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mardi 29 juillet 2014

Des leurres et des hameçons...

" L'anglais, vecteur du libéralisme économique et de la mondialisation, langue de la puissance dominante et du principal théâtre des innovations technologiques et sociales contemporaines, est perçu comme la langue de la modernité. Dans une société où le nivellement dans les faits n'a pas fait disparaître les hiérarchies ni les classifications dans les esprits, où la demande d’égalité renforce le besoin de se distinguer symboliquement, employer cette langue ou, du moins, émailler sa conversation de mots qui lui sont ostensiblement empruntés, c'est s'accaparer cette modernité, pour pratiquer " l'entre soi ", se différencier des " autres ", de ceux qui n'appartiennent pas aux mêmes groupes professionnels ni au même milieu social, qui eux parlent la langue nationale, dont l'École en deux siècles a fait la langue de tous. Pour le cadre débutant ou le jeune dialoguant sur les réseaux sociaux, il s'agit là d'une façon de s'éloigner du " commun ", beaucoup plus accessible, évidemment, que celle qui consisterait à s'exprimer, comme continuent de le faire les élites administratives, en " français soutenu " ; et peut-être aussi, pour ceux que le système scolaire a méconnus et humiliés, avec ses perpétuels classements et notations, une manière de prendre leurs distances, de régler confusément quelques comptes... "
Daniel Gouadain, Le leurre du laissez faire

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