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lundi 28 avril 2025

L'homme descend du songe (Antoine Blondin)

J'avais noté sur mon calepin jaune, cadeau de notre banque, quand même ! :  « Voilà, c’est écrit : les prochains jours je ne ferai pas paraître aucun billet dans ces colonnes. Je serai en vacances (!) à partir du 10 avril. Le 27, retour à la case départ. Me revoilà ! »



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L’obscurité protège mieux que la loi (Rivarol)

Vous êtes pour la paix en Ukraine, vous êtes un agent criminel pro-russe, vous êtes pour l’arrêt des massacres à Gaza, du harcèlement sauvage en Cisjordanie, des attaques au Liban et du grignotage de la Syrie, vous êtes un suppôt du Hamas. Si les salauds pédalaient dans notre pays, on serait en pleine indépendance énergétique …


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Qui formule des incantations en faveur de sa « spécificité « (« race » étant mal vu) basque ou catalane, accompagnées depuis de décennies d’invitations au meurtre et des campagnes de délation, dénuées de scrupules et sans signes visibles de culpabilité, pour revendiquer la Violence et le Refus, ne devrait mériter que du mépris et des crachats à la figure. Vous avez tout faux ! En Espagne, il est invité à partager le pouvoir, ce genre de jeteur de sorts …

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Seule une fraternité concrète et en actes pourrait donner un nouveau départ au monde et chacun pourrait la lui apporter du seul fait qu’il est un être humain. On peut rêver !

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Quiconque se contente de coller l’étiquette de fasciste à un groupe politique ou à une institution voire à un individu pour conclure en vitesse un débat d’occasion, ne prouve que sa carence mentale et son impossibilité d’analyser des phénomènes complexes par-dessus le jugement vulgaire qui veut que des individus ou des groupes qui menacent le troupeau des moutons lobotomisés soient des criminels, des anomalies, incapables de mener leur vie et leur pensée comme l’exige le catéchisme écolo-wokiste. Le bobo gauchiste réclame pour toute société, pour toute grande figure universelle du passé, la notion délavée, ô combien pervertie, de démocratie où prédominent ses « valeurs » : l’argent, l’individualisme, la petite indignation sélective guidée par des émotions sagement manipulées. Le livre, le film Netflix, la conférence, le meeting finis, on retourne à sa condition d’ectoplasme dans la mélasse. Comme le voulait la stupide phrase de Sartre, qui a achève Les mots : « … un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Il est aberrant de résorber la puissance individuelle dans le n’importe qui et le n’importe quoi. Personne n’est « n’importe qui » et sûrement pas les personnes concrètes qui jamais ne font « n’importe quoi ».

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De droite ou de gauche ? Les consommateurs n’accomplissent rien.

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Céline ou la dénonciation des spéculateurs sur les « marchandises culturelles ». Céline a eu sa vision, comme Marx a eu la sienne et celle-ci s’est exprimée via ses dénonciations des vices de la politique économique guidée par la Finance. Force motrice qui pousse tous les rouages de la vie confondue avec le Système qui appelle sans repos la misère et la guerre. Il en dévoile les rigueurs et se révolte contre lui dans la langue, juste là où il est capable de mieux l’attaquer, dynamitant cette barbarie fondamentale dans ses dispositifs d’énonciation : ses solennités, ses phrases, ses intonations, son verbiage fané déguisant ses bonnes intentions progressistes, humanistes, que sais-je encore. Il sait que sa force réside dans son écriture et que son style constitue son arme la plus efficace, mais il a été condamné à perpétuité par de modestes fonctionnaires de la culture et de la littérature !

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Carcasse d’embarcation sur la Baie de Txingudi

Cette barque qui pourrit, qui disparaît peu à peu,
Nous l’avons lentement observée plus d’une fois dans les jours passés.
Elle a gardé provisoirement les trésors de routine de nos conversations matinales,
Notre joie lors de la première sortie après la pandémie.
Elle a été là pendant des mois,
En attendant l’appareil photo d’un passant,
Et nos émotions se sont jointes à la paisible quiétude de la baie à cette heure-ci.
On a réfléchi à notre navigation commune, dans notre barque à nous,
À nos songes, à nos mémoires amarrées à la borne en fonte de la vie.
On se maintient à flot par des paroles d’amour et de tendresse,
Avec l'idée que nos lendemains vont sans doute s'ouvrir à d'autres désirs, plus fulgurants ...


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« Tunc surgens imperavit ventis, et mari, et facta est tranquillitas magna. Et dicit eis : Quid timidi estis, modicae fidei ? » Mt 8, 26 Vulgata

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J’observe lentement les feuilles des arbres qui bougent, les branches, les aiguilles des pins : il n’y a pas d’œuvre d’art capable de faire pareil, de provoquer semblable émotion, seulement les mots …

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Les politicards corrompus se dévorent ente eux pour survivre et n’engendrent que d’autres corrompus, toujours plus corrompus, qui les dévoreront à leur tour.

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Nuits de vieillard. Nuits de vieillesse. On mène seul sa barque au milieu des tempêtes de la nuit, affrontant les ténèbres pour en ramener quelques brindilles d’espoir (de lumière ?) à chaque lendemain.

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Dans la haute finance internationale, sur le plan culturel, il est normal de générer des allergies aux Céline, Pound, Rabelais, etc. Ce sont des individus INCONTRÔLABLES, dévastateurs.

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La tête dans le guidon de son égo, l’ami P. S. s’enflamme pour un troisième tour de piste qui le conduirait au pouvoir en 2027 et qui conduirait son pauvre pays, par la même occasion, vers une pente forcément fatale : la disparition par éclatement dans le sirop otanesco-européen. Ses mascarades répétées à l’infini ont converti ce pur produit de la politique politicienne en fruit véreux par excellence en ces temps sombres où la valeur marchande de la merde est si prisée. Ce jugement, sévère en apparence mais largement mérité, découle de fait qu’il est rendu avant tout par le résultat de ses œuvres, par le choix de ses collaborateurs, par la vie qu’il mène en complète contradiction avec ce qui il affirme chaque fois qu’il ouvre son fallacieux clapet. Discours à des années-lumière d’une réalité quelconque, d’une réalisation concrète, d’une politique conduite à bon port.

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Les noms des corrompus, des protagonistes de chaque cas de corruption depuis 1978, sont à mettre entre parenthèse afin de faire de la place, au fil des ans, au jeu de l’interchangeabilité. Puisque la corruption est inhérente au socialisme à travers ses différents gouvernements, c’est depuis toujours qu’elle trouve le fumier où renaître et prospérer. Réactualiser des causes et anticiper des effets restent cependant de mise pour toute personne capable d’entretenir des rapports avec la pensée critique et la notion de gauche non adultérée par ces salauds-là. Le plus grave, ce ne sont pas ces larves, mandatées par les puissances de l’ombre de l’oligarchie mondialiste pour fomenter des guerres qui les renfloueront économiquement, mais la myriade d’abrutis qui croit dur comme fer et malgré tout en leurs mensonges, relayés sans honte aucune par leurs médias grand public, tous pareillement frelatés et malodorants. À vrai dire, quand on s’intéresse un peu à la politique, on comprend que toutes les élections sont non pas truquées, mais préparées avec soin. Les phases de chaque élection ne sont qu’un carnaval, qu’un tourbillon d’espoirs déçus par définition. Que ce soit la tête couronnée au gouvernail de l’État ou l’inqualifiable sous-merde reconduite à la présidence du gouvernement de notre triste pays, au fond, cela n’a aucune importance. Ce qui compte, comme pour les attentats, ce ne sont pas les exécutants mais les commanditaires.

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Claude Simon, traceur de routes. Seuls ceux qui savent que l’on avance en ignorant où l’on va, qu’écrire est ne pas réellement connaître « où l’on va » mais affirmer une volonté de suivre, peuvent les voir et les fréquenter, ces chemins, non sans crainte.

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Les « comme » répétitifs de Claude Simon sont contact, contraste, ombre, voisinage, partie prise incessante pour le tout, une sorte d’ « il y a » permanent.

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Dimanche de Résurrection. « Les disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection », Eugène Burnand, 1898. Émotion angoissée dans les visages des disciples. Poids de l’EMOTION dans les traductions, dans les arts, en général dans la vie vraie de chaque jour. L’art comme un « être-avec». À des années-lumière de la pertinace petite vision de la peinture, propre à de petits cerveaux, depuis la découverte des fresques de la grotte Chauvet jusqu’aux œuvres d’Anselme Kiefer … Un tableau devrait être fait, peint, pas forcément montré au public ignare et encore moins vendu à vil prix pour orner le salon de madame ou le bureau de monsieur… Un tableau devrait surtout éveiller l’imagination, provoquer l’ÉMOTION des gens qui le « vivent ». L’art, pas seulement la peinture !, comme moyen de parer la réalité et de la rendre à la fois plus belle et plus « vraie », provocant dans chaque spectateur un libre pouvoir de réflexion à même de transformer en lui ses contradictions en unités de sens, le faisant réagir avec force sur sa vie concrète par l’impact de cette réflexion.

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Devant l’argent tout doit s’abaisser et trembler, se soumettre aux sordides mobiles de la complaisance, de l’unanimité et finir par la réussite. Pour être « accepté » l’artiste ne devra pas soustraire son œuvre aux clichés du conformisme. Pour être mis en circulation sur le « marché culturel » il devra souscrire au pur conformisme au moment d’effectuer la distribution symbolique de sa « marchandise ».

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Assommante réitération de G. A. que celle de vanter sa bibliothèque dans chaque article, au moindre prétexte. Mais bel texte, bien solidement construit, après le décès du pape romain. Francophone et francophile de bon aloi, sa prose n’a rien à voir avec les aboiements hystériques d’un F. J. L. ou les facéties verbales, vieillottes à faire trembler, du radoteur Savater ou du « converti » J. J. « Ceux qui font si bien des façons, ceux pour qui les sentiments ont des classes et qui discutent sur un degré quelconque de leurs hilarantes classifications, ceux qui croient encore à des “termes”, ceux qui remuent des idéologies ayant pris rang dans leur époque, ceux qui croient encore à une orientation de l'esprit, ceux qui suivent des voies, qui agitent des noms, qui font crier les pages des livres, ceux-là sont les pires cochons. » A. Artaud, Pèse-nerfs

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El tiempo pasa y nos lleva lejos.

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La littérature n’est plus rentable. Moins que jamais. Alors, la poésie ! Elle a été pratiquement supprimée partout par soumission à la puissance du marché. Elle est devenue progressivement une sagesse de luxe, un produit de beauté genre parfum qu’on versait sur les momies avant de refermer le couvercle.

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Je me repose les jours où tout le monde travaille et je travaille les jours où le repos est prescrit par la loi. Ce n’est ni contestation ni révolte, c’est routine de retraité, malgré les pluies fréquentes, le vent qui ne part pas et l’herbe trop haute dans le jardin sur les Trois Couronnes.

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Ces imbéciles de journalistes qui séparent infatigablement le Vargas Llosa « écrivain » du V. L. « politique ». Vocabulaire indigent, propre d’indigents de la neurone. Avec Vargas L. comme avec tant d’autres la saloperie et l’ignorance font bon couple en cours de route. C’est désespérant. C’est foutu. On ne pourra jamais adresser la parole ni aux salauds ni aux ignorants. Surtout à un certain âge … Comment expliquer à ces petites têtes que Pound, Céline, Vargas, G. G. M. s’adressant à tous (surtout pas à une « électorat » !), veulent combler le savant et l’ignorant, le snob et le solitaire. Ce ne sont pas des révolutionnaires de bazar à bas prix – pas de « table rase » chez eux ! – mais la constante et géniale reprise de matériaux et de techniques qu’ils sont capables d’amener plus loin et, par là, capables de tout chambouler, loin de tout clientélisme à la con… L’éblouissement qui me procure leur relecture, pour ce qui est de Céline, plus de cinquante ans plus tard, ouvre à nouveau des chemins en moi qui m’aident à redécouvrir des paysages loin du confort et de la sécurité de l’expérience bornée et limitée an périmètre d’une vie presque terminée. Grâce à eux, et à des gens comme eux, la vie n’est pas un fardeau dont on sera un jour ou l’autre soulagés mais une voie ouverte dans laquelle d’autres s’engageront comme nous, avant nous, après nous.

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Pluie, vent : météo désolante de presque toute la semaine sainte. J’en profite pour pousser à fond l’exploration de Pound.

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Citation de mon admiré A. Blondin qui me laisse rêveur : « L’homme descend du songe »

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Retrouvailles avec M. C.  revenue de l'Argentine. Bilan. Cela me fait repenser plus tard aux deux décès dans nos familles, en quelques semaines, il y a à peine quatre mois. J., comme M., mon beau-frère, en est arrivé à ce point obscur, à ce mur infranchissable sur lequel on s’arrête de vivre et dont on ne peut parler à personne. On ne voit nulle part le bateau qui nous prendra pour nous conduire « de l’autre côté ». Les limites de la vie défient notre imagination qui lutte depuis l’enfance contre « l’incompréhensible ». Les morts semblent se refermer sur eux-mêmes sans pouvoir communiquer avec le monde. Sans mots. Et pourtant. Juste au moment où on se heurte à l’impossibilité définitive de dialoguer avec les gens qui vous entourent, on commence à être compris, à se faire comprendre, on est plus que jamais à l’intérieur de gens qui vous ont aimé, détesté on tenté de détruire, ou d’ignorer. Enfermés dans des images simultanément habitées et, cette fois-ci, franchissables, interchangeables, récupérées juste avant d’ébranler le mur de l’autre monde. Pour commencer à entendre ce qui, en vie, nous était, nous est, parfaitement inaudible. Il me faudrait de la patience pour faire partager à un hypothétique lecteur de ces lignes le pessimisme d’un Flaubert se plaignant de nos déficiences. Car c’est l’invisible qu’il faudrait voir, l’inouï qu’il faudrait percevoir, l’indicible qu’il faudrait vouloir proférer … Laisser des traces ou tomber dans le silence ? Envoyer paître les supposés droits de la majorité. Essayer plutôt de faire de son existence une limite aux droits de cette majorité qui se croit tout permis. Nous sommes, à la fin de nos vies, tellement abîmés et rendus aveugles, qu’il est presque impossible d’éprouver la liberté que procure l’invisible. Frontière essentielle qui ne peut pas être franchie par tout le monde. La majorité vit heureuse dans le bruit ... et ne veut pas comprendre grand chose au-dessus d'elle-même. Laissons-la donc tranquille dans son vol vers nulle part sans boîte noire.


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Le terme « judéo-christianisme » relève d’une connaissance incomplète et fausse du catholicisme. Le judéo-christianisme n’a jamais existé sinon une tentative aux premiers siècles de l’Église de certains Juifs convertis d’obliger tous les chrétiens, y compris ceux venus du paganisme, à adopter les mœurs et les lois juives. En dehors de cela, ce terme comme celui d’antisémitisme, une invention à but dialectique sans réalité, sont infondés. Le judaïsme moderne, depuis la disparition du Temple en 70 ap. J.-C. et l’écriture du Talmud, a toujours combattu avec énergie le christianisme. La religion catholique a toujours été claire sur le judaïsme et, pour ce qui est du sionisme, le Vatican ne reconnaît toujours pas la prétention d’un fondement théologique de l’État d’« Israël ». Le sionisme et la politique israélienne, malgré des tentatives de convergence intellectuelle qui n’ont pas manqué de la part de juifs et de chrétiens proches, n’ont entrainé aucun changement doctrinal légitime.

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J’entends souvent dire que l’interminable liste des Abalos, Koldo, Berni, etc. est constituée par des gens « très malins ». Je ne suis pourtant pas forcément d’accord. À les voir bouger, s’exprimer, glapir, ils ont sans doute un Q.I. d’éléphant amélioré. Ils ne connaissent même pas les rudiments de la vie sociale en dehors de la prédation, etc … On retrouve peu ou prou les mêmes tares qu’au début de l’espèce humaine ou les différents éléments travaillaient dur aux champs comme esclaves des aînés dans une société de prédation.

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La pratique totalité de nos médias voit des « formes d’antisémitisme » partout, même et surtout quand l’ONU parle de génocide, bien réel, à Gaza.

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Le sanchisme est le produit achevé d’un Système à l’agonie, qui ne produit que de l’injustice et de la colère. Il incarne, tout comme le macronisme, le dégoût de la politique. C’est bien, qu’ils continuent à se tirer des balles dans le pied … À part les putes catapultées fonctionnaires par l'homme de confiance du Caïd, secrétaire à l'organisation du parti socialiste, grand chef Braguette Légère, fléau vertueux contre la droite « indécente » lors de la motion de censure en 2018, c’est fou le nombre d’emplois fictifs qui tapinent pour le sanchisme douillettement. Là, nous voyons où est investi une bonne partie de notre argent. Pour des « gens » qui nous sont totalement inutiles mais précieux pour la bande de Monsieur Propre-Sanchez. Il y a un an, M. Propre battait tous les records de la réflexion après ses cinq journées de retrait. Retrait total, absolu, parfait. Réussite totale, sur tous les fronts : imaginez un sprinter qui annoncerait avoir battu le record du monde du 100 mètres tout seul, sur une île déserte, en tournant en rond, sans personne ni caméra… Ben, c’est Sanchez. Après, il faut simplement réussir à le croire sur parole ! Ce qui donne un type pro-palestinien qui signe des contrats millionnaires avec l’entité sioniste, un type qui pense que les juges sont des instruments de l’extrême droite, que le procureur général est un simple serviteur à sa botte, un type vouant aux gémonies le Parlement, etc. 

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J’écris des trucs depuis des années. Je doute fort, au cas où je voudrais être publié, qu’on s’intéresserait à mon obscur pédalage dans le vide. Je m’en fous réellement, comme de ma première chemise. On peut toujours écrire pour soi, pour devenir vivant et avancer vers sa propre puissance intérieure, pour s'interroger sur sa propre force. Sans avoir emmerdé avec ma prose qui que ce soit, je ne veux surtout pas me prendre pour ce que je ne suis pas. Se prétendre écrivain quand on n'est que prof, et pas toujours bon, c’est des conneries d’ado, du vernis ridicule. Il faut savoir si on veut une vie d’illusions ou une vraie vie.

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Les "experts" à opinion rémunérée, quand, par hasard, ce sont des penseurs profonds, qui ont accès aux causes profondes, c’est éblouissant ; mais quand ce sont des mecs à petite tête ou des penseurs d’occasion qui ont des opinions comme qui aurait des convulsions, ça dégoute de l’humain, ça rend misanthrope.

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J’entends Nabe dégobiller sur les gilets jaunes. Il est à vomir ce type qui se prend pour un génie. C’est vrai que les gilets jaunes c’était une révolte pour remplir le frigo et aller bosser avec un carburant moins cher. Et alors ? Leur malheur vient de ce qu’ils ont fini récupérés par les éternels gauchistes délavés et qu’ils ont tous été forcés de rentrer à la niche avec la féroce répression et le confinement covid. Mais la tête haute. Ils ont payé un prix très lourd, ces gens, pour leur courage.

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Dans la haute finance internationale, cela s’appelle : spéculer sur la marchandise. Le procédé est définitivement sorti de ses gonds. Il se souligne même cruellement. On ne s’étonnera guère alors qu’art et littérature riment de mieux en mieux avec n’importe quel produit de luxe des étals marchands. Face à cette éradication progressive de la pensée, conforme d’ailleurs aux lois de la Technique, l'impuissance commande un certain degré de désintéressement. Et j’ai tout loisir de considérer avec ironie les torrents d’argent déversés pour les parades de la bêtise péremptoire faite « manifestation culturelle. » On ne le dira jamais assez, il est parfois bon que la stupidité s’exprime le plus diversement et même le plus constamment possible. Le déplorer reviendrait à rejoindre l’éternel camp de la modération raisonnable, celui qui tient à ce qu’une conception du monde positive triomphe de toutes les autres. Et puis, il s’agit aussi de ne pas trop « exagérer ». Une telle exagération reviendrait à refuser de penser ce qui a changé depuis plus d’un demi-siècle, au moins : la réduction au silence, par le marché, les institutions et la critique, de toute pensée rebelle aux modes de représentation dominants afin de nier un questionnement du réel n’ayant cessé de contester cette représentation après les catastrophes du XXe siècle.

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« […] toute écriture politique ne peut que confirmer un univers policier, de même que toute écriture intellectuelle ne peut qu’instituer une paralittérature, qui n’ose plus dire son nom. L’impasse de ces écritures est donc totale, elles ne peuvent renvoyer qu’à une complicité ou à une impuissance, c’est-à-dire, de toutes manières, à une aliénation » Roland Barthes

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Tous les peuples du monde, des Arabes, des Mongols, des Bantous, des Turcs, des Vikings ont été des colons au fil de l’Histoire. Les Amérindiens eux-mêmes s’étaient se sont « remplacés » les uns les autres au fil des millénaires. Et puis, qui a dit que la terre appartient éternellement à l’antécédent ? Dans la réalité, la terre appartient à celui qui peut faire valoir sa souveraineté. Tous le peuples sont des conquérants, des occupants, des génocidaires et des impérialistes. Et les Aztèques, les Mayas, les Incas ou les Iroquois ne valaient pas un clou de plus. Presque tous les continents ont connu des substitutions de peuples, des refoulements complets, des exterminations massives parfois tempérées par des mélanges plus ou moins forcés. Les différentes sociétés ont fonctionné, et fonctionnent toujours, pour un certain nombre d’entre elles, de manière violente, clanique, tout pour le chef et son clan ainsi que sa descendance, tous les autres sont rançonnés, battus, abusés. Les femmes violées, prostituées, mises au travail forcé, sans compter l’inceste et la descendance qui en résulte. Il n'y a pas de bons sauvages. Du tout.

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Paroles pertinentes et justes du Premier ministre malaisien Anwar bin Ibrahim : « Israël n’appartient plus à une communauté de nations civilisées. La barbarie exige une action décisive : embargo, suspension et même expulsion de l’ONU. » Loin du baratin du gauchisme espingouin pour ne pas dire les choses telles qu’elles sont. Toute l’arrogance criminelle exercée au grand jour par ce « pays » vient uniquement de la force anglo-américaine qui les soutient et qui permet leurs iniquités. Retirez à cette entité monstrueuse le soutien américain, elle s’écroule. « Israël » n’est viable que grâce aux immenses richesses américaines mises au service de cette petite entité artificielle. Si les États-Unis ne changent pas, complètement, vis-à-vis du sionisme, s’ils ne se libèrent pas de son emprise et de sa domination, il n’y aura jamais de solution. Ses exactions ne seront jamais punies. Les milliards américains que les sionistes détournent au bénéfice de leur État sont le socle qui fait tenir debout cette belle et riche colonie volée aux Palestiniens. C’est de là qu´« Israël » soutire sa puissance et la force de ses exactions dans la plus totale impunité.

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samedi 5 avril 2025

L’incerto disegno dei Fati

 

Perte du sens esthétique et culte de la laideur. Des « créateurs » (?) dans divers domaines utilisent des méthodes de travail qu'ils se plaisent à qualifier de libres, mais dont la liberté consiste surtout en l'absence de toute règle, de toute intelligence ordonnatrice, de toute finalité. L'instinct, comme dans tant d'autres professions, dont certaines sont plus importantes que le « travail artistique », semble guider ces gens. Pour aller où ? S’ils l’ignorent, sans doute, Dieu le saura ! L'insouciance et la paresse intellectuelle d'un grand nombre de ces « créateurs » ont atteint un tel degré qu'ils ne connaissent même pas les règles conventionnelles de chaque branche, qui gouvernent strictement chaque corporation, le travail modeste et respectable des « artisans » reconnus par la tradition qui les ont précédés dans le passé. Ils croient ainsi violer des règles qu'ils ne connaissent même pas. Comportement ridicule quand il n’est pas toxique. Tout cela n’est possible que grâce à la lâcheté et à l’inculture des journalistes, surtout des journalistes « culturels », à la démission du monde enseignant, à l’arrogance vide des bourgeois cultivés, aux victimes du simulacre lexical généralisé, bourrées de clichés, qui se marient parfaitement avec l’hologramme idéal que l’univers américanisé se fait de lui-même. 

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« La gauche et la droite / S'insultent et se battent / Et retour à la case départ … » (Jacques Revaux / Michel Sardou / Pierre Delanoë). Depuis le 28 août 1789 et le choix des députés de se placer à droite ou à gauche de la tribune pour voter pour ou contre le maintien du droit de veto du roi, tout a changé considérablement. Les programmes de gauche et de droite se sont quasiment croisés sur certains sujets, parfois retournés à front renversé. Certains s’accrochent mordicus à ce clivage et ces mots magiques et pour eux, la gauche est gage de toutes les qualités humaines, toutes les « valeurs ». Cela n’a aucun sens et ne devrait intéresser personne pour ce qui est de la littérature. Un écrivain doit démontrer par son écriture qu’il a le pouvoir de voir et saisir le monde, de savoir l’appréhender et s’y inclure, instant par instant, de chemin caillouteux en pré sauvage. C’est un don, un de ceux que les plus riches au monde ne possèdent pas forcément, et ils le savent bien. Gauche ou droite, on s’en fout si on est capable de faire voir qu’on a le don d’écrire. Un œil, relié à un cerveau, commandant une langue : une grâce. Une énième injustice en ce bas-monde qu’aucun égalitarisme ne nivellera jamais : certains ont une finesse d’esprit, de vision et de langue que d’autres n’ont pas. Une pesée des mots plus subtile, plus efficace. L’éducation n’y peut quasi-rien : ces choses ne s’apprennent pas. On peut apprendre à conjuguer à l’école, retenir ou inventer de bonnes histoires, apprendre à formater ses chapitres dans un Master : il s’agit d’autre chose. Au-delà surtout des clivages des politicards. Céline, par exemple, est classé à l’extrême-droite. Pourtant, un contresens. D’une part parce qu’il a mené une vie de prolétaire, médecin des pauvres et banlieusard, d’origine plus que modeste. D’autre part parce qu’il a démantibulé le français comme aucun jeune de gauche n’oserait, ou ne saurait le faire, aujourd’hui. Destruction constructrice pour mieux restituer le flux chaotique de la parole humaine la plus populaire, les mots qu’on prononce réellement, pas ceux des discours officiels. Ceux des sans statut, sans argent, sans poids, sans prix, sans parole. C. Angot, en revanche, serait de gauche (rires), mais elle n’a pas le don d’écrire.

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L’indigeste PSOE n’est pas, n’a jamais été, un ennemi de l’État « israélien » et encore moins de ses multiples relais mondiaux. Son soutien aux Palestiniens est du flan pour détourner les soupçons de ce qu’il est réellement. Comme par rapport à la Russie. On n’a pas le droit de dire qu’il se détourne des injustices de ce monde, le parti socialiste. Il en voit aussi les rouages, conséquence des rapports de classe et de production. Hors discussion, donc, son intérêt bien pesé pour les grandes causes, les petitesses des Méchants sans cœur, sans optimisme, la grandeur morale des Gentils, comme par hasard ses votants, qu’il se plait à appeler ses « militants », pour les choyer. Pas dupe, le parti sanchiste ! Et d’une honnêteté à toute épreuve. À condition qu’on renonce à délimiter exactement le périmètre de sa vertu.

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Nostalgie des cloches. Nous vivons tous collés devant les écrans de nos portables, tous enfermés avec nos ordinateurs mais les gens, les heures, les jours ne sont pas identiques. Ni les mois, ni les saisons. De la nouvelle passerelle en bois qui longe la Bidassoa sous le pont international, j’entends sonner les cloches de l’église du Juncal (la Joncheraie) et je remémore en une seconde le son, que je garde enfoncé dans le crâne, des clochettes au moment de la Consécration. Qu’on ne vienne pas me balancer là-dedans que c’est très ringard et « tradi » ! J’ai été enfant de chœur et, donc, servi la messe, sans jamais avoir pensé qu’il s’agissait, là, d’une page de mon enfance définitivement tournée. Les cloches ne sonnent pratiquement plus. Elles emmerdent le voisinage. Et les touristes, réveillés sans raison et incapables de se rendormir. Elles ne sonnaient pas pendant la pandémie. Qui pourrait « croire aux cloches », à ce qu’elles puissent signifier, représenter quelque chose encore aujourd’hui ? Tout comme les vieux lieux de culte chrétien, les nobles églises et vénérables paroisses qui organisaient et protégeaient les vieilles communautés. Avec leurs clochers et leurs cloches. Qui pouvaient sonner, à l’occasion, pour rameuter les villageois. Pour marquer les heures. Pour organiser le rythme de travail et de vie. Temples démolis, cloches que les révolutions ont fondues pour en faire des fusils, des balles et des canons. Voix que la mort et la torture ont fait taire en tant qu’ennemis du Progrès et des Lumières : les voix de la prière, de la louange, de la pénitence, de l'adoration, de l'oubli.
Malgré les oreilles profanes d’aujourd’hui, les tintements des cloches n’étaient pas tous les mêmes. Leurs prières magnifiques, spécifiques et précises, ont cessé de parvenir à nos oreilles dinanzi all'incerto disegno dei Fati. Caprices de l’Histoire. Tout un mode de vie jeté au feu au nom du Progrès et des Lumières. Aujourd'hui, les sons des dernières cloches retentissent encore en échos lointains et flétris (« J’entends l’écho flétri / D’un dernier son de cloche »). Le sens de ces appels s'est dissous dans le bruit, dans le sale désordre qui a écrasé les peuples, les rites et les vies. Au nom du Progrès et des Lumières. Des Siècles des Lumières ! Des droits de l'homme ! Les meilleurs lance-flammes pour carboniser la mémoire souffrante des martyrs. Les cloches qui diffusaient au loin la Parole fraîche, vibrante et riche de sens, sont mortes. Elles sont tombées en sonnant, apaisant les voix enfouies qui sont maintenant de purs nuages cachés dans l'air. Nos vieilles églises portaient la Parole d'un temps qui voulait encore être interprété. Leurs cloches appelaient chaque foyer depuis un Signe, un lieu de refuge fidèle pour les périodes hostiles d'angoisse ou d'abandon, un port de repos sollicité en cas de naufrage. Un toit pour les choses et les gens, avec des draps chauds, du pain et tant d'heures au coin du feu. Aujourd'hui, de chaque clocher, ne vient que le grognement obstiné du Progrès sans Lumières, le grognement des porcs violents et sauvages que nous devons engraisser pour qu'ils puissent organiser tranquillement notre propre abattage, tranquillement repus, embusqués dans leurs gouvernements, leurs conseils d’administration et leurs tribunaux de garanties ... Nous, commun des mortels, en attente des sabres tranchants qui réclameront bientôt nos cous, tremblant des peurs d'antan si longtemps ignorées. La guerre reprendra. Et encore des carnages et des incendies. Sans temples où s’abriter ni cloches protectrices. Ce qui rendait l’homme humain, depuis des siècles, n'est plus qu'un souvenir ou un déchet touristique : aujourd'hui, au nom du Progrès et des Lumières, de sensibles lames de boucher transpercent nos doux rêves. Des lames durables, bien entendu. Résilientes, éveillées, réveillées, woke et cancel cent pour cent ! Et tout le monde heureux, les yeux asséchés. Jouissant sans complexe, dociles et complaisants sans le moindre murmure, sourds, muets, héritiers méritants d’un vrai regnum caecorum qu’on aura fabriqué sans même y prêter attention.



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