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lundi 15 juin 2020

Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace !


Cher lecteur fortuit ou assidu, j’ai le regret de t’informer qu’une grande majorité de nos dirigeants politiques n’a pas, hélas, le gaz à tous les étages. Ajoute à cela que le torrent médiatique quotidien charrie peu de pépites et tu auras de quoi être triste encore pour un bon bout de temps … 
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Monsieur,
Nous complimentons le peuple américain à l'occasion de votre réélection, à une forte majorité. Si la résistance au pouvoir des esclavagistes a été le mot d'ordre modéré de votre première élection, le cri de guerre triomphal de votre réélection est : mort à l'esclavage ! Depuis le début de la lutte titanesque que mène l'Amérique, les ouvriers d'Europe sentent instinctivement que le sort de leur classe dépend de la bannière étoilée. La lutte pour les territoires qui inaugura la terrible épopée, ne devait-elle pas décider si la terre vierge de zones immenses devait être fécondée par le travail de l'émigrant, ou souillée par le fouet du gardien d'esclaves ? Lorsque l'oligarchie des trois cent mille esclavagistes osa, pour la première fois dans les annales du monde, inscrire le mot esclavage sur le drapeau de la rébellion armée; lorsque à l'endroit même où, un siècle plus tôt, l'idée d'une grande république démocratique naquit en même temps que la première déclaration des droits de l'homme qui ensemble donnèrent la première impulsion à la révolution européenne du XVIII° siècle - lorsque à cet endroit la contre-révolution se glorifia, avec une violence systématique, de renverser « les idées dominantes de l'époque de formation de la vieille Constitution » et présenta « l'esclavage comme une institution bénéfique, voire comme la seule solution au grand problème des rapports, entre travail et capital », en proclamant cyniquement que le droit de propriété sur l'homme représentait la pierre angulaire de l'édifice nouveau - alors les classes ouvrières d'Europe comprirent aussitôt, et avant même que l'adhésion fanatique des classes supérieures à la cause des confédérés ne les en eût prévenues, que la rébellion des esclavagistes sonnait le tocsin pour une croisade générale de la propriété contre le travail et que, pour les hommes du travail, le combat de géant livré outre-Atlantique ne mettait pas seulement en jeu leurs espérances en l'avenir, mais encore leurs conquêtes passées. C'est pourquoi, ils supportèrent toujours avec patience les souffrances que leur imposa la crise du coton et s'opposèrent avec vigueur à l'intervention en faveur de l'esclavagisme que préparaient les classes supérieures et « cultivées », et un peu partout en Europe contribuèrent de leur sang à la bonne cause. Tant que les travailleurs, le véritable pouvoir politique du Nord permirent à l'esclavage de souiller leur propre République; tant qu'ils se glorifièrent de jouir - par rapport aux Noirs qui, avaient un maître et étaient vendus sans être consultés - du privilège d'être libres de se vendre eux-mêmes et de choisir leur patron, ils furent incapables de combattre pour la véritable émancipation du travail ou d'appuyer la lutte émancipatrice de leurs frères européens. Les ouvriers d'Europe sont persuadés que si la guerre d'Indépendance américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes bourgeoises, la guerre antie-sclavagiste américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes ouvrières. Elles considèrent comme l'annonce de l'ère nouvelle que le sort ait désigné Abraham Lincoln, l'énergique et courageux fils de la classe travailleuse, pour conduire son pays dans la lutte sans égale pour l'affranchissement d'une race enchaînée et pour la reconstruction d'un monde social.
Signé au nom de l'Association internationale des travailleurs par le Conseil central.
































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Que les nations disparaissent dans l'indifférence générale, que ce que furent les pays de ma jeunesse (France/Espagne) ne soient plus qu'un souvenir de plus en plus flou, que tout ce que j'aime s'étiole sans que je ne puisse rien y faire, que beaucoup trop de mes concitoyens soient devenus de parfaits étrangers pour moi, que tous ceux qui prétendent parler au nom de l’Espagne ou de la France me soulèvent le cœur à leur simple vue sur les écrans, j'arrive à le supporter, sinon à l'accepter. Après tout c’est le triste sort de ceux que l’arrogance médiatique considère des anonymes. Mais que chaque jour des imposteurs, des abrutis et des ordures nous salissent, crachent sur nos morts et nous donnent des leçons de morale je ne m'y ferai jamais … 
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Vice-Machin, second couteau du gouvernement de coalition de Monsieur Trucmuche, alias Costumevide. Progressiste. De gauche. Fier comme Artaban d’un papa sans intérêt, adhérent insignifiant d’une louche organisation marginale, panacée maoïste des malheurs universels, montée de toutes pièces par des gens louches et d’obscures officines dans le cadre confus des derniers sauve-qui-peut du franquisme mourant… mais hélas toute fière retrospectivement, cette bâtarde, d’exhiber à son palmarès le massacre – rivalisant en sordidité aberrante – de cinq policiers. Le fait qu’une personne soit arrachée à la vie par la décision arbitraire, meurtrière et sanglante de quelques misérables sera toujours pour moi une absurdité. Retour des vieux discours haineux (retour des vieilles ordures) oblige… Ce que Murray Bookchin (El anarquismo en la sociedad de consumo, Kairós) appelle « les vieilles pourritures des années trente ». Il est impossible de me sortir de la tête cette pensée terrible d’Herbert Marcuse (Éros et civilisation) : « … même l'avènement ultime de la liberté ne peut racheter ceux qui meurent dans la douleur ». Comment ne pas être d’accord avec les frères Vaïner sur l’importance des « deux lois fondamentales de notre existence : la loi du Mensonge Généralisé - développé par l’Absurde - et la loi de la Conservation la Haine ? : « Personne n’a contesté jusque-là le principe de la conservation de l’énergie. L’énergie de la lumière, de la chaleur, de l’électricité ne disparaît pas, elle ne fait que changer de forme. Où est-elle passée, alors, l’incalculable énergie de la douleur, de la peur, de la honte de millions de victimes ? Disparue ? Envolée ? Ensevelie ? Et pourtant, ne demeure-t-elle pas en sa quantité ? N’est-elle pas éternelle ? Indestructible ?
Elle s’est transformée. On ne peut pas la mesurer en watts, en joules, en lux. Elle s’est dissoute dans les hommes. L’énergie sans limite du mal et de la haine. Personne n’est capable de calculer ses réserves, elle n’est pas programmable par les ordinateurs, et comment, d’ailleurs, une calculatrice pourrait-elle donner la formule de la haute mathématique de la souffrance, qui nécessiterait de multiplier les dizaines d’années par les millions de morts, d’ajouter les millions de victimes, de diviser par la rage impuissante, d’élever au cube de l’épouvante permanente, intégrer depuis le paysan analphabète ruiné jusqu’à l’académicien exécuté, le tout au carré de la misère perpétuelle, moins tous les droits et possibilités ; puis extraire la racine du sens de la vie, différencier l’humiliation, l’obéissance, la résignation, diviser encore une fois par la gueule de bois universelle, tirer la constante des milliards de larmes versées pour présenter le peuple sous forme de rangs logarithmiques marchant au pas dans les tableaux absurdes des statistiques ? La haute mathématique de la souffrance. L’énergie inhumaine de la haine. Ses flammes terribles et meurtrières encore sous le boisseau. Des fumerolles s’en échappent déjà sous la forme des querelles furieuses dans l’autobus, des chamailleries hystériques dans les queues, des intrigues de bureau, lugubres et ineptes, de l’aigreur généralisée et de la fatigue, de l’hostilité infondée et mystérieuse à soi- même pour tous les autres peuples, des expressions de soucis, de suspicion et de dépit ne quittant jamais les visages. Les gens sont éreintés par l’énergie de la haine dissoute en eux, son fardeau pesant les a privés de toute force. Inconsciemment, ils espèrent s’en débarrasser. C’est ainsi qu’un jour elle jaillira, la flamme de cette haine, elle éclipsera le soleil de ses furieuses langues de feu. La haine viendra, baignée de sang, se jettera sur les gens en hurlant. L’histoire de la cruauté humaine s’éclipsera, car l’énergie de la haine ne revêt pas d’autres formes avant d’avoir tout brûlé sur son passage. Le lieu où habitera cette énergie insoupçonnée sera un désert. La fin du monde. C’est à cela que ressemblera Armageddon, probablement. » 
Et c’est cette grande épouvante devant la destruction universelle qui donne la force et la détermination suffisantes pour devenir un enragé.
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Michel Onfray vient de sortir une plateforme mixte (mook) "magazine" + "book". Qui est à l’origine de diverses éruptions urticaires : Jean-Pierre Chevènement, Éric Raoult et Philippe de Villiers apparaissent dans l'épigraphe "collaborateurs" ! ... Ce n’est pas une mince affaire. Chaque jour, davantage de pages chez Big recenseur-censeur des médias classent cette formule sous l’étiquette de feuille d’"extrême droite", une de plus. Tout comme ses lecteurs. Certaines critiques du personnage et de son œuvre répondent à des critères sérieux. D’autres préfèrent se reposer confortablement dans l'exagération ou dans la disqualification simpliste. Surtout, quand les critiques ne s’attaquent qu’à la personne. Pour ce qui est de son travail, c’en est tout autre chose : il faut lire, comprendre et raisonner avant de pousser des gémissements ou de se contenter de braire. D'autres ne méritent même pas le temps qu’on perdrait à essayer de les réfuter. C’est fou, ce que compliquent les choses ces "contextes" qui changent tout le temps ! Certaines personnes tentent de mettre en parallèle le Front national (mouvement patriotique créé par le PCF en 1941) et le Rassemblement national (d'aujourd'hui, récemment Front national) poussant la comparaison, sans proportion garder, bien sûr, avec ce Front populaire de Onfray et le vieux Front populaire (gouvernement de coalition en France de 1936 à 1938). Le fait que près d'un quart de l'électorat français confie son suffrage à l'extrême droite qui se revendique comme telle ne semble pas inquiéter ceux qui s'opposent farouchement au traitement des causes qui poussent cet électorat à choisir cette option ... Je laisse ici le lien pour les curieux qui pourraient être intéressés. Ce qui s'est passé avant la pandémie avec les Gilets Jaunes semble déjà vieux et pas grand-chose. 
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Je ne défends aucune paroisse, tout particulièrement celles qui ont plus à voir au domaine souvent parasitaire de la politique dans lequel, comme chacun sait, pendant que certains agissent d'autres sont payés à chercher comment le mieux s'astiquer la nouille pour légitimer leurs revenus… 
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Humberto Quino Márquez : «La mémoire, cette meute qui nous attaque la nuit, me fait mal et me brûle. Et nous savons que la mort est la seule vérité. » 
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Fatigué de toutes les conneries qu’on lit sur les réseaux sociaux, fatigué de tous ces (pourtant) bons amis qui brusquement deviennent experts médicaux ! Fatigué des polémiques genre pour ou contre Raoult ! Fatigué des donneurs de leçon, qui expliquent comment il aurait fallu faire et qui refont l’histoire ! Bref fatigué de la connerie ambiante qu’engendre la peur ! Donc j’écoute, je lis les comptes rendus quotidiens et surtout, à chaque info, vais faire un tour sur les sites de vérification des infos ! 

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Valeur étymologique du mot "érudition" : ex - ruditio > sortie de la barbarie. 

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Ce qui frappe, dans les propos des spécialistes ou des techniciens de l’Éducation ou journalistes, c’est qu’on ne trouve jamais mis en cause le manque de volonté, d’effort, de violence sur soi-même, des uns et des autres : tout doit être fait dans le plaisir et la bienveillance, dans l’esprit du surfeur qui glisse sur la vague hédoniste et fraternitaire qui submerge tout. 

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« Un ennemi, c'est quelqu'un qui ne vous connaît pas et qui vous déteste quand même. » Hervé Lauwick 
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Y'a les bonnes minorités, et y'a les mauvaises ; celles qui tirent et s'en tirent, et celles sur lesquelles on tire. Surtout quand toutes les bonnes minorités, unies dans les mêmes sentiments d'amour, de tolérance et de paix, forment une majorité. 
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Il faut absolument éviter toute promiscuité virtuelle, surtout avec les peigne-culs qui se trimballent un peu partout sur toutes les chaînes télé et se déchaînent sur tous les réseaux sociaux ! 

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Gouvernement (espagnol) démission ?! Dans le cas où il y aurait des élections, quel que fût le score et le nombre de députés de leur formation, Maigrichon Queue-de-cheval, Madame et Couthon siègeraient toujours au prochain gouvernement. Les sociaux-démocrates espinguoins entre les mains du beau Grande-Gueule-de-baudet constitueraient toujours des alliances biscornues style carpe et lapin, juste pour cisailler les pattes à « la droite ». Les lois électorales étant conçues – contrairement au système français à double tour – pour mettre des obstacles aux formations les plus votées sans majorité absolue, il apparaît plus clairement que jamais que les partis qui pensent comme la plupart des braves gens n’arriveront au gouvernement. Le pouvoir est tout autre chose …
 
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Questionnaire du confinement 
Qu’est-ce qui vous manque le plus dans ce confinement ? 
Quelque chose de positif dans cette période ? 
La boisson du confinement ? 
C’est comment le télétravail ? 
La chanson du confinement ? 
La série du confinement ? 
Votre coupe de cheveux ? 
Le livre du confinement ? 
Des stocks de bouffe ? 
Des symptômes du Coronavirus ? 
Surinformé ou sous-informé sur l’épidémie ? 
Optimiste ou pessimiste ? 
Une citation pour illustrer la pandémie ? 
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Je n'ai pas la discipline de travailler chaque jour aux textes du blog. Je manque du désir de m'absorber dans une tâche, dans un sujet. J'ai le désir inverse, celui de faire changer de direction mon attention, d'où la multitude d’idées, d’aphorismes, de notes éparses, de trucs. Quelle impression intense d'une occupation inutile ! Premières courses depuis le déconfinement. Des gens plus heureux, plus détendus, mais pas plus nombreux. Très bonnes cerises ! 
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La notion de « réussite ensemble » appartient à cette sphère communautariste puante où on trouve des concepts comme « l’intérêt général », « le bien commun », « la société », « le public », « le groupe » … Toutes, entités dépourvues du moindre référent, tous, épouvantails dont les preuves d'existence relèvent de l'adhésion mystique, au même titre que les égrégores ou les ectoplasmes. Personne n'ayant jamais vu l'intérêt général ou le bien commun il faut donc que leur présence dans les discours relève de phénomènes analogues aux hallucinations collectives. « Nous en sommes sortis plus forts ! » affirme solennellement le discours débile de Très-beau Gueule-de-baudet qui fait semblant de gouverner en Lapinoland, comme si la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes était une chance pour les survivants ! 
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L’Espagne est devenue un sinistre conglomérat opaque et poisseux, un puant tas de fumier sous le charlatanisme des docteurs Pandémie (Diafoirus) et Podémie (son fils Thomas). 
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Nous sommes devenus des moutons, nous avons peur du loup qui n'existe plus alors que c'est le berger qui nous emmène à l'abattoir. 
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Masque ou pas masque, je me remets à baratiner les caissières : j'ai conservé tous mes vices d’avant le confinement ! 
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« Quand vous avez dix-sept ans, vous tombez sur Céline, ou bien vous êtes voué à demeurer toujours un grand niais qui ne ressent rien, ou bien vous vous retrouvez secoué de fond en comble. Tous les autres, c’étaient des « pfut-gens-de-lettres », lui c’était vrai, c’était plein, solide, au fond du gouffre, mais ferme. Après lui, autour de lui, il n’y avait rien. Et Sartre même dans "La Nausée", pourtant bien nourrie de Céline, n’apparaissait que comme un petit prof académique. […] Céline n’est pas triste. Son comique est irrésistible. C’était enfin l’écrivain que rien n’arrête. L’individualisme poétisé au possible, opprimé certes, mais se posant en frêle héros, face à tous les collectivismes y compris le « standarisationnisme » capitaliste. Je dis que, depuis 1950, personne n’échappe à Céline. Je parle des écrivains et pas des écrits-vains. » (Jean-Claude Albert-Weil, Antaios n° 13, « Figures et Éveilleurs », Bruxelles, 1998). 
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Je ne pense pas que quiconque doué d’un discernement suffisant puisse, à la lumière des données disponibles en 2020, se déclarer communiste et prendre à son propre compte l'idéologie la plus criminelle, répressive et génératrice de misère que l'histoire de l'humanité ait subie, bien au-dessus de toute autre. Il y a encore du baba cool branché flottant dans le brouillard de l'ignorance, souvent subventionnée, flanqué de la caste inqualifiable de petits artistes de seconde zone, sans oublier des fielleux soi-disant intellectuels, quelques déchets « universitaires » et des individus purement sauvages, primitifs, invariablement troublés par l’absence d’affliction des gens, avec une vocation en germe de bourreau, perfectionnée, pluriséculaire et trop souvent héréditaire. L’effondrement de l'URSS, règne du pompeux socialisme réel, non pas à cause de l'effort de l'ennemi mais sous les effets dévastateurs du tsunami provoqué par l’éruption du volcan de son propre caca, n'a pas suffi à décourager les fidèles de la secte. Trente ans déjà ! Le lent réveil européen constitue une réalité inconnue pour cette gauche des nantis au portefeuille bien replet. Lorsque la chute du mur de Berlin ouvrait le rideau sur le drame et la réalité criminelle de ces régimes, des crimes horribles, du racket mafieux, des enlèvements et j’en passe continuaient de plus belle en Espagne. Forfaits presque toujours impunis, trop souvent sans une réponse ferme du corps social, en tout cas, loin des unanimités curieusement majoritaires quand les tragédies sont loin. Quand ça nous arrange, il est préférable d’ignorer ce qui arrive au nez et à la barbe de chacun, de se mettre dignement à défendre les droits inaliénables des inconnus éloignés, de déverser sans complexe la poubelle puante de nos idées … au prix d’étouffer la vie d'autrui juste à côté de nous. Ça peut aller de l’idiotie totale au crime le plus abject. Si, au lieu de trouver un solide mur de rejet – qui ne s'effondrerait pas, comme l'autre – vous avez pour vous la compréhension du public, les applaudissements de vos proches et amis, des subventions publiques, que voulez-vous de plus ? Tant pis pour ceux qui conçoivent la vie en société comme un effort partagé dans l’intérêt commun ! Des anormaux et des criminels qui depuis l’antiquité la plus reculée n’arrêtent pas de massacrer tout ce qu’ils trouvent à portée de main ne vont pas commencer à avoir des états d’âme parce que des « renégats » protestent plus ou moins fort … 

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« Le progressiste prétend s'émouvoir de toutes les injustices et de tous les malheurs dans le monde. Il n'en prospère pas moins sur leur dos comme des asticots sur un cadavre. Son but n'est certainement pas le bonheur de l'autre. Le but de la bonne conscience n'est pas la vérité. C'est de jouir de soi. Du pouvoir que cette morale supérieure procure. C'est de mettre bien en règle ses papiers vis-à-vis de sa classe sociale. La bonne conscience ne s'interroge pas. Sinon elle détecterait son hypocrisie, et s'autodétruirait instantanément. » (Laurent Obertone, La France interdite). Si la bonne conscience s'examinait, elle deviendrait de la mauvaise conscience, et serait donc encore plus nuisible et méchante sans cesser d'être hypocrite, parce qu'elle se découvrirait une faiblesse – d'ailleurs peu exploitable. La bonne conscience n'est que la satisfaction du pouvoir exercé sur autrui au mépris des compétences. Le médiocre aime à s'entourer d'autres médiocres, parce que c'est une manière d'humilier les vrais talents qu'il jalouse ; qu'il le sache sourdement doit même lui être un bonheur supplémentaire, car c'est la marque du pouvoir, que d'imposer partout des crétins. Satisfaction minable pour des esprits minables, c'est-à-dire pour tous ceux qui ont la folle prétention de diriger le monde, à condition de ne jamais subir les conséquences de leurs décisions imbéciles ou mortifères. « J'assume » est le mot favori de ces menteurs. À de rares exceptions près, les affaires publiques n'intéressent pas les bons esprits sauf quand ils y sont contraints par le malheur des temps ou pour tenter de remédier aux dégâts provoqués par les cons et les criminels. 
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En rajeunissant le personnel politique et en contribuant à l’éjection d’une bonne partie de la vieille classe politique, le sanchisme a mis en lumière l’extraordinaire effondrement du niveau intellectuel des couches instruites dans notre pays. La bêtise crasse, la vulgarité, l’absence de tout sens moral et l’incompétence accablante dominent ces nouvelles recrues, cette classe des « crétins éduqués » … ou de ruffians non éduqués du tout. Chaque jour, pres­que chaque heure, un des personnages haut placés du gouvernement profère quelque énormité qui va alimenter les réseaux sociaux et nourrit la haine ou le mépris, faute de pouvoir ravitailler les populations en ce qu’on est convenu d’appeler la « bonne gouvernance ». 
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Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire ! 
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Marre de chez marre des termes gauche bolivarienne, gauche identitaire ou d’islamo gauchisme, autant de fantasmes de certains journalistes pour décrédibiliser toute idée de gauche. Le miroir aux alouettes. En réalité, au-delà des termes galvaudés de droite ou de gauche (en juin 2020 !) il y a un clientélisme politique généralisé concernant les politiques sociales, l’immigration, la sécurité avec toutes les nuances qu’on voudra. Il faut bien acheter la paix sociale. Le fameux monde de la finance, protéiforme, sait arroser généreusement qui il veut malgré les apparences radicales et la férocité rhétorique lancée à la cantonade par les intéressés des deux bords … Le mot gauche aussi bien que le mot droite avilissent, salissent, déprécient et détournent les substantifs liberté et démocratie qui nagent dans la bave de pourriture des grandes gueules du système. On se demande s'il s'agit d'une bataille longue et éternelle contre la même meute des loups dans laquelle il faut continuer à se battre avec l'entêtement résigné et stoïque d'un Maqroll ou si la défaite devant les vrais maîtres et possesseurs de tout le cirque social est un fait auquel il faut rendre les armes. 
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Des conseils pour le télétravail 

01 Être à l’heure. Commencez les réunions au maximum avec deux minutes de retard, tant pis pour les absents. Vous n’avez pas le droit de faire perdre leur temps aux présents parce que quelqu’un est en retard. 
02 Savoir finir une réunion. Quand vous constatez que l’heure de fin prévue de la réunion arrive dans cinq minutes, dites-le. Si un sujet n’a pas été traité dans un temps imparti, c’est qu’il faut prévoir une autre séance. 
03 Ne traiter que les points qui intéressent tous les participants. Si vous constatez une dérive, dites-le. Si au cours d’une réunion où vous traitez tous les aspects l’un d’entre eux dérive, demandez l’organisation d’un groupe de travail spécifique. 
04 N’inviter que les personnes utiles. Dites clairement qui est concerné dans l’invitation, que vous invitez des gens pour qu’ils soient utiles, pas que pour être présents mais dans le mutisme des simples témoins. 
05 Faire attention aux outils de conversation instantanée. Avec Teams, par exemple, des participants ont découvert le « chat » qui va avec mais oublient qu’ils ne sont pas avec des potes dans Messenger. Ils n’arrêtent pas de jacasser. La conversation instantanée doit servir pour des choses utiles. 
06 Dans les messageries, éviter les listes de diffusion ou boites génériques. On ne sait plus à qui on s’adresse. Elles sont destinées à être un point d’entrée unique avec des destinataires précis qui s’assureront que le mail est traité. Les destinataires principaux des mails doivent être ceux dont vous attendez une action (une réponse, la bonne prise en compte dans le service ou l’entreprise). Vous pouvez mettre en copie qui vous voulez (vos collègues, les collaborateurs des destinataires principaux). Pensez au temps que vous allez employer si des discussions s’engagent (c’est un peu pareil avec les blogs. Il y a une exception : les mails d’information. Si vous mettez trop de destinataires à un mail sans intérêt, tout le monde pensera que vous perdez votre temps et que vous le faites en perdre à pas mal d’autres. Mettez en « copie cachée » si vous voulez des collègues ou des supérieurs informés de votre démarche, ils ne seront pas gênés par les réponses et pourront éventuellement vous désavouer. Ne les mettez en copie visible que si vous pensez qu’il faut faire savoir qui cautionne le mail, quand vous écrivez à quelqu’un placé plus haut dans la hiérarchie. Ne faites pas de « répondre à tous » si ce n’est pas justifié ou s’il y a plus d’une demi-douzaine de destinataires en copie. Quand vous faites un « répondre à tous » malgré tout mais que vous supprimez quelques personnes ou en ajoutez, dites-le explicitement pour pas que ça soit vu comme une manœuvre bizarre. 
07 Commencer les mails en exposant les sujets clairement. Si vous avez un mail assez long à faire, disons plus d’une dizaine de lignes, commencez par un résumé de vos propos sinon les interlocuteurs qui ne seront pas concernés directement ne liront pas et ceux qui le sont remettront la tâche à demain et oublieront. Vous ferez perdre du temps à tout le monde. Quel que soit le mail. 
08 Apprendre à utiliser les outils de partage des fichiers, ceux qui permettent de travailler à plusieurs sur le même document. 
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European puzzle. C’est surtout l’insignifiance qui caractérise aujourd’hui la majorité des représentants de la social-démocratie espagnole. Ces gens ne sont rien. Ils ont le charisme d’une huître sur un rocher. Que peuvent-ils connaître à la réalité économique, eux qui n’y ont jamais été véritablement confrontés ? Du coup, leur vision n’est fondée que sur des représentations étriquées du monde réel. Sur l’Europe, leur vision est affligeante, pour autant qu’ils en aient une. Si l’euro, la BCE et le marché européen sont une réalité, l’Europe reste un nain politique avec une monnaie et des normes au service des pays du Nord et plus particulièrement de l’Allemagne. Avec une monnaie forte qui permet d’acheter à bas prix, l’Europe a contribué à tuer activement nos industries. C’est plus facile d’acheter et de revendre que de fabriquer. Le marché-paradis après le rite de l’intégration ! Le discours de Cohn-Bendit (miracles de l’aptonymie, comme dans le cas de Rufian, en Espagne !) en 2009 sur la nécessaire intégration de la Turquie dans l’Europe racontait déjà n’importe quoi, alors qu’on affirmait depuis un demi-siècle se battre pour la démocratie et plus récemment pour l’écologie. Ce vieux lascar baragouineur et bon à rien apparaissait en décalage total avec la vision que tous les citoyens européens avaient de la réalité du régime turc d’Erdogan. Mais l’intégration était imparable ! Triste désenchantement, le monde que nous allons connaître après la pandémie va être marqué par la pénurie de ressources et le réchauffement climatique, le vieillissement de nos populations et peut-être d’autres pandémies. Nous allons devoir vivre différemment si nous ne voulons pas être engloutis par l’individualisme et le consumérisme. Il va falloir apprendre à faire mieux avec beaucoup moins, en produisant plus près de chez nous et dans la sobriété énergétique … 

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Durant cette période de confinement, j'ai réussi à trouver le temps de (re)lire des livres d’un gabarit considérable et des sujets qui me troublent plus que la première fois. Ce sont des livres que je préfère lire à la maison car ils sont beaucoup trop volumineux pour être embarqués dans les bagages des vacances. Ils ont cette fois-ci le point commun de parler de la période communiste et de la comparution de communistes convaincus dans les procès fous voulus par Staline.
Après les incroyable romans des frères Vaïner et le magnifique Le feu rouge de Maxime Kantor qui m’avait littéralement sidéré, de très longs extraits de La maison éternelle de Yuri Slezkine (que je compte bien récupérer en papier, aux éditions de La Découverte, si un jour on rouvre cette foutue frontière et qu’on retourne chez nous à Bordeaux !). Un énorme livre racontant toute l'histoire de l'URSS en suivant des dizaines de familles communistes de premier ordre vivant dans ce bâtiment appelé aussi Maison sur le quai. Il s'agit d'un immense immeuble construit dans un marécage au coeur de Moscou, prévu pour accueillir les plus grands dignitaires communistes. On y apprend par le détail la façon d'envisager l'éducation (pour que les futures générations soient composées que d'hommes et de femmes parfaits), l'amour et la famille (les différents visions sur le mariage, les nombreux divorces, les familles recomposées), la jeunesse, la culture (l'importance de la littérature et du théâtre et leur utilisation politique). Ce livre suivant les traces de grands communistes, il ne peut pas faire l'impasse sur la folie des purges staliniennes (les 2/3 de l'immeuble auraient été visés à un moment ou un autre). Comment certains font actes de repentance pour avoir osé former des courants minoritaires au sein du parti communiste, comment tous ont vécu dans la crainte de l'arrestation, du procès, de l'emprisonnement et surtout de la déportation, l'importance de l'assassinat de Kirov, des premiers procès de Zinoviev et de Kamenev, de Boukharine. On lit aussi les conséquences pour les familles, femmes et enfants, frères et sœurs, de ces traitres à la patrie. C'est un livre grandiose pour quiconque s'interroge sur la vie en URSS selon le modèle communiste car toutes ces personnes n'avaient qu'une seule exigence, vivre et élever leurs enfants comme de bons communistes. Malgré tous ces efforts, ils finissent presque tous coupables, emprisonnés, déportés, exécutés. Je suis toujours fasciné par l'organisation, par la construction de cette volonté de purger tout un pays de ses meilleurs éléments pour asseoir un pouvoir et le rendre incontestable. Je me demande comment les réflexions et les discussions ont évolué pour arriver à un tel résultat. Dans ce livre Yuri Slezkine compare le communisme aux autres grandes religions qu'il appelle "sectes millénaristes" car tous ont en commun la promesse d'un monde meilleur, la création d'un homme parfait et la construction d'un monde meilleur. En suivant cette comparaison, la vitesse de mise en place du communisme en Russie, les progrès atteints en à peine une génération sont incroyables. Les pertes et les sacrifices le sont encore plus. La thèse de Yuri Slezkine, qui est né et a longtemps vécu en Russie, c’est que le règne de la Raison hérité des Lumières était lui aussi, en réalité, une religion. Dans une analyse d’une éblouissante érudition, il montre comment les communautés humaines s’enracinent dans des mythes fondateurs d’une même nature transcendante, même s’ils revendiquent des rationalités distinctes voire antagonistes : pour les personnages cités par l’auteur, le bolchevisme était une foi, et le Parti une église d’un nouveau type. On réalise aussi dans cette première partie que la Révolution de 1917 s’est enracinée dans un terreau occidental : dans l’histoire de l’Occident, dans la culture de l’Occident – la littérature en premier lieu, mais aussi les arts plastiques, lyriques, la musique, et les sciences--, cet ancrage occidental matérialisé dès le déplacement de la capitale impériale de Moscou à Petersbourg en 1712 . Sur cette base – le socle des 400 premières pages, Slezkine relate l’aventure révolutionnaire communiste, laquelle est appelée à s’incarner dans la construction de la ville, car « la tâche de l’architecte de demain (…) n’est pas de construire une maison, mais de ‘construire‘ ou d’aménager les rapports sociaux et les fonctions productives sous forme de bâtiments ». La société socialiste développée sera collective, et les structures conçues entre 1920 et juin 1930 doivent traduire cette grammaire sociale : le bâtiment du Narkomfin, la Maison communale des étudiants d’Ivan Nikolaïev et, dans une moindre mesure, la Maison du gouvernement objet de ce livre – la fameuse Maison du Quai décrite par Youri Trifonov – reposaient sur l’hypothèse où l’unité sociale n’était plus la famille nucléaire « bourgeoise » mais l’individu – ainsi exposé sans aucun recul possible aux feux du Parti. Ces édifices étaient conçus comme de véritables « machines à habiter », offrant une gamme de services collectifs étendue et visant en particulier à libérer les femmes des occupations domestiques : laveries, cafétéria, jardins d’enfants complétaient ainsi des bibliothèques, gymnases, centre médical, foyers et clubs à côté de logements ne comportant parfois aucune cuisine. Ainsi, les bâtiments précités sont une concrétisation de la pensée fonctionnaliste : Le bâtiment est autonome. Aux appartements prévus initialement pour la Maison du quai se sont ajoutés des logements pour les personnels de service et les domestiques car ô surprise, au pays de l’égalité prolétarienne, les dignitaires du régime se font très bourgeoisement servir… Le budget est explosé mais inscrite au programme du premier plan quinquennal, l’inauguration est possible dans le délai prévu pour le XIVe Congrès du Parti. Les 505 appartements reçoivent alors leurs locataires. S’agissant de la Maison du Gouvernement, construite presqu’en face du Kremlin de l’autre côté de la Moskova, ce sont des dignitaires et amis du régime : ministres, hauts apparatchiks, chefs militaires mais aussi des artistes – écrivains, musiciens, les « ingénieurs des âmes » de Staline. Les hauts-gradés de la police politique, organisateurs de la répression et en particulier de la « liquidation des koulaks (paysans riches) en tant que classe » à l’origine des famines en Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan, dont un tiers de la population meurt de faim, causant au total plus de dix millions de morts (l’Holodomor), côtoient le directeur de la Bibliothèque nationale, des musiciens et compositeurs, ou des autorités culturelles (responsables de presse, de la censure, des organisations du cinéma, du théâtre…), Nikita Khrouchtchev futur successeur de Staline, le mineur Stakhanov, les propres enfants de Staline… L’on ne voisine pas sans danger avec le soleil rouge du Kremlin : des 2745 Icares du début, un tiers va tomber du paquebot. Dans Le Fracas du temps J. Barnes décrit une scène qui évoque les nuits de la Maison du quai : le compositeur Dmitri Chostakovitch entre brutalement en disgrâce en 1936 et se met alors à passer chaque nuit sur une chaise près de l’ascenseur pour épargner à sa famille le spectacle d’une arrestation qu’il imagine imminente. A l’époque, chaque nuit voit s’arrêter une ou deux voitures noires du NKVD, les « hirondelles », qui viennent chercher une ou plusieurs personnes pour un périple commençant invariablement par un séjour à la Loubianka ou aux Boutyrki, et s’achèvent par une déportation au Goulag ou plus simplement par un arrêt du cœur au cours d’un interrogatoire. Ainsi vont les jours dans la Maison moderne : on change d’appartement en fonction des promotions ; les familles chassées sont remplacées par d’autres et certains appartements verront se succéder jusqu’à cinq locataires durant la période stalinienne. Les dignitaires mangent à leur faim, même en villégiature provinciale, et leurs séjours en sanatorium les exposent au constat des conditions locales : « trois fois par jour, un policier nous apportait un repas préparé dans un sanatorium spécial. (…) Un jour, la femme qui travaillait pour nous nous demanda "est-ce que je peux emporter les restes chez moi ? J’ai trois enfants…" - Bien sûr, dit ma mère. Deux jours plus tard, elle nous fit une nouvelle demande : "est-ce que je peux amener mes enfants pour qu’ils jouent avec les vôtres ?" Elle vint donc chez nous avec son petit garçon et ses deux petites filles. Ils étaient tellement maigres, c’en était choquant. Les côtes du petit garçon, Vassia, saillaient comme celles d’un squelette ». La domestique fait encore venir sa nièce de Kharkov, si faible à son arrivée « que le moindre coup de vent aurait pu l’emporter. Nous étions désormais neuf (…) Le sanatorium commença à livrer des déjeuners pour tout le monde. Ils n’osaient pas nous le refuser. Nous étions une île minuscule au milieu d’un océan de faim. La Maison du Gouvernement était aussi une île (…) ». Les enfants du quartier du Marécage où elle est bâtie sont si maigres qu’ils se faufilent entre les barreaux… 
Tous ces bourreaux sont aussi des parents, des maris, parfois très sentimentaux et attachés à leurs proches tel Molotov, fidèle bras droit du tyran. Et ces beaucoup de ces bourreaux sont à leur tour des victimes. Est-ce cela, « le mal », ces familles que l’on essaie de protéger, ces honneurs qu’il faut craindre, et puis ces ordres qu’il faut exécuter sans discuter et pour lesquels il faut parfois faire preuve d’inventivité et donc s’atteler réellement à la tâche insoutenable, et en même temps se laisser attendrir et donc prendre conscience du mal commis ? Peut-on invoquer ici la « banalité du mal » de Hannah Arendt, pour qui le mal devient banal lorsqu’on s’arrête de penser ? La banalité : ce terme indique aussi que le mal est partout dans la société. Toute une société se met, de façon commune, à accepter une étiquette morale sans entretenir de réflexion à son sujet. La société adhère à un système normatif et cesse de comprendre son contenu. Puis, sous diverses pressions, ce contenu évolue, pouvant même devenir l'inverse de ce qu'il était : « tu tueras ton prochain » pour le IIIe Reich, ou « tu porteras de faux témoignages contre ton prochain » pour l'URSS sous Staline. Cette évolution peut se produire très brutalement : en une nuit, dit Hannah Arendt, et il ne reste plus que l'habitude de tenir fermement à quelque chose. Et donc, que l’on décide de devenir insensible une fois pour toutes, ou que l’on négocie chaque exposition directe aux conséquences en essayant de protéger la sensibilité des proches et de conserver une toute petite parcelle d’humanité, sous contrôle toutefois, n’est finalement que déplacer le problème. La Maison Éternelle, ce sont ces questions d’hier, d’aujourd’hui et de demain car nous savons maintenant que jamais l’homme ne change ; ce paquebot traversant la nuit, c’est tout cela ; mais c’est plus encore. Il y a quelque chose de puissamment romanesque dans ce roman maudit où l’on partage la vie de l’élite damnée d’un empire en construction, que l’on dédiait à l’équité sociale ; les photos de famille illustrent les propos tirés de mémoires, d’ouvrages, d’archives et aussi d’interviews avec ceux qui ont survécu à cette époque et aux suivantes, dont les cruelles et méconnues années 1990. 

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Relectures de Récits de la Kolyma (lente, qui mérite un plus long commentaire, après transcription de moult notes manuscrites) et de l'Aveu (rapide) Artur London, vice-ministre tchécoslovaque des Affaires Etrangères au début du livre, ancien des Brigades Internationales en Espagne, ancien résistant en France puis déporté en Allemagne, explique l'enfer qu'il endurera pendant quatre ans dans les prisons de son pays. On y apprend les tortures subies durant deux ans pour monter de toutes pièces un procès contre un pseudo centre d'espionnage contre l'Etat puis les conditions de détentions effroyables vécues les deux années suivantes en luttant pour sa libération et la sécurité de sa famille. On y voit l'amour et la confiance absolus des militants communistes pour leur parti.
On découvre qu'une femme peut demander le divorce car elle préfère vivre comme une bonne communiste plutôt que de vivre aux côtés d'un traitre. À l'époque le PCF était si influent qu'il était acteur d'une diplomatie parallèle avec les pays frères. Le plus effrayant est que le procès paraît plus vrai que nature : les accusés sont jugés au sein d'un vrai tribunal, avec un véritable juge, un procureur, ils sont défendus par des avocats. Pourtant ce procès est une pièce de théâtre où chaque acteur récite mot à mot le texte choisi par les émissaires soviétiques. Résultat, la presse couvre le procès et personne à l'extérieur ne peut deviner que les aveux sont faux et que l'issue est truquée. En lisant ce récit, on ne peut s'empêcher de penser que si la situation se reproduisait, nous ne pourrions que très difficilement le savoir. Des lanceurs d'alerte crieraient au complot mais seraient relégués au rang de vulgaires hurluberlus. De sages journalistes décrypteraient le tout et prouveraient le faux complot puisque dans les procès-verbaux, dans les récits des journalistes présents, dans les aveux des accusés, tout coïncide. Des hordes de twittos s'acharneraient sur ceux qui reviendraient sur leurs dépositions en ressortant toujours et toujours les mêmes tweets, les mêmes extraits, les mêmes images d'archives... La meute est aujourd’hui plus nombreuse et plus sauvage. 

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