça surabonde. On devrait interdire de donner leur sentiment sur les affaires publiques, à quelque titre que ce soit, à tous les ahuris n'éprouvant pas d'emblée une saine méfiance et un parfait mépris envers tous les discours des menteurs et crapules au pouvoir, quels qu’ils soient, dans la mesure où le berger politique ne veut jamais le bien du bétail électoral qu'il exploite. La consultation occasionnelle des médias ne devrait avoir qu'une justification : non pas s'informer, non pas reprendre les avis du clergé demi-intellectuel, mais relever les mensonges grotesques de chaque jour avant d'en ricaner. Si la lecture des nouvelles est la prière de l'imbécile contemporain, l'athéisme s'impose.

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OTAN piège à continents ! L’Espagne ou plutôt ce qu'on appelle son identité culturelle, géographiquement, son territoire subsistera quoi qu’il arrive, est souvent considérée comme en péril de fractionnement par certains alarmistes. Combien de forces idéologiques l’assaillent ? J’en discernerait deux principales : celle des forces suprématistes périphériques et celle de l’américanisation. La première, redoutée pour des causes politiques, tendrait à terme sinon à une totale séparation du moins à une forme d’« indépendance économique » à son avantage. La seconde, plus insidieuse, moins immédiatement visible, provient de la colonisation des esprits et n’en est que plus redoutable. L’acceptation progressive de l’ultra-libéralisme, du politiquement correct et de son avatar wokiste, de l’abolition illusoire des frontières et de tout souverainisme, du véganisme militant basé sur le refus de toute forme d’utilisation des animaux, du multiculturalisme, du communautarisme, du féminisme rabique, de l’antispécisme, de la négation des deux sexes et leur remplacement par une multiplicité des genres et autres fantaisies socialement mortifères venues d’Outre-Atlantique conduit à une déconstruction progressive de toute identité culturelle traditionnellement nationale. Et, paradoxalement, c'est la seconde qui favorise la première. Malgré les contradictions bien signalées : désir d'abolition universelle (?) des frontières, mais ouverture d’autres frontières capricieuses plus faciles à contrôler ; Maître Aliboron-Iglesias invitait ses ouailles, dans ses heures de gloire télévisuelle, à chevaucher les contradictions du système. Parfait. Mais comment chevaucher tout type de chevaux à toutes les allures : le multiculturalisme, le communautarisme, le relativisme à outrance, le wokisme omniprésent, l’identité nationale existante, le souverainisme suprématiste des nations sans état, les vieux états-nation, l’indépendance et le socialisme, illusoires, l’ultra-libéralisme, bien tangible … ? Il paraît évident également que les civilisations s'écroulent à cause de leur affaiblissement interne. Les nouveaux maîtres ne font que venir s'installer dans leurs ruines. C'est pourquoi je pense qu'il faudrait s'attaquer prioritairement à la maladie culturelle de nos sociétés et non seulement à ses symptômes politiques si préoccupants qu'ils soient. Avec ça, pourrait-on compter sur une force d’opposition européenne ? A mes yeux, cette force est accessoire. L'Allemagne, comme la France, et peut-être même davantage après ses amères défaites du vingtième siècle, est rongée par la lèpre idéologique venue des USA qui a contaminé l'ensemble de l’Occident. Les choses importantes se passent en Chine et en Inde. Et la Russie n’a pas l’air de se laisser faire facilement.

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Mémoire démocratique. L’hiver et la guerre passaient ensemble à travers la fenêtre. Dépouillés de tout, dans le froid de la nuit et dans le froid de leur vie, plutôt que de réciter le chapelet, il semblait que ces hommes montraient à Dieu leur misère, dans la douce lumière de la foi, et qu’ils s’humiliaient devant ses desseins. À travers les rideaux de la porte, filtrait juste la clarté nécessaire pour laisser paraître les faisceaux des prières et découper la ligne sobre de la croix sur le mur blanc ; et de ce fait, leur âme pouvait inonder leurs visages si ouvertement que, lorsqu’ils relevaient la tête, il y avait en chacun d’eux une sorte de gêne honteuse qui les incitait à ne pas se regarder, comme si la nudité souffrante de leurs pensées pouvait être devinée sur leurs visages. Comme s’ils y gardaient encore, dans leur pâleur et dans leurs rides, quelque chose de la ferveur de leurs prières. (Traduction personnelle)

Wenceslao Fernández Flórez, Una isla en el mar rojo

 

 

 

 

 

 

 

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