
« J'ai toujours tâché de vivre dans une tour d'ivoire. Mais une marée de merde en bat les murs, à la faire crouler. »
(G. Flaubert à I. Tourguéniev)
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Petite pensée portative deux mois après le Brexit :
« Au milieu de
ses perplexités et de ses veuleries, l'Europe garde néanmoins une conviction,
une seule, dont pour rien au monde elle ne consentirait à se départir : celle
d'avoir un avenir de victime, de sacrifiée. Ferme et intraitable pour une fois,
elle se croit perdue, elle veut l'être et elle l'est. Du reste, ne lui a-t-on
pas appris de longue date que des races fraîches viendront la réduire et la
bafouer ? »
Emil Cioran, La Tentation d'exister
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Après lecture en ligne des topos dithyrambiques à propos de quelques illustres disparus, lucidité de
Rilke, qualifiant la renommée
comme une somme de
"malentendus autour d'un nom propre" (Rodin)
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Perle trouvée dans un blog (http://didiergouxbis.blogspot.com.es/). Un discours de Simon Leys (le 18 novembre 2005), lorsqu'il fut reçu
docteur honoris causa de l'Université de Louvain :
« Si l'exigence d'égalité est une noble aspiration
dans sa sphère propre – qui est celle de la justice sociale –, l'égalitarisme
devient néfaste dans l'ordre de l'esprit, où il n'a aucune place. La démocratie
est le seul système politique acceptable, mais précisément elle n'a
d'application qu'en politique. Hors de son domaine propre, elle est synonyme de
mort : car la vérité n'est pas démocratique, ni l'intelligence, ni la beauté, ni
l'amour – ni la grâce de Dieu. […] Une éducation vraiment démocratique est une
éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la
démocratie en politique ; mais, dans son ordre à elle, qui est celui de la
culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste. »
Cette photo suffirait à attester que Leys n'était pas un imbécile (étymologiquement, "sans bâton") rare pour un intellectuel. Et là, inévitablement, quelques lignes de Philippe Muray :
« Je parle
de l’intellectuel dans tous ses états, pas seulement des deux ou trois
ventriloques médiatiques connus de tous qui étalent régulièrement leur
confusion mentale en première page du Monde ou ailleurs, à seule fin d’enrober
de complication une réalité de plus en plus inintelligible, de souffler du
brouillard sur le brouillard, du méli-mélo dans l’imbroglio. Je parle surtout
du gros des troupes, les professionnels de la profession, les intellectuels de
l’intellecture dont les opinions mécaniques, automatiques, pour la plupart
positives et interchangeables, se débitent à tout propos dans les pages «
débats » des quotidiens. Tel jour, l’opinion émane du CNRS. Tel autre, de
l’Ehess. D’autres encore, mais plus rarement, du Cadis, du Csor, du GLWR ou du
ZKH. Très exceptionnellement du XCT. Presque jamais du RLFFFFH. De toute façon,
il s’agit de noyer le poisson. C’est le travail de l’expert, qui n’est pas
appelé ainsi par hasard. On le remarque à ce qu’il commence par s’appuyer sur
un sondage imbécile pour développer une pensée sans intérêt qui se conclut sur
un appel à "réenchanter le débat politique", à "lutter contre toutes les
formes d’intolérance" ou à "dépasser les schémas anciens". La bêtise, ici, est
un service public. ».
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Perplexité devant ce titre délirant des pages de recherche chez Amazone
Heidegger's
Gods: An Ecofeminist Perspective
Bientôt, "phénoménologie du
nudisme" et "Heidegger et la pensée Papou ; un dialogue " ?
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Et, pour finir costaud, message personnel destiné à un ancien élève qui comate à l'idée de devoir "enseigner" !
"Enseigner ! Cet art ne s'enseigne pas."