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vendredi 27 août 2021

Qui embrasse la brume agit comme un fou (Angelus Silesius)

 


Fin août 2021. Revu trois versions de Ben-Hur : la première, classique, le Ben-Hur de William Wyler, une seconde réalisée par Miklós Rózsa et la dernière, plus récente, celle de Bekmanbetov ; reçus des ebooks des théologiens Urs Von Balthasar, Henri de Lubac et le protestant Rudolf Bultmann avec ses thèses qui remettent en cause les miracles de Jésus et les considèrent comme des symboles ou des mythes ; feuilleté plusieurs PDF d’un inclassable Teilhard de Chardin ; un arrière-goût d’injustice après la lecture amusée des « mémoires jamais écrites » de J. Marsé avec ses commentaires ravageurs à propos de ce pauvre J. M. De Prada, qui n’est pas ma tasse de thé, mais enfin… Il y a quelques années, un roman de ce monsieur De Prada, Las máscaras del héroe, m’avait légèrement déçu mais plus tard, poussé par ses articles pleins de références aux philosophes Jacques Maritain et Jean Guitton (copieusement conspués dans nos années jeunes) ou à des réflexions sur Bernanos (étudié à fond, loin des sentiers battus, par Juan Asensio) et Mauriac (lisez aussi vite que vous le pourrez l’indépassable Jacques Laurent : Mauriac sous De Gaulle) je me suis décidé à consulter à
plusieurs reprises le classique de Charles Moeller, Littérature du XXe siècle et christianisme. J’ai récupéré également, avant notre prochain retour à Bordeaux, le film Risen (Kevin Reynolds, 2016), dans lequel Clavius, le centurion romain est chargé d'exécuter Jésus et de garder le tombeau. Après la disparition du cadavre, il entame une enquête à la demande de Pilate qui l'amène à découvrir Jésus dans une pièce, entouré de ses disciples et leur montrant les plaies de la crucifixion. Clavius, profondément impressionné par ce qu'il vient de voir, abandonne tout et devient disciple du Christ mais n’accompagne pas les apôtres qui se préparent à répandre la Bonne Nouvelle dans le monde entier. Il entame un voyage mystérieux et solitaire - fin du film – ignorant où il le mènera. L'homme d'Europe occidentale du XXIe siècle ne semble plus destiné à accepter la rencontre avec le Christ que si elle se déroule dans des conditions exceptionnelles, comme celles de Clavius dans le film. La rencontre inattendue avec le Christ, la foi en Lui, semblent impossibles pour l'homme occidental contemporain, collé à son portable, à ses logiciels, à ses séries Netflix. Tiens, Netflix ! Quand on parle du loup … on en voit une multinationale américaine en principe totalement réfractaire à tout message religieux d'apparence traditionnelle qui a lancé une série comme comme Messiah (2020). Dans cette fiction, un personnage mystérieux d'origine inconnue, Al-Massih, apparaît soudainement au Moyen-Orient et gagne en notoriété pour une série de miracles apparents qu'il a accomplis et pour sa capacité à attirer les foules, ce qui attire l'attention et l'inquiétude du Mossad et de la CIA. La série a beau avoir été reçue de manière ironique et presque humoristique par certains critiques (Al-Messih apparaît en fouteur de bordel comme tout Messie qui se respecte, à l’œcuménisme purement vestimentaire genre survêtements Nike ou Adidas), elle a néanmoins produit un effet étonnant sur une partie non négligeable du public. Des gens presque exclusivement non-croyants, lecteurs et cinéphiles, d'un niveau culturel élevé reconnaissent qu'une série ou un film ne les avait pas impressionnés de la sorte depuis très longtemps. Netflix a décidé en mars 2020 de l'annuler et de ne pas lui donner la continuité attendue, invoquant des données d'audience insuffisantes, des difficultés de tournage de toute sorte, y compris sanitaires liées au Covid19 pour justifier sa décision. Comme quoi, les rumeurs selon lesquelles ce film serait islamophobe ont suffi pour arrêter des investissements considérables, prévus et annoncés. Pourtant, il ne faut pas un génie de la déduction pour se rendre compte que cette multinationale, qui a investi dans des deuxième et troisième saisons de séries bien moins prometteuses d’une idéologie complètement mondialiste et anti-religieuse, n'a pas voulu soutenir un projet éventuellement favorable au mystère d’une foi historiquement hostile, tout comme son adversaire islamique, à l'avènement de la mondialisation anglo-saxonne (langue anglaise partout dans le monde et soumission économique aux USA) et, par là même, source intarissable de conflits.



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