« Comment avons-nous pu tomber si bas ? Honte à nous d’avoir élu de tels pitres qui nous gouvernent ! » J. L. Mélenchon, 1er mai 2025
Allocution vibrante, entendue ce 1er Mai. À ce sujet, il faut dire que la tentation est trop forte de l'appliquer littéralement dans notre pays. Le problème, ici en Espagne, n’est pas tant son système politique décentralisé que la valeur des hommes qui sont à sa tête. La démocratie, la république, la monarchie ou l’empire, quel que soit le système politique, n’ont de valeur que celle des hommes qui le dirigent. Quel que soit le système politique, les intentions originelles de ceux qui l’ont créé, ou sa valeur intrinsèque, il devient néfaste au plus grand nombre dès lors que ses rouages sont confisqués par des nullités nuisibles qui placent leur intérêt particulier avant l’intérêt général. Pour être viable, une société doit être organisée pour que le plus grand nombre puisse bénéficier de ses bienfaits. Dès lors que les institutions de cette société sont dévoyées et deviennent un instrument de domination et de pillage au profit d’une minorité, ses jours sont comptés. Seul la création de plus-value pour le plus grand nombre est pérenne, cas de la Chine, par exemple. La réussite des Chinois vient, entre autres, du fait de leur capacité à mettre les plus compétents, membres du Parti ou pas, dans les domaines sensibles. Le pillage de la main de l'incompétence, ne peuvent être qu’entropiques et destructeurs. La monarchie constitutionnelle, dès lors qu’elle est contrôlée par les même pillards, ne saurait produire une société solide sur le long terme, pas plus que la dictature du prolétariat, sous le contrôle de brigands de la même espèce, n’a pu produire une société viable en U.R.S.S. Une théocratie, de même, ne sera pas durable, même si elle se réclame d’inspiration divine, dès lors que ses rouages sont aux mains de parasites immoraux. Cette constatation faite, peu importe le système politique ; une idéologie se révèle être avant tout n’être guère plus qu’un clip publicitaire essayant de vendre n’importe quoi au plus grand nombre, pour le profit de quelques-uns. C’est la malédiction du troupeau, de toujours vouloir faire confiance à un berger qui prétend que lui seul connait la prairie où l’herbe est plus verte, et que pour en bénéficier, il faut le suivre lui plutôt qu’un autre. On se pose la question : pourquoi tout part en couille dans notre foutu pays ? On s'étonne que les malheurs s'abattent sur nous en chaîne mais on se laisse faire sans réagir. Brassens chantait Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con et c’est vraiment dramatique d’être tyrannisé par la connerie. Et la corruption rampante. Quand on voit qu’on défend l’indéfendable, qu’on excuse l’inexcusable, qu’on accepte l’inacceptable. Autant dire qu’il s’agit, pour être juste résilient compatible, d’adopter toutes les modalités, les postures, les narratifs du suicide collectif, autrement dit de se transformer en zombie. Visiblement, ce que le professeur Adrián Zelaia appelle « élite corporatiste », ne peut plus se permettre, si elle veut perdurer, d’embarquer quoi que ce soit d’autre comme larbin que ce pitoyable Sanchez, petit jouet de Klaus Schwab et G. Soros, comme Macron et Trudeau, arborant fièrement sur sa veste le pins de l’agenda 2030. À échelle mondiale, les guerres vont continuer parce qu’elles relancent une certaine industrie des armes, mais en dehors de l’Occident, comme en Ukraine par exemple, à la périphérie des vieilles ex-nations. Mais la guerre qui a commencé parmi nous et qui nous dévaste, est une guerre intérieure. Elle est basée sur le chaos social, la guerre horizontale du tous contre tous. Elle permet de consommer la colère populaire, d’entretenir les haines mutuelles en épargnant le haut du système.
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Nouvelle de la disparition d’un collègue, vaguement fréquenté il y a longtemps. D’autres ont passé l’arme à gauche l’année dernière. Avec chaque disparition, c’est un peu du propre passé qui meurt aussi. Je ne l’ai pas tellement connu, celui-ci, comme tant d’autres, mais je vois passer moins loin cette faucheuse qui, dans un zèle implacable, se plaît autour de nous, à envoyer aux ténèbres tout ce qui bouge et à faire un vide de plus en plus grand autour de nous. Nous savons ce qui nous attend, mais nous continuons à nous lever chaque matin, à préparer notre journée comme si quelque chose d’extraordinaire nous attendait au coin de la rue. Nous sommes encore naïfs de croire que nous pouvons encore connaître des moments heureux. C’est justement cette ivresse malgré notre déchéance irrémédiable qui rend notre vie si supportable. La mort nous attend, et nous nous apprêtons à rencontrer l'amour, et le bonheur et la fortune. En réalité, nous ne vivons que de miracle en miracle.
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Aujourd'hui, je ne rêve que de deux, trois choses : lire un peu, écrire quelques lignes, à propos des événements survenus chaque jour et qui suscitent mon intérêt, à mon minuscule niveau, comme qui cultiverait un jardin, et m'y rendre chaque matin. Une occupation par laquelle j’exprime mes réactions devant les dégouts de la vie.
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Correspondance numérique. À présent institutions, entreprises et beaucoup de particuliers n'adressent pas de lettres qui soient radicalement différentes les unes des autres, quel qu'en soit le destinataire. Toujours une même lettre dans laquelle on ne change que quelques mots clé, qu'il est possible d'adresser à plusieurs personnes sans que la singularité du message en soit affectée. La correspondance manuscrite ne permettait pas ce type de « traitement de texte » que l'informatique facilite pour plusieurs raisons, dont une n'est pas glorieuse : gagner du temps sans se donner de la peine pour communiquer avec leurs destinataires.
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Les jasmins s'obstinent à fleurir dans notre jardin, année après année. Il
y a deux ans, j’en prenais un bouquet bien odorant pour Rosa, à l’hôpital. Il
répandait dans sa chambre une odeur intense de fraîcheur et un parfum « comme
à la maison ». Ce
n'est pas évident à comprendre, pour moi, le retour ponctuel des jasmins qui reviennent juste
au moment où le souvenir se rapporte à une réalité douloureuse passée. La contemplation de ce retour pourrait me pousser
au silence, à ne pas le consigner comme un ingénu qui croit sa vie intéressante,
mais je m'empresse de le noter, et je crois même déceler quelque chose comme un
signe ou une révélation dans ce qui n'est qu'une manifestation normale de la nature
et du temps. Ils sont jetés là, ces jasmins, comme ils le sont ailleurs au mois
d'avril, mais par leur beauté, la gratitude que je ressens à leur égard, leur
présence et surtout leur retour cyclique, je les prends comme un don mystérieux
que quelqu'un ou quelque chose me fait.
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Les régimes étatisés qui, sous le nom de « socialistes » ou « communistes », ont vu le jour en URSS, dans les pays de l’est de l’Europe, à Cuba, etc., n’ont été que des formes particulièrement violentes d’une tendance universelle au capitalisme d’État, propre à la période à la totale domination de la valeur. Toutes les fractions de la classe capitaliste mondiale sont également réactionnaires. Tous les soi-disant partis « ouvriers », « socialistes », « communistes », les débris lénino-stalinistes aujourd’hui, les organisations gauchistes, trotskistes, maoïstes et ex-maoïstes, anarchistes officiels, constituent simplement la gauche de l’appareil politique du Capital. Lénine, en parfait flic capitaliste étatique financé par la banque internationale, a donc rempli son rôle de grand massacreur du prolétariat ouvrier et paysan, à Kronstadt et partout ailleurs, pour permettre le triomphe de la marchandise mondiale. La Chine, par son système de gouvernance, au-delà du fait qu'elle a permis à sa population d'améliorer considérablement son niveau de vie, constitue un cas à part.
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Conflit Inde-Pakistan. Un moyen couramment utilisé par les anglo-saxons
pour détruire un pays et y imposer leur domination, est d’y fomenter une guerre
civile ou une guerre avec un voisin, puis d’envoyer des forces pour y
« maintenir la paix », c’est-à-dire s’établir par la force sans
aucune légitimité et y placer un gouvernement fantoche, mais en faisant passer
cette agression pour un acte hautement moral, humaniste et démocratique. La
conquête de l’Inde par l’armée privée de la Compagnie des Indes a fonctionné
selon ce principe-là, en jouant hindous contre musulmans et musulmans contre
musulmans. C’est aussi comme ça qu’ont été créés les 38 états supplémentaires
des Etats-Unis en plus des 12 originaux. Plus récemment, on se rappellera de la
guerre hispano-américaine, qui permit aux USA de coloniser Haïti, une partie de
Cuba et les Philippines. Encore plus proche de nous : la guerre au Liban,
en ex-Yougoslavie, l'Irak tombant dans le piège d'envahir le Koweït, 2e guerre d’Irak, Lybie, Syrie,
Palestine, etc. Le gouvernement Indien fait tout ce qu’il peut pour tenter de
maintenir viable une société multiculturelle, multi-religieuse, multi-ethnique.
Il y a là-bas une forte propagande gouvernementale pour le « vivre
ensemble ». Mais les heurts ethnico-religieux font partie de l’histoire
indienne depuis tellement longtemps, que ce n’est pas près de cesser. Et bien
sûr, il y a toujours une tierce partie pour jeter de l’huile sur le feu et en
tirer bénéfice. Toute guerre qui viendrait affaiblir l’Inde et augmenter la
détestation des musulmans, serait du pain béni pour le mondialisme, le
sionisme, la finance et les marchands d’armes.
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Quand le peuple vote mal, en France, en 2005 sur la Constitution européenne,
lors des présidentielles au Venezuela et en Roumanie, en 2024, on triche ou on
annule carrément les élections, et cela grâce à la triche de masse et aux
merveilles du vote électronique.
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« Depuis le commencement du monde, le mouton qui bêle est égorgé. De bêler n'a jamais sauvé un seul mouton. » Louis- Ferdinand Céline, L’école des cadavres
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CV en raccourci. Né en 1953, sans être consulté par qui que ce soit. Longue période, ensuite, de soixante-dix ans et quelques mois pour s'interdire, autant que possible, de se rendre inutile à la société et nuisible à ses voisins. Chance immense d’être entouré d’une femme admirable, d’une toute petite famille bien soudée et de quelques amis et connaissances, plutôt indifférents, comme il se doit.
Douloureusement clarifiant! Comme toujours. Merci bien, cher ami!
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